A Jérusalem, Merz réaffirme le soutien de l’Allemagne à Israël avant une rencontre avec Netanyahu

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a réaffirmé le soutien de l’Allemagne à Israël dimanche, lors d’une visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem, à Jérusalem, avant d’entamer une rencontre avec son homologue, Benjamin Netanyahu. M. Merz est arrivé samedi pour une visite diplomatique en Israël, la première  depuis sa prise de fonctions, destinée à consolider la relation privilégiée entre les deux pays, après des frictions au vu de la guerre menée dans la bande de Gaza et des violences de colons juifs extrémistes en Cisjordanie occupée.”L’Allemagne doit défendre l’existence et la sécurité d’Israël. Cela restera à jamais profondément inscrit dans le lien qui nous unit”, a déclaré le chancelier au mémorial Yad Vashem, mettant en avant “la responsabilité historique durable” de son pays dans l’extermination de six millions de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.Il a ensuite été entamé un entretien avec M. Netanyahu, de plus en plus isolé sur le plan international. L’entretien doit porter sur les efforts en vue de passer à une deuxième phase du cessez-le-feu à Gaza, dans le cadre du plan du président américain Donald Trump censé mettre un point final à la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël.Accueilli samedi à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv par le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, qui l’a qualifié d'”ami d’Israël ”, M. Merz a ensuite rencontré dans la soirée le président israélien, Isaac Herzog, à Jérusalem. “Se tenir au côté de ce pays fait partie du noyau essentiel, immuable de la politique de la République fédérale d’Allemagne et le restera”, a-t-il déclaré à l’issue de cette rencontre, alors que sa décision prise en août de décréter un embargo partiel sur les exportations d’armes de son pays vers Israël face à l’intensification des bombardements sur Gaza avait fortement déplu aux autorités israéliennes. “Les actions de l’armée israélienne à Gaza nous ont posé quelques dilemmes [et] nous y avons réagi”, mais “nous avons également constaté qu’à ce jour, il n’y a fondamentalement aucune divergence [entre nous]”, a ajouté M. Merz, qui a levé cet embargo fin novembre à la faveur du fragile cessez-le-feu en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. “Israël a le droit de se défendre car c’est la seule façon de garantir son droit à exister”, a-t-il encore déclaré.- Appel à Mahmoud Abbas – Avant son départ, M. Merz avait appelé au téléphone le président palestinien Mahmoud Abbas pour l’exhorter à mettre en oeuvre des “réformes urgemment nécessaires” pour pouvoir “jouer un rôle constructif” dans l’après-guerre à Gaza. Selon le porte-parole du gouvernement allemand, il a aussi salué “l’attitude coopérative” de l’Autorité palestinienne envers le plan Trump, et réitéré le soutien de Berlin à une solution à deux Etats, Israël et la Palestine, qui est rejetée par le gouvernement Netanyahu. Lors d’une brève escale samedi à Aqaba, dans le sud de la Jordanie, où il a rencontré le roi Abdallah, II, M. Merz a appelé à ce que plus d’aide humanitaire soit acheminée à Gaza et à ce que les combattants du Hamas déposent les armes.Selon un communiqué du palais royal, le roi Abdallah a lui plaidé pour la mise en oeuvre de “toutes les étapes de l’accord pour mettre fin à la guerre et fournir une aide humanitaire” à travers toute la bande de Gaza. Il a aussi mis en garde contre “l’escalade (des violences) israéliennes en Cisjordanie”.- “Grandes attentes” -Le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas reste très fragile, les deux camps s’accusant de façon quasi-quotidienne de le violer, alors que la deuxième étape du plan Trump, qui prévoit notamment le désarmement du Hamas, le déploiement d’une force internationale dans le territoire palestinien et le retrait de l’armée israélienne n’a toujours pas été enclenchée. Après sa victoire aux législatives, fin février, Friedrich Merz avait assuré que Benjamin Netanyahu pourrait venir en Allemagne malgré le mandat d’arrêt émis à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerres et contre l’humanité dans la bande de Gaza. Mais ce n’est “pas un sujet pour le moment”, a récemment souligné la chancellerie.Désormais, M. Netanyahu a de “grandes attentes” et espère un “signal de soutien continu” de Berlin, a dit à l’AFP Michael Rimmel, le directeur à Jérusalem de la Fondation Konrad-Adenauer, étroitement affiliée aux chrétiens-démocrates (CDU) de M. Merz.

