Au procès des otages de l’Etat Islamique, Abdelmalek Tanem ou “Abou Embrouille”

Abdelmalek Tanem est l’autre accusé, au procès des otages de l’Etat islamique, à être soupçonné d’avoir été l’un des geôliers de journalistes et humanitaires détenus en Syrie en 2013. Mais contrairement à son voisin de box Mehdi Nemmouche, personne ne se souvient de lui.Les ex-otages ont évoqué à la barre les “kounya” (nom de guerre) de leurs geôliers. Les vraies – Abou Mohamed, Abou Obeida, Abou Omar… -, et celles qu’ils inventaient pour s’amuser, comme Abou Claquettes, ou Abou Muscles.Et là, ce vendredi devant la cour, Abdelmalek Tanem c’est vraiment “Abou Embrouille”, lance vendredi l’ex-otage Didier François. Debout dans le box, l’accusé de 35 ans, costaud dans son t-shirt blanc, crâne rasé, grosse barbe fournie, répète mollement depuis le début de son interrogatoire que “franchement”, il “sait pas”.Il a effectivement rejoint la Syrie en 2013 (il a déjà été condamné pour ça), il a bien été le garde du corps de plusieurs “émirs” du groupe Etat islamique, et en collocation avec l’un des chefs de la détention des otages, Salim Benghalem (jugé en son absence car présumé mort). Il a même dormi dans les sous-sols de l’hôpital ophtalmologique d’Alep, où étaient retenus les Occidentaux.Mais jure qu’il ne les a jamais croisés.”Je vais être honnête avec vous, j’ai du mal à le concevoir”, lui dit le président Laurent Raviot, qui n’en tirera rien, malgré la succession de “faits têtus” et de pièces de “puzzle” de l’enquête qu’il lui présente.Le magistrat fait diffuser aux écrans de la cour d’assises spéciale la vidéosurveillance de l’hôpital d’Alep, à l’époque continuellement hanté par les cris de détenus syriens torturés à mort, selon les récits des ex-otages.On y voit un prisonnier, menotté, yeux bandés. Deux hommes s’en approchent: Abou Obeida, l’un des responsables des otages, et son “garde du corps” Abdelmalek Tanem, mains dans les poches, l’air débraillé dans son survêtement, Kalachnikov en bandoulière, cheveux hirsutes sur un crâne dégarni.- “Mémoire sélective” — Vous saviez que c’était une prison ?- Spécifiquement, non.- Vous n’avez pas l’air surpris d’être là…- Moi ce que j’interprète, c’est que je suis là malgré moi.Se souvient-il de ce prisonnier aux yeux bandés ? “Non”.”Vous avez des problèmes de mémoire ou la mémoire sélective ?”, demande le président. “Je sais pas, peut-être que comme j’ai vécu des choses, j’ai du mal à me rappeler”.  “Ou alors vous êtes complètement de mauvaise foi”, rétorque le magistrat dont on sent poindre l’agacement.Il appelle tour à tour à la barre les trois ex-otages présents, les journalistes Didier François, Pierre Torres et Nicolas Hénin. Ils confirment ne reconnaître ni le visage ni la voix de l’accusé debout dans le box.”Pendant les nombreux interrogatoires que j’ai eu avec Abou Obeida, évidemment il y avait des gens autour de lui en permanence, mais j’étais concentré sur Abou Obeida car c’était le patron, c’est de lui que dépendait ce qui allait m’arriver après”, explique Didier François.Alors non, il ne peut pas identifier cet homme. Mais n’achète pas une seconde ce numéro d'”Abou Embrouille” qu’il a servi à la cour, ajoute-t-il.Comment aurait-il pu être le garde du corps du “patron de la taule dans laquelle on était” et ne rien savoir ? Et comment peut-on avoir en face de soi “quelqu’un qui a un bandeau sur la figure, qui est menotté alors que vous avez une Kalach’, et ne pas se poser la question une demi-seconde de ce que l’on fait ?”, s’emporte Didier François. “Mais allez-y, continuez comme ça !”, lance-t-il, tourné vers Abdelmalek Tanem qui le regarde sans ciller. Le président donne la parole à l’accusé. Il ne sait pas quoi répondre à ces “attaques” – “+Abou embrouille+, c’est un peu m’attaquer..”, précise-t-il. “Y a des moments, faut assumer”, balaie Didier François. Parce que rapport au rôle qu’on lui prête en Syrie, “Abou Embrouille c’est léger”. Je vais même pas parler”, rétorque l’accusé résigné. “Bah oui c’est un peu le sujet”, grince l’ex-otage.  
