Macron retrouve l’arme de la dissolution, mais il ne semble pas prêt à la dégaîner
Emmanuel Macron retrouve la semaine prochaine le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale. Mais après l’échec de la précédente dissolution, qui a plombé sa fin de règne, il assure vouloir éviter d’y recourir sauf en cas de blocage du pays.”S’il devait dissoudre à nouveau, ce serait d’abord perçu comme un énorme aveu d’échec total de ce second mandat”, dit à l’AFP le politologue Bruno Cautrès.Le 9 juin 2024, au soir d’élections européennes largement remportées par l’extrême droite, le chef de l’Etat annonçait la convocation de législatives anticipées, à la surprise générale. Un mois plus tard, le résultat du scrutin était sans appel: un Parlement éclaté, sans aucune majorité, qui inaugurait l’une des plus graves crises politiques de la Ve République et condamnait le pays à un mélange d’instabilité et d’immobilisme.L’article 12 de la Constitution prévoit qu’il “ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l’année qui suit” des élections anticipées. Le président de la République, qui exhorte en vain depuis douze mois les députés à “travailler ensemble”, n’a donc pu brandir cette menace pour les y inciter.Mais lorsque l’intention de dissoudre à nouveau à l’automne prochain lui a été prêtée fin avril, Emmanuel Macron a démenti formellement avoir même “envisagé une telle chose”.”Mon souhait, c’est qu’il n’y ait pas d’autre dissolution”, a-t-il nuancé début juin. “Mais mon habitude n’est pas de me priver d’un pouvoir constitutionnel”, a-t-il prévenu, n’excluant pas de dissoudre “si des formations politiques décidaient (…) de bloquer le pays”.”Les Français veulent que tout le monde travaille ensemble et qu’on ait des résultats concrets pour que la vie des gens s’améliore”, a-t-il encore botté en touche vendredi. – “Roulette russe” -Le souvenir de l’an dernier est cuisant.A l’époque, le président misait sur les divisions de la gauche et l’impréparation des adversaires pour “prendre tout le monde de court” et “gagner”, comme l’avait expliqué son entourage.Plusieurs de ses interlocuteurs ont aussi rapporté qu’il était prêt à prendre le risque d’une victoire du Rassemblement national et d’une cohabitation avec Jordan Bardella à Matignon, vue comme un possible antidote à l’accession de Marine Le Pen à l’Elysée en 2027. Or aucun de ces scénarios ne s’est réalisé, et la “clarification” prédite par M. Macron a laissé la place à une Assemblée coupée en trois blocs, plus ou moins friables, et un pays quasi-ingouvernable.Dissoudre à nouveau pourrait donc permettre de sortir de l’impasse, d’autant que le gouvernement de François Bayrou est menacé d’une censure à l’automne sur le budget comme celle qui a fait tomber Michel Barnier un an plus tôt.”Le problème, c’est que si on fait une dissolution et qu’on en arrive à la même situation de non-majorité, là, ça va devenir très, très compliqué”, soupire une ministre.Or rien n’indique, dans les sondages, que l’issue du scrutin serait sensiblement différente. “Si ça redonnait les mêmes résultats”, “je ne vois pas comment le chef de l’Etat échapperait à la très forte pression pour qu’il démissionne”, explique Bruno Cautrès.”Il a goûté une fois à la roulette russe. Il a compris”, estime le politologue.Un opposant de gauche résume ainsi l’équation présidentielle: “Rater une dissolution, c’est déjà beaucoup. En rater deux… faut partir monsieur”. Emmanuel Macron a d’ailleurs esquissé, par petites touches, un mea culpa, reconnaissant que sa décision n’avait pas été “comprise” par les Français et n’avait pas “permis de clarifier les choses”.Parmi ses alliés, même ceux qui déplorent l’immobilisme actuel, peu lui conseilleraient de récidiver.”Il vaut mieux un an et demi où il ne se passe pas grand-chose qu’un truc qui explose. Je pense que personne n’a intérêt à l’aventure”, souffle un proche d’Edouard Philippe (Horizons), candidat déclaré à la prochaine présidentielle.Dans l’opposition, à gauche comme à l’extrême droite, les partis assurent se préparer à un éventuel retour aux urnes prématuré, qu’ils appellent plus ou moins ouvertement de leurs voeux.Le RN, en tête des intentions de vote réclame cette nouvelle dissolution. C’est “l’intérêt des Français”, a encore dit Marine Le Pen jeudi, même si elle a ajouté douter que le président “fasse ce choix”, “compte tenu du très faible bénéfice” qu’il “pourrait en tirer”.Mais pour Bruno Cautrès, quels que soient les affichages, “tout le monde a plutôt intérêt à jouer 2027”.
