La Bourse de Paris recule, entre résultats et menaces douanières de Trump

La Bourse de Paris cède du terrain jeudi, digérant les résultats du mastodonte Nvidia et d’une série d’entreprises françaises, ainsi que les dernières menaces douanières de Donald Trump visant l’Union européenne.Le CAC 40 cédait vers 9H50 (heure de Paris) 0,76% à 8.082,02 points, en recul de 61,96 points. La veille, l’indice vedette français avait pris 1,15% à 8.143,92 points.Les investisseurs décortiquent les résultats de Nvidia, champion américain des microprocesseurs, deuxième capitalisation mondiale et baromètre de l’intelligence artificielle, publiés mercredi soir.Le groupe a fait mieux qu’attendu au quatrième trimestre de son exercice décalé, avec un bénéfice net de 22,1 milliards de dollars, et s’est montré encourageant quant à la demande de semi-conducteurs.Mais les marchés “espéraient un résultat encore plus important”, estime Jacob Falkencrone, de Saxo Banque.La publication était attendue au tournant, dans un contexte de doutes ces dernières semaines sur les perspectives de croissance réelle des secteurs liés au développement de l’intelligence artificielle. Ce sentiment s’est accru depuis que le chinois DeepSeek a revendiqué le développement d’un modèle aussi performant que ses concurrents américains, avec beaucoup moins de ressources.Dans ce contexte, “les marchés sont de plus en plus difficiles à impressionner”, explique Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.Autre point d’attention: les nouvelles menaces douanières de Donald Trump.Le président américain a annoncé mercredi, à l’occasion de la première réunion de son cabinet à la Maison Blanche, que les produits européens feraient l’objet “prochainement” de 25% de droits de douane.Mais “on ne sait pas encore exactement contre quels secteurs et produits les États-Unis vont prendre des mesures”, relève Andreas Lipkow, analyste indépendant.Les marchés scruteront aussi la publication dans la matinée des “minutes”, compte rendu de la dernière réunion de la Banque centrale européenne (BCE).Dans ce contexte, le taux d’intérêt de l’emprunt à dix ans français atteignait vers 9H50 3,16%, contre 3,14% la veille en clôture. Son équivalent allemand, référence en Europe, restait stable à 2,43%.Les investisseurs digèrent enfin une série de résultats.Eiffage dynamiqueLe groupe de BTP, d’infrastructures et concessions de transport Eiffage (+5,67% à 96,52 euros vers 9h50) a réalisé une année 2024 dynamique, avec une hausse de 2,8% de son bénéfice net (1,04 milliard d’euros) porté par l’activité travaux.Arkema déçoitLe chimiste Arkema cédait 5,45% à 78,85 euros, après un bénéfice net ayant reculé de 15,3% à 354 millions d’euros.EngieL’énergéticien français Engie (+5,60% euros à 17,45 euros) a revu à la hausse ses perspectives pour 2025 après une année marquée par une activité “record” dans les renouvelables et une forte performance opérationnelle et financière, dans un contexte de baisse des prix de l’énergie.SEB dévisseLe groupe d’électroménager SEB perdait, lui, 10,80% à 83,70 euros. L’entreprise a dégagé un bénéfice net en forte baisse pour 2024.

Après Mohamed Amra, de premiers complices présumés du narcotrafiquant présentés jeudi à la justice

