Indépendantistes et loyalistes signent un accord actant un “Etat de Nouvelle-Calédonie”

Les forces politiques calédoniennes, réunies depuis dix jours près de Paris pour tenter de tracer un avenir institutionnel au territoire, ont signé samedi matin un accord “historique” actant notamment un “Etat de Nouvelle-Calédonie” inscrit dans la Constitution.Ce “projet d’accord” doit encore être entériné en Nouvelle-Calédonie par les mandants des différentes délégations. Il a été signé par Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, et les 18 délégués représentant les forces politiques du Congrès de Nouvelle-Calédonie.François Bayrou a exprimé sa “fierté d’un accord à hauteur d’Histoire”. “Honneur au courageux négociateurs, merci à M. (Manuel) Valls”, le ministre des Outre-mer, ajoute sur X le Premier ministre.Dans une réaction transmise à l’AFP, M. Valls salue lui “un engagement majeur, fruit d’un long travail de négociations au cours duquel les partenaires calédoniens ont fait le choix du courage et de la responsabilité”.Dans un communiqué, les non-indépendantistes des Loyalistes et du Rassemblement se félicitent eux d'”un accord historique” qui permet “d’instaurer une nouvelle ère de stabilité”. Sans préciser le contenu du texte signé, ils assurent notamment que l’accord permettra “la réouverture du corps électoral à de nombreux Calédoniens”.Selon une source loyaliste, le corps électoral local sera ouvert aux résidents en Nouvelle-Calédonie depuis au moins dix ans à partir des élections provinciales de 2031. La réforme du corps électoral avait été à l’origine des émeutes meurtrières de mai 2024, qui ont fait 14 morts.Ils se félicitent aussi que “ce choix respecte la volonté souveraine exprimée par les Calédoniens” lors des trois référendums d’indépendance de 2018, 2020 et 2021 et évoquent des “concessions”, avec “la transformation de la collectivité Nouvelle-Calédonie en Etat intégré dans l’ensemble national”.”Un statut dans la France. Avec des Calédoniens qui restent Français. Plus aucun référendum en vue si ce n’est celui qui sera organisé pour valider cet accord. Une ouverture du corps électoral”, a déclaré le député non indépendantiste Nicolas Metzdorf dans une réaction transmise à l’AFP.”On nous avait prédit un référendum sur l’Etat-associé dans 15 ans. Nous avons fait de fortes concessions pour l’éviter et projeter définitivement la Nouvelle-Calédonie dans l’avenir et sans date butoir”, a-t-il ajouté, appelant désormais à la relance économique alors que les émeutes ont coûté plus de deux milliards d’euros et au moins 10% de PIB au “Caillou”. – Retour de “l’espoir” -Intitulé le “pari de la confiance”, les 13 pages du projet d’accord, transmis à l’AFP, actent la création d’une nationalité calédonienne, les habitants du Caillou pouvant bénéficier de la double nationalité française et calédonienne.Un “Etat de la Nouvelle-Calédonie” inscrit dans la Constitution de la République française sera créé, qui pourra être reconnu par la communauté internationale. Paris accompagnera la Nouvelle-Calédonie dans le renforcement de ses capacités dans les domaines régaliens, précise le texte.L’accord aborde l’économie avec un “pacte de refondation économique et financière” qui prévoit notamment un “plan stratégique” pour le nickel, ressource-clé du territoire. Il prévoit la relance d’une activité de transformation du nickel en province Nord, majoritairement peuplée de Kanak, où l’usine de nickel a fermé l’an passé, mettant 1.300 salariés au chômage.”Cet accord permet à l’espoir de renaître”, a réagi auprès de l’AFP Philippe Gomes, chef de file du parti Calédonie ensemble. Le Parlement doit être réuni en Congrès à Versailles au dernier trimestre pour “constitutionnaliser” l’accord, avant un référendum local approuvant l’accord politique par les Calédoniens en février 2026 et des élections provinciales en mai-juin 2026.Celles-ci, cruciales sur l’archipel car d’elles découlent la composition du Congrès et du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, devraient avoir lieu à la fin du premier semestre 2026. “L’espoir renaît pour la Nouvelle-Calédonie”, a réagi la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, saluant un moment où “chacun a su se hisser à la hauteur de l’Histoire, renouer le dialogue et aboutir à un accord historique”.”Il sera essentiel d’analyser les conséquences sur le statut constitutionnel de la France et de ses principes profondément bouleversés par ces dispositions”, prévient sur X Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise.

