Dans sa maison nichée au coeur des montagnes luxuriantes de Porto Rico, Enid Medina-Guzman a toujours des bougies à portée de main en cas de panne. Mais ces difficultés sont peut-être révolues grâce à l’installation de panneaux solaires.Dans l’île caribéenne, tout le monde se souvient de l’ouragan Maria, en 2017, qui avait ravagé routes, maisons et pylônes électriques au point où il avait fallu près d’un an aux autorités pour rétablir le courant sur l’ensemble de ce territoire rattaché aux Etats-Unis. La privatisation du réseau électrique quatre ans plus tard devait, elle, régler les problèmes récurrents de panne. En vain.”Ici, il pleut beaucoup et, dès qu’il y a un peu de vent, le courant est coupé très vite. Alors quand c’est la nuit, et qu’il fait très chaud, on ne peut ni dormir ni se reposer”, raconte à l’AFP la sexagénaire, à Adjuntas, ville de 20.000 âmes dans le centre de l’île où elle a toujours vécu.Ces pannes à répétition “ne sont pas normales”, lance Mme Medina-Guzman en allumant ses bougies dans sa petite maison truffée d’icônes pendant qu’une équipe installe les batteries qui stockeront sous peu l’énergie du soleil captée par des panneaux photovoltaïques. “Il y a beaucoup de gens comme moi qui vivent dans des endroits reculés, qui ont parfois un jour, parfois deux jours sans électricité, c’est un peu difficile” et les coûts “sont très élevés”.- “Transformation plus large” -Comme pour le reste de cette île de trois millions d’habitants, Adjuntas a été privé d’électricité dans la foulée du passage de Maria. Mais dans le square central, une vieille maison rose, la Casa Pueblo, était restée un phare dans les ténèbres grâce à ses panneaux solaires montés sur son toit. Après le passage de l’ouragan, les habitants pouvaient y recharger leurs téléphones et surtout brancher du matériel médical comme des appareils à oxygène. La radio communautaire pouvait aussi émettre, devenant ainsi une précieuse source d’information pour les montagnards.Casa Pueblo a été fondée en 1980 par un groupe de citoyens qui s’opposaient à l’époque à un vaste projet de mine à ciel ouvert dans la région. L’association s’est imposée progressivement comme un modèle d’indépendance énergétique et citoyenne.”Notre but ne se limite pas à la transition des combustibles fossiles vers le solaire. Certes, nous devons produire une énergie propre et renouvelable, mais nous aspirons à une transformation plus large en faveur de la justice écosociale”, dit à l’AFP Arturo Massol-Deyá, directeur de Casa Pueblo.”Cela veut dire que les infrastructures énergétiques doivent être détenues par les citoyens et donc que la production énergétique se démocratise”, explique celui qui est tombé jeune dans la marmite, ses parents étant les fondateurs de cette association.- “Faire la différence” -Aujourd’hui, Casa Pueblo bâtit un réseau local de citoyens branchés sur le solaire et donc en mesure d’avoir accès à de l’électricité en cas de panne sur le réseau national. Quelque 300 foyers ont été branchés et reliés entre eux, dont celui récemment d’Enid Medina-Guzman. A quoi s’ajoutent des commerces.Comme l’Autorité énergétique de Porto Rico avait mis en place en 2018 le “net metering”, un mécanisme de facturation qui crédite les consommateurs de l’excédent d’électricité venant de leurs systèmes d’énergies renouvelables comme le solaire, Casa Pueblo parvient à revendre ses surplus. “Le modèle traditionnel est unilatéral, exploiteur, monopolistique et dictatorial”, dit M. Massol-Deyá, expliquant que les autorités “décident des prix et de la distribution”. “Parfois, ils échouent et ne peuvent pas fournir le service. Vous pouvez ainsi perdre votre nourriture ou ne pas être en mesure d’utiliser des équipements médicaux”, ajoute-t-il.”Cette insécurité énergétique engendrait de nombreux problèmes. Mais, plus maintenant”, ajoute M. Massol-Deyá, en vantant son modèle qu’il qualifie de “voie du changement”.Pour Sergio Rivera-Rodriguez, qui fait partie d’un groupe d’universitaires étudiant l’impact de la sécurité énergétique sur des populations reculées comme celle d’Adjuntas, le modèle de Casa Pueblo “fonctionne bien et peut être reproduit ailleurs”.”Certes, il ne s’agit que d’une municipalité, mais cela fait la différence”, explique à l’AFP M. Rivera-Rodriguez. Une goutte d’eau, ou plutôt un rayon de soleil car “les changements structurels prennent des années à se réaliser”.