Après le narcotrafiquant Mohamed Amra, mis en examen mardi à Paris et incarcéré dans une prison ultra-sécurisée, le tour de ses complices présumés ? Des juges d’instruction parisiens doivent décider jeudi du sort d’une première vague de potentiels soutiens de sa sanglante évasion en mai 2024.L’arrestation de celui qui est surnommé “La Mouche”, samedi en Roumanie, a donné le feu vert à plusieurs séries d’interpellations, en France, mais aussi à l’étranger.Au total, 28 personnes ont été placées en garde à vue en France. Vingt-deux l’étaient toujours mercredi en début de soirée, a indiqué la procureure de Paris, Laure Beccuau, sur France 5. Une source proche du dossier a affirmé plus tard dans la soirée à l’AFP que trois nouvelles remises en liberté avaient été décidées, et que 19 personnes restaient en garde à vue. Une dizaine de suspects doivent être présentés à la justice jeudi, selon le parquet de Paris. Par ailleurs, deux personnes ont été arrêtées au Maroc et une en Espagne ces derniers jours. Les formalités d’extradition ou de remise à la France “sont en cours”, selon le parquet. Parmi la vingtaine de mis en cause, dont certains viennent de Normandie, se trouvent “une partie des suspects” des meurtres des deux agents pénitentiaires à Incarville (Eure) en mai dernier lors de l’évasion de Mohamed Amra, a déclaré la procureure de Paris.Mais pas que. Au cours des neuf mois d’investigations, les enquêteurs, au premier rang desquels l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO), ont cherché à identifier l’ensemble des personnes ayant pu aider à la préparation, à l’évasion puis à la dissimulation de Mohamed Amra. Les personnes arrêtées ont des “profils extrêmement différents”, a également souligné Mme Beccuau sur France 5.”On peut considérer qu’autour de lui, M. Amra a su recruter une équipe de fidèles qui ont su recruter des gens avec des spécialisations: vol de véhicules, maquillage, téléphonie…”, a-t-elle détaillé.”Chacun a eu un moment ou à un autre son rôle dans cette fuite, cette évasion”, a-t-elle ajouté. – “Quelqu’un que l’on hait” -Le 14 mai 2024, le détenu multirécidiviste avait été extrait de sa cellule en Normandie pour être amené à un juge d’instruction qui devait l’interroger.Un commando en avait alors profité pour attaquer, à la voiture-bélier et au fusil d’assaut, le fourgon pénitentiaire au péage d’Incarville pour le libérer, tuant deux agents pénitentiaires, Arnaud Garcia et Fabrice Moello, et en blessant trois autres.La France avait alors découvert l’existence de Mohamed Amra: adolescent voyou, condamné pour la première fois à 13 ans pour vols aggravés et qui a progressivement “dérivé vers la violence”, pour rejoindre la grande criminalité organisée, d’après un rapport de l’Inspection générale de la justice (IGJ).Autour de lui, Laure Beccuau a évoqué la présence “d’un certain nombre de personnes qui peuvent appartenir” à la “Black Mafia Family”, une organisation criminelle basée en Normandie, spécialisée dans le trafic de stupéfiants, “dont l’activité mérite d’être creusée”.Avant son évasion, Mohamed Amra était déjà mis en examen dans deux informations judiciaires de nature criminelle. Et d’après l’IGJ, la justice le soupçonnait aussi d’être “impliqué dans cinq autres procédures” judiciaires.Arrêté samedi à Bucarest sous mandat d’arrêt européen, Mohamed Amra, qui aura 31 ans le 10 mars, a été transféré mardi en France par avion et mis en examen par des magistrats instructeurs de la Junalco (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) pour meurtres, tentative de meurtres, évasion, vol et recel de vol, le tout en bande organisée, ainsi que pour association de malfaiteurs.Incarcéré à l’isolement dans la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe, il est confronté à “des consignes d’extrême fermeté”, selon le ministre de la Justice Gérald Darmanin.Parmi les mesures: une unique “heure de promenade par jour, seul, sans jamais croiser un autre détenu” et pour ses proches ou son avocat, “trois visites par semaine, extrêmement contrôlées, avec des fouilles systématiques”. Son avocat, Hugues Vigier, a indiqué au journal Paris Normandie que son client était “arrivé très désorienté” en France.”J’espère qu’il a mesuré le drame qu’il a créé” et saisi “qu’un pays entier va le regarder comme quelqu’un que l’on hait profondément”, a ajouté Me Vigier.bur-gd-tll-clw/mby/asl/vgu

