Séisme: une semaine de deuil national en Birmanie, le bilan dépasse 2.000 morts

La junte birmane a décrété lundi une semaine de deuil national après le puissant séisme qui a tué vendredi plus de 2.000 personnes dans le pays, où l’espoir de retrouver des survivants dans les décombres se réduit d’heure en heure.La période de deuil court jusqu’à dimanche, ont indiqué dans un communiqué les militaires au pouvoir, annonçant la mise en berne des drapeaux birmans “en signe de compassion pour les pertes humaines et les dégâts causés par le tremblement de terre extrêmement violent”.Les experts craignent des milliers de morts supplémentaires en Birmanie, malgré la mobilisation de la communauté internationale pour venir en aide à ce pays décimé par la guerre civile, qui manque de ressources devant l’ampleur des dégâts.Vendredi en milieu de journée, un tremblement de terre de magnitude 7,7 a frappé le centre de la Birmanie, suivi quelques minutes après par une secousse de magnitude 6,7. Durant le weekend, des répliques sont restées perceptibles le long de la faille de Sagaing, autour de laquelle vit une grande partie de la population birmane.Le séisme, d’une violence inédite en plusieurs décennies en Birmanie, a provoqué des scènes de chaos jusqu’à 1.000 kilomètres de l’épicentre, comme à Bangkok, la capitale thaïlandaise où au moins 19 personnes ont perdu la vie, principalement dans l’effondrement d’une tour en construction de 30 étages.A Mandalay, deuxième ville de Birmanie proche de l’épicentre, les secours ont réduit l’intensité de leurs efforts lundi par rapport à la veille. La chaleur, attendue autour de 40 degrés en journée, met à rude épreuve les équipes qui s’activent autour des sites sinistrés et accélère la décomposition des corps piégés dans les décombres, compliquant leur identification.L’hôpital général de 1.000 lits de Mandalay ayant été évacué, des centaines de patients sont soignés à l’air libre. “C’est une situation très, très imparfaite pour tout le monde”, a déclaré un membre de l’équipe médicale. “On fait de notre mieux.”- Funérailles et Aïd -Les funérailles de centaines de victimes étaient prévues lundi, au moment où la communauté musulmane endeuillée célèbre l’Aïd, la fête marquant la fin du mois de jeûne de ramadan.”En temps normal, c’est plein de joie quand c’est l’Aïd”, confie Win Thiri Aung, une fidèle de 26 ans de Mandalay. “Mais nos cÅ“urs sont lourds cette année”.Il est difficile d’établir avec précision un bilan en Birmanie, pays isolé et fracturé, où les généraux au pouvoir combattent une myriade de groupes de minorités ethniques et d’opposants politiques. Mais l’appel au secours du chef de la junte, Min Aung Hlaing, une démarche rarissime pour un haut-gradé birman, illustre l’ampleur de la catastrophe.Les autorités birmanes ont fait état lundi en fin de journée d’environ 2.056 morts, 3.900 blessés et 270 disparus.Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé le décès de deux de ses ressortissants de passage en Birmanie. Trois Chinois ont également été tués dans le séisme, a rapporté le média d’État Chine nouvelle.- Frappes aériennes -L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé dimanche le séisme au plus haut degré de ses urgences, pendant que la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a lancé un appel pour récolter plus de 100 millions de dollars. La Chine, l’Indonésie et l’Inde ont déployé des équipes.Le porte-parole de la junte Zaw Min Tun a remercié la Chine et la Russie, deux alliés proches de Naypyidaw, de même que l’Inde, de leur soutien. “Nous essayons de soigner les blessés et de rechercher les personnes disparues”, a-t-il indiqué dans un communiqué aux journalistes.Le conflit civil qui dure depuis le coup d’État du 1er février 2021 contre le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi a sapé le système de santé, qui est sous-équipé pour gérer un tel afflux de victimes, selon les agences humanitaires. La situation était déjà alarmante avant le séisme, les combats ayant déplacé plus de 3,5 millions de personnes vulnérables, d’après les Nations unies.Le tremblement de terre n’a pas empêché les militaires de mener vendredi contre un groupe armé appartenant à une minorité ethnique dans l’État Shan (nord-est) une attaque aérienne qui a tué sept combattants, selon les rebelles. D’autres cas de frappes similaires ont été rapportés lundi.A Bangkok, les opérations se poursuivent pour retrouver des survivants dans les décombres d’une tour en chantier qui s’est effondrée, piégeant environ 80 ouvriers.Les autorités ont indiqué enquêter sur les causes qui ont mené à l’effondrement de l’immeuble de 30 étages qui devait abriter des bureaux de services de l’État.La Première ministre Paetongtarn Shinawatra et la gouverneure adjointe de Bangkok Tavida Kamolvej se sont rendues sur place.burs-ah-vgu/mba

