Séisme: plus de 1.000 morts en Birmanie, recherches tous azimuts pour des survivants

Plus de 1.000 personnes ont perdu la vie en Birmanie dans le puissant séisme de magnitude 7.7 qui a frappé la région vendredi et aussi endeuillé la Thaïlande, selon un nouveau bilan des autorités samedi, tandis que les secours multiplient les efforts pour rechercher des survivants.Le tremblement de terre, peu profond, s’est produit vendredi au nord-ouest de la ville birmane de Sagaing (centre) vers 06H20 GMT (12H50 en Birmanie et 13H20 en Thaïlande), suivi par une réplique de magnitude de 6,4 (révisée ensuite à 6,7) quelques minutes après.Les secousses ont provoqué des scènes de chaos et de désolation en Birmanie, où l’effondrement de maisons, d’immeubles, de ponts ou de sites religieux laissent craindre une catastrophe de grande ampleur dans un pays rendu exsangue par le conflit civil qui dure depuis le coup d’Etat de la junte de 2021.Jamais un séisme d’une telle intensité n’avait frappé la Birmanie depuis des décennies, selon les géologues américains, les secousses étant suffisamment puissantes pour semer la terreur à 1.000 kilomètres de l’épicentre, parmi des millions d’habitants de Bangkok où les séismes sont rarement ressentis.Au moins 1.002 personnes ont été tuées, et 2.376 blessées en Birmanie, a indiqué samedi la junte au pouvoir, en majorité dans la région de Mandalay, la deuxième ville de Birmanie, considérée comme la zone la plus sinistrée. Mais les moyens de communication étant endommagés, l’étendue du désastre reste encore à difficile à évaluer, et le bilan humain pourrait encore fortement s’aggraver.A Mandalay, des journalistes de l’AFP ont vu une pagode vieille de plusieurs siècles réduite à l’état de ruines. “Ca a commencé à secouer, puis c’est devenu sérieux”, a déclaré un soldat à un point de contrôle à l’extérieur du temple.”Le monastère s’est aussi effondré. Un moine est mort. Il y a quelques blessés, on a sorti quelques autres des décombres et les a conduits à l’hôpital.”- Appel au secours -“Personne au monastère n’ose dormir à l’intérieur, parce qu’on a entendu qu’un autre tremblement de terre pourrait se produire. Je n’ai jamais ressenti quelque chose comme ça de ma vie”, a détaillé le militaire.Près de l’aéroport de Mandalay, des agents de sécurité ont refoulé des journalistes. “C’est fermé depuis hier (vendredi)”, a lancé l’un d’eux. “Le plafond s’est effondré mais personne n’a été blessé.”Les destructions sur le site pourraient compliquer les opérations de secours dans un pays, où la guerre civile qui dure depuis le coup d’Etat du 1er février 2021 a décimé le système de santé et isolé ses dirigeants du reste du monde.Le chef de la junte Min Aung Hlaing a lancé un rare appel à l’aide internationale, invitant “tout pays, toute organisation” à venir apporter son secours. Par le passé, les régimes militaire étaient réticents à demander un soutien de l’étranger après des catastrophes naturelles.Les autorités ont déclaré l’état d’urgence dans les six régions les plus affectées. Dans un hôpital de la capitale Naypyidaw, des centaines de blessés ont été pris en charge à l’extérieur en raison des dégâts subis par le bâtiment, ont constaté vendredi des journalistes de l’AFP.Un avion chargé de kits d’hygiène, de couvertures, de nourriture et d’autres produits de première nécessité a atterri samedi à Rangoun, en provenance d’Inde. La Chine a annoncé l’envoi d’une équipe de 82 secouristes. La France, l’Union européenne et l’Indonésie ont aussi proposé leur assistance, tandis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé le déclenchement de son système de gestion des urgences.”Nous allons les aider (…) C’est terrible ce qu’il se passe”, a déclaré le président américain Donald Trump vendredi.Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a transmis ses condoléances aux victimes en Birmanie et en Thaïlande, tandis que le président chinois Xi Jinping a envoyé un message faisant part de “sa profonde tristesse” au chef de la junte.Les agences humanitaires ont prévenu que la Birmanie n’était absolument pas préparée à faire face à une catastrophe de cette ampleur. Le conflit civil a déplacé quelque 3,5 millions de personnes, selon les Nations unies, qui ont prévenu fin janvier que 15 millions de Birmans risquaient de souffrir de la faim en 2025, avant même que le tremblement de terre ne survienne.