“Personne d’autre ne le fera”: les journalistes plongés dans la guerre au Soudan
Perchés sur une montagne près de la frontière avec le Tchad, dans l’ouest du Soudan, des journalistes scrutent l’horizon, téléphone en main, tentant désespérément de capter ne serait-ce qu’une bribe de réseau venue de l’autre côté.Parfois, c’est leur seul espoir pour témoigner des atrocités de la guerre qui dévaste le pays et a plongé la vaste région du Darfour dans une totale obscurité médiatique.Depuis deux ans, le conflit oppose le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, à son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).La guerre a tué au moins 28 journalistes, selon leur syndicat. Des dizaines d’autres ont été emprisonnés et torturés, tandis que la quasi totalité de leurs confrères ont fui. La plupart de ceux qui sont restés sont privés d’électricité, d’eau et d’internet.Noun, une journaliste de 35 ans, a confié à l’AFP qu’elle devait “parcourir à pied de longues distances” pour charger son téléphone à l’aide de panneaux solaires improvisés.A El-Geneina, la capitale du Darfour occidental, elle a couvert en 2023 des massacres ethniques commis par les FSR et leurs alliés.Selon l’ONU, entre 10.000 et 15.000 civils, principalement de la tribu des Massalit, ont été tués, ce qui a donné lieu à des accusations de génocide.Son travail lui vaudra plusieurs perquisitions. “Ils ont pris tout mon matériel, mes caméras, ils ont tout volé”, raconte-elle à l’AFP par téléphone.Lors de la troisième intrusion, “l’un d’eux m’a appelée par mon nom et m’a demandé où se trouvaient les caméras”.C’est à ce moment-là qu’elle prend la décision de fuir. Avec sa famille, elle parcourt environ 1.800 kilomètres pour rejoindre l’Etat de Gedaref, à l’autre extrémité du pays, près de la frontière éthiopienne.Là , alors qu’elle couvre une manifestation de déplacés, elle est arrêtée et accusée de collaborer avec l’ennemi. Pour retrouver la liberté, elle signe un engagement à soumettre tous ses écrits à l’armée avant publication.Depuis plus d’un an, Noun n’a pas écrit.- “Le plus grand des crimes” -En 2024, le Soudan figurait parmi les endroits les plus meurtriers pour les journalistes, derrière Gaza, selon le décompte annuel du Comité pour la protection des journalistes (CPJ).Selon Reporters sans frontières, plus de 400 journalistes ont fui le pays depuis le début de la guerre. Ceux qui sont restés luttent pour survivre.Dans l’Etat d’Al-Jazira, dans le centre du pays, qui fut le grenier à blé du Soudan, Youssef, un journaliste de 62 ans, n’a pas touché de salaire depuis début 2024, lorsque son journal a déménagé ses bureaux au Caire.Pour subsister, il élève des chèvres et cultive du sorgho.”Je continue d’envoyer mes reportages dès que je peux capter un signal”, raconte-t-il.Pendant des mois, Youssef a été coupé du monde extérieur, alors que les FSR prenaient le contrôle de Wad Madani, la capitale de l’Etat.En février 2024, les paramilitaires ont fait irruption chez lui, le ligotant et lui bandant les yeux.Etre journaliste, “c’est le plus grand des crimes”, lui a dit un des hommes.Il ne sera relâché qu’après avoir signé une assignation à résidence. Ce n’est qu’en janvier, lorsque l’armée a repris Wad Madani, qu’il a pu quitter son domicile.- Dans l’ombre -Parmi ceux qui ont choisi de rester, beaucoup ont renoncé à signer de leur vrai nom.A Tawila, au Darfour-Nord, Ibrahim, un photojournaliste de 30 ans, continue de documenter le quotidien des civils pris en étau entre la famine et les violences. Selon les employés humanitaires, la ville accueille des dizaines de milliers de rescapés qui ont fui les attaques des FSR.”Personne ne doit savoir ce que je fais”, confie à l’AFP Ibrahim, originaire d’El-Facher, la capitale de l’Etat.”S’ils m’attrapent, ils m’arrêteront et saisiront mon téléphone” – son dernier outil de travail.En juillet, accusé par les FSR d’être un agent de l’armée, il a été emprisonné et torturé pendant cinq jours. “Ils ont pris tout mon matériel, mes papiers et mon argent.”Depuis, le journaliste a envoyé sa famille hors du Darfour et s’est installé à Tawila.Ni Youssef, ni Ibrahim n’ont reçu de protection de la part d’organisations professionnelles, qu’elles soient locales ou internationales.”Qui rapportera ce qui se passe au Darfour si nous partons tous?”, s’interroge Ibrahim, qui a branché son téléphone à la multiprise d’un café de Tawila pour s’entretenir avec une journaliste de l’AFP au Caire. “Personne d’autre ne le fera”.