Séisme: une semaine de deuil national en Birmanie, le bilan dépasse 2.000 morts

La junte birmane a décrété lundi une semaine de deuil national après le puissant séisme qui a tué vendredi plus de 2.000 personnes dans le pays, où l’espoir de retrouver des survivants dans les décombres se réduit d’heure en heure.La période de deuil court jusqu’à dimanche, ont indiqué dans un communiqué les militaires au pouvoir, annonçant la mise en berne des drapeaux birmans “en signe de compassion pour les pertes humaines et les dégâts causés par le tremblement de terre extrêmement violent”.Les experts craignent des milliers de morts supplémentaires en Birmanie, malgré la mobilisation de la communauté internationale pour venir en aide à ce pays décimé par la guerre civile, qui manque de ressources devant l’ampleur des dégâts.Vendredi en milieu de journée, un tremblement de terre de magnitude 7,7 a frappé le centre de la Birmanie, suivi quelques minutes après par une secousse de magnitude 6,7. Durant le weekend, des répliques sont restées perceptibles le long de la faille de Sagaing, autour de laquelle vit une grande partie de la population birmane.Le séisme, d’une violence inédite en plusieurs décennies en Birmanie, a provoqué des scènes de chaos jusqu’à 1.000 kilomètres de l’épicentre, comme à Bangkok, la capitale thaïlandaise où au moins 19 personnes ont perdu la vie, principalement dans l’effondrement d’une tour en construction de 30 étages.A Mandalay, deuxième ville de Birmanie proche de l’épicentre, les secours ont réduit l’intensité de leurs efforts lundi par rapport à la veille. La chaleur, attendue autour de 40 degrés en journée, met à rude épreuve les équipes qui s’activent autour des sites sinistrés et accélère la décomposition des corps piégés dans les décombres, compliquant leur identification.L’hôpital général de 1.000 lits de Mandalay ayant été évacué, des centaines de patients sont soignés à l’air libre. “C’est une situation très, très imparfaite pour tout le monde”, a déclaré un membre de l’équipe médicale. “On fait de notre mieux.”- Funérailles et Aïd -Les funérailles de centaines de victimes étaient prévues lundi, au moment où la communauté musulmane endeuillée célèbre l’Aïd, la fête marquant la fin du mois de jeûne de ramadan.”En temps normal, c’est plein de joie quand c’est l’Aïd”, confie Win Thiri Aung, une fidèle de 26 ans de Mandalay. “Mais nos cÅ“urs sont lourds cette année”.Il est difficile d’établir avec précision un bilan en Birmanie, pays isolé et fracturé, où les généraux au pouvoir combattent une myriade de groupes de minorités ethniques et d’opposants politiques. Mais l’appel au secours du chef de la junte, Min Aung Hlaing, une démarche rarissime pour un haut-gradé birman, illustre l’ampleur de la catastrophe.Les autorités birmanes ont fait état lundi en fin de journée d’environ 2.056 morts, 3.900 blessés et 270 disparus.Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé le décès de deux de ses ressortissants de passage en Birmanie. Trois Chinois ont également été tués dans le séisme, a rapporté le média d’État Chine nouvelle.- Frappes aériennes -L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé dimanche le séisme au plus haut degré de ses urgences, pendant que la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a lancé un appel pour récolter plus de 100 millions de dollars. La Chine, l’Indonésie et l’Inde ont déployé des équipes.Le porte-parole de la junte Zaw Min Tun a remercié la Chine et la Russie, deux alliés proches de Naypyidaw, de même que l’Inde, de leur soutien. “Nous essayons de soigner les blessés et de rechercher les personnes disparues”, a-t-il indiqué dans un communiqué aux journalistes.Le conflit civil qui dure depuis le coup d’État du 1er février 2021 contre le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi a sapé le système de santé, qui est sous-équipé pour gérer un tel afflux de victimes, selon les agences humanitaires. La situation était déjà alarmante avant le séisme, les combats ayant déplacé plus de 3,5 millions de personnes vulnérables, d’après les Nations unies.Le tremblement de terre n’a pas empêché les militaires de mener vendredi contre un groupe armé appartenant à une minorité ethnique dans l’État Shan (nord-est) une attaque aérienne qui a tué sept combattants, selon les rebelles. D’autres cas de frappes similaires ont été rapportés lundi.A Bangkok, les opérations se poursuivent pour retrouver des survivants dans les décombres d’une tour en chantier qui s’est effondrée, piégeant environ 80 ouvriers.Les autorités ont indiqué enquêter sur les causes qui ont mené à l’effondrement de l’immeuble de 30 étages qui devait abriter des bureaux de services de l’État.La Première ministre Paetongtarn Shinawatra et la gouverneure adjointe de Bangkok Tavida Kamolvej se sont rendues sur place.burs-ah-vgu/mba

