Face à la crise, la brasserie artisanale s’accroche

A côté des grandes cuves de brassage et de fermentation de la bière, une salle de restauration a été aménagée, et même un coin concert: “Le nouvel eldorado ce sont les brewpubs!”, assure le patron de la Brasserie Croix de Chavaux, qui voit là un modèle pour un secteur de la bière à la peine.Dans cette ancienne menuiserie de Montreuil, Frédéric Poulain, ex-graphiste et réalisateur, s’applique depuis sept ans à faire une bière locale, qu’il vend aux clients de son pub, et dans des bars, épiceries et festivals du Grand Est parisien.”La vente directe nous a sauvés. Si tu n’as pas ça, tu fermes”, dit-il, tandis que son brassage hebdomadaire diffuse dans le bâtiment un arôme de pâtisserie.Brassant jusqu’ici la bière à flux tendus, il vient de doubler sa capacité de production de quelque 500 hectolitres.Pour faire son “métier passion”, garder des prix modérés et ses trois salariés, dont son expert brasseur américain, il est sur tous les fronts: banques, approvisionnements, ventes sur les marchés… Il partage l’espace avec un restaurateur, envisage de s’associer avec une autre brasserie, le financement participatif récemment lui a permis d’acheter des fûts…”En fait, on survit, mais on continue”, dit-il, après deux années de déficit.Globalement, le secteur de la bière est à la peine depuis le Covid-19, surtout pour cause d’explosion des coûts dès 2021.Alors qu’en 2015, au pic du boom de la filière, une brasserie ouvrait chaque jour en France, quelque 250 ont fermé depuis janvier 2024, selon le syndicat Brasseurs de France.Elles sont aujourd’hui environ 2.400, à 95% des TPE-PME, à côté des géants Kronenbourg ou Heineken.Déjà fragilisées par la pandémie, nombre d’entre elles ont “pris de plein fouet la hausse des prix des matières premières”, survenue avant même la guerre en Ukraine, explique Magali Filhue, déléguée générale de Brasseurs de France.”Aujourd’hui, les brasseries qui ouvrent le font plutôt sous forme de gros pubs, se diversifiant autour de l’accueil, la restauration, les séminaires…”, dit-elle.A Montreuil, Frédéric Poulain ne décolère pas contre ces géants français du verre et du gaz (la bière a besoin de CO2), qui ont fait exploser leurs tarifs avant de se réjouir publiquement de faramineux “dividendes versés à leurs actionnaires”.”Je fais une bière locale, avec de l’orge bio de la plaine de Versailles, du miel de mon associé apiculteur… mais pour le verre, je dois me fournir en Suède!”, soupire-t-il.- Consommation atone -A une soixantaine de kilomètres de là, à Courpalay, la Brasserie Rabourdin est plus grande. Elle a 25 ans d’activité et vend sa Briarde sur place, dans l’ancien silo à grains du village, mais aussi à de grandes enseignes.Pourtant, en 2024, elle a produit “un peu moins que d’habitude”, 8.000 hectolitres au lieu de 10.000, “car la conjoncture de la bière n’est plus ce qu’elle était”, souligne Hubert Rabourdin, également agriculteur céréalier.”On est passé de la croissance à une prise en étau entre plus de charges et moins de ventes”, résume-t-il. “Des brasseries n’arrivent pas à se relever, elles ont des problèmes de trésorerie, et si vous ajoutez à cela la mauvaise météo de 2024…”En France, la consommation de bière a reculé de 3,5% en 2024, et de 7% sur deux ans, entre météo, crise du pouvoir d’achat et comportements nouveaux à l’égard de l’alcool. A 33 litres par tête, les Français restent les derniers consommateurs européens.Ce contexte ne décourage pas Kyle Nesbitt, Américain installé à Paris, passionné de bière en quête d’un local pour son futur brewpub, où il proposera des dizaines de bières de sa création et de la restauration mexicaine, la touche de son épouse franco-mexicaine.”Je viens du Milwaukee où la bière est très connue. En France, il me manquait quelque chose, alors j’ai appris à brasser”, dit ce graphiste, venu parfaire son savoir à la brasserie de Montreuil.Pour lui, le repli de la consommation “vient notamment de la Génération Z, en réaction à l’abus d’alcool. Mais pour moi, la bière, c’est d’abord une expérience et un goût que je veux partager”.Selon Brasseurs de France, la demande résiste en particulier pour les bières sans alcool, et les très houblonnées IPA (India Pale Ale).