Macron retrouve l’arme de la dissolution, mais il ne semble pas prêt à la dégaîner
Emmanuel Macron retrouve la semaine prochaine le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale. Mais après l’échec de la précédente dissolution, qui a plombé sa fin de règne, il assure vouloir éviter d’y recourir sauf en cas de blocage du pays.”S’il devait dissoudre à nouveau, ce serait d’abord perçu comme un énorme aveu d’échec total de ce second mandat”, dit à l’AFP le politologue Bruno Cautrès.Le 9 juin 2024, au soir d’élections européennes largement remportées par l’extrême droite, le chef de l’Etat annonçait la convocation de législatives anticipées, à la surprise générale. Un mois plus tard, le résultat du scrutin était sans appel: un Parlement éclaté, sans aucune majorité, qui inaugurait l’une des plus graves crises politiques de la Ve République et condamnait le pays à un mélange d’instabilité et d’immobilisme.L’article 12 de la Constitution prévoit qu’il “ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l’année qui suit” des élections anticipées. Le président de la République, qui exhorte en vain depuis douze mois les députés à “travailler ensemble”, n’a donc pu brandir cette menace pour les y inciter.Mais lorsque l’intention de dissoudre à nouveau à l’automne prochain lui a été prêtée fin avril, Emmanuel Macron a démenti formellement avoir même “envisagé une telle chose”.”Mon souhait, c’est qu’il n’y ait pas d’autre dissolution”, a-t-il nuancé début juin. “Mais mon habitude n’est pas de me priver d’un pouvoir constitutionnel”, a-t-il prévenu, n’excluant pas de dissoudre “si des formations politiques décidaient (…) de bloquer le pays”.”Les Français veulent que tout le monde travaille ensemble et qu’on ait des résultats concrets pour que la vie des gens s’améliore”, a-t-il encore botté en touche vendredi. – “Roulette russe” -Le souvenir de l’an dernier est cuisant.A l’époque, le président misait sur les divisions de la gauche et l’impréparation des adversaires pour “prendre tout le monde de court” et “gagner”, comme l’avait expliqué son entourage.Plusieurs de ses interlocuteurs ont aussi rapporté qu’il était prêt à prendre le risque d’une victoire du Rassemblement national et d’une cohabitation avec Jordan Bardella à Matignon, vue comme un possible antidote à l’accession de Marine Le Pen à l’Elysée en 2027. Or aucun de ces scénarios ne s’est réalisé, et la “clarification” prédite par M. Macron a laissé la place à une Assemblée coupée en trois blocs, plus ou moins friables, et un pays quasi-ingouvernable.Dissoudre à nouveau pourrait donc permettre de sortir de l’impasse, d’autant que le gouvernement de François Bayrou est menacé d’une censure à l’automne sur le budget comme celle qui a fait tomber Michel Barnier un an plus tôt.”Le problème, c’est que si on fait une dissolution et qu’on en arrive à la même situation de non-majorité, là, ça va devenir très, très compliqué”, soupire une ministre.Or rien n’indique, dans les sondages, que l’issue du scrutin serait sensiblement différente. “Si ça redonnait les mêmes résultats”, “je ne vois pas comment le chef de l’Etat échapperait à la très forte pression pour qu’il démissionne”, explique Bruno Cautrès.”Il a goûté une fois à la roulette russe. Il a compris”, estime le politologue.Un opposant de gauche résume ainsi l’équation présidentielle: “Rater une dissolution, c’est déjà beaucoup. En rater deux… faut partir monsieur”. Emmanuel Macron a d’ailleurs esquissé, par petites touches, un mea culpa, reconnaissant que sa décision n’avait pas été “comprise” par les Français et n’avait pas “permis de clarifier les