Conflit en Ukraine: nouveau round de pourparlers à Londres
Américains, Ukrainiens et Européens se retrouvent mercredi à Londres pour un nouveau round de pourparlers afin de tenter de trouver une issue au conflit en Ukraine, où les attaques aériennes russes ont repris à la suite d’une brève trêve de Pâques.Neuf personnes ont été tuées dans une attaque de drone russe contre un bus à Marganets, dans le sud-est de l’Ukraine, a annoncé mercredi le gouverneur de la région de Dnipropetrovsk. Dans la nuit, des incendies se sont déclarés dans plusieurs régions ukrainiennes à la suite d’attaques russes.Les discussions à Londres s’inscrivent dans la foulée de celles qui se sont tenues à Paris la semaine dernière, quoique à un moindre niveau.”Les discussions se poursuivent à un rythme soutenu”, a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy sur X mardi soir, après un appel “productif” avec le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio. “C’est un moment crucial pour l’Ukraine, le Royaume-Uni et la sécurité euro-atlantique”, a ajouté M. Lammy.M. Rubio ne sera pas présent à la réunion. Le déplacement de l’Américain n’a jamais été officiellement annoncé, mais M. Rubio ayant dit la semaine dernière à Paris qu’il irait à Londres s’il le jugeait utile, son absence laisse penser qu’il y a renoncé faute de progrès dans les négociations.Kiev sera représenté par le chef de l’administration présidentielle Andriï Iermak, le chef de la diplomatie Andriï Sybiga ainsi que le ministre de la Défense Roustem Oumerov, selon des médias ukrainiens.Côté américain, c’est l’émissaire spécial pour l’Ukraine, le général Keith Kellogg, qui participera aux discussions. La France est représentée par Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique du président Emmanuel Macron.- Un accord “dans la semaine” -Mardi, le Kremlin a mis en garde contre toute précipitation dans les discussions visant à obtenir un cessez-le-feu après plus de trois ans d’invasion russe.Le président américain Donald Trump, qui veut mettre un terme au plus vite à cette guerre “terrible et insensée”, avait dit dimanche espérer un accord “dans la semaine” entre Moscou et Kiev, sans dévoiler les contours de cet engagement hypothétique.Entretemps, l’émissaire américain Steve Witkoff prévoit un voyage cette semaine à Moscou, ont indiqué la Maison Blanche et le Kremlin, sans préciser la date.Selon le Financial Times, le président russe Vladimir Poutine a proposé à M. Witkoff début avril d’arrêter son invasion et de geler la ligne de front actuelle si les Etats-Unis accèdent à ses revendications majeures, comme la reconnaissance de la souveraineté de la Russie sur la péninsule de Crimée, annexée en 2014, et la non-adhésion de l’Ukraine à l’Otan.”De nombreuses fausses (informations) sont publiées en ce moment”, a réagi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, cité par l’agence de presse Ria Novosti.Kiev et ses alliés européens réclament pour leur part un retour complet de l’Ukraine dans ses frontières d’avant 2014, une position que le ministre américain de la Défense Pete Hegseth avait qualifiée en février d'”irréaliste”.Si actuellement Washington mène des pourparlers séparés avec Kiev et Moscou, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué mardi que son pays était prêt à discuter directement avec la Russie seulement après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu. Vladimir Poutine ayant évoqué la veille une possible reprise de tels pourparlers.Dans l’immédiat, M. Zelensky a indiqué qu’il “voudrait” s’entretenir avec Donald Trump samedi au Vatican, où ils se trouveront tous les deux pour les obsèques du pape François.