Loi “simplification”: bataille dans l’hémicycle pour rétablir des dizaines de comités supprimés

Un “massacre à la tronçonneuse” ou un brin de “ménage”? La gauche et parfois le bloc central bataillaient jeudi dans l’hémicycle de l’Assemblée pour sauvegarder des dizaines d’instances consultatives supprimées en commission, dont les “Cese” régionaux qui ont suscité de vifs échanges.Près d’une heure de débats, des références à Vladimir Poutine et Donald Trump… Les députés ont pris le temps de l’affrontement avant de rétablir dans l’hémicycle les Conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux (Ceser).Ces instances consultatives, composées d’entreprises, syndicats, associations et personnalités qualifiées, avaient été supprimées en commission, notamment à l’initiative de son président LR Ian Boucard.Jeudi, il a de nouveau estimé qu’elles étaient superfétatoires, alors que les conseils régionaux “travaillent” et “réunissent déjà des acteurs de la société civile” et “des acteurs associatifs”.Les Ceser “peuvent par leur composition plurielle, éclairer nos politiques régionales”, a estimé a contrario Gérard Leseul (PS).Matthias Renault (RN) a lui jugé que les Ceser ne faisaient que “fournir des rapports qui ne sont lus par presque personne”, et appelé à supprimer le Cese national. “Chez votre ami monsieur Poutine, effectivement, il n’y a pas de Ceser”, a rétorqué l’écologiste Benjamin Lucas-Lundy, sous la bronca du RN.La question a aussi divisé le camp présidentiel. Le ministre de la Simplification Laurent Marcangeli (Horizons), élu de Corse, a défendu le maintien du Ceser en invoquant sa propre expérience : “Je peux témoigner de son activité, de sa productivité”.Alors que le député Renaissance Mathieu Lefèvre a critiqué le “conservatisme administratif” de la gauche. “Donald Trump est en train de changer en mal la face du monde et nous sommes là à défendre les Ceser”.Dans une forme de match retour de la commission, les députés ont aussi rétabli la Commission supérieure du numérique et des postes, le Conseil supérieur de la forêt et du bois, le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, ou encore le conseil national de la montagne.Le gouvernement, la gauche et une partie du bloc central ont toutefois échoué à réintroduire l’Agence de financement des infrastructures de transports, des amendements des indépendants du groupe Liot repoussant toutefois sa suppression à 2026.En mettant fin à cette agence qui gère plusieurs milliards d’euros “sans avoir la moindre idée de ce par quoi on la remplace” on “décrédibilise toutes les démarches de simplification”, s’est indigné Marc Fesneau, président du groupe MoDem.A l’inverse, écologistes et insoumis se sont mobilisés en même temps que le RN pour confirmer une suppression: celle du Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, chargé d’évaluer les structures de l’enseignement supérieur et de la recherche.Un “outil bureaucratique qui renforce la souffrance dans la recherche”, ont dénoncé les Insoumis.Le ministre de l’Enseignement supérieur Philippe Baptiste a lui accusé les “extrêmes” de commettre “un acte de guerre contre nos libertés académiques”.Ces votes devront encore être confirmés par celui sur l’article premier, attendu jeudi soir.