France’s Ozon under the gun with big screen take on Camus classic

French director Francois Ozon has dared to do what so many other filmmakers have shied away from — adapting one of French literature’s most-read classics, Albert Camus’s “The Stranger”, for the big screen.The “8 Women” director said this week he had rediscovered Camus’s 1942 novel after first reading it in school like so many other French teenagers — but not really understanding its deeper absurdist meaning.”I was shocked reading it because the book was still so strong, so powerful, so mysterious and so I was excited,” Ozon told journalists at the Venice Film Festival where “The Stranger” premiered on Tuesday.”It was a big challenge because when I decided to make it, so many French people told me, ‘It’s my favorite book, I’m curious to see what you will do’, so it was a big pressure.”Ozon said it was crucial to bring a more contemporary view to the novel, which takes place in 1930s Algeria under French colonialism, where Meursault, the Algerian-born French protagonist, kills an Arab man, who is never named in the book. It was “impossible” for the Arab victim to remain nameless, said Ozon, who gives him a name in the film while fleshing out the character of his sister, whose honour the murdered man tried to defend.”It was important to give a name to this man who is dead because during the trial (of Mersault), we never speak about him,” he said.He said that choice was “political, especially today where there is a real invisibility of the victims in Gaza, for example.”The only other well-known film version of “L’Etranger”, whose stage adaptation is a fixture in French theatres, is a 1967 film by Italian maestro Luchino Visconti starring Marcello Mastroianni.Ozon said he told Camus’s daughter Catherine that a too-faithful rendering of the book — as he believes Visconti did — would not work. “I said to her, ‘We have to look at the story with the eyes of today.’ It’s impossible to follow the book like someone in 1942,” he told AFP.- Colonial tensions –  Filmed in Morocco and starring Benjamin Voisin as the detached Meursault — who is sentenced to be beheaded for his crime — Ozon’s “The Stranger” is set under a blinding sun and shot in black and white.”For me it was quite obvious to shoot in black and white, to show the sun… to have something very abstract, very pure and not to be disturbed by colours,” Ozon said. The film begins with archival footage of Algiers — images of the wealthy white French elite in Algeria contrasted with those of Algerians — that hint at the tensions simmering just under the surface of colonial rule. “I wanted to be realistic about the situation in Algeria. I wanted to show both communities. I wanted to show that these two communities live side by side,” he said.The Hollywood Reporter said Camus’s classic “works splendidly on the page but does not necessarily translate well to the screen.”Yet it said Ozon’s new adaptation “gets many, many things right”.Variety called it “a superb portrait of disaffection”.

Un peu moins d’animaux recueillis cet été par la SPA, malgré un afflux de chatons

La SPA a recueilli 7.628 animaux en juillet et août, en légère baisse par rapport à l’été précédent, malgré un afflux de chatons, souvent malades et nécessitant d’importants soins, au cours d’une saison qui a “cumulé des difficultés”.Au total, les 62 refuges et maisons SPA ont recueilli 7.628 animaux au cours des deux mois estivaux, un peu moins que les 7.951 qui avaient été recueillis durant l’été 2024, indique la Société protectrice des animaux, dans un communiqué publié jeudi.”Fait marquant de l’été, il s’achève avec 2.256 animaux – essentiellement des chatons – pris en charge par les familles relais, maillon essentiel de la chaîne de sauvetage, soit une augmentation de plus de 14% par rapport à l’année précédente”, précise la SPA.Elle explique ainsi avoir fait face à une “explosion des portées de chatons, souvent très jeunes et malades, ce qui prolonge leur séjour en familles relais”, soulignant qu'”ils sont encore très nombreux en refuges aujourd’hui”.Le niveau d’adoptions, néanmoins, est resté “presque équivalent à celui de l’été dernier: 6.989 animaux ont trouvé une nouvelle famille en juillet et août”.L’été a été particulièrement difficile pour la SPA, qui fait état de “facteurs aggravants en série”, au cours d’une saison estivale qui a “cumulé des difficultés qui ont lourdement pesé sur les équipes et sur les capacités d’accueil des refuges”.A commencer par un “contexte économique et social tendu: inflation et incertitudes pesant sur les foyers, freinant les projets d’adoptions et rendant la prise en charge des animaux plus complexe”.Les réquisitions pour maltraitance ont également augmenté, tandis que les canicules et des épisodes d’incendie ont “bloqué des sites et diminué la fréquentation du public”, précise la SPA.Elle a par ailleurs fait face à des “épidémies de typhus dans certains refuges, paralysant temporairement l’accueil de nouveaux chats”.”Chaque été, nous anticipons une période critique, mais cette année encore, nous avons dû faire face à des tensions majeures: davantage de réquisitions, des arrivées en urgence et des besoins logistiques considérables, notamment pour les chatons”, a commenté Jacques-Charles Fombonne, président bénévole de la SPA, cité dans le communiqué.