- Opération “Marketing” -La semaine dernière, les chefs de la diplomatie ukrainienne, américaine, française, britannique et un conseiller de haut rang allemand s’étaient retrouvés à Paris – une première dans ce format – pour tenter d’avancer ensemble, au moment où les négociations en vue d’un cessez-le-feu à l’initiative de Washington piétinent et où les Européens veulent imposer leur voix.Marco Rubio avait dit avoir présenté le plan de Washington pour mettre fin à la guerre mais la rencontre n’avait abouti à aucune avancée majeure.L’administration Trump n’a livré aucun détail de ce plan publiquement mais, selon des médias américains citant des sources anonymes, il prévoirait notamment une reconnaissance plus ou moins formelle du contrôle de la Russie sur la Crimée, annexée par Moscou en 2014.A l’issue des discussions à Paris, le chef de la diplomatie américaine avait brandi la menace de la sortie de Washington des pourparlers si les Etats-Unis venaient à établir que la paix “n’est pas possible” entre les belligérants.La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a estimé mardi dans un entretien avec l’AFP que les Etats-Unis n’avaient pas utilisé “tous les outils” à leur disposition pour faire pression sur la Russie.La trêve de Pâques, décrétée par Moscou mais qui n’a pas donné lieu à une cessation des hostilités en Ukraine, “était une opération marketing” afin d'”éviter que le président Trump ne s’impatiente”, a estimé mardi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.Â
Conflit en Ukraine: nouveau round de pourparlers à Londres
Américains, Ukrainiens et Européens se retrouvent mercredi à Londres pour un nouveau round de pourparlers afin de tenter de trouver une issue au conflit en Ukraine, où les attaques aériennes russes ont repris à la suite d’une brève trêve de Pâques.Neuf personnes ont été tuées dans une attaque de drone russe contre un bus à Marganets, dans le sud-est de l’Ukraine, a annoncé mercredi le gouverneur de la région de Dnipropetrovsk. Dans la nuit, des incendies se sont déclarés dans plusieurs régions ukrainiennes à la suite d’attaques russes.Les discussions à Londres s’inscrivent dans la foulée de celles qui se sont tenues à Paris la semaine dernière, quoique à un moindre niveau.”Les discussions se poursuivent à un rythme soutenu”, a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy sur X mardi soir, après un appel “productif” avec le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio. “C’est un moment crucial pour l’Ukraine, le Royaume-Uni et la sécurité euro-atlantique”, a ajouté M. Lammy.M. Rubio ne sera pas présent à la réunion. Le déplacement de l’Américain n’a jamais été officiellement annoncé, mais M. Rubio ayant dit la semaine dernière à Paris qu’il irait à Londres s’il le jugeait utile, son absence laisse penser qu’il y a renoncé faute de progrès dans les négociations.Kiev sera représenté par le chef de l’administration présidentielle Andriï Iermak, le chef de la diplomatie Andriï Sybiga ainsi que le ministre de la Défense Roustem Oumerov, selon des médias ukrainiens.Côté américain, c’est l’émissaire spécial pour l’Ukraine, le général Keith Kellogg, qui participera aux discussions. La France est représentée par Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique du président Emmanuel Macron.- Un accord “dans la semaine” -Mardi, le Kremlin a mis en garde contre toute précipitation dans les discussions visant à obtenir un cessez-le-feu après plus de trois ans d’invasion russe.Le président américain Donald Trump, qui veut mettre un terme au plus vite à cette guerre “terrible et insensée”, avait dit dimanche espérer un accord “dans la semaine” entre Moscou et Kiev, sans dévoiler les contours de cet engagement hypothétique.Entretemps, l’émissaire américain Steve Witkoff prévoit un voyage cette semaine à Moscou, ont indiqué la Maison Blanche et le Kremlin, sans préciser la date.Selon le Financial Times, le président russe Vladimir Poutine a proposé à M. Witkoff début avril d’arrêter son invasion et de geler la ligne de front actuelle si les Etats-Unis accèdent à ses revendications majeures, comme la reconnaissance de la souveraineté de la Russie sur la péninsule de Crimée, annexée en 2014, et la non-adhésion de l’Ukraine à l’Otan.”De nombreuses fausses (informations) sont publiées en ce moment”, a réagi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, cité par l’agence de presse Ria Novosti.Kiev et ses alliés européens réclament pour leur part un retour complet de l’Ukraine dans ses frontières d’avant 2014, une position que le ministre américain de la Défense Pete Hegseth avait qualifiée en février d'”irréaliste”.Si actuellement Washington mène des pourparlers séparés avec Kiev et Moscou, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué mardi que son pays était prêt à discuter directement avec la Russie seulement après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu. Vladimir Poutine ayant évoqué la veille une possible reprise de tels pourparlers.Dans l’immédiat, M. Zelensky a indiqué qu’il “voudrait” s’entretenir avec Donald Trump samedi au Vatican, où ils se trouveront tous les deux pour les obsèques du pape François.