Dans un Cuba en crise, la loterie clandestine gagne des adeptes

Comme il le fait chaque jour depuis plus de vingt ans, Carlos parcourt un quartier de La Havane pour recueillir les paris et mises de la “bolita”, la loterie clandestine cubaine qui ne cesse de gagner des adeptes dans un pays en crise.”Les gens jouent plus que jamais”, explique à l’AFP Carlos qui témoigne sous un prénom d’emprunt, comme toutes les personnes interrogées pour ce reportage. Elles ont requis un strict anonymat pour évoquer un phénomène illégal, mais qui a survécu à 66 ans d’interdiction. Carlos est un “preneur de notes”, la seule figure visible pour les Cubains au sein de cette structure presque hermétique et basée sur la confiance. Il y a aussi les “collecteurs” et les “banquiers” qui brassent quotidiennement des mises représentant plusieurs millions de pesos cubains. Pour le quadragénaire, la hausse du nombre de joueurs ces dernières années s’explique par le “désespoir” des Cubains qui subissent une sévère crise économique, la pire depuis plus de 30 ans, avec des pénuries de nourriture, de médicaments, une inflation galopante et des coupures d’électricité récurrentes. “Quand on sait que le salaire ne va pas suffire pour boucler la fin du mois, il ne reste plus qu’à s’en remettre à la chance”, souligne le “preneur de notes”, tout en reconnaissant que “beaucoup de Cubains sont accros” au jeu et “s’endettent jusqu’à l’os”. A Cuba, le salaire moyen est de 5.000 pesos (42 dollars). En l’absence de loterie nationale légale sur l’île communiste, la “bolita” cubaine s’organise autour des tirages des loteries de Floride, de Géorgie ou de New York. Une fois le tirage effectué, les résultats sont diffusés à Cuba sur une page internet et une application dédiées, ou sur divers groupes de messageries et pages Facebook. – Rêve des mafieux -L’arrivée d’internet sur les téléphones portables en 2018 a donné un coup de jeune à la loterie cubaine apparue sur l’île au XIXe siècle et adaptée de jeux d’argent introduits par les migrants chinois et italiens. “Les gens ne te disent même plus bonjour, ils te demandent quel numéro est sorti!”, s’offusque Rubén, 32 ans, qui dit traverser actuellement “une mauvaise passe” sans aucun gain. A l’inverse, Rogelio, 47 ans, raconte avoir gagné en deux semaines 270.000 pesos (2.250 dollars), soit plus de 60 fois le salaire qu’il gagne comme employé d’une entreprise d’Etat. “Un bon numéro peut te changer la vie”, s’enthousiasme-t-il. Son dernier coup de chance lui a rapporté 80.000 pesos (667 dollars).Pour pimenter le tout, les Cubains sont habitués à jouer des combinaisons de numéros à partir d’un système d’interprétation de signes, de rêves, de situations les plus diverses. A l’époque de l’ex-dirigeant Fidel Castro (1926-2016), si ce dernier apparaissait quelque part à l’improviste, les fanatiques de la “bolita” pariaient immédiatement sur le chiffre 1, en référence à son rang dans la gouvernance du pays. Après avoir recueilli – dans la rue ou directement sur son téléphone – les paris pour les deux tirages quotidiens des loteries américaines, Carlos les envoie au “collecteur” chargé de centraliser les combinaisons de numéros et les montants des mises.Les “collecteurs” et “banquiers” sont les figures invisibles de cette loterie devenue illégale en 1959, à l’avènement de la révolution castriste qui a immédiatement interdit les jeux de hasard et fait fermer tous les casinos.La Havane était alors connue comme la Mecque des salles de jeux, tenues par la mafia des Etats-Unis et où venaient s’encanailler des millions d’Américains.Avec la révolution, les chefs mafieux Meyer Lansky et Lucky Luciano, étroitement liés au dictateur Fulgence Batista (1952-1959), ont vu s’envoler leur rêve de construire une ribambelle d’hôtels-casinos sur le Malecon, la célèbre promenade de la capitale cubaine. Avec pour conséquence immédiate le développement accéléré de Las Vegas, aux Etats-Unis, désormais sans concurrence dans la région.A Cuba, le code pénal prévoit des peines allant jusqu’à trois ans de prison et 300.000 pesos (2.500 dollars) d’amende pour toute personne “faisant activité de banquier, collecteur, preneur de notes ou promoteur de jeux illicites”. Mais pour Carlos, la “bolita” est “dans l’ADN des Cubains” et “l’interdire n’a fait que la favoriser”. 