Indépendantistes et loyalistes signent un accord actant un “Etat de Nouvelle-Calédonie”

Les forces politiques calédoniennes, réunies depuis dix jours près de Paris pour tenter de tracer un avenir institutionnel au territoire, ont signé samedi matin un accord “historique” actant notamment un “Etat de Nouvelle-Calédonie” inscrit dans la Constitution.Ce “projet d’accord” doit encore être entériné en Nouvelle-Calédonie par les mandants des différentes délégations. Il a été signé par Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, et les 18 délégués représentant les forces politiques du Congrès de Nouvelle-Calédonie.François Bayrou a exprimé sa “fierté d’un accord à hauteur d’Histoire”. “Honneur au courageux négociateurs, merci à M. (Manuel) Valls”, le ministre des Outre-mer, ajoute sur X le Premier ministre.Dans une réaction transmise à l’AFP, M. Valls salue lui “un engagement majeur, fruit d’un long travail de négociations au cours duquel les partenaires calédoniens ont fait le choix du courage et de la responsabilité”.Dans un communiqué, les non-indépendantistes des Loyalistes et du Rassemblement se félicitent eux d'”un accord historique” qui permet “d’instaurer une nouvelle ère de stabilité”. Sans préciser le contenu du texte signé, ils assurent notamment que l’accord permettra “la réouverture du corps électoral à de nombreux Calédoniens”.Selon une source loyaliste, le corps électoral local sera ouvert aux résidents en Nouvelle-Calédonie depuis au moins dix ans à partir des élections provinciales de 2031. La réforme du corps électoral avait été à l’origine des émeutes meurtrières de mai 2024, qui ont fait 14 morts.Ils se félicitent aussi que “ce choix respecte la volonté souveraine exprimée par les Calédoniens” lors des trois référendums d’indépendance de 2018, 2020 et 2021 et évoquent des “concessions”, avec “la transformation de la collectivité Nouvelle-Calédonie en Etat intégré dans l’ensemble national”.”Un statut dans la France. Avec des Calédoniens qui restent Français. Plus aucun référendum en vue si ce n’est celui qui sera organisé pour valider cet accord. Une ouverture du corps électoral”, a déclaré le député non indépendantiste Nicolas Metzdorf dans une réaction transmise à l’AFP.”On nous avait prédit un référendum sur l’Etat-associé dans 15 ans. Nous avons fait de fortes concessions pour l’éviter et projeter définitivement la Nouvelle-Calédonie dans l’avenir et sans date butoir”, a-t-il ajouté, appelant désormais à la relance économique alors que les émeutes ont coûté plus de deux milliards d’euros et au moins 10% de PIB au “Caillou”. – Retour de “l’espoir” -Intitulé le “pari de la confiance”, les 13 pages du projet d’accord, transmis à l’AFP, actent la création d’une nationalité calédonienne, les habitants du Caillou pouvant bénéficier de la double nationalité française et calédonienne.Un “Etat de la Nouvelle-Calédonie” inscrit dans la Constitution de la République française sera créé, qui pourra être reconnu par la communauté internationale. Paris accompagnera la Nouvelle-Calédonie dans le renforcement de ses capacités dans les domaines régaliens, précise le texte.L’accord aborde l’économie avec un “pacte de refondation économique et financière” qui prévoit notamment un “plan stratégique” pour le nickel, ressource-clé du territoire. Il prévoit la relance d’une activité de transformation du nickel en province Nord, majoritairement peuplée de Kanak, où l’usine de nickel a fermé l’an passé, mettant 1.300 salariés au chômage.”Cet accord permet à l’espoir de renaître”, a réagi auprès de l’AFP Philippe Gomes, chef de file du parti Calédonie ensemble. Le Parlement doit être réuni en Congrès à Versailles au dernier trimestre pour “constitutionnaliser” l’accord, avant un référendum local approuvant l’accord politique par les Calédoniens en février 2026 et des élections provinciales en mai-juin 2026.Celles-ci, cruciales sur l’archipel car d’elles découlent la composition du Congrès et du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, devraient avoir lieu à la fin du premier semestre 2026. “L’espoir renaît pour la Nouvelle-Calédonie”, a réagi la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, saluant un moment où “chacun a su se hisser à la hauteur de l’Histoire, renouer le dialogue et aboutir à un accord historique”.”Il sera essentiel d’analyser les conséquences sur le statut constitutionnel de la France et de ses principes profondément bouleversés par ces dispositions”, prévient sur X Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise.

