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Indonésie: les mosquées inondées, les fidèles ne savent pas où prier

Dans l’île indonésienne de Sumatra, ravagée par des inondations qui ont fait près de 1.000 morts, des arbres déracinés par milliers témoignent du désastre autour d’une mosquée inaccessible aux fidèles qui, vendredi, ne savaient pas où prier.Le bilan de ces inondations parmi les pires que Sumatra ait récemment connues, dans le nord de l’île, y compris à Aceh (dévasté par un tsunami en 2004), s’élevait vendredi à 995 morts, 226 disparus et près de 890.000 personnes déplacées, selon l’Agence nationale de gestion des catastrophes.A Darul Mukhlisin, vendredi, jour de prière pour les musulmans, les rescapés des inondations meurtrières ne peuvent toujours pas accéder à la mosquée, dont l’entrée est barrée par des milliers d’arbres depuis les pluies torrentielles qui se sont abattues il y a deux semaines.”Nous n’avons aucune idée d’où provient tout ce bois”, déclare Angga, 37 ans, originaire du village voisin de Tanjung Karang.Avant le déluge, la mosquée était très fréquentée par les fidèles qui assistaient aux prières quotidiennes et du vendredi.”Aujourd’hui, elle est impraticable. La mosquée se trouvait près d’une rivière”, a ajouté Angga. “Mais la rivière a disparu, elle s’est changée en terrain mort.”Des villageois ont déclaré à l’AFP que la structure de la mosquée avait probablement absorbé une grande partie de l’impact des arbres et troncs d’arbres emportés par les torrents en aval. Elle a ainsi évité des destructions encore plus importantes, selon eux.L’AFP a constaté sur place que la mosquée était totalement cernée par des monceaux d’arbres déracinés et de troncs, probablement venus d’ exploitations forestières voisines.- Exploitation forestière incontrôlée  -Les autorités ont attribué en partie l’ampleur des dégâts à l’exploitation forestière incontrôlée.Les écologistes affirment que la déforestation généralisée a aggravé les inondations et les glissements de terrain, en détruisant la couverture forestière qui stabilise normalement les sols et retient les précipitations. L’Indonésie figure régulièrement parmi les pays affichant les taux de déforestation annuels les plus élevés.Le président Prabowo Subianto, en visite vendredi dans le district d’Aceh Tamiang, a assuré aux victimes que le gouvernement s’efforçait de rétablir la situation.”Nous savons que les conditions sont difficiles, mais nous les surmonterons ensemble”, a-t-il déclaré, appelant la population à “rester vigilante et prudente”.Il a également présenté ses excuses “pour les éventuelles défaillances, mais nous travaillons d’arrache-pied”, a-t-il ajouté.Abordant les questions environnementales, M. Prabowo a appelé à une meilleure protection des forêts.”Les arbres ne doivent pas être abattus sans discernement”, a-t-il poursuivi.”Je demande aux gouvernements locaux de rester vigilants, de surveiller et de protéger notre nature du mieux possible”, a-t-il souligné.Mais la frustration va croissante, les victimes des inondations se plaignent de la lenteur de l’aide.Le coût de la reconstruction après la catastrophe pourrait s’élever à 51.820 milliards de roupies (3,1 milliards de dollars) et le gouvernement indonésien se refuse à solliciter l’aide internationale.Babo, Khairi Ramadhan, 37 ans, s’est rendu dans le village voisin de Babo, comptant  trouver une autre mosquée pour prier.”Je vais en trouver une qui n’a pas été touchée par les inondations”, assure-t-il. “Certaines ont peut-être déjà été nettoyées. Je ne veux plus être habité par le chagrin.” 

