Le Sénat a entamé mercredi son marathon budgétaire par l’examen du budget de la Sécurité sociale, une occasion pour la droite de marteler son opposition inflexible à la suspension de la réforme des retraites, au risque d’anéantir toute chance de compromis final au Parlement.Après plusieurs semaines de débats parfois chaotiques à l’Assemblée nationale, les projecteurs se braquent désormais sur le Palais du Luxembourg.Les sénateurs se sont saisis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ils s’empareront plus tard du budget de l’Etat, actuellement débattu à l’Assemblée. Sur le premier texte, ils siègeront sans interruption pendant sept jours, avant un vote solennel prévu mercredi 26 novembre. “Je ne doute pas que le Sénat, fidèle à sa tradition de travail exigeant et constructif, saura enrichir ce texte”, a déclaré la ministre de la Santé Stéphanie Rist en ouverture des débats, qui reprendront à 10H30 jeudi. A la différence de l’Assemblée, la chambre haute dispose d’une très nette majorité acquise à une alliance entre la droite et les centristes.Cette configuration permet donc d’envisager sereinement un vote favorable, à condition d’arriver au bout des quelque 1.100 amendements soumis à l’hémicycle… Mais quelle sera la copie retenue? Très irritée par le choix du gouvernement de se tourner vers le Parti socialiste en vue de négocier sa survie, la majorité sénatoriale n’entend pas rentrer si facilement dans le “compromis” souhaité par le Premier ministre Sébastien Lecornu.”Le gouvernement veut acheter à n’importe quel prix le fait de durer un peu plus”, s’est agacé mardi le patron des Républicains Bruno Retailleau, redevenu sénateur.- “Faire le ménage” -Droite et centristes n’auront donc aucun scrupule à refuser en bloc la concession majeure offerte par le gouvernement aux socialistes: la “suspension” jusqu’à janvier 2028 de la réforme des retraites portant l’âge légal de départ à 64 ans. “Dans le contexte actuel, le gouvernement estime que c’est une mesure de stabilité du pays”, a fait valoir le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou. Mais “on n’est pas là pour maintenir coûte que coûte un gouvernement”, martèle le patron du groupe LR, Mathieu Darnaud. “On sait très bien que la suspension de cette réforme, ce sont des coûts supplémentaires”, ajoute-t-il.La réforme des retraites n’est pas le seul objet de désaccord entre députés et sénateurs, ces derniers ayant promis de supprimer des dizaines de mesures votées à l’Assemblée.”Le budget transmis par l’Assemblée nationale n’est pas acceptable en l’état. Il revient à notre haute assemblée de faire le ménage”, a déclaré la sénatrice centriste Jocelyne Guidez. La rapporteure générale du texte, Elisabeth Doineau, espère ramener le déficit de la Sécu à environ 17,5 milliards d’euros en 2026 – soit l’objectif initial du gouvernement – contre plus de 24 milliards selon la copie des députés.”Le déficit de la sécurité sociale ne peut pas dépasser 20 milliards d’euros”, a en tout cas répété la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin. Les sénateurs entendent ainsi réintroduire le principe de “l’année blanche”, c’est-à-dire le gel des pensions de retraites et des prestations sociales, à l’exception de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et les retraites inférieures à 1.400 euros.Ils s’opposent aussi à la hausse de la CSG sur le capital, autre victoire des députés socialistes.- “Retour des horreurs” -“C’est le retour des horreurs”, se désespère le président des sénateurs socialistes Patrick Kanner, promettant des “débats aussi durs qu’en 2023 sur la réforme des retraites”. Dans cette chambre où La France insoumise n’a aucun parlementaire, la gauche – socialiste, écologiste et communiste – a promis “d’entrer en résistance” et de “faire bloc”, malgré ses divergences stratégiques sur le budget.Il est “loin le temps où le Sénat était perçu comme le temple du compromis, de la pondération républicaine”, a déploré Cécile Cukierman, présidente du groupe communiste, en défendant en vain l’une des trois motions qui visaient à rejeter d’emblée le texte, selon elle l’un “des pires” budgets de la Sécu “depuis sa création”.Au Sénat comme à l’Assemblée, l’immense majorité des parlementaires envisagent déjà l’échec de la commission mixte paritaire (CMP), réunion censée accorder les versions des deux chambres fin novembre. Cela obligerait les députés à entamer au pas de course une “nouvelle lecture” de ce PLFSS. Avec un risque chaque jour plus grand de voir le texte mis en place par voie d’ordonnances, si les délais constitutionnels – fixés au 12 décembre à minuit – sont dépassés.