Au coeur d’un laboratoire qui traque les faux médicaments

“Si je vous l’injecte, vous mourez assez rapidement”: impossible pourtant, à l’œil nu, de distinguer ce faux médicament de l’authentique. A Tours, au laboratoire central d’analyse des contrefaçons de Sanofi, les échantillons suspects sont passés au crible.”Il faut continuer la lutte” contre la falsification de médicaments, un fléau mondial “devenu sophistiqué”, déclare Nathalie Tallet, responsable du laboratoire, blouse blanche intégrale, sur-chausses et lunettes de sécurité superposées sur sa paire corrective.Une récente opération contre le trafic de médicaments menée dans 90 pays a conduit à l’arrestation de près de 800 personnes et la saisie de produits illicites pour une valeur de 56 millions d’euros, selon Interpol.Les médicaments falsifiés, dont le trafic est facilité par l’explosion du commerce électronique et la multiplication de sites non réglementés, sont des produits dont l’identité, la composition ou la source est délibérément représentée de façon trompeuse, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).Ils peuvent contenir soit les bons ingrédients mais dans un dosage incorrect, soit un autre composé actif, ou même aucune substance active. Ou encore de mauvais excipients.Ce peut être aussi de vrais médicaments détournés pour être revendus illégalement et utilisés comme dopants ou psychotropes.Quand une autorité de santé demande au laboratoire d’enquêter sur un produit suspect faisant l’objet d’une alerte des douanes ou des autorités de santé débute alors un travail de vérification sur la traçabilité.”On va interroger nos bases de données, avec le nom du produit, son numéro de lot, sa date de fabrication, de péremption”, détaille la pharmacienne à la tête d’une équipe de 12 personnes.En cas d’incohérences, l’étape suivante consiste à récupérer les échantillons pour en vérifier le contenu. Si le système de détection confirme que le produit suspect est falsifié, le laboratoire émet un rapport aux autorités compétentes. Remonter à la source peut s’avérer ardu, le médicament pouvant être fabriqué à un endroit et conditionné à un autre, souvent proche de la source de vente.- “Protéger les populations” -Il faut “protéger les populations qui n’ont pas la chance d’avoir des médicaments”, affirme Mme Tallet qui a déjà témoigné devant des tribunaux au Kenya, en Jordanie, aux Philippines sur le danger des falsifications.Tout est passé en revue pour détecter un éventuel écart sur le poids, l’étui, les codes de série, les lettres, le liseré d’emballage, les techniques d’impression, la nature du produit, son aspect.D’autres grands groupes pharmaceutiques, comme Servier, ont aussi leur propre laboratoire d’analyses pour détecter les faux médicaments et leurs flux illicites.Celui de Sanofi reçoit “entre 1.000 et 2.000 demandes par an” d’analyses et compte “entre 100 et 200 cas” confirmés de faux médicaments ainsi qu'”une centaine de cas de trafic illicite”.”Depuis quelques années, l’Amérique latine et l’Asie du sud-est sont vraiment les deux régions géographiques qui nous font travailler”, observe Mme Tallet.En 2008, année de création du laboratoire, les faux médicaments étaient “beaucoup plus faciles à détecter”, se souvient-elle. Maintenant avec l’évolution technologique, “on peut tout imaginer”.