A Taïwan, les larmes de la diaspora birmane après le séisme meurtrier

Les yeux rivés sur les images des destructions causées par un séisme de magnitude 7,7 ayant frappé vendredi la Birmanie, Yang Bi-ying pleure sa famille restée au pays.La septuagénaire, qui habite à Taïwan depuis des décennies, a une belle-fille habitant la ville birmane de Mandalay, l’épicentre du tremblement de terre.Les secousses ont tué au moins 1.700 personnes, mais le bilan pourrait être beaucoup plus lourd dans un pays aux infrastructures et au système de santé meurtris par la guerre civile.Tous les proches de Mme Yang sont en sécurité malgré les répliques.”Je ne pouvais que pleurer. Il n’y avait rien d’autre, seulement des larmes”, explique la grand-mère à l’AFP dans un quartier de Taipei connu pour son importante communauté sino-birmane.”Toutes les familles sont inquiètes, en particulier pour ceux qui sont ensevelis sous les décombres”, ajoute-t-elle.Mme Yang n’est pas la seule à s’inquiéter dans ce quartier du sud de Taipei.”Beaucoup de bâtiments se sont effondrés autour de la maison de ma famille, il y a beaucoup de morts”, explique Yeh Mei-chin, gérant d’un restaurant, montrant à l’AFP une vidéo du désastre.Vendredi, M. Yeh a mis des heures avant de pouvoir contacter sa mère et ses sÅ“urs restées à Mandalay.En sécurité, sa famille craint toujours de rentrer à la maison.”Je leur ai demandé où elles allaient passer la nuit, elles m’ont dit qu’elles cherchaient mais n’avaient pas encore trouvé d’endroit”, poursuit-il.A Taïwan, tous utilisent des réseaux sociaux comme Line ou WeChat pour contacter leurs proches en Birmanie et suivre l’évolution de la situation.Mais le réseau internet reste instable.”Si on a de la chance, on peut arriver à se connecter quelques fois en une journée”, raconte à l’AFP Lee Pei, 66 ans, président de l’Association des Chinois de Birmanie d’outre-mer.”En général, on peut seulement laisser des messages vocaux puisque les appels ne passent pas. Et si on y arrive, le signal est mauvais après seulement quelques mots”.- “Toujours pas connectés” -La présence d’une communauté birmane à Taïwan remonte à la fin de la guerre civile en 1949, lorsque de nombreux soldats du Parti nationaliste chinois défaits par l’armée communiste ont fui en Birmanie.Beaucoup d’entre eux se sont rendus à Taïwan pendant les décennies suivantes, fuyant les discriminations et la violence en Birmanie.La communauté sino-birmane à Taïwan rassemblerait 160.000 personnes, dont environ 10% sont originaires de Mandalay, selon M. Pei. Aung Kyaw Zaw, étudiant à l’université, raconte avoir vu sur Facebook des commentaires rapportant une “odeur nauséabonde… comme celle de cadavres en décomposition” près de l’épicentre du séisme.Le jeune homme de 24 ans a déclaré avoir échangé des messages avec certains amis dans les zones touchées par le séisme, mais “certains d’entre eux ne se sont toujours pas connectés”.D’autres s’inquiètent par ailleurs du sort réservé aux nombreux dons envoyés en Birmanie.La junte militaire, au pouvoir depuis le coup d’Etat de 2021, “ne fait pas grand-chose pour aider les gens”, affirme Yi Chint, 24 ans.”Je pense que très peu de ces dons arriveront réellement aux gens” dans le besoin, ajoute-t-il.

