Un participant à l’assaut du Capitole qui avait voulu se venger des policiers condamné à perpétuité

Un participant à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 par des partisans de Donald Trump a été condamné mercredi à la prison à perpétuité pour avoir projeté d’assassiner les policiers ayant enquêté sur lui.Eward Kelley, 36 ans, a été reconnu coupable en novembre par un jury du Tennessee (sud) de trois chefs d’accusation, dont celui de projet d’assassinat d’employés fédéraux.Il avait notamment établi une “liste noire” d’agents du FBI, la police fédérale, et d’autres personnes impliquées dans l’enquête sur ses agissements le 6 janvier 2021, selon l’accusation.Edward Kelley fait partie des plus de 1.500 assaillants du Capitole, profanation sans précédent du sanctuaire de la démocratie américaine, auxquels Donald Trump a accordé sa grâce présidentielle le 20 janvier, au premier jour de son nouveau mandat.Les avocats d’Edward Kelley ont tenté en vain de faire valoir que cette grâce couvrait également les faits dont il est accusé dans ce dossier. Mais les procureurs ont souligné que ce projet criminel datait de décembre 2022, soit près de deux ans après l’assaut du Capitole, ainsi que son absence de remords.Le 20 janvier 2025, Donald Trump a rayé d’un trait de feutre la plus vaste enquête jamais menée par le ministère de la Justice, graciant par décret quelque 1.250 condamnés dans ce dossier, commuant la peine de 14 autres et ordonnant l’arrêt des poursuites contre quelques centaines d’accusés encore en instance de jugement.Ce jour-là, des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d’assaut le Capitole, pour tenter d’y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

Après le pétrole, l’Angola veut amorcer la pompe à touristes

Lorsque Feliesiano Muteca a dompté ses premières vagues sur sa planche de surf il y a une dizaine d’années, il avait la plage de Cabo Ledo, en Angola, quasiment pour lui tout seul.A présent, cette plage de sable fin encadrée de falaises majestueuses, à 125 km au sud de la capitale Luanda, est devenue une destination prisée de surfers étrangers en quête de nouvelles vagues. Le pays lusophone d’Afrique australe est l’un des principaux producteurs de pétrole du continent. Mais le gouvernement, échaudé par l’exposition de son économie aux variations des cours du brut, tente de faire revenir les touristes étrangers via des facilités d’obtention de visa et des campagnes de promotion des plus beaux sites du pays.Cabo Ledo est l’un de ces joyaux, où Feliesiano peut désormais vivre de sa passion, lui qui donne des cours de surf aux touristes.”Nous sommes deux à donner des leçons de surf”, explique celui qui a fait ses débuts à 10 ans, sur une planche qu’il empruntait à qui voulait bien lui prêter.Non loin, un lodge a installé son bar de plage et quelques chalets en contre-haut, avec vue imprenable sur l’océan Atlantique. Un groupe de touristes allemands y profite de la brise et d’une ombre bienvenue, en attendant de retourner surfer. La même société, Carpe Diem, possède un complexe plus imposant un peu plus au nord sur la côte.Certains sites touristiques des environs, comme les falaises dentelées de Miradouro da Lua, n’étaient accessibles il y a encore quelques années que par une petite piste poussiéreuse.Les visiteurs peuvent à présent admirer les falaises depuis un bar à cocktails. Des cadres en bois plantés dans le sol leur indiquent même les meilleurs angles pour photographier le site.