- Amidon, verre, métaux -Preuve à l’appui, elle tient dans chaque paume une boîte a priori identique de comprimés comportant des inscriptions en chinois sur l’étui.Seule une machine équipée d’une caméra grossissante, munie de différents types d’éclairages et de filtres fait ressortir les défauts visuels de la boîte contrefaite: la police de caractères diffère.Les échantillons liquides, aussi, sont sous surveillance : “si je vous l’injecte, vous mourez assez rapidement”, met en garde un autre collaborateur, plaçant un flacon sous un microscope à grande profondeur de champ.Ce spécimen, fait partie d’une dizaine de flacons thérapeutiques contrefaits dans un pays étranger, interceptés à temps, il y a quelques années.Un dérivé d’amidon, produit peu coûteux, remplace le principe actif alors que le flacon légitime vaut, lui, “plusieurs milliers d’euros” pour traiter des maladies rares.La cause du danger réside cependant ailleurs : dans la solution flotte un plancton de particules de “verre”, de “ferraille”, “des fibres qui peuvent provoquer une embolie”.D’autres affaires anciennes ont révélé la présence de détergents dans des vaccins pédiatriques en Indonésie ou encore un antibiotique dans un anti-cancéreux, des contaminations microbiennes, garde en mémoire Mme Tallet.”Il n’y a pas que les douanes qui nous remontent des cas. Il peut y avoir aussi des patients et des professionnels de santé qui observent des bizarreries sur le produit, le prix de vente ou des effets secondaires”, précise-t-elle.

Au coeur d’un laboratoire qui traque les faux médicaments

“Si je vous l’injecte, vous mourez assez rapidement”: impossible pourtant, à l’œil nu, de distinguer ce faux médicament de l’authentique. A Tours, au laboratoire central d’analyse des contrefaçons de Sanofi, les échantillons suspects sont passés au crible.”Il faut continuer la lutte” contre la falsification de médicaments, un fléau mondial “devenu sophistiqué”, déclare Nathalie Tallet, responsable du laboratoire, blouse blanche intégrale, sur-chausses et lunettes de sécurité superposées sur sa paire corrective.Une récente opération contre le trafic de médicaments menée dans 90 pays a conduit à l’arrestation de près de 800 personnes et la saisie de produits illicites pour une valeur de 56 millions d’euros, selon Interpol.Les médicaments falsifiés, dont le trafic est facilité par l’explosion du commerce électronique et la multiplication de sites non réglementés, sont des produits dont l’identité, la composition ou la source est délibérément représentée de façon trompeuse, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).Ils peuvent contenir soit les bons ingrédients mais dans un dosage incorrect, soit un autre composé actif, ou même aucune substance active. Ou encore de mauvais excipients.Ce peut être aussi de vrais médicaments détournés pour être revendus illégalement et utilisés comme dopants ou psychotropes.Quand une autorité de santé demande au laboratoire d’enquêter sur un produit suspect faisant l’objet d’une alerte des douanes ou des autorités de santé débute alors un travail de vérification sur la traçabilité.”On va interroger nos bases de données, avec le nom du produit, son numéro de lot, sa date de fabrication, de péremption”, détaille la pharmacienne à la tête d’une équipe de 12 personnes.En cas d’incohérences, l’étape suivante consiste à récupérer les échantillons pour en vérifier le contenu. Si le système de détection confirme que le produit suspect est falsifié, le laboratoire émet un rapport aux autorités compétentes. Remonter à la source peut s’avérer ardu, le médicament pouvant être fabriqué à un endroit et conditionné à un autre, souvent proche de la source de vente.