Les tarifs des mutuelles en hausse de 4,3 et 4,7% en 2026

Les complémentaires santé à statut mutualiste augmenteront leurs cotisations en moyenne de 4,3% (contrats individuels) et 4,7% (contrats d’entreprise), a annoncé mardi la Fédération nationale de la mutualité française, avertissant d’une “urgence absolue” à maîtriser les dépenses de santé.La hausse est moins forte que les années précédentes (+6% en 2025 en moyenne, +8,1% en 2024, +4,7% en 2023), mais elle reste à un niveau largement supérieure à celle observée avant le Covid (+2,6% par an en moyenne sur la décennie 2010-2020).Chaque année, l’annonce des tarifs mutualistes donne une indication des tarifs de l’ensemble du marché. Les mutuelles représentent un petit peu moins de la moitié du marché des complémentaires santé, le reste étant détenu par les assureurs privés, et par des organismes paritaires.”L’augmentation des dépenses de santé”, couvertes par la Sécurité sociale et les complémentaires santé, “s’intensifie depuis 2020, à +4,4% par an”, indique la Mutualité pour justifier la hausse de ses cotisations.Les mutuelles devront aussi absorber en 2026 de nouveaux transferts de charge depuis l’Assurance maladie, et une nouvelle taxe prévue dans le budget 2026 de la Sécu, qui leur coûtera 1 milliard d’euros, ajoute-t-elle.Dans le budget de la Sécurité sociale pour 2026 – que l’Assemblée nationale devrait, sauf surprise, adopter définitivement dans l’après-midi -, “on est arrivés à bloquer le doublement des franchises médicales, tant mieux, mais malheureusement la solution de facilité de cette TVA sur la santé, cette taxe d’un milliard, pèsera à terme sur nos concitoyens”, a déclaré le président de la Mutualité, Eric Chenut, mardi matin sur RTL.”Avec une taxe sur les contrats qui grimpe à 16%, la France est une +anomalie européenne+”, dénonce l’organisation. “Le gouvernement et les parlementaires s’apprêtent sciemment à faire payer les assurés mais sans l’assumer et en tentant de déplacer la responsabilité sur les complémentaires santé”, ajoute-t-elle.Face aux critiques selon lesquelles les mutuelles profitent largement de la situation, le patron de la Mutualité a dénoncé “une accusation absolument scandaleuse: les mutuelles sont des organismes à but non lucratif, à gouvernance démocratique”, et “quand on ajuste les cotisations, c’est au strict minimum, pour garantir l’équilibre, la pérennité de nos entreprises”.Déplorant “une forme de déni collectif” et “des politiques trop à court terme” alors que “notre population vieillit et (que) les besoins en santé augmentent”, Eric Chenut a prévenu que “notre effort, individuel et collectif, pour se soigner (…) va être de plus en plus important si l’on ne s’attaque pas à la régulation des dépenses de santé”.”Agir pour l’efficience, réduire les actes redondants, lutter contre la fraude, investir massivement dans la prévention” deviennent “une urgence absolue”, plaide la Mutualité. 