Des écoles aux boutiques, les calculettes à l’ancienne résistent à l’heure de l’IA

Les nouvelles technologies semblent annoncer la fin inexorable de la modeste calculatrice en plastique. Mais pour l’heure, le japonais Casio en vend encore des dizaines de millions chaque année et compte développer ses ventes des écoles aux commerces.Les smartphones sont équipés de calculateurs, tout comme les ordinateurs, et l’intelligence artificielle (IA) promet des compétences se rapprochant bientôt des meilleurs mathématiciens humains. De quoi sonner le glas des calculettes à l’ancienne, semble-t-il.Vont-elle connaître le sort des bouliers, quasi-disparus après des siècles d’usage à travers l’Asie?Peut-être un jour, concède Tomoaki Sato, cadre du groupe technologique nippon Casio dans un entretien à l’AFP à Tokyo, confirmant un reflux “indéniable” des calculatrices personnelles en entreprise.Pour autant, Casio assure avoir vendu pas moins de 39 millions de calculatrices, générales et scientifiques, dans une centaine de pays, sur l’ensemble de son dernier exercice clos fin mars.Un chiffre certes inférieur aux 45 millions de calculettes écoulées en 2019-2020, mais qui reste supérieur aux 31 millions vendues en 2020-2021 après le choc de la pandémie de Covid-19. De fait, les calculatrices sont plus abordables que des ordinateurs et moins fragiles que les smartphones et fonctionnent avec des piles et à l’énergie solaire, ce qui les rend plus fiables pour les écoles, en particulier dans les pays en développement, secteur à fort potentiel selon M. Sato. – Outils “optimisés” -C’est aussi le cas dans les petits commerces, où les machines à grosses touches et à large écran sont plébiscitées.Thitinan Suntisubpool, copropriétaire d’une boutique vendant des sacs et des chats porte-bonheur dans le quartier chinois de Bangkok, dit adorer la robustesse de sa grande calculatrice, qu’elle a déjà fait tomber plusieurs fois. “C’est plus pratique à bien des égards”, confie la commerçante de 58 ans à l’AFP. “On peut appuyer sur les chiffres et les montrer au client”, ce qui évite les malentendus liés à la barrière de la langue.La vendeuse d’un étal voisin proposant lampes, horloges et calculatrices, déplore, elle, les ventes “atones” de ses calculettes. “Les calculatrices sont toujours en demande”, insiste Ryohei Saito, directeur général de la division thaïlandaise de Casio. “Tout le monde n’a pas accès à la connectivité des smartphones, et les calculatrices sont des outils optimisés, centrés sur les fonctions nécessaires”, explique-t-il.Dans une usine Casio en Thaïlande, des ouvriers d’une chaîne d’assemblage insèrent des circuits imprimés verts et fixent des boutons cubiques sur des cadres de calculatrices bleu pastel. Le groupe japonais a parcouru un long chemin depuis l’invention en 1957 du “14-A”, un modèle de bureau que Casio présente comme la première calculatrice compacte entièrement électrique. Des modèles mécaniques de machine à calculer sont cependant bien plus anciens, avec notamment la “Pascaline” conçue par le philosophe français Blaise Pascal. Un rare exemplaire de 1642 devait être récemment vendu aux enchères par Christie’s mais l’opération a été suspendue face l’opposition suscitée en France.