- Croisières et gastronomie -Au sortir de plus de 25 ans de guerre civile en 2002, le pays – deux fois plus grand que la France métropolitaine – est exsangue. Mais il connaît rapidement un boom pétrolier.Cet afflux de pétro-dollars s’accompagne d’un pic de revenus touristiques à 1,6 milliard de dollars en 2014, principalement alimentés par de riches étrangers venant pour certains profiter de la baie de Luanda depuis leurs yachts et dépensant sans compter lors de fastueuses fêtes sur la plage. Le pétrole coule à flots, l’argent aussi et le kwanza, la monnaie nationale, s’échange alors à 100 pour un dollar. Mais le pays est durement touché les années suivantes par la baisse des cours du pétrole puis par le poids du service de sa dette. Il faut désormais 900 kwanza pour un dollar et le tourisme n’a généré en 2024 que 14,8 millions de dollars de revenus.Cela a conduit le gouvernement à adopter une nouvelle stratégie pour le secteur: les ressortissants de dizaines de pays bénéficient d’une gratuité du visa d’entrée. Et les soldats qui patrouillaient dans l’aéroport international ont laissé la place à de jeunes et souriants ambassadeurs touristiques arborant sur leur T-shirt le message: “Puis-je vous aider?”Le yacht club demeure fréquenté mais Luanda est devenue aussi une escale régulière de grand bateaux de croisière reliant le Cap en Afrique du Sud au Sénégal ou à l’Europe.Le journaliste et écrivain Claudio Silva, né à Luanda, a co-organisé en juin une semaine de découverte gastronomique pour des passionnés étrangers: au programme, visite de nouveaux vignobles, exploration de la cuisine pré-coloniale, le tout avec le concours d’un chef angolais reconnu.”Ce genre de circuits gastronomiques en immersion (…) nous permet de raconter nos propres histoires, à travers la nourriture et la culture, à la fois en ville et en milieu rural, un voyage conçu autour des expériences des gens qui vivent sur place”, explique-t-il.La société sud-africaine de trains de luxe Rovos Rail a ajouté le port angolais de Lobito à son catalogue, permettant à ses clients fortunés de rallier Dar es Salaam et l’océan Indien, en 15 jours, à bord d’un cinq étoiles ambulant.   Le gouvernement mise également sur les safaris. La faune sauvage du pays a été décimée durant la guerre civile (1975-2002) mais les autorités s’efforcent de repeupler certains parc naturels, selon Pedro Monterroso, de l’ONG African Parks, installée à Johannesburg.L’ONG, présente dans plus de 10 pays du continent, s’est vue confiée par l’Angola la gestion du parc national d’Iona, à la frontière avec la Namibie.”L’ambition (du gouvernement), c’est de devenir la Namibie ou le Botswana dans 10 ou 15 ans”, décrypte M. Monterroso, en référence aux deux pays voisins qui attirent chaque année des dizaines de milliers de touristes dans leurs réserves naturelles.

