Bétharram: audition marathon, style agressif, coût politique limité pour Bayrou

Dans son audition fleuve mercredi sur l’affaire Bétharram, François Bayrou a usé d’une stratégie d’affrontement politique sans apporter de réel éclairage sur le fond, mais il ne sort pas à court terme affaibli politiquement, en attendant d’autres échéances cruciales.Un “moment libérateur” a conclu le Premier ministre, qui n’a pas semblé abattu après cinq heures trente d’échanges très tendus avec la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, où il s’est montré particulièrement offensif, attaquant d’emblée ses contradicteurs et invoquant le sort des victimes.Il avait apporté deux livres près de lui, “La Meute” qui décrit des pratiques violentes de La France insoumise, et “Le silence de Bétharram” du porte-parole des victimes de l’établissement, auxquelles il a dédié son audition.Sur un ton jugé agressif, inhabituel chez lui, il a retourné les accusations de mensonges contre le corapporteur LFI Paul Vannier, en maintenant ne pas avoir disposé d’informations privilégiées dans l’affaire des violences physiques et sexuelles de l’établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, où plusieurs de ses enfants ont été scolarisés.”Sur le fond, François Bayrou ne lève pas grand-chose. Mais la posture est habile, il détourne le sujet”, analyse le constitutionnaliste Benjamin Morel. Sa “stratégie de diversion a bien fonctionné”, complète le spécialiste en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet car “on a autant parlé de ses attaques contre LFI que du fond du dossier” sur lequel il a “conservé une ligne de défense basée sur le déni et le complot politique”.- “Populiste” -Se perdant dans les détails, François Bayrou a aussi entretenu la confusion dans ses réponses, ponctuées de formules assassines.”C’est une stratégie très populiste, plus tenue par les coupables que par les innocents, qui renforce l’idée qu’il a quelque chose à cacher” si bien que sur le long terme “l’affaire n’est pas terminée” et pourrait donner des arguments au président pour s’en séparer, anticipe Philippe Moreau-Chevrolet.Le Premier ministre a pris le risque de détériorer de nouveau son image, déjà dégradée dans l’opinion: l’homme politique “sympathique” se montre “cynique” et “agressif”, souligne le communicant.Si François Bayrou “ressort sans que l’idée de démission fasse les titres des journaux ou soit évidente”, “l’histoire n’est pas terminée” car il ressort “abîmé” de ses attaques, abonde un élu LFI.- “Crédit” -Mais il est parvenu à limiter l’impact négatif de cette audition présentée comme déterminante pour son avenir politique.Sa stratégie de renvoyer l’audition “dans le champ du débat politique partisan” ne le “sauve” pas, estime M. Morel, “mais il évite ainsi de présenter la gorge et peut espérer imposer dans l’opinion l’idée d’une vendetta contre lui, tout en pariant sur le fait d’éviter une censure, dès lors que le RN n’a pas intérêt à joindre sa voix à la gauche sur le sujet”.En attendant les conclusions fin juin de la commission d’enquête, Paul Vannier lui-même n’a pas parlé jeudi de “parjure”. Il a estimé que François Bayrou avait “menti” par le passé mais qu’il était “trop tôt” pour dire s’il avait aussi menti pendant l’audition.D’autre part, le Rassemblement national, sans les voix duquel François Bayrou ne peut pas être censuré, a semblé en soutien.”J’ai tendance à donner du crédit à la parole publique du Premier ministre” a déclaré sur TF1 le vice-président du RN Sébastien Chenu, pour qui l’audition ressemblait “à un procès de Moscou”.Cette audition “c’est du stalinisme”, a renchéri le chef des députés MoDem Marc Fesneau, un proche de François Bayrou.Beaucoup plus critique à l’égard du Premier ministre, le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud a dénoncé “une entreprise d’enfumage”, car pour lui François Bayrou n’a pas apporté “d’éléments supplémentaires de compréhension”.François Bayrou n’est pas sorti d’affaire pour autant. Sur le budget 2026, encore plus contraint que le précédent, “on va droit à la censure à date”, selon un proche. 

US Fed chair warns of potential for ‘more persistent’ supply shocks

Federal Reserve Chair Jerome Powell on Thursday warned of the possibility of “more persistent” supply shocks, as US central bankers met for talks against a backdrop of uncertainty kicked up by Donald Trump’s tariff rollout.The US president’s on-again, off-again approach to tariffs has caused a surge in volatility, with sharp movements in both US and global financial markets.Before a de-escalation this week,steep US tariffs on China and retaliatory measures by Beijing also raised fears of potentially major trade disruptions between the two countries.”We may be entering a period of more frequent, and potentially more persistent, supply shocks — a difficult challenge for the economy and for central banks,” Powell told his colleagues in Washington. Powell’s remarks acknowledged the post-pandemic supply shock, when temporary supply chain problems caused a surge in inflation that the Fed has previously admitted it was too late to address.In the speech, which came at the start of the Fed’s first public strategy review for five years, Powell said the economic landscape had changed since the last meeting, when interest rates were far lower than they are today.The Fed’s key lending rate currently sits at between 4.25 percent and 4.50 percent as the policymakers look to cool inflation without pushing up unemployment. “Longer-term interest rates are a good deal higher now, driven largely by real rates given the stability of longer-term inflation expectations,” he said, referring to “real,” inflation-adjusted interest rates.The higher rates could also reflect fears of higher volatility going forward, he added. Powell also said the Fed may reconsider its focus on targeting average inflation over time — an approach which gives policymakers the leeway to take a longer-term view if inflation deviations from its long-run two percent target for short periods.But while Fed could tweak its approach to monetary policy, its key long-term inflation target will remain unchanged, Powell told his colleagues. “Anchored expectations are critical to everything we do, and we remain fully committed to the two percent target today,” he said.

