Abbé Pierre : “Il fallait rayer à la fois le nom et l’image”

“Il fallait rayer le nom et l’image” : la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-fondation abbé Pierre) ouvre lundi un “nouveau chapitre” huit mois après le “tsunami” provoqué par les accusations sexuelles visant son fondateur.A l’occasion de l’entrée en vigueur effective du nouveau nom et nouveau logo de la Fondation, son délégué général Christophe Robert insiste, dans un entretien à l’AFP, sur le “respect aux victimes” du prêtre décédé en 2007 et sur l’urgence à “continuer le combat” contre le mal-logement.  Question : Qu’est-ce qui va changer concrètement à partir de lundi? Réponse : “Notre nouveau nom a été officialisé le 25 janvier, on a fait le choix de la simplicité et de la continuité, en rayant le nom abbé Pierre de notre appellation d’origine qui était la Fondation abbé Pierre pour le logement des défavorisés.Il entre officiellement en vigueur ce lundi comme notre nouveau logo où la figure de l’abbé Pierre n’apparaîtra plus. On a mis un point +d’indignation+ au centre du mot Fondation pour montrer la dynamique militante qui consiste à faire du logement un combat vital. Il y a eu consensus au sein de la Fondation sur la nécessité de changer de nom et de logo tout d’abord par respect pour les victimes mais également par respect pour tous les militants, les bénévoles, les salariés. Il nous fallait aussi rayer le nom et l’image de l’abbé Pierre, pour que la priorité soit mise sur le combat.”Question : Quel impact les révélations ont eu sur les dons ? et sur les équipes?Réponse : “On a constaté très clairement une grosse baisse des dons des particuliers dès le moment où on a rendu public le premier rapport en juillet 2024. A partir de ce moment-là, on a accusé une baisse d’environ 30%.On espère vraiment que ce nouveau chapitre qui s’ouvre, cette clarification sur les choix que l’on fait et le rappel de l’urgence du combat vital de la Fondation pour les mal logés, rassurera les donateurs particuliers.Une partie d’entre eux ont en effet été, comme nous, choqués et tristes et sont dans une forme d’attentisme en disant “j’attends de voir ce que vous allez faire avant de redonner de nouveau”.Cette baisse de dons, ce n’est pas pour la fondation en soi que c’est un problème, c’est un problème pour les actions que l’on mène. Il ne faudrait pas que les révélations sur les graves agissements de l’abbé Pierre, qu’il fallait révéler, qu’il fallait rendre publics, conduisent à moins de réponses pour les mal-logés.Concernant les équipes, elles sont passées, comme je pense le reste de la société française, par différentes phases : le choc, la sidération, la tristesse, la colère. Cette nouvelle identité peut redonner du souffle et beaucoup sont satisfaits de cette clarification”. Question : Quelles sont les priorités de la Fondation pour 2025? Réponse : “La Fondation, c’est 800 projets par an, 500 associations qu’on finance, pour construire du logement très social, pour rénover du logement indigne, pour accueillir les personnes sans domicile dans nos accueils de jour, pour accompagner juridiquement ceux qui sont menacés d’expulsion ou victimes de marchand de sommeil.On va continuer avec la même détermination. L’urgence est partout : on a 350.000 personnes sans domicile, plus 145% depuis 2012, les expulsions qui sont à des niveaux records, la construction qui est au niveau le plus bas depuis des décennies, on n’a jamais aussi peu construit de logements sociaux que depuis 20 ans. On a presque tous les indicateurs de crise du logement qui sont dans le rouge. Face à cela, on a des politiques publiques qui n’ont pas été à la hauteur ces dernières années, avec des renoncements et des insuffisances. Il faut un sursaut. Il faut mettre en place un plan d’urgence pour les sans-abri. Le contexte géopolitique inquiétant ne signifie pas que tout doit s’arrêter et cela pose la question des priorités : au-delà de la sécurité et de la défense, où est-ce qu’on met le paquet ? Les besoins essentiels, c’est la lutte contre la précarité, contre le mal-logement, c’est l’éducation, c’est la santé”.
