Meurtre de Lola: sa mère, en pleurs, demande que l’accusée “soit enfermée toute sa vie”

La mère de Lola Daviet, violée, torturée et tuée à l’âge de 12 ans, a demandé mercredi à la cour d’assises de Paris “de faire le nécessaire” pour que l’accusée, Dahbia Benkired, “soit enfermée toute sa vie”.En pleurs, Delphine Daviet a lu une lettre pour décrire l’enfant, tuée le 14 octobre 2022.”Lola était une jeune fille joyeuse, sociale, aimante, heureuse de vivre, toujours prête à aider son prochain”, a-t-elle entamé, se rappelant “une vie de famille très simple, très à l’écoute les uns des autres”.”Avec mon mari, nous avons toujours éduqué nos enfants avec le sens du partage, du respect envers les autres, et en même temps, on leur faisait de la prévention sur le danger des inconnus. On leur disait: +si on vous agresse, n’hésitez pas à crier, on vous entendra+”.Delphine Daviet raconte “le jour du drame” : “Lola est repartie en me disant +à tout à l’heure, bisous+”. “Qui aurait pu imaginer que Lola (croiserait) cette chose, ce monstre ? Moi, je préparais les bagages pour le mobile home, comme tous les vendredis”, relate-t-elle. Le couple de gardiens d’immeuble dans le XIXe arrondissement de Paris – c’est dans l’un des appartements que la fillette a été tuée – avait pour habitude de retrouver son Pas-de-Calais natal tous les week-ends.Dahbia Benkired, qui vivait chez sa soeur, avait d’abord expliqué son geste par un excès de colère après que Delphine Daviet lui avait refusé un badge pour emprunter l’ascenseur.”Cette histoire de badge, dont je n’ai pas souvenance… Que des histoires… Rien ne mérite d’avoir autant de haine, de mépris, d’acharnement envers ma Lola”, a insisté la mère de l’enfant.”Je finis par comprendre avec ma psychologue que ce n’est pas nous les coupables, c’est cette chose, le diable. Lola n’aurait jamais fait de mal à qui que ce soit. Je me demanderai toujours pourquoi Lola l’a suivie”, poursuit-elle, en rappelant que son mari, le père de Lola, est mort quelques mois plus tard après avoir repris la boisson.”Mais cette chose ne nous enlèvera pas l’amour de notre famille”, reprend Delphine Daviet. “Pour tout cela, je demande à la justice de faire le nécessaire pour que cette chose soit enfermée toute sa vie. Ne demandez pas autre chose que la perpétuité”.Dans son box, l’accusée la fixe, impassible, égale à elle-même depuis l’ouverture des débats vendredi dernier.Mais, pour la première fois en quatre jours d’audience, lorsque des photos de la victime de son vivant sont diffusées sur les écrans, Dahbia Benkired baisse les yeux.