Après le pétrole, l’Angola veut amorcer la pompe à touristes

Lorsque Feliesiano Muteca a dompté ses premières vagues sur sa planche de surf il y a une dizaine d’années, il avait la plage de Cabo Ledo, en Angola, quasiment pour lui tout seul.A présent, cette plage de sable fin encadrée de falaises majestueuses, à 125 km au sud de la capitale Luanda, est devenue une destination prisée de surfers étrangers en quête de nouvelles vagues. Le pays lusophone d’Afrique australe est l’un des principaux producteurs de pétrole du continent. Mais le gouvernement, échaudé par l’exposition de son économie aux variations des cours du brut, tente de faire revenir les touristes étrangers via des facilités d’obtention de visa et des campagnes de promotion des plus beaux sites du pays.Cabo Ledo est l’un de ces joyaux, où Feliesiano peut désormais vivre de sa passion, lui qui donne des cours de surf aux touristes.”Nous sommes deux à donner des leçons de surf”, explique celui qui a fait ses débuts à 10 ans, sur une planche qu’il empruntait à qui voulait bien lui prêter.Non loin, un lodge a installé son bar de plage et quelques chalets en contre-haut, avec vue imprenable sur l’océan Atlantique. Un groupe de touristes allemands y profite de la brise et d’une ombre bienvenue, en attendant de retourner surfer. La même société, Carpe Diem, possède un complexe plus imposant un peu plus au nord sur la côte.Certains sites touristiques des environs, comme les falaises dentelées de Miradouro da Lua, n’étaient accessibles il y a encore quelques années que par une petite piste poussiéreuse.Les visiteurs peuvent à présent admirer les falaises depuis un bar à cocktails. Des cadres en bois plantés dans le sol leur indiquent même les meilleurs angles pour photographier le site.- Croisières et gastronomie -Au sortir de plus de 25 ans de guerre civile en 2002, le pays – deux fois plus grand que la France métropolitaine – est exsangue. Mais il connaît rapidement un boom pétrolier.Cet afflux de pétro-dollars s’accompagne d’un pic de revenus touristiques à 1,6 milliard de dollars en 2014, principalement alimentés par de riches étrangers venant pour certains profiter de la baie de Luanda depuis leurs yachts et dépensant sans compter lors de fastueuses fêtes sur la plage. Le pétrole coule à flots, l’argent aussi et le kwanza, la monnaie nationale, s’échange alors à 100 pour un dollar. Mais le pays est durement touché les années suivantes par la baisse des cours du pétrole puis par le poids du service de sa dette. Il faut désormais 900 kwanza pour un dollar et le tourisme n’a généré en 2024 que 14,8 millions de dollars de revenus.Cela a conduit le gouvernement à adopter une nouvelle stratégie pour le secteur: les ressortissants de dizaines de pays bénéficient d’une gratuité du visa d’entrée. Et les soldats qui patrouillaient dans l’aéroport international ont laissé la place à de jeunes et souriants ambassadeurs touristiques arborant sur leur T-shirt le message: “Puis-je vous aider?”Le yacht club demeure fréquenté mais Luanda est devenue aussi une escale régulière de grand bateaux de croisière reliant le Cap en Afrique du Sud au Sénégal ou à l’Europe.Le journaliste et écrivain Claudio Silva, né à Luanda, a co-organisé en juin une semaine de découverte gastronomique pour des passionnés étrangers: au programme, visite de nouveaux vignobles, exploration de la cuisine pré-coloniale, le tout avec le concours d’un chef angolais reconnu.”Ce genre de circuits gastronomiques en immersion (…) nous permet de raconter nos propres histoires, à travers la nourriture et la culture, à la fois en ville et en milieu rural, un voyage conçu autour des expériences des gens qui vivent sur place”, explique-t-il.La société sud-africaine de trains de luxe Rovos Rail a ajouté le port angolais de Lobito à son catalogue, permettant à ses clients fortunés de rallier Dar es Salaam et l’océan Indien, en 15 jours, à bord d’un cinq étoiles ambulant.   Le gouvernement mise également sur les safaris. La faune sauvage du pays a été décimée durant la guerre civile (1975-2002) mais les autorités s’efforcent de repeupler certains parc naturels, selon Pedro Monterroso, de l’ONG African Parks, installée à Johannesburg.L’ONG, présente dans plus de 10 pays du continent, s’est vue confiée par l’Angola la gestion du parc national d’Iona, à la frontière avec la Namibie.”L’ambition (du gouvernement), c’est de devenir la Namibie ou le Botswana dans 10 ou 15 ans”, décrypte M. Monterroso, en référence aux deux pays voisins qui attirent chaque année des dizaines de milliers de touristes dans leurs réserves naturelles.