- “Protéger les populations” -Il faut “protéger les populations qui n’ont pas la chance d’avoir des médicaments”, affirme Mme Tallet qui a déjà témoigné devant des tribunaux au Kenya, en Jordanie, aux Philippines sur le danger des falsifications.Tout est passé en revue pour détecter un éventuel écart sur le poids, l’étui, les codes de série, les lettres, le liseré d’emballage, les techniques d’impression, la nature du produit, son aspect.D’autres grands groupes pharmaceutiques, comme Servier, ont aussi leur propre laboratoire d’analyses pour détecter les faux médicaments et leurs flux illicites.Celui de Sanofi reçoit “entre 1.000 et 2.000 demandes par an” d’analyses et compte “entre 100 et 200 cas” confirmés de faux médicaments ainsi qu'”une centaine de cas de trafic illicite”.”Depuis quelques années, l’Amérique latine et l’Asie du sud-est sont vraiment les deux régions géographiques qui nous font travailler”, observe Mme Tallet.En 2008, année de création du laboratoire, les faux médicaments étaient “beaucoup plus faciles à détecter”, se souvient-elle. Maintenant avec l’évolution technologique, “on peut tout imaginer”.- Amidon, verre, métaux -Preuve à l’appui, elle tient dans chaque paume une boîte a priori identique de comprimés comportant des inscriptions en chinois sur l’étui.Seule une machine équipée d’une caméra grossissante, munie de différents types d’éclairages et de filtres fait ressortir les défauts visuels de la boîte contrefaite: la police de caractères diffère.Les échantillons liquides, aussi, sont sous surveillance : “si je vous l’injecte, vous mourez assez rapidement”, met en garde un autre collaborateur, plaçant un flacon sous un microscope à grande profondeur de champ.Ce spécimen, fait partie d’une dizaine de flacons thérapeutiques contrefaits dans un pays étranger, interceptés à temps, il y a quelques années.Un dérivé d’amidon, produit peu coûteux, remplace le principe actif alors que le flacon légitime vaut, lui, “plusieurs milliers d’euros” pour traiter des maladies rares.La cause du danger réside cependant ailleurs : dans la solution flotte un plancton de particules de “verre”, de “ferraille”, “des fibres qui peuvent provoquer une embolie”.D’autres affaires anciennes ont révélé la présence de détergents dans des vaccins pédiatriques en Indonésie ou encore un antibiotique dans un anti-cancéreux, des contaminations microbiennes, garde en mémoire Mme Tallet.”Il n’y a pas que les douanes qui nous remontent des cas. Il peut y avoir aussi des patients et des professionnels de santé qui observent des bizarreries sur le produit, le prix de vente ou des effets secondaires”, précise-t-elle.

Au coeur d’un laboratoire qui traque les faux médicaments

“Si je vous l’injecte, vous mourez assez rapidement”: impossible pourtant, à l’œil nu, de distinguer ce faux médicament de l’authentique. A Tours, au laboratoire central d’analyse des contrefaçons de Sanofi, les échantillons suspects sont passés au crible.”Il faut continuer la lutte” contre la falsification de médicaments, un fléau mondial “devenu sophistiqué”, déclare Nathalie Tallet, responsable du laboratoire, blouse blanche intégrale, sur-chausses et lunettes de sécurité superposées sur sa paire corrective.Une récente opération contre le trafic de médicaments menée dans 90 pays a conduit à l’arrestation de près de 800 personnes et la saisie de produits illicites pour une valeur de 56 millions d’euros, selon Interpol.Les médicaments falsifiés, dont le trafic est facilité par l’explosion du commerce électronique et la multiplication de sites non réglementés, sont des produits dont l’identité, la composition ou la source est délibérément représentée de façon trompeuse, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).Ils peuvent contenir soit les bons ingrédients mais dans un dosage incorrect, soit un autre composé actif, ou