Pour les Argentins endettés, acheter, revendre: objectif boucler le mois

Dans des déballages de rue toujours plus vastes, sur les réseaux sociaux, à leurs voisins, ils vendent, achètent, revendent. Pour générer une mini-marge, tenir jusqu’à la fin de mois. Dans l’Argentine de Javier Milei à la veille de législatives, austérité et endettement intensifient les stratégies de résilience.Sur 20 pâtés de maisons, presque deux kilomètres, s’étire la “feria” de Villa Fiorito, faubourg populaire du grand Buenos Aires. Foire informelle, où dimanche s’entassent sur des couvertures à même le sol, des inventaires improbables: de vieux bacs à glaçons, un thermos sans bouchon, un pantalon, des revues, de l’électroménager délabré, des produits vaisselle… Tout est bon, explique une de ces “manteras” (de “manta”, couverture), Gladys Gutierrez, 46 ans, qui étale produits de toilette, savons, lotions, vêtements… Et raconte le jonglage permanent aux petites affaires, à même la foire, sous le regard de Diego Maradona, l’idole née dans le quartier et dont les fresques recouvrent les murs.”Si je vois quelque chose bon marché, je l’achète et je le revends, et la plupart des voisins font pareil. Ils achètent, revendent, ainsi de suite, pour gagner un sou de plus”.Martin Gonzalez, “cartonero”, ramasseur-récupérateur, dit aller régulièrement à la capitale aux riches poubelles, à 20 kilomètres, “pour récupérer des choses, qu’on ramène ici et qu’on revend, pour le quotidien”.- Endettement record -Parfois “ça suffit pour le repas de midi, après il faut repartir chercher”, explique-t-il devant son stand éclectique: un tuyau, des carafes, un débouche-évier, des casques de chantier..”Les gens sont fatigués, en colère”, gémit Gladys Gutierrez. Dont le mari, maçon qualifié, est sans travail “depuis un bon moment”.Plus de 200.000 emplois, entre public et privé, ont été perdus au cours des deux ans d’austérité budgétaire du président, l’ultralibéral Javier Milei, avec le secteur de la construction en première ligne, via le gel de chantiers publics.Ces pertes d’emploi, une activité économique anémiée, ont empêché une majorité d’Argentins de ressentir les bienfaits d’une inflation maîtrisée. A fortiori dans un pays où plus de 40% l’emploi est informel. Comme en grande partie ici, à Villa Fiorito,  Selon un rapport de la Banque centrale, le taux de défaillance financière des ménages a augmenté en août pour le dixième mois consécutif, pour atteindre 6,6% du total des crédits, record depuis la création de cet indice en 2008.Ici, “des gens s’endettent pour manger, dans le meilleur des cas s’endettent pour monter un petit négoce, mais à des taux exorbitants”, explique Matias Mora, politologue lui-même originaire de Villa Fiorito. Où peu ont accès au crédit, donc dépendent de prêteurs informels, appliquant des intérêts jusqu’à 40%, 50%.- Ecosystème de survie -Javier Milei se targue d’avoir fait baisser la pauvreté en 12 mois, en partie grâce à l’inflation jugulée, et un effort soutenu sur les allocations aux plus pauvres. Mais à Fiorito, fief péroniste (opposition de centre-gauche), il n’a guère à attendre des législatives de mi-mandat dimanche: en 2023 à la présidentielle, il y avait obtenu un pâle 27% (55,7% au niveau national). Néanmoins, l’endettement, le pluri-emplois contraint, les ventes informelles, n’ont nullement commencé avec le gouvernement Milei, souligne M. Mora. Par contre, avec lui, ils se sont “approfondis et aggravés”.Selon une étude en mai du cabinet privé IETSE, 91% des ménages argentins étaient endettés: des dettes contractées, à plus de 85%, en 2024 ou 2025. “Cela me rappelle beaucoup 2001”, dit Juana Sena, 71 ans, en référence aux heures de la grande crise financière de 2001, qui mena à une explosion sociale (39 morts): “Aux coins de rue, on voit sur des tables des gens vendre des pâtisseries ou pains faits maison, on voit des vêtements à vendre, exposés aux fenêtres”.En plus de ces ventes de rue, relève Matias Mora, se développe tout un monde de “manteros numériques”, où des milliers de participants, répartis par zones, vendent une poussette, un meuble, un plat maison… Dans l’urgence, le plus souvent. “A ce prix-là, parce que j’ai besoin de l’argent aujourd’hui. Merci d’écrire en privé”, indiquait une annonce cette semaine.”C’est un nouvel écosystème (…) une logique de survie”, estime M. Mora. “Les gens se débrouillent” et font preuve d’ingéniosité pour joindre les deux bouts, mais “au détriment de la santé mentale, de la santé physique, en s’épuisant”.