- Scores en or -Malgré les progrès fulgurants de l’IA, les erreurs restent fréquentes, les robots conversationnels comme ChatGPT trébuchent parfois sur des additions basiques. “Les calculatrices, elles, donnent toujours la bonne réponse”, argumente Tomoaki Sato, directeur général senior de la division éducation chez Casio. A l’inverse, les mathématiques avancées sont le terrain de jeu sur lequel l’IA peut faire ses preuves: en juillet, des modèles d’IA développés par les américains Google et OpenAI ont atteint des scores de champion à l’Olympiade internationale des mathématiques (IMO).Même si aucun n’a obtenu la note maximale à ce concours annuel réservé aux moins de 20 ans, contrairement à cinq participants humains qui ont réalisé un sans-faute. Le président de l’IMO, Gregor Dolinar, qualifie les progrès de l’IA de “fascinants”. Autrefois, les calculatrices scientifiques “étaient indispensables, mais aujourd’hui c’est plus simple de demander à l’IA”, explique-t-il à l’AFP. “Si vous posez la question correctement”, l’intelligence artificielle peut résoudre des problèmes abstraits et logiques et montrer son raisonnement, ajoute M. Dolinar. Ce professeur d’ingénierie à l’université de Ljubljana, en Slovénie, estime que les calculatrices physiques sont vouées à “disparaître progressivement”. Un phénomène qu’il observe déjà chez ses étudiants: “Ils peuvent tout calculer sur leur téléphone.”

Royaume-Uni: face à la déferlante des traitements contre l’obésité, un chef star allège son menu

Quand le chef star britannique Heston Blumenthal, trois étoiles au Michelin, a commencé à suivre un traitement contre l’obésité, il a perdu l’appétit. Convaincu que le succès de ces médicaments va bouleverser la restauration, il propose désormais une version allégée de son menu phare.Après les Etats-Unis, les traitements anti-obésité GLP-1, connus sous les noms Ozempic, Wegovy, Mounjaro etc., ont pris d’assaut le Royaume-Uni.S’il n’y a pas de chiffres officiels sur le nombre d’utilisateurs de ces “skinny jabs” (“piqûres pour maigrir”), qui reproduisent l’action d’une hormone aidant à réguler la glycémie et l’appétit, des études évoquent 1,5 million de Britanniques, d’autres plus de 3,5 millions.Pour Heston Blumenthal, qui compte parmi eux, “ce n’est que le début”. Cet homme de 59 ans, l’un des plus célèbres chefs britanniques, a ouvert son restaurant “The Fat Duck” (“Le gros canard”) en 1995, dans le village de Bray, à l’ouest de Londres. Neuf ans plus tard, le Michelin le couronnait de trois étoiles.Il a d’autres restaurants étoilés, notamment à Londres et Dubaï. Il est aussi une célébrité de la télévision dans son pays et ailleurs – il passe dans l’émission de téléréalité Top Chef en France -, connu pour son approche combinant science et cuisine.- “Se réinventer” -Dans les interviews, il ne parle plus seulement de sa cuisine “multisensorielle”, mais aussi de santé mentale. Il y a deux ans, il a été diagnostiqué bipolaire. Ses médicaments lui ont fait prendre 40 kilos et son médecin lui a conseillé un traitement anti-obésité.”Quand j’ai commencé, je n’avais plus faim du tout. C’était vraiment bizarre”, raconte-t-il à l’AFP. “J’étais rassasié, sans avoir beaucoup mangé”. Après avoir ressenti une certaine inquiétude, il a noté avec soulagement que le traitement “n’avait pas tué” ses papilles.Il a perdu 20 kilos mais a aussi réalisé “le danger” pour le secteur de la restauration. “Cela va avoir un énorme impact sur notre façon de manger”. En plus d’avoir moins d’appétit, les gens pourraient avoir moins d’intérêt pour la nourriture. Pour un chef, c’est “un gros défi, mais aussi un défi exaltant”. Il faut “repenser” certaines choses, “se réinventer”.En Angleterre, où 64,5% des adultes étaient en surpoids ou obèses en 2024, le service de santé public croule sous les demandes de rendez-vous de patients en quête de ces traitements.Face aux listes d’attente, des centaines de milliers de Britanniques se résignent à aller dans le privé et débourser 175 livres (200 euros) par mois pour le médicament.Depuis début octobre, Heston Blumenthal propose le menu “The mindful experience”, avec des portions deux fois plus petites que dans son menu phare “The journey”, mais avec les mêmes textures et saveurs. Le prix est de 275 livres (75 de moins que “The journey”), soit 314 euros. Le service, le personnel en cuisine restent les mêmes, justifie le chef.  