Asian markets mixed after latest Trump tariff threat

Asian markets fluctuated on Thursday as investors tried to assess US President Donald Trump’s latest tariffs salvo, while earnings from chip titan Nvidia failed to impress, despite another record performance.Hong Kong again started as the region’s standout performer, with the Hang Seng Index (HSI) chalking up a 20 percent year-to-date gain — pushing it above 24,000 points for the first time since 2022 — thanks to another outstanding performance by Chinese tech giants.But traders soon took their cash off the table and left the HSI swinging in and out of positive territory before ending in the red, scenes mirrored elsewhere in Asia.The uneven start to the day came after Trump warned he would hit the European Union with 25 percent tariffs.However, he caused some confusion over the timing and extent of other measures announced against Canada and Mexico, with analysts saying there was still some debate on whether he will delay implementation or water down his plans.The threat against Brussels comes after Trump went back on the offensive over trade and signed a memo last weekend calling for curbs on Chinese investments in industries including technology and critical infrastructure, healthcare and energy.Still, economists at Schroders said they were optimistic that the White House’s economic policies will be milder than Trump had espoused when running for president.”Our ‘Aggressive Trump’ scenario, that assumes high trade tariffs and large deportations, would be stagflationary for the US economy and probably tip the rest of the world into recession,” they said in a note.”But upside risks are also emerging. DeepSeek could speed up the adoption of AI, macroeconomic reform has come back onto the agenda for governments desperate to find growth and bank lending shows signs of life,” they added, referring to the Chinese startup that upended the AI universe with its chatbot last month.”Steep falls in oil prices could also conceivably relieve inflation pressures later in 2025.”Much of Asia spent the day flitting in and out of positive territory.Hong Kong finished down following a thundering start to the year, while Singapore, Seoul, Taipei, manila, Bangkok and Jakarta also experienced losses.London, Frankfurt and Paris opened lower.However, Shanghai, Sydney, Wellington and Mumbai edged up.Tokyo also rose, though 7-Eleven owner Seven & i tumbled 11 percent after the convenience store giant said its founding family failed to put together a white-knight buyout.The firm rejected an offer last year worth nearly $40 billion from Canadian rival Alimentation Couche-Tard (ACT), which would have been the biggest foreign buyout of a Japanese firm.There was no spark from Nvidia’s earnings, despite the firm reporting a record $39.3 billion in revenue in the fourth quarter and CEO Jensen Huang touting “amazing” interest in its latest Blackwell chip technology.Traders are gearing up for a key meeting of Chinese leaders next week, when they are expected to hammer out their annual economic plan amid expectations they will again target five percent growth this year, the same as in 2024.”Policymakers tend to attach high importance to accomplishing this goal, and since targets were started in 1990, growth has only fallen notably short of target twice, in 1990 and 2022,” said Lynn Song, chief China economist at ING.”The strength of fiscal and monetary support tends to align with the year’s growth target, so a stronger target implies we will also see stronger stimulus measures and vice versa.”- Key figures around 0815 GMT -Tokyo – Nikkei 225: UP 0.3 percent at 38,256.17 (close)Hong Kong – Hang Seng Index: DOWN 0.3 percent at 23,718.29 (close)Shanghai – Composite: UP 0.2 percent at 3,388.06 (close)London – FTSE 100: DOWN 0.4 percent at 8,693.53Euro/dollar: DOWN at $1.0474 from $1.0480 on TuesdayPound/dollar: DOWN at $1.2668 from $1.2672Dollar/yen: UP at 149.17 from 149.13 yenEuro/pound: DOWN at 82.68 pence from 82.70 pence West Texas Intermediate: UP 0.4 percent at $68.92 per barrelBrent North Sea Crude: UP 0.4 percent at $72.79 per barrelNew York – Dow: DOWN 0.4 percent at 43,433.12 (close)