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

“Vide juridique”, “omerta”: derrière la contamination de l’eau aux PFAS, la question des épandages

Épandues dans les champs pendant des décennies, des boues industrielles contaminées aux “polluants éternels” ou PFAS ont rendu l’eau du robinet impropre à la consommation dans 18 villages du nord-est. Elus et associations entendent aujourd’hui réclamer des comptes mais se heurtent à un flou juridique et à une “omerta”.Dans ces communes de la Meuse, des Ardennes ou des Vosges, les concentrations dans l’eau de 20 PFAS (substances per- et  polyfluoroalkylées), aux effets potentiellement délétères sur la santé humaine, dépassent nettement les seuils autorisés – jusqu’à 27 fois la limite à Villy (Ardennes), un record. Aucune usine n’étant visible à l’horizon, l’hypothèse d’une contamination par les boues d’épuration issues d’industries situées un peu plus loin est rapidement devenue une certitude dans ces territoires ruraux.En Meuse, où quatre villages sont concernés, les investigations menées depuis l’été ont démontré que la pollution émanait de compost et de boues d’épuration épandues pour fertiliser les champs provenant d’une papeterie, fermée depuis novembre 2024 à Stenay. Les 16 communes meusiennes et ardennaises (soit 3.400 habitants au total) concernées par les arrêtés d’interdiction de consommer l’eau sont d’ailleurs situées dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres autour de cette ancienne usine.- Signalement au parquet -Les déchets de cette papeterie ont été diffusés “par épandage direct de boues” et aussi “via une unité de compostage” d’une société, qui épendait ce compost “depuis 2007 sur 225 hectares de grandes cultures”, dont 50 hectares dans un “périmètre de captage”, selon la préfecture. Cette dernière a placé sous séquestre les composts encore présents sur le site et a signalé au parquet “les manquements graves aux règles d’épandage”. Sollicités, ni la société Natura Verde Meuse, qui gérait cette unité de compostage, ni son gérant, n’ont répondu à l’AFP. Et, le groupe finlandais Ahlstrom, propriétaire de la papeterie de Stenay de 1997 à 2023, “ne souhaite pas faire de commentaire”.Le fonds allemand Accursia Capital, qui a repris quelques mois l’usine avant sa liquidation, affirme n’avoir utilisé “aucun produit contenant des PFAS”. “La production était limitée à certaines gammes de produits spécifiques et ne nécessitait pas l’utilisation de ce type de composé”, a précisé à l’AFP son président, Oliver Würtenberger, renvoyant la responsabilité vers les “entreprises spécialisées qui sont légalement responsables” de l’élimination des boues.Selon un ancien salarié de l’usine, qui a demandé à conserver l’anonymat, la réglementation n’imposait cependant pas de rechercher les PFAS, “mais uniquement les métaux lourds”, si bien que “tout était conforme”. Toutefois, “il y a eu des documents de suivis de déchets qui sont faux”, assure-t-il, avec des tonnages inexacts notamment: pour lui, une quantité de boues supérieure a été épandue.- Lacunes réglementaires – Plusieurs maires des Ardennes suspectent aussi des enfouissements illégaux de boues sur le plateau d’Olizy-sur-Chiers, dans la Meuse. Elles pouvaient ensuite, par ruissellement ou infiltration, polluer sols et eaux. Le procédé est similaire dans les Vosges, où deux communes sont concernées par des arrêtés interdisant au moins partiellement la consommation d’eau du robinet.Dans l’une d’elles, à Tendon, le conseil municipal avait pris un arrêté en 2011 demandant l’arrêt des épandages, pratiqués depuis 1998 dans des parcelles proches d’un captage d’eau, avec des boues issues notamment d’une blanchisserie de Gérardmer, à quelques kilomètres de là. Cela n’a été effectif qu’en 2013 pour une première parcelle, et en 2018 pour une autre, fustige le maire, Gérard Clément, qui aurait aimé être écouté plus tôt sur les dangers de ces pratiques. D’autant qu’il incombe à présent aux collectivités de trouver des solutions pour rendre l’eau à nouveau potable. Et cela pourrait coûter cher, les techniques classiques de filtrage, notamment par charbon actif, n’étant pas toujours efficaces contre les PFAS.Dans le secteur de