La France met à jour sa méthode pour devenir “neutre en carbone” en 2050

Le gouvernement a publié vendredi la stratégie actualisée de la France pour devenir “neutre en carbone” en 2050, un objectif extrêmement ambitieux qui passe entre autres par la fin du pétrole et du gaz.Ce projet de troisième Stratégie nationale bas carbone (SNBC-3) paraît dix ans jour pour jour après l’Accord de Paris, traité signé en France pour abaisser les émissions de gaz à effet de serre mondiales.Depuis, le pays est resté fidèle à l’objectif de sortir des activités industrielles et des énergies qui alimentent le réchauffement de la planète.”Au terme de ces dix ans, nous pouvons être fiers du chemin parcouru”, écrit le président Emmanuel Macron dans une tribune publiée par le site d’opinions Projet Syndicate. Il y vante “la réussite de notre écologie à la française, qui combine progrès et protection, qui permet de réduire nos émissions et le chômage à la fois”.La France, avec l’Union européenne plus généralement, a des partenaires qui croient aussi à ces objectifs. Mais ils semblent de moins en moins influents, comme l’ont montré les négociations internationales récentes, en particulier à la conférence climat de novembre (COP30) à Belém (Brésil).Les États-Unis, premier producteur mondial de pétrole, comptent sur les hydrocarbures pour leur avenir, tandis que leur président Donald Trump ne croit pas aux prévisions des climatologues. De plus, de grands pays émergents ne souhaitent pas que la sortie des énergies fossiles soit un objectif explicite de la communauté internationale.En France, l’opinion publique est divisée sur les changements radicaux de mode de vie qu’implique cette “neutralité en carbone”. Moins de viande, moins d’essence, moins d’avion, d’autres modes de chauffage: de telles préconisations sont parfois impopulaires, qualifiées par exemple par l’opposition d’extrême droite d'”écologie punitive”.- “Électricité décarbonée” -“Attention, cette stratégie n’est pas une façon de dicter des changements de mode de vie, elle met l’accent sur les leviers dont nous disposons déjà: déployer davantage les pompes à chaleur, promouvoir les véhicules électriques…”, réplique la ministre de la Transition écologique, Monique Barbut, dans le quotidien Les Échos.”Ce n’est pas une transition écologique de centres-villes, où on mange du soja et on fait du vélo. C’est une transition écologique avec véhicules électriques pour tout le monde”, a appuyé son cabinet, en présentant à la presse ce projet de Stratégie.Certains objectifs ciblés peuvent paraître très compliqués à atteindre dans le temps imparti. Parmi les préconisations de cette Stratégie nationale bas carbone, on lit par exemple “2040-2045: sortie du pétrole”, et “2050: fin du gaz fossile”.La réduction de la dépendance aux importations d’hydrocarbures est un objectif largement partagé, qui profitera à la production nationale d’électricité, notamment renouvelable. L’objectif fixé est de passer à 55% d’électricité dans la consommation énergétique en 2050, contre 37% en 2023.”Avec une électricité décarbonée abondante, nous sommes dans une situation très favorable pour agir, pour le climat, mais aussi pour notre compétitivité, notre indépendance énergétique et notre prospérité”, a commenté le directeur de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), Benoît Leguet.Dans les transports, l’électrique doit aussi progresser. Le gouvernement espère 15% de voitures électriques sur les routes en 2030. En 2050, pour les transports intérieurs, seul l’aérien continuerait à émettre du CO2, d’après la Stratégie. Camions électriques, trains et péniches déplaceraient les marchandises.L’agriculture est un autre champ d’action crucial pour la France. Les recommandations vont de “davantage de fruits et légumes, et de légumineuses” dans le régime alimentaire à “réduire l’intensité carbone de l’élevage”, via le retour des pâturages entre autres.Dans l’alimentation, le gouvernement veut “réduire le gaspillage alimentaire de 50% d’ici 2030 par rapport à 2015”.Dans l’industrie, il s’agira de “réindustrialiser en décarbonant la production”, ou encore de “faire évoluer les modes de consommation pour réduire la demande en processus intensifs en carbone”.Greenpeace s’est dite très sceptique. “La réalité de la trajectoire de la France laisse craindre des ambitions de façade”, écrit un de ses experts sur l’énergie, Nicolas Nace.

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La France met à jour sa méthode pour devenir “neutre en carbone” en 2050