Aide humanitaire à Gaza: la CIJ va rendre son avis sur les obligations d’Israël

La plus haute juridiction de l’ONU a ouvert mercredi l’audience lors de laquelle elle doit rendre son avis sur les obligations d’Israël envers les organismes fournissant une aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza.Le président de la CIJ, Yuji Iwasawa, a ouvert l’audience publique pour rendre cet avis consultatif concernant l’obligation d’Israël de faciliter l’aide à Gaza.L’ONU a demandé à la cour de La Haye de clarifier les obligations d’Israël, en tant que puissance occupante, envers les Nations unies et d’autres organismes, “y compris s’agissant d’assurer et de faciliter la fourniture sans entrave d’articles de première nécessité essentiels à la survie” des Palestiniens.Un avis de la CIJ n’est pas juridiquement contraignant, mais la cour estime qu’elle a “un grand poids juridique et une grande autorité morale”.En avril, les juges ont entendu pendant une semaine des témoignages de dizaines de pays et d’organisations, dont une grande partie concernait le statut de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens.Israël n’a pas participé aux audiences. Son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, les a qualifiées de “partie intégrante d’une persécution et d’une délégitimation systématiques d’Israël”.Israël a interdit à l’UNRWA d’opérer sur son sol après avoir accusé certains de ses employés de participation à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre.Plusieur enquêtes, dont une menée par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des “problèmes de neutralité” à l’UNRWA.Cependant, ce rapport d’avril 2024 indiquait qu’Israël n’avait “pas encore fourni de preuves” à l’appui de ses allégations selon lesquelles “un nombre important d’employés de l’UNRWA sont membres d’organisations terroristes”.Lors d’audiences devant la cour de La Haye, un responsable américain a exprimé de “sérieuses inquiétudes” quant à l’impartialité de l’UNRWA et a allégué que le Hamas utilisait des installations de l’agence.Le responsable américain, Josh Simmons, a déclaré qu’Israël n’avait “aucune obligation d’autoriser spécifiquement l’UNRWA à fournir une aide humanitaire”.Le responsable palestinien Ammar Hijazi a dit aux juges de la CIJ qu’Israël bloquait l’aide, la considérant comme une “arme de guerre”, provoquant ainsi la famine à Gaza.- “Bouée de sauvetage” -Le directeur général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a décrit son organisation comme une “bouée de sauvetage” pour les près de six millions de réfugiés palestiniens.L’agence compte encore quelque 12.000 employés à Gaza et entend jouer un rôle majeur dans sa reconstruction après le fragile cessez-le-feu conclu plus tôt ce mois-ci.Plus de 370 employés de l’UNRWA ont été tués depuis le début de la guerre, selon l’agence.Mardi, Abeer Etefa, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, a indiqué que 530 camions de l’organisation étaient entrés dans Gaza depuis la prise d’effet du cessez-le-feu.Ces camions ont apporté plus de 6.700 tonnes de nourriture, ce qui, selon elle, “suffit pour nourrir près d’un demi-million de personnes pendant deux semaines”.Israël fait face à plusieurs procédures en droit international concernant ses opérations à Gaza.En juillet 2024, la CIJ a rendu un autre avis consultatif estimant que l’occupation israélienne des territoires palestiniens était “illégale” et devait cesser au plus vite.La cour examine également une affaire portée par l’Afrique du Sud, qui accuse Israël de violation de la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.Une autre juridiction de La Haye, la Cour pénale internationale, a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés.Elle a aussi émis un mandat d’arrêt contre le commandant du Hamas Mohammed Deif, qui, selon Israël, a été tué lors d’une frappe aérienne.