Dans un Cuba en crise, la loterie clandestine gagne des adeptes

Comme il le fait chaque jour depuis plus de vingt ans, Carlos parcourt un quartier de La Havane pour recueillir les paris et mises de la “bolita”, la loterie clandestine cubaine qui ne cesse de gagner des adeptes dans un pays en crise.”Les gens jouent plus que jamais”, explique à l’AFP Carlos qui témoigne sous un prénom d’emprunt, comme toutes les personnes interrogées pour ce reportage. Elles ont requis un strict anonymat pour évoquer un phénomène illégal, mais qui a survécu à 66 ans d’interdiction. Carlos est un “preneur de notes”, la seule figure visible pour les Cubains au sein de cette structure presque hermétique et basée sur la confiance. Il y a aussi les “collecteurs” et les “banquiers” qui brassent quotidiennement des mises représentant plusieurs millions de pesos cubains. Pour le quadragénaire, la hausse du nombre de joueurs ces dernières années s’explique par le “désespoir” des Cubains qui subissent une sévère crise économique, la pire depuis plus de 30 ans, avec des pénuries de nourriture, de médicaments, une inflation galopante et des coupures d’électricité récurrentes. “Quand on sait que le salaire ne va pas suffire pour boucler la fin du mois, il ne reste plus qu’à s’en remettre à la chance”, souligne le “preneur de notes”, tout en reconnaissant que “beaucoup de Cubains sont accros” au jeu et “s’endettent jusqu’à l’os”. A Cuba, le salaire moyen est de 5.000 pesos (42 dollars). En l’absence de loterie nationale légale sur l’île communiste, la “bolita” cubaine s’organise autour des tirages des loteries de Floride, de Géorgie ou de New York. Une fois le tirage effectué, les résultats sont diffusés à Cuba sur une page internet et une application dédiées, ou sur divers groupes de messageries et pages Facebook. – Rêve des mafieux -L’arrivée d’internet sur les téléphones portables en 2018 a donné un coup de jeune à la loterie cubaine apparue sur l’île au XIXe siècle et adaptée de jeux d’argent introduits par les migrants chinois et italiens. “Les gens ne te disent même plus bonjour, ils te demandent quel numéro est sorti!”, s’offusque Rubén, 32 ans, qui dit traverser actuellement “une mauvaise passe” sans aucun gain. A l’inverse, Rogelio, 47 ans, raconte avoir gagné en deux semaines 270.000 pesos (2.250 dollars), soit plus de 60 fois le salaire qu’il gagne comme employé d’une entreprise d’Etat. “Un bon numéro peut te changer la vie”, s’enthousiasme-t-il. Son dernier coup de chance lui a rapporté 80.000 pesos (667 dollars).Pour pimenter le tout, les Cubains sont habitués à jouer des combinaisons de numéros à partir d’un système d’interprétation de signes, de rêves, de situations les plus diverses. A l’époque de l’ex-dirigeant Fidel Castro (1926-2016), si ce dernier apparaissait quelque part à l’improviste, les fanatiques de la “bolita” pariaient immédiatement sur le chiffre 1, en référence à son rang dans la gouvernance du pays. Après avoir recueilli – dans la rue ou directement sur son téléphone – les paris pour les deux tirages quotidiens des loteries américaines, Carlos les envoie au “collecteur” chargé de centraliser les combinaisons de numéros et les montants des mises.Les “collecteurs” et “banquiers” sont les figures invisibles de cette loterie devenue illégale en 1959, à l’avènement de la révolution castriste qui a immédiatement interdit les jeux de hasard et fait fermer tous les casinos.La Havane était alors connue comme la Mecque des salles de jeux, tenues par la mafia des Etats-Unis et où venaient s’encanailler des millions d’Américains.Avec la révolution, les chefs mafieux Meyer Lansky et Lucky Luciano, étroitement liés au dictateur Fulgence Batista (1952-1959), ont vu s’envoler leur rêve de construire une ribambelle d’hôtels-casinos sur le Malecon, la célèbre promenade de la capitale cubaine. Avec pour conséquence immédiate le développement accéléré de Las Vegas, aux Etats-Unis, désormais sans concurrence dans la région.A Cuba, le code pénal prévoit des peines allant jusqu’à trois ans de prison et 300.000 pesos (2.500 dollars) d’amende pour toute personne “faisant activité de banquier, collecteur, preneur de notes ou promoteur de jeux illicites”. Mais pour Carlos, la “bolita” est “dans l’ADN des Cubains” et “l’interdire n’a fait que la favoriser”. 