En Autriche, l’extrême-droite tisse sa toile médiatique

Quand le chef de l’extrême droite autrichienne Herbert Kickl a annoncé plus tôt en février son échec à former un gouvernement, le site internet AUF1 y a vu un complot de “l’élite mondialiste” pour l’empêcher de devenir chancelier.Pas un mot sur son intransigeance, son refus du compromis qui ont fait tourner court les négociations avec les conservateurs, selon le récit livré par les journaux, radios et télévisions.Une version différente de l’histoire, quitte à s’arranger avec les faits: c’est justement ce qui plaît aux destinataires de ces médias dits “alternatifs”, de plus en plus populaires dans le pays alpin et au-delà dans les démocraties libérales. “Partout ailleurs, on nous ment depuis des années”: cet avis, confié au quotidien Der Standard par des sympathisants du parti nationaliste FPÖ lors d’une manifestation cet hiver, se répand comme une traînée de poudre dans la société et a favorisé une victoire historique de l’extrême droite aux législatives fin septembre.Le Parti autrichien de la liberté (FPÖ) a fini premier avec près de 29% des voix et a été chargé pour la première fois de mener les pourparlers en vue de bâtir une coalition. S’ils n’ont pas abouti, c’est un plafond de verre que cette formation fondée par d’anciens nazis a brisé.- “Maison des médias FPÖ” -Son succès, M. Kickl le doit en partie au réseau médiatique qu’il a renforcé depuis la prise en main en 2021 d’un mouvement enrichi par l’argent public récolté au gré de ses victoires électorales. Il y a d’abord les organes de presse directement contrôlés par le FPÖ: une chaîne sur YouTube, revendiquant quelque 230.000 abonnés et plus de 80 millions de vues sur les trois dernières années, un journal, des comptes Facebook, Instagram et TikTok.”Nous sommes vraiment présents sur tous les canaux afin d’informer la population sans filtre et en toute véracité”, déclarait mi-janvier le secrétaire général du parti, Christian Hafenecker, en se réjouissant de “l’énorme portée” de ce projet intitulé “la maison des médias FPÖ”.Cet écosystème s’est considérablement étendu avec l’émergence de chaînes régionales pas officiellement rattachées au parti, qui prospèrent depuis la pandémie de Covid-19. “Nous avons été poussés vers l’extrême droite au fur et à mesure de notre couverture des manifestations” contre les strictes mesures du gouvernement contre le virus, explique à l’AFP le directeur général de RTV, Christian Schott.”Qu’il s’agisse du Covid ou du changement climatique, nous menons nos propres recherches, loin de la pensée dominante”, argue-t-il. Une ligne éditoriale qui lui a permis de décrocher la première interview d’Herbert Kickl après les législatives, aux côtés de la plateforme AUF1.- Le “modèle” hongrois – Rétif à la contradiction, le chef du FPÖ affectionne aussi ce média, né dans la même région de Haute-Autriche et devenue “un média phare dans la sphère complotiste germanophone”, selon un récent rapport du Centre de documentation et d’archives sur la résistance (DÖW) publié par le gouvernement.Son fondateur Stefan Magnet est très proche du FPÖ et était même présent lors de la signature en 2016 d’un accord avec la formation Russie unie de Vladimir Poutine. Mais il nie tout financement par le parti de Kickl ou par Moscou, invoquant des dons privés.Si AUF1 n’a pas répondu aux sollicitations, un autre média, Info-Direkt, a accepté de détailler ses méthodes, tout en ciblant l’AFP publiquement en diffusant ses questions sur son site.Thèmes “patriotiques”, lutte contre les “échanges de population, la confusion sexuelle de nos enfants et l’hystérie climatique”, “fin du bellicisme” en Ukraine: Info-Direkt dit vouloir décliner l’ensemble des sujets chers à l’extrême droite face aux “fausses infos” répandues par les médias établis.Dans son programme gouvernemental, le FPÖ avait prévu de mettre à la diète la télévision publique ORF, vue comme un symbole de la “propagande d’extrême gauche”.”Renforcer l’univers médiatique parallèle” tout en attaquant les voix “pas alignées sur son idéologie”: voilà la stratégie du parti, résume l’experte Daniela Kraus, responsable du club de presse Concordia, “inquiète devant la spirale descendante du discours public”. Pour Herbert Kickl, le “modèle” à suivre est celui du Premier ministre nationaliste Viktor Orban qui, dans la Hongrie voisine, a mis au pas les médias en 14 ans de pouvoir. “Il a prouvé qu’une alternative était possible. Pourquoi ne ferions-nous pas la même chose ?”, lance M. Hafenecker, alors que le parti réclame de nouvelles élections après l’échec des négociations.