Près de Bordeaux, l’essor timide des emplettes quotidiennes en cryptomonnaies

Acheter au détail en cryptomonnaies, c’est possible depuis un an chez une trentaine de commerçants de Talence (Gironde). Une initiative pionnière en France mais balbutiante pour ces actifs souvent considérés comme spéculatifs, dont la démocratisation bute sur des barrières fiscales et psychologiques.”Payer en crypto”, propose un panonceau sur le zinc de La Fracasse, micro-brasserie qui accepte ce moyen de paiement dématérialisé tout comme une trentaine de commerces de cette commune de l’agglomération bordelaise, contre une vingtaine au départ. Derrière le bar, les cogérants Kirill Pluscheff (30 ans) et Enguérand Larché (25 ans) peuvent générer un QR code sur une application nommée Lyzi, que le client scanne pour prélever son “wallet” (portefeuille de cryptomonnaies) et effectuer le versement sur le compte du commerce, en euros cette fois.”C’est notre moyen d’attraper une nouvelle clientèle”, explique Enguérand Larché à l’AFP, sans toutefois renoncer au paiement par carte bancaire qui représente 95% de leurs encaissements.Avec “quelques transactions par mois” à Talence, “c’est déjà gagné” pour l’application Lyzi, s’enthousiasme Damien Patureaux, son fondateur.- Jeunes et étrangers -La start-up revendique plus de 2.000 marchands affiliés en France et en Europe, dont les grands magasins du Printemps (groupe Kering). À Cannes, une cinquantaine de commerces sont équipés, dont de prestigieux hôtels, visant une clientèle étrangère désireuse notamment de s’affranchir des effets de change.”Le paiement en cryptomonnaies peut s’ancrer dans le commerce physique”, veut croire Lyzi. Pour Damien Patureaux, “ça va se démocratiser encore plus”.Selon une étude du cabinet KPMG en 2023, seuls 8% des Français ont déjà investi dans les “cryptos”. Parmi eux, la moitié ont moins de 35 ans.C’est ce public que ciblent les commerçants de Talence: avec un quart de ses 42.000 habitants âgés entre 18 et 24 ans, dont nombre d’étudiants, la commune se présente comme la “ville la plus jeune” de France, fait valoir Bertrand Cousin, directeur de l’agence de développement économique Talence Innovation, à l’origine de l’initiative.Mais les débuts sont timides: un an après, le nombre de paiements mensuels reste minime (deux opérations par mois pour l’un des bouchers participants, selon Talence Innovation).Damien Patureaux souligne que 20% des marchands affiliés à Lyzi en Europe représentent 80% du volume de paiements (estimé à quelques millions d’euros par mois), avec en première ligne les marques de luxe qui ciblent une clientèle “élitiste” et “l’achat coup de cÅ“ur” d’utilisateurs après une belle plus-value sur leurs cryptoactifs.”Le très petit commerçant, ce n’est pas ce qui génère le plus de volume”, relève-t-il.En cause, selon les partisans des cryptomonnaies, la fiscalité française qui taxe les plus-values et oblige à une fastidieuse déclaration, achat par achat.- “Complexité” -Utilisateur assidu, qui va régler en “crypto” un prochain voyage en Afrique du Sud, Jérémy Debreu ne “croit pas une seconde” à l’essor immédiat d’initiatives comme celle de Talence.”Il faut vraiment l’encourager. Mais je suis assez sceptique sur le fait que des utilisateurs prennent ce risque fiscal”, témoigne ce consultant en RSE (responsabilité sociétale des entreprises) résidant à Bègles, commune limitrophe.”C’est un tel frein qu’à mon avis, beaucoup de gens ne déclarent pas”, pointe Claire Balva, qui s’apprête à quitter la néo-banque Deblock pour prendre la tête de l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan), lobby français du secteur crypto. “Pas parce qu’ils ne veulent pas payer d’impôts, mais parce que c’est immensément compliqué”, juge-t-elle.L’autre limite à la démocratisation des cryptomonnaies est psychologique, face à leur “complexité” et leur image parfois connotée, entre “produit financier pour s’enrichir” ou actif “pour blanchir de l’argent”, pointe David Pucheu, maître de conférence en sciences de l’information et de la communication à l’Université Bordeaux-Montaigne.”C’est une question générationnelle”, poursuit-il, mais aussi “culturelle” avec certains pays du Sud, comme le Nigeria, où le “wallet” s’est démocratisé pour compenser l’accès difficile “à des services bancaires corrects”.Pour Claire Balva, les opérateurs devront “proposer quelque chose d’aussi simple” que la carte bancaire traditionnelle. “Les infrastructures cryptos vont remplacer petit à petit le paiement classique via Visa et Mastercard”, veut-elle croire.

