Face aux attaques, le nouveau président du tribunal de Paris veut faire “évoluer” la communication de la justice

À l’occasion de son installation officielle, le nouveau président du tribunal judiciaire de Paris, Peimane Ghaleh-Marzban, a appelé lundi la plus grande juridiction de France à “mériter la confiance” et à “évoluer” dans sa communication à l’heure des attaques qui la visent.En poste depuis le début de l’été, le magistrat de 54 ans a été installé lundi à la tête du premier tribunal du pays, avec 60.000 décisions civiles et 30.000 décisions pénales rendues chaque année, lors d’une audience solennelle à laquelle ont assisté le garde des Sceaux démissionnaire Gérald Darmanin et la maire de Paris Anne Hidalgo.Les virulentes accusations de “justice politique” à l’occasion des condamnations distinctes cette année par le tribunal de Paris de Marine Le Pen et de Nicolas Sarkozy “sapent les bases de notre droit et les fondements de notre démocratie”, a mis en garde M. Ghaleh-Marzban d’un ton sombre.L’ex-président de la République doit être prochainement incarcéré après sa condamnation jeudi à cinq ans de prison dans le procès libyen, tandis que la patronne de l’extrême droite est actuellement inéligible en raison de sa condamnation en mars dans l’affaire des assistants européens du FN. Tous deux ont fait appel.Dans les deux cas, des menaces envers les présidentes de la formation de jugement ont entraîné des ouvertures d’enquêtes judiciaires.”Il y a un péril certain, pendant que de manière invraisemblable, des magistrats sont menacés, parce qu’ils n’auraient commis qu’une seule faute: celle d’appliquer la règle de droit et d’avoir rempli leur office”, a regretté M. Ghaleh-Marzban, précédemment président du tribunal de Bobigny.”L’heure n’est pas à la résignation, mais à l’action. C’est au prix d’un travail que nous accomplissons au quotidien avec engagement, rigueur et enthousiasme que, selon les mots de (l’ex-président du tribunal) Pierre Drai, nous méritons la confiance de nos concitoyens”, a-t-il déclaré à l’intention de ses collègues.Le nouveau chef de la juridiction parisienne relève une “véritable asymétrie” dans le débat public autour des décisions de justice, du fait du devoir de réserve des magistrats: “on constate, sur des plateaux de télévision, des prises de position qui ne trouvent aucune contradiction”.Or dans la société actuelle de “l’hyper-information et de la communication instantanée”, “le temps est venu” pour la communication judiciaire d'”évoluer”, estime-t-il.Parmi les “pistes”, Peimane Ghaleh-Marzban envisage de généraliser les communiqués dans les affaires les plus importantes et d’instituer des “porte-paroles de la juridiction, qui seront des pédagogues de la décision”.Ces derniers “n’auraient évidemment pas participé à la délibération, mais auraient (…) toute qualité pour en expliquer les termes, sans en ajouter ni retrancher”, a décrit le président du tribunal.