Villy, l’hypothèse privilégiée est de connecter les réseaux contaminés avec des réseaux sains, pour diminuer les taux de pollution dans l’eau ainsi diluée. Mais c’est une solution “coûteuse, très coûteuse”, souligne Hanafi Halil, sous-préfet de Vouziers, référent PFAS dans les Ardennes. Le coût se répercute aussi sur les habitants, qui continuent de payer pour une eau du robinet qu’ils ne peuvent plus boire, s’énerve Annick Dufils, maire de Malandry, une commune touchée dans les Ardennes. Car, potable ou non, l’eau consommée doit être facturée, confirme à l’AFP l’Agence de l’eau Rhin-Meuse, qui dit ne pas pouvoir exonérer tel ou tel ménage. Par ailleurs, même si les élus locaux, qui craignent pour leurs finances, le demandent, “on ne peut pas faire jouer le principe pollueur-payeur”, explique la préfecture de la Meuse. “On ne peut pas accuser” quiconque “d’avoir empoisonné les sols aux PFAS puisque ce n’était pas dans la règlementation”. D’une manière générale avec les PFAS, il y a “une lacune énorme de la règlementation” et un “vide juridique”, déplore Pauline Cervan, toxicologue pour l’association Générations futures.- “Non-responsabilité” – A partir du 1er janvier, toutes les eaux en France devront être analysées pour quantifier les taux de 20 PFAS. De nouveaux arrêtés d’interdiction de consommer l’eau pourraient alors être pris.Pour Mme Cervan, c’est une bonne chose, tout comme la suspension des épandages près des zones de captages, comme décidé dans les Ardennes. Mais “la France a énormément de retard” sur la question, selon elle. La Suisse a par exemple interdit dès 2003 les épandages de boues d’épuration, rappelle Jean-François Fleck, de l’association Vosges Nature Environnement. La France, elle, ne l’a pas fait, se contentant en 2006 de créer un fonds de garantie des risques liés à l’épandage. “On ne peut pas rester sur cette situation de non-responsabilité des uns et des autres, alors qu’on connaît les PFAS depuis les années 1950. La France ne pouvait pas ne pas savoir”, insiste le militant écologiste.Dans l’optique de partager leurs connaissances avec leurs administrés inquiets pour les conséquences sur leur santé – les PFAS peuvent entraîner cancers, excès de cholestérol ou problèmes de développement du fœtus -, les maires de trois communes des Ardennes ont fait analyser leur propre sang. Verdict: leur taux sanguin de PFAS dépassait les valeurs seuil en vigueur aux Etats-Unis ou en Allemagne. Aucun seuil de ce type n’a cependant été défini en France, si bien qu’on “n’interprète pas les résultats. C’est toujours très flou, l’omerta”, regrette la maire de Malandry, qui plaide pour une généralisation de ces tests.En outre, déplore l’édile, “on nous répond qu’on ne peut pas faire une étude, un suivi épidémiologique pour si peu d’habitants”: “C’est toujours le même souci dans la ruralité”.

“Vide juridique”, “omerta”: derrière la contamination de l’eau aux PFAS, la question des épandages

Épandues dans les champs pendant des décennies, des boues industrielles contaminées aux “polluants éternels” ou PFAS ont rendu l’eau du robinet impropre à la consommation dans 18 villages du nord-est. Elus et associations entendent aujourd’hui réclamer des comptes mais se heurtent à un flou juridique et à une “omerta”.Dans ces communes de la Meuse, des Ardennes ou des Vosges, les concentrations dans l’eau de 20 PFAS (substances per- et  polyfluoroalkylées), aux effets potentiellement délétères sur la santé humaine, dépassent nettement les seuils autorisés – jusqu’à 27 fois la limite à Villy (Ardennes), un record. Aucune usine n’étant visible à l’horizon, l’hypothèse d’une contamination par les boues d’épuration issues d’industries situées un peu plus loin est rapidement devenue une certitude dans ces territoires ruraux.En Meuse, où quatre villages sont concernés, les investigations menées depuis l’été ont démontré que la pollution émanait de compost et de boues d’épuration épandues pour fertiliser les champs provenant d’une papeterie, fermée depuis novembre 2024 à Stenay. Les 16 communes meusiennes et ardennaises (soit 3.400 habitants au total) concernées par les arrêtés d’interdiction de consommer l’eau sont d’ailleurs situées dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres autour de cette ancienne usine.