Le pape François reste dans un état critique mais en “légère amélioration”

Le pape François, hospitalisé pour une double pneumonie, reste dans un état critique mais en “légère amélioration”, a annoncé le Vatican lundi soir, dans un climat d’inquiétude croissante pour la santé du pontife de 88 ans.”L’état clinique du Saint-Père, tout en restant critique, s’est légèrement amélioré. Aucun épisode de crise respiratoire asthmatique n’est survenu aujourd’hui; certains résultats d’analyses sont meilleurs”, écrit dans un communiqué le Saint-Siège au 11e jour de son hospitalisation, la plus longue depuis son élection en 2013.La “légère insuffisance rénale” qu’il présente depuis dimanche “n’inspire pas d’inquiétude” et s’il continue de recevoir de l’oxygène, c’est à “débit et pourcentage réduits”, précise-t-il.- Coup de fil à Gaza -Le pape a même repris des activités en téléphonant au “curé de la paroisse de Gaza pour lui exprimer son soutien paternel”, comme il le fait très régulièrement depuis le début de l’offensive militaire israélienne dans ce territoire palestinien, déclenchée en représailles à l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023.Une source vaticane avait assuré plus tôt dans la journée que François était en mesure de se lever et de se nourrir normalement, qu’il ne souffrait pas et qu’il gardait le moral.L’état de santé du chef de l’Eglise catholique, hospitalisé depuis le 14 février, s’est brutalement dégradé samedi avec “une crise asthmatique prolongée” et des problèmes hématologiques ayant requis “une transfusion sanguine”.Son équipe médicale a affirmé ces derniers jours que François n’était pas “hors de danger”.Des fidèles ont déposé des bougies devant l’hôpital Gemelli de Rome. François y est soigné dans un appartement spécialement aménagé situé au dixième étage comprenant en particulier une petite chapelle, où il a participé à la messe dimanche.- “Moment important” -De nombreuses prières pour la santé du pape argentin ont été organisées à Rome, en Italie et dans le monde, particulièrement en Amérique latine. Des responsables religieux et politiques ont dit prier pour lui.”La situation est très grave mais nous lui souhaitons de se rétablir”, a déclaré le président américain Donald Trump, tandis qu’Emmanuel Macron, en visite à Washington, lui a souhaité un “prompt rétablissement”.Lundi soir, sur la place Saint-Pierre, des centaines de personnes ont participé à une prière pour le pape et les malades, dirigée par le secrétaire d’Etat et numéro deux du Saint-Siège, le cardinal italien Pietro Parolin.”Prier ensemble, c’est l’idée de communion, être ensemble dans ce moment important, d’incertitude”, a déclaré à l’AFP Christophe Gosselin, prêtre de l’église Saint-Louis des Français à Rome, qui a invité les paroissiens à s’y rendre en procession avec des bougies.”On est dans la surprise, l’inquiétude, et en même temps il y a une confiance dans les équipes médicales”, a-t-il ajouté.En Argentine, des centaines de fidèles se sont rassemblés sur une place de Buenos Aires, où le pape célébrait la messe lorsqu’il était archevêque de la ville, pour lui souhaiter un prompt rétablissement.”Que notre prière soit le souffle d’air frais qui atteigne ses poumons”, a formulé Jorge Garcia Cuerva, l’archevêque actuel, au cours de son sermon sur la place de la Constitution.- Quatrième hospitalisation depuis 2021 -Les internautes ont aussi posté des centaines de messages, disant prier pour François, beaucoup partageant une photo de l’évêque de Rome seul sur la place Saint-Pierre pendant la pandémie de Covid-19.François avait été initialement hospitalisé pour une bronchite mais le Saint-Siège a révélé mardi qu’il avait contracté une double pneumonie, une infection du tissu pulmonaire potentiellement mortelle. Cette hospitalisation, la quatrième depuis 2021, suscite de vives inquiétudes, le pape ayant déjà été affaibli par une série de problèmes ces dernières années: il a, entre autres, subi des opérations du côlon et de l’abdomen et a connu des difficultés à marcher.L’hospitalisation du pape, à la fois chef spirituel du 1,4 milliard de catholiques et chef de l’Etat de la Cité du Vatican, a relancé les interrogations autour de sa capacité à assumer ses fonctions. Le droit canonique ne prévoit aucune disposition en cas de problème grave qui altérerait sa lucidité.Elle relance également les conjectures sur la possible démission de François, qui a cependant dit plusieurs fois que ce moment n’était pas arrivé. “Le pape est vivant et c’est le moment de prier, pas de penser à qui sera son successeur”, a affirmé au quotidien Corriere della Sera le cardinal conservateur allemand Gerhard Ludwig Müller, l’un de ses opposants les plus virulents.