Petits frères des havanes, les cigarillos cubains ont aussi la cote

Dans une usine du sud de La Havane, 400 ouvriers s’activent pour produire quotidiennement 800.000 cigarillos industriels, un chiffre en constante hausse, mais en-deçà de la demande pour ces petits frères des très réputés havanes.”Tout ce que nous produisons est immédiatement commercialisé”, explique à l’AFP Ricardo Soler, le président de Internacional Cubana de Tabacos S.A. (ICT), seule entreprise cubaine qui produit des cigarillos industriels destinés à l’exportation.La demande actuelle pour ces mini-cigares, conçus pour un être fumés plus vite que les fameux havanes fabriqués à la main, et destinés “à un marché qui a moins de pouvoir d’achat”, dépasse la capacité de production de ICT qui fonctionne à 100%, selon M. Soler. Les ventes d’ICT sont passées de 25,4 millions d’unités en 2001 à 200 millions en 2024 pour un chiffre d’affaires de 38 millions de dollars, soit presque le double d’il y a une dizaine d’années, souligne le responsable.”Notre marché principal est le marché européen”, mais, dans le sillage de la vente des cigares cubains, “nous avons d’autres marchés qui se développent, comme le marché asiatique”, précise-t-il. Les cigares cubains, considérés par les experts comme les meilleurs du monde, sont un des principaux produits d’exportation du pays. En 2024, leurs ventes ont atteint le chiffre record de 827 millions de dollars, soit une hausse de 16% sur un an, tirée par un marché asiatique avide de produits de luxe, tandis que le marché américain leur reste fermé en raison de l’embargo que Washington impose à l’île communiste depuis 1962. – “Le roi et les princes” -L’usine d’ICT, créée en 2001, dispose de 64 machines, dont 54 de dernière génération capables de produire 42 cigares par minute.Outre la taille et le prix, bien moins élevé que pour un havane, la principale différence entre un cigare roulé à la main et un cigare industriel réside dans le fait que le premier est entièrement confectionné à partir de feuilles de tabac quand le deuxième a son cÅ“ur fait de tabac finement coupé comme du tabac à rouler.Le tabac provient de la région occidentale de la Vuelta Abajo, considérée comme le triangle d’or de la production cubaine d’or vert, mais aussi d’autres régions de production de l’île. Ces cigarillos, dont l’arôme est 100% naturel selon l’entreprise, sont “les petits frères du havane”, vante Alberto Candido Ribalta, en charge de la communication de l’entreprise. “On peut dire que le havane est le roi, nous sommes les princes”, renchérit Ricardo Soler. De même que Habanos S.A, la société en charge de la commercialisation des havanes, ICT est une co-entreprise entre l’Etat cubain et l’entreprise espagnole Tabacalera. Cette dernière a été rachetée en 2020 au groupe britannique Imperial Brands par un consortium d’investisseurs asiatiques, dont ni les noms ni le pays d’origine n’ont jamais été communiqués officiellement. Du lundi au dimanche, organisées en trois-huit, quelque 200 opératrices spécialisées ajustent leurs gestes à la cadence des machines, dans une atmosphère emplie d’odeur de tabac. “J’adore ma machine”, s’enthousiasme Risel Barbara Fuente, 24 ans, blouse beige et charlotte sur la tête. Comme toutes ses collègues, elle porte des bouchons d’oreille en raison du bruit des machines. La jeune ouvrière perçoit 11.200 pesos (93 dollars) mensuels, le double du salaire moyen à Cuba, et reçoit chaque mois des denrées et produits d’hygiène dont la valeur équivaut à trois fois son salaire. Dans un pays secoué par une sévère crise économique, avec des pénuries de toute sorte et une inflation galopante, rares sont les Cubains qui peuvent prétendre à aussi bon salaire. Un signe de l’importance de ce secteur d’exportation pour l’économie de l’île. Et malgré les lois antitabac “de plus en plus restrictives” dans de nombreux pays, Ricardo Soler assure que la demande de cigarillos cubains “reste forte”. Il regrette que la capacité de production de l’entreprise “ne puisse pas suivre la demande”. De “forts investissements” sont prévus pour 2025, assure-t-il. 