Consentement: la France condamnée par la CEDH

La France a été condamnée jeudi par la Cour européenne des droits de l’homme, notamment pour les “lacunes” de son cadre juridique relatif au consentement et les “défaillances” d’une enquête portant sur un pharmacien accusé d’avoir imposé à une collègue une relation sadomasochiste.Dans un arrêt rendu jeudi, la Cour considère que la France “a manqué à ses obligations positives, qui lui imposaient d’instaurer des dispositions incriminant et réprimant les actes sexuels non consentis et de les appliquer de façon effective”.   Elle dit qu’il y a eu violation des articles 3 et 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, touchant à l’interdiction de la torture et au droit au respect de la vie privée.La France devra verser à la requérante, E.A., 20.000 euros au titre du dommage moral et 1.503,77 euros pour ses frais de justice.Celle-ci, identifiée par ses initiales pour protéger son anonymat, née en 1983, était préparatrice en pharmacie à l’hôpital de Briey (Meurthe-et-Moselle) en 2010, quand elle a entamé une relation sadomasochiste avec un chef de service, K.B., né en 1967.- “Lacunes du cadre juridique” -Elle a porté plainte en 2013 pour “viol avec torture et actes de barbarie par une personne abusant de son autorité”, “violences physiques et psychologiques” et “harcèlement et agression sexuels”.Mais le prévenu, condamné en première instance pour violences volontaires et harcèlement sexuel, a été totalement relaxé en 2021 par la cour d’appel de Nancy, les juges estimant que comme les deux protagonistes avaient signé un contrat “maître/chienne” régissant leur relation, celle-ci était consentie.Ayant épuisé les voies de recours en France, la plaignante a saisi la CEDH.Celle-ci lui a donné raison, pointant du doigt les “lacunes du cadre juridique” ainsi que “des défaillances rencontrées lors de sa mise en œuvre”, citant “l’exclusion des atteintes sexuelles dénoncées par E.A. du cadre de l’enquête”, le “caractère parcellaire des investigations”, “la durée excessive de la procédure”, et les “conditions dans lesquelles le consentement d’E.A. a été apprécié par les juridictions”.La Cour réaffirme dans cet arrêt que “le consentement doit traduire la libre volonté d’avoir une relation sexuelle déterminée, au moment où elle intervient et en tenant compte de ses circonstances”. “Dès lors, aucune forme d’engagement passé – y compris sous la forme d’un contrat écrit – n’est susceptible de caractériser un consentement actuel à une pratique sexuelle déterminée, le consentement étant par nature révocable”, souligne la cour.- Audience “cauchemardesque” -La cour a donné raison aux avocates de la requérante qui réclamaient que la France soit condamnée pour la “victimisation secondaire” de leur cliente, c’est-à-dire le fait de s’être sentie traitée elle-même comme fautive, du fait de questions déplacées ou de remarques culpabilisantes lors de la procédure.En opposant à E.A. la signature d’un contrat passé avec son supérieur, “la cour d’appel de Nancy l’a exposée à une forme de victimisation secondaire, un tel raisonnement étant à la fois culpabilisant, stigmatisant et de nature à dissuader les victimes de violences sexuelles de faire valoir leurs droits devant les tribunaux”, tacle la CEDH.Cette audience en appel “est décrite par l’avocate mais aussi par mes collègues comme cauchemardesque”, témoigne Nina Bonhomme Janotto, juriste à l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), partie civile dans l’affaire. “C’était une mise au pilori”, insiste-t-elle.- “Loi plus protectrice” -Avant l’annonce de cet arrêt, l’avocate de la plaignante, Me Marjolaine Vignola, espérait qu’une condamnation puisse “motiver le gouvernement français à rendre effective une loi qui soit plus protectrice des femmes” et pousser les juges à “améliorer leur interprétation de la loi”.”Ce qui est profondément en jeu dans cette décision de la CEDH, c’est la définition du viol”, expose Nina Bonhomme Janotto.En droit français, le viol est défini comme une pénétration imposée par “violence, contrainte, menace ou surprise”.Une proposition de loi en cours d’examen au parlement vise à modifier cette formulation, définissant le viol comme “tout acte sexuel non consenti” et le consentement comme “libre et éclairé, spécifique, préalable et révocable”.De cette façon, comme c’est déjà le cas en Espagne ou en Suède, il ne reviendrait plus aux victimes de prouver la contrainte mais aux mis en cause de démontrer que le rapport était consenti.