choses”.Parmi ses alliés, même ceux qui déplorent l’immobilisme actuel, peu lui conseilleraient de récidiver.”Il vaut mieux un an et demi où il ne se passe pas grand-chose qu’un truc qui explose. Je pense que personne n’a intérêt à l’aventure”, souffle un proche d’Edouard Philippe (Horizons), candidat déclaré à la prochaine présidentielle.Dans l’opposition, à gauche comme à l’extrême droite, les partis assurent se préparer à un éventuel retour aux urnes prématuré, qu’ils appellent plus ou moins ouvertement de leurs voeux.Le RN, en tête des intentions de vote réclame cette nouvelle dissolution. C’est “l’intérêt des Français”, a encore dit Marine Le Pen jeudi, même si elle a ajouté douter que le président “fasse ce choix”, “compte tenu du très faible bénéfice” qu’il “pourrait en tirer”.Mais pour Bruno Cautrès, quels que soient les affichages, “tout le monde a plutôt intérêt à jouer 2027”.
Cognac : la Chine exige une hausse des prix pour éviter des droits de douane
Pékin exigera à partir de samedi une augmentation des prix des brandys européens – le cognac essentiellement -, sans quoi elle imposera des taxes antidumping, ce que l’Union européenne a dit “regretter” vendredi.Pékin a débuté l’an dernier une enquête antidumping sur les importations de spiritueux européens cognac en tête, une riposte à la procédure européenne visant les subventions d’État chinoises dont bénéficient les véhicules électriques fabriqués en Chine.Dans la foulée, des restrictions avaient été imposées aux importateurs, tenus de déposer une caution auprès des douanes chinoises.Ces mesures ont porté un coup sévère à l’ensemble de la filière cognac française, qui affirme perdre 50 millions d’euros par mois.Après des mois de négociations, le ministère chinois du Commerce a publié vendredi une liste de 34 producteurs de brandys s’étant accordés sur une hausse des prix.Parmi eux, plusieurs producteurs de cognac, dont les principaux exportateurs comme Hennessy, Rémy Cointreau et Martell, qui vont donc échapper aux nouvelles taxes. Une issue “moins défavorable”, selon le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), qui ne chiffre pas ces tarifs négociés.Les autres producteurs, ou ceux qui ne gonfleront pas leurs prix, seront frappés de taxes allant de 27,7% à 24,9% à partir du 5 juillet, précise le communiqué du ministère. “L’autorité chargée de l’enquête a finalement conclu qu’il y avait dumping sur le brandy importé de l’UE”, affirme-t-il, ce qui porte un “préjudice substantiel à l’industrie chinoise du brandy”.- “Tendance inquiétante” -Le communiqué ne précise pas le montant des hausses de prix demandées. Mais la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux avait indiqué début juin que les négociations en cours portaient sur une augmentation de 12 à 16%. “L’UE regrette la décision de la Chine d’instituer des mesures antidumping définitives sur les importations en Chine de brandy européen”, a réagi devant la presse un porte-parole à Bruxelles. Ces menaces “s’inscrivent également dans une tendance inquiétante de la Chine à abuser des instruments de protection en matière commerciale, en ouvrant et menant des enquêtes sur la base d’allégations douteuses et de preuves insuffisantes”, a-t-il ajouté. La Commission européenne va maintenant étudier ces mesures et décidera des prochaines étapes afin de protéger l’industrie européenne et les intérêts économiques européens, a-t-il encore souligné.La France a multiplié les efforts ces derniers mois pour faire lever l’intégralité de ces restrictions, les jugeant injustifiées.La présidente de l’Assemblée nationale française Yaël Braun-Pivet, en visite en Chine la semaine dernière, avait dit espérer une levée “dans les jours qui viennent” de l’ensemble des restrictions chinoises ciblant le cognac et l’armagnac.