Le Sénat a entamé mercredi son marathon budgétaire par l’examen du budget de la Sécurité sociale, une occasion pour la droite de marteler son opposition inflexible à la suspension de la réforme des retraites, au risque d’anéantir toute chance de compromis final au Parlement.Après plusieurs semaines de débats parfois chaotiques à l’Assemblée nationale, les projecteurs se braquent désormais sur le Palais du Luxembourg.Les sénateurs se sont saisis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ils s’empareront plus tard du budget de l’Etat, actuellement débattu à l’Assemblée. Sur le premier texte, ils siègeront sans interruption pendant sept jours, avant un vote solennel prévu mercredi 26 novembre. “Je ne doute pas que le Sénat, fidèle à sa tradition de travail exigeant et constructif, saura enrichir ce texte”, a déclaré la ministre de la Santé Stéphanie Rist en ouverture des débats, qui reprendront à 10H30 jeudi. A la différence de l’Assemblée, la chambre haute dispose d’une très nette majorité acquise à une alliance entre la droite et les centristes.Cette configuration permet donc d’envisager sereinement un vote favorable, à condition d’arriver au bout des quelque 1.100 amendements soumis à l’hémicycle… Mais quelle sera la copie retenue? Très irritée par le choix du gouvernement de se tourner vers le Parti socialiste en vue de négocier sa survie, la majorité sénatoriale n’entend pas rentrer si facilement dans le “compromis” souhaité par le Premier ministre Sébastien Lecornu.”Le gouvernement veut acheter à n’importe quel prix le fait de durer un peu plus”, s’est agacé mardi le patron des Républicains Bruno Retailleau, redevenu sénateur.- “Faire le ménage” -Droite et centristes n’auront donc aucun scrupule à refuser en bloc la concession majeure offerte par le gouvernement aux socialistes: la “suspension” jusqu’à janvier 2028 de la réforme des retraites portant l’âge légal de départ à 64 ans. “Dans le contexte actuel, le gouvernement estime que c’est une mesure de stabilité du pays”, a fait valoir le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou. Mais “on n’est pas là pour maintenir coûte que coûte un gouvernement”, martèle le patron du groupe LR, Mathieu Darnaud. “On sait très bien que la suspension de cette réforme, ce sont des coûts supplémentaires”, ajoute-t-il.La réforme des retraites n’est pas le seul objet de désaccord entre députés et sénateurs, ces derniers ayant promis de supprimer des dizaines de mesures votées à l’Assemblée.”Le budget transmis par l’Assemblée nationale n’est pas acceptable en l’état. Il revient à notre haute assemblée de faire le ménage”, a déclaré la sénatrice centriste Jocelyne Guidez. La rapporteure générale du texte, Elisabeth Doineau, espère ramener le déficit de la Sécu à environ 17,5 milliards d’euros en 2026 – soit l’objectif initial du gouvernement – contre plus de 24 milliards selon la copie des députés.”Le déficit de la sécurité sociale ne peut pas dépasser 20 milliards d’euros”, a en tout cas répété la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin. Les sénateurs entendent ainsi réintroduire le principe de “l’année blanche”, c’est-à-dire le gel des pensions de retraites et des prestations sociales, à l’exception de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et les retraites inférieures à 1.400 euros.Ils s’opposent aussi à la hausse de la CSG sur le capital, autre victoire des députés socialistes.- “Retour des horreurs” -“C’est le retour des horreurs”, se désespère le président des sénateurs socialistes Patrick Kanner, promettant des “débats aussi durs qu’en 2023 sur la réforme des retraites”. Dans cette chambre où La France insoumise n’a aucun parlementaire, la gauche – socialiste, écologiste et communiste – a promis “d’entrer en résistance” et de “faire bloc”, malgré ses divergences stratégiques sur le budget.Il est “loin le temps où le Sénat était perçu comme le temple du compromis, de la pondération républicaine”, a déploré Cécile Cukierman, présidente du groupe communiste, en défendant en vain l’une des trois motions qui visaient à rejeter d’emblée le texte, selon elle l’un “des pires” budgets de la Sécu “depuis sa création”.Au Sénat comme à l’Assemblée, l’immense majorité des parlementaires envisagent déjà l’échec de la commission mixte paritaire (CMP), réunion censée accorder les versions des deux chambres fin novembre. Cela obligerait les députés à entamer au pas de course une “nouvelle lecture” de ce PLFSS. Avec un risque chaque jour plus grand de voir le texte mis en place par voie d’ordonnances, si les délais constitutionnels – fixés au 12 décembre à minuit – sont dépassés.
