Fluminense, qui vise une place en demi-finale du Mondial des clubs, vendredi à Orlando face à la surprenante équipe saoudienne d’Al-Hilal, sait qu’il peut compter sur “O Monstro” Thiago Silva, toujours intraitable en défense malgré ses 40 ans.”Boys don’t cry”. Dans cet indémodable tube de 1979, Robert Smith, leader des Cure, conteste avec ironie l’idée selon laquelle les hommes ne devraient pas pleurer. L’ancien international brésilien, lui, n’a jamais eu peur d’exprimer ses émotions sur un terrain et tant pis pour la soi-disant invulnérabilité masculine, qui prévaut souvent dans le foot.Les larmes de Thiago Silva, c’est en effet tout une histoire, car elles ont coulé plusieurs fois sur ses joues au cours de sa brillante carrière.Celles restées à la postérité – à ses dépens – datent du Mondial-2014 disputé dans son pays où la pression était immense. Juste avant la séance de tirs au but finalement remportée face au Chili en 8e de finale, alors que tous ses coéquipiers s’étaient rassemblés, lui s’était isolé, assis sur un ballon, et avait pleuré. Une attitude que beaucoup ont jugé indigne d’un capitaine de la Seleçao.- Emotif qui s’assume -Il y a eu aussi celles, plus convenues, lors de son dernier match avec le Paris-SG en 2020 après huit ans passés dans la capitale, d’autres qui ont accompagné son message de remerciements aux fans de Chelsea pour son ultime rencontre avec les Blues (2024), jusqu’à celle de dimanche, après la qualification de Fluminense en quarts, en battant l’Inter Milan (2-0).Ces larmes furent cependant de joie, également motivées par le souvenir de son ancien club, l’AC Milan, grand rival de son adversaire du jour. “Je pense que les supporteurs sont contents du résultat”, expliqua-t-il après coup. Il est acquis depuis longtemps que Thiago Silva est un émotif qui s’assume. Mais ce serait trop vite oublier à quel point le stoppeur brésilien est avant tout un roc, un guerrier, qui ne lâche rien et reste une redoutable force dissuasive pour les attaques adverses.D’où son surnom “O Monstro” (Le Monstre) dont l’affubla en 2007 Fernando Henrique, alors gardien de but de Fluminense, pour le féliciter après une action défensive impressionnante. Le surnom a été vite adopté par les fans et l’a suivi en Europe. – “Remporter un titre” -Revenu l’an passé dans son club formateur sis à Rio de Janeiro, Thiago Silva semble vivre une cure de jouvence durant ce Mondial des clubs à 32 participants, entouré d’autres vétérans en défense, Fabio le gardien âgé de 44 ans et Samuel Xavier (35 ans) son binôme de la charnière centrale.Malgré une cuisse douloureuse et une chaleur étouffante à Charlotte, il a tenu son rang, impérial, face aux Intéristes de l’Argentin Lautaro Martinez.”Il faisait trop chaud pour jouer, mais nous sommes Fluminense – et aujourd’hui, nous avons mérité de gagner.” Des mots empreints de fierté, celle d’un leader qui, s’il n’a évidemment plus ses jambes de vingt ans, continue de briller par un formidable sens du placement et une lecture du jeu remarquable. Ce qui explique en partie pourquoi “Flu” n’a encaissé qu’un seul but sur ses six derniers matches. Autant d’atouts qui ne seront pas de trop face aux attaquants d’Al-Hilal, qu’il convient de ne plus sous-estimer dans ce Mondial des clubs, tant leur capacité à se projeter et à faire mal à l’adversaire a été criante contre Manchester City, en plein naufrage défensif en 8e de finale (4-3 a.p.).”O Mostro”, lui, ne prendra certainement pas à la légère cet adversaire, car il a un objectif bien en tête: “ce que je souhaite le plus à la fin de ma carrière, c’est de remporter un titre avec ce maillot”.