Washington et Téhéran se rapprochent d’un accord, dit Trump dans le Golfe

Washington et Téhéran se rapprochent d’un accord sur le nucléaire, a affirmé jeudi Donald Trump au Qatar, avant dernière étape d’une tournée dans le Golfe ponctuée de déclarations-choc sur les crises régionales, le président américain assurant vouloir “mettre fin aux conflits”.Il a fait ces déclarations à Doha avant d’atterrir plus tard jeudi à Abou Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis, dernière étape de sa tournée dans le Golfe entamée mardi en Arabie saoudite.”Je pense qu’on se rapproche de la conclusion d’un accord”, a dit Donald Trump depuis Doha, faisant reculer les cours du pétrole.Quelques heures plus tôt, Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, avait dit à la chaîne américaine NBC que Téhéran était prêt à accepter un accord avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire, en échange de la levée immédiate des sanctions, alors que les deux pays ont tenu quatre cycles de discussions ces dernières semaines.”En tant que président, ma priorité est de mettre fin aux conflits”, a-t-il dit devant les militaires américains sur la base d’al-Udeid au Qatar tout en affirmant qu’il “n’hésiterait jamais à déployer la force américaine, si nécessaire, pour défendre les Etats-Unis d’Amérique ou ses partenaires”.- Gaza -Il a répété en outre jeudi que les Etats-Unis voulaient prendre le contrôle de la bande de Gaza, ravagée par 19 mois de guerre entre Israël le mouvement islamiste palestinien Hamas, et en faire une “zone de liberté”.”Je pense que je serais fier que les Etats-Unis l’aient, la prennent, et en fassent une zone de liberté”, a déclaré le président depuis le Qatar.Il a par ailleurs averti les Houthis que Washington pouvait “reprendre l’offensive” contre ces rebelles yéménites, après un cessez-le-feu ayant suspendu le 6 mai les bombardements américains lancés depuis des semaines.”Nous traitons avec les Houthis, et je pense que c’est un succès, mais une attaque peut survenir demain, et dans ce cas, nous reprendrons l’offensive”, a affirmé le président américain, alors que les Houthis sont supposés ne plus attaquer les intérêts américains en mer Rouge. Mardi, M. Trump avait créé la surprise en annonçant la levée des sanctions visant la Syrie. Le lendemain, il rencontrait le président Ahmad al-Chareh, ancien jihadiste qui a pris le pouvoir après avoir renversé Bachar al-Assad.Le président américain a aussi affirmé qu’il pourrait se rendre en Turquie si les premiers pourparlers directs entre la Russie et l’Ukraine progressaient. “Vous savez, si quelque chose se passait, j’irais vendredi”. Dans l’avion qui l’a mené à Abou Dhabi, Donald Trump a dit que “rien ne se passera” sur l’Ukraine tant qu’il n’aura pas rencontré son homologue russe Vladimir Poutine, qui ne s’est pas rendu aux pourparlers avec Kiev en Turquie.Sa tournée dans le Golfe -région clé de la rivalité stratégique entre les Etats-Unis et la Chine- est le premier déplacement international important de Donald Trump.- Milliards -Comme pendant son premier mandat, il a boudé les alliés occidentaux au profit des richissimes monarchies pétrolières et gazières.Mais alors qu’en 2017 il était aussi allé en Israël, il ne fera pas le voyage cette fois, ce qui, selon les analystes, confirme un froid avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.Donald Trump ne devrait pas repartir des Emirats arabes unis, où il a été accueilli à l’aéroport par le président, cheikh Mohammed ben Zayed, sans avoir glané des promesses d’investissements et de commandes, notamment dans le domaine de l’Intelligence artificielle, après celles déjà engrangées à Doha et Ryad.L’Arabie saoudite a par exemple promis 600 milliards de dollars d’investissements, tandis que la compagnie Qatar Airways a passé une gigantesque commande à l’avionneur américain Boeing pour 200 milliards de dollars.Des commandes aux montants aussi faramineux que difficilement vérifiables sur le long terme.”C’est une tournée historique. Il n’y a jamais eu de tournée pouvant rapporter, au total, 3.500 à 4.000 milliards de dollars en seulement quatre ou cinq jours”, a-t-il affirmé jeudi. A al-Udeid, la plus grande base aérienne américaine du Moyen-Orient, Donald Trump a assuré que le Qatar allait “investir 10 milliards pour soutenir cette imposante base dans les années à venir”. L’ancien promoteur immobilier a aussi très clairement confirmé la rupture avec la diplomatie de l’ancien président démocrate Joe Biden, faite en partie d’appels au respect des droits humains et à la démocratie. Ces notions n’ont pas été mises en avant dans le Golfe par le président républicain.

Échanges d’insultes entre Ukrainiens et Russes avant les pourparlers attendus à Istanbul