- Contexte de tensions -Ce coup de semonce intervient alors que le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a enchaîné les entretiens tendus avec ses homologues lors d’une tournée en Europe cette semaine.Le sujet sera probablement au coeur des discussions entre Wang Yi et son homologue français, Jean-Noël Barrot, ainsi qu’avec le président français Emmanuel Macron, prévues vendredi après-midi à Paris.La deuxième économie mondiale est un marché majeur pour le cognac français, avec des exportations atteignant 1,4 milliard d’euros par an. Mais les choses se sont envenimées lorsque l’UE a imposé en octobre dernier des taxes supplémentaires à l’importation pouvant aller jusqu’à 35% sur les véhicules électriques chinois.Pékin a ensuite déposé une plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce, qui a indiqué en avril qu’elle mettrait en place un groupe d’experts pour évaluer la décision européenne.La Chine et l’UE doivent tenir un sommet ce mois-ci à Pékin pour marquer le 50e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques.Selon le média Bloomberg News, citant des sources anonymes, les autorités chinoises envisagent d’annuler la deuxième journée du sommet, signe de tensions entre Bruxelles et Pékin. Plusieurs dossiers épineux ont terni leurs relations ces dernières mois, dont le soutien de Pékin à son allié russe et les questions commerciales.La Chine mène “des cyber-attaques, interfère dans nos démocraties et pratique un commerce déloyal. Ces actions nuisent à la sécurité et à l’emploi en Europe”, a affirmé mercredi Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie européenne.
Cognac : la Chine exige une hausse des prix pour éviter des droits de douane
Pékin exigera à partir de samedi une augmentation des prix des brandys européens – le cognac essentiellement -, sans quoi elle imposera des taxes antidumping, ce que l’Union européenne a dit “regretter” vendredi.Pékin a débuté l’an dernier une enquête antidumping sur les importations de spiritueux européens cognac en tête, une riposte à la procédure européenne visant les subventions d’État chinoises dont bénéficient les véhicules électriques fabriqués en Chine.Dans la foulée, des restrictions avaient été imposées aux importateurs, tenus de déposer une caution auprès des douanes chinoises.Ces mesures ont porté un coup sévère à l’ensemble de la filière cognac française, qui affirme perdre 50 millions d’euros par mois.Après des mois de négociations, le ministère chinois du Commerce a publié vendredi une liste de 34 producteurs de brandys s’étant accordés sur une hausse des prix.Parmi eux, plusieurs producteurs de cognac, dont les principaux exportateurs comme Hennessy, Rémy Cointreau et Martell, qui vont donc échapper aux nouvelles taxes. Une issue “moins défavorable”, selon le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), qui ne chiffre pas ces tarifs négociés.Les autres producteurs, ou ceux qui ne gonfleront pas leurs prix, seront frappés de taxes allant de 27,7% à 24,9% à partir du 5 juillet, précise le communiqué du ministère. “L’autorité chargée de l’enquête a finalement conclu qu’il y avait dumping sur le brandy importé de l’UE”, affirme-t-il, ce qui porte un “préjudice substantiel à l’industrie chinoise du brandy”.