A Budapest, le “mouton noir” Orban jubile en maître de cérémonie

Sourire satisfait et fermes poignées de main, Viktor Orban, souvent isolé parmi ses pairs européens, savoure son moment de gloire à Budapest, où il a reçu jeudi près d’une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement. “C’était un moment très spécial pour moi de voir l’ensemble de l’Europe réunie dans la bergerie de son mouton noir”, s’est amusé devant la presse le Premier ministre albanais Edi Rama.A ses côtés, son homologue hongrois n’a pas lâché sur ses combats habituels, d’un cessez-le-feu en Ukraine à la lutte contre la migration irrégulière. Mais de son discours d’ouverture à la conférence de presse de clôture, il a usé d’un ton très diplomatique, loin de ses régulières attaques virulentes contre Bruxelles.Accolade avec Emmanuel Macron et échanges cordiaux avec Recep Tayyip Erdogan, M. Orban a aussi fait bonne figure avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, même si les visages étaient plus crispés.S’il s’est fait plus acerbe ces derniers temps, Viktor Orban joue cette fois à domicile, qui plus est au sein de son stade, – la Puskas Arena que cet amoureux du football a fait construire en 2019.- “Ligne directe avec Trump” -“Toute l’Europe est sur le terrain”, s’est-il réjoui sur les réseaux sociaux, avant de poser sous la coupole entouré de ses invités pour la photo de famille. Avant un dîner de gala en soirée dans le majestueux Parlement de la capitale hongroise.Un hôte cordial donc mais “imprévisible”, rappelle pour l’AFP Stefano Bottoni, historien italo-hongrois de l’Université de Florence. “Je ne serais pas étonné qu’il fasse du Orban en surprenant son public”, ajoute-t-il, des rumeurs de visioconférence avec Donald Trump circulant.Celui qui avait promis de déboucher le champagne n’a pas manqué de saluer de nouveau les résultats “fantastiques” de la présidentielle américaine, qu’il a fêtés à “à la vodka” depuis le Kirghizstan.Après la large victoire de son “ami”, qu’il a soutenu dès 2016, “il est dans la position qu’il aime le plus: être un pont” entre l’UE et les États-Unis, lui le dirigeant d’un “tout petit pays” d’Europe centrale.”L’histoire s’accélère, le monde va changer et l’Europe doit assumer ses responsabilités pour sa sécurité”, a-t-il lancé, se voyant bien en faiseur de paix.Viktor Orban dispose d’une ligne directe avec Donald Trump, avancent ses partisans. Et les liens entre les cercles intellectuels américains et hongrois se sont fortement intensifiés ces dernières années, à coup de dépenses de millions d’euros.- “Tout un symbole” -Dans le camp d’Orban, on jubile.”On nous dit désespérément isolés”, mais une quarantaine de dirigeants se pressent à Budapest, y compris le chef d’État ukrainien, a ironisé sur Facebook Tamas Menczer, chef de la communication du parti Fidesz au pouvoir. “Et pendant ce temps, le gouvernement allemand s’effondre, la France a perdu depuis longtemps sa réputation de stabilité politique et la liste continue”.Après une série de boycotts des réunions européennes organisées depuis juillet dans la capitale hongroise, tous les dirigeants sont présents cette fois-ci.Ce sommet est “tout un symbole”, renchérit Zoltan Kiszelly, un expert proche du gouvernement.La grand-messe de la Communauté politique européenne (CPE) est particulièrement favorable à Viktor Orban, qui peut afficher ses bonnes relations avec la Turquie, la Géorgie ou encore la Serbie.Les relations sont plus tendues au sein du conclave plus restreint des 27 membres de l’UE, qui se réunit vendredi.Depuis qu’il a pris la présidence tournante de l’UE en juillet, le responsable nationaliste, resté proche du Kremlin, n’a cessé d’irriter ses pairs, notamment avec sa visite début juillet à Moscou décidée sans concertation.M. Orban a aussi multiplié les attaques, accusant Bruxelles de vouloir le renverser pour installer “un gouvernement fantoche”.Sous pression en Hongrie où il traverse une crise sans précédent depuis son retour en 2010, avec l’émergence d’un nouveau rival et des manifestations massives, le Premier ministre voit désormais les planètes s’aligner, avec Trump au pouvoir et la montée des mouvements populistes en Europe. “Que des bonnes nouvelles pour lui!”, résume Stefano Bottoni.
Thu, 07 Nov 2024 20:38:24 GMT