Volodymyr Zelensky a qualifié jeudi de “pure façade” la délégation envoyée par Moscou pour les premiers pourparlers de paix russo-ukrainiens sans intermédiaire depuis 2022, Moscou répliquant en le traitant de “clown”, jetant un doute sur l’issue de ces discussions auxquelles Vladimir Poutine n’a pas prévu de participer.La délégation russe est arrivée à Istanbul, mais pas encore l’équipe ukrainienne, dont la présence “sur place” dépend de “la décision” de M. Zelensky, selon un haut responsable ukrainien, suggérant ainsi que la tenue de cette réunion n’était pas encore totalement assurée.Le président américain Donald Trump a, lui, estimé ne pas s’attendre à des progrès dans les discussions tant qu’il n’aura pas rencontré Vladimir Poutine, alors que l’armée russe continue de progresser sur le front, malgré les pertes.En dépit de l’importance de cette réunion qu’il avait lui-même annoncée et la demande de Volodymyr Zelensky de discuter face-à-face, Vladimir Poutine n’a “pas prévu pour le moment” de se rendre en Turquie, a indiqué son porte-parole, Dmitri Peskov.A sa place, le maître du Kremlin a envoyé une délégation emmenée par l’un de ses conseillers de second plan, Vladimir Medinski. Un profil qui tranche avec les hauts responsables réunis mercredi soir autour du président russe pour “préparer les négociations”, selon le Kremlin, mais qui ne font pas partie du voyage.Né en Ukraine soviétique, M. Medinski est connu pour sa lecture nationaliste de l’histoire de la Russie. En 2023, il avait déclaré que l’Ukraine faisait “partie de la terre russe”. Il avait déjà pris part aux dernières négociations de paix directes entre Kiev et Moscou, au printemps 2022, qui avaient échoué.- “Pitoyable” -A son arrivée à Ankara, en Turquie, Volodymyr Zelensky a immédiatement critiqué cette équipe de négociateurs russes, la qualifiant de “pure façade” et s’interrogeant sur sa capacité à “prendre des décisions”.La réponse, cinglante, n’a pas tardé de la part de Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe: “Qui utilise l’expression de +pure façade+ ? Un clown ? Un raté ?”, a-t-elle taclé, lors de son briefing hebdomadaire, interrogée en direct.Cet échange d’invectives sème le doute le jour de cette rencontre prévue censée enclencher un processus diplomatique pour trouver une issue à l’invasion russe de l’Ukraine, lancée en février 2022 et qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de milliers de civils et militaires.La délégation russe est arrivée dans la matinée à Istanbul, sans Vladimir Poutine donc, alors que Volodymyr Zelensky l’avait mis au défi de venir “en personne” en Turquie et de l’y rencontrer.Réagissant jeudi à cette demande depuis Moscou, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré que M. Zelensky était “pitoyable”. A Istanbul, les discussions “sont décalées en deuxième partie de journée”, avait annoncé au préalable Maria Zakharova. Kiev n’a, de son côté, pas communiqué l’horaire de la réunion, ni la composition exacte de sa délégation.”Si le président en décide ainsi, la délégation sera sur place”, a assuré en milieu d’après-midi un haut responsable ukrainien à l’AFP.Depuis Ankara, Volodymyr Zelensky a annoncé avoir emmené en Turquie une équipe “du plus haut niveau”, mais il n’a pas dit qui devait se rendre précisément à Istanbul et s’il irait, lui, personnellement ou non.- “Rien ne se passera” -Sur les rives du Bosphore, devant le palais de Dolmabahçe, où doit avoir lieu la rencontre, plusieurs centaines de journalistes font le pied de grue depuis la matinée, selon des journalistes de l’AFP présents sur place.Ces discussions avaient été annoncées par Vladimir Poutine, le week-end dernier, en réponse à un ultimatum de Kiev et des Européens — qui tentent tant bien que mal de faire entendre leur voix — lui ordonnant d’accepter un cessez-le-feu. Le président russe avait balayé cette offre coordonnée de concert avec Washington.Le président américain Donald Trump, qui pousse Kiev et Moscou à négocier, a pour sa part répété jeudi qu’il pourrait se rendre “vendredi” en Turquie en cas de progrès dans les discussions.Mais, selon lui, “rien ne se passera (…) tant que (Poutine) et moi ne serons pas ensemble”, a-t-il affirmé plus tard, disant vouloir trouver “une solution car trop de gens meurent”.Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a lui dit penser avoir “suffisamment de raisons d’espérer” dans le succès des pourparlers que la Turquie doit accueillir.Pourtant, l’Ukraine et la Russie continuent d’afficher des exigences difficilement conciliables, alors que Moscou, dont l’armée a revendiqué jeudi la conquête de deux nouvelles localités dans la région orientale de Donetsk, occupe toujours près de 20% du territoire ukrainien.