- “Tendance inquiétante” -Le communiqué ne précise pas le montant des hausses de prix demandées. Mais la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux avait indiqué début juin que les négociations en cours portaient sur une augmentation de 12 à 16%. “L’UE regrette la décision de la Chine d’instituer des mesures antidumping définitives sur les importations en Chine de brandy européen”, a réagi devant la presse un porte-parole à Bruxelles. Ces menaces “s’inscrivent également dans une tendance inquiétante de la Chine à abuser des instruments de protection en matière commerciale, en ouvrant et menant des enquêtes sur la base d’allégations douteuses et de preuves insuffisantes”, a-t-il ajouté. La Commission européenne va maintenant étudier ces mesures et décidera des prochaines étapes afin de protéger l’industrie européenne et les intérêts économiques européens, a-t-il encore souligné.La France a multiplié les efforts ces derniers mois pour faire lever l’intégralité de ces restrictions, les jugeant injustifiées.La présidente de l’Assemblée nationale française Yaël Braun-Pivet, en visite en Chine la semaine dernière, avait dit espérer une levée “dans les jours qui viennent” de l’ensemble des restrictions chinoises ciblant le cognac et l’armagnac.- Contexte de tensions -Ce coup de semonce intervient alors que le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a enchaîné les entretiens tendus avec ses homologues lors d’une tournée en Europe cette semaine.Le sujet sera probablement au coeur des discussions entre Wang Yi et son homologue français, Jean-Noël Barrot, ainsi qu’avec le président français Emmanuel Macron, prévues vendredi après-midi à Paris.La deuxième économie mondiale est un marché majeur pour le cognac français, avec des exportations atteignant 1,4 milliard d’euros par an. Mais les choses se sont envenimées lorsque l’UE a imposé en octobre dernier des taxes supplémentaires à l’importation pouvant aller jusqu’à 35% sur les véhicules électriques chinois.Pékin a ensuite déposé une plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce, qui a indiqué en avril qu’elle mettrait en place un groupe d’experts pour évaluer la décision européenne.La Chine et l’UE doivent tenir un sommet ce mois-ci à Pékin pour marquer le 50e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques.Selon le média Bloomberg News, citant des sources anonymes, les autorités chinoises envisagent d’annuler la deuxième journée du sommet, signe de tensions entre Bruxelles et Pékin. Plusieurs dossiers épineux ont terni leurs relations ces dernières mois, dont le soutien de Pékin à son allié russe et les questions commerciales.La Chine mène “des cyber-attaques, interfère dans nos démocraties et pratique un commerce déloyal. Ces actions nuisent à la sécurité et à l’emploi en Europe”, a affirmé mercredi Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie européenne.
Cognac : la Chine exige une hausse des prix pour éviter des droits de douane
Pékin exigera à partir de samedi une augmentation des prix des brandys européens – le cognac essentiellement -, sans quoi elle imposera des taxes antidumping, ce que l’Union européenne a dit “regretter” vendredi.Pékin a débuté l’an dernier une enquête antidumping sur les importations de spiritueux européens cognac en tête, une riposte à la procédure européenne visant les subventions d’État chinoises dont bénéficient les véhicules électriques fabriqués en Chine.Dans la foulée, des restrictions avaient été imposées aux importateurs, tenus de déposer une caution auprès des douanes chinoises.Ces mesures ont porté un coup sévère à l’ensemble de la filière cognac française, qui affirme perdre 50 millions d’euros par mois.Après des mois de négociations, le ministère chinois du Commerce a publié vendredi une liste de 34 producteurs