Haydarpasa, l’adieu aux rails d’une gare mythique d’Istanbul

Pendant près de quarante ans, Senay Kartal a travaillé à Haydarpasa, l’une des plus anciennes gares de Turquie située sur la rive asiatique du Bosphore, dans le grondement des locomotives et l’agitation des passagers.Les voyageurs d’Anatolie arpentaient ses escaliers de marbre, valises en main, s’émerveillant devant ce monument grandiose immortalisé dans de nombreux films et d’où le Taurus Express, prolongement de l’Orient-Express, quittait autrefois Istanbul à destination de Damas et Bagdad.Mais depuis 2013, ses voies sont silencieuses et le ministère turc de la Culture l’a reprise pour la transformer en centre d’art. Pour Senay Kartal, désormais retraitée de 61 ans, le bâtiment néoclassique inauguré en 1908, posé au bord de l’eau, doit rester une gare. “Les gens venant d’Anatolie pouvaient passer la nuit dans les salles d’attente, pas besoin d’hôtel”, se souvient-elle. “C’était un lieu magnifique, plein de mouvement et d’énergie. Cette beauté a disparu”, regrette-t-elle en évoquant l’imposante bâtisse qui a survécu à l’effondrement de l’Empire ottoman, à la Première Guerre mondiale, à des coups d’État et à un incendie qui l’a dévastée en partie fin 2010.- Migrations d’Anatolie -La gare, d’où des Arméniens ont été déportés en 1915, a ensuite vu “affluer les migrants de la Turquie rurale vers Istanbul”, rappelle Ayça Yüksel, sociologue et spécialiste de l’histoire de Haydarpasa.”Elle occupe une place particulière dans la mémoire de ceux qui ont vécu cette migration. Nous les retrouvons dans la littérature, l’art et le cinéma”, souligne-t-elle.Toujours debout, sa façade presque intacte après de longues années de travaux, il ne lui manque que les trains pour lui redonner vie.En 2013, la gare a fermé, d’abord pour être restaurée; puis des fouilles, qui se poursuivent, ont révélé des éléments datant du Ve siècle avant JC.En 2024, la gare a été placée sous le contrôle du ministère de la Culture et la première phase d’un futur Centre culturel et artistique doit être achevée d’ici 2026.Le projet implique de vider le bâtiment, dont une partie du complexe abrite les logements du personnel ferroviaire, sommé de quitter le lieux.”Ce n’est pas seulement un bâtiment, c’est tout pour nous”, objecte Hasan Bektas, conducteur de train et membre de la Plateforme Haydarpasa, collectif d’universitaires, d’urbanistes et d’employés opposés au projet.Pour M. Bektas, l’emplacement, face au Bosphore, aiguise l’appétit des investisseurs.”Leur objectif est toujours le même: faire du profit sur chaque bel endroit. Le dévaloriser puis l’exploiter”, s’emporte-t-il, affirmant que “l’intérêt public n’a jamais été pris en compte”.- “Icône mondiale” -En octobre 2024, le ministre de la Culture Nuri Ersoy s’était pourtant engagé à maintenir la gare en activité. “Il y aura des trains à Haydarpasa et à Sirkeci (son pendant sur la rive européenne), un centre culturel et un jardin public. Mais ni centre commercial ni hôtel”, avait-il promis.Au début des années 2000, des projets audacieux avaient été évoqués: sept gratte-ciel, un “World Trade Center”, un stade olympique… “Personne ne s’est jamais battu pour la conserver dans sa forme originale”, peste Hasan Bektas, pour qui Haydarpasa est pourtant une “icône mondialement connue”.Tous les dimanches depuis 2012, des manifestants se rassemblent près du bâtiment en scandant “Haydarpasa est une gare et doit le rester”.Nehir Güner n’était qu’une enfant quand la gare a fermé mais l’étudiante de 22 ans, qui la contemple depuis le ferry qui l’amène à l’université, a fini par rejoindre les manifestants. “Il est évident que ce projet de centre d’art, c’est juste pour le spectacle, (…) sans objectif derrière”, accuse-t-elle.Pour l’architecte Gül Koksal, Haydarpasa était bien plus qu’une gare, avec ses logements, ses ateliers de réparation et son port. “C’est un joyau, mais il n’a de sens que s’il est préservé et maintenu en vie avec tout ce qui le compose”, appuie-t-elle.