A l’académie Hagi, le Maradona des Carpates forme les champions roumains

Un immense portrait du Regele (le roi), comme on le surnomme en Roumanie, domine l’académie fondée par Gheorghe Hagi à deux pas de la mer Noire, souvenir de l’exploit du Mondial-1994. “Tout est possible”, voilà le credo que l’ex-légende de 60 ans enseigne aux 200 enfants de l’académie située dans sa région natale de Constanta, à deux heures et demie de route de la capitale Bucarest.Depuis sa création en 2009, l’ancien capitaine des Tricolorii, quart de finalistes de la Coupe du monde 1994, a investi plus de 25 millions d’euros dans ce projet avec déjà des résultats probants.Des dizaines d’anciens élèves ont rejoint la première division roumaine et neuf d’entre eux – dont son fils Ianis – ont contribué au parcours honorable des Tricolores à l’Euro-2024 (8e de finale). C’est sa “plus grande réussite”, aime dire Hagi de l’académie. Après sa retraite en 2000, fort de 124 apparitions en équipe nationale, le meneur de jeu au divin pied gauche a brièvement entraîné la sélection avant de rejoindre les clubs turcs de Bursaspor et Galatasaray.Il a aussi officié à Timisoara et Bucarest mais désormais il reste ancré à Constanta, où il coache aussi le club de Farul qu’il a mené à la tête de la Ligue 1 en 2023. Etendue sur 17 hectares et dotée de 13 terrains de football, son académie n’a rien à envier aux centres de formation ailleurs sur le continent, dans ce pays parmi les plus pauvres de l’UE.- Donner une chance aux jeunes -Pour les quelque 200 jeunes qui y suivent des cours, dont 70 pensionnaires à temps plein, Gheorghe Hagi voulait un endroit leur permettant de s’affirmer, de chasser “tout complexe d’infériorité”, lui qui n’a jamais supporté la condescendance des grandes nations à l’égard du football roumain.Sa méthode: “ne pas ruminer les erreurs” mais se focaliser sur “les progrès accomplis” chaque jour, expliquait-il à la presse convoquée le 5 février pour célébrer son 60e anniversaire.Sa voix est forte et il a conservé ce tempérament volcanique qu’il affichait sur le terrain. Mais son entourage vante son “coeur d’or” et son “courage”. Il a donné une chance aux plus jeunes au moment où la formation “n’était depuis longtemps plus une priorité” en Roumanie, raconte à l’AFP le directeur technique Cristian Camui. Sollicité, Gheorghe Hagi n’a pas donné suite à une demande d’interview. Dans les rangs des joueurs prometteurs, Iustin Doicaru, 18 ans, raconte avoir appris “comment supporter” la pression et surmonter “les moments les plus difficiles”.Recruté par le FC Farul, il se souvient de son premier but pour l’équipe en décembre 2024 et des félicitations de son idole, “le meilleur footballeur” de l’histoire roumaine. Qui a depuis peu un musée à sa gloire dans l’enceinte de l’académie. Trophées, maillots et chaussures de foot y sont exposés et seront peut-être bientôt rejoints par “l’Etoile de Roumanie”, la plus haute distinction du pays qu’il a reçue ce mois-ci au palais présidentiel, ému comme un gamin.