En Ukraine, l’interminable attente des mères de soldats portés disparus

Lioubov Brodovska n’avait qu’une chose en tête au moment d’aller à la rencontre de soldats ukrainiens tout juste libérés par la Russie: obtenir un signe de vie de son fils, dont elle n’a plus de nouvelles depuis l’an passé.”Si des gens pouvaient me dire +J’ai vu votre fils+. Juste ça, juste un mot, je les prendrais dans mes bras”, dit-elle en attendant l’arrivée des prisonniers de guerre dans la région de Tcherniguiv, dans le nord de l’Ukraine.Des larmes coulent doucement sur son visage. Dans ses mains, elle tient fermement une photo d’Oleksandre, 28 ans, disparu depuis 2024.Après près de trois ans et demi d’invasion russe, des dizaines de milliers de soldats et civils ukrainiens restent toujours officiellement portés disparus, sans savoir s’ils ont été tués sur le front ou bien capturés par les forces russes.Lioubov Brodovska fait partie de ces centaines de mères, femmes ou autres proches qui se pressent à chaque échange de prisonniers entre Kiev et Moscou, à l’affût de la moindre information sur le sort de leurs proches venant de la bouche de ceux qui sortent de captivité.Pour attirer l’attention des soldats libérés, ces femmes agitent des pancartes arborant les photos de la personne qu’elles recherchent et en accrochent d’autres à la sortie de l’hôpital, où ces militaires sont traités après leur retour.Beaucoup espèrent que les derniers échanges de prisonniers – l’un des rares domaines de coopération entre Ukrainiens et Russes -, réalisés après des pourparlers en Turquie, leur permettront d’obtenir des nouvelles de leurs proches.- “Tout essayer” -Environ 70.000 personnes, des soldats et des civils, sont toujours portées disparues, selon Arthur Dobrosserdov, le responsable ukrainien en charge de ce dossier délicat au ministère de l’Intérieur.Concernant les militaires, ils sont considérés disparus tant que la Russie ne confirme pas qu’ils sont soit prisonniers, soit qu’elle a réussi à identifier leur dépouille.Cette opération n’est pas toujours possible en raison des combats incessants.Entre les positions des armées ukrainienne et russe, un “no man’s land” s’est formé le long du front, rendant impossible la collecte des corps de manière sécurisée.Moscou affirme en avoir identifié des milliers. La Croix-Rouge et un organisme gouvernemental ukrainien cherchent également à les retrouver. En parallèle, des familles enquêtent avec leurs propres moyens, explique Petro Iatsenko, un porte-parole de cet organisme.”Ces personnes veulent se montrer à elles-mêmes ainsi qu’à leurs proches – quand ils seront libérés – qu’elles ne sont pas restées les bras croisés et ont tout essayé” pour les sortir de captivité, dit-il à l’AFP.Dans ces conditions, les autorités consentent à laisser les familles accueillir les nouveaux libérés à leur arrivée, mais elles demandent aussi de ne pas les interpeller trop brusquement compte tenu de leur condition psychologique fragile, après des mois, voire des années passées dans les geôles russes, où nombre d’entre eux disent avoir subi des tortures.- “Faux espoir” -Lors d’un échange récent, Elmira Baranova n’a une nouvelle fois pas vu son fils Ernest, disparu depuis trois ans, parmi les jeunes hommes libérés.”Je ne me souviens même plus du nombre d’échanges auxquels je me suis rendue… Je suis fatiguée d’être contente pour les autres. Cela peut paraître vache, mais je suis fatiguée”, dit-elle, espérant qu’un jour, elle pourra elle aussi “se réjouir” pour le retour de son fils.Mais ses efforts ne sont pas restés vains.Lors d’un échange précédent, un soldat libéré lui a assuré qu’Ernest était en prison et qu’il y passait notamment son temps à dessiner, sa grande passion.De leur côté, les autorités et la Croix-Rouge, qui encouragent les familles à partager toute nouvelle information dont elles disposent, affichent leur prudence.”Nous voulons que les familles gardent espoir, mais nous ne voulons pas que ce soit un faux espoir”, explique à l’AFP Pat Griffiths, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).Une partie de cet espoir provient de l’idée largement répandue en Ukraine que la Russie détient beaucoup plus de prisonniers qu’elle ne l’a déclaré et que de nombreux disparus ne sont pas morts au combat mais détenus au secret.”Nous devons tous être réalistes. Certaines familles devront peut-être attendre des années avant d’obtenir une réponse, et pour beaucoup, cette réponse ne sera peut-être pas celle qu’elles espèrent”, souligne, lucide, M. Griffiths.Lioubov Brodovska reste toujours sans nouvelles de son fils Oleksandre.Mais qu’importe, elle va continuer à lui envoyer chaque jour un message sur WhatsApp – une conversation devenue monologue.”Donne-moi un signe de vie, mon fils, s’il te plaît. Juste un signe que tu es en vie aujourd’hui”, a-t-elle imploré une fois. Sans obtenir de réponse.

“Bookmakers”, le podcast qui “soulève le capot de la littérature”