Trump’s Pentagon shakeup puts military in political spotlight

President Donald Trump has launched a sweeping shakeup of the Pentagon, firing top officers and moving to lay off thousands of civilian workers as he seeks to align the US military with his priorities.The removal of the officers has pushed the Pentagon into the political spotlight, with Democrats accusing Trump and Defense Secretary Pete Hegseth of seeking to politicize the military and ensure it is led by people personally loyal to the president.Remaining above the political fray is a core principle for the US armed forces, with troops even barred from engaging in some types of political activity in order to maintain the military’s neutrality.Hegseth has insisted the president is simply choosing the leaders he wants, saying “there is civilian control of the military. Nothing about this is unprecedented.”Trump “deserves to pick his key national security and military advisory team,” Hegseth told “Fox News Sunday.”But Senator Jack Reed — the top Democrat on the Senate Armed Services Committee — argued that “what Trump and Hegseth are trying to do is to politicize the Department of Defense.””It’s the beginning of a very, very serious degradation of the military,” Reed said on ABC’s “This Week.”Trump announced late Friday that he was firing top US military officer General Charles “CQ” Brown less than two years into his four-year term as chairman of the Joint Chiefs of Staff.Hegseth then said he was also seeking a replacement for top US Navy officer Admiral Lisa Franchetti, as well as the Air Force vice chief of staff and three top military lawyers.The shakeup of senior personnel came after the Pentagon announced it aims to cut at least five percent of its more than 900,000-person civilian workforce, saying the decision was taken “to produce efficiencies and refocus the department on the president’s priorities.”- Undermining ‘competence and capability’ -Representative Adam Smith, the ranking Democrat on the House Armed Services Committee, said Trump fired Brown as well as thousands of federal employees “not because they weren’t competent or good at their jobs, but because Trump wants sycophants.””Anyone who doesn’t pledge loyalty has to go,” Smith said in a video posted on X, adding: “That really undermines the competence and capability of the people serving our country.”Trump administration officials have defended the firings, with Deputy Pentagon Press Secretary Kingsley Wilson arguing that the removal of the senior officers is in keeping with past presidential actions.”Truman fired General MacArthur. Lincoln fired General McClellan. Obama fired General McChrystal. Yet the Fake News still claims we’re in ‘uncharted territory,'” Wilson wrote on X.But those generals were fired due to specific problems — Douglas MacArthur for overstepping his authority and defying orders, George McClellan for insufficient aggression on the battlefield and Stanley McChrystal because he and his aides reportedly criticized US officials.No accusations of misconduct have been made against the recently removed officers, with Hegseth saying Brown is “an honorable man” but “not the right man for the moment.”Seth Jones, president of the Defense and Security Department at the Center for Strategic and International Studies, said that while there are various examples of senior officers being relieved, “it has generally been for competence issues.””This does not appear to have been, at least to a significant degree, about the competence of General Brown, for example,” and if the removals were not based on performance, “then this is uncommon.”Jones said he does not however think that “at this point… the vast majority of the uniformed military has been politicized.”It is when civilian and uniformed leaders disagree that “you judge whether the military has been politicized. Are they giving their best military judgment on an issue, which is what they’re sworn to do? So we’ll have to see,” he said.