Échanges d’insultes entre Ukrainiens et Russes avant les pourparlers attendus à Istanbul

Volodymyr Zelensky a qualifié jeudi de “pure façade” la délégation envoyée par Moscou pour les premiers pourparlers de paix russo-ukrainiens sans intermédiaire depuis 2022, Moscou répliquant en le traitant de “clown”, jetant un doute sur l’issue de ces discussions auxquelles Vladimir Poutine n’a pas prévu de participer.La délégation russe est arrivée à Istanbul, mais pas encore l’équipe ukrainienne, dont la présence “sur place” dépend de “la décision” de M. Zelensky, selon un haut responsable ukrainien, suggérant ainsi que la tenue de cette réunion n’était pas encore totalement assurée.Le président américain Donald Trump a, lui, estimé ne pas s’attendre à des progrès dans les discussions tant qu’il n’aura pas rencontré Vladimir Poutine, alors que l’armée russe continue de progresser sur le front, malgré les pertes.En dépit de l’importance de cette réunion qu’il avait lui-même annoncée et la demande de Volodymyr Zelensky de discuter face-à-face, Vladimir Poutine n’a “pas prévu pour le moment” de se rendre en Turquie, a indiqué son porte-parole, Dmitri Peskov.A sa place, le maître du Kremlin a envoyé une délégation emmenée par l’un de ses conseillers de second plan, Vladimir Medinski. Un profil qui tranche avec les hauts responsables réunis mercredi soir autour du président russe pour “préparer les négociations”, selon le Kremlin, mais qui ne font pas partie du voyage.Né en Ukraine soviétique, M. Medinski est connu pour sa lecture nationaliste de l’histoire de la Russie. En 2023, il avait déclaré que l’Ukraine faisait “partie de la terre russe”. Il avait déjà pris part aux dernières négociations de paix directes entre Kiev et Moscou, au printemps 2022, qui avaient échoué.- “Pitoyable” -A son arrivée à Ankara, en Turquie, Volodymyr Zelensky a immédiatement critiqué cette équipe de négociateurs russes, la qualifiant de “pure façade” et s’interrogeant sur sa capacité à “prendre des décisions”.La réponse, cinglante, n’a pas tardé de la part de Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe: “Qui utilise l’expression de +pure façade+ ? Un clown ? Un raté ?”, a-t-elle taclé, lors de son briefing hebdomadaire, interrogée en direct.Cet échange d’invectives sème le doute le jour de cette rencontre prévue censée enclencher un processus diplomatique pour trouver une issue à l’invasion russe de l’Ukraine, lancée en février 2022 et qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de milliers de civils et militaires.La délégation russe est arrivée dans la matinée à Istanbul, sans Vladimir Poutine donc, alors que Volodymyr Zelensky l’avait mis au défi de venir “en personne” en Turquie et de l’y rencontrer.Réagissant jeudi à cette demande depuis Moscou, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré que M. Zelensky était “pitoyable”. A Istanbul, les discussions “sont décalées en deuxième partie de journée”, avait annoncé au préalable Maria Zakharova. Kiev n’a, de son côté, pas communiqué l’horaire de la réunion, ni la composition exacte de sa délégation.”Si le président en décide ainsi, la délégation sera sur place”, a assuré en milieu d’après-midi un haut responsable ukrainien à l’AFP.Depuis Ankara, Volodymyr Zelensky a annoncé avoir emmené en Turquie une équipe “du plus haut niveau”, mais il n’a pas dit qui devait se rendre précisément à Istanbul et s’il irait, lui, personnellement ou non.- “Rien ne se passera” -Sur les rives du Bosphore, devant le palais de Dolmabahçe, où doit avoir lieu la rencontre, plusieurs centaines de journalistes font le pied de grue depuis la matinée, selon des journalistes de l’AFP présents sur place.Ces discussions avaient été annoncées par Vladimir Poutine, le week-end dernier, en réponse à un ultimatum de Kiev et des Européens — qui tentent tant bien que mal de faire entendre leur voix — lui ordonnant d’accepter un cessez-le-feu. Le président russe avait balayé cette offre coordonnée de concert avec Washington.Le président américain Donald Trump, qui pousse Kiev et Moscou à négocier, a pour sa part répété jeudi qu’il pourrait se rendre “vendredi” en Turquie en cas de progrès dans les discussions.Mais, selon lui, “rien ne se passera (…) tant que (Poutine) et moi ne serons pas ensemble”, a-t-il affirmé plus tard, disant vouloir trouver “une solution car trop de gens meurent”.Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a lui dit penser avoir “suffisamment de raisons d’espérer” dans le succès des pourparlers que la Turquie doit accueillir.Pourtant, l’Ukraine et la Russie continuent d’afficher des exigences difficilement conciliables, alors que Moscou, dont l’armée a revendiqué jeudi la conquête de deux nouvelles localités dans la région orientale de Donetsk, occupe toujours près de 20% du territoire ukrainien.