- Signalement au parquet -Les déchets de cette papeterie ont été diffusés “par épandage direct de boues” et aussi “via une unité de compostage” d’une société, qui épendait ce compost “depuis 2007 sur 225 hectares de grandes cultures”, dont 50 hectares dans un “périmètre de captage”, selon la préfecture. Cette dernière a placé sous séquestre les composts encore présents sur le site et a signalé au parquet “les manquements graves aux règles d’épandage”. Sollicités, ni la société Natura Verde Meuse, qui gérait cette unité de compostage, ni son gérant, n’ont répondu à l’AFP. Et, le groupe finlandais Ahlstrom, propriétaire de la papeterie de Stenay de 1997 à 2023, “ne souhaite pas faire de commentaire”.Le fonds allemand Accursia Capital, qui a repris quelques mois l’usine avant sa liquidation, affirme n’avoir utilisé “aucun produit contenant des PFAS”. “La production était limitée à certaines gammes de produits spécifiques et ne nécessitait pas l’utilisation de ce type de composé”, a précisé à l’AFP son président, Oliver Würtenberger, renvoyant la responsabilité vers les “entreprises spécialisées qui sont légalement responsables” de l’élimination des boues.Selon un ancien salarié de l’usine, qui a demandé à conserver l’anonymat, la réglementation n’imposait cependant pas de rechercher les PFAS, “mais uniquement les métaux lourds”, si bien que “tout était conforme”. Toutefois, “il y a eu des documents de suivis de déchets qui sont faux”, assure-t-il, avec des tonnages inexacts notamment: pour lui, une quantité de boues supérieure a été épandue.- Lacunes réglementaires – Plusieurs maires des Ardennes suspectent aussi des enfouissements illégaux de boues sur le plateau d’Olizy-sur-Chiers, dans la Meuse. Elles pouvaient ensuite, par ruissellement ou infiltration, polluer sols et eaux. Le procédé est similaire dans les Vosges, où deux communes sont concernées par des arrêtés interdisant au moins partiellement la consommation d’eau du robinet.Dans l’une d’elles, à Tendon, le conseil municipal avait pris un arrêté en 2011 demandant l’arrêt des épandages, pratiqués depuis 1998 dans des parcelles proches d’un captage d’eau, avec des boues issues notamment d’une blanchisserie de Gérardmer, à quelques kilomètres de là. Cela n’a été effectif qu’en 2013 pour une première parcelle, et en 2018 pour une autre, fustige le maire, Gérard Clément, qui aurait aimé être écouté plus tôt sur les dangers de ces pratiques. D’autant qu’il incombe à présent aux collectivités de trouver des solutions pour rendre l’eau à nouveau potable. Et cela pourrait coûter cher, les techniques classiques de filtrage, notamment par charbon actif, n’étant pas toujours efficaces contre les PFAS.Dans le secteur de Villy, l’hypothèse privilégiée est de connecter les réseaux contaminés avec des réseaux sains, pour diminuer les taux de pollution dans l’eau ainsi diluée. Mais c’est une solution “coûteuse, très coûteuse”, souligne Hanafi Halil, sous-préfet de Vouziers, référent PFAS dans les Ardennes. Le coût se répercute aussi sur les habitants, qui continuent de payer pour une eau du robinet qu’ils ne peuvent plus boire, s’énerve Annick Dufils, maire de Malandry, une commune touchée dans les Ardennes. Car, potable ou non, l’eau consommée doit être facturée, confirme à l’AFP l’Agence de l’eau Rhin-Meuse, qui dit ne pas pouvoir exonérer tel ou tel ménage. Par ailleurs, même si les élus locaux, qui craignent pour leurs finances, le demandent, “on ne peut pas faire jouer le principe pollueur-payeur”, explique la préfecture de la Meuse. “On ne peut pas accuser” quiconque “d’avoir empoisonné les sols aux PFAS puisque ce n’était pas dans la règlementation”. D’une manière générale avec les PFAS, il y a “une lacune énorme de la règlementation” et un “vide juridique”, déplore Pauline Cervan, toxicologue pour l’association Générations futures.