même aucune substance active. Ou encore de mauvais excipients.Ce peut être aussi de vrais médicaments détournés pour être revendus illégalement et utilisés comme dopants ou psychotropes.Quand une autorité de santé demande au laboratoire d’enquêter sur un produit suspect faisant l’objet d’une alerte des douanes ou des autorités de santé débute alors un travail de vérification sur la traçabilité.”On va interroger nos bases de données, avec le nom du produit, son numéro de lot, sa date de fabrication, de péremption”, détaille la pharmacienne à la tête d’une équipe de 12 personnes.En cas d’incohérences, l’étape suivante consiste à récupérer les échantillons pour en vérifier le contenu. Si le système de détection confirme que le produit suspect est falsifié, le laboratoire émet un rapport aux autorités compétentes. Remonter à la source peut s’avérer ardu, le médicament pouvant être fabriqué à un endroit et conditionné à un autre, souvent proche de la source de vente.- “Protéger les populations” -Il faut “protéger les populations qui n’ont pas la chance d’avoir des médicaments”, affirme Mme Tallet qui a déjà témoigné devant des tribunaux au Kenya, en Jordanie, aux Philippines sur le danger des falsifications.Tout est passé en revue pour détecter un éventuel écart sur le poids, l’étui, les codes de série, les lettres, le liseré d’emballage, les techniques d’impression, la nature du produit, son aspect.D’autres grands groupes pharmaceutiques, comme Servier, ont aussi leur propre laboratoire d’analyses pour détecter les faux médicaments et leurs flux illicites.Celui de Sanofi reçoit “entre 1.000 et 2.000 demandes par an” d’analyses et compte “entre 100 et 200 cas” confirmés de faux médicaments ainsi qu'”une centaine de cas de trafic illicite”.”Depuis quelques années, l’Amérique latine et l’Asie du sud-est sont vraiment les deux régions géographiques qui nous font travailler”, observe Mme Tallet.En 2008, année de création du laboratoire, les faux médicaments étaient “beaucoup plus faciles à détecter”, se souvient-elle. Maintenant avec l’évolution technologique, “on peut tout imaginer”.- Amidon, verre, métaux -Preuve à l’appui, elle tient dans chaque paume une boîte a priori identique de comprimés comportant des inscriptions en chinois sur l’étui.Seule une machine équipée d’une caméra grossissante, munie de différents types d’éclairages et de filtres fait ressortir les défauts visuels de la boîte contrefaite: la police de caractères diffère.Les échantillons liquides, aussi, sont sous surveillance : “si je vous l’injecte, vous mourez assez rapidement”, met en garde un autre collaborateur, plaçant un flacon sous un microscope à grande profondeur de champ.Ce spécimen, fait partie d’une dizaine de flacons thérapeutiques contrefaits dans un pays étranger, interceptés à temps, il y a quelques années.Un dérivé d’amidon, produit peu coûteux, remplace le principe actif alors que le flacon légitime vaut, lui, “plusieurs milliers d’euros” pour traiter des maladies rares.La cause du danger réside cependant ailleurs : dans la solution flotte un plancton de particules de “verre”, de “ferraille”, “des fibres qui peuvent provoquer une embolie”.D’autres affaires anciennes ont révélé la présence de détergents dans des vaccins pédiatriques en Indonésie ou encore un antibiotique dans un anti-cancéreux, des contaminations microbiennes, garde en mémoire Mme Tallet.”Il n’y a pas que les douanes qui nous remontent des cas. Il peut y avoir aussi des patients et des professionnels de santé qui observent des bizarreries sur le produit, le prix de vente ou des effets secondaires”, précise-t-elle.