- Accouchement en plein air -De l’autre côté de la frontière, en Thaïlande, des secouristes se sont relayés toute la nuit à la recherche de survivants dans les décombres d’un bâtiment en construction de 30 étages qui s’est effondré à Bangkok en quelques secondes sous l’effet des secousses. La chute de la tour a englouti des dizaines d’ouvriers, piégés dans une montagne de gravats et de poutres d’acier déformées.Le gouverneur de Bangkok Chadchart Sittipunt a déclaré à l’AFP qu’une dizaine de personnes ont été tuées dans la capitale thaïlandaise, la plupart sur le site de construction, mais prévenu que le bilan pourrait s’alourdir.”Nous faisons de notre mieux avec les ressources que nous avons, parce que chaque vie compte”, a affirmé samedi Chadchart aux journalistes, depuis l’endroit où l’immeuble s’est écroulé, proche du marché de Chatuchak, prisé des touristes.L’opération de secours a déployé des drones à imagerie thermique rechercher des signes de vie parmi les décombres, les autorités pensant avoir détecté des signes de vie d’au moins 15 personnes.La métropole de Bangkok a ordonné le déploiement de plus d’une centaine de spécialistes pour contrôler la sécurité des bâtiments, après avoir reçu plus de 2.000 signalements de dommages.Environ 400 personnes ont passé la nuit de vendredi à samedi dans des parcs ouverts en raison de l’urgence, leurs domiciles n’étant pas assez sûrs pour y retourner, selon le gouverneur.A Bangkok, où les séismes sont extrêmement rares, les secousses ont été illustrées par des images spectaculaires: foule d’habitants évacués dans les rues, ou des piscines sur le toit d’immeubles ou d’hôtels qui débordent.Une femme a dû accoucher en plein air après avoir été évacuée d’un hôpital. Un chirurgien a également continué à opérer un patient à l’extérieur, après qu’il a fallu quitter d’urgence le bloc, a indiqué un porte-parole à l’AFP.burx-ah/lgo

Séisme: plus de 1.000 morts en Birmanie, recherches tous azimuts pour des survivants

Plus de 1.000 personnes ont perdu la vie en Birmanie dans le puissant séisme de magnitude 7.7 qui a frappé la région vendredi et aussi endeuillé la Thaïlande, selon un nouveau bilan des autorités samedi, tandis que les secours multiplient les efforts pour rechercher des survivants.Le tremblement de terre, peu profond, s’est produit vendredi au nord-ouest de la ville birmane de Sagaing (centre) vers 06H20 GMT (12H50 en Birmanie et 13H20 en Thaïlande), suivi par une réplique de magnitude de 6,4 (révisée ensuite à 6,7) quelques minutes après.Les secousses ont provoqué des scènes de chaos et de désolation en Birmanie, où l’effondrement de maisons, d’immeubles, de ponts ou de sites religieux laissent craindre une catastrophe de grande ampleur dans un pays rendu exsangue par le conflit civil qui dure depuis le coup d’Etat de la junte de 2021.Jamais un séisme d’une telle intensité n’avait frappé la Birmanie depuis des décennies, selon les géologues américains, les secousses étant suffisamment puissantes pour semer la terreur à 1.000 kilomètres de l’épicentre, parmi des millions d’habitants de Bangkok où les séismes sont rarement ressentis.Au moins 1.002 personnes ont été tuées, et 2.376 blessées en Birmanie, a indiqué samedi la junte au pouvoir, en majorité dans la région de Mandalay, la deuxième ville de Birmanie, considérée comme la zone la plus sinistrée. Mais les moyens de communication étant endommagés, l’étendue du désastre reste encore à difficile à évaluer, et le bilan humain pourrait encore fortement s’aggraver.A Mandalay, des journalistes de l’AFP ont vu une pagode vieille de plusieurs siècles réduite à l’état de ruines. “Ca a commencé à secouer, puis c’est devenu sérieux”, a déclaré un soldat à un point de contrôle à l’extérieur du temple.”Le monastère s’est aussi effondré. Un moine est mort. Il y a quelques blessés, on a sorti quelques autres des décombres et les a conduits à l’hôpital.”