- “Non-responsabilité” – A partir du 1er janvier, toutes les eaux en France devront être analysées pour quantifier les taux de 20 PFAS. De nouveaux arrêtés d’interdiction de consommer l’eau pourraient alors être pris.Pour Mme Cervan, c’est une bonne chose, tout comme la suspension des épandages près des zones de captages, comme décidé dans les Ardennes. Mais “la France a énormément de retard” sur la question, selon elle. La Suisse a par exemple interdit dès 2003 les épandages de boues d’épuration, rappelle Jean-François Fleck, de l’association Vosges Nature Environnement. La France, elle, ne l’a pas fait, se contentant en 2006 de créer un fonds de garantie des risques liés à l’épandage. “On ne peut pas rester sur cette situation de non-responsabilité des uns et des autres, alors qu’on connaît les PFAS depuis les années 1950. La France ne pouvait pas ne pas savoir”, insiste le militant écologiste.Dans l’optique de partager leurs connaissances avec leurs administrés inquiets pour les conséquences sur leur santé – les PFAS peuvent entraîner cancers, excès de cholestérol ou problèmes de développement du fœtus -, les maires de trois communes des Ardennes ont fait analyser leur propre sang. Verdict: leur taux sanguin de PFAS dépassait les valeurs seuil en vigueur aux Etats-Unis ou en Allemagne. Aucun seuil de ce type n’a cependant été défini en France, si bien qu’on “n’interprète pas les résultats. C’est toujours très flou, l’omerta”, regrette la maire de Malandry, qui plaide pour une généralisation de ces tests.En outre, déplore l’édile, “on nous répond qu’on ne peut pas faire une étude, un suivi épidémiologique pour si peu d’habitants”: “C’est toujours le même souci dans la ruralité”.

“Vide juridique”, “omerta”: derrière la contamination de l’eau aux PFAS, la question des épandages

Épandues dans les champs pendant des décennies, des boues industrielles contaminées aux “polluants éternels” ou PFAS ont rendu l’eau du robinet impropre à la consommation dans 18 villages du nord-est. Elus et associations entendent aujourd’hui réclamer des comptes mais se heurtent à un flou juridique et à une “omerta”.Dans ces communes de la Meuse, des Ardennes ou des Vosges, les concentrations dans l’eau de 20 PFAS (substances per- et  polyfluoroalkylées), aux effets potentiellement délétères sur la santé humaine, dépassent nettement les seuils autorisés – jusqu’à 27 fois la limite à Villy (Ardennes), un record. Aucune usine n’étant visible à l’horizon, l’hypothèse d’une contamination par les boues d’épuration issues d’industries situées un peu plus loin est rapidement devenue une certitude dans ces territoires ruraux.En Meuse, où quatre villages sont concernés, les investigations menées depuis l’été ont démontré que la pollution émanait de compost et de boues d’épuration épandues pour fertiliser les champs provenant d’une papeterie, fermée depuis novembre 2024 à Stenay. Les 16 communes meusiennes et ardennaises (soit 3.400 habitants au total) concernées par les arrêtés d’interdiction de consommer l’eau sont d’ailleurs situées dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres autour de cette ancienne usine.- Signalement au parquet -Les déchets de cette papeterie ont été diffusés “par épandage direct de boues” et aussi “via une unité de compostage” d’une société, qui épendait ce compost “depuis 2007 sur 225 hectares de grandes cultures”, dont 50 hectares dans un “périmètre de captage”, selon la préfecture. Cette dernière a placé sous séquestre les composts encore présents sur le site et a signalé au parquet “les manquements graves aux règles d’épandage”. Sollicités, ni la société Natura Verde Meuse, qui gérait cette unité de compostage, ni son gérant, n’ont répondu à l’AFP. Et, le groupe finlandais Ahlstrom, propriétaire de la papeterie de Stenay de 1997 à 2023, “ne souhaite pas faire de commentaire”.Le fonds allemand Accursia Capital, qui a repris quelques mois l’usine avant sa liquidation, affirme n’avoir utilisé “aucun produit contenant des PFAS”. “La production était limitée à certaines gammes de produits spécifiques et ne nécessitait pas l’utilisation de ce type de composé”, a précisé à l’AFP son président, Oliver Würtenberger, renvoyant la responsabilité vers les “entreprises spécialisées qui sont légalement responsables” de l’élimination des boues.Selon un ancien salarié de l’usine, qui a demandé à conserver l’anonymat, la réglementation n’imposait cependant pas de rechercher les PFAS, “mais uniquement les métaux lourds”, si bien que “tout était conforme”. Toutefois, “il y a eu des documents de suivis de déchets qui sont faux”, assure-t-il, avec des tonnages inexacts notamment: pour lui, une quantité de boues supérieure a été épandue.