En apéritif, une mousse aérienne, avec lime et thé vert, disparait en quelques secondes dans la bouche. “L’idée est de réveiller le palais”, explique Heston Blumenthal.Un plat intitulé “Au bord de la mer”, se déguste avec le bruit des vagues et des mouettes dans les oreilles. Le chef a conçu une glace au crabe, présentée dans des cônes, façon glace à l’italienne. – “Apprécier davantage” -Le menu a connu le succès dès les premières semaines. Sur les 80 premiers clients, un seul a dit ne pas avoir suffisamment mangé.”Quand il y a moins de nourriture, on peut l’apprécier davantage”, professe Heston Blumenthal, qui passe volontiers dix minutes à croquer dans un simple grain de raisin, en analysant chacune de ses sensations. “Etre moins poussé par l’appétit m’a rendu plus conscient de mes papilles. Je me suis surpris à manger moins, mais avec plus de réflexion”, dit le chef, qui continue de suivre le traitement.Il n’est pas le seul à avoir pris conscience du bouleversement en cours. Le chef d’origine indienne Atul Kochhar a lancé un menu avec des plats plus petits après avoir entendu des clients dire: “C’est un peu trop, nous ne pourrons pas tout manger”. “Je mentirais si je disais que je ne suis pas inquiet”, a-t-il confié à la télévision Channel 4.

Inde: au moins 25 personnes, dont des touristes, meurent dans l’incendie d’une boîte de nuit à Goa

Au moins 25 personnes, dont des touristes, sont mortes dans l’incendie d’une boîte de nuit très fréquentée de la célèbre station balnéaire de Goa, dans l’ouest de l’Inde, ont annoncé dimanche matin les autorités de cette ancienne colonie portugaise.Le feu s’est déclaré dans la nuit de samedi à dimanche, après minuit, dans une discothèque qui …

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Le chef du Pentagone “sur la corde raide”, entre rapport critique et frappes contestées

Les nuages s’amoncellent au-dessus de la tête du ministre américain de la Défense Pete Hegseth, entre rapport critique sur son utilisation de la messagerie Signal pour communiquer des plans militaires et frappes contestées contre des embarcations prétendument impliquées dans le narcotrafic.En début d’année, la nomination de Pete Hegseth – ancien officier d’infanterie devenu présentateur sur la chaîne Fox News, désormais à la tête de l’armée la plus puissante du monde – avait été validée de justesse par le Sénat.Quasi un an plus tard, le ministre est une fois de plus dans la tourmente.Le “Signalgate” a rebondi avec la publication d’un rapport indépendant concluant que son recours à cette application de messagerie pour discuter de frappes imminentes au Yémen a “créé un risque pour la sécurité opérationnelle”. Il est également critiqué pour la campagne militaire menée par Washington depuis septembre dans les Caraïbes et le Pacifique présentée comme une lutte contre le narcotrafic, en particulier les frappes ayant tué des hommes qui avaient survécu à une première salve.Ces deux affaires alimentent les appels à ce qu’il quitte ses fonctions venant de voix démocrates. Néanmoins son poste ne semble pas menacé dans l’immédiat.