- Appel au secours -“Personne au monastère n’ose dormir à l’intérieur, parce qu’on a entendu qu’un autre tremblement de terre pourrait se produire. Je n’ai jamais ressenti quelque chose comme ça de ma vie”, a détaillé le militaire.Près de l’aéroport de Mandalay, des agents de sécurité ont refoulé des journalistes. “C’est fermé depuis hier (vendredi)”, a lancé l’un d’eux. “Le plafond s’est effondré mais personne n’a été blessé.”Les destructions sur le site pourraient compliquer les opérations de secours dans un pays, où la guerre civile qui dure depuis le coup d’Etat du 1er février 2021 a décimé le système de santé et isolé ses dirigeants du reste du monde.Le chef de la junte Min Aung Hlaing a lancé un rare appel à l’aide internationale, invitant “tout pays, toute organisation” à venir apporter son secours. Par le passé, les régimes militaire étaient réticents à demander un soutien de l’étranger après des catastrophes naturelles.Les autorités ont déclaré l’état d’urgence dans les six régions les plus affectées. Dans un hôpital de la capitale Naypyidaw, des centaines de blessés ont été pris en charge à l’extérieur en raison des dégâts subis par le bâtiment, ont constaté vendredi des journalistes de l’AFP.Un avion chargé de kits d’hygiène, de couvertures, de nourriture et d’autres produits de première nécessité a atterri samedi à Rangoun, en provenance d’Inde. La Chine a annoncé l’envoi d’une équipe de 82 secouristes. La France, l’Union européenne et l’Indonésie ont aussi proposé leur assistance, tandis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé le déclenchement de son système de gestion des urgences.”Nous allons les aider (…) C’est terrible ce qu’il se passe”, a déclaré le président américain Donald Trump vendredi.Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a transmis ses condoléances aux victimes en Birmanie et en Thaïlande, tandis que le président chinois Xi Jinping a envoyé un message faisant part de “sa profonde tristesse” au chef de la junte.Les agences humanitaires ont prévenu que la Birmanie n’était absolument pas préparée à faire face à une catastrophe de cette ampleur. Le conflit civil a déplacé quelque 3,5 millions de personnes, selon les Nations unies, qui ont prévenu fin janvier que 15 millions de Birmans risquaient de souffrir de la faim en 2025, avant même que le tremblement de terre ne survienne.- Accouchement en plein air -De l’autre côté de la frontière, en Thaïlande, des secouristes se sont relayés toute la nuit à la recherche de survivants dans les décombres d’un bâtiment en construction de 30 étages qui s’est effondré à Bangkok en quelques secondes sous l’effet des secousses. La chute de la tour a englouti des dizaines d’ouvriers, piégés dans une montagne de gravats et de poutres d’acier déformées.Le gouverneur de Bangkok Chadchart Sittipunt a déclaré à l’AFP qu’une dizaine de personnes ont été tuées dans la capitale thaïlandaise, la plupart sur le site de construction, mais prévenu que le bilan pourrait s’alourdir.”Nous faisons de notre mieux avec les ressources que nous avons, parce que chaque vie compte”, a affirmé samedi Chadchart aux journalistes, depuis l’endroit où l’immeuble s’est écroulé, proche du marché de Chatuchak, prisé des touristes.L’opération de secours a déployé des drones à imagerie thermique rechercher des signes de vie parmi les décombres, les autorités pensant avoir détecté des signes de vie d’au moins 15 personnes.La métropole de Bangkok a ordonné le déploiement de plus d’une centaine de spécialistes pour contrôler la sécurité des bâtiments, après avoir reçu plus de 2.000 signalements de dommages.Environ 400 personnes ont passé la nuit de vendredi à samedi dans des parcs ouverts en raison de l’urgence, leurs domiciles n’étant pas assez sûrs pour y retourner, selon le gouverneur.A Bangkok, où les séismes sont extrêmement rares, les secousses ont été illustrées par des images spectaculaires: foule d’habitants évacués dans les rues, ou des piscines sur le toit d’immeubles ou d’hôtels qui débordent.Une femme a dû accoucher en plein air après avoir été évacuée d’un hôpital. Un chirurgien a également continué à opérer un patient à l’extérieur, après qu’il a fallu quitter d’urgence le bloc, a indiqué un porte-parole à l’AFP.burx-ah/lgo

Alternative au bois, une start-up tunisienne transforme les grignons d’olives en énergie