Haydarpasa, l’adieu aux rails d’une gare mythique d’Istanbul

Pendant près de quarante ans, Senay Kartal a travaillé à Haydarpasa, l’une des plus anciennes gares de Turquie située sur la rive asiatique du Bosphore, dans le grondement des locomotives et l’agitation des passagers.Les voyageurs d’Anatolie arpentaient ses escaliers de marbre, valises en main, s’émerveillant devant ce monument grandiose immortalisé dans de nombreux films et d’où le Taurus Express, prolongement de l’Orient-Express, quittait autrefois Istanbul à destination de Damas et Bagdad.Mais depuis 2013, ses voies sont silencieuses et le ministère turc de la Culture l’a reprise pour la transformer en centre d’art. Pour Senay Kartal, désormais retraitée de 61 ans, le bâtiment néoclassique inauguré en 1908, posé au bord de l’eau, doit rester une gare. “Les gens venant d’Anatolie pouvaient passer la nuit dans les salles d’attente, pas besoin d’hôtel”, se souvient-elle. “C’était un lieu magnifique, plein de mouvement et d’énergie. Cette beauté a disparu”, regrette-t-elle en évoquant l’imposante bâtisse qui a survécu à l’effondrement de l’Empire ottoman, à la Première Guerre mondiale, à des coups d’État et à un incendie qui l’a dévastée en partie fin 2010.- Migrations d’Anatolie -La gare, d’où des Arméniens ont été déportés en 1915, a ensuite vu “affluer les migrants de la Turquie rurale vers Istanbul”, rappelle Ayça Yüksel, sociologue et spécialiste de l’histoire de Haydarpasa.”Elle occupe une place particulière dans la mémoire de ceux qui ont vécu cette migration. Nous les retrouvons dans la littérature, l’art et le cinéma”, souligne-t-elle.Toujours debout, sa façade presque intacte après de longues années de travaux, il ne lui manque que les trains pour lui redonner vie.En 2013, la gare a fermé, d’abord pour être restaurée; puis des fouilles, qui se poursuivent, ont révélé des éléments datant du Ve siècle avant JC.En 2024, la gare a été placée sous le contrôle du ministère de la Culture et la première phase d’un futur Centre culturel et artistique doit être achevée d’ici 2026.Le projet implique de vider le bâtiment, dont une partie du complexe abrite les logements du personnel ferroviaire, sommé de quitter le lieux.”Ce n’est pas seulement un bâtiment, c’est tout pour nous”, objecte Hasan Bektas, conducteur de train et membre de la Plateforme Haydarpasa, collectif d’universitaires, d’urbanistes et d’employés opposés au projet.Pour M. Bektas, l’emplacement, face au Bosphore, aiguise l’appétit des investisseurs.”Leur objectif est toujours le même: faire du profit sur chaque bel endroit. Le dévaloriser puis l’exploiter”, s’emporte-t-il, affirmant que “l’intérêt public n’a jamais été pris en compte”.- “Icône mondiale” -En octobre 2024, le ministre de la Culture Nuri Ersoy s’était pourtant engagé à maintenir la gare en activité. “Il y aura des trains à Haydarpasa et à Sirkeci (son pendant sur la rive européenne), un centre culturel et un jardin public. Mais ni centre commercial ni hôtel”, avait-il promis.Au début des années 2000, des projets audacieux avaient été évoqués: sept gratte-ciel, un “World Trade Center”, un stade olympique… “Personne ne s’est jamais battu pour la conserver dans sa forme originale”, peste Hasan Bektas, pour qui Haydarpasa est pourtant une “icône mondialement connue”.Tous les dimanches depuis 2012, des manifestants se rassemblent près du bâtiment en scandant “Haydarpasa est une gare et doit le rester”.Nehir Güner n’était qu’une enfant quand la gare a fermé mais l’étudiante de 22 ans, qui la contemple depuis le ferry qui l’amène à l’université, a fini par rejoindre les manifestants. “Il est évident que ce projet de centre d’art, c’est juste pour le spectacle, (…) sans objectif derrière”, accuse-t-elle.Pour l’architecte Gül Koksal, Haydarpasa était bien plus qu’une gare, avec ses logements, ses ateliers de réparation et son port. “C’est un joyau, mais il n’a de sens que s’il est préservé et maintenu en vie avec tout ce qui le compose”, appuie-t-elle.