Le gouvernement a publié vendredi la stratégie actualisée de la France pour devenir “neutre en carbone” en 2050, un objectif extrêmement ambitieux qui passe entre autres par la fin du pétrole et du gaz.Ce projet de troisième Stratégie nationale bas carbone (SNBC-3) paraît dix ans jour pour jour après l’Accord de Paris, traité signé en France pour abaisser les émissions de gaz à effet de serre mondiales.Depuis, le pays est resté fidèle à l’objectif de sortir des activités industrielles et des énergies qui alimentent le réchauffement de la planète.”Au terme de ces dix ans, nous pouvons être fiers du chemin parcouru”, écrit le président Emmanuel Macron dans une tribune publiée par le site d’opinions Projet Syndicate. Il y vante “la réussite de notre écologie à la française, qui combine progrès et protection, qui permet de réduire nos émissions et le chômage à la fois”.La France, avec l’Union européenne plus généralement, a des partenaires qui croient aussi à ces objectifs. Mais ils semblent de moins en moins influents, comme l’ont montré les négociations internationales récentes, en particulier à la conférence climat de novembre (COP30) à Belém (Brésil).Les États-Unis, premier producteur mondial de pétrole, comptent sur les hydrocarbures pour leur avenir, tandis que leur président Donald Trump ne croit pas aux prévisions des climatologues. De plus, de grands pays émergents ne souhaitent pas que la sortie des énergies fossiles soit un objectif explicite de la communauté internationale.En France, l’opinion publique est divisée sur les changements radicaux de mode de vie qu’implique cette “neutralité en carbone”. Moins de viande, moins d’essence, moins d’avion, d’autres modes de chauffage: de telles préconisations sont parfois impopulaires, qualifiées par exemple par l’opposition d’extrême droite d'”écologie punitive”.- “Électricité décarbonée” -“Attention, cette stratégie n’est pas une façon de dicter des changements de mode de vie, elle met l’accent sur les leviers dont nous disposons déjà: déployer davantage les pompes à chaleur, promouvoir les véhicules électriques…”, réplique la ministre de la Transition écologique, Monique Barbut, dans le quotidien Les Échos.”Ce n’est pas une transition écologique de centres-villes, où on mange du soja et on fait du vélo. C’est une transition écologique avec véhicules électriques pour tout le monde”, a appuyé son cabinet, en présentant à la presse ce projet de Stratégie.Certains objectifs ciblés peuvent paraître très compliqués à atteindre dans le temps imparti. Parmi les préconisations de cette Stratégie nationale bas carbone, on lit par exemple “2040-2045: sortie du pétrole”, et “2050: fin du gaz fossile”.La réduction de la dépendance aux importations d’hydrocarbures est un objectif largement partagé, qui profitera à la production nationale d’électricité, notamment renouvelable. L’objectif fixé est de passer à 55% d’électricité dans la consommation énergétique en 2050, contre 37% en 2023.”Avec une électricité décarbonée abondante, nous sommes dans une situation très favorable pour agir, pour le climat, mais aussi pour notre compétitivité, notre indépendance énergétique et notre prospérité”, a commenté le directeur de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), Benoît Leguet.Dans les transports, l’électrique doit aussi progresser. Le gouvernement espère 15% de voitures électriques sur les routes en 2030. En 2050, pour les transports intérieurs, seul l’aérien continuerait à émettre du CO2, d’après la Stratégie. Camions électriques, trains et péniches déplaceraient les marchandises.L’agriculture est un autre champ d’action crucial pour la France. Les recommandations vont de “davantage de fruits et légumes, et de légumineuses” dans le régime alimentaire à “réduire l’intensité carbone de l’élevage”, via le retour des pâturages entre autres.Dans l’alimentation, le gouvernement veut “réduire le gaspillage alimentaire de 50% d’ici 2030 par rapport à 2015”.Dans l’industrie, il s’agira de “réindustrialiser en décarbonant la production”, ou encore de “faire évoluer les modes de consommation pour réduire la demande en processus intensifs en carbone”.Greenpeace s’est dite très sceptique. “La réalité de la trajectoire de la France laisse craindre des ambitions de façade”, écrit un de ses experts sur l’énergie, Nicolas Nace.

Les petits colis chinois entrant dans l’UE seront taxés 3 euros à partir de juillet 2026