Face à la crise, la brasserie artisanale s’accroche

A côté des grandes cuves de brassage et de fermentation de la bière, une salle de restauration a été aménagée, et même un coin concert: “Le nouvel eldorado ce sont les brewpubs!”, assure le patron de la Brasserie Croix de Chavaux, qui voit là un modèle pour un secteur de la bière à la peine.Dans cette ancienne menuiserie de Montreuil, Frédéric Poulain, ex-graphiste et réalisateur, s’applique depuis sept ans à faire une bière locale, qu’il vend aux clients de son pub, et dans des bars, épiceries et festivals du Grand Est parisien.”La vente directe nous a sauvés. Si tu n’as pas ça, tu fermes”, dit-il, tandis que son brassage hebdomadaire diffuse dans le bâtiment un arôme de pâtisserie.Brassant jusqu’ici la bière à flux tendus, il vient de doubler sa capacité de production de quelque 500 hectolitres.Pour faire son “métier passion”, garder des prix modérés et ses trois salariés, dont son expert brasseur américain, il est sur tous les fronts: banques, approvisionnements, ventes sur les marchés… Il partage l’espace avec un restaurateur, envisage de s’associer avec une autre brasserie, le financement participatif récemment lui a permis d’acheter des fûts…”En fait, on survit, mais on continue”, dit-il, après deux années de déficit.Globalement, le secteur de la bière est à la peine depuis le Covid-19, surtout pour cause d’explosion des coûts dès 2021.Alors qu’en 2015, au pic du boom de la filière, une brasserie ouvrait chaque jour en France, quelque 250 ont fermé depuis janvier 2024, selon le syndicat Brasseurs de France.Elles sont aujourd’hui environ 2.400, à 95% des TPE-PME, à côté des géants Kronenbourg ou Heineken.Déjà fragilisées par la pandémie, nombre d’entre elles ont “pris de plein fouet la hausse des prix des matières premières”, survenue avant même la guerre en Ukraine, explique Magali Filhue, déléguée générale de Brasseurs de France.”Aujourd’hui, les brasseries qui ouvrent le font plutôt sous forme de gros pubs, se diversifiant autour de l’accueil, la restauration, les séminaires…”, dit-elle.A Montreuil, Frédéric Poulain ne décolère pas contre ces géants français du verre et du gaz (la bière a besoin de CO2), qui ont fait exploser leurs tarifs avant de se réjouir publiquement de faramineux “dividendes versés à leurs actionnaires”.”Je fais une bière locale, avec de l’orge bio de la plaine de Versailles, du miel de mon associé apiculteur… mais pour le verre, je dois me fournir en Suède!”, soupire-t-il.- Consommation atone -A une soixantaine de kilomètres de là, à Courpalay, la Brasserie Rabourdin est plus grande. Elle a 25 ans d’activité et vend sa Briarde sur place, dans l’ancien silo à grains du village, mais aussi à de grandes enseignes.Pourtant, en 2024, elle a produit “un peu moins que d’habitude”, 8.000 hectolitres au lieu de 10.000, “car la conjoncture de la bière n’est plus ce qu’elle était”, souligne Hubert Rabourdin, également agriculteur céréalier.”On est passé de la croissance à une prise en étau entre plus de charges et moins de ventes”, résume-t-il. “Des brasseries n’arrivent pas à se relever, elles ont des problèmes de trésorerie, et si vous ajoutez à cela la mauvaise météo de 2024…”En France, la consommation de bière a reculé de 3,5% en 2024, et de 7% sur deux ans, entre météo, crise du pouvoir d’achat et comportements nouveaux à l’égard de l’alcool. A 33 litres par tête, les Français restent les derniers consommateurs européens.Ce contexte ne décourage pas Kyle Nesbitt, Américain installé à Paris, passionné de bière en quête d’un local pour son futur brewpub, où il proposera des dizaines de bières de sa création et de la restauration mexicaine, la touche de son épouse franco-mexicaine.”Je viens du Milwaukee où la bière est très connue. En France, il me manquait quelque chose, alors j’ai appris à brasser”, dit ce graphiste, venu parfaire son savoir à la brasserie de Montreuil.Pour lui, le repli de la consommation “vient notamment de la Génération Z, en réaction à l’abus d’alcool. Mais pour moi, la bière, c’est d’abord une expérience et un goût que je veux partager”.Selon Brasseurs de France, la demande résiste en particulier pour les bières sans alcool, et les très houblonnées IPA (India Pale Ale).