Macron met en garde Trump contre une “capitulation” forcée de l’Ukraine

Malgré d’énormes divergences qui persistent sur le fond, Emmanuel Macron s’est dit lundi “convaincu qu’il y avait un chemin” avec Donald Trump pour mettre fin à la guerre en Ukraine.Le président français, lors d’une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche, a toutefois estimé qu’un accord de paix ne pouvait signifier une “capitulation” de Kiev, et a insisté sur la nécessité d’apporter des “garanties de sécurité” pour éviter que le président Vladimir Poutine ne repasse à l’attaque.”Nous voulons un deal rapide mais pas un accord qui soit fragile”, a dit le chef d’Etat français.Il a aussi estimé, lors d’une interview en anglais à Fox News après la rencontre, qu’une “trêve” était possible “dans les semaines à venir”.”Une trêve sur les infrastructures (de transport) aériennes et maritimes”, a précisé Emmanuel Macron. Et “si elle n’est pas respectée, ce sera la meilleure preuve que la Russie n’est pas sérieuse” dans sa volonté de mettre fin au conflit.Juste avant sa discussion avec le président français, Donald Trump avait vanté dans le Bureau ovale sa relation “spéciale” avec celui-ci et assuré pouvoir mettre fin aux hostilités dans “quelques semaines”.- Zelensky à Washington? -Le président américain a aussi estimé que la signature d’un accord avec l’Ukraine sur l’accès des Américains aux minerais du pays était “très proche”, et a même évoqué une venue du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche afin de le ratifier, “cette semaine ou la suivante”.Il y voit une manière pour les Etats-Unis de récupérer les dépenses engagées pour soutenir militairement Kiev depuis l’invasion russe en 2022.Le républicain, qui mise avant tout sur son dialogue avec le président russe Vladimir Poutine pour faire cesser les combats, a aussi lancé que ce dernier serait d’accord avec le déploiement futur de troupes européennes en Ukraine, mais est resté évasif sur les garanties de sécurité qu’apporterait éventuellement Washington pour ces soldats.Vladimir Poutine a lui affirmé lundi que les Européens pouvaient “participer” au processus de règlement du conflit.Selon Emmanuel Macron, “les Européens sont prêts à aller jusqu’à l’envoi de troupes” pour vérifier que “la paix est bien respectée”, assurant aussi que l’Europe était prête à “renforcer” sa défense – une demande constante de son interlocuteur américain.Le président français et Donald Trump ont renoué lundi avec leur numéro de camaraderie diplomatique, déjà rodé pendant le premier mandat du républicain (2017-2021), échangeant de vigoureuses poignées de main, ainsi que des blagues et des compliments.Mais derrière cette ambiance cordiale, c’est bien un véritable gouffre qui s’est creusé entre Donald Trump et des pays européens à propos de l’Ukraine.Si Emmanuel Macron a parlé face à Donald Trump de la Russie comme d’un “agresseur” de l’Ukraine, le président américain persiste lui à mettre les deux pays sur le même plan – voire à rendre Volodymyr Zelensky responsable du conflit.- “Deals” -En parallèle de la rencontre à Washington, les Etats-Unis, rejoignant pour l’occasion la Russie et la Corée du Nord, ont voté contre une résolution adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU, réaffirmant son soutien à l’Ukraine et à son intégrité territoriale.”Cette année devrait être l’année du début d’une paix réelle et durable”, a déclaré Volodymyr Zelensky en présidant à Kiev une réunion avec une douzaine de dirigeants occidentaux venus exprimer leur soutien à l’Ukraine.Trois ans après avoir tenté, en vain, de dissuader Vladimir Poutine de passer à l’attaque, Emmanuel Macron s’est lancé auprès du président américain dans une mission tout aussi incertaine.Son homologue américain, qui n’a jamais caché sa fascination pour les dirigeants autoritaires, et que les longues tractations multilatérales ennuient, assume une approche parfaitement transactionnelle de la diplomatie.Lundi encore, il a fait miroiter sur son réseau social des accords économiques “majeurs” avec la Russie, visée jusqu’ici par de nombreuses sanctions américaines.”Je fais des deals. Toute ma vie c’est faire des deals. Je ne connais que ça”, a martelé l’ancien promoteur immobilier.Le président russe, faisant écho à Donald Trump, a assuré que des entreprises américaines et russes étaient déjà “en contact” et soutenu l’idée d’investissements américains dans les territoires occupés d’Ukraine.Donald Trump a assuré avoir engagé une “rupture nette” avec la politique étrangère “du passé” des Etats-Unis, qui après 1945 se sont posés en garants des valeurs démocratiques, ainsi qu’en protecteurs de l’Europe via l’Otan et grâce à leur arsenal nucléaire.