Au Sri Lanka, le lourd bilan des conflits entre éléphants et humains

Les conflits entre villageois et éléphants ont causé la mort de 1.200 humains et 3.500 pachydermes ces dix dernières années au Sri Lanka, a révélé jeudi le gouvernement, qui a promis des mesures d’urgence pour améliorer leur cohabitation.De 2015 à 2024, un total de 1.195 personnes et de 3.484 éléphants ont été tués dans le pays lors d’incidents survenus entre humains et animaux, a annoncé le ministre de l’Environnement Dammika Patabendi pendant le débat budgétaire au Parlement.”Nous allons dépenser plus d’argent pour réduire ces conflits”, a-t-il promis devant les parlementaires, “et espérons ainsi pouvoir améliorer la situation rapidement”.Entre autres mesures, il a évoqué la construction de nouvelles barrières électriques et le déploiement de gardes-chasse supplémentaires pour protéger les villages des attaques de pachydermes.Un élu de l’opposition, Nalin Bandara, a jugé les chiffres du ministre choquants et exhorté son gouvernement à mieux protéger les populations.Il a notamment fait valoir que le traitement des carcasses d’éléphants avait coûté à l’Etat quelque 11 millions d’euros en dix ans, contre seulement 4 millions pour l’indemnisation de leurs victimes.Abattre ou simplement blesser un éléphant est considéré comme un crime par la loi srilankaise.L’île d’Asie du Sud en compte officiellement 7.000 têtes sur son territoire, considérés comme un trésor national dans ce pays majoritairement bouddhiste. Mais ils causent de graves dommages aux cultures et aux habitations dans les villages.Nombre d’entre eux sont tués, abattus, électrocutés ou empoisonnés par leurs habitants qui tentent de se protéger de leurs incursions.D’autres pachydermes sont tués par les trains. La semaine dernière, sept d’entre eux ont ainsi trouvé la mort lors d’un choc avec un train dans la région de Habarana (est du pays).Les éléphants d’Asie sauvages sont considérés comme une espèce menacée par l’Union internationale de conservation de la nature (UICN).Leur nombre est estimé à 26.000 dans le monde, dont 60 à 70% dans la seule Inde.

Birmanie: l’attente angoissante des milliers de petites mains des centres de cyberfraude