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Au cœur du désert urbain de Lima, l’oasis verte d’une femme des Andes péruviennes

A flanc de colline, dans l’un des quartiers les plus arides et défavorisés de Lima, une oasis de verdure s’étire entre les maisons de brique et les ruelles poussiéreuses. Là où domine la rocaille, une femme originaire des Andes péruviennes a fait naître une forêt.L’insolite îlot abrite plus de cent espèces, entre arbres fruitiers et plantes médicinales, au sein du district de San Juan de Lurigancho, le plus pollué de Lima et le plus peuplé avec 1,2 million d’habitants.”J’aime vivre au milieu de mes plantes”, assure simplement Esther Rodriguez, 85 ans, racontant avoir dû quitter dans les années 80 sa région natale d’Ayacucho, à environ 500 km de la capitale, à cause du conflit armé entre l’État et la guérilla maoïste du Sentier lumineux.Arrivée avec son mari et leurs sept enfants à Lima, considérée comme la deuxième capitale au monde bâtie dans un désert – après Le Caire – et l’une des plus polluées d’Amérique latine, elle ressent rapidement la nostalgie de sa région natale. Seule, pendant que ses enfants sont à l’école, elle commence petit à petit à cultiver des plants sur son terrain rocailleux. Aujourd’hui, derrière sa modeste maison s’étend une véritable petite jungle, baptisée “La Selva Escondida” (La Jungle Cachée), où le chant des oiseaux a remplacé le vacarme de la ville. – “Seaux d’eau” -Bananes, mandarines, avocats ou fruits de la passion y murissent, tandis que des abeilles et des papillons butinent les fleurs. Dans un bassin abritant des poissons, un colibri se toilette. Pareille à une oasis, la forêt a développé son propre écosystème. “Il n’y avait rien, personne dans les collines, alors petit à petit j’ai commencé en transportant des seaux d’eau”, explique l’octogénaire. A Lima, 6% des 10 millions d’habitants n’avaient pas accès à l’eau courante en 2024, selon une enquête de l’Institut national de statistique et d’informatique.Au fil de ses voyages, elle rassemble des espèces venues de tout le pays et aménage son terrain escarpé en terrasses, s’inspirant des savoirs ancestraux andins pour cultiver les pentes abruptes et optimiser la gestion de l’eau.Des sentiers, escaliers et passerelles suspendues parcourent le site, désormais équipé de trois puits connectés au réseau d’approvisionnement en eau de la ville.Quatre de ses enfants gèrent désormais le lieu, qui depuis 2020 accueille des visiteurs, dont de nombreux scolaires. “Nous voulons que ce lieu soit une source d’inspiration”, confie Esther, l’une des filles de l’octogénaire, disant recevoir une centaine de curieux chaque semaine.Au-delà de l’aspect touristique, l’initiative offre aussi des bénéfices écologiques au quartier, avec une modification du microclimat local, selon les experts.”Ce demi-hectare boisé régule la température, l’humidité et améliore la santé, notamment dans une zone où les maladies respiratoires sont fréquentes”, note Fernando Regalo, ingénieur forestier pour l’ONG Fundacion para la conservacion y el desarrollo sostenible (FCDS). Le projet n’a reçu aucune subvention jusqu’à présent mais Jesus Maldonado, le maire depuis 2023 du district, assure vouloir le soutenir. “Cela montre qu’on peut faire autrement”, affirme-t-il.En attendant, la famille a entamé de nouvelles plantations tout en continuant d’accueillir le public. “On a l’impression d’être dans la jungle, avec les bruits, les petits animaux, les oiseaux et les arbres”, s’enthousiasme Constantina Zevallos Mora, une habitante de la capitale venue en famille.