Au milieu des oliviers, dans l’atelier de l’ingénieur tunisien Yassine Khelifi, le moteur d’une machine vrombit pour transformer des grignons d’olives en briquettes de chauffage, alternative au bois et source énergétique vitale dans un pays fortement dépendant de ses importations de gaz et pétrole.”Nous extrayons de l’énergie et gagnons de l’argent à partir de déchets organiques mis au rebut”, explique à l’AFP Yassine Khelifi, 36 ans, fondateur de la start-up Bioheat, créée en 2022 dans le village de Sanhaja, près de Manouba (nord-ouest).Montrant des restes de “fitoura”, une pâte compressée de grignons d’olives (peaux, résidus de pulpe, fragments de noyaux), il est fier de “transformer une chose sans valeur en une source de richesse”.Ce matin-là, des ouvriers apportent les grignons par camions, ils sont insérés dans un moule qui fabrique des briquettes cylindriques, mises à sécher pendant 30 jours, au soleil et dans des serres, avant leur emballage pour livraison aux clients.La “fitoura” est utilisée depuis la nuit des temps en Tunisie pour allumer des feux (hammams et boulangeries), dans la cuisine (comme complément alimentaire) ou nourrir les animaux. Mais ces déchets du pressage des olives finissent en majorité dans la nature, polluant les sols.La Tunisie, qui figure parmi les cinq premiers producteurs mondiaux d’huile d’olive avec 340.000 tonnes pour la saison 2024/2025 en cours, génère près du double de déchets “fitoura” (600.000 tonnes cette année).Dans sa campagne natale, Yassine Khelifi a toujours vu les ouvriers du pressoir voisin utiliser la “fitoura”: “je me demandais comment ce matériau pouvait brûler si longtemps sans s’éteindre”.Cela lui donnera l’idée, des années plus tard, de “le transformer en énergie” afin de “réduire l’utilisation de bois de chauffage dans un pays victime de la déforestation et du changement climatique”.Cet ingénieur, analyste d’images satellitaires, s’est mis à son compte en 2015 pour vendre des poêles mais a constaté une pénurie de bois. Dès 2018, il a cherché en Tunisie et en Europe une machine capable de transformer les grignons en briquettes. En vain.Il a décidé de la construire lui-même, testant pendant quatre ans “tous types de moteurs et de pièces détachées”.Jusqu’à l’élaboration d’une briquette avec un taux d’humidité résiduel de 8%, soit environ la moitié de celui du bois de chauffage et “produisant des émissions de CO2 bien inférieures”.Bioheat, qui emploie aujourd’hui une dizaine de salariés, a trouvé des débouchés en Tunisie: des restaurateurs, des hôteliers et certaines écoles mal chauffées des régions déshéritées du nord-ouest, aux températures rigoureuses l’hiver.- “A encourager” -Mais la majorité (60%) de sa production (600 tonnes cette année) est désormais exporté vers la France et le Canada.Selim Sahli, 40 ans, propriétaire d’une maison d’hôtes près de Nabeul (est), est ravi d’avoir basculé du bois aux briquettes cet hiver: “c’est une énergie propre et facile à utiliser et d’un point de vue financier, j’ai réduit mes coûts de chauffage d’un tiers”.Ahmed Harrar, propriétaire d’une pizzeria en banlieue de Tunis, vante d’autres avantages: les briquettes peu humides produisent moins de fumée que le bois, au grand soulagement de ses voisins, et “la +fitoura+ donne à la pizza une saveur particulière”.Selon Noureddine Nasr, ancien expert de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en développement agricole et rural, une meilleure valorisation des grignons “aide à sauvegarder l’environnement, créer de l’emploi et de la richesse”. Ce type de projets sont “à encourager”, dit-il, car cette invention “contribue à réduire les achats énergétiques d’un pays fortement déficitaire”.La Tunisie dépend pour plus de 60% de ses besoins des importations de carburant et de gaz, selon des statistiques officielles. Et les approvisionnements en énergie pèsent sur le budget du pays, endetté à environ 80% de son PIB.Dans la création de sa start-up, Yassine Khelifi a dû affronter “un parcours semé d’embuches”: il a notamment rencontré des difficultés à réunir des fonds, à cause “des taux bancaires élevés”, préférant solliciter son entourage.Mais ses ambitions restent intactes. Il rêve de “devenir un acteur clé de la transition vers les énergies propres en Tunisie et pourquoi pas, à l’échelle mondiale”.