Haydarpasa, l’adieu aux rails d’une gare mythique d’Istanbul

Pendant près de quarante ans, Senay Kartal a travaillé à Haydarpasa, l’une des plus anciennes gares de Turquie située sur la rive asiatique du Bosphore, dans le grondement des locomotives et l’agitation des passagers.Les voyageurs d’Anatolie arpentaient ses escaliers de marbre, valises en main, s’émerveillant devant ce monument grandiose immortalisé dans de nombreux films et d’où le Taurus Express, prolongement de l’Orient-Express, quittait autrefois Istanbul à destination de Damas et Bagdad.Mais depuis 2013, ses voies sont silencieuses et le ministère turc de la Culture l’a reprise pour la transformer en centre d’art. Pour Senay Kartal, désormais retraitée de 61 ans, le bâtiment néoclassique inauguré en 1908, posé au bord de l’eau, doit rester une gare. “Les gens venant d’Anatolie pouvaient passer la nuit dans les salles d’attente, pas besoin d’hôtel”, se souvient-elle. “C’était un lieu magnifique, plein de mouvement et d’énergie. Cette beauté a disparu”, regrette-t-elle en évoquant l’imposante bâtisse qui a survécu à l’effondrement de l’Empire ottoman, à la Première Guerre mondiale, à des coups d’État et à un incendie qui l’a dévastée en partie fin 2010.- Migrations d’Anatolie -La gare, d’où des Arméniens ont été déportés en 1915, a ensuite vu “affluer les migrants de la Turquie rurale vers Istanbul”, rappelle Ayça Yüksel, sociologue et spécialiste de l’histoire de Haydarpasa.”Elle occupe une place particulière dans la mémoire de ceux qui ont vécu cette migration. Nous les retrouvons dans la littérature, l’art et le cinéma”, souligne-t-elle.Toujours debout, sa façade presque intacte après de longues années de travaux, il ne lui manque que les trains pour lui redonner vie.En 2013, la gare a fermé, d’abord pour être restaurée; puis des fouilles, qui se poursuivent, ont révélé des éléments datant du Ve siècle avant JC.En 2024, la gare a été placée sous le contrôle du ministère de la Culture et la première phase d’un futur Centre culturel et artistique doit être achevée d’ici 2026.Le projet implique de vider le bâtiment, dont une partie du complexe abrite les logements du personnel ferroviaire, sommé de quitter le lieux.”Ce n’est pas seulement un bâtiment, c’est tout pour nous”, objecte Hasan Bektas, conducteur de train et membre de la Plateforme Haydarpasa, collectif d’universitaires, d’urbanistes et d’employés opposés au projet.Pour M. Bektas, l’emplacement, face au Bosphore, aiguise l’appétit des investisseurs.”Leur objectif est toujours le même: faire du profit sur chaque bel endroit. Le dévaloriser puis l’exploiter”, s’emporte-t-il, affirmant que “l’intérêt public n’a jamais été pris en compte”.- “Icône mondiale” -En octobre 2024, le ministre de la Culture Nuri Ersoy s’était pourtant engagé à maintenir la gare en activité. “Il y aura des trains à Haydarpasa et à Sirkeci (son pendant sur la rive européenne), un centre culturel et un jardin public. Mais ni centre commercial ni hôtel”, avait-il promis.Au début des années 2000, des projets audacieux avaient été évoqués: sept gratte-ciel, un “World Trade Center”, un stade olympique… “Personne ne s’est jamais battu pour la conserver dans sa forme originale”, peste Hasan Bektas, pour qui Haydarpasa est pourtant une “icône mondialement connue”.Tous les dimanches depuis 2012, des manifestants se rassemblent près du bâtiment en scandant “Haydarpasa est une gare et doit le rester”.Nehir Güner n’était qu’une enfant quand la gare a fermé mais l’étudiante de 22 ans, qui la contemple depuis le ferry qui l’amène à l’université, a fini par rejoindre les manifestants. “Il est évident que ce projet de centre d’art, c’est juste pour le spectacle, (…) sans objectif derrière”, accuse-t-elle.Pour l’architecte Gül Koksal, Haydarpasa était bien plus qu’une gare, avec ses logements, ses ateliers de réparation et son port. “C’est un joyau, mais il n’a de sens que s’il est préservé et maintenu en vie avec tout ce qui le compose”, appuie-t-elle.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Electricité: EDF signe un 1er gros contrat pour des centres de données en France

