Les entrées irrégulières dans l’UE ont considérablement diminué en 2024

Le nombre des entrées irrégulières dans l’Union européenne enregistrées en 2024 est tombé à son plus bas niveau depuis 2021, selon Frontex, certains itinéraires empruntés par les migrants faisant l’objet d’une surveillance policière accrue.Les données de l’agence européenne de surveillance des frontières ont été saluées par la Première ministre italienne d’extrême droite, Giorgia Meloni, et interviennent au moment où les partis anti-immigration obtiennent de bons résultats aux élections en Europe.L’an dernier, Frontex a enregistré plus de 239.000 entrées irrégulières dans l’UE, avec une proportion de femmes parmi les migrants détectés “légèrement supérieure à 10%”.”Les nouvelles données préliminaires de Frontex révèlent une baisse significative de 38% des franchissements irréguliers des frontières de l’UE en 2024, atteignant le niveau le plus bas depuis 2021, lorsque la migration était encore touchée par la pandémie de Covid”, déclare Frontex dans un communiqué.L’agence précise que cette diminution est principalement due à une chute du nombre des arrivées par la Méditerranée centrale et les Balkans occidentaux, sur fond cependant d’une “violence croissante” des passeurs.”La coopération renforcée de l’UE et de ses partenaires contre les réseaux de passeurs a considérablement réduit les traversées aux frontières extérieures de l’Europe”, juge Frontex.Selon Mme Meloni, il s’agit d'”un résultat de l’action de l’Italie, tout comme la réduction globale des entrées irrégulières dans l’Union européenne, par d’autres voies également (…), est le résultat du travail acharné que notre gouvernement a entrepris au cours des dernières années”. Elle a exprimé sa “fierté” face à ce qu’elle a qualifié de “bonne nouvelle du jour”.- Via les Canaries -La baisse la plus importante a été enregistrée le long de la route des Balkans occidentaux, avec une diminution de 78% sur un an.Les entrées irrégulières détectées via la Méditerranée centrale ont quant à elles chuté de 59%, à 67.000, en raison d’une “diminution des départs depuis la Tunisie et la Libye”, selon Frontex. Cet itinéraire reste cependant toujours le deuxième plus important, derrière celui de la Méditerranée orientale, ajoute l’agence européenne. L’ensemble des mesures mises en oeuvre à la fois par les institutions européennes et notamment Frontex “ont produit leurs effets”, explique à l’AFP Yves Pascouau, docteur en droit public, un spécialiste des migrations. Néanmoins, d’autres itinéraires empruntés par les demandeurs d’asile ont connu une forte augmentation du nombre des passages. L’Espagne s’est ainsi retrouvée au premier plan des flux migratoires vers l’UE, le renforcement des contrôles en Méditerranée poussant de plus en plus de demandeurs d’asile à tenter le périlleux voyage de l’Afrique de l’Ouest vers les Canaries.Ces îles ont ainsi enregistré une hausse de 18% du nombre des arrivées, soit près de 47.000, le chiffre le plus élevé depuis que Frontex a commencé à collecter des données en 2009. Cette augmentation a été “alimentée par les départs depuis la Mauritanie”, souligne Frontex, ajoutant que “les flux en provenance d’autres points de départ ont diminué”.- “Un prix” -Pour son directeur exécutif Hans Leijtens, l’année 2024 a “mis en évidence des risques émergents et des dynamiques changeantes” : les réseaux de passeurs ont tendance à s’adapter aux nouvelles donnes géopolitiques et les flux migratoires se déplacent de plus en plus rapidement.  Et il y a “un prix” à cette lutte contre les migrants dits +illégaux+ parmi lesquels figurent de nombreux demandeurs d’asile, surtout des Syriens et des Afghans, fait remarquer M. Pascouau. “Les États européens, la main sur le cœur, disent qu’ils sont attachés aux droits fondamentaux mais, dans la réalité, on constate que la violation de ces droits est quasiment quotidienne (…) et la Commission européenne n’y fait pas grand-chose”, considère le chercheur.Frontex signale que le nombre de migrants a “triplé” aux frontières terrestres orientales de l’UE, notamment à celle entre la Pologne et le Bélarus. “C’est l’itinéraire le plus sûr, malgré tout. Le passage à travers la forêt est plus sûr que celui par la mer Méditerranée”, souligne Mateusz Krepa, du Centre de recherche sur les migrations de l’Université de Varsovie.Les États membres de l’UE situés le long de la frontière orientale de l’Union accusent la Russie et son allié bélarusse d’avoir fait passer des milliers de migrants par leurs frontières ces dernières années dans le cadre d’une campagne visant à déstabiliser l’Europe.En décembre, Bruxelles avait annoncé que ses Etats membres pourraient limiter les droits des demandeurs d’asile, “instrumentalisés” par Moscou et Minsk, apportant ainsi son soutien au Premier ministre polonais Donald Tusk qui avait déclaré que le droit d’asile était “utilisé aujourd’hui, en particulier à la frontière avec le Bélarus, par les ennemis de la Pologne”. mmp-lrb-sw/bow/bds
Tue, 14 Jan 2025 15:52:00 GMT