Alternative au bois, une start-up tunisienne transforme les grignons d’olives en énergie

Au milieu des oliviers, dans l’atelier de l’ingénieur tunisien Yassine Khelifi, le moteur d’une machine vrombit pour transformer des grignons d’olives en briquettes de chauffage, alternative au bois et source énergétique vitale dans un pays fortement dépendant de ses importations de gaz et pétrole.”Nous extrayons de l’énergie et gagnons de l’argent à partir de déchets organiques mis au rebut”, explique à l’AFP Yassine Khelifi, 36 ans, fondateur de la start-up Bioheat, créée en 2022 dans le village de Sanhaja, près de Manouba (nord-ouest).Montrant des restes de “fitoura”, une pâte compressée de grignons d’olives (peaux, résidus de pulpe, fragments de noyaux), il est fier de “transformer une chose sans valeur en une source de richesse”.Ce matin-là, des ouvriers apportent les grignons par camions, ils sont insérés dans un moule qui fabrique des briquettes cylindriques, mises à sécher pendant 30 jours, au soleil et dans des serres, avant leur emballage pour livraison aux clients.La “fitoura” est utilisée depuis la nuit des temps en Tunisie pour allumer des feux (hammams et boulangeries), dans la cuisine (comme complément alimentaire) ou nourrir les animaux. Mais ces déchets du pressage des olives finissent en majorité dans la nature, polluant les sols.La Tunisie, qui figure parmi les cinq premiers producteurs mondiaux d’huile d’olive avec 340.000 tonnes pour la saison 2024/2025 en cours, génère près du double de déchets “fitoura” (600.000 tonnes cette année).Dans sa campagne natale, Yassine Khelifi a toujours vu les ouvriers du pressoir voisin utiliser la “fitoura”: “je me demandais comment ce matériau pouvait brûler si longtemps sans s’éteindre”.Cela lui donnera l’idée, des années plus tard, de “le transformer en énergie” afin de “réduire l’utilisation de bois de chauffage dans un pays victime de la déforestation et du changement climatique”.Cet ingénieur, analyste d’images satellitaires, s’est mis à son compte en 2015 pour vendre des poêles mais a constaté une pénurie de bois. Dès 2018, il a cherché en Tunisie et en Europe une machine capable de transformer les grignons en briquettes. En vain.Il a décidé de la construire lui-même, testant pendant quatre ans “tous types de moteurs et de pièces détachées”.Jusqu’à l’élaboration d’une briquette avec un taux d’humidité résiduel de 8%, soit environ la moitié de celui du bois de chauffage et “produisant des émissions de CO2 bien inférieures”.Bioheat, qui emploie aujourd’hui une dizaine de salariés, a trouvé des débouchés en Tunisie: des restaurateurs, des hôteliers et certaines écoles mal chauffées des régions déshéritées du nord-ouest, aux températures rigoureuses l’hiver.- “A encourager” -Mais la majorité (60%) de sa production (600 tonnes cette année) est désormais exporté vers la France et le Canada.Selim Sahli, 40 ans, propriétaire d’une maison d’hôtes près de Nabeul (est), est ravi d’avoir basculé du bois aux briquettes cet hiver: “c’est une énergie propre et facile à utiliser et d’un point de vue financier, j’ai réduit mes coûts de chauffage d’un tiers”.Ahmed Harrar, propriétaire d’une pizzeria en banlieue de Tunis, vante d’autres avantages: les briquettes peu humides produisent moins de fumée que le bois, au grand soulagement de ses voisins, et “la +fitoura+ donne à la pizza une saveur particulière”.Selon Noureddine Nasr, ancien expert de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en développement agricole et rural, une meilleure valorisation des grignons “aide à sauvegarder l’environnement, créer de l’emploi et de la richesse”. Ce type de projets sont “à encourager”, dit-il, car cette invention “contribue à réduire les achats énergétiques d’un pays fortement déficitaire”.La Tunisie dépend pour plus de 60% de ses besoins des importations de carburant et de gaz, selon des statistiques officielles. Et les approvisionnements en énergie pèsent sur le budget du pays, endetté à environ 80% de son PIB.Dans la création de sa start-up, Yassine Khelifi a dû affronter “un parcours semé d’embuches”: il a notamment rencontré des difficultés à réunir des fonds, à cause “des taux bancaires élevés”, préférant solliciter son entourage.Mais ses ambitions restent intactes. Il rêve de “devenir un acteur clé de la transition vers les énergies propres en Tunisie et pourquoi pas, à l’échelle mondiale”.