Trump says Canada, Mexico tariffs moving ‘forward’ on schedule

US President Donald Trump said Monday that tariffs he unveiled on Canada and Mexico are moving forward as planned, addressing reporters after meeting with French counterpart Emmanuel Macron, who urged “fair competition” in trade.The two leaders’ talks, which focused on the conflict in Ukraine, come as Trump threatens allies and adversaries alike with fresh tariffs, sparking a flurry of negotiations.Shortly after taking office, Trump announced duties of up to 25 percent on Canadian and Mexican imports, citing illegal immigration and the flow of deadly fentanyl.But he issued a last-minute halt to the levies for a month as talks continued.The pause ends next Tuesday, and all eyes are on whether the North American neighbors can come to deals to avert their implementation — which would snarl supply chains in key sectors such as auto manufacturing.”The tariffs are going forward on time, on schedule,” Trump told a press conference on Monday.Trump’s update came after Mexican President Claudia Sheinbaum said earlier Monday that talks with Washington would continue this week to avoid the sweeping levies.She expressed optimism about reaching a deal with Trump, hinting at potential levies on Chinese goods to secure an agreement.Sheinbaum also signaled that Mexico was open to an early review of its trade agreement with the United States and Canada ahead of a 2026 deadline.Separately, Canadian Foreign Minister Melanie Joly told reporters Monday that “the threat of tariffs is a real one, and may continue for a while.”Trump reiterated at his press conference with Macron that Washington is also seeking “reciprocity” with other countries.He added: “If somebody charges us, we charge them.”Meanwhile, Macron called on Trump for “fair competition” in trade, noting that the American and European economies are deeply intertwined. While Trump has placed emphasis on trade in goods, Macron pointed out the United States is a major exporter in digital products.He urged for more investments on both sides.Apart from blanket duties on major US trading partners Canada and Mexico, Trump has launched plans for “reciprocal tariffs” that would be tailored to each country, with details to come at a later time. In an interview later Monday with Fox News, Macron hit out at the Trump administration’s pledges to impose tariffs on multiple fronts. “Come on. You cannot have a trade war with China and Europe at the same time,” Macron said, adding that he hoped he convinced Trump as much. “The transatlantic relation is at a very important moment and the top priority is to work together very closely, to have a good, solid and sustainable peace in full transparency,” he said.

A l’ONU, les Etats-Unis votent avec la Russie, refusant de soutenir l’Ukraine

Trois ans après l’invasion russe, les Etats-Unis de Donald Trump se sont alliés lundi à la Russie lors de votes sans précédent à l’ONU sur le conflit ukrainien, poussant leur idée d’une paix rapide sans condamnation de Moscou, ni défense des frontières de l’Ukraine.Alors que l’administration de Joe Biden avait toujours soutenu Kiev, les votes américains à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité mettent en lumière le changement radical de la politique américaine avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Lundi matin, une première résolution préparée par l’Ukraine et ses alliés européens a été adoptée à l’Assemblée par 93 voix pour, 18 contre, et 65 abstentions, sur 193 Etats membres. Un succès pour ses partisans, même si l’Ukraine a perdu de nombreux soutiens dont celui des Etats-Unis de Donald Trump qui ont voté contre, aux côtés du Bélarus, du Mali, du Nicaragua, de la Corée du Nord, ou de la Hongrie, mais aussi de la Russie, dont l’ambassadeur Vassili Nebenzia a dénoncé “un morceau de papier anti-russe”.La résolution reconnaît qu’il est “urgent” de mettre fin à la guerre “cette année”, et répète sans équivoque les précédentes demandes de l’Assemblée: retrait immédiat des troupes russes du territoire ukrainien et arrêt des hostilités menées par la Russie.Défiant Kiev et ses alliés européens, les Etats-Unis ont de leur côté soumis à l’Assemblée une résolution concurrente réclamant la fin rapide du conflit sans référence à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, au moment où Donald Trump a entamé un rapprochement avec le Kremlin et multiplié les invectives contre son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, désormais sous pression.Le très court texte qui demandait “instamment qu’il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais et plaide pour une paix durable” n’a pas été mis aux voix tel quel. Il a en effet été largement modifié par plusieurs amendements de pays européens pointant clairement du doigt la Russie pour ce conflit, affirmant son attachement à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et réclamant une “paix juste”. Le texte modifié a été adopté par 93 voix pour, 8 contre et 73 abstentions.- Les Etats-Unis “fiers” -Les représentants d’une trentaine d’alliés de l’Ukraine ont salué “le message fort” de l’Assemblée. “Toute paix qui risque de récompenser l’agression augmente le risque que n’importe quel pays dans le monde subisse une agression similaire”, ont-ils insisté, évoquant la menace d’un “précédent”.Mais le texte américain original a ensuite été soumis au Conseil de sécurité, où les Etats-Unis ont cette fois enregistré une victoire.”Nous sommes fiers que le Conseil de sécurité” ait adopté “un accord historique, un jalon, le premier en trois ans”, a salué l’ambassadrice américaine par intérim Dorothy Shea, alors que le Conseil était paralysé jusqu’alors sur ce dossier par le droit de veto russe.”Cette résolution représente un chemin vers la paix”, “ce n’est pas un accord de paix qui coûte quoi que ce soit”, a-t-elle également justifié.Après le rejet de tous les amendements proposés par les quatre membres de l’UE (France, Slovénie, Grèce, Danemark) et le Royaume-Uni pour introduire une référence à l’agression russe et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, la résolution a été adoptée par 10 voix pour, et aucune contre. Les cinq mêmes pays européens se sont abstenus, y compris la France et le Royaume-Uni, qui auraient pu choisir de bloquer l’adoption en utilisant leur veto pour la première fois depuis 1989.”Cette guerre est illégale, une violation claire de la Charte de l’ONU et une menace pour les principes fondateurs de l’ONU. Personne ne veut la paix plus que l’Ukraine, mais les termes de cette paix ont leur importance”, a commenté l’ambassadrice britannique Barbara Woodward, tandis que son homologue français Nicolas de Rivière insistait pour “une paix qui ne peut en aucun cas être synonyme de capitulation de l’agressé”.”L’UE a quand même enregistré une victoire morale à l’Assemblée”, a noté Richard Gowan, de l’International Crisis Group. Mais les diplomates européens vont s’inquiéter que la Russie et les Etats-Unis dirigent d’autres résolutions sur l’Ukraine vers le Conseil de sécurité, y compris pour soutenir un éventuel accord concocté par Trump et Poutine”.