Au cœur du désert urbain de Lima, l’oasis verte d’une femme des Andes péruviennes

A flanc de colline, dans l’un des quartiers les plus arides et défavorisés de Lima, une oasis de verdure s’étire entre les maisons de brique et les ruelles poussiéreuses. Là où domine la rocaille, une femme originaire des Andes péruviennes a fait naître une forêt.L’insolite îlot abrite plus de cent espèces, entre arbres fruitiers et plantes médicinales, au sein du district de San Juan de Lurigancho, le plus pollué de Lima et le plus peuplé avec 1,2 million d’habitants.”J’aime vivre au milieu de mes plantes”, assure simplement Esther Rodriguez, 85 ans, racontant avoir dû quitter dans les années 80 sa région natale d’Ayacucho, à environ 500 km de la capitale, à cause du conflit armé entre l’État et la guérilla maoïste du Sentier lumineux.Arrivée avec son mari et leurs sept enfants à Lima, considérée comme la deuxième capitale au monde bâtie dans un désert – après Le Caire – et l’une des plus polluées d’Amérique latine, elle ressent rapidement la nostalgie de sa région natale. Seule, pendant que ses enfants sont à l’école, elle commence petit à petit à cultiver des plants sur son terrain rocailleux. Aujourd’hui, derrière sa modeste maison s’étend une véritable petite jungle, baptisée “La Selva Escondida” (La Jungle Cachée), où le chant des oiseaux a remplacé le vacarme de la ville. – “Seaux d’eau” -Bananes, mandarines, avocats ou fruits de la passion y murissent, tandis que des abeilles et des papillons butinent les fleurs. Dans un bassin abritant des poissons, un colibri se toilette. Pareille à une oasis, la forêt a développé son propre écosystème. “Il n’y avait rien, personne dans les collines, alors petit à petit j’ai commencé en transportant des seaux d’eau”, explique l’octogénaire. A Lima, 6% des 10 millions d’habitants n’avaient pas accès à l’eau courante en 2024, selon une enquête de l’Institut national de statistique et d’informatique.Au fil de ses voyages, elle rassemble des espèces venues de tout le pays et aménage son terrain escarpé en terrasses, s’inspirant des savoirs ancestraux andins pour cultiver les pentes abruptes et optimiser la gestion de l’eau.Des sentiers, escaliers et passerelles suspendues parcourent le site, désormais équipé de trois puits connectés au réseau d’approvisionnement en eau de la ville.Quatre de ses enfants gèrent désormais le lieu, qui depuis 2020 accueille des visiteurs, dont de nombreux scolaires. “Nous voulons que ce lieu soit une source d’inspiration”, confie Esther, l’une des filles de l’octogénaire, disant recevoir une centaine de curieux chaque semaine.Au-delà de l’aspect touristique, l’initiative offre aussi des bénéfices écologiques au quartier, avec une modification du microclimat local, selon les experts.”Ce demi-hectare boisé régule la température, l’humidité et améliore la santé, notamment dans une zone où les maladies respiratoires sont fréquentes”, note Fernando Regalo, ingénieur forestier pour l’ONG Fundacion para la conservacion y el desarrollo sostenible (FCDS). Le projet n’a reçu aucune subvention jusqu’à présent mais Jesus Maldonado, le maire depuis 2023 du district, assure vouloir le soutenir. “Cela montre qu’on peut faire autrement”, affirme-t-il.En attendant, la famille a entamé de nouvelles plantations tout en continuant d’accueillir le public. “On a l’impression d’être dans la jungle, avec les bruits, les petits animaux, les oiseaux et les arbres”, s’enthousiasme Constantina Zevallos Mora, une habitante de la capitale venue en famille.