- Opération “Marketing” -La semaine dernière, les chefs de la diplomatie ukrainienne, américaine, française, britannique et un conseiller de haut rang allemand s’étaient retrouvés à Paris – une première dans ce format – pour tenter d’avancer ensemble, au moment où les négociations en vue d’un cessez-le-feu à l’initiative de Washington piétinent et où les Européens veulent imposer leur voix.Marco Rubio avait dit avoir présenté le plan de Washington pour mettre fin à la guerre mais la rencontre n’avait abouti à aucune avancée majeure.L’administration Trump n’a livré aucun détail de ce plan publiquement mais, selon des médias américains citant des sources anonymes, il prévoirait notamment une reconnaissance plus ou moins formelle du contrôle de la Russie sur la Crimée, annexée par Moscou en 2014.A l’issue des discussions à Paris, le chef de la diplomatie américaine avait brandi la menace de la sortie de Washington des pourparlers si les Etats-Unis venaient à établir que la paix “n’est pas possible” entre les belligérants.La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a estimé mardi dans un entretien avec l’AFP que les Etats-Unis n’avaient pas utilisé “tous les outils” à leur disposition pour faire pression sur la Russie.La trêve de Pâques, décrétée par Moscou mais qui n’a pas donné lieu à une cessation des hostilités en Ukraine, “était une opération marketing” afin d'”éviter que le président Trump ne s’impatiente”, a estimé mardi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.Â
Attaques contre des prisons et agents: Retailleau évoque “65 faits” depuis dix jours
Quelque “65 faits” ont été commis depuis le 13 avril autour de centres pénitentiaires et leurs agents, mobilisant “125 enquêteurs”, a indiqué le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau mercredi sur BFMTV-RMC.”Les faits sont nombreux depuis dix jours. Ils sont récents et sans doute coordonnés. Il y en a eu 65 en France dans trente et quelque départements: un tiers des département ont connu des faits, des incendies criminels sur des établissements pénitentiaires, sur des domiciles d’agents pénitentiaires”, a affirmé Bruno Retailleau. “Nous mettons le paquet, nous avons une mobilisation considérable de nos forces sous l’autorité judiciaire du Pnat (parquet national antiterroriste, NDLR). Ce sont pas moins de 125 enquêteurs qui sont mobilisés, avec l’appui de trente autres enquêteurs de la police scientifique et technique. Je ne doute pas qu’on les aura”, a-t-il ajouté.Le parquet antiterroriste s’est quant à lui saisi de 13 faits, a-t-il indiqué mardi à l’AFP, notamment des tirs d’arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé un lotissement à Villefontaine (Isère) où résident des agents pénitentiaires, non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier. C’est dans ce centre pénitentiaire que le ministre de l’Intérieur se rendra aux côtés du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du Premier ministre François Bayrou mercredi après-midi, pour exprimer leur soutien au personnel pénitentaire.”On ne peut pas maîtriser une situation en quelques jours: je ne suis pas un prestidigitateur”, a poursuivi le ministre de l’Intérieur.”Il y avait au départ trois pistes: une piste ultra-gauche, une piste ingérence étrangère et un autre narcotrafic, des narcoracailles. Quand on voit la configuration des choses, quand on voit que ça vient juste après la loi narcotrafic… (…) Il y a un lien qui paraît assez évident mais le Pnat nous le dira mais on voit bien qu’il y a une action très très coordonnée”, a-t-il encore assuré.Depuis dix jours, un groupe revendiquant la “défense des droits des prisonniers français”, ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, vise les établissements ou agents pénitentiaires, publiant vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.Â