Top UN court starts ruling on Israel’s Gaza aid obligations

The top United Nations court Wednesday began its ruling on Israel’s obligations towards agencies providing humanitarian assistance to Palestinians in Gaza, as aid groups scramble to scale up assistance following a ceasefire.International Court of Justice President Yuji Iwasawa opened the public hearing to deliver its “advisory opinion” laying out Israel’s duty to facilitate aid in Gaza.The UN asked the ICJ to clarify Israel’s obligations, as an occupying power, towards UN and other bodies “including to ensure and facilitate the unhindered provision of urgently needed supplies essential to the survival” of Palestinians.An ICJ opinion is not legally binding but the court believes it carries “great legal weight and moral authority”.ICJ judges heard a week of evidence in April from dozens of nations and organisations, much of which revolved around the status of UNRWA, the UN agency for Palestinian refugees.Israel did not take part in the hearings but an official told journalists earlier Wednesday it was “an abuse of international law”.The official added that Israel “cooperates with international organisations, with other UN agencies regarding Gaza. But Israel will not cooperate with UNRWA.”Israel banned UNRWA from operating on Israeli soil after accusing some of its staff of taking part in the October 7, 2023, Hamas attack that sparked the war.A series of investigations, including one led by France’s former foreign minister Catherine Colonna, found some “neutrality-related issues” at UNRWA.However, the April 2024 report said Israel had “yet to provide supporting evidence” of its allegation that “a significant number of UNRWA employees are members of terrorist organisations”.At the ICJ hearings in April, a US official raised “serious concerns” about the impartiality of UNRWA, and alleged that Hamas used the agency’s facilities.The US official, Josh Simmons, said Israel had “no obligation to permit UNRWA specifically to provide humanitarian assistance”.Simmons added that UNRWA was not the only option for delivering aid into Gaza.Palestinian official Ammar Hijazi told the ICJ judges that Israel was blocking aid as a “weapon of war”, sparking starvation in Gaza.- Aid ‘lifeline’ -UNRWA chief Philippe Lazzarini has described his organisation as a “lifeline” for the nearly six million Palestinian refugees under its charge.The agency still has some 12,000 staff in Gaza and aims to play a major part in its reconstruction after the fragile ceasefire agreed earlier this month.More than 370 of UNRWA workers have been killed since the start of the war, according to the agency.On the eve of the ICJ ruling, Abeer Etefa, Middle East spokeswoman for the UN’s World Food Programme (WFP), said 530 of the organisation’s trucks had crossed into Gaza since the ceasefire.Those trucks had delivered more than 6,700 tonnes of food, which she said was “enough for close to half a million people for two weeks”.Etefa said around 750 tonnes a day were now coming through, which, although more than before the ceasefire, remains well below WFP’s target of around 2,000 tonnes daily.Israel faces several cases under international law over its campaign in Gaza. In July 2024, the ICJ issued another advisory opinion stating that Israel’s occupation of the Palestinian territories was “unlawful” and must end as soon as possible.ICJ judges are also weighing accusations, brought by South Africa, that Israel has broken the 1948 UN Genocide Convention with its actions in Gaza.Another court in The Hague, the International Criminal Court, has issued arrest warrants for Israel’s Prime Minister Benjamin Netanyahu for alleged war crimes and crimes against humanity. It also issued a warrant for Hamas commander Mohammed Deif, who Israel says was killed in an airstrike.