Vieillir à Cuba, un combat quotidien pour subsister

Au crépuscule de leur vie, avec des pensions qui ne permettent d’acheter que 15 œufs, les personnes âgées tentent de surmonter la grave crise économique à Cuba, l’un des pays les plus vieillissants d’Amérique latine. Sous une galerie de la rue Galiano, dans le cœur vibrant de La Havane, Isidro Manuet, 73 ans, installe chaque matin son petit stand de vente informelle pour gagner le strict minimum. “Je parviens à vivre, à survivre, cela sert à manger, pas à autre chose”, confie à l’AFP l’homme à la peau marquée par le soleil et les ans.Comme lui, de nombreux seniors se tournent vers la vente ambulante de café, cigarettes ou objets de seconde main pour affronter la pire crise économique que l’île ait connu depuis l’implosion du bloc soviétique en 1991. Fin 2024, plus de 25% des 9,7 millions d’habitants de Cuba avaient plus de 60 ans, selon les statistiques officielles, dépassant ainsi le Chili et l’Uruguay. Et plus de 39% des retraités cubains perçoivent une pension minimale de 1.528 pesos. L’équivalent de 13 dollars au taux officiel, mais de 4 dollars seulement sur le marché informel, qui dicte les prix dans la rue.”Lutte pour la vie car la mort est certaine”, lâche le vieil homme.Des Cubains passent devant lui avec des sacs remplis de nourriture. Ils viennent de Casalinda, l’un des magasins en dollars ouverts par le gouvernement en janvier, accentuant ainsi la fracture sociale sur l’île. – Absence de soutien familial -Antonia Diez, 70 ans, vend vêtements et maquillage. “On se débrouille avec ça”, “la situation est difficile” et la pension “ne suffit pas”, explique cette dame qui touche une retraite de 1.540 pesos, à peine assez pour acheter 15 œufs ou un peu plus de deux kilos de riz. A Cuba, l’âge de la retraite est de 60 ans pour les femmes, 65 ans pour les hommes, mais nombreux sont ceux qui continuent à travailler au-delà.Beaucoup de personnes âgées se sont retrouvées privées de soutien familial depuis 2022, après le plus grand exode migratoire de l’histoire de Cuba, sur fond de crise marquée par la pénurie d’aliments et de médicaments, des coupures d’électricité récurrentes et une inflation galopante. Dans les rues apparaissent de plus en plus de mendiants. Parfois, un vieillard fouillant dans des poubelles à la recherche de quelque chose à vendre ou à manger.La crise frappe également les aides que le gouvernement destine aux plus démunis. Mme Diez recevait auparavant un colis d’aliments fourni par l’aide sociale, “mais ça fait longtemps qu’ils n’envoient plus rien”, regrette-t-elle.Le gouvernement ne garantit plus non plus l’approvisionnement régulier du panier de base qui, pendant des décennies, a été distribué à la population via la “libreta”, le livret de rationnement. – “Sans avenir” -Pour compléter ce panier, déjà réduit au strict minimum, les Cubains — dont les salaires et pensions sont versés en pesos — doivent se rendre dans les magasins en dollars ou les commerces privés, aux prix exorbitants pour la majorité de la population.Selon le Centre d’études de l’économie cubaine de l’Université de La Havane, en 2023, une famille cubaine de trois personnes avait besoin de 12 à 14 salaires minimums (2.100 pesos) pour couvrir son panier de base.D’après les chiffres officiels, 68.000 Cubains de plus de 60 ans bénéficient du réseau de près de 1.600 cantines du Système d’assistance familiale (SAF), créé en 1998 pour les personnes vulnérables. Eva Suarez, 78 ans, a pris sa retraite en 2008 avec la pension minimale et fréquente, depuis un an et demi, une cantine SAF dans le centre historique de La Havane. Là, un repas coûte au maximum 13 pesos (environ 11 centimes de dollar). Sa “seule alternative” dans un pays où “tout est très cher” et alors qu’elle ne peut pas compter sur une aide régulière de ses deux enfants, explique-t-elle.À la précarité économique, s’ajoute chez certains seniors une profonde déception. Après avoir travaillé 36 ans comme économiste et être partie à la retraite avec 1.600 pesos par mois, Lucy Pérez, 72 ans, dresse un constat amer: “Je n’ai rien, ma maison tombe en ruine (…) la situation est précaire et sans avenir”.