Kerr salutes Harvard defiance over Trump after Warriors win

Golden State Warriors head coach Steve Kerr rallied to the support of Harvard University on Wednesday, praising the US college’s refusal to submit to government oversight demanded by President Donald Trump.Kerr, who has regularly criticised Trump and campaigned for Democratic candidate Kamala Harris before last year’s election, arrived for his post-game news conference following Golden State’s victory against Memphis wearing a Harvard t-shirt.The 59-year-old revealed that he had been sent the shirt by Harvard basketball coach Tommy Amaker, who Kerr described as a friend.”It felt like a great day to wear it,” Kerr said, applauding Harvard’s defiance of the Trump administration edict.”I believe in academic freedom and I think it’s crucial for all of our institutions to be able to handle their own business the way they want to, and they should not be shaken down and told what to teach and what to say by our government.”That’s the dumbest thing I’ve ever heard. But it’s kind of par for the course right now. So yes, this is me supporting Harvard — way to go, way to stand up to the bully.”Trump threatened on Tuesday to strip Harvard of its tax-exempt status as the feud with the college escalated. The president had already moved to freeze $2.2 billion of federal funding to Harvard over its refusal to bow to demands which include how the university selects students.

‘Let’s rock’: world music icon Youssou N’Dour back on the roadWed, 16 Apr 2025 06:50:50 GMT

A rat-a-tat percussion and keyboard riff, and Youssou N’Dour’s voice tore through the dark Dakar sky, as the world music legend geared up to do what he does best — rock through the night.With a new album out and a world tour starting this week, the Senegalese icon and Grammy Award winner — who confesses …

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Un syndicat appelle à une “libération de la parole” dans les crèches

“Je me taisais par peur, aujourd’hui je signale” : le syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) lance mercredi une campagne de “dénonciation” des conditions de travail dans les crèches et des potentielles dérives. “Notre volonté est de faire en sorte que la parole se libère”, explique à l’AFP le co-secrétaire général du syndicat Cyrille Godfroy. “L’idée c’est que les professionnels fassent remonter aux administrations compétentes les situations qui posent problème, charge à ces administrations d’aller sur le terrain faire des contrôles”.Concrètement, les professionnels qui le souhaitent pourront télécharger des courriers types sur le site du syndicat et les envoyer aux différentes administrations concernées, a-t-il précisé.Ce processus “permettra de mettre en lumière les conditions de travail inacceptables, le manque de moyens, les déficiences dans la sécurité des enfants et les dérives managériales”, détaille dans un communiqué le SNPPE, qui espère “une réaction immédiate des autorités, avant qu’il ne soit trop tard”. Le secteur de la petite enfance a été ébranlé en juin 2022 par la mort d’un bébé dans une crèche People&Baby à Lyon qui a levé le voile sur une série de dysfonctionnements dans certaines structures, notamment privées.Publié en avril 2023, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a décrit une qualité d’accueil “très disparate” et pointé une pénurie de personnel et une faiblesse des contrôles.Une “mission flash” du Sénat a abondé dans le même sens, en mars, en déplorant un “sous-dimensionnement des acteurs chargés du contrôle”, à savoir la Caisse d’allocations familiales (CAF), la Protection maternelle et infantile (PMI) ou les services de l’Etat. Après le rapport de l’Igas, l’exécutif a annoncé la mise en place d’un référentiel de la qualité d’accueil des enfants de moins de trois ans, qui a vocation à servir “de base à la mise en Å“uvre des contrôles de manière plus coordonnée”. La ministre du Travail, de la Santé et des Familles Catherine Vautrin a indiqué fin mars que ce référentiel allait être transmis au professionnels du secteur avant d’être publié par arrêté.