Un ouvrier agricole dans un état critique après une descente de la police de l’immigration près de Los Angeles

Un ouvrier agricole se trouvait vendredi soir dans un état critique, selon sa famille, après avoir été blessé la veille lors d’une descente de la police de l’immigration près de Los Angeles, dans des fermes légales de cannabis où quelque 200 personnes ont été arrêtées et où des affrontements ont eu lieu entre agents et manifestants.Le syndicat agricole United Farm Workers avait dans un premier temps annoncé le décès de cet ouvrier, mais la famille de l’homme a indiqué, dans un message sur le site GoFundMe, qu’il se trouvait dans un état critique, avec de faibles chances de survie.”Les médecins nous ont dit qu’il ne s’en sortirait pas. Ses blessures sont catastrophiques. Son cœur bat encore”, a précisé un de ses proches dans ce message. L’opération de police a eu lieu jeudi à Carpinteria et Camarillo, deux communes rurales du comté de Ventura, situées à un peu plus d’une heure de route de Los Angeles. L’ouvrier grièvement blessé “n’a jamais été détenu” par les policiers, a assuré à l’AFP Tricia McLaughlin, une porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure.”Bien qu’il n’était pas poursuivi par les forces de l’ordre, cet homme a grimpé sur le toit d’une serre et a fait une chute de neuf mètres”, a-t-elle ajouté, en précisant que les policiers “ont immédiatement appelé une ambulance”.Les agents fédéraux ont “arrêté environ 200 étrangers en situation irrégulière sur les deux sites”, et “ont essuyé des coups de feu” de la part d’un tireur “toujours en fuite”, que le FBI recherche désormais activement, a précisé le ministère dans un communiqué séparé.”Plus de 500 émeutiers ont tenté de perturber les opérations”, a ajouté le ministère, en expliquant que les agents opéraient avec des “mandats d’arrêt”.Les images des médias locaux montrent des agents masqués, en tenue anti-émeutes, disperser des dizaines de protestataires avec du gaz lacrymogène, et certains manifestants jeter des projectiles sur les voitures de police.- “Raclures” -Vendredi soir, Donald Trump a ordonné, sur sa plateforme Truth Social, à tout agent fédéral “qui serait victime de jets de pierres, de briques ou de toute autre forme d’agression, d’arrêter leur voiture et d’arrêter ces RACLURES, en utilisant tous les moyens nécessaires pour y parvenir.”Au cours de l’opération, la police a trouvé “dix enfants migrants”, selon le ministère, qui estime les avoir “sauvés d’une exploitation potentielle, de travail forcé”. L’entreprise Glass House, propriétaire des deux fermes visées, a assuré dans un communiqué qu’elle “n’a jamais sciemment enfreint les pratiques d’embauche applicables et n’emploie pas, ni n’a jamais employé, de mineurs”.Sur place, Aaron Fuentes, un superviseur qui travaille pour Glass House depuis deux ans, a raconté avoir vu des dizaines de fourgons de la police de l’immigration débarquer jeudi.”Ils ont identifié les personnes pour vérifier si elles avaient des papiers ou non, puis ils les ont fait monter une par une dans les camionnettes”, a-t-il expliqué. “Je n’ai pas vu toute l’opération, mais il y a eu de la violence, des mauvais traitements.”- Proches désemparés -Vendredi, des dizaines de proches des travailleurs arrêtés faisaient la queue devant la ferme de Camarillo, désemparés, face à des agents de sécurité qui les laissaient rentrer sur l’exploitation pour récupérer leurs affaires et le solde de leur paie. “Nous sommes là depuis 6 heures du matin à poser des questions et ils ne nous donnent aucune information”, a confié Saul Munoz, un Colombien de 43 ans dont le fils a été arrêté.Ce dernier travaillait à la ferme depuis moins d’un mois.”J’ai juste besoin de savoir comment il va, qu’on me le ramène. Si c’est notre tour, nous partirons”, a soupiré M. Munoz. “La vérité, c’est que le rêve américain n’est plus vraiment un rêve américain.”Cette descente risque de raviver les tensions, un mois après les manifestations à Los Angeles contre la politique migratoire de Donald Trump, qui ont parfois dégénéré en violences. Des milliers de soldats de la Garde nationale sont toujours déployés dans la région, les opérations anti-migrants y sont quotidiennes et l’administration Trump conteste en justice le statut de “ville sanctuaire” de la mégapole démocrate, qui limite la coopération des forces de l’ordre locales avec la police de l’immigration.Vendredi soir, une juge fédérale a ordonné à l’administration Trump de prendre des mesures pour éviter les contrôles au faciès à Los Angeles et dans six autres comtés de Californie, dont celui de Ventura.