EDF a annoncé jeudi la signature d’un contrat d’approvisionnement d’électricité nucléaire avec l’opérateur de centre de données français Data4, le premier du genre en France qui a fait de son électricité nucléaire, disponible et bas carbone, un atout clé pour attirer les entreprises de ce secteur.Ce contrat d’allocation de production nucléaire (CAPN) “consiste à allouer à Data4 une quote-part de la puissance du parc nucléaire en exploitation d’EDF de 40 MW, pour une durée de 12 ans” à partir de 2026, précise dans un communiqué EDF. Ce partenariat “assure à Data4 une stabilité et une prévisibilité de ses coûts énergétiques sur le long terme, éléments essentiels dans un marché de l’énergie en constante évolution”, souligne le groupe dont le parc de réacteurs totalise une puissance d’environ 60.000 MW.”Associé à des contrats d’achat d’électricité portant sur les énergies renouvelables, il nous garantit un accès fiable, résilient et continu à une énergie bas carbone pour un coût maîtrisé sur le long terme, un avantage considérable pour nos clients et pour le développement de nos infrastructures”, a commenté François Stérin, directeur des opérations de Data4.Dans le cadre d’une nouvelle politique commerciale, EDF s’active pour nouer des contrats avec les grands industriels les plus énergivores dits “électro-intensifs” mais aussi avec les opérateurs de centres de données, qui nécessitent des quantités colossales d’électricité, avec l’essor de l’intelligence artificielle.Cette politique commerciale doit succéder au système régulé dit Arenh, imposé par la Commission européenne à EDF. Très favorable aux industriels, il leur accordait un prix bradé de 42 euros le MWh d’électricité nucléaire pour une partie de leurs approvisionnements.Mais ce système arrivant à expiration fin 2025, EDF entend le remplacer par des partenariats de moyen et long terme qui offrent des prix stables, reflétant les coûts de production et non les fluctuations du marché, mais plus élevés en moyenne que l’ancien tarif “Arenh”. Parmi ces contrats, les CAPN, réservés aux plus grands clients.Ces contrats permettent à EDF de sécuriser ses recettes commerciales tout en répondant aux objectifs de l’Elysée de maintenir la compétitivité des industriels et d’attirer les centres de données en France, soucieux d’accéder à une électricité abondante, et, bas carbone, pour réduire leur émissions de gaz à effet de serre.A ce jour, sur les contrats de long terme, EDF a signé 15 lettres d’intention pour des CAPN, dont 4 contrats fermes incluant celui signé avec le cimentier Lafarge France mercredi et celui avec Data4.