Tourmentés par la chaleur la journée, et les moustiques la nuit, des milliers de travailleurs exploités dans des centres de cyberfraude birmans attendent de rentrer chez eux, mais les opérations de rapatriement tardent à leurs yeux.”La situation n’est vraiment pas bonne. On ne peut pas aller aux toilettes, ni prendre une douche, il y a beaucoup de moustiques et il fait très chaud”, explique un Malaisien de 18 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom.”J’espère pouvoir contacter mes parents rapidement pour rentrer” à la maison, poursuit-il auprès de l’AFP.Lancée mi-février, une opération d’envergure, organisée par la Birmanie, la Thaïlande et la Chine, vise à rapatrier plus de 7.000 petites mains des centres de cyberfraude qui pullulent autour de Shwe Kokko, Eldorado birman pour les escrocs en tous genres, situé sur la frontière thaïlandaise.Si un premier groupe d’environ 600 Chinois ont regagné leur pays entre le 20 et le 22 février, les tractations se poursuivent pour une grande partie des travailleurs, désespérés du cauchemar qui semble sans fin.L’AFP a pu en rencontrer certains à Myawaddy, près de Shwe Kokko, où ils patientent dans des centres grossièrement construits, sans accès aux points d’hygiène élémentaires, ni téléphone portable pour certains.Lorsqu’ils ne dorment pas à même le sol, certains jouent aux cartes pour passer le temps. Les autorités n’ont pas précisé de calendrier, devant la complexité d’un dossier hors normes.- A l’étroit -Les Forces des gardes-frontières (BGF) de l’Etat Karen, une milice ethnique qui contrôle la région de Shwe Kokko avec la bénédiction de la junte, ont promis une expulsion rapide vers la Thaïlande, mais Bangkok doit se coordonner avec une trentaine d’ambassades pour finaliser leur rapatriement.Certains pays n’ont pas de représentant dans le royaume, a indiqué un vice-Premier ministre thaïlandais.Plus de deux tiers des victimes sont chinoises, mais les autres viennent de nombreux autres territoires d’Asie et d’Afrique: Vietnam, Indonésie, Philippines, Inde, Ethiopie, Kenya ou Ghana, entre autres.”Les gens doivent rester les uns sur les autres”, a déclaré Naing Maung Zaw, porte-parole des BGF.”Nous devons cuisiner trois repas pour des milliers de personnes, et nous occuper des soins de santé”, a-t-il insisté.Aux pays concernés, “s’il vous plaît, venez et rapatriez vos citoyens qui veulent rentrer chez eux”, a-t-il appelé.Les centres de cyberfraude se sont multipliés en Birmanie, en profitant de la guerre civile qui fait rage depuis le coup d’Etat du 1er février 2021.Ces complexes, bâtis comme des forteresses, génèrent des milliards de dollars de revenus par an, selon les experts, grâce à une main-d’oeuvre captive, attirée par la fausse promesse d’un emploi rémunérateur.- “Conscience tranquille” -Sur place, les conditions de travail laissent cours à de graves violations des droits humains: violences physiques et sexuelles, confiscation du passeport, menace de prélèvement d’organes, ont détaillé les Nations unies dans un rapport de 2023.Les centres de cyberfraude emploieraient au moins 120.000 petites mains en Birmanie, a indiqué l’ONU.”Si tu ne voulais pas travailler, ils te punissaient et ne payaient pas ton salaire”, décrit M. Shen, 24 ans, originaire de la province chinoise de Jiangxi (sud-est), qui explique avoir été roué de coups deux à trois fois par semaine.Les autorités chinoises n’ont pas livré de détails sur ce qui attendait ses citoyens une fois de retour au pays.”J’ai la conscience tranquille que je n’ai rien fait de mal, donc je ne crains pas d’être interrogé”, poursuit-il.Un autre ressortissant chinois, qui se présente sous le patronyme de Wang, se dit “très heureux” de quitter cet endroit prochainement. “Je vais enfin m’échapper de cet enfer”, dit-il.Un homme indien a raconté à l’AFP avoir pour sa part appelé “deux, trois” fois son ambassade, sans résultat.”Il y a tellement de problèmes, la nourriture principalement. On est des hindous, on ne peut pas manger de la viande, du poulet, des Å“ufs, rien, seulement des légumes”, explique-t-il.Un Pakistanais s’inquiète à l’approche de Ramadan. “Pourquoi on ne peut pas aller en Thaïlande maintenant? On est coincés”, s’interroge-t-il.Des experts ont souligné l’amplitude de l’opération, mais ont émis des doutes sur son efficacité à long terme, face à des réseaux criminels puissants qui ont toujours su continuer à se développer en dépit des autorités.