Sri Lanka: la difficile reconquête des terres agricoles polluées par le sel de mer

Sameera Dilshan appartient à l’élite de la police srilankaise. Avec quatre de ses hommes, il a hérité d’une mission inédite: remettre en culture des champs pollués par le sel de la mer, un phénomène ancien qui s’accélère avec le changement climatique.A deux heures de route au sud de la capitale Colombo, voici Katakurunda, un des camps de la redoutée “Special Task Force” (STF).Pendant que ses collègues s’entraînent au maintien de l’ordre sous la chaleur humide des côtes de l’océan Indien tout proche, le commando-paysan de la police bine, arrache et arrose.Son objectif ? Ressusciter une rizière déclarée morte il y a près de quarante ans à cause de la salinité de son sol.Un projet modèle dont l’importance stratégique justifie qu’il ait été confié à l’élite des forces de l’ordre, dans un pays où près de 8% de la totalité des terres arables sont affectées par une salinité excessive.”Cette plantation a démarré en 2022 dans le cadre d’une initiative du gouvernement pour développer la sécurité alimentaire”, explique le sous-officier.”On nous a donné ces terres marécageuses pour essayer d’y cultiver de la noix de coco selon une pratique agricole utilisée en Thaïlande ou en Indonésie”, ajoute-t-il.Cette méthode “Sorjan” consiste à remodeler les terres agricoles en y creusant des bassins pour l’élevage piscicole ou les cultures résistantes aux inondations, pendant que leurs bords surélevés sont réservés aux variétés plus fragiles.- “Rendements menacés” -“C’est un système de production efficace et résistant aux aléas du climat, qui optimise l’utilisation des terres, leur productivité et augmente les profits des agriculteurs”, résume Buddhi Marambe, enseignant à l’université de Peradeniya.”Nous entretenons 360 cocotiers (…) ainsi que des citrouilles, des calebasses et du concombre”, décrit Sameera Dilshan. “Dans deux ans et demi, nous saurons si c’est un succès ou pas”.Selon un rapport publié en 2024 par l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture (FAO), l’eau salée des mers et des océans affecte 10,7% des terres de la planète, jusqu’à les rendre incultivables.Il remonte les cours d’eau à marée haute, s’incruste dans les sols à l’évaporation et contamine les nappes phréatiques utilisées pour leur irrigation.   Le réchauffement de la planète, qui accroît l’aridité des sols, réduit les ressources en eau et fait monter le niveau des mers, devrait faire passer la part de ces terres “salées” de 24 à 32% de la superficie mondiale d’ici à la fin du siècle, estime la FAO.Ces phénomènes “menacent la productivité agricole et réduisent le rendement des récoltes dans les zones salées”, avertit l’institution.Le Sri Lanka n’échappe pas à la règle.Selon le Pr. Marambe, 223.000 hectares, dont la moitié de rizières, sont aujourd’hui affectés par leur salinité au Sri Lanka.- “Pénuries” -Au sud de la plantation expérimentale des policiers de la STF, le village de Parappuwa en est entouré.Ici, à quelques kilomètres à vol d’oiseau de l’océan, seule une infime partie des rizières est encore cultivée. “Tout est pollué par le sel qui remonte à marée haute”, constate Gamini Piyal Wijesinghe, le doigt pointé sur un petit ruisseau.”Au total, 18 anicots (barrages) ont été construits pour empêcher l’eau de mer de remonter. Mais ils n’ont pas été construits correctement”, peste-t-il, “l’eau peut passer au travers”.Alors lorsqu’il a quitté l’armée, ce fils de riziculteur s’est reconverti dans la restauration. D’autres agriculteurs du coin ont fait le choix de la cannelle ou l’hévéa (arbre-caoutchouc).”La cannelle marche plutôt bien, mais nos revenus ont nettement baissé depuis que nous ne faisons plus de riz”, confirme le chef de l’association locale des agriculteurs, W.D. Jayaratne. “En plus, nous avons connu des pénuries de riz”.Et l’avenir s’annonce sombre. “La salinité de l’eau augmente. Il y a aussi les insectes”, poursuit le même, “partout il n’y a que des problèmes”.Les autorités semblent avoir pris conscience de la menace.Dans le district de Kalutara, elles offrent gratuitement aux paysans des terres abandonnées pour les remettre en culture.”Nous avons déjà alloué 400 hectares, on envisage d’aller jusqu’à 1.000 d’ici deux ans”, assure le chef du district, Janaka Gunawardana. “Il y a une forte demande pour la noix de coco, ça va créer des revenus pour notre population”.- Variétés résistantes -A Katukurunda, Aruna Priyankara Perera n’a pas longtemps hésité avant de sauter sur l’occasion.”J’ai acquis deux hectares à côté de mon hôtel pour copier l’expérience menée par les STF”, dit-il devant son champ fraîchement planté de cocotiers et de citrouilles. “La terre est gratuite pendant deux ans, il faut juste prouver qu’elle est cultivée”.Elément de base du régime alimentaire local, le riz fait l’objet de toutes les attentions des autorités.”La salinité des sols est un problème majeur au Sri Lanka”, alerte le Pr. Marambe. “Nous avons testé avec succès plusieurs variétés prometteuses de riz résistant à la salinité et aux inondations”.L’enjeu est de taille.Une récente étude menée dans l’estuaire de la rivière Bentota, dans le sud-ouest de l’île, a relevé que la moitié des riziculteurs locaux avaient perdu tous leurs revenus à cause de la pollution saline.Plus grave, c’est la sécurité alimentaire du Sri Lanka qui est désormais menacée. La production de riz a atteint son plus bas niveau depuis 2019 lors de la dernière récolte (de septembre à mars).”Si nous ne nous retroussons pas tous les manches pour remettre en culture et en production les zones polluées par le sel”, avertit le Pr. Buddhi Marambe, “l’avenir sera de plus en plus sombre”.