Rêves d’amour brisés d’un migrant vénézuélien emprisonné au Salvador

Andry Hernandez a quitté son Venezuela natal pour rejoindre son compagnon aux Etats-Unis. Mais expulsé au nom des lois anti-migrants américaines, il s’est retrouvé dans une prison de haute sécurité du Salvador où il dit avoir subi de multiples sévices.Après quatre mois d’enfermement au Centre de confinement du terrorisme (Cecot), construit par le président Nayib Bukele pour enfermer les plus dangeureux membres de cartels, il a été libéré avec ses 251 concitoyens. Il est aujourd’hui revenu au point de départ, dans son village, seul.Il avait prévu de rejoindre Paul Diaz, psychologue américain d’origine portoricaine de 49 ans, rencontré en ligne il y a deux ans.Ils projetaient de fonder ensemble une association pour aider les enfants atteints du VIH et du cancer. Le maquilleur-coiffeur espérait une vie meilleure, et se libérer de l’homophobie au Venezuela. Il rêvait aussi de travailler à Hollywood ou dans des concours de beauté.Il assure ne pas avoir renoncé à ses rêves, ni à une vie avec Paul, même s’il n’est plus sûr de leur avenir. Ni du sien.En 2024, comme 300.000 autres Vénézuéliens, il s’était lancé à travers la dangereuse jungle du Darien, entre Colombie et le Darien.Il a traversé l’Amérique centrale, puis la frontière entre Mexique et Etats-Unis, avant d’être arrêté et expulsé vers le Mexique.Il prend alors la voie légale via l’application CPB One, qui permettait aux migrants illégaux –et notamment aux Vénézuéliens– de demander asile aux États-Unis. On lui assigne rendez-vous le 29 août 2024. “J’ai réussi”, se souvient-il avoir pensé en traversant à nouveau la frontière et voyant le drapeau américain.Mais les services de sécurité l’assimilent au gang vénézuélien du Tren de Aragua, classé organisation “terroriste” par Washington, en raison de deux couronnes tatouées sur ses poignets.Il a beau expliquer qu’il n’a jamais été condamné, ni même accusé, et que les couronnes représentent les Rois Mages, rien n’y fait. Il est envoyé dans un centre de détention à Otay Mesa, en Californie, accompagné d’une centaine d’autres personnes, toutes tatouées.”Ce jour-là, j’ai pensé à mes parents, à Paul, à tout ce que j’avais risqué pour ne rien obtenir”, dit-il. Dehors, Paul engage un avocat pour tenter de faire libérer Andry. “Par amour, il s’est sacrifié. Il me disait: +je veux être avec toi, travailler à tes côtés”.- “Petit morceau d’enfer” -Comparé au Cecot, Otay Mesa était “un hôtel de luxe” bien qu’il ne soit pas exempt d’épisodes d’homophobie et d’un cas de harcèlement, raconte-t-il. Mais arrivé au Cecot, suivent quatre mois de coups, d’insultes et de viols. “Je ne suis pas un criminel!”, se souvient-il avoir imploré en vain les gardiens. Ce n’est que le début d’un long calvaire dans ce “petit morceau d’enfer”.Il raconte qu’un jour, accablé par la chaleur, il s’est accroupi pour s’asperger d’eau. “Que fais-tu à te laver en cachette ? Ce n’est pas permis, tu es puni”, lui crie un des gardiens. On l’emmène à l’isolement, dans une cellule de 9 m2, sans lumière ni ventilation, baptisée +l’île+.”Ils m’ont dit +agenouille-toi !+”, se remémore Andry. “J’ai senti que j’avais quatre personnes autour de moi, ils me touchaient, l’un m’a forcé à lui faire une fellation, un autre avec une matraque frottait mes parties intimes”. Il pense que les violences ont duré environ deux heures “interminables”.Andry tente aujourd’hui de surmonter le traumatisme de l’enfer vécu au Cecot.S’il goûte avec bonheur la liberté retrouvée, il pense à son rêve de vie brisé avec Paul.Andry n’exclut pas de tenter de retourner aux États-Unis. “Si on me permet d’entrer, oui j’irai”, affirme-t-il, bien que pour l’instant, les amoureux entendent se retrouver en Colombie.