L’Eglise fait le point sur sa lutte contre les violences sexuelles

Trois ans et demi après le séisme du rapport Sauvé sur les violences sexuelles dans l’Eglise catholique, la Conférence des évêques de France (CEF) a donné lundi à Lourdes le coup d’envoi d’ un “point d’étape” de deux jours sur la lutte contre ce fléau.En parallèle, le sanctuaire de Lourdes a commencé lundi martin à masquer certaines mosaïques du prêtre slovène Marko Rupnik, accusé d’agressions sexuelles: un “nouveau pas symbolique”, après la décision en juillet de ne plus éclairer les mosaïques la nuit, pour que “l’entrée dans la basilique soit facilitée pour toutes les personnes qui aujourd’hui ne peuvent pas en franchir le seuil”, a expliqué l’évêque de Tarbes-Lourdes, Jean-Marc Micas.Le colloque, rassemblant plus de 300 participants, est organisé en amont de l’assemblée plénière de la CEF, qui élira mercredi un nouveau président.”Notre intention, pendant ce jour et demi, est de mesurer le chemin parcouru, de tracer des perspectives pour la suite”, a affirmé le président de la CEF, Eric de Moulins-Beaufort, dans son discours d’ouverture.Il a remercié les nombreuses victimes présentes: “leur décision de nous parler leur a parfois valu du mépris. Ils et elles nous ont puissamment aidés”.Parmi ces victimes, Nathalie, 69 ans, victime à 14 ans d’un prêtre parisien, s’est dite “un peu étonnée que le terme viol soit très peu utilisé: agression sexuelle pour moi c’est un peu trop policé”.”Les victimes attendent des choses très concrètes”, a ajouté Christian Guéritauld, du collectif Les Voix libérées, après la pose ce mois-ci dans la basilique de Tours d’une plaque en hommage au chef de choeur qui les a agressés.Regis Dubourg, qui a lui joué un rôle de coordinateur, explique être “venu pour vérifier que dans l’institution-Eglise personne ne dise qu’il faut tourner la page”. “Comment cartographier les risques à venir?”, s’est-t-il interrogé.- “Discours de vérité” -Egalement présent, le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz a jugé “important que nous puissions regarder ensemble ce type de réalités”.Hasard de la géographie: le colloque se tient à une vingtaine de kilomètres de l’établissement d’enseignement catholique Notre-Dame-de-Bétharram, au centre de multiples révélations de violences sexuelles.Mgr de Moulins-Beaufort a indiqué avoir rencontré dimanche, “dans la conscience du travail à faire”, Alain Esquerre et Pascal Gélie, du collectif des personnes victimes à Bétharram.L’occasion selon Pascal Gélie, présent au colloque, d’un “discours de vérité”. Il a aussi invité la future direction de la CEF, qui prendra ses fonctions en juillet, à “ne pas tourner la page”.Ce “point d’étape” est organisé trois ans et demi après la publication du rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique) qui a estimé à 330.000 le nombre de mineurs victimes depuis les années 1950. Dans le sillage de ces révélations, l’Eglise avait reconnu sa responsabilité institutionnelle et créé deux instances de reconnaissance pour les victimes ainsi que neuf groupes de travail, qui avaient émis des recommandations en mars 2023.Où en est-on de leur mise en oeuvre? Un rapport présenté au colloque salue “une réelle volonté de changement” même si “c’est forcément un long processus” car “il s’agit d’entrer dans un changement profond de culture”.Parmi les mesures recensées: un cours en ligne sur le “risque d’instrumentalisation de la parole de Dieu”, une “charte de bientraitance pour la protection des mineurs”, un outil d’auto-diagnostic pour les communautés accueillant des mineurs, des procédures d’accueil et de formation des futurs prêtres…”Le chemin est ouvert, mais il est loin d’être achevé”, a affirmé Mgr de Moulins-Beaufort.Mardi matin une table ronde réunira le président de la Ciase Jean-Marc Sauvé, et ceux des deux commissions de réparation décidées en 2021: Marie Derain de Vaucresson pour l’Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) et Antoine Garapon pour la CRR (Commission reconnaissance et réparation).En parallèle du colloque, l’association Mouv’Enfants de victimes de violences sexuelles compte organiser lundi dans un hôtel de Lourdes un “faux procès de l’Eglise et de l’Etat pour crime contre l’humanité”.