Gaza hospital chief held in ‘inhumane’ conditions by Israel: lawyer

The director of Gaza’s Kamal Adwan hospital who was detained by Israeli forces in December is being held in “inhumane” conditions by Israel and subjected to “physical and psychological intimidation”, his lawyer told AFP.Hussam Abu Safiya, a 52-year-old paediatrician, rose to prominence last year by posting about the dire conditions in his besieged hospital in Beit Lahia during a major Israeli offensive.On December 27, Israeli forces began an assault on the facility which they labelled a Hamas “terrorist centre”, and arrested dozens of medical staff including Abu Safiya.The military accused him of being a “Hamas operative”.Abu Safiya’s lawyer, Gheed Qassem, was able to visit the doctor on March 19 in Ofer prison in the occupied West Bank.”He is suffering greatly, he is exhausted from the torture, the pressure and the humiliation he has endured to force him to confess to acts he did not commit,” said Qassem who met an AFP correspondent in Nazareth.The Israeli military did not respond to a request for comment from AFP about the conditions in which Abu Safiya is being held.- ‘Beatings and torture’ -After initially spending two weeks in the Sde Teiman military base in southern Israel’s Negev desert, Abu Safiya was transferred to Ofer, where Israel keeps hundreds of Palestinian prisoners.In Sde Teiman, Abu Safiya was subjected to interrogations “involving beatings, mistreatment and torture”, Qassem said, before he was transferred to a cramped cell in Ofer for 25 days, where he was also subjected to questioning.The Israeli authorities have designated the medic an “illegal combatant” for an “unlimited period of time”, Qassem said, and his case has been designated confidential by the military, meaning Abu Safiya’s defence cannot access the files.She denounced what she said were restrictions imposed on legal visits, which have prevented lawyers from informing detainees about “the war, the date, the time or their geographic location”.Her meeting with Abu Safiya, which took place under tight surveillance, lasted for only 17 minutes, she said.Adopted in 2002, Israel’s law concerning “illegal combatants” permits the detention of suspected members of “hostile forces” outside of normal legal frameworks.In January, rights group Amnesty International demanded Abu Safiya’s release, citing witness testimonies describing “the horrifying reality” in Israeli prisons, where Palestinian detainees are subjected to “systematic acts of torture and other mistreatment”.A social media campaign using the hashtag #FreeDrHussamAbuSafiya has brought together healthcare organisations, celebrities and UN leaders.That includes the director of the World Health Organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus, who demanded Abu Safiya’s release in a post on X.- ‘Human duty’ -Qassem warned that her client’s health was “very worrying”.”He is suffering from arterial tension, cardiac arrhythmia and vision problems,” she said, adding “he has lost 20 kilos in two months and fractured four ribs during interrogations, without receiving proper medical care”.The doctor remains calm, she said, but “wonders what crime he has committed” to be subjected to “such inhumane conditions”.According to the lawyer, Abu Safiya’s jailers are demanding that he confess to having operated on members of Hamas or Israeli hostages held in Gaza, but he has refused to do so and denies the accusations.The doctor insists that he is just a paediatrician, “and everything he did was out of a moral, professional and human duty towards the patients and the wounded”, Qassem said. Since October 7, 2023, around 5,000 Gazans have been arrested by Israel, and some were subsequently released in exchange for hostages held in Gaza.In general, they are accused of “belonging to a terrorist organisation” or of posing “a threat to Israel’s security,” the lawyer said.Qassem said that a number of detainees are being held without charge or trial and that their lawyers often did not know where their clients were during the first months of the war.