Birmanie: l’attente angoissante des milliers de petites mains des centres de cyberfraude

Tourmentés par la chaleur la journée, et les moustiques la nuit, des milliers de travailleurs exploités dans des centres de cyberfraude birmans attendent de rentrer chez eux, mais les opérations de rapatriement tardent à leurs yeux.”La situation n’est vraiment pas bonne. On ne peut pas aller aux toilettes, ni prendre une douche, il y a beaucoup de moustiques et il fait très chaud”, explique un Malaisien de 18 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom.”J’espère pouvoir contacter mes parents rapidement pour rentrer” à la maison, poursuit-il auprès de l’AFP.Lancée mi-février, une opération d’envergure, organisée par la Birmanie, la Thaïlande et la Chine, vise à rapatrier plus de 7.000 petites mains des centres de cyberfraude qui pullulent autour de Shwe Kokko, Eldorado birman pour les escrocs en tous genres, situé sur la frontière thaïlandaise.Si un premier groupe d’environ 600 Chinois ont regagné leur pays entre le 20 et le 22 février, les tractations se poursuivent pour une grande partie des travailleurs, désespérés du cauchemar qui semble sans fin.L’AFP a pu en rencontrer certains à Myawaddy, près de Shwe Kokko, où ils patientent dans des centres grossièrement construits, sans accès aux points d’hygiène élémentaires, ni téléphone portable pour certains.Lorsqu’ils ne dorment pas à même le sol, certains jouent aux cartes pour passer le temps. Les autorités n’ont pas précisé de calendrier, devant la complexité d’un dossier hors normes.- A l’étroit -Les Forces des gardes-frontières (BGF) de l’Etat Karen, une milice ethnique qui contrôle la région de Shwe Kokko avec la bénédiction de la junte, ont promis une expulsion rapide vers la Thaïlande, mais Bangkok doit se coordonner avec une trentaine d’ambassades pour finaliser leur rapatriement.Certains pays n’ont pas de représentant dans le royaume, a indiqué un vice-Premier ministre thaïlandais.Plus de deux tiers des victimes sont chinoises, mais les autres viennent de nombreux autres territoires d’Asie et d’Afrique: Vietnam, Indonésie, Philippines, Inde, Ethiopie, Kenya ou Ghana, entre autres.”Les gens doivent rester les uns sur les autres”, a déclaré Naing Maung Zaw, porte-parole des BGF.”Nous devons cuisiner trois repas pour des milliers de personnes, et nous occuper des soins de santé”, a-t-il insisté.Aux pays concernés, “s’il vous plaît, venez et rapatriez vos citoyens qui veulent rentrer chez eux”, a-t-il appelé.Les centres de cyberfraude se sont multipliés en Birmanie, en profitant de la guerre civile qui fait rage depuis le coup d’Etat du 1er février 2021.Ces complexes, bâtis comme des forteresses, génèrent des milliards de dollars de revenus par an, selon les experts, grâce à une main-d’oeuvre captive, attirée par la fausse promesse d’un emploi rémunérateur.- “Conscience tranquille” -Sur place, les conditions de travail laissent cours à de graves violations des droits humains: violences physiques et sexuelles, confiscation du passeport, menace de prélèvement d’organes, ont détaillé les Nations unies dans un rapport de 2023.Les centres de cyberfraude emploieraient au moins 120.000 petites mains en Birmanie, a indiqué l’ONU.”Si tu ne voulais pas travailler, ils te punissaient et ne payaient pas ton salaire”, décrit M. Shen, 24 ans, originaire de la province chinoise de Jiangxi (sud-est), qui explique avoir été roué de coups deux à trois fois par semaine.Les autorités chinoises n’ont pas livré de détails sur ce qui attendait ses citoyens une fois de retour au pays.”J’ai la conscience tranquille que je n’ai rien fait de mal, donc je ne crains pas d’être interrogé”, poursuit-il.Un autre ressortissant chinois, qui se présente sous le patronyme de Wang, se dit “très heureux” de quitter cet endroit prochainement. “Je vais enfin m’échapper de cet enfer”, dit-il.Un homme indien a raconté à l’AFP avoir pour sa part appelé “deux, trois” fois son ambassade, sans résultat.”Il y a tellement de problèmes, la nourriture principalement. On est des hindous, on ne peut pas manger de la viande, du poulet, des Å“ufs, rien, seulement des légumes”, explique-t-il.Un Pakistanais s’inquiète à l’approche de Ramadan. “Pourquoi on ne peut pas aller en Thaïlande maintenant? On est coincés”, s’interroge-t-il.Des experts ont souligné l’amplitude de l’opération, mais ont émis des doutes sur son efficacité à long terme, face à des réseaux criminels puissants qui ont toujours su continuer à se développer en dépit des autorités.