Vieillir à Cuba, un combat quotidien pour subsister

Au crépuscule de leur vie, avec des pensions qui ne permettent d’acheter que 15 œufs, les personnes âgées tentent de surmonter la grave crise économique à Cuba, l’un des pays les plus vieillissants d’Amérique latine. Sous une galerie de la rue Galiano, dans le cœur vibrant de La Havane, Isidro Manuet, 73 ans, installe chaque matin son petit stand de vente informelle pour gagner le strict minimum. “Je parviens à vivre, à survivre, cela sert à manger, pas à autre chose”, confie à l’AFP l’homme à la peau marquée par le soleil et les ans.Comme lui, de nombreux seniors se tournent vers la vente ambulante de café, cigarettes ou objets de seconde main pour affronter la pire crise économique que l’île ait connu depuis l’implosion du bloc soviétique en 1991. Fin 2024, plus de 25% des 9,7 millions d’habitants de Cuba avaient plus de 60 ans, selon les statistiques officielles, dépassant ainsi le Chili et l’Uruguay. Et plus de 39% des retraités cubains perçoivent une pension minimale de 1.528 pesos. L’équivalent de 13 dollars au taux officiel, mais de 4 dollars seulement sur le marché informel, qui dicte les prix dans la rue.”Lutte pour la vie car la mort est certaine”, lâche le vieil homme.Des Cubains passent devant lui avec des sacs remplis de nourriture. Ils viennent de Casalinda, l’un des magasins en dollars ouverts par le gouvernement en janvier, accentuant ainsi la fracture sociale sur l’île. – Absence de soutien familial -Antonia Diez, 70 ans, vend vêtements et maquillage. “On se débrouille avec ça”, “la situation est difficile” et la pension “ne suffit pas”, explique cette dame qui touche une retraite de 1.540 pesos, à peine assez pour acheter 15 œufs ou un peu plus de deux kilos de riz. A Cuba, l’âge de la retraite est de 60 ans pour les femmes, 65 ans pour les hommes, mais nombreux sont ceux qui continuent à travailler au-delà.Beaucoup de personnes âgées se sont retrouvées privées de soutien familial depuis 2022, après le plus grand exode migratoire de l’histoire de Cuba, sur fond de crise marquée par la pénurie d’aliments et de médicaments, des coupures d’électricité récurrentes et une inflation galopante. Dans les rues apparaissent de plus en plus de mendiants. Parfois, un vieillard fouillant dans des poubelles à la recherche de quelque chose à vendre ou à manger.La crise frappe également les aides que le gouvernement destine aux plus démunis. Mme Diez recevait auparavant un colis d’aliments fourni par l’aide sociale, “mais ça fait longtemps qu’ils n’envoient plus rien”, regrette-t-elle.Le gouvernement ne garantit plus non plus l’approvisionnement régulier du panier de base qui, pendant des décennies, a été distribué à la population via la “libreta”, le livret de rationnement. – “Sans avenir” -Pour compléter ce panier, déjà réduit au strict minimum, les Cubains — dont les salaires et pensions sont versés en pesos — doivent se rendre dans les magasins en dollars ou les commerces privés, aux prix exorbitants pour la majorité de la population.Selon le Centre d’études de l’économie cubaine de l’Université de La Havane, en 2023, une famille cubaine de trois personnes avait besoin de 12 à 14 salaires minimums (2.100 pesos) pour couvrir son panier de base.D’après les chiffres officiels, 68.000 Cubains de plus de 60 ans bénéficient du réseau de près de 1.600 cantines du Système d’assistance familiale (SAF), créé en 1998 pour les personnes vulnérables. Eva Suarez, 78 ans, a pris sa retraite en 2008 avec la pension minimale et fréquente, depuis un an et demi, une cantine SAF dans le centre historique de La Havane. Là, un repas coûte au maximum 13 pesos (environ 11 centimes de dollar). Sa “seule alternative” dans un pays où “tout est très cher” et alors qu’elle ne peut pas compter sur une aide régulière de ses deux enfants, explique-t-elle.À la précarité économique, s’ajoute chez certains seniors une profonde déception. Après avoir travaillé 36 ans comme économiste et être partie à la retraite avec 1.600 pesos par mois, Lucy Pérez, 72 ans, dresse un constat amer: “Je n’ai rien, ma maison tombe en ruine (…) la situation est précaire et sans avenir”.