- “Perdre patience” -“Il est de nouveau dans une situation difficile. Mais il a l’air de conserver la confiance de (Donald) Trump, même s’il a perdu le soutien de certains républicains. Je ne pense pas qu’il soit dans une situation intenable”, estime Mark Cancian, ancien colonel de l’armée américaine, analyste au Centre d’études stratégiques et internationales.”Mais s’il y a une autre (affaire), la Maison Blanche pourrait perdre patience”, anticipe-t-il, en qualifiant celles du moment de “très embarrassantes”.Le présentateur télé devenu ministre est “sur la corde raide” et Trump a “un ministre de la Défense qui lui cause beaucoup de soucis”, résume Jim Townsend, ex-haut responsable du même ministère sous la présidence Obama.Si quelque chose venait à “irriter vraiment le Parti républicain” ou sa frange trumpiste MAGA (Make America Great Again), “ils essaieront probablement de le déplacer”, envisage-t-il.L’affaire Signal a rebondi jeudi avec la publication d’un rapport indépendant de l’inspection générale du Pentagone. Selon ses conclusions, Pete Hegseth a mis ses propres troupes en danger en dévoilant dans un groupe de discussion entre hauts responsables américains sur l’application l’heure de frappes prévues au Yémen quelques heures avant qu’elles n’aient lieu et des informations sur les équipements militaires employés.Par son action, il a “créé un risque pour la sécurité opérationnelle qui aurait pu conduire à nuire aux pilotes et conduire à un échec des objectifs de la mission”, écrit-elle.- Survivants tués -L’affaire avait éclaté fin mars quand le magazine The Atlantic avait révélé que des plans militaires avaient été partagés dans un groupe Signal auquel son rédacteur en chef avait été ajouté par mégarde.S’agissant des frappes américaines contre des prétendus narcotrafiquants, le chef du Pentagone est visé en particulier par les critiques qui entourent la seconde salve d’une opération menée début septembre, lancée contre un bateau déjà touché et qui a tué les deux survivants.Des parlementaires américains ont pu en visionner des images jeudi, à huis clos.”Ce que j’ai vu dans cette pièce a été l’une des choses les plus perturbantes vues de tout mon temps passé au service du public”, s’est ému Jim Himes, élu démocrate, en décrivant “l’armée américaine attaquant des marins naufragés”.L’élu républicain Tom Cotton a lui défendu les frappes successives contre cette embarcation comme une “décision entièrement légitime et nécessaire”.Pete Hegseth compte-t-il rendre cette vidéo publique? Relancé à de plusieurs reprises samedi pendant sa participation à un événement en Californie, “nous examinons la procédure et nous verrons”, a-t-il évacué. “Quoi qu’on déciderait de diffuser, nous devons faire preuve d’une grande responsabilité.”Tant lui que la Maison Blanche ont répété que la deuxième salve avait été décidée par le commandement opérationnel et non le ministre.Au-delà, l’ONU a fait état de “solides indices” d’exécutions “extrajudiciaires” concernant cette campagne militaire, qui a tué plus de 80 personnes, sans preuves avancées sur des liens entre les bateaux visés et les cartels de la drogue.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Une influente étude sur le glyphosate retirée après des années d’alertes sur l’implication de Monsanto

Une influente étude affirmant que le glyphosate ne présente aucun risque grave pour la santé a été récemment retirée pour suspicion de conflits d’intérêts, 25 ans après cette publication qui a entre-temps guidé nombre de décisions politiques malgré des alertes quant à la probité de ses auteurs.Si des chercheurs ont salué cette rétractation, sa lenteur interroge quant à l’intégrité de la recherche menée autour de l’ingrédient clé du Roundup, herbicide le plus vendu dans le monde.Ce produit du géant Monsanto est au centre de débats politiques majeurs, notamment en Europe, alors que ses risques sur la santé font l’objet de nombreuses procédures judiciaires.Publié en 2000 dans le journal Regulatory Toxicology and