Comment naissent les livres ? Le podcast “Bookmakers” sur Arte Radio soumet à la question de grands noms de la littérature au cours d’entretiens-fleuve qui “soulèvent le capot” de l’écriture et mettent les auteurs à rude épreuve.Le Canado-Haïtien Dany Laferrière a eu le sentiment d’être “en garde à vue avec un psy”, le prix Goncourt français Nicolas Mathieu d’être confronté au commissaire “Maigret de l’interview littéraire”, tandis que Nancy Huston est sortie “épuisée” de ses six heures d’entretien avec Richard Gaitet, producteur de ce podcast qui souffle sa cinquième bougie.”C’était une très bonne fatigue”, précise à l’AFP la romancière franco-canadienne. “Parce que le talent de Richard, c’est de poser, non pas exactement les questions auxquelles vous avez toujours voulu répondre, mais celles, inattendues, qui vous obligent à faire intérieurement une petite danse”. Pour Richard Gaitet, 43 ans, lui-même romancier, ce temps long est autant une marque de fabrique que de respect pour la chose littéraire. “Je ne crois pas que, pour les écrivains et les écrivaines, il faille faire des petits formats sympas qui détournent de l’essentiel et endorment les gens. Ca ne rend pas justice à l’écriture”, dit à l’AFP l’ex-producteur de Radio Nova à la longue tignasse blond vénitien, prolongée par d’épais favoris.Qu’il accueille, hors de toute promo, le romancier Daniel Pennac, l’essayiste Mona Chollet ou l’auteur de science-fiction Alain Damasio, Richard Gaitet s’astreint à une même discipline : six semaines de plongée en apnée dans l’oeuvre de son invité(e) dont il ressort, repu et fourbu, “avec 35 pages de questions en caractère 14”. Une forme d’interrogatoire que ne renierait pas son père, ancien enquêteur de la police judiciaire.C’est ce qu’il en coûte pour “soulever le capot de la littérature, regarder comment s’organisent le moteur, les turbines”, énumère le producteur radio, dont les entretiens marathon sont réduits au montage à environ deux-trois heures et découpés en trois épisodes.S’y révèlent les coulisses de la création littéraire, les petits rituels, les superstitions, les mots qui reviennent trop souvent dans les manuscrits et certaines blessures intimes. Dans un “Bookmakers” de 2022, les larmes avaient ainsi soudainement submergé Lydie Salvayre, prix Goncourt 2014, à la lecture d’un passage de “Sans famille” d’Hector Malot (1878), que cette fille de réfugiés espagnols n’avait plus lu depuis ses 10 ans.- “Maïeutique” -“Richard arrive à créer une forme de maïeutique”, salue auprès de l’AFP l’écrivaine jeunesse Marie Desplechin, qui a eu droit à son “Bookmakers” en 2021. “Il fait émerger quelque chose de l’écriture qui excède l’écriture, qui est de nature à intéresser des gens qui ne sont pas forcément de ce monde”.Richard Gaitet en parle comme d’un travail de “démocratisation”, lui qui rejette le “mythe” du génie littéraire et n’a d’yeux que pour “le travail d’artisanat” de l’écriture.Au risque assumé du snobisme, ce prisme sans concession lui fait négliger, dans son émission, les Marc Levy ou Guillaume Musso qui publient des best-sellers avec une régularité métronomique. “La différence, c’est qu’ils fabriquent des produits de très grande consommation”, tranche-t-il. “Si ça se vend à des millions d’exemplaires, c’est que ce sont des histoires de très grande consensualité, un peu comme du jambon sous vide”.Avec ses podcasts, ce natif de la région lyonnaise aspire à coller au plus près de la réalité de l’écriture. “En fait, c’est une galère quotidienne de faire naître un texte, de le sculpter petit à petit avec ses doutes, avec la réalité d’une vie quotidienne et économique, de trouver son chemin dans le monde éditorial qui n’ouvre pas toujours ses portes aux singularités profondes”, résume-t-il.”Il sait que c’est du boulot parce qu’il le fait lui-même”, relève Nancy Huston, que cette oeuvre de “démythification” a profondément séduite. Avec plus de 100 épisodes de “Bookmakers” au compteur et d’autres à venir, Richard Gaitet espère constituer un “fonds patrimonial” dans lequel chacun peut, gratuitement, puiser pour se documenter sur le travail des écrivains. “Il faut que ça soit toujours intéressant dans vingt ans, lance-t-il, parce que ce sont des gens trop précieux et trop rares.”