L’Eglise fait le point sur sa lutte contre les violences sexuelles

Trois ans et demi après le séisme du rapport Sauvé sur les violences sexuelles dans l’Eglise catholique, la Conférence des évêques de France (CEF) a donné lundi à Lourdes le coup d’envoi d’ un “point d’étape” de deux jours sur la lutte contre ce fléau.En parallèle, le sanctuaire de Lourdes a commencé lundi martin à masquer certaines mosaïques du prêtre slovène Marko Rupnik, accusé d’agressions sexuelles: un “nouveau pas symbolique”, après la décision en juillet de ne plus éclairer les mosaïques la nuit, pour que “l’entrée dans la basilique soit facilitée pour toutes les personnes qui aujourd’hui ne peuvent pas en franchir le seuil”, a expliqué l’évêque de Tarbes-Lourdes, Jean-Marc Micas.Le colloque, rassemblant plus de 300 participants, est organisé en amont de l’assemblée plénière de la CEF, qui élira mercredi un nouveau président.”Notre intention, pendant ce jour et demi, est de mesurer le chemin parcouru, de tracer des perspectives pour la suite”, a affirmé le président de la CEF, Eric de Moulins-Beaufort, dans son discours d’ouverture.Il a remercié les nombreuses victimes présentes: “leur décision de nous parler leur a parfois valu du mépris. Ils et elles nous ont puissamment aidés”.Parmi ces victimes, Nathalie, 69 ans, victime à 14 ans d’un prêtre parisien, s’est dite “un peu étonnée que le terme viol soit très peu utilisé: agression sexuelle pour moi c’est un peu trop policé”.”Les victimes attendent des choses très concrètes”, a ajouté Christian Guéritauld, du collectif Les Voix libérées, après la pose ce mois-ci dans la basilique de Tours d’une plaque en hommage au chef de choeur qui les a agressés.Regis Dubourg, qui a lui joué un rôle de coordinateur, explique être “venu pour vérifier que dans l’institution-Eglise personne ne dise qu’il faut tourner la page”. “Comment cartographier les risques à venir?”, s’est-t-il interrogé.- “Discours de vérité” -Egalement présent, le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz a jugé “important que nous puissions regarder ensemble ce type de réalités”.Hasard de la géographie: le colloque se tient à une vingtaine de kilomètres de l’établissement d’enseignement catholique Notre-Dame-de-Bétharram, au centre de multiples révélations de violences sexuelles.Mgr de Moulins-Beaufort a indiqué avoir rencontré dimanche, “dans la conscience du travail à faire”, Alain Esquerre et Pascal Gélie, du collectif des personnes victimes à Bétharram.L’occasion selon Pascal Gélie, présent au colloque, d’un “discours de vérité”. Il a aussi invité la future direction de la CEF, qui prendra ses fonctions en juillet, à “ne pas tourner la page”.Ce “point d’étape” est organisé trois ans et demi après la publication du rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique) qui a estimé à 330.000 le nombre de mineurs victimes depuis les années 1950. Dans le sillage de ces révélations, l’Eglise avait reconnu sa responsabilité institutionnelle et créé deux instances de reconnaissance pour les victimes ainsi que neuf groupes de travail, qui avaient émis des recommandations en mars 2023.Où en est-on de leur mise en oeuvre? Un rapport présenté au colloque salue “une réelle volonté de changement” même si “c’est forcément un long processus” car “il s’agit d’entrer dans un changement profond de culture”.Parmi les mesures recensées: un cours en ligne sur le “risque d’instrumentalisation de la parole de Dieu”, une “charte de bientraitance pour la protection des mineurs”, un outil d’auto-diagnostic pour les communautés accueillant des mineurs, des procédures d’accueil et de formation des futurs prêtres…”Le chemin est ouvert, mais il est loin d’être achevé”, a affirmé Mgr de Moulins-Beaufort.Mardi matin une table ronde réunira le président de la Ciase Jean-Marc Sauvé, et ceux des deux commissions de réparation décidées en 2021: Marie Derain de Vaucresson pour l’Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) et Antoine Garapon pour la CRR (Commission reconnaissance et réparation).En parallèle du colloque, l’association Mouv’Enfants de victimes de violences sexuelles compte organiser lundi dans un hôtel de Lourdes un “faux procès de l’Eglise et de l’Etat pour crime contre l’humanité”.