Pharmacology, l’article désormais retiré figure parmi les plus cités sur le glyphosate, notamment par de nombreuses autorités gouvernementales qui en réglementent l’usage.Dans sa note de rétractation publiée la semaine dernière, le journal cite toute une série de lacunes “critiques”: omission d’inclure certaines études sur les dangers liés au cancer, non-divulgation de la participation de salariés de Monsanto à son écriture et non-divulgation d’avantages financiers perçus par les auteurs de la part de Monsanto.Elsevier, l’éditeur du journal, a assuré à l’AFP que la procédure de réexamen de l’étude a été entamée “dès que le rédacteur en chef actuel a pris connaissance des préoccupations concernant cet article, il y a quelques mois.”- “Articles frauduleux” -Mais dès 2002, une lettre signée par une vingtaine de chercheurs dénonçait déjà “des conflits d’intérêts, un manque de transparence et l’absence d’indépendance éditoriale” au sein de la revue scientifique, en mentionnant Monsanto. Et l’affaire avait éclaté au grand jour en 2017 quand des documents internes de l’entreprise ont émergé, révélant le rôle d’employés de Monsanto dans l’écriture de l’étude désormais retirée.Naomi Oreskes, co-autrice d’une publication en septembre détaillant l’immense influence de cette étude, se dit “très satisfaite” d’une rétractation “attendue depuis longtemps.” “La communauté scientifique a besoin de meilleurs mécanismes pour identifier et retirer les articles frauduleux,” alerte auprès de l’AFP cette historienne des sciences à l’université Harvard.Les motifs décrits par le journal pour justifier le retrait de l’étude “correspondent totalement à ce que nous dénoncions à l’époque”, a dit à l’AFP Lynn Goldman, de l’université George Washington, qui avait cosigné la lettre de 2002.Gary Williams, un auteur de l’étude retirée, n’a pas répondu à la demande de commentaires de l’AFP. Ses co-auteurs sont décédés.- “Cancérogène probable” -Monsanto a, pour sa part, réitéré que son produit ne posait pas de risques. Et assure que sa participation à l’article décrié, reconnue par le groupe, “n’a pas atteint un niveau nécessaire pour en déclarer la paternité et a été correctement divulguée dans les remerciements.”L’entreprise, rachetée depuis par Bayer, n’a pas réagi sur l’existence de courriels internes dans lesquels une scientifique de l’entreprise avait écrit vouloir remercier un “groupe de personnes” ayant travaillé sur cet article, ainsi que sur une autre étude, “pour leur excellent travail” en leur offrant des t-shirts Roundup.Le glyphosate a été commercialisé comme herbicide dans les années 1970 mais a connu une adoption croissante dans les années 1990, rendant l’article de 2000 extrêmement influent.Classé en 2015 comme un “cancérogène probable” par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé, le glyphosate est interdit en France depuis fin 2018 pour un usage domestique.Nathan Donley, scientifique du Centre pour la diversité biologique, a déclaré à l’AFP que cette nouvelle ne changera sans doute pas l’avis favorable de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) du gouvernement de Donald Trump, résolument pro-industrie. Mais, relève-t-il, cela pourrait parvenir aux oreilles des régulateurs européens. Surtout, relève Nathan Donley, cet épisode constitue un exemple d’un phénomène plus large au sein de la littérature scientifique. “Je suis sûr qu’il y beaucoup articles du même genre, écrits par d’autres que leurs auteurs affichés et aux conflits d’intérêt non déclaré”, relève John Ioannidis, professeur à l’université Stanford. “Mais ils sont très difficiles à révéler, à moins de se plonger” dans des documents d’archives, ajoute-t-il.