Trois euros à compter du 1er juillet 2026: les Etats européens se sont entendus vendredi sur la taxation des petits colis importés dans l’Union européenne, une mesure qui vise à contrer l’afflux de produits chinois à bas prix sur le marché européen.Voici comment cette taxe s’appliquera, selon un porte-parole du Conseil:- Tous les paquets seront au minimum taxés 3 euros- Si un colis contient plusieurs exemplaires d’un même article (un même t-shirt par exemple), la taxe ne s’appliquera qu’une fois.- Si le paquet contient plusieurs produits différents (un jean et un t-shirt par exemple), il faudra payer 3 euros par produit.”Cette mesure temporaire répond au fait qu’actuellement, ces colis sont importés dans l’UE sans subir de droits de douane, ce qui entraîne une concurrence déloyale pour les vendeurs européens, des risques pour la santé et la sécurité des consommateurs, des niveaux élevés de fraude et des inquiétudes pour l’environnement”, a souligné le Conseil, qui représente les 27 Etats membres. Quelque 4,6 milliards d’envois d’une valeur inférieure à 150 euros sont entrés sur le marché européen en 2024, soit plus de 145 chaque seconde. Sur ce total, 91% provenaient de Chine.Il y a un mois, les ministres des Finances européens avaient approuvé la suppression dès l’an prochain de l’exonération de droits de douane dont bénéficient depuis longtemps ces “petits colis”.Une mesure qui vise à lutter contre le déferlement de produits chinois à bas prix, achetés sur des plateformes asiatiques comme Shein, Temu ou AliExpress.Cet afflux de paquets importés sans aucun droit de douane est dénoncé avec plus en plus de vigueur comme une forme de concurrence déloyale par les producteurs et les commerçants européens.De plus, la masse de colis arrivant en Europe est telle que les douaniers sont fréquemment dans l’incapacité de contrôler leur conformité.Difficile dans ces conditions d’intercepter les produits dangereux ou contrefaits avant qu’ils n’arrivent dans les mains des consommateurs.- Une bataille menée par la France -“L’instauration d’un montant forfaitaire sur les petits colis est une victoire majeure pour l’Union européenne”, a salué le ministre français de l’Economie Roland Lescure, qui a porté ce combat à Bruxelles.La France, en plein bras de fer avec le géant de l’e-commerce d’origine chinoise Shein, après le scandale de la vente de poupées sexuelles d’apparence enfantine et d’armes de catégorie A, est en pointe dans ce dossier.La mesure était en fait déjà prévue dans le cadre de la réforme de l’Union douanière (le système douanier européen), mais celle-ci ne doit s’appliquer qu’en 2028.Les ministres de l’Economie de l’UE se sont donc entendus à Bruxelles sur un dispositif transitoire, qui s’appliquera à partir du 1er juillet prochain, et jusqu’à l’entrée en vigueur d’une solution pérenne qui devrait accompagner ou précéder la réforme douanière.La France avait proposé à ses partenaires d’imposer une “taxe forfaitaire”, c’est à dire d’un montant fixe, plutôt qu’une taxe proportionnelle comme le préconisait la Commission européenne. Et c’est l’option défendue par Paris, beaucoup plus dissuasive, qui a été validée.- Une première étape -En revanche, la mesure ne s’appliquera qu’en juillet, alors que Paris militait pour une entrée en vigueur dès le premier trimestre.Mettre en place un système transitoire “n’est pas simple, car nous devons le faire avec nos moyens existants”, en attendant la plateforme de données, avait expliqué en amont un diplomate européen.La taxation des petits colis n’est qu’une première étape d’une offensive de l’UE contre l’avalanche de produits chinois qui entrent sur son territoire : elle devrait s’accompagner de l’instauration à partir de novembre 2026 de frais de traitement sur ces même colis valant moins de 150 euros. Bruxelles a proposé en mai de les fixer à deux euros par paquet.Cette somme aidera à financer le développement des contrôles, et contribuera selon l’UE, avec la perception des droits de douane, à rééquilibrer les règles du jeu entre les produits européens et la concurrence “made in China”. En outre,  plusieurs pays membres, comme la France et l’Italie, ont déjà annoncé la mise en place de tels frais de traitement à l’échelle nationale. 