Au Portugal, un paradis côtier accaparé par les plus fortunés

Au-dessus des pinèdes et des dunes qui longent des kilomètres de plages quasi-désertes de ce coin du sud-ouest du Portugal, des grues s’élèvent des chantiers de construction de complexes hôteliers de luxe, illustrant la transformation de cette région de Comporta en un nouveau refuge idyllique pour célébrités et touristes fortunés.A une heure de route au sud de Lisbonne, ce lieu de villégiature séduit notamment des personnalités “people” telles que l’actrice Nicole Kidman ou la princesse Caroline de Monaco, au point d’être désormais surnommée “la nouvelle Riviera portugaise” et comparée aux Hamptons, la côte huppée située près de New York.Symbole du “luxe décontracté”, Comporta attire “une clientèle fortunée en quête de nature, de discrétion, de bien-être”, résume le cabinet Knight Frank dans un récent rapport.La destination figure parmi les cinq marchés résidentiels de luxe les plus recherchés au monde, selon un classement publié fin septembre par ce cabinet international de conseil immobilier.Parmi les premières personnalités internationales à découvrir son charme, le créateur français Christian Louboutin, connu pour ses chaussures à semelle rouge, y a même ouvert son propre hôtel.L’établissement se dresse au cœur du Melides, un petit village rural avec ses ruelles écrasées par le soleil, ses cheminées blanches et ses maisons blanchies à la chaux avec leurs portes et fenêtres encadrées de bleu.La princesse Eugénie, nièce du roi Charles III d’Angleterre, partage son temps entre Londres et le Portugal, attirée, dit-elle, par la simplicité du lieu: “Je peux aller au supermarché en tenue de sport, les cheveux en bataille, et personne ne s’en soucie”, confiait-elle en 2023 dans le podcast Table and Manners.- “Huit méga-projets” -Mais pour certains habitants de la région et les défenseurs de l’environnement, l’envers du décor est plus inquiétant.”Nous avons cartographié huit méga-projets, chacun couvrant des centaines d’hectares”, alerte Rebeca Mateus, une biologiste membre de l’association “Dunas Livres” (Dunes libres), qui dénonce notamment la consommation élevée d’eau dans une région chroniquement menacée par la sécheresse.L’association s’inquiète également des “dégâts irréversibles” sur les dunes, un habitat fragile et lent à se régénérer, explique à l’AFP Catarina Rosa, membre du même collectif.La transformation de la région remonte à l’effondrement d’une dynastie de banquiers portugais, les Espirito Santo, dans la foulée de la crise de la dette de 2011.Cette famille était jusqu’alors la seule propriétaire de la “Herdade de Comporta”, un domaine agricole de plus de 12.000 hectares.Après la faillite de Banco Espirito Santo, ses propriétaires ont vendu de vastes parcelles du domaine à des promoteurs immobiliers, qui ont multiplié les projets de résidences privées, complexes hôteliers et terrains de golf.Ces investissements sont portés par des groupes portugais comme celui de la famille Amorim, le groupe Vanguard Properties du Français Claude Berda ou encore la société américaine Discovery Land and Company.- “Sans plan ni respect” -Cette dernière développe notamment le projet Costa Terra Golf and Ocean Club, avec près de 300 villas de luxe.Pour la population locale, certains ont profité de cet engouement pour vendre leurs petites propriétés pour des montants irrésistibles, tandis que d’autres s’inquiètent d’une flambée des prix de l’immobilier qui bouleverse tout un mode de vie.”Une petite maison, qui valait 20.000 euros il y a vingt ans, en vaut aujourd’hui un million”, témoigne auprès de l’AFP Jacinto Ventura, agriculteur de 42 ans et président d’une association locale à Melides.Par ailleurs, les habitants se plaignent d’entraves croissantes à l’accès aux plages, censées être toutes publiques, et d’un coût de la vie qui augmente, notamment dans les petits commerces locaux.Et alors que certains se résignent à quitter la région, d’autres tentent de résister, comme Belinda Sobral, une ancienne ingénieure de 42 ans qui a repris la taverne de ses grands-parents dans un petit village un peu plus à l’intérieur des terres, dans la commune de Grândola.”Le tourisme, ce n’est pas le problème, c’est la façon dont cela a été fait: trop vite, sans plan ni respect des gens d’ici”, déplore cette mère de deux enfants.”Je veux préserver l’identité du lieu”, dit-elle. “Sans mémoire, Comporta deviendra une autre Ibiza, une station balnéaire comme tant d’autres.”