En primaire, l’IA a déjà conquis certaines classes

Dans la galaxie imaginaire IA-404, le fils du gardien cosmique Cataclismus a disparu… et c’est Clément, 7 ans, qui s’emploie à le retrouver un vendredi après-midi en alignant additions et soustractions avec l’aide de l’intelligence artificielle depuis le labo informatique de son école près de Toulouse.Sa maîtresse, Nathalie Miguel, s’est lancée dès 2019 dans l’aventure de l’IA dans l’enseignement, trois ans avant l’arrivée tonitruante de ChatGPT dans le secteur.Elle propose notamment à ses CE1 de l’école primaire George-Sand de Colomiers (Haute-Garonne) de s’exercer sur deux logiciels nourris à l’IA, Mathia (pour les mathématiques) et Lalilo (pour le français), tous deux lauréats de l’appel d’offre P2IA (Partenariat d’innovation et intelligence artificielle) du ministère de l’Education nationale.- Fusée -C’est sur Mathia que Clément, lunettes rouges sur le nez, se concentre ce vendredi du début de printemps. Il réfléchit un moment et devine le bon résultat de la soustraction 88 moins 40. Puis change de monde virtuel et joue désormais au jeu du furet, un exercice mathématique où l’on doit trouver le prochain nombre d’une suite. Grâce à sa réponse, sa petite fusée voyage de planète en planète.A chaque bonne réponse, le petit robot-assistant, baptisé lui aussi Mathia, félicite Clément à grand renfort de confettis, et l’enfant peut surtout, en terminant un exercice, rallumer l’une des étoiles de la galaxie IA-404 que Cataclismus avait éteintes dans sa colère d’avoir perdu son fils Cosinus.Mathia vise à “réconcilier les élèves avec les mathématiques” en France, où cette matière souffre d’un “désamour”, explique Paul Escudé, l’un des fondateurs de l’entreprise Prof en poche, qui édite Mathia.”Si on veut que les enfants développent des émotions positives à l’égard des maths, il faut les féliciter quand ils ont juste, mais il faut aussi leur dire, quand ils ont faux, +ce n’est pas grave, essaie encore, voilà de l’aide+”, détaille-t-il.En plus de ces encouragements, l’IA permet surtout à Mathia d’évaluer le niveau des élèves et de proposer des exercices en conséquence. “Comme les exercices sont vraiment adaptés à l’enfant, il ne se heurte pas à des questions trop difficiles. Et pour ceux qui sont en avance, c’est l’inverse. Ça s’adapte vraiment à chaque enfant”, explique Mme Miguel. Les élèves “sont d’autant plus motivés que les exercices sont progressifs”.En CE1, la notion d’IA est encore très floue. “J’ai l’impression que c’est une personne qui me parle et qui m’explique les exercices. Et après, ça m’aide en classe”, dit Inès, 7 ans et des nÅ“uds roses dans les cheveux.- “Approche adaptative” -“L’apport fondamental de l’IA, c’est une approche adaptative, adaptée aux difficultés de chaque élève. Quand vous avez une hétérogénéité d’élèves, c’est toujours très difficile pour nos enseignants, surtout si les effectifs sont élevés dans une classe”, explique l’ancien recteur de l’académie de Toulouse, Mostafa Fourar, qui a quitté ses fonctions en mars.C’est lui qui avait lancé l’expérimentation de Mathia et Lalilo, pour l’instant proposés du CP au CE2, à grande échelle dans l’académie, où “1.500 classes les utilisent au total”, assure-t-il.”Je peux d’une part savoir quels sont les enfants les plus en difficulté pour les aider ensuite en classe et adapter mon enseignement. Et d’autre part savoir quels sont les enfants qui, justement, sont moteurs et peuvent expliquer les notions aux autres”, explique Mme Miguel.”Et le résultat en termes d’apprentissage est là”, constate Olivier Zoccarato, un parent d’élève.Son fils Ethan, 7 ans, “adore ça, il en fait le week-end”. “C’est attrayant aussi pour l’enfant parce qu’il y a vraiment une dimension ludique (…) avec des notions de succès, des notions de score, de classement où ils veulent progresser”, raconte le papa.”Je trouvais ça dur parce que j’aime pas trop les maths”, mais “comme j’aime bien Mathia, ça m’a motivée à faire des maths”, abonde Elisa, 8 ans, lunettes écailles de tortue aux branches fuschia, deux tresses dans le dos.”On ne peut pas faire l’impasse sur l’IA, parce que (…) les élèves sont nés dans un monde où l’IA est présente”, expose l’inspecteur David Simon. “Donc, il faut que nous aussi, on se l’approprie, et qu’on les éduque à l’utiliser correctement.”