À Mayotte, les déchets du cyclone Chido empoisonnent toujours l’île

Sur le front de mer de Mamoudzou, un voilier éventré repose encore sur un trottoir, un an après que le cyclone Chido a dévasté Mayotte. À ses pieds, des débris de coques et des morceaux de polyester s’enfoncent dans les rochers.La scène rappelle le lendemain du passage du cyclone tropical Chido, qui avait frappé l’archipel de plein fouet le 14 décembre 2024, faisant 40 morts et 41 disparus. Les bateaux à l’ancre dans le lagon du département français avaient été surpris par les vents: parmi les naufrages, une vedette de la gendarmerie et une barge reliant les deux îles de Mayotte.Un peu plus loin, la route littorale débouche sur une vaste étendue de gravats: les débris des habitations dévastées y sont encore entassés, presque inchangés depuis un an, malgré les opérations de nettoyage.Selon la préfecture de Mayotte, “le passage successif des cyclones Chido et Dikeledi (qui a provoqué des pluies diluviennes le 12 janvier, ndlr) ont généré près de 10.000 tonnes de déchets” dans la collectivité de 374 km2.Quelque 50 “sites tampons” avaient alors été mis en place à travers Mayotte. “Il en reste cinq sur le territoire”, précise Chanoor Cassam, directeur général du Sidevam, en charge de la collecte et du traitement des déchets ménagers.Il espérait voir disparaître “la totalité de ces tas d’ordures en mai”. Mais en décembre, la situation reste inextricable. Il faut dire que les vents à plus de 210 km/h ont aussi perturbé durablement le service des collectes. Les premiers mois, le site d’enfouissement du nord, endommagé, ne pouvait traiter plus de 300 tonnes quotidiennes. Aujourd’hui, il en absorbe “400 à 500”. Mais les dépôts encore visibles sur l’île mêlent bois, ferrailles ou plastiques, qui doivent être triés puis exportés avant l’enfouissement des déchets non valorisablesCar Mayotte ne dispose ni de filière de recyclage ni d’incinérateur. Le tri repose sur quelques bornes d’apports volontaires, avant l’expédition des matériaux “en Hexagone”, rappelle Philippe Moccand, directeur régional outre-mer de Citeo, chargé de la collecte des déchets recyclables sur l’île.Le résultat reste marginal: “seulement 3% des emballages en verre, plastique, papier, carton ou des conserves sont triés” à Mayotte contre 66% dans l’Hexagone, souligne Chanoor Cassam.- Risques sanitaires -Ces amas de déchets créent des risques sanitaires croissants. En février, la préfecture a autorisé “pour des raisons de salubrité et de santé publique” le brûlage exceptionnel d’une partie des déchets.La mesure visait à contenir rats et moustiques, “vecteurs de maladies graves” dans un territoire touché en 2024 par une épidémie de choléra, alertait alors la sénatrice (LR) Marta de Cidrac, présidente du groupe d’études “Économie circulaire” qui appelle à “repenser la gestion des déchets à Mayotte”.Le mélange des déchets produit un lixiviat (jus) toxique qui s’infiltre dans les sols, menace les nappes phréatiques et, par ruissellement, gagne le littoral. “Les appareils électroménagers peuvent aussi rejeter des métaux lourds”, rappelle le directeur du Sidevam, Chanoor Cassam.Une pollution diffuse qui atteint la végétation, les rivières et finit parfois dans le lagon de Mayotte, que les élus locaux ambitionnent d’inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco.Pour Damien Devault, maître de conférences en éco-toxicologie qui participe au projet Plasma (“Pollution aux microplastiques du lagon de Mayotte”), “les conséquences sur l’écosystème marin sont indéniables”.D’autant que les épaves accentuent le phénomène. Des fragments de coques flottent encore entre deux eaux et rejoignent parfois les mangroves. Les rivières rejettent d’autres déchets.”Les navires en polyester sont en décomposition dans l’eau depuis un an. Nous manquons de moyens pour les extraire du lagon, le risque qu’ils cassent et polluent encore davantage le milieu est grand et on ne sait pas où les mettre”, souligne le chercheur.”Le cyclone a rendu extrêmement visibles des problématiques qui étaient déjà présentes sur l’île en les amplifiant”, poursuit-il. En août, l’État a missionné une entreprise pour retirer certaines épaves qui menaçaient la navigation. Pour les autres, il n’y a plus d’urgence, veut croire un spécialiste de la biodiversité dans l’archipel, souhaitant rester anonyme.”Le gazole et l’huile des moteurs se sont déjà échappés. Et quand un bateau est échoué sur les rochers, il est quasiment inaccessible”.