A l’ONU, les Etats-Unis votent avec la Russie, refusant de soutenir l’Ukraine

Trois ans après l’invasion russe, les Etats-Unis de Donald Trump se sont alliés lundi à la Russie lors de votes sans précédent à l’ONU sur le conflit ukrainien, poussant leur idée d’une paix rapide sans condamnation de Moscou, ni défense des frontières de l’Ukraine.Alors que l’administration de Joe Biden avait toujours soutenu Kiev, les votes américains à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité mettent en lumière le changement radical de la politique américaine avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Lundi matin, une première résolution préparée par l’Ukraine et ses alliés européens a été adoptée à l’Assemblée par 93 voix pour, 18 contre, et 65 abstentions, sur 193 Etats membres. Un succès pour ses partisans, même si l’Ukraine a perdu de nombreux soutiens dont celui des Etats-Unis de Donald Trump qui ont voté contre, aux côtés du Bélarus, du Mali, du Nicaragua, de la Corée du Nord, ou de la Hongrie, mais aussi de la Russie, dont l’ambassadeur Vassili Nebenzia a dénoncé “un morceau de papier anti-russe”.La résolution reconnaît qu’il est “urgent” de mettre fin à la guerre “cette année”, et répète sans équivoque les précédentes demandes de l’Assemblée: retrait immédiat des troupes russes du territoire ukrainien et arrêt des hostilités menées par la Russie.Défiant Kiev et ses alliés européens, les Etats-Unis ont de leur côté soumis à l’Assemblée une résolution concurrente réclamant la fin rapide du conflit sans référence à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, au moment où Donald Trump a entamé un rapprochement avec le Kremlin et multiplié les invectives contre son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, désormais sous pression.Le très court texte qui demandait “instamment qu’il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais et plaide pour une paix durable” n’a pas été mis aux voix tel quel. – “Précédent” -Il a en effet été largement modifié par plusieurs amendements de pays européens pointant clairement du doigt la Russie pour ce conflit, affirmant son attachement à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et réclamant une “paix juste”. Le texte modifié a été adopté par 93 voix pour, 8 contre et 73 abstentions.Les représentants d’une trentaine d’alliés de l’Ukraine ont salué “le message fort” de l’Assemblée, dans une déclaration lue par Mariana Betsa.”Toute paix qui risque de récompenser l’agression augmente le risque que n’importe quel pays dans le monde subisse une agression similaire”, ont-ils insisté, évoquant la menace d’un “précédent”.Mais le texte américain original a ensuite été soumis au Conseil de sécurité, où les Etats-Unis ont cette fois enregistré une victoire.”Cette résolution représente un chemin vers la paix”, “ce n’est pas un accord de paix qui coûte quoi que ce soit”, a justifié l’ambassadrice américaine par intérim Dorothy Shea, dénonçant les “rivalités rhétoriques à New York” qui ne “sauvent pas de vies sur le champ de bataille”.Après le rejet de tous les amendements proposés par les quatre membres de l’UE (France, Slovénie, Grèce, Danemark) et le Royaume-Uni, la résolution a été adoptée par 10 voix pour, et aucune contre. Les cinq mêmes pays européens se sont abstenus, y compris la France et le Royaume-Uni, qui auraient pu choisir de bloquer l’adoption en utilisant leur veto pour la première fois depuis 1989.”Cette guerre est illégale, une violation claire de la Charte de l’ONU et une menace pour les principes fondateurs de l’ONU. Personne ne veut la paix plus que l’Ukraine, mais les termes de cette paix ont leur importance”, a commenté l’ambassadrice britannique Barbara Woodward, tandis que son homologue français Nicolas de Rivière insistait pour “une paix qui ne peut en aucun cas être synonyme de capitulation de l’agressé”.