Cambodge: la nouvelle vie sur les routes du tribunal des Khmers rouges

A l’ombre d’un bus transformé en musée sur roues, Mean Loeuy, 71 ans, raconte à un groupe d’enfants l’enfer qu’il a traversé dans un camp de travail des Khmers rouges.”Au début, on partageait un bol de riz entre dix personnes”, raconte cet homme de 71 ans, qui a perdu plus d’une dizaine de membres de sa famille à cette époque.”A la fin, c’était un grain de riz avec de l’eau dans la paume de la main, ajoute-t-il, décrivant le camp “comme une prison sans murs”.Depuis janvier 2024, une équipe de juristes sillonne le Cambodge pour enseigner aux écoliers les leçons des procès des dignitaires du régime génocidaire, et partager les preuves récoltées durant les 20 années de procédures — avec l’appui de survivants, dont le témoignage continue de captiver les plus jeunes.Ce programme est le dernier né des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC): la cour parrainée par les Nations unies a rendu son dernier verdict en septembre 2022, mais sa mission n’est pas terminée pour autant.Au Cambodge, où deux tiers des habitants a moins de 30 ans, une majorité de la population a grandi sans avoir vécu les horreurs sous Pol Pot entre 1975 et 1979, ni les 20 années de conflit civil qui ont suivi.Jeudi marque le 50e anniversaire de la chute de Phnom Penh aux mains des Khmers rouges.Les jeunes n’ont généralement qu’une vague idée de la période la plus sombre de l’histoire de leur pays, hantée par le massacre d’environ deux millions de personnes, mortes de faim, de maladie, d’épuisement au travail, ou assassinées.- 60.000 enfants -Des groupes d’enfants se pressent dans l’autocar climatisé, spécialement aménagé pour une leçon d’histoire interactive, avec BD, tablettes et autres supports pédagogiques.Par une chaude journée de fin mars, ce musée mobile a déployé son barnum dans la cour d’un lycée de Phnom Srok (nord-ouest) — à une dizaine de kilomètres du lac de Trapeang Thma, considéré comme l’un des camps de travail les plus meurtriers des Khmers rouges, où les victimes se comptent en milliers.Dans un temple de la ville, les crânes des victimes des Khmers rouges sont alignés sur des étagères.Mouy Chheng, 14 ans, confie avoir du mal à croire la “brutalité” du régime ultra-maoïste. “Mes parents m’en ont un peu parlé”, explique-t-elle. “Aujourd’hui, je comprends bien mieux.”L’opération a touché plus de 60.000 enfants et adolescents dans 92 établissements en 2024, et vise 100 écoles pour cette année.Dans une salle de classe, Ven Pov fait circuler un micro parmi quelque 150 lycéens.”Pourquoi Pol Pot n’a-t-il pas été jugé ?”, “Pourquoi n’a-t-on pas appliqué la peine de mort ?”, “Comment est-il possible que la famine ait tué à ce point ?”, lancent-ils à tour de rôle.L’ancien avocat des parties civiles essaye de dissiper leurs doutes, bien qu’il assure ne pas avoir la réponse à tout: lui-même se demande toujours pourquoi les Khmers rouges ont commis de telles atrocités.”Nous devons faire plus de recherches”, explique-t-il.- “Héritage” -Dans un nouveau rôle après la fin du procès, les CETC conservent dans la capitale Phnom Penh des centaines de milliers de documents ouverts aux chercheurs et autres curieux.”La justice et la réconciliation vont main dans la main”, insiste Ven Pov, 56 ans. L’ancien Premier ministre Hun Sen a mis l’accent sur la paix et la cohésion sociale, mais des chercheurs et critiques regrettent l’instrumentalisation de la politique mémorielle à son profit, et sa réticence à poursuivre plus de cadres khmers rouges.Les CETC n’a condamné que trois dignitaires. D’anciens chefs du mouvement ultra-maoïste vivent toujours en liberté, sans crainte de poursuites.”La justice transitionnelle ne concerne pas seulement ceux qui ont commis les crimes, c’est aussi une question d’héritage symbolique pour la société”, explique Timothy Williams, professeur à l’université de la Bundeswehr à Munich.”Le bus pédagogique aurait pu démarrer il y a quinze ans”, poursuit-il, mais “c’est important à une époque qui a vu le renforcement du pouvoir autoritaire. Les leçons du passé sont déterminantes ici.”