Nouvelles sanctions américaines contre le Venezuela

De nouvelles sanctions contre des compagnies maritimes opérant au Venezuela et des proches du président Nicolas Maduro ont été imposées par Washington, après la saisie spectaculaire d’un pétrolier par les Etats-Unis, dénoncée par Caracas comme de la “piraterie”.Selon des responsables américains, cités par la chaîne NBC News, ce pétrolier fait route vendredi vers le port de Galveston au Texas. L’équipage sera libéré une fois arrivé à destination.Les sanctions contre “le régime illégitime de Nicolas Maduro au Venezuela” visent trois neveux de l’épouse du président que Washington accuse d’être des narcotrafiquants, un homme d’affaires panaméen soupçonné d’avoir facilité les transactions pétrolières de Caracas, et six compagnies maritimes accusées d’avoir transporté du pétrole vénézuélien, a détaillé le Trésor américain.Ces personnes et entreprises se voient interdire toute transaction avec une société ou individu américains et leurs avoirs aux Etats-Unis sont gelés.L’administration du président américain Donald Trump accuse Nicolas Maduro d’être à la tête d’un vaste réseau de narcotrafic, ce que l’intéressé dément catégoriquement, affirmant que Washington cherche à le renverser pour s’emparer du pétrole de son pays.Washington a aussi annulé, selon Caracas, un vol de retour de migrants clandestins vénézuéliens prévu vendredi. Ces vols, une priorité du président Donald Trump, se poursuivaient jusque là malgré la crise entre les deux pays et l’annonce fin novembre du président américain que l’espace aérien vénézuélien était “fermé”.- “Piraterie navale” -Ces nouvelles sanctions interviennent après la saisie par les forces américaines mercredi en mer des Caraïbes d’un pétrolier, le Skipper, qui selon des responsables américains transportait du pétrole en provenance du Venezuela et d’Iran à destination de Cuba.”Ils ont enlevé les membres d’équipage, volé le navire et inauguré une nouvelle ère, l’ère de la piraterie navale criminelle dans les Caraïbes”, a protesté jeudi soir M. Maduro à la télévision publique.Résumant la stratégie américaine, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré que le président Donald Trump n’entendait pas “rester les bras croisés à regarder des navires sanctionnés naviguer sur les mers avec du pétrole provenant du marché noir, dont les profits alimenteront le narcoterrorisme de régimes voyous et illégitimes”.Elle a précisé que les Etats-Unis avaient l’intention de “saisir le pétrole” du navire, reconnaissant cependant que cela posait des questions légales.Washington entend intercepter d’autres pétroliers sous sanction, ont aussi indiqué des responsables cités par le Washington Post.Les Etats-Unis ont déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes depuis cet été, et bombardé des embarcations suspectées de narcotrafic en provenance du Venezuela. Ce déploiement est notamment soutenu par l’opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, prix Nobel de la paix, qui a salué jeudi depuis Oslo les actions “décisives” de Donald Trump “pour en arriver là où nous en sommes aujourd’hui, à savoir un régime (vénézuélien, ndlr) plus faible que jamais, car celui-ci pensait auparavant pouvoir tout faire”.C’est la première fois que le président américain ordonne la saisie d’un pétrolier, visant à priver Caracas de sa principale source de revenus.Soumis à un embargo depuis 2019, Caracas écoule sa production pétrolière sur le marché noir à des prix nettement plus bas, à destination en particulier de la Chine. La saisie du pétrolier pourrait peser sur ces exportations, en dissuadant les acheteurs potentiels.- Soutien de Moscou -M. Maduro a indiqué que Caracas allait lancer “les actions juridiques et diplomatiques appropriées”. Sans dire que quelle nationalité était le navire, il a précisé qu’il transportait “vers les marchés internationaux 1.900.000 barils de pétrole — pétrole qui a été payé au Venezuela, car quiconque importe du pétrole le paie d’abord”.Selon les données du site Vesselfinder vendredi à 05H30 GMT, le Skipper se trouvait dans les eaux internationales au sud-est de l’archipel français de la Guadeloupe, et se dirigeait vers le nord.Le navire a été sanctionné par le Trésor américain en 2022 pour des liens présumés avec le Corps des gardiens de la révolution islamique iranien et le Hezbollah.Lors d’un échange téléphonique avec M. Maduro, le président russe, Vladimir Poutine, lui “a exprimé sa solidarité” et a “confirmé son soutien” à sa politique “visant à protéger ses intérêts nationaux et sa souveraineté dans un contexte de pressions extérieures croissantes”, a expliqué le Kremlin dans un communiqué.Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé jeudi avoir mis en garde son homologue américain lors d’un appel téléphonique le 2 décembre.”Je lui ai dit: Trump, nous ne voulons pas d’une guerre en Amérique latine”, a déclaré Lula, selon qui le président américain a alors répondu: “mais moi j’ai plus d’armes, plus de bateaux, plus de bombes”.