Une influente étude sur le glyphosate retirée après des années d’alertes sur l’implication de Monsanto

Une influente étude affirmant que le glyphosate ne présente aucun risque grave pour la santé a été récemment retirée pour suspicion de conflits d’intérêts, 25 ans après cette publication qui a entre-temps guidé nombre de décisions politiques malgré des alertes quant à la probité de ses auteurs.Si des chercheurs ont salué cette rétractation, sa lenteur interroge quant à l’intégrité de la recherche menée autour de l’ingrédient clé du Roundup, herbicide le plus vendu dans le monde.Ce produit du géant Monsanto est au centre de débats politiques majeurs, notamment en Europe, alors que ses risques sur la santé font l’objet de nombreuses procédures judiciaires.Publié en 2000 dans le journal Regulatory Toxicology and Pharmacology, l’article désormais retiré figure parmi les plus cités sur le glyphosate, notamment par de nombreuses autorités gouvernementales qui en réglementent l’usage.Dans sa note de rétractation publiée la semaine dernière, le journal cite toute une série de lacunes “critiques”: omission d’inclure certaines études sur les dangers liés au cancer, non-divulgation de la participation de salariés de Monsanto à son écriture et non-divulgation d’avantages financiers perçus par les auteurs de la part de Monsanto.Elsevier, l’éditeur du journal, a assuré à l’AFP que la procédure de réexamen de l’étude a été entamée “dès que le rédacteur en chef actuel a pris connaissance des préoccupations concernant cet article, il y a quelques mois.”- “Articles frauduleux” -Mais dès 2002, une lettre signée par une vingtaine de chercheurs dénonçait déjà “des conflits d’intérêts, un manque de transparence et l’absence d’indépendance éditoriale” au sein de la revue scientifique, en mentionnant Monsanto. Et l’affaire avait éclaté au grand jour en 2017 quand des documents internes de l’entreprise ont émergé, révélant le rôle d’employés de Monsanto dans l’écriture de l’étude désormais retirée.Naomi Oreskes, co-autrice d’une publication en septembre détaillant l’immense influence de cette étude, se dit “très satisfaite” d’une rétractation “attendue depuis longtemps.” “La communauté scientifique a besoin de meilleurs mécanismes pour identifier et retirer les articles frauduleux,” alerte auprès de l’AFP cette historienne des sciences à l’université Harvard.Les motifs décrits par le journal pour justifier le retrait de l’étude “correspondent totalement à ce que nous dénoncions à l’époque”, a dit à l’AFP Lynn Goldman, de l’université George Washington, qui avait cosigné la lettre de 2002.Gary Williams, un auteur de l’étude retirée, n’a pas répondu à la demande de commentaires de l’AFP. Ses co-auteurs sont décédés.- “Cancérogène probable” -Monsanto a, pour sa part, réitéré que son produit ne posait pas de risques. Et assure que sa participation à l’article décrié, reconnue par le groupe, “n’a pas atteint un niveau nécessaire pour en déclarer la paternité et a été correctement divulguée dans les remerciements.”L’entreprise, rachetée depuis par Bayer, n’a pas réagi sur l’existence de courriels internes dans lesquels une scientifique de l’entreprise avait écrit vouloir remercier un “groupe de personnes” ayant travaillé sur cet article, ainsi que sur une autre étude, “pour leur excellent travail” en leur offrant des t-shirts Roundup.Le glyphosate a été commercialisé comme herbicide dans les années 1970 mais a connu une adoption croissante dans les années 1990, rendant l’article de 2000 extrêmement influent.Classé en 2015 comme un “cancérogène probable” par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé, le glyphosate est interdit en France depuis fin 2018 pour un usage domestique.Nathan Donley, scientifique du Centre pour la diversité biologique, a déclaré à l’AFP que cette nouvelle ne changera sans doute pas l’avis favorable de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) du gouvernement de Donald Trump, résolument pro-industrie. Mais, relève-t-il, cela pourrait parvenir aux oreilles des régulateurs européens. Surtout, relève Nathan Donley, cet épisode constitue un exemple d’un phénomène plus large au sein de la littérature scientifique. “Je suis sûr qu’il y beaucoup articles du même genre, écrits par d’autres que leurs auteurs affichés et aux conflits d’intérêt non déclaré”, relève John Ioannidis, professeur à l’université Stanford. “Mais ils sont très difficiles à révéler, à moins de se plonger” dans des documents d’archives, ajoute-t-il.