Diplôme non validé: plainte contre Lecornu, qui contre-attaque

Le Syndicat national des agents publics de l’Education nationale (Snapen) a déposé plainte contre Sébastien Lecornu, l’accusant de se prévaloir d’un master de droit public sans avoir validé sa deuxième année de diplôme, ce que conteste le Premier ministre qui annonce porter plainte à son tour.La plainte a été adressée à la commission des requêtes de la Cour de justice de la République, a annoncé lundi l’avocat du syndicat, Me Vincent Brengarth.Le Premier ministre “conteste vigoureusement l’accusation dont il fait l’objet”, déplore “cette polémique artificielle” et annonce porter plainte contre le Snapen “pour dénonciation calomnieuse”, a fait savoir son entourage, interrogé par l’AFP.Mi-septembre, Mediapart a révélé que Sébastien Lecornu n’avait pas le diplôme de master, qui s’obtient en deux ans, contrairement à ce qu’affirmaient des portraits publiés depuis 2016, sa page sur le site du ministère des Armées lorsqu’il était encore à ce poste, sa page sur le réseau social LinkedIn ou encore sa présentation lors d’une conférence universitaire.”J’ai ressenti dans cette fausse polémique une forme de mépris social”, a-t-il ajouté.Interrogé sur le sujet vendredi dans Le Parisien, Sébastien Lecornu a répondu qu’il avait “validé (sa) maîtrise en droit, donc un master 1” à l’Université Panthéon-Assas.Une réforme a eu lieu en France dans les années 2000 pour s’adapter aux critères européens (bachelier, master, doctorat). Ont alors été supprimés notamment la maîtrise (Bac +4) et le DEA ou DESS (Bac+5). Le nouveau système a instauré, entre autres, le master 1 (Bac+4) et le master 2 (Bac+5).Dans la plainte, que l’AFP a pu consulter, le syndicat reproche au ministre d’avoir voulu “faire croire (qu’il) était titulaire d’un master de droit public” et “utilisait en connaissance de cause un diplôme dont il n’était pas titulaire”.”Aucun diplôme n’est requis pour être membre d’un gouvernement et le fait de ne pas avoir obtenu de master 2 n’est pas un signe d’incompétence”, a souligné Me Vincent Brengarth.”Toutefois, l’absence de transparence sur le niveau d’études acquis, par un ministre d’Etat, est de nature à porter atteinte à la crédibilité de la certification par les universités publiques françaises, à l’égalité républicaine, à l’honneur des enseignants-chercheurs et, plus généralement, à la mission de service public confiée aux établissements d’enseignement supérieur”, ajoute-t-il.Contacté par l’AFP, Gérard Lenfant, le président du Snapen fait lui “le parallèle entre la Banque de France et les faux-monnayeurs. La Banque de France ne laisse pas passer l’édition de faux billets. Nous, en tant que corporation de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, on ne peut pas laisser passer l’impression de faux diplômes. Demain, c’est la porte ouverte à toutes les utilisations frauduleuses”, souligne-t-il.Sur son site officiel, Sébastien Lecornu mentionne simplement des “études de droit à l’université Paris 2 Panthéon Assas”, sans précision. Sur LinkedIn, à la rubrique formation, il indique “Master, droit public général, 2005-2008”, à Panthéon-Assas Université.fbe-pgr-pol-fbr/ito/asm

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Le gigantesque feu en Namibie est “contenu” d’après le gouvernement

L’immense incendie ayant ravagé un tiers du parc national d’Etosha en Namibie est “désormais contenu”, a assuré lundi la ministre de l’Environnement à la télévision publique, NBC, après avoir survolé cette réserve naturelle parmi les plus réputées au monde.Les immenses panaches de fumées photographiés du ciel au cours du week-end et qui menaçaient les 114 espèces de mammifères, dont le rhinocéros noir, en danger critique d’extinction, se sont dissipés.”Le feu est désormais maîtrisé. Nous n’avons pas observé de flammes lors de notre survol, mais certains endroits continuent de brûler par intermittence. Dans certains de ces endroits, des personnes sont déjà sur place pour surveiller la situation”, a affirmé au micro de NBC Indileni Daniel.Déclaré le 22 septembre, l’incendie s’était rapidement étendu à cause des vents forts et d’une végétation asséchée en fin d’hiver austral. Il avait déjà détruit environ 34% du parc, soit quelque 775.163 hectares, d’après le ministère de l’Environnement dimanche.Des images satellite consultées par l’AFP montrent une gigantesque étendue noircie de cendres qui paraît plus vaste que l’ancien lac salé voisin d’Etosha, “si grand qu’il est visible depuis l’espace”, comme le précise le site internet du parc national.De nouveaux foyers ont été observés “à un seul endroit”, d’après la ministre et une “équipe a déjà été dépêchée sur place”.Situé dans le nord de ce pays en grande partie désertique, le parc s’étend sur 22.270 kilomètres carrés et accueille de nombreux touristes internationaux attirés par la richesse de sa faune.Un “nombre inconnu d’animaux” a péri, selon le dernier bilan de la présidence dimanche qui n’avait enregistré “aucune perte de vie humaine”.”L’incendie représente une menace importante pour la biodiversité, la faune et les moyens de subsistance des communautés des zones touchées. Environ 30% des pâturages du parc ont été détruits par l’incendie”, a estimé la présidence.Le ministère de l’Environnement avait attribué le départ de l’incendie à des activités de production de charbon de bois en bordure du parc national qui est exporté notamment en Afrique du Sud.

