Le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, qui devait s’exprimer vendredi à Washington lors d’un rassemblement de conservateurs, a “pris la décision d’annuler (son) intervention” après “un geste faisant référence à l’idéologie nazie” commis la veille par Steve Bannon.Cet ancien conseiller de Donald Trump a tendu ostensiblement le bras au terme d’un discours inaugural de la Conférence d’action politique conservatrice (CPAC), suivant son mouvement d’un hochement de tête approbateur.”A cette tribune, (jeudi), alors que je n’étais pas présent dans la salle, l’un des intervenants s’est permis, par provocation, un geste faisant référence à l’idéologie nazie. Par conséquent, j’ai pris la décision immédiate d’annuler mon intervention prévue cet après-midi lors de l’événement”, a indiqué Jordan Bardella dans un communiqué.Son entourage a ensuite précisé à l’AFP que l’eurodéputé visait bien Steve Bannon, qui fut l’invité d’un congrès du Front national – depuis devenu Rassemblement national – en 2018 à Lille.- “Petit garçon” -La réaction de l’ex-conseiller de Donald Trump, qui a passé près de quatre mois en prison l’année dernière pour entrave aux pouvoirs d’enquête du Congrès sur l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, a été cinglante. Jordan Bardella est “un petit garçon, pas un homme”, a attaqué Steve Bannon dans une interview vidéo diffusée sur le site internet du Point, après l’annonce de la décision du jeune leader politique français, qui a succédé à Marine Le Pen à la tête du RN en 2022. “S’il est si inquiet que ça et qu’il se fait pipi dessus comme un petit garçon, alors il est indigne et ne dirigera jamais la France”, a-t-il poursuivi, en estimant que “seuls les hommes ou les femmes à poigne peuvent diriger la France”.Steve Bannon a en outre contesté que son geste participe d’une allusion nazie, le comparant à “un salut de la main”. “Comme je le fais tout le temps”, a assuré l’idéologue populiste, influent jusqu’en Europe où il a apporté son soutien à des partis nationalistes.Il a également affirmé qu’il avait fait un geste semblable lors du congrès du RN il y sept ans. Des journalistes de l’AFP présents à l’époque ont pourtant relevé une gestuelle peu comparable à celle d’aujourd’hui.Le jour même de l’investiture de Donald Trump le mois dernier, Elon Musk, l’homme le plus riche du monde devenu un incontournable du nouveau pouvoir américain, avait lui aussi été épinglé pour un geste ambigu, analogue à celui de Steve Bannon.- Trump attendu samedi -“Franchement, ils ont besoin de meilleurs coups tordus. L’attaque du type +tout le monde est Hitler+ est tellement éculée”, s’était défendu le patron de X, Tesla et Space X.Steve Bannon a un “long et préoccupant passif fait d’incitation à l’antisémitisme et à la haine, de menaces de violences et d’encouragements donnés aux extrémistes. Nous ne sommes pas surpris, mais nous sommes préoccupés par la normalisation de ce comportement”, s’est inquiétée une organisation américaine de lutte contre l’antisémitisme aux positions critiquées jusqu’en interne, The Anti-Defamation League.Cette organisation s’était montrée autrement plus indulgente avec Elon Musk quand elle avait qualifié le mouvement du multimilliardaire de “geste maladroit dans un moment d’enthousiasme”. Avant Steve Bannon, Elon Musk avait fait une apparition remarquée à la CPAC jeudi, lors de laquelle il avait brandi une tronçonneuse offerte peu avant par le président argentin Javier Milei, à ses côtés sur scène.Cette grand-messe des conservateurs américains, à laquelle participe également l’eurodéputée française zemmouriste Sarah Knafo, a été ouverte jeudi par le vice-président américain JD Vance. Donald Trump y est lui attendu samedi pour le dernier jour.Plusieurs dirigeants de droite ou d’extrême droite du monde entier doivent encore y prononcer un discours, dont le Premier ministre slovaque Robert Fico ou, en visioconférence, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.