Marine Le Pen ou les ambitions contrariées d’une héritière

Marine Le Pen, entravée par la justice dans sa course à l’Elysée, peut à nouveau se poser comme la victime d’un “système” dont elle se dit persécutée, leitmotiv d’une carrière politique de près de trente ans lors de laquelle elle a autant mis en scène ses déboires que sa capacité, jusqu’alors, à les surmonter.”Un procès politique”? En aucun cas, avait-elle d’abord juré, disant “faire confiance en la Justice”.Il s’agissait, pour Marine Le Pen, de parachever une entreprise de “normalisation”, respectueuse des institutions, deux ans avant une quatrième candidature à l’Elysée que les sondages, pour la première fois, lui promettaient potentiellement victorieuse.Mais, lorsque son ciel judiciaire s’est assombri, celle qui avait dit, treize ans plus tôt lors de son accession à la tête du Rassemblement national (ex-FN) “prendre l’ensemble de l’histoire de (son) parti” et “assumer tout”, en retrouvait soudainement les accents outranciers.”C’est ma mort politique qu’on réclame”, se posait-elle en victime d’un “système”, reprenant les antiennes de son père, Jean-Marie Le Pen, qui avaient fait le succès du parti extrémiste dès les années 80.- Mater dolorosa -Née en 1968, elle n’avait que quatre ans lorsque ce patriarche co-fonde le Front national, six ans lors de sa première candidature à la présidentielle, et à peine deux de plus lorsque la famille réchappe à un attentat dans leur appartement parisien.Marine Le Pen, la fille du “diable de la République”, raconte alors une construction personnelle indissociable de son père et de ses idées, rappelant les brimades scolaires ou, adolescente, le brutal départ de sa mère du foyer familial abondamment relayé par les médias.Le piteux score de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle de 2002 (17,79%) la convainc néanmoins que la seule rhétorique de la provocation et de la victimisation du FN est une impasse. D’autant que celle qui a été adoubée par son père pour reprendre le flambeau nourrit une divergence majeure avec lui: Marine Le Pen, elle, veut le pouvoir.La stratégie nouvelle tient en un mot, “dédiabolisation”, qui la conduit notamment à la tête du parti à partir de 2011 à opérer des revirements programmatiques spectaculaires, au risque de l’illisibilité, sur l’Union européenne, l’euro, la peine de mort ou les alliances internationales.Il n’est plus question non plus de prêter le flanc aux critiques en accointances douteuses ou ambiguïtés sur le racisme et l’antisémitisme.Marine Le Pen limoge les éléments les plus radicaux jusqu’à son propre père, en 2015, une tragi-comédie politico-familiale, où elle entend occuper le rôle sacrificiel, diffusée en direct sur les chaînes d’information en continu.Sept ans plus, tard, elle retrouve ces mêmes accents lorsque sa nièce, Marion Maréchal, lui préfère Eric Zemmour pour la présidentielle: “Je l’ai élevée avec ma sÅ“ur pendant les premières années de sa vie”, sanglote-t-elle sur BFMTV – ladite sÅ“ur et mère de Marion, Yann Le Pen, proteste.La figure de mater dolorosa doit procéder d’une “humanisation” de l’aspirante présidente Le Pen, une “honnête mère de famille” qui a surmonté les épreuves politiques et personnelles, proche du peuple et chantre d’une France “apaisée”. A la tête de 120 députés dans une Assemblée nationale éclatée, elle veille encore à incarner “le calme des vieilles troupes”, prérequis de la fonction suprême qu’elle vise.- Passionaria -Le personnage a pourtant ses failles: consciemment ou non, il est régulièrement visité par celui de la passionaria, Marine-la-réprouvée, paria, victime, toujours, de l'”Etat profond” – variante de “l’establishment” cher à son père – que ce soit lorsque le parti est au bord de la faillite ou qu’un “front républicain” se met en place. Jusqu’à ce procès, derrière lequel elle voit la main de l’honnie Union européenne, et qui signe – provisoirement – sa chute politique.Un mois et demi après les réquisitions, la mort de Jean-Marie Le Pen la faisait d’ailleurs revenir sur sa décision de l’exclure, qu’elle “ne se pardonnera jamais”. L’apparente absolution a fait tiquer quelques conseillers. Les diatribes s’accompagnent également du geste, jusqu’à trébucher. N’est-ce pas sa difficulté à se maîtriser qui lui a fait perdre son débat d’entre-deux-tours de la présidentielle de 2017, lorsqu’elle a singé la série “Les envahisseurs” en ricanant à gorge déployée?”C’est parfois plus fort qu’elle”, admet un proche, qui entend lui faire renoncer en public à l’ironie, le second degré et la violence verbale, réputés contre-productifs.Marine Le Pen veut au contraire croire que cette singularité participe des promesses de changement qu’elle doit apporter avec son parti.Mais son mantra, “On a survécu à tout, on survivra encore au reste”, a soudainement perdu de sa superbe, lundi: désormais empêchée de concourir à nouveau à l’Elysée, elle ne peut plus compter que sur une hypothétique décision en appel davantage favorable d’ici 2027, pour espérer retourner l’une des situations les plus délicates de sa carrière.