“En un éclair” : un survivant décrit l’effondrement d’une tour à Bangkok abattue par un séisme

Un ouvrier a raconté samedi à l’AFP avoir échappé de peu à la mort après l’effondrement “en un éclair” d’une tour en chantier à Bangkok, causé par un puissant séisme vendredi qui a tué au moins 700 personnes en Birmanie et en Thaïlande.Des proches des ouvriers qui travaillaient au moment du drame se sont rassemblés samedi autour des débris de l’édifice en construction de 30 étages qui devait abriter des bureaux du gouvernement, en quête d’informations.”Quand mon service s’est terminé vers 13h, je suis sorti chercher de l’eau et j’ai croisé mon petit frère”, raconte à l’AFP Khin Aung, ouvrier sur le chantier.Le séisme de magnitude 7,7, dont l’épicentre est situé en Birmanie, a touché Bangkok vers 13h20 (6h20 GMT).”Quand je suis sorti, j’ai vu de la poussière partout et j’ai juste couru”, poursuit Khin Aung.”J’ai appelé mon frère et des amis en visio, mais un seul a répondu. Je ne pouvais pas voir son visage et je l’entendais courir”. “A ce moment-là, tout le bâtiment a commencé à trembler, et, alors que j’étais en train de l’appeller, la communication a coupé et le bâtiment s’est effondré”.Les autorités estiment que près de 100 ouvriers sont restés piégés, n’ayant pas pu s’échapper à temps. Seuls cinq corps ont été retrouvés pour l’heure.”C’est arrivé en un éclair”, explique Khin Aung.”Tous mes amis et mon frère se trouvaient dans le bâtiment quand il s’est effondré. Je n’ai pas les mots”.- “Je veux les voir” -A Bangkok, la skyline est en perpétuelle transformation, avec des bâtiments régulièrement démolis et supplantés par de nouveaux gratte-ciels flamboyants.Une armée d’ouvriers permet ce rythme rapide de construction, dont une grande partie vient de la Birmanie voisine en proie à la guerre civile. Les ouvriers birmans sont attirés en Thaïlande par la perspective d’un travail régulier, un meilleur salaire et un pays en paix.Parmi eux, Khin Aung et son frère, qui est marié et père de deux enfants, travaillaient à Bangkok depuis six mois.”J’ai entendu dire qu’ils avaient envoyé 20 ouvriers à l’hôpital, mais je ne sais pas qui ils sont, ni si mes amis et mon frère en font partie”, dit-il. “J’espère que mon frère et mes amis sont à l’hôpital. S’ils y sont, j’ai de l’espoir. S’ils sont dans les décombres, il n’y a aucun espoir”.Chanpen Kaewnoi, une Thaïlandaise de 39 ans, attend elle anxieusement des nouvelles de sa mère et de sa soeur, qui étaient dans le bâtiment lorsqu’il s’est effondré.”Une collègue m’a appelée et m’a dit qu’elle ne trouvait ni ma mère ni ma soeur. Je me suis dit que ma mère a peut-être glissé et que ma soeur est restée pour l’aider”, relate-t-elle à l’AFP.”Je veux les voir, j’espère les retrouver (…). J’ai encore de l’espoir, à 50%.”Tandis que les familles s’accrochent à un dernier espoir, les secouristes fouillent les ruines – une tâche délicate, compliquée par l’instabilité des décombres et la crainte de répliques.

