Le président ukrainien, qualifié de “dictateur” par Donald Trump, a assuré dimanche être prêt à quitter son poste à condition que son pays adhère à l’Otan et que la Russie soit dissuadée de toute nouvelle agression. Le Kremlin, visiblement satisfait du revirement des Etats-Unis sur l’Ukraine, a de son côté jugé “prometteur” le dialogue entre Vladimir Poutine et le président américain. Moscou a d’ailleurs annoncé qu’une nouvelle rencontre de diplomates russes et américains aurait lieu en fin de semaine prochaine, après celle du 18 février en Arabie saoudite des chefs des diplomaties Sergueï Lavrov et Marco Rubio.”Si vous avez vraiment besoin que je quitte mon poste, j’y suis prêt”, a lancé le chef de l’Etat ukrainien au cours d’une conférence de presse à Kiev. “Je peux échanger (la présidence) contre (une adhésion) à l’Otan”, a-t-il ajouté. Ces propos sont une réponse à ceux de Donald Trump qui lui a reproché de rester au pouvoir sans avoir été réélu, alors que l’Ukraine ne peut pas organiser de scrutins du fait de la loi martiale en vigueur en raison de l’invasion russe qui se poursuit depuis trois ans.Sur l’emploi du terme de “dictateur” par son homologue américain, M. Zelensky a affirmé ne pas être “offensé” car il était “un président légitimement élu”.- Des garanties de sécurité sont “indispensables” -En outre, Washington a jugé irréaliste une adhésion à l’Alliance atlantique car la Russie n’accepterait pas alors de mettre fin aux hostilités. Après avoir repris la position russe qui juge l’Ukraine responsable du déclenchement du conflit par la Russie le 24 février 2022 et ouvert des pourparlers avec Moscou sans participation ukrainienne ou européenne, Donald Trump a insisté samedi sur sa volonté de récupérer le montant de l’aide fournie depuis cette date en obtenant un accès aux ressources minières ukrainiennes. Ses équipes travaillent aussi à un sommet avec Vladimir Poutine.M. Zelensky a estimé qu’il devait voir son homologue américain avant que ce dernier ne rencontre le chef de l’Etat russe.Il a aussi plaidé pour de la “compréhension mutuelle” et que les Etats-Unis fournissent donc des garanties de sécurité à même de protéger l’Ukraine de toute future agression russe, après un éventuel accord de cessation des combats.”Des garanties de sécurité de la part de Trump sont indispensables”, a-t-il martelé.Il est en outre revenu sur l’accord concernant l’exploitation des minerais stratégiques ukrainiens que le président américain réclame en compensation de l’aide fournie.Selon M. Zelensky, les pourparlers progressent mais il a exclu de signer un texte que “dix générations d’Ukrainiens” devront payer. – “Dieu l’a voulu ainsi”, dit Poutine -De son côté, la Russie ne cache pas sa satisfaction au terme d’une dizaine de jours tumultueux qui ont vu Donald Trump briser l’isolement voulu par les Occidentaux de Vladimir Poutine, l’ouverture de pourparlers bilatéraux russo-américains et le recours par les Etats-Unis à un discours bien plus favorable au Kremlin. “Le dialogue a lieu entre deux présidents vraiment remarquables. C’est prometteur. Il est important que rien ne vienne gêner la mise en oeuvre de leur volonté politique”, a résumé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.Un peu plus tôt, le chef de l’Etat russe avait marqué la Journée des défenseurs de la patrie, promettant de “renforcer” encore l’armée.”Le destin l’a voulu ainsi, Dieu l’a voulu ainsi, si je puis dire. Une mission aussi difficile qu’honorable – défendre la Russie – a été placée sur nos et vos épaules réunies”, a-t-il dit.- Un sommet européen spécial -Au-delà de la mise au pas de l’Ukraine, Vladimir Poutine veut une réorganisation de l’architecture sécuritaire européenne en affaiblissant l’Otan.Le retour de Donald Trump semble le conforter en signalant une volonté de désengagement du continent européen. Confrontés à la menace russe et au revirement américain, les Européens, affaiblis, tentent de se mobiliser.Selon Volodymyr Zelensky, une douzaine de dirigeants d’Europe et d’ailleurs sont attendus lundi à Kiev pour le troisième anniversaire de l’invasion. “Nous avons une rencontre importante demain, un sommet. Peut-être que ce sera un tournant”, a-t-il dit, parlant d’une réunion dans la capitale ukrainienne de 13 responsables étrangers et de 24 autres par vidéo. Le président du Conseil européen Antonio Costa a dans le même temps annoncé convoquer un sommet européen spécial pour le 6 mars car “nous vivons un moment décisif pour l’Ukraine et la sécurité européenne”. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez se trouvera lundi à Kiev, tout comme la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Cette dernière a souligné avoir “fait le point” avec le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer qui se rendront aux Etats-Unis respectivement lundi et jeudi.En vol pour Washington, M. Macron a répété que lui et ses “collègues européens” étaient “engagés pour que la paix revienne de manière juste, solide et durable” et que “la sécurité des Européens sorte confortée” des négociations.En attendant, dans une initiative lourde de sous-entendus, les Américains ont proposé à l’Assemblée générale de l’ONU un projet de résolution qui ne mentionne pas l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Et ce alors même que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé dimanche à une paix “juste” qui respecte cette “intégrité territoriale”. Sur le terrain, l’armée russe a revendiqué la prise de deux localités supplémentaires dans l’est de l’Ukraine : Oulakly et Novoandriïvka. Elle a aussi visé ce pays dans la nuit avec un nombre “record” de drones, 267 au total, dont 138 ont été abattus.A Paris, des milliers de personnes ont défilé dimanche avec, en tête de cortège, une banderole clamant : “Unissons-nous pour la victoire de l’Ukraine”.
Sun, 23 Feb 2025 18:58:40 GMT
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