Au Portugal, un paradis côtier accaparé par les plus fortunés

Au-dessus des pinèdes et des dunes qui longent des kilomètres de plages quasi-désertes de ce coin du sud-ouest du Portugal, des grues s’élèvent des chantiers de construction de complexes hôteliers de luxe, illustrant la transformation de cette région de Comporta en un nouveau refuge idyllique pour célébrités et touristes fortunés.A une heure de route au sud de Lisbonne, ce lieu de villégiature séduit notamment des personnalités “people” telles que l’actrice Nicole Kidman ou la princesse Caroline de Monaco, au point d’être désormais surnommée “la nouvelle Riviera portugaise” et comparée aux Hamptons, la côte huppée située près de New York.Symbole du “luxe décontracté”, Comporta attire “une clientèle fortunée en quête de nature, de discrétion, de bien-être”, résume le cabinet Knight Frank dans un récent rapport.La destination figure parmi les cinq marchés résidentiels de luxe les plus recherchés au monde, selon un classement publié fin septembre par ce cabinet international de conseil immobilier.Parmi les premières personnalités internationales à découvrir son charme, le créateur français Christian Louboutin, connu pour ses chaussures à semelle rouge, y a même ouvert son propre hôtel.L’établissement se dresse au cœur du Melides, un petit village rural avec ses ruelles écrasées par le soleil, ses cheminées blanches et ses maisons blanchies à la chaux avec leurs portes et fenêtres encadrées de bleu.La princesse Eugénie, nièce du roi Charles III d’Angleterre, partage son temps entre Londres et le Portugal, attirée, dit-elle, par la simplicité du lieu: “Je peux aller au supermarché en tenue de sport, les cheveux en bataille, et personne ne s’en soucie”, confiait-elle en 2023 dans le podcast Table and Manners.- “Huit méga-projets” -Mais pour certains habitants de la région et les défenseurs de l’environnement, l’envers du décor est plus inquiétant.”Nous avons cartographié huit méga-projets, chacun couvrant des centaines d’hectares”, alerte Rebeca Mateus, une biologiste membre de l’association “Dunas Livres” (Dunes libres), qui dénonce notamment la consommation élevée d’eau dans une région chroniquement menacée par la sécheresse.L’association s’inquiète également des “dégâts irréversibles” sur les dunes, un habitat fragile et lent à se régénérer, explique à l’AFP Catarina Rosa, membre du même collectif.La transformation de la région remonte à l’effondrement d’une dynastie de banquiers portugais, les Espirito Santo, dans la foulée de la crise de la dette de 2011.Cette famille était jusqu’alors la seule propriétaire de la “Herdade de Comporta”, un domaine agricole de plus de 12.000 hectares.Après la faillite de Banco Espirito Santo, ses propriétaires ont vendu de vastes parcelles du domaine à des promoteurs immobiliers, qui ont multiplié les projets de résidences privées, complexes hôteliers et terrains de golf.Ces investissements sont portés par des groupes portugais comme celui de la famille Amorim, le groupe Vanguard Properties du Français Claude Berda ou encore la société américaine Discovery Land and Company.- “Sans plan ni respect” -Cette dernière développe notamment le projet Costa Terra Golf and Ocean Club, avec près de 300 villas de luxe.Pour la population locale, certains ont profité de cet engouement pour vendre leurs petites propriétés pour des montants irrésistibles, tandis que d’autres s’inquiètent d’une flambée des prix de l’immobilier qui bouleverse tout un mode de vie.”Une petite maison, qui valait 20.000 euros il y a vingt ans, en vaut aujourd’hui un million”, témoigne auprès de l’AFP Jacinto Ventura, agriculteur de 42 ans et président d’une association locale à Melides.Par ailleurs, les habitants se plaignent d’entraves croissantes à l’accès aux plages, censées être toutes publiques, et d’un coût de la vie qui augmente, notamment dans les petits commerces locaux.Et alors que certains se résignent à quitter la région, d’autres tentent de résister, comme Belinda Sobral, une ancienne ingénieure de 42 ans qui a repris la taverne de ses grands-parents dans un petit village un peu plus à l’intérieur des terres, dans la commune de Grândola.”Le tourisme, ce n’est pas le problème, c’est la façon dont cela a été fait: trop vite, sans plan ni respect des gens d’ici”, déplore cette mère de deux enfants.”Je veux préserver l’identité du lieu”, dit-elle. “Sans mémoire, Comporta deviendra une autre Ibiza, une station balnéaire comme tant d’autres.”