de brandys s’étant accordés sur une hausse des prix.Parmi eux, plusieurs producteurs de cognac, dont les principaux exportateurs comme Hennessy, Rémy Cointreau et Martell, qui vont donc échapper aux nouvelles taxes. Une issue “moins défavorable”, selon le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), qui ne chiffre pas ces tarifs négociés.Les autres producteurs, ou ceux qui ne gonfleront pas leurs prix, seront frappés de taxes allant de 27,7% à 24,9% à partir du 5 juillet, précise le communiqué du ministère. “L’autorité chargée de l’enquête a finalement conclu qu’il y avait dumping sur le brandy importé de l’UE”, affirme-t-il, ce qui porte un “préjudice substantiel à l’industrie chinoise du brandy”.- “Tendance inquiétante” -Le communiqué ne précise pas le montant des hausses de prix demandées. Mais la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux avait indiqué début juin que les négociations en cours portaient sur une augmentation de 12 à 16%. “L’UE regrette la décision de la Chine d’instituer des mesures antidumping définitives sur les importations en Chine de brandy européen”, a réagi devant la presse un porte-parole à Bruxelles. Ces menaces “s’inscrivent également dans une tendance inquiétante de la Chine à abuser des instruments de protection en matière commerciale, en ouvrant et menant des enquêtes sur la base d’allégations douteuses et de preuves insuffisantes”, a-t-il ajouté. La Commission européenne va maintenant étudier ces mesures et décidera des prochaines étapes afin de protéger l’industrie européenne et les intérêts économiques européens, a-t-il encore souligné.La France a multiplié les efforts ces derniers mois pour faire lever l’intégralité de ces restrictions, les jugeant injustifiées.La présidente de l’Assemblée nationale française Yaël Braun-Pivet, en visite en Chine la semaine dernière, avait dit espérer une levée “dans les jours qui viennent” de l’ensemble des restrictions chinoises ciblant le cognac et l’armagnac.- Contexte de tensions -Ce coup de semonce intervient alors que le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a enchaîné les entretiens tendus avec ses homologues lors d’une tournée en Europe cette semaine.Le sujet sera probablement au coeur des discussions entre Wang Yi et son homologue français, Jean-Noël Barrot, ainsi qu’avec le président français Emmanuel Macron, prévues vendredi après-midi à Paris.La deuxième économie mondiale est un marché majeur pour le cognac français, avec des exportations atteignant 1,4 milliard d’euros par an. Mais les choses se sont envenimées lorsque l’UE a imposé en octobre dernier des taxes supplémentaires à l’importation pouvant aller jusqu’à 35% sur les véhicules électriques chinois.Pékin a ensuite déposé une plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce, qui a indiqué en avril qu’elle mettrait en place un groupe d’experts pour évaluer la décision européenne.La Chine et l’UE doivent tenir un sommet ce mois-ci à Pékin pour marquer le 50e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques.Selon le média Bloomberg News, citant des sources anonymes, les autorités chinoises envisagent d’annuler la deuxième journée du sommet, signe de tensions entre Bruxelles et Pékin. Plusieurs dossiers épineux ont terni leurs relations ces dernières mois, dont le soutien de Pékin à son allié russe et les questions commerciales.La Chine mène “des cyber-attaques, interfère dans nos démocraties et pratique un commerce déloyal. Ces actions nuisent à la sécurité et à l’emploi en Europe”, a affirmé mercredi Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie européenne.