Marine Le Pen dans l’attente d’un jugement qui peut faire basculer sa carrière politique

Attendue par ses juges lundi matin pour connaître son sort judiciaire dans l’affaire des assistants d’eurodéputés, Marine Le Pen joue son avenir politique depuis que le parquet a réclamé son inéligibilité immédiate, qui l’empêcherait de concourir à la présidentielle de 2027.”C’est un monde qui peut s’effondrer… L’Histoire se joue lundi”: parmi la garde rapprochée de la patronne de l’extrême droite française, le compte à rebours tourne au supplice chinois. La prévenue Marine Le Pen – outre l’inéligibilité, cinq ans d’emprisonnement dont deux fermes et 300.000 euros d’amende ont été requis contre elle au terme d’un procès long de deux mois à l’automne – jure de son côté ne pas y penser “du tout”.Dans Le Figaro, cette semaine, elle répétait son mantra, “la peur n’écarte pas le danger”, rare expression publique sur cette échéance que, dans les troupes lepénistes, on estime malgré tout impréparée.”Il y a un côté amateur…”, s’agace un influent député RN, en rembobinant un film qu’il juge mal monté: “D’abord, on a dit que c’était pas un procès politique pour, en fait, après les réquisitions dire: +Si, quand même, un peu…+”. Le scénario s’est révélé, selon le même, mal écrit: “Ce procès a révélé que si vous ne travaillez pas, vous ne pouvez pas prouver que vous avez travaillé…””Et puis il y a eu quoi depuis la fin du procès?”, interroge-t-il. “Un 20H de TF1, le hashtag +Je soutiens Marine+ sur Twitter… et puis c’est tout.”Qui sera présent lundi aux côtés de Marine Le Pen dans la salle d’audience pour lui témoigner de son soutien? “On ne sait pas, on ne nous dit rien, on ne nous demande rien, parce qu’on en parle pas: tout le monde fait le tatou, en se rentrant dans sa carapace, et le sujet est tabou”, illustre un autre proche, qui glisse au passage “ne pas comprendre” que Jordan Bardella ne daigne pas s’afficher aux côtés de sa mentor au palais de justice.Une réunion devrait néanmoins avoir lieu ce week-end autour du président du RN pour déterminer les “éléments de langage”.- “Plan B” comme Bardella -Quoi qu’il arrive, Marine Le Pen sera confrontée à une équation à multiples inconnues une fois la décision connue.Si les magistrats du tribunal correctionnel devaient la condamner, la députée du Pas-de-Calais a assuré dans Le Figaro qu’elle “défendra à nouveau (son) innocence” en interjetant appel.Ses proches s’interrogent néanmoins tout haut quant à l’opportunité d’un deuxième procès si aucune peine d’inéligibilité n’était prononcée, ou si l’empêchement de se présenter aux élections était inférieur à deux ans, ce qui lui permettrait de recouvrer ses droits civiques suffisamment tôt pour concourir à la prochaine présidentielle. Inconvénient: ne pas faire appel d’une condamnation reviendrait à admettre sa culpabilité.Une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire, c’est-à-dire immédiate, ainsi que l’a réclamé le parquet pour les cinq prochaines années, ouvrirait par ailleurs un abysse d’incertitudes.Seule une hypothétique décision en appel davantage clémente pourrait alors lui permettre de se placer sur la ligne de départ pour 2027… à condition que ce deuxième procès ait lieu avant l’échéance électorale. “Et puis si elle est condamnée à l’exécution provisoire, ça fait une préparation à la présidentielle particulière, quand même, c’est une épée de Damoclès”, observe un proche.Un autre, pessimiste, convoque pour commenter cette affaire l’antienne lepéniste du “Système”, supposément derrière les malheurs du parti à la flamme, qu’il compare “au bus du film Speed: ils ne peuvent plus s’arrêter, sinon le bus explose”. Manière de s’attendre à une lourde condamnation.Jusqu’à imaginer que Marine Le Pen renonce? “Non. Le verbe est créateur”, coupe court un député, refusant l’évocation même de cette hypothèse. Si l’idée d’un “plan B”, comme Bardella, pour porter les couleurs du parti dès la présidentielle de 2027 est réclamée par certains militants – aucun cadre, en revanche, ne s’y risque.L’opinion publique, si: dans une étude Ifop-Fiducial parue début mars, 60% des Français pronostiquaient une candidature de Jordan Bardella à la présidence de la République dans deux ans. Mieux, 43% la “souhaitent”. Un point de plus que Marine Le Pen.