Le royaume suisse des Saint-Bernard se réinvente

Syrah marche lentement sur un tapis roulant immergé dans un grand bassin d’eau, accompagnée de deux thérapeutes qui l’aident à garder l’équilibre, sous les yeux émerveillés du public.Cette femelle Saint-Bernard, âgée de huit ans, reçoit sa séance habituelle d’hydrothérapie, pendant que les visiteurs du parc thématique Barryland, récemment rouvert à Martigny, dans une vallée alpine suisse, observent chacun de ses mouvements.”Nous avons un bassin d’hydrothérapie. C’est de l’hydrothérapie pour les chiens âgés ou les chiens opérés”, explique Mélanie Glassey-Roth, directrice de Barryland.”Tout ici est conçu pour le bien-être de nos chiens.”Ce qui au départ était un petit musée sur les Saint-Bernard s’est transformé, après deux ans de travaux, en Barryland, un grand parc entièrement dédié au chien national suisse.Avec son nouveau bâtiment en forme d’empreinte de chien, il propose des expériences interactives et des visites en réalité virtuelle sur l’histoire et les mythes qui entourent le Saint-Bernard. A l’étage, les visiteurs peuvent interagir avec les animaux à quatre pattes.Grâce à cette rénovation, le parc espère accueillir jusqu’à 200.000 visiteurs par an, contre 83.000 auparavant.-  “Emblématique” -Dans les années 1990, les Saint-Bernard – fruit de croisements il y a plusieurs siècles entre chiens des régions alpines – ont atteint un regain de célébrité en figurant dans la comédie à succès hollywoodienne “Beethoven” (1992).A partir du 17e siècle, ils étaient élevés dans un hospice tenu par des religieux, perché à 2.500 mètres d’altitude, pour fournir des chiens de garde et de défense, dans le col du Grand-Saint-Bernard, passage entre la Suisse et l’Italie. Mais très vite, il est utilisé pour des opérations de sauvetage.”C’est un chien emblématique qui représente toute la région du col du Grand-Saint-Bernard”, affirme Jean-Maurice Tornay, directeur de la Fondation Barry, qui gère le parc.Barryland doit son nom au plus célèbre et au plus héroïque des Saint-Bernard.La légende locale raconte que Barry, qui portait un petit tonneau d’alcool autour de son cou afin de réchauffer les voyageurs fatigués, aurait effectué plus de 40 sauvetages au cours de sa vie.Le monastère a veillé en son honneur à toujours nommer un chien Barry – une tradition qui se perpétue aujourd’hui à Barryland.L’actuel Barry, un imposant mâle de sept ans et demi pesant environ 80 kg, est le plus grand et le plus primé des chiens.La Fondation Barry compte 36 Saint-Bernard au total, tous hébergés dans un chenil voisin à Martigny. Mais certains passent l’été au col du Grand-Saint-Bernard.Désormais, chaque matin, 16 chiens du chenil sont acheminés dans une grande camionnette dans le parc, pour y jouer les stars.- Nouvelle mission -À Barryland, ces chiens géants aux yeux entourés de noir et au pelage blanc avec de grandes taches de couleur, allant du roux au brun, gambadent dans de grands parcs verdoyants et se laissent toiletter, masser et soigner.Pour sa réouverture jeudi, le parc a présenté deux nouveaux chiots, Xcell et Xaver, tétant avec enthousiasme leur mère Lio, en la bousculant tendrement.À l’étage, Tosca, une femelle de huit ans, monte sur une grande balance, sous l’oeil attentif d’un de leurs soignants, Sahel Robette.”Soixante-cinq kilos !” s’exclame-t-il, avant de commencer le brossage, à la recherche de tiques dans son pelage, et d’inspecter ses oreilles et ses griffes.De nos jours, ces chiens ne sont plus utilisés comme sauveteurs de montagne, remplacés par les hélicoptères. Mais ils accomplissent désormais un travail héroïque dans d’autres domaines.Le Saint-Bernard a “trouvé aujourd’hui une nouvelle mission sociale”, affirme M. Tornay. Chaque année, les chiens de la fondation effectuent des centaines de visites dans des hôpitaux, des maisons de retraite et des prisons, où ils sont utilisés à des fins thérapeutiques et de réadaptation sociale en apportant “un peu de gentillesse”.Le Saint-Bernard est parfait pour ces missions, observe Mme Glassey-Roth, pendant qu’un chien pose paisiblement sa tête sur ses genoux : “C’est une force tranquille, il est très calme et très social”.