Sri Lanka: la difficile reconquête des terres agricoles polluées par le sel de mer

Sameera Dilshan appartient à l’élite de la police srilankaise. Avec quatre de ses hommes, il a hérité d’une mission inédite: remettre en culture des champs pollués par le sel de la mer, un phénomène ancien qui s’accélère avec le changement climatique.A deux heures de route au sud de la capitale Colombo, voici Katakurunda, un des camps de la redoutée “Special Task Force” (STF).Pendant que ses collègues s’entraînent au maintien de l’ordre sous la chaleur humide des côtes de l’océan Indien tout proche, le commando-paysan de la police bine, arrache et arrose.Son objectif ? Ressusciter une rizière déclarée morte il y a près de quarante ans à cause de la salinité de son sol.Un projet modèle dont l’importance stratégique justifie qu’il ait été confié à l’élite des forces de l’ordre, dans un pays où près de 8% de la totalité des terres arables sont affectées par une salinité excessive.”Cette plantation a démarré en 2022 dans le cadre d’une initiative du gouvernement pour développer la sécurité alimentaire”, explique le sous-officier.”On nous a donné ces terres marécageuses pour essayer d’y cultiver de la noix de coco selon une pratique agricole utilisée en Thaïlande ou en Indonésie”, ajoute-t-il.Cette méthode “Sorjan” consiste à remodeler les terres agricoles en y creusant des bassins pour l’élevage piscicole ou les cultures résistantes aux inondations, pendant que leurs bords surélevés sont réservés aux variétés plus fragiles.- “Rendements menacés” -“C’est un système de production efficace et résistant aux aléas du climat, qui optimise l’utilisation des terres, leur productivité et augmente les profits des agriculteurs”, résume Buddhi Marambe, enseignant à l’université de Peradeniya.”Nous entretenons 360 cocotiers (…) ainsi que des citrouilles, des calebasses et du concombre”, décrit Sameera Dilshan. “Dans deux ans et demi, nous saurons si c’est un succès ou pas”.Selon un rapport publié en 2024 par l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture (FAO), l’eau salée des mers et des océans affecte 10,7% des terres de la planète, jusqu’à les rendre incultivables.Il remonte les cours d’eau à marée haute, s’incruste dans les sols à l’évaporation et contamine les nappes phréatiques utilisées pour leur irrigation.   Le réchauffement de la planète, qui accroît l’aridité des sols, réduit les ressources en eau et fait monter le niveau des mers, devrait faire passer la part de ces terres “salées” de 24 à 32% de la superficie mondiale d’ici à la fin du siècle, estime la FAO.Ces phénomènes “menacent la productivité agricole et réduisent le rendement des récoltes dans les zones salées”, avertit l’institution.Le Sri Lanka n’échappe pas à la règle.Selon le Pr. Marambe, 223.000 hectares, dont la moitié de rizières, sont aujourd’hui affectés par leur salinité au Sri Lanka.- “Pénuries” -Au sud de la plantation expérimentale des policiers de la STF, le village de Parappuwa en est entouré.Ici, à quelques kilomètres à vol d’oiseau de l’océan, seule une infime partie des rizières est encore cultivée. “Tout est pollué par le sel qui remonte à marée haute”, constate Gamini Piyal Wijesinghe, le doigt pointé sur un petit ruisseau.”Au total, 18 anicots (barrages) ont été construits pour empêcher l’eau de mer de remonter. Mais ils n’ont pas été construits correctement”, peste-t-il, “l’eau peut passer au travers”.Alors lorsqu’il a quitté l’armée, ce fils de riziculteur s’est reconverti dans la restauration. D’autres agriculteurs du coin ont fait le choix de la cannelle ou l’hévéa (arbre-caoutchouc).”La cannelle marche plutôt bien, mais nos revenus ont nettement baissé depuis que nous ne faisons plus de riz”, confirme le chef de l’association locale des agriculteurs, W.D. Jayaratne. “En plus, nous avons connu des pénuries de riz”.Et l’avenir s’annonce sombre. “La salinité de l’eau augmente. Il y a aussi les insectes”, poursuit le même, “partout il n’y a que des problèmes”.Les autorités semblent avoir pris conscience de la menace.Dans le district de Kalutara, elles offrent gratuitement aux paysans des terres abandonnées pour les remettre en culture.”Nous avons déjà alloué 400 hectares, on envisage d’aller jusqu’à 1.000 d’ici deux ans”, assure le chef du district, Janaka Gunawardana. “Il y a une forte demande pour la noix de coco, ça va créer des revenus pour notre population”.- Variétés résistantes -A Katukurunda, Aruna Priyankara Perera n’a pas longtemps hésité avant de sauter sur l’occasion.”J’ai acquis deux hectares à côté de mon hôtel pour copier l’expérience menée par les STF”, dit-il devant son champ fraîchement planté de cocotiers et de citrouilles. “La terre est gratuite pendant deux ans, il faut juste prouver qu’elle est cultivée”.Elément de base du régime alimentaire local, le riz fait l’objet de toutes les attentions des autorités.”La salinité des sols est un problème majeur au Sri Lanka”, alerte le Pr. Marambe. “Nous avons testé avec succès plusieurs variétés prometteuses de riz résistant à la salinité et aux inondations”.L’enjeu est de taille.Une récente étude menée dans l’estuaire de la rivière Bentota, dans le sud-ouest de l’île, a relevé que la moitié des riziculteurs locaux avaient perdu tous leurs revenus à cause de la pollution saline.Plus grave, c’est la sécurité alimentaire du Sri Lanka qui est désormais menacée. La production de riz a atteint son plus bas niveau depuis 2019 lors de la dernière récolte (de septembre à mars).”Si nous ne nous retroussons pas tous les manches pour remettre en culture et en production les zones polluées par le sel”, avertit le Pr. Buddhi Marambe, “l’avenir sera de plus en plus sombre”.