Sextape à Saint-Etienne: prison ferme et inéligibilité requises contre le maire

Trois ans de prison ferme et une peine d’inéligibilité avec application immédiate ont été requis lundi contre le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, qualifié de “décideur” dans l’affaire du chantage à la sextape.”C’est lui qui avait les mains sur la manette nucléaire”, a déclaré la procureure Audrey Quey en référence au piège fomenté contre l’ancien Premier adjoint du maire, Gilles Artigues, filmé à son insu avec un prostitué.Gaël Perdriau “savait, il a laissé faire, alors qu’il avait autorité sur ceux” qui ont orchestré ce kompromat, et “qui l’ont fait en son nom”, a-t-elle encore assené, en reprochant à l’édile de 53 ans d’être “le seul” des protagonistes à ne pas avoir évolué au cours de la procédure, “le seul à nier l’évidence”.Pour cette raison, elle a demandé une peine plus lourde contre lui que contre les autres prévenus, soit cinq ans de prison, dont deux avec sursis, une peine “non aménageable”, 50.000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité, qui s’appliqueront même en cas d’appel.Une telle condamnation lui interdirait de briguer un nouveau mandat aux municipales de 2026 et cela peut créer un “trouble démocratique”, a-t-elle reconnu.Mais les faits dont Gaël Perdriau s’est, selon elle, rendu coupable sont d'”une telle abjectivité, d’une telle vilenie”, qu’il “ne peut pas rester maire de Saint-Etienne”, a estimé la magistrate.Accroché à son fauteuil depuis que le scandale a éclaté dans Mediapart en 2022, Gaël Perdriau est jugé par le tribunal correctionnel de Lyon depuis une semaine pour chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics, des accusations qu’il récuse vivement.- “Fusible” -Il comparaît avec trois anciens membres de son entourage qui, eux, admettent leur responsabilité et ont livré des témoignages accablants.Pierre Gauttieri, qui fut pendant dix ans son directeur de cabinet, a ainsi assuré que dès son élection en 2014, Gaël Perdriau lui avait demandé de trouver “une solution pour tenir en respect Gilles Artigues” dont il doutait de la loyauté. L’idée de piéger ce catholique opposé au mariage homosexuel avec un escort-boy a germé lors d’échanges avec l’ambitieux adjoint à l’Education Samy Kefi-Jérôme, et le conjoint de ce dernier Gilles Rossary-Lenglet.Selon Pierre Gauttieri, le maire a donné son feu vert au complot, tout en s’engageant à prendre en charge son volet financier, en faisant voter deux subventions de 20.000 euros chacune à des associations stéphanoises qui les ont reversées à Gilles Rossary-Lenglet.Pour Pierre Gauttieri, un “homme de l’ombre” “prêt à servir de fusible pour protéger le maire”, la procureure n’a requis qu’un an de prison ferme, aménageable à domicile sous bracelet, prenant acte de ses efforts de contrition.Quant aux dénégations du maire, qui assure que son collaborateur a agi dans son dos pour des motifs personnels, la magistrate les a balayées d’un revers de manche: “Un directeur de cabinet au surplus en début de mandat ne prend pas une décision pareille sans l’aval de son élu”. – “Eau trouble” -Audrey Quey a demandé deux ans de prison ferme pour Samy Kéfi-Jérôme, “l’ambitieux prêt au pire pour ses ambitions personnelles” et pour Gilles Rossary-Lenglet “l’homme blessé” qui s’est vengé de ses anciens complices en allant voir Mediapart.En revanche, elle a estimé que le tribunal devrait relaxer deux couples à la tête d’associations stéphanoises qui étaient poursuivies pour “abus de confiance”. Si elles ont reversé à Gilles Rossary-Lenglet des subventions municipales obtenues sur la réserve du maire, elles l’ont fait de bonne foi, berné par les mensonges de cet homme habile, a-t-elle estimé.Avant elle, les avocats de Gilles Artigues ont également espéré que le tribunal ne fasse preuve d'”aucune clémence” envers Gaël Perdriau.Les quatre principaux prévenus “sont des malfaiteurs, des maîtres-chanteurs, des voleurs et des menteurs” et “le plus grand menteur c’est Gaël Perdriau”, a plaidé Me André Buffard. “On a quatre beaux spécimen de barboteurs en eau trouble” mais “Gaël Perdriau est le seul qui s’arcboute encore”, a renchéri sa consoeure Florence Vincent.La défense du maire, qui a bataillé pied à pied pendant toute l’audience, s’exprimera mardi. La décision sera probablement mise en délibéré.