Rêves d’amour brisés d’un migrant vénézuélien emprisonné au Salvador

Andry Hernandez a quitté son Venezuela natal pour rejoindre son compagnon aux Etats-Unis. Mais expulsé au nom des lois anti-migrants américaines, il s’est retrouvé dans une prison de haute sécurité du Salvador où il dit avoir subi de multiples sévices.Après quatre mois d’enfermement au Centre de confinement du terrorisme (Cecot), construit par le président Nayib Bukele pour enfermer les plus dangeureux membres de cartels, il a été libéré avec ses 251 concitoyens. Il est aujourd’hui revenu au point de départ, dans son village, seul.Il avait prévu de rejoindre Paul Diaz, psychologue américain d’origine portoricaine de 49 ans, rencontré en ligne il y a deux ans.Ils projetaient de fonder ensemble une association pour aider les enfants atteints du VIH et du cancer. Le maquilleur-coiffeur espérait une vie meilleure, et se libérer de l’homophobie au Venezuela. Il rêvait aussi de travailler à Hollywood ou dans des concours de beauté.Il assure ne pas avoir renoncé à ses rêves, ni à une vie avec Paul, même s’il n’est plus sûr de leur avenir. Ni du sien.En 2024, comme 300.000 autres Vénézuéliens, il s’était lancé à travers la dangereuse jungle du Darien, entre Colombie et le Darien.Il a traversé l’Amérique centrale, puis la frontière entre Mexique et Etats-Unis, avant d’être arrêté et expulsé vers le Mexique.Il prend alors la voie légale via l’application CPB One, qui permettait aux migrants illégaux –et notamment aux Vénézuéliens– de demander asile aux États-Unis. On lui assigne rendez-vous le 29 août 2024. “J’ai réussi”, se souvient-il avoir pensé en traversant à nouveau la frontière et voyant le drapeau américain.Mais les services de sécurité l’assimilent au gang vénézuélien du Tren de Aragua, classé organisation “terroriste” par Washington, en raison de deux couronnes tatouées sur ses poignets.Il a beau expliquer qu’il n’a jamais été condamné, ni même accusé, et que les couronnes représentent les Rois Mages, rien n’y fait. Il est envoyé dans un centre de détention à Otay Mesa, en Californie, accompagné d’une centaine d’autres personnes, toutes tatouées.”Ce jour-là, j’ai pensé à mes parents, à Paul, à tout ce que j’avais risqué pour ne rien obtenir”, dit-il. Dehors, Paul engage un avocat pour tenter de faire libérer Andry. “Par amour, il s’est sacrifié. Il me disait: +je veux être avec toi, travailler à tes côtés”.- “Petit morceau d’enfer” -Comparé au Cecot, Otay Mesa était “un hôtel de luxe” bien qu’il ne soit pas exempt d’épisodes d’homophobie et d’un cas de harcèlement, raconte-t-il. Mais arrivé au Cecot, suivent quatre mois de coups, d’insultes et de viols. “Je ne suis pas un criminel!”, se souvient-il avoir imploré en vain les gardiens. Ce n’est que le début d’un long calvaire dans ce “petit morceau d’enfer”.Il raconte qu’un jour, accablé par la chaleur, il s’est accroupi pour s’asperger d’eau. “Que fais-tu à te laver en cachette ? Ce n’est pas permis, tu es puni”, lui crie un des gardiens. On l’emmène à l’isolement, dans une cellule de 9 m2, sans lumière ni ventilation, baptisée +l’île+.”Ils m’ont dit +agenouille-toi !+”, se remémore Andry. “J’ai senti que j’avais quatre personnes autour de moi, ils me touchaient, l’un m’a forcé à lui faire une fellation, un autre avec une matraque frottait mes parties intimes”. Il pense que les violences ont duré environ deux heures “interminables”.Andry tente aujourd’hui de surmonter le traumatisme de l’enfer vécu au Cecot.S’il goûte avec bonheur la liberté retrouvée, il pense à son rêve de vie brisé avec Paul.Andry n’exclut pas de tenter de retourner aux États-Unis. “Si on me permet d’entrer, oui j’irai”, affirme-t-il, bien que pour l’instant, les amoureux entendent se retrouver en Colombie.