Sri Lanka: la difficile reconquête des terres agricoles polluées par le sel de mer

Sameera Dilshan appartient à l’élite de la police srilankaise. Avec quatre de ses hommes, il a hérité d’une mission inédite: remettre en culture des champs pollués par le sel de la mer, un phénomène ancien qui s’accélère avec le changement climatique.A deux heures de route au sud de la capitale Colombo, voici Katakurunda, un des camps de la redoutée “Special Task Force” (STF).Pendant que ses collègues s’entraînent au maintien de l’ordre sous la chaleur humide des côtes de l’océan Indien tout proche, le commando-paysan de la police bine, arrache et arrose.Son objectif ? Ressusciter une rizière déclarée morte il y a près de quarante ans à cause de la salinité de son sol.Un projet modèle dont l’importance stratégique justifie qu’il ait été confié à l’élite des forces de l’ordre, dans un pays où près de 8% de la totalité des terres arables sont affectées par une salinité excessive.”Cette plantation a démarré en 2022 dans le cadre d’une initiative du gouvernement pour développer la sécurité alimentaire”, explique le sous-officier.”On nous a donné ces terres marécageuses pour essayer d’y cultiver de la noix de coco selon une pratique agricole utilisée en Thaïlande ou en Indonésie”, ajoute-t-il.Cette méthode “Sorjan” consiste à remodeler les terres agricoles en y creusant des bassins pour l’élevage piscicole ou les cultures résistantes aux inondations, pendant que leurs bords surélevés sont réservés aux variétés plus fragiles.- “Rendements menacés” -“C’est un système de production efficace et résistant aux aléas du climat, qui optimise l’utilisation des terres, leur productivité et augmente les profits des agriculteurs”, résume Buddhi Marambe, enseignant à l’université de Peradeniya.”Nous entretenons 360 cocotiers (…) ainsi que des citrouilles, des calebasses et du concombre”, décrit Sameera Dilshan. “Dans deux ans et demi, nous saurons si c’est un succès ou pas”.Selon un rapport publié en 2024 par l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture (FAO), l’eau salée des mers et des océans affecte 10,7% des terres de la planète, jusqu’à les rendre incultivables.Il remonte les cours d’eau à marée haute, s’incruste dans les sols à l’évaporation et contamine les nappes phréatiques utilisées pour leur irrigation.   Le réchauffement de la planète, qui accroît l’aridité des sols, réduit les ressources en eau et fait monter le niveau des mers, devrait faire passer la part de ces terres “salées” de 24 à 32% de la superficie mondiale d’ici à la fin du siècle, estime la FAO.Ces phénomènes “menacent la productivité agricole et réduisent le rendement des récoltes dans les zones salées”, avertit l’institution.Le Sri Lanka n’échappe pas à la règle.Selon le Pr. Marambe, 223.000 hectares, dont la moitié de rizières, sont aujourd’hui affectés par leur salinité au Sri Lanka.- “Pénuries” -Au sud de la plantation expérimentale des policiers de la STF, le village de Parappuwa en est entouré.Ici, à quelques kilomètres à vol d’oiseau de l’océan, seule une infime partie des rizières est encore cultivée. “Tout est pollué par le sel qui remonte à marée haute”, constate Gamini Piyal Wijesinghe, le doigt pointé sur un petit ruisseau.”Au total, 18 anicots (barrages) ont été construits pour empêcher l’eau de mer de remonter. Mais ils n’ont pas été construits correctement”, peste-t-il, “l’eau peut passer au travers”.Alors lorsqu’il a quitté l’armée, ce fils de riziculteur s’est reconverti dans la restauration. D’autres agriculteurs du coin ont fait le choix de la cannelle ou l’hévéa (arbre-caoutchouc).”La cannelle marche plutôt bien, mais nos revenus ont nettement baissé depuis que nous ne faisons plus de riz”, confirme le chef de l’association locale des agriculteurs, W.D. Jayaratne. “En plus, nous avons connu des pénuries de riz”.Et l’avenir s’annonce sombre. “La salinité de l’eau augmente. Il y a aussi les insectes”, poursuit le même, “partout il n’y a que des problèmes”.Les autorités semblent avoir pris conscience de la menace.Dans le district de Kalutara, elles offrent gratuitement aux paysans des terres abandonnées pour les remettre en culture.”Nous avons déjà alloué 400 hectares, on envisage d’aller jusqu’à 1.000 d’ici deux ans”, assure le chef du district, Janaka Gunawardana. “Il y a une forte demande pour la noix de coco, ça va créer des revenus pour notre population”.- Variétés résistantes -A Katukurunda, Aruna Priyankara Perera n’a pas longtemps hésité avant de sauter sur l’occasion.”J’ai acquis deux hectares à côté de mon hôtel pour copier l’expérience menée par les STF”, dit-il devant son champ fraîchement planté de cocotiers et de citrouilles. “La terre est gratuite pendant deux ans, il faut juste prouver qu’elle est cultivée”.Elément de base du régime alimentaire local, le riz fait l’objet de toutes les attentions des autorités.”La salinité des sols est un problème majeur au Sri Lanka”, alerte le Pr. Marambe. “Nous avons testé avec succès plusieurs variétés prometteuses de riz résistant à la salinité et aux inondations”.L’enjeu est de taille.Une récente étude menée dans l’estuaire de la rivière Bentota, dans le sud-ouest de l’île, a relevé que la moitié des riziculteurs locaux avaient perdu tous leurs revenus à cause de la pollution saline.Plus grave, c’est la sécurité alimentaire du Sri Lanka qui est désormais menacée. La production de riz a atteint son plus bas niveau depuis 2019 lors de la dernière récolte (de septembre à mars).”Si nous ne nous retroussons pas tous les manches pour remettre en culture et en production les zones polluées par le sel”, avertit le Pr. Buddhi Marambe, “l’avenir sera de plus en plus sombre”.

ArcelorMittal redit son “intention” d’investir 1,2 milliard d’euros à Dunkerque, mais maintient son plan social

Le sidérurgiste ArcelorMittal a réaffirmé jeudi son “intention” d’investir dans la décarbonation de son site de Dunkerque (Nord) à hauteur de 1,2 milliard d’euros, sous réserve que Bruxelles concrétise ses mesures de protection de l’acier européen, sans toutefois remettre en cause les suppression de postes annoncées en France.Le groupe confirme “son intention d’investir dans un premier four électrique, sur son site de Dunkerque, pour un montant d’environ 1,2 milliard d’euros”, compte tenu des mesures prises par Bruxelles qui vont “dans la bonne direction”, a indiqué le groupe dans un communiqué.Pour une décision ferme et définitive, il faudra attendre “après l’été”, selon le président d’ArcelorMittal France, Alain Le Grix de la Salle.”Les mesures que nous attendons sont de deux ordres (…): des mesures de défense commerciale pour limiter les importations à 15% du marché et un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. Ces mesures nous permettront de rétablir une concurrence équitable sur le marché européen de l’acier et donc de jouer à armes égales”, a-t-il déclaré lors d’un point presse en ligne, estimant qu’elles “devraient être en place prochainement, dans les mois à venir, après l’été”.”Donc, je ne parlerai pas de conditionnalité, c’est une intention, mais on veut vraiment donner le sens et la confiance que l’on a sur le fait de dire que très très prochainement, on va décider et on va confirmer”, a-t-il ajouté.Il a en revanche écarté tout abandon du projet de plan de supressions de 636 postes pour la France, dans les fonctions support et la production : “ce sont deux sujets qui sont distincts. Les suppressions de postes actuellement sont destinées à rendre la compétitivité des sites de Dunkerque. Et là, on parle et on confirme notre intention (d’investir) pour donner de la visibilité, parce qu’on est beaucoup plus confiant qu’il y a deux ou trois mois”, a-t-il déclaré. Fin 2024, ArcelorMittal avait suspendu son projet d’investissement massif – à hauteur de 1,8 milliard d’euros dont plus de 800 millions d’aide promise par l’Etat – dans la décarbonation de ses hauts fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non compétitivité de l’acier produit en Europe.L’acier européen est pris en étau entre la baisse de la consommation sur le Vieux Continent, la concurrence jugée déloyale d’acier à bas prix venu de Chine notamment, les prix de l’énergie élevés en Europe et, désormais, les nouvelles taxes douanières décrétées par les Etats-Unis.