Ukraine: le Kremlin assure ne pas voir d’issue diplomatique après une attaque de drones record
Le Kremlin a estimé vendredi qu’il n’était “pas possible” à ce stade d'”atteindre” ses objectifs en Ukraine par la voie diplomatique, après avoir lancé dans la nuit son attaque de drones la plus massive depuis le début de son invasion contre son voisin en 2022.Cette prise de position intervient au lendemain d’un appel téléphonique infructueux entre Vladimir Poutine et Donald Trump, et alors que le président américain doit s’entretenir “cet après-midi” avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, selon un haut responsable à Kiev.Preuve de l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers de paix malgré leur reprise en mai, M. Trump a avoué jeudi n’avoir fait “aucun progrès” lors de son entretien avec M. Poutine. Le troisième cycle de discussions directes entre Russes et Ukrainiens n’a d’ailleurs toujours pas été annoncé, un mois après une dernière réunion peu fructueuse en Turquie.Vladimir Poutine continue d’exiger que l’Ukraine lui cède quatre régions, en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu’elle renonce à rejoindre l’Otan. Des conditions inacceptables pour l’Ukraine, qui demande le retrait des troupes russes de son territoire.A Donald Trump, le président russe a répété que Moscou “ne renoncera pas” à atteindre ces objectifs. “Tant que cela ne semble pas possible, nous poursuivons l’opération militaire spéciale”, a embrayé vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.En parallèle, l’armée russe, en position de force sur le front, continue de bombarder l’Ukraine. Au cours de la nuit, elle a lancé 550 engins, dont 539 drones et des missiles, notamment contre la capitale Kiev, selon l’armée de l’air ukrainienne.”La nuit a été blanche et brutale”, a déploré M. Zelensky, faisant état d’au moins 23 blessés.Selon le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Iouri Ignat, il s’agissait du “plus grand nombre” de drones jamais utilisé en une seule attaque par la Russie depuis 2022.L’Ukraine a revendiqué avoir neutralisé 478 engins sur les 550 tirés par la Russie.- “Jamais rien vu de tel” -Des dizaines d’incendies se sont déclarés à la suite de ces frappes, notamment à Kiev. Un bâtiment de l’ambassade polonaise a été endommagé, d’après Varsovie.L’armée russe a, de son côté, annoncé avoir touché un aérodrome militaire et une raffinerie de pétrole lors de son attaque nocturne.Face à ces frappes massives russes qui se multiplient, l’Allemagne a dit mener “d’intenses discussions” sur des éventuels achats par Berlin aux Etats-Unis de systèmes antiaériens Patriot pour les donner à Kiev, qui les réclame, en vain, à Donald Trump.Washington avait annoncé plus tôt cette semaine une pause dans la livraison à l’Ukraine de certaines armes et munitions, y compris pour les Patriot, système coûteux et moderne.Les journalistes de l’AFP à Kiev ont aperçu, comme lors des précédentes grosses attaques, des habitants affluer dans le métro pour s’y réfugier et y passer la nuit.”Nous passons toutes nos nuits ici”, a expliqué Ioulia Golovnina, âgée de 47 ans, qui a souligné qu'”ici, c’est plus calme” qu’à la surface.Et Timour, un habitant de la capitale, a raconté être descendu dans sa cave avec le reste des résidents de son immeuble pour se protéger des bombardements nocturnes.”Nous n’avions jamais rien vu de tel auparavant. Il n’y avait jamais eu autant d’explosions. C’était l’attaque la plus violente depuis que je vis ici”, lâche-t-il.- Avancée russe -En Russie, une personne a été tuée au cours de la nuit par une attaque de drones ukrainienne dans la région de Rostov (sud), selon le gouverneur régional.L’Ukraine a affirmé y avoir frappé une usine optique et mécanique qui fabrique des composants pour l’armée russe.Face au désengagement apparent américain, les Européens continuent d’afficher leur soutien à Kiev.Le gouvernement allemand a annoncé vendredi envisager l’achat de systèmes de défense antiaérienne Patriot pour l’Ukraine après l’annonce par les Etats-Unis de la suspension de livraison de certaines armes à Kiev. Et le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron doivent coprésider jeudi prochain une réunion des pays “volontaires” pour un renforcement de la défense de l’Ukraine.Volodymyr Zelensky avait plaidé jeudi justement auprès des Européens en faveur d’un “renforcement de notre coopération et de notre coordination au sein de l’UE et de l’Otan”, deux organisations que l’Ukraine ambitionne de rejoindre.En attendant, l’armée russe, qui avance sur le front, a revendiqué vendredi la capture d’une nouvelle localité dans l’est de l’Ukraine, le village de Predtetchyné, situé aux portes de la forteresse ukrainienne de Kostiantynivka.Russes et Ukrainiens ont par ailleurs annoncé vendredi avoir procédé à un nouvel échange de prisonniers, sans toutefois préciser combien de personnes avaient été libérées dans cette opération.