La Poste dévoile ses résultats, ses missions de service public sous pression

La Poste publie jeudi des résultats annuels très attendus, au moment où la Cour des comptes préconise de raboter ses missions de service public, à quelques mois du départ de son patron Philippe Wahl.Durant ses douze années de mandat, qui s’achèveront fin juin, M. Wahl aura eu à relever un défi de taille: compenser les faramineuses pertes liées à la baisse des volumes de courrier, pour maintenir le navire La Poste à flot.En dix ans, les revenus de La Poste se sont effrités de 6,5 milliards d’euros, “soit l’équivalent du chiffre d’affaires mondial d’un autre groupe public, la RATP”, aime rappeler le patron de La Poste.Sa stratégie a consisté à diversifier les activités du groupe: livraison express de colis, portage de repas aux personnes âgées, téléphonie…Le but est d’absorber le repli du courrier et la chute de fréquentation des points de contact de La Poste (17.000 aujourd’hui), divisée par plus deux deux entre 2008 et 2023.La Poste a conquis le marché stratégique du colis, en France et à l’international, avec ses marques Colissimo, DPD France et Geopost.En 2023, 44% de son chiffre d’affaires était réalisé à l’international et 53% porté par l’activité de colis.Mais la rentabilité du groupe, détenu à 66% par la Caisse des dépôts et consignations et à 34% par l’Etat, doit beaucoup à l’assureur CNP Assurances, filiale à 100% de la Banque Postale.En 2023, le groupe affichait un bénéfice net en baisse, à 514 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 34 milliards d’euros, en hausse.- Distribution six jours sur sept -Outre le repli des volumes de missives, La Poste doit également faire face à la sous-compensation par l’Etat des quatre missions de service public qui lui sont confiées : la distribution du courrier et de la presse, l’aménagement du territoire et l’accessibilité bancaire.Cette sous-compensation a coûté à La Poste 1,2 milliard d’euros en 2023, souligne fréquemment M. Wahl.Le 17 février dernier, la Cour des comptes a publié sur son site une note révélant qu’elle avait “analysé la trajectoire financière du groupe La Poste pour les exercices 2019 à 2023” et qu’elle avait formulé des préconisations auprès du Premier ministre.La juridiction financière juge la rentabilité des activités de diversification “insuffisante” tandis que Philippe Wahl défend sa stratégie ayant permis au groupe de “rester profitable” malgré les difficultés.La Cour des comptes recommande d'”adapter les missions de service public au recul de leur usage” et d’ajuster la compensation “à hauteur du déficit comptable qui en résulte”.Pierre Moscovici, dans ce référé adressé à Matignon, conseille de “s’interroger désormais sur la fréquence de distribution du courrier”, soulignant que la France était “l’un des derniers pays” en “6 jours sur 7”.Dans sa réponse, François Bayrou a évoqué des discussions en 2025 lors desquelles seront étudiés “les scénarios d’économies réalisables sur le service universel postal”.Sur l’aménagement du territoire, la Cour des comptes propose “des synergies plus fortes avec le programme France Services” – vraisemblablement l’intégration de bureaux de poste dans les locaux de France Services – pour réaliser des “économies rapides”.Les syndicats, eux, n’ont pas tardé à faire entendre leur mécontentement. Les préconisations de la Cour des comptes “auraient aussi un lourd impact sur les conditions de travail avec un alourdissement de la charge de travail et une recrudescence de l’absentéisme déjà très élevé”, dénonce FO.Sud PTT tance, lui, “une vision particulièrement étroite et focalisée sur les profits […], (une) attitude qui conforte les pouvoirs publics dans la voie de la dégradation des missions”.