En Arabie saoudite, l’art d’extraire le parfum de la “cité des roses”
Depuis cinq décennies, Khalafallah al-Talhi taille à la main les buissons épineux et cueille les fleurs, perfectionnant l’art d’extraire le parfum très demandé de la “cité des roses” nichée dans les montagnes de l’ouest de l’Arabie saoudite.   “J’aime les roses plus que mes propres enfants”, confie à l’AFP l’homme de 80 ans dans sa ferme florale, l’une des quelque 800 que compte Taëf, ville surnommée “la cité des roses”.Située à quelque 1.700 mètres d’altitude, Taëf produit chaque année quelque 300 millions de ces fleurs emblématiques à pétales roses. A lui seul, M. Talhi dit en faire pousser de cinq à six millions par saison.A l’arrivée du printemps, les champs se couvrent généralement d’un tapis rose éclatant. Les fleurs sont alors cueillies à la main, du levée du soleil jusqu’à la tombée de la nuit, par des dizaines de travailleurs.  Une fois récoltées, les pétales sont trempées et bouillies pendant des heures dans de grandes cuves. Le parfum est ensuite extrait à travers un processus complexe de distillation de la vapeur, qui produit une huile essentielle très prisée. – Le parfum de La Mecque -L’eau de rose produite à Taëf est utilisée notamment pour laver les murs de la Kaaba, l’édifice cubique au centre de la Grande mosquée de La Mecque vers lequel les musulmans se tournent pour prier, tandis que les parfums à base de roses locales séduisent de nombreux pèlerins. “La quantité de roses produites à Taëf est limitée. Il y a peu d’exportations, car la demande locale est très forte. En Arabie saoudite, beaucoup ne jurent que par ce parfum”, souligne l’agriculteur.Une petite partie des huiles est exportée à l’étranger, où elles sont utilisées dans la fabrication de parfums ou intégrées à des produits cosmétiques, comme des crèmes ou des savons.Selon la base de données économiques TrendEconomy, l’Arabie saoudite a exporté pour seulement 141 millions de dollars de produits de parfumerie en 2023, eau de rose inclue.Durant la récolte, les travailleurs de la ferme de M. Talhi cueillent chaque jour plusieurs dizaines de milliers de fleurs.”Nous sommes nés dans les champs, nous avons toujours travaillé la terre”, dit-il, vêtu d’une longue tunique blanche et d’un keffieh rouge et blanc.Mais les roses de Taëf, qui fleurissent d’ordinaire d’avril à juin dans un paysage verdoyant et des températures clémentes, subissent les aléas d’une météo de plus en plus capricieuse.Selon les climatologues, le réchauffement climatique augmente la fréquence et la gravité de phénomènes météorologiques extrêmes, comme les canicules, les pluies diluviennes ou les sécheresses. – “Mon âme” -L’Arabie saoudite, avec son climat aride et ses vastes déserts, est particulièrement vulnérable. “Le changement climatique accélère la dégradation des sols dans des processus tels que la salinisation, l’érosion et la désertification, ce qui diminue la qualité et la productivité des terres arables en Arabie saoudite”, indique un rapport publié par l’Atlantic council. Le groupe de réflexion a estimé que les rendements de blé devraient diminuer de 20 à 30% d’ici 2050 en raison du stress thermique et du manque d’eau pour l’irrigation, tandis que des réductions sont également attendues pour les palmiers dattiers et d’autres cultures de base.Et la région de Taëf n’y échappe pas.”L’an dernier, et l’année d’avant, il a fait extrêmement froid. Certains agriculteurs n’ont pas récolté une seule fleur”, raconte M. Talhi.Heureusement, cette année, la météo a été plus clémente. “Il y a des changements, mais (…) le climat est resté doux”, dit-il.Si le temps devient moins prévisible, M. Talhi, lui, reste content. Malgré son âge avancé, il se lève chaque jour avant l’aube pour travailler dans les champs, souvent jusque tard dans la nuit.”Cette ferme, c’est mon âme, mon cÅ“ur qui bat”, confie-t-il à l’AFP: “Rien ne m’en séparera, sauf la mort”.