La pie se méfie de la nouveauté et les petits oiseaux en profitent

Malgré sa réputation de chapardeuse, la pie se méfie des objets qu’elle ne connaît pas, une phobie qui pourrait être exploitée par d’autres oiseaux pour protéger leurs oeufs de cette prédatrice.Il n’est pas rare de trouver des matériaux d’origine humaine dans les nids d’oiseaux. Les milans les décorent avec du plastique blanc, tandis que le jardinier satiné australien agrémente sa tonnelle d’objets colorés.Les raisons de ces “ornementations” sont mal comprises. D’autant qu’elles ne sont pas sans danger: visibilité accrue du nid, moins bonne isolation, risques de blessures ou d’ingestion par les oisillons…Outre le fait que ces matériaux sont faciles à trouver, en particulier dans les environnements urbains, la décoration du nid pourrait démontrer les capacités du constructeur et accroître ainsi ses chances de reproduction.Elle pourrait également envoyer un signal de propriété et de statut social élevé aux intrus de la même espèce.Dans une étude publiée mercredi dans Royal Society Open Science, deux biologistes norvégiens avancent une autre hypothèse. Ces ajouts pourraient décourager des prédateurs comme les pies et les corbeaux, en utilisant leur aversion à la nouveauté.Souvenez-vous: dans les “Bijoux de la Castafiore”, Tintin retrouvait l’émeraude disparue de la cantatrice dans le nid d’une pie. Hergé s’était inspiré de “La Pie voleuse” de Rossini, dans lequel l’oiseau dérobait cette fois une cuillère en argent.Mais cette réputation de kleptomane est totalement infondée. La pie fait au contraire preuve d’une méfiance instinctive envers les objets qui lui sont inconnus.- Néophobie -Cette “néophobie” est considérée comme une réponse adaptative permettant de réduire les risques face à des dangers potentiels, particulièrement chez les animaux “innovants”, ayant des capacités à trouver des solutions originales pour obtenir des ressources. Parmi les oiseaux, cette aversion est particulièrement prononcée chez les corvidés, comme les pies, les geais, les corneilles ou les corbeaux.Pour tester leur hypothèse, les chercheurs norvégiens ont disposé trois types de nids artificiels contenant des oeufs de caille sur le sol d’une décharge fréquentée par des corbeaux et de jardins habités par des pies.Les nids témoins ne contenaient que des oeufs. Une cuillère en métal avait été ajoutée dans le deuxième type de nid. Le troisième contenait des plumes blanches de poule. Un dispositif destiné à tester une autre hypothèse selon laquelle certains oiseaux disposent de grandes plumes autour de leur nid pour effrayer leurs prédateurs en leur faisant croire qu’un de leurs congénères y a été attaqué.Les pies ont mis en moyenne 96 heures avant de dérober l’oeuf du nid témoin, 149 heures avant de prendre celui du nid avec une cuillère, et 152 heures avant de s’attaquer au nid avec des plumes.Les corbeaux ont procédé dans le même ordre, mais ont été plus aventureux, attendant respectivement 28, 34 et 43 heures.Sans doute parce qu’ils étaient déjà habitués à côtoyer des objets brillants dans la décharge.Et aussi parce qu’ils avaient de la concurrence, le lieu étant occupé par “des centaines de corbeaux, probablement tous jeunes”, explique à l’AFP Magne Husby, biologiste à l’Université de Levanger et co-auteur de l’étude. S’ils hésitaient à prendre un oeuf, “il était très probable qu’un autre corbeau le prenne à leur place”.En revanche, les expériences avec les pies ont eu lieu sur leurs propres territoires et “il n’y avait aucune urgence à prendre les oeufs si elles étaient hésitantes à cause des plumes ou de la cuillère”, poursuit M. Husby. Une hésitation qui, dans la nature, donne un temps précieux au propriétaire du nid pour le défendre.