Abdelmalek Tanem est l’autre accusé, au procès des otages de l’Etat islamique, à être soupçonné d’avoir été l’un des geôliers de journalistes et humanitaires détenus en Syrie en 2013. Mais contrairement à son voisin de box Mehdi Nemmouche, personne ne se souvient de lui.Les ex-otages ont évoqué à la barre les “kounya” (nom de guerre) de leurs geôliers. Les vraies – Abou Mohamed, Abou Obeida, Abou Omar… -, et celles qu’ils inventaient pour s’amuser, comme Abou Claquettes, ou Abou Muscles.Et là, ce vendredi devant la cour, Abdelmalek Tanem c’est vraiment “Abou Embrouille”, lance vendredi l’ex-otage Didier François. Debout dans le box, l’accusé de 35 ans, costaud dans son t-shirt blanc, crâne rasé, grosse barbe fournie, répète mollement depuis le début de son interrogatoire que “franchement”, il “sait pas”.Il a effectivement rejoint la Syrie en 2013 (il a déjà été condamné pour ça), il a bien été le garde du corps de plusieurs “émirs” du groupe Etat islamique, et en collocation avec l’un des chefs de la détention des otages, Salim Benghalem (jugé en son absence car présumé mort). Il a même dormi dans les sous-sols de l’hôpital ophtalmologique d’Alep, où étaient retenus les Occidentaux.Mais jure qu’il ne les a jamais croisés.”Je vais être honnête avec vous, j’ai du mal à le concevoir”, lui dit le président Laurent Raviot, qui n’en tirera rien, malgré la succession de “faits têtus” et de pièces de “puzzle” de l’enquête qu’il lui présente.Le magistrat fait diffuser aux écrans de la cour d’assises spéciale la vidéosurveillance de l’hôpital d’Alep, à l’époque continuellement hanté par les cris de détenus syriens torturés à mort, selon les récits des ex-otages.On y voit un prisonnier, menotté, yeux bandés. Deux hommes s’en approchent: Abou Obeida, l’un des responsables des otages, et son “garde du corps” Abdelmalek Tanem, mains dans les poches, l’air débraillé dans son survêtement, Kalachnikov en bandoulière, cheveux hirsutes sur un crâne dégarni.- “Mémoire sélective” — Vous saviez que c’était une prison ?- Spécifiquement, non.- Vous n’avez pas l’air surpris d’être là…- Moi ce que j’interprète, c’est que je suis là malgré moi.Se souvient-il de ce prisonnier aux yeux bandés ? “Non”.”Vous avez des problèmes de mémoire ou la mémoire sélective ?”, demande le président. “Je sais pas, peut-être que comme j’ai vécu des choses, j’ai du mal à me rappeler”.  “Ou alors vous êtes complètement de mauvaise foi”, rétorque le magistrat dont on sent poindre l’agacement.Il appelle tour à tour à la barre les trois ex-otages présents, les journalistes Didier François, Pierre Torres et Nicolas Hénin. Ils confirment ne reconnaître ni le visage ni la voix de l’accusé debout dans le box.”Pendant les nombreux interrogatoires que j’ai eu avec Abou Obeida, évidemment il y avait des gens autour de lui en permanence, mais j’étais concentré sur Abou Obeida car c’était le patron, c’est de lui que dépendait ce qui allait m’arriver après”, explique Didier François.Alors non, il ne peut pas identifier cet homme. Mais n’achète pas une seconde ce numéro d'”Abou Embrouille” qu’il a servi à la cour, ajoute-t-il.Comment aurait-il pu être le garde du corps du “patron de la taule dans laquelle on était” et ne rien savoir ? Et comment peut-on avoir en face de soi “quelqu’un qui a un bandeau sur la figure, qui est menotté alors que vous avez une Kalach’, et ne pas se poser la question une demi-seconde de ce que l’on fait ?”, s’emporte Didier François. “Mais allez-y, continuez comme ça !”, lance-t-il, tourné vers Abdelmalek Tanem qui le regarde sans ciller. Le président donne la parole à l’accusé. Il ne sait pas quoi répondre à ces “attaques” – “+Abou embrouille+, c’est un peu m’attaquer..”, précise-t-il. “Y a des moments, faut assumer”, balaie Didier François. Parce que rapport au rôle qu’on lui prête en Syrie, “Abou Embrouille c’est léger”. Je vais même pas parler”, rétorque l’accusé résigné. “Bah oui c’est un peu le sujet”, grince l’ex-otage.