Dans sa maison nichée au coeur des montagnes luxuriantes de Porto Rico, Enid Medina-Guzman a toujours des bougies à portée de main en cas de panne. Mais ces difficultés sont peut-être révolues grâce à l’installation de panneaux solaires.Dans l’île caribéenne, tout le monde se souvient de l’ouragan Maria, en 2017, qui avait ravagé routes, maisons et pylônes électriques au point où il avait fallu près d’un an aux autorités pour rétablir le courant sur l’ensemble de ce territoire rattaché aux Etats-Unis. La privatisation du réseau électrique quatre ans plus tard devait, elle, régler les problèmes récurrents de panne. En vain.”Ici, il pleut beaucoup et, dès qu’il y a un peu de vent, le courant est coupé très vite. Alors quand c’est la nuit, et qu’il fait très chaud, on ne peut ni dormir ni se reposer”, raconte à l’AFP la sexagénaire, à Adjuntas, ville de 20.000 âmes dans le centre de l’île où elle a toujours vécu.Ces pannes à répétition “ne sont pas normales”, lance Mme Medina-Guzman en allumant ses bougies dans sa petite maison truffée d’icônes pendant qu’une équipe installe les batteries qui stockeront sous peu l’énergie du soleil captée par des panneaux photovoltaïques. “Il y a beaucoup de gens comme moi qui vivent dans des endroits reculés, qui ont parfois un jour, parfois deux jours sans électricité, c’est un peu difficile” et les coûts “sont très élevés”.- “Transformation plus large” -Comme pour le reste de cette île de trois millions d’habitants, Adjuntas a été privé d’électricité dans la foulée du passage de Maria. Mais dans le square central, une vieille maison rose, la Casa Pueblo, était restée un phare dans les ténèbres grâce à ses panneaux solaires montés sur son toit. Après le passage de l’ouragan, les habitants pouvaient y recharger leurs téléphones et surtout brancher du matériel médical comme des appareils à oxygène. La radio communautaire pouvait aussi émettre, devenant ainsi une précieuse source d’information pour les montagnards.Casa Pueblo a été fondée en 1980 par un groupe de citoyens qui s’opposaient à l’époque à un vaste projet de mine à ciel ouvert dans la région. L’association s’est imposée progressivement comme un modèle d’indépendance énergétique et citoyenne.”Notre but ne se limite pas à la transition des combustibles fossiles vers le solaire. Certes, nous devons produire une énergie propre et renouvelable, mais nous aspirons à une transformation plus large en faveur de la justice écosociale”, dit à l’AFP Arturo Massol-Deyá, directeur de Casa Pueblo.”Cela veut dire que les infrastructures énergétiques doivent être détenues par les citoyens et donc que la production énergétique se démocratise”, explique celui qui est tombé jeune dans la marmite, ses parents étant les fondateurs de cette association.- “Faire la différence” -Aujourd’hui, Casa Pueblo bâtit un réseau local de citoyens branchés sur le solaire et donc en mesure d’avoir accès à de l’électricité en cas de panne sur le réseau national. Quelque 300 foyers ont été branchés et reliés entre eux, dont celui récemment d’Enid Medina-Guzman. A quoi s’ajoutent des commerces.Comme l’Autorité énergétique de Porto Rico avait mis en place en 2018 le “net metering”, un mécanisme de facturation qui crédite les consommateurs de l’excédent d’électricité venant de leurs systèmes d’énergies renouvelables comme le solaire, Casa Pueblo parvient à revendre ses surplus. “Le modèle traditionnel est unilatéral, exploiteur, monopolistique et dictatorial”, dit M. Massol-Deyá, expliquant que les autorités “décident des prix et de la distribution”. “Parfois, ils échouent et ne peuvent pas fournir le service. Vous pouvez ainsi perdre votre nourriture ou ne pas être en mesure d’utiliser des équipements médicaux”, ajoute-t-il.”Cette insécurité énergétique engendrait de nombreux problèmes. Mais, plus maintenant”, ajoute M. Massol-Deyá, en vantant son modèle qu’il qualifie de “voie du changement”.Pour Sergio Rivera-Rodriguez, qui fait partie d’un groupe d’universitaires étudiant l’impact de la sécurité énergétique sur des populations reculées comme celle d’Adjuntas, le modèle de Casa Pueblo “fonctionne bien et peut être reproduit ailleurs”.”Certes, il ne s’agit que d’une municipalité, mais cela fait la différence”, explique à l’AFP M. Rivera-Rodriguez. Une goutte d’eau, ou plutôt un rayon de soleil car “les changements structurels prennent des années à se réaliser”.