Musk annonce que sa start-up d’intelligence artificielle xAI a racheté X

Elon Musk a annoncé vendredi que sa start-up d’intelligence artificielle (IA) générative, xAI, avait acquis X, son réseau social, “dans le cadre d’une transaction entièrement en actions”, qui valorise la plateforme à 33 milliards de dollars hors dette.”Les avenirs de xAI et de X sont intimement liés”, a-t-il assuré dans un message sur X. Le patron de Tesla et SpaceX avait racheté Twitter fin 2022 pour 44 milliards de dollars et s’est servi du réseau social notamment pour faire campagne pour Donald Trump.Selon le milliardaire, combiner les données, les modèles d’IA, les capacités informatiques et les ressources humaines des deux entreprises va permettre à la nouvelle entité de proposer des “services plus intelligents et plus rentables”.Il estime qu’associer “les capacités et l’expertise de xAI en matière d’IA avancée à la portée massive de X” va “libérer l’immense potentiel” de la société.Plus de 600 millions d’utilisateurs se servent de X, a-t-il affirmé, sans donner de fréquence.L’opération “valorise xAI à 80 milliards de dollars et X à 33 milliards de dollars (45 milliards moins 12 milliards de dollars de dettes)”, a-t-il encore indiqué.L’entrepreneur a fondé xAI en 2023, en réaction au succès de ChatGPT, le pionnier de l’IA générative lancé fin 2022 par OpenAI, une start-up qu’il avait contribuée à fonder avant de couper les ponts avec les autres fondateurs.xAI a mis au point son propre chatbot, Grok, qui a l’avantage d’être alimenté par l’ensemble des conversations sur X. Il est censé donner des réponses moins “woke” et faire plus d’humour.Sur le réseau social Twitter, rebaptisé X, Elon Musk a autorisé les propos haineux et la désinformation au nom de la liberté d’expression, faisant fuir une partie des marques inquiètes du contexte dans lequel leurs messages apparaissent.- Croissance “alimentée par la peur” -Selon le cabinet Emarketer, les annonceurs reviennent désormais sur X, qui devrait voir ses recettes publicitaires progresser cette année pour la première fois depuis 2021, autour de 17,5% aux Etats-Unis.”Mais une partie de cette croissance est alimentée par la peur”, a souligné l’analyste Jasmine Enberg, citée dans un communiqué mercredi.”De nombreux annonceurs considèrent les dépenses sur X comme un coût d’exploitation afin d’atténuer le risque potentiel de répercussions juridiques ou financières” s’ils n’achetaient pas d’espaces publicitaires sur le réseau social, a-t-elle détaillé.Elon Musk est devenu l’un des soutiens financiers et politiques les plus importants de Donald Trump en quelques mois de campagne l’année dernière.De retour au pouvoir, le président américain lui a confié une commission à l’efficacité gouvernementale, qui licencie les fonctionnaires en grand nombre et démantèle des agences fédérales et ministères afin de tailler dans les dépenses publiques.De nombreuses autres grandes entreprises, notamment dans les technologies, ont pris des mesures pour s’aligner avec le gouvernement, en supprimant les programmes de promotion de la diversité ou en assouplissant la modération des contenus dans la direction souhaitée par les républicains.”Les contenus haineux et controversés qui on fait fuir les annonceurs de X ne sont toujours pas acceptables, mais on a le sentiment qu’ils pourraient devenir inévitables”, a commenté Jasmine Enberg.L’homme le plus riche au monde a conclu son message sur X vendredi en affirmant que la fusion de ses deux entreprises va permettre de “construire une plateforme qui ne se contente pas de refléter le monde, mais qui accélère activement le progrès humain”.Â