Le budget de la “Sécu” de retour à l’Assemblée, avec une issue très incertaine

C’est un acte 2 décisif: les députés ont recommencé mardi à plancher sur le projet de budget de la Sécurité sociale, à l’avenir très incertain, avec encore des compromis à trouver à gauche et une coalition gouvernementale qui part divisée.Retraites, franchises, déficit à contenir… Les sujets explosifs ne manquent pas, tous facteurs d’une équation difficile pour rassembler des voix de groupes aux positions souvent opposées.Une adoption du texte mardi prochain serait une victoire majeure pour le gouvernement de Sébastien Lecornu, privée de majoirté à l’Assemblée. Mais un rejet serait un désaveu cinglant de la méthode gouvernementale.”Le compromis majoritaire est possible”, a lancé le ministre du Travail Jean-Pierre Farandou en ouverture des débats. “Voter pour ce budget, ce n’est pas un vote de soutien au gouvernement, c’est un vote pour la Sécurité sociale”, a-t-il ajouté, cherchant à convaincre les groupes réticents.”Il n’y a pas de plan B, pas de loi spéciale pour la Sécurité sociale”, a averti le ministre.Devant les députés, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a redit souhaiter contenir le déficit de la Sécu “autour des 20 milliards d’euros” en 2026, alors que certains s’inquiètent qu’il soit creusé par les compromis recherchés.Les députés repartent de la copie du Sénat, qui a profondément remanié le projet de loi en écartant la suspension de la réforme des retraites, concédée par le gouvernement en échange de la non-censure du PS. Le moment est crucial car si le dernier mot est donné à l’Assemblée nationale après un nouveau passage au Sénat, la copie finale ne pourra que très peu différer de celle écrite par les députés cette semaine.L’examen du texte a commencé en fin d’après-midi par l’examen d’une motion de rejet préalable des Insoumis, qui a été largement rejetée. Le Premier ministre pourrait prendre la parole dans la soirée.Les débats sur quelque 900 amendements pourront aller jusqu’à dimanche, avant un vote solennel le 9 décembre. A mi-parcours, les députés voteront d’abord sur la partie recettes. Rejetée, elle emporterait l’ensemble du texte.- “Ingénieurs du chaos” -Face au rejet attendu du texte par le RN, ses alliés et LFI qui regroupent 210 députés, l’adoption pourrait reposer sur l’abstention des communistes, des écologistes et des socialistes, voire sur le soutien de ces derniers, alors qu’une partie du camp gouvernemental pourrait faire défection. En l’état, “on ne peut pas voter pour”, a jugé Edouard Philippe devant le groupe Horizons, qui oscille entre vote contre et abstention. Une “petite bombe”, selon un cadre Renaissance.Le groupe LR n’a pas encore arrêté de position, et est divisé, selon plusieurs sources internes, mais le président des Républicains, Bruno Retailleau, est très opposé à la suspension de la réforme des retraites.Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, s’est emporté devant la presse contre ces prises de positions: “si Edouard Philippe et si Bruno Retailleau considèrent qu’il n’y a pas assez d’ingénieurs du chaos, qu’ils le disent”, a-t-il déclaré, les accusant de travailler “uniquement pour leur candidature à l’élection présidentielle”.Le Premier ministre doit “remettre de l’ordre chez lui” et “avoir le soutien des groupes qui se sont engagés à soutenir le gouvernement”, a estimé la cheffe des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, après un rendez-vous avec M. Lecornu mardi. “Il y a beaucoup de travail pour avoir une copie ne serait-ce que acceptable”, a-t-elle ajouté.Les débats pourraient se tendre sur la question de l’augmentation de la CSG sur les revenus du patrimoine, obtenue de haute lutte en première lecture par le PS, et dont LR ne veut pas entendre parler.Autre point brûlant: les franchises médicales, reste à charge payé par les patients par exemple sur les médicaments, que le gouvernement entend doubler par décret.Les députés devraient ré-indexer sur l’inflation les minimas sociaux et pensions de retraite. Et suspendre de nouveau la réforme des retraites.- “Qu’un chemin, le compromis” -Le gouvernement, qui alerte sur un déficit de la Sécurité sociale approchant “30 milliards” d’euros en l’absence de budget, pourrait-il ressusciter le 49.3 pour passer l’obstacle ? Certains députés le souhaitent, estimant plus facile pour les socialistes, voire pour Horizons et LR, de ne pas censurer le gouvernement que de voter ce compromis. “La meilleure solution reste le 49.3 car personne ne veut assumer ce budget”, a encore estimé le président du groupe MoDem, Marc Fesneau.Une piste écartée par l’entourage de M. Lecornu: “Il n’y a qu’un chemin, le compromis parlementaire”.Pour M. Faure, qui avait demandé au Premier ministre d’y renoncer, “le 49.3, c’est la politique pour les paresseux”. Mme Chatelain a aussi dit n’être “pas favorable” à son retour. la-sac-bpa-sl-cma/sde/swi