Reboiser après les incendies, des drones à la rescousse au Canada

A perte de vue, des forêts calcinées, des troncs brûlés au sol. Au-dessus dans le ciel, un drone imposant s’active, mitraillant le terrain sans discontinuer de capsules contenant des semences pour accélérer la reforestation.  Dans cette zone du nord du Québec ravagée par les mégafeux de l’été 2023, un projet pilote utilise des drones pour la deuxième année consécutive afin de reboiser certaines parties du territoire avec des épinettes noires et des pins gris.Plutôt que de larguer simplement des semences du ciel, l’entreprise Flash Forest, qui pilote l’initiative, se sert de graines insérées dans des capsules contenant de l’eau, des nutriments et des champignons pour maximiser les chances de survie.”Il existe un créneau approprié pour la reforestation par drone, que nous avons passé les cinq dernières années à l’identifier précisément”, explique Cameron Jones, cofondateur de l’entreprise.Il faut par exemple replanter rapidement après les feux. Car “les zones brûlées, il y a plus de trois ans, ont tendance à avoir trop de végétation concurrente (herbes, broussailles…) pour permettre l’établissement des graines, la végétation bloque la lumière et l’humidité”, poursuit-il. La société intervient donc une à deux années après un incendie après avoir identifié et exclu les zones avec une régénération naturelle. Donc dans les zones où la forêt ne parvient plus à se régénérer car les incendies sont trop violents et récurrents. En 2023, le Canada a vécu une année record avec des incendies qui ont touché toutes les provinces du pays, soit au final près de 18 millions d’hectares partis en fumée. Le Québec, et notamment cette zone du nord de la province francophone, a été particulièrement touché.- 50.000 capsules par jour -“Nous utilisons l’IA pour cartographier les sites à l’avance, explique Owen Lucas, ingénieur pour Flash Forest, les yeux rivés sur les écrans de contrôle. Nous les choisissons en fonction des variables climatiques, des caractéristiques topographiques, afin de nous assurer que nous plaçons les semences au bon endroit.”L’entreprise a des projets également dans une autre province canadienne, l’Alberta, et au Colorado aux Etats-Unis cette année. Les deux drones en action au Québec peuvent chacun envoyer au sol 50.000 capsules par jour.”Quand tu plantes, tu ne vois pas les impacts, mais quand tu reviens durant l’automne et que tu les vois grandir, tu sais que tu fais quelque chose de positif”, glisse Owen Lucas.En 2023, comme cette année, où plus de 4,2 millions d’hectares ont déjà brûlé dans le pays, la propagation des feux de forêt est favorisée par la sécheresse liée selon les experts au réchauffement climatique. “C’est triste d’avoir perdu autant de forêts”, regrette Angel Mianscum, une responsable des Cris, la communauté autochtone de la zone, associée au projet.Elle se réjouit toutefois de voir qu’il existe aujourd’hui des “façons novatrices de faire les choses”. Les communautés autochtones sont les plus touchées au Canada par les feux car elles vivent souvent dans des zones reculées au coeur de la forêt boréale.- Déperdition -“De plus en plus, on est obligé de reboiser au Canada, car si les arbres des forêts boréales sont adaptés aux feux, aujourd’hui la situation se complique”, explique Maxence Martin, professeur en écologie forestière à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.Il rappelle qu’en 2023, par exemple, ce sont en majorité des forêts très jeunes qui ont brûlé. “Si la forêt est trop jeune alors elle va mettre très longtemps à redémarrer, la replantation est alors la seule option.”Et si l’utilisation des drones peut être vue comme une option pour atteindre certaines zones et être plus rapide, cela pose aussi des questions. En effet, cette technique exige une grande quantité de graines car la déperdition est plus grande que lors d’une plantation à la main.”Cela va donc poser un problème de semences car elles sont compliquées à récolter”, et le Canada en manque, souligne Maxence Martin.

Pérou: le salaire de la présidente Boluarte doublé malgré une impopularité record

La présidente du Pérou, Dina Boluarte, l’une des dirigeantes les plus impopulaires au monde, a doublé son salaire à un an de la fin de son mandat, a reconnu mercredi le gouvernement.Agée de 63 ans, la cheffe de l’Etat, confrontée à des protestations récurrentes face à la montée du fléau de l’extorsion dans le pays, percevra désormais l’équivalent de 10.000 dollars par mois, selon un décret présenté en conférence de presse.Pourtant, le 26 mai, la présidence péruvienne avait démenti dans un communiqué les informations de presse faisant état d’une volonté de Mme Boluarte d’augmenter sa rémunération.Le nouveau montant a été fixé à la suite d’une comparaison avec les rémunérations des chefs d’Etat de douze pays d’Amérique latine, a expliqué le ministre de l’Economie, Raul Pérez-Reyes. Selon lui, le salaire de Mme Boluarte occupait jusque-là la 11e place, seulement devant celui du président bolivien.Mais l’annonce passe mal, alors que la présidente Boluarte, en poste depuis décembre 2022, affiche un taux de désapprobation supérieur à 90%. En mai, elle a atteint un niveau de popularité historiquement bas, avec seulement 2 % d’opinions favorables, selon l’institut Ipsos.”C’est le pire moment pour annoncer cette nouvelle compte tenu de ses niveaux d’approbation proches de zéro”, a estimé l’économiste Jorge Gonzales Izquierdo sur la chaîne de télévision N.Selon l’ancien ministre de l’Economie, Luis Miguel Castilla, la mesure “renforce l’impression de frivolité” autour de la présidente. En vingt ans, “aucun président n’a augmenté son salaire”, a-t-il rappelé. Le mandat de Mme Boluarte est en outre entaché par plusieurs affaires dont le scandale du “Rolexgate”, lié à des montres qu’elle n’aurait pas déclaré, ainsi qu’une rhinoplastie gardée secrète, en violation de son obligation légale d’en informer le Parlement.