- Lacunes réglementaires – Plusieurs maires des Ardennes suspectent aussi des enfouissements illégaux de boues sur le plateau d’Olizy-sur-Chiers, dans la Meuse. Elles pouvaient ensuite, par ruissellement ou infiltration, polluer sols et eaux. Le procédé est similaire dans les Vosges, où deux communes sont concernées par des arrêtés interdisant au moins partiellement la consommation d’eau du robinet.Dans l’une d’elles, à Tendon, le conseil municipal avait pris un arrêté en 2011 demandant l’arrêt des épandages, pratiqués depuis 1998 dans des parcelles proches d’un captage d’eau, avec des boues issues notamment d’une blanchisserie de Gérardmer, à quelques kilomètres de là. Cela n’a été effectif qu’en 2013 pour une première parcelle, et en 2018 pour une autre, fustige le maire, Gérard Clément, qui aurait aimé être écouté plus tôt sur les dangers de ces pratiques. D’autant qu’il incombe à présent aux collectivités de trouver des solutions pour rendre l’eau à nouveau potable. Et cela pourrait coûter cher, les techniques classiques de filtrage, notamment par charbon actif, n’étant pas toujours efficaces contre les PFAS.Dans le secteur de Villy, l’hypothèse privilégiée est de connecter les réseaux contaminés avec des réseaux sains, pour diminuer les taux de pollution dans l’eau ainsi diluée. Mais c’est une solution “coûteuse, très coûteuse”, souligne Hanafi Halil, sous-préfet de Vouziers, référent PFAS dans les Ardennes. Le coût se répercute aussi sur les habitants, qui continuent de payer pour une eau du robinet qu’ils ne peuvent plus boire, s’énerve Annick Dufils, maire de Malandry, une commune touchée dans les Ardennes. Car, potable ou non, l’eau consommée doit être facturée, confirme à l’AFP l’Agence de l’eau Rhin-Meuse, qui dit ne pas pouvoir exonérer tel ou tel ménage. Par ailleurs, même si les élus locaux, qui craignent pour leurs finances, le demandent, “on ne peut pas faire jouer le principe pollueur-payeur”, explique la préfecture de la Meuse. “On ne peut pas accuser” quiconque “d’avoir empoisonné les sols aux PFAS puisque ce n’était pas dans la règlementation”. D’une manière générale avec les PFAS, il y a “une lacune énorme de la règlementation” et un “vide juridique”, déplore Pauline Cervan, toxicologue pour l’association Générations futures.- “Non-responsabilité” – A partir du 1er janvier, toutes les eaux en France devront être analysées pour quantifier les taux de 20 PFAS. De nouveaux arrêtés d’interdiction de consommer l’eau pourraient alors être pris.Pour Mme Cervan, c’est une bonne chose, tout comme la suspension des épandages près des zones de captages, comme décidé dans les Ardennes. Mais “la France a énormément de retard” sur la question, selon elle. La Suisse a par exemple interdit dès 2003 les épandages de boues d’épuration, rappelle Jean-François Fleck, de l’association Vosges Nature Environnement. La France, elle, ne l’a pas fait, se contentant en 2006 de créer un fonds de garantie des risques liés à l’épandage. “On ne peut pas rester sur cette situation de non-responsabilité des uns et des autres, alors qu’on connaît les PFAS depuis les années 1950. La France ne pouvait pas ne pas savoir”, insiste le militant écologiste.Dans l’optique de partager leurs connaissances avec leurs administrés inquiets pour les conséquences sur leur santé – les PFAS peuvent entraîner cancers, excès de cholestérol ou problèmes de développement du fœtus -, les maires de trois communes des Ardennes ont fait analyser leur propre sang. Verdict: leur taux sanguin de PFAS dépassait les valeurs seuil en vigueur aux Etats-Unis ou en Allemagne. Aucun seuil de ce type n’a cependant été défini en France, si bien qu’on “n’interprète pas les résultats. C’est toujours très flou, l’omerta”, regrette la maire de Malandry, qui plaide pour une généralisation de ces tests.En outre, déplore l’édile, “on nous répond qu’on ne peut pas faire une étude, un suivi épidémiologique pour si peu d’habitants”: “C’est toujours le même souci dans la ruralité”.

