Les Croates votent dimanche à l’élection présidentielle, nettement moins nombreux qu’aux législatives en avril, lors d’un scrutin qui semble être acquis au chef de l’Etat sortant Zoran Milanovic, un farouche critique des conservateurs au pouvoir.Ancien Premier ministre social-démocrate (SDP), élu en 2020 président de ce pays des Balkans et du bassin adriatique, M. Milanovic devance dans les sondages les sept autres candidats, avec 37% des intentions de vote au premier tour.Insuffisant pour l’emporter dès dimanche soir. Il devrait affronter au second tour, le 12 janvier, Dragan Primorac (20%), soutenu par les conservateurs au pouvoir (HDZ) du Premier ministre Andrej Plenkovic.Vers 16H30 (15H30 GMT), à deux heures et demie de la fermeture des bureaux de vote, la participation était de 36%, contre près de 39% à la même heure en 2019.L’élan des électeurs est nettement moins grand qu’en avril, lors des législatives, quand 50,6% des électeurs avaient voté jusqu’à la même heure.Cette faible participation peut s’expliquer aussi par la date du scrutin, entre Noël et le Nouvel An, quand beaucoup de gens sont en vacances.M. Primorac a voté une heure après l’ouverture des bureaux de vote, en invitant ses compatriotes à aller nombreux aux urnes pour “décider de l’avenir de notre patrie”.”La Croatie a besoin d’unité (…) d’un positionnement global et (…) d’une vie paisible”, a-t-il déclaré, en soulignant qu’il irait assister à une messe après avoir fait son “devoir civique”.Ce médecin de 59 ans et ancien ministre des Sciences et de l’Education (2003-2009) a fait campagne en se présentant comme “unificateur”, en évoquant les valeurs familiales et le patriotisme. Et en accusant au passage M. Milanovic de “déshonorer la Croatie”.- “Deux manches inévitables” -Zoran Mlanovic, 58 ans, a invité lui aussi les gens à aller voter, en leur demandant de lui “accorder leur soutien”. Et, dans son style, il a utilisé l’analogie du ski.”Il y a deux manches, inévitablement. Pour la première, il faut bien affûter les skis. Pour la seconde (…) il faut juste descendre avec assurance, et je crois que ce sera bon”, a-t-il déclaré aux médias, après avoir voté.Le scrutin se déroule avec en toile de fond une inflation importante, une corruption généralisée et une pénurie de main-d’œuvre.En Croatie, le président est le chef des armées et il est le représentant sur la scène internationale de ce pays de 3,8 millions d’habitants, membre de l’Union européenne (UE) et de l’Otan. S’il a peu de pouvoirs, il est vu par les Croates comme garant de l’équilibre des pouvoirs.Le président actuel est “la dernière barrière pour empêcher que tous les leviers du pouvoir tombent entre les mains du HDZ”, estime ainsi Nenad Horvat, un électeur de Zagreb.Durant la campagne, les deux principaux candidats ont échangé insultes et moqueries.Pour M. Milanovic, Dragan Primorac est “faux comme un billet de 13 euros et ennuyeux comme un match amical”.Pour M. Primorac, Zoran Milanovic est “un président pour qui rien n’est sacré, ni la patrie, ni le travail” et qui “se lève à 11H30”.- “Plus de sérieux” -Ancien dirigeant du SDP – qui a soutenu sa nouvelle candidature – M. Milanovic est un homme politique au verbe tranchant.Il est passé de la promesse d’une Croatie “progressiste, moderne et ouverte”, au début de son mandat actuel, à une rhétorique populiste.Il a dénoncé l’agression russe contre l’Ukraine, tout en critiquant l’aide militaire fournie pas les Occidentaux à Kiev.Cette politique lui a valu d’être qualifié par le Premier ministre de “pro-russe” qui “détruit la crédibilité de la Croatie auprès de l’Otan et de l’UE”.La Croatie a tout de même fourni à l’Ukraine une aide, notamment militaire, à hauteur de 300 millions d’euros.Le président affirme vouloir empêcher que la Croatie soit “entraînée dans la guerre” en Ukraine.”Tant que je suis président, aucun soldat croate n’ira faire les guerres des autres”, a-t-il déclaré.Jure Tomicic, un informaticien de 35 ans, est inquiet en raison des guerres en cours. “Nous avons besoin à la tête de l’Etat d’un dirigeant qui comprendra cette situation avec plus de sérieux, sans faire des blagues”, a-t-il déclaré à l’AFP.Marija Civcija, retraitée de 76 ans, veut que “le président remette de l’ordre dans le pays” et qu’il “corrige” le gouvernement. Beaucoup voient cette élection comme un nouveau round entre le président et le Premier ministre.”Il s’agit toujours du conflit entre le Premier ministre et le président. Tout le reste n’est qu’accessoire”, a commenté à l’AFP l’analyste politique Zarko Puhovski.Les sondages sortis de urnes seront publiés dès la fermeture des bureaux de vote, à 19H00 (18H00 GMT), et les résultats officiels plus tard dans la soirée.
Sun, 29 Dec 2024 17:07:38 GMT