“Il fallait rayer le nom et l’image” : la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-fondation abbé Pierre) ouvre lundi un “nouveau chapitre” huit mois après le “tsunami” provoqué par les accusations sexuelles visant son fondateur.A l’occasion de l’entrée en vigueur effective du nouveau nom et nouveau logo de la Fondation, son délégué général Christophe Robert insiste, dans un entretien à l’AFP, sur le “respect aux victimes” du prêtre décédé en 2007 et sur l’urgence à “continuer le combat” contre le mal-logement.  Question : Qu’est-ce qui va changer concrètement à partir de lundi? Réponse : “Notre nouveau nom a été officialisé le 25 janvier, on a fait le choix de la simplicité et de la continuité, en rayant le nom abbé Pierre de notre appellation d’origine qui était la Fondation abbé Pierre pour le logement des défavorisés.Il entre officiellement en vigueur ce lundi comme notre nouveau logo où la figure de l’abbé Pierre n’apparaîtra plus. On a mis un point +d’indignation+ au centre du mot Fondation pour montrer la dynamique militante qui consiste à faire du logement un combat vital. Il y a eu consensus au sein de la Fondation sur la nécessité de changer de nom et de logo tout d’abord par respect pour les victimes mais également par respect pour tous les militants, les bénévoles, les salariés. Il nous fallait aussi rayer le nom et l’image de l’abbé Pierre, pour que la priorité soit mise sur le combat.”Question : Quel impact les révélations ont eu sur les dons ? et sur les équipes?Réponse : “On a constaté très clairement une grosse baisse des dons des particuliers dès le moment où on a rendu public le premier rapport en juillet 2024. A partir de ce moment-là, on a accusé une baisse d’environ 30%.On espère vraiment que ce nouveau chapitre qui s’ouvre, cette clarification sur les choix que l’on fait et le rappel de l’urgence du combat vital de la Fondation pour les mal logés, rassurera les donateurs particuliers.Une partie d’entre eux ont en effet été, comme nous, choqués et tristes et sont dans une forme d’attentisme en disant “j’attends de voir ce que vous allez faire avant de redonner de nouveau”.Cette baisse de dons, ce n’est pas pour la fondation en soi que c’est un problème, c’est un problème pour les actions que l’on mène. Il ne faudrait pas que les révélations sur les graves agissements de l’abbé Pierre, qu’il fallait révéler, qu’il fallait rendre publics, conduisent à moins de réponses pour les mal-logés.Concernant les équipes, elles sont passées, comme je pense le reste de la société française, par différentes phases : le choc, la sidération, la tristesse, la colère. Cette nouvelle identité peut redonner du souffle et beaucoup sont satisfaits de cette clarification”. Question : Quelles sont les priorités de la Fondation pour 2025? Réponse : “La Fondation, c’est 800 projets par an, 500 associations qu’on finance, pour construire du logement très social, pour rénover du logement indigne, pour accueillir les personnes sans domicile dans nos accueils de jour, pour accompagner juridiquement ceux qui sont menacés d’expulsion ou victimes de marchand de sommeil.On va continuer avec la même détermination. L’urgence est partout : on a 350.000 personnes sans domicile, plus 145% depuis 2012, les expulsions qui sont à des niveaux records, la construction qui est au niveau le plus bas depuis des décennies, on n’a jamais aussi peu construit de logements sociaux que depuis 20 ans. On a presque tous les indicateurs de crise du logement qui sont dans le rouge. Face à cela, on a des politiques publiques qui n’ont pas été à la hauteur ces dernières années, avec des renoncements et des insuffisances. Il faut un sursaut. Il faut mettre en place un plan d’urgence pour les sans-abri. Le contexte géopolitique inquiétant ne signifie pas que tout doit s’arrêter et cela pose la question des priorités : au-delà de la sécurité et de la défense, où est-ce qu’on met le paquet ? Les besoins essentiels, c’est la lutte contre la précarité, contre le mal-logement, c’est l’éducation, c’est la santé”.