Dermatose: la mobilisation se poursuit au lendemain de la visite de Genevard

La mobilisation se poursuit mardi contre la gestion de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), avec plusieurs axes routiers toujours bloqués dans le Sud-Ouest, au lendemain de la visite en Occitanie de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, venue défendre sa stratégie.Le Premier ministre Sébastien Lecornu tient à 10H30 à Matignon une réunion sur l’agriculture, avec les ministres concernés par cette crise.En Haute-Garonne, l’autoroute A64 est toujours bloquée au niveau de Carbonne, où les agriculteurs ont passé une quatrième nuit, ainsi qu’au niveau de Muret, où de la terre et des bottes de paille ont été installées sur la chaussée lundi par une intersyndicale (FNSEA, Jeunes agriculteurs, Coordination rurale, Confédération paysanne).”Au vu des annonces de la ministre hier (les blocages) ne sont pas prêt de se lever”, a déclaré à l’AFP Guillaume Bénazet, secrétaire départemental Haute-Garonne des jeunes agriculteurs. “Tout ce qu’on avait proposé, notamment la fin de l’abattage total, rien n’a été étudié. Donc on continue”, a-t-il poursuivi. “Il n’y a aucune raison, vu la position de la ministre, que les blocages ne continuent pas”, a confirmé Jonathan Kirchner, secrétaire général de la Confédération paysanne 31, syndicat qui réclame de concert avec la Coordination rurale la fin de l’abattage systématique et l’extension générale de la vaccination.En Gironde, l’A63 était toujours fermé à la circulation au niveau de Cestat, où s’est produit lundi soir un accident faisant un blessé grave lorsque deux voitures ont tenté de rejoindre un tronçon fermé, a indiqué la préfecture. Lundi, Annie Genevard a assuré “entendre” la détresse des éleveurs lors d’une réunion de crise à la préfecture de Toulouse, après avoir assisté à la vaccination d’un troupeau de blondes d’Aquitaine en Haute-Garonne. L’élargissement du territoire de vaccination dans le Sud-Ouest, visant 600.000 à 1 million de bovins, est “un premier infléchissement du protocole”, a estimé la ministre tout en rappelant que les “trois piliers” de la stratégie sanitaire restaient l’abattage systématique dès la détection d’un cas, la vaccination et la restriction de mouvements.”Les autres pays n’abattent plus, ce n’est pas vrai”, a assuré lundi Sébastien Rey, éleveur tarnais présent sur le barrage de la rocade albigeoise, se disant “écœuré” par les propos d’Annie Genevard.Une “cellule de dialogue scientifique” réunissant experts en santé animale et représentants professionnels va être créée dès mardi, a ajouté lundi soir dans un communiqué le ministère.En dépit d’un nouveau cas de DNC détecté dimanche dans une petite ferme de l’Aude, où les dix bovins du foyer ont été euthanasiés, la ministre a souligné plus tôt lundi que tous les cas étaient désormais éradiqués et que la situation était “sous contrôle”.