Au Portugal, un paradis côtier accaparé par les plus fortunés

Au-dessus des pinèdes et des dunes qui longent des kilomètres de plages quasi-désertes de ce coin du sud-ouest du Portugal, des grues s’élèvent des chantiers de construction de complexes hôteliers de luxe, illustrant la transformation de cette région de Comporta en un nouveau refuge idyllique pour célébrités et touristes fortunés.A une heure de route au sud de Lisbonne, ce lieu de villégiature séduit notamment des personnalités “people” telles que l’actrice Nicole Kidman ou la princesse Caroline de Monaco, au point d’être désormais surnommée “la nouvelle Riviera portugaise” et comparée aux Hamptons, la côte huppée située près de New York.Symbole du “luxe décontracté”, Comporta attire “une clientèle fortunée en quête de nature, de discrétion, de bien-être”, résume le cabinet Knight Frank dans un récent rapport.La destination figure parmi les cinq marchés résidentiels de luxe les plus recherchés au monde, selon un classement publié fin septembre par ce cabinet international de conseil immobilier.Parmi les premières personnalités internationales à découvrir son charme, le créateur français Christian Louboutin, connu pour ses chaussures à semelle rouge, y a même ouvert son propre hôtel.L’établissement se dresse au cœur du Melides, un petit village rural avec ses ruelles écrasées par le soleil, ses cheminées blanches et ses maisons blanchies à la chaux avec leurs portes et fenêtres encadrées de bleu.La princesse Eugénie, nièce du roi Charles III d’Angleterre, partage son temps entre Londres et le Portugal, attirée, dit-elle, par la simplicité du lieu: “Je peux aller au supermarché en tenue de sport, les cheveux en bataille, et personne ne s’en soucie”, confiait-elle en 2023 dans le podcast Table and Manners.- “Huit méga-projets” -Mais pour certains habitants de la région et les défenseurs de l’environnement, l’envers du décor est plus inquiétant.”Nous avons cartographié huit méga-projets, chacun couvrant des centaines d’hectares”, alerte Rebeca Mateus, une biologiste membre de l’association “Dunas Livres” (Dunes libres), qui dénonce notamment la consommation élevée d’eau dans une région chroniquement menacée par la sécheresse.L’association s’inquiète également des “dégâts irréversibles” sur les dunes, un habitat fragile et lent à se régénérer, explique à l’AFP Catarina Rosa, membre du même collectif.La transformation de la région remonte à l’effondrement d’une dynastie de banquiers portugais, les Espirito Santo, dans la foulée de la crise de la dette de 2011.Cette famille était jusqu’alors la seule propriétaire de la “Herdade de Comporta”, un domaine agricole de plus de 12.000 hectares.Après la faillite de Banco Espirito Santo, ses propriétaires ont vendu de vastes parcelles du domaine à des promoteurs immobiliers, qui ont multiplié les projets de résidences privées, complexes hôteliers et terrains de golf.Ces investissements sont portés par des groupes portugais comme celui de la famille Amorim, le groupe Vanguard Properties du Français Claude Berda ou encore la société américaine Discovery Land and Company.- “Sans plan ni respect” -Cette dernière développe notamment le projet Costa Terra Golf and Ocean Club, avec près de 300 villas de luxe.Pour la population locale, certains ont profité de cet engouement pour vendre leurs petites propriétés pour des montants irrésistibles, tandis que d’autres s’inquiètent d’une flambée des prix de l’immobilier qui bouleverse tout un mode de vie.”Une petite maison, qui valait 20.000 euros il y a vingt ans, en vaut aujourd’hui un million”, témoigne auprès de l’AFP Jacinto Ventura, agriculteur de 42 ans et président d’une association locale à Melides.Par ailleurs, les habitants se plaignent d’entraves croissantes à l’accès aux plages, censées être toutes publiques, et d’un coût de la vie qui augmente, notamment dans les petits commerces locaux.Et alors que certains se résignent à quitter la région, d’autres tentent de résister, comme Belinda Sobral, une ancienne ingénieure de 42 ans qui a repris la taverne de ses grands-parents dans un petit village un peu plus à l’intérieur des terres, dans la commune de Grândola.”Le tourisme, ce n’est pas le problème, c’est la façon dont cela a été fait: trop vite, sans plan ni respect des gens d’ici”, déplore cette mère de deux enfants.”Je veux préserver l’identité du lieu”, dit-elle. “Sans mémoire, Comporta deviendra une autre Ibiza, une station balnéaire comme tant d’autres.”