Vieillir à Cuba, un combat quotidien pour subsister

Au crépuscule de leur vie, avec des pensions qui ne permettent d’acheter que 15 œufs, les personnes âgées tentent de surmonter la grave crise économique à Cuba, l’un des pays les plus vieillissants d’Amérique latine. Sous une galerie de la rue Galiano, dans le cœur vibrant de La Havane, Isidro Manuet, 73 ans, installe chaque matin son petit stand de vente informelle pour gagner le strict minimum. “Je parviens à vivre, à survivre, cela sert à manger, pas à autre chose”, confie à l’AFP l’homme à la peau marquée par le soleil et les ans.Comme lui, de nombreux seniors se tournent vers la vente ambulante de café, cigarettes ou objets de seconde main pour affronter la pire crise économique que l’île ait connu depuis l’implosion du bloc soviétique en 1991. Fin 2024, plus de 25% des 9,7 millions d’habitants de Cuba avaient plus de 60 ans, selon les statistiques officielles, dépassant ainsi le Chili et l’Uruguay. Et plus de 39% des retraités cubains perçoivent une pension minimale de 1.528 pesos. L’équivalent de 13 dollars au taux officiel, mais de 4 dollars seulement sur le marché informel, qui dicte les prix dans la rue.”Lutte pour la vie car la mort est certaine”, lâche le vieil homme.Des Cubains passent devant lui avec des sacs remplis de nourriture. Ils viennent de Casalinda, l’un des magasins en dollars ouverts par le gouvernement en janvier, accentuant ainsi la fracture sociale sur l’île. – Absence de soutien familial -Antonia Diez, 70 ans, vend vêtements et maquillage. “On se débrouille avec ça”, “la situation est difficile” et la pension “ne suffit pas”, explique cette dame qui touche une retraite de 1.540 pesos, à peine assez pour acheter 15 œufs ou un peu plus de deux kilos de riz. A Cuba, l’âge de la retraite est de 60 ans pour les femmes, 65 ans pour les hommes, mais nombreux sont ceux qui continuent à travailler au-delà.Beaucoup de personnes âgées se sont retrouvées privées de soutien familial depuis 2022, après le plus grand exode migratoire de l’histoire de Cuba, sur fond de crise marquée par la pénurie d’aliments et de médicaments, des coupures d’électricité récurrentes et une inflation galopante. Dans les rues apparaissent de plus en plus de mendiants. Parfois, un vieillard fouillant dans des poubelles à la recherche de quelque chose à vendre ou à manger.La crise frappe également les aides que le gouvernement destine aux plus démunis. Mme Diez recevait auparavant un colis d’aliments fourni par l’aide sociale, “mais ça fait longtemps qu’ils n’envoient plus rien”, regrette-t-elle.Le gouvernement ne garantit plus non plus l’approvisionnement régulier du panier de base qui, pendant des décennies, a été distribué à la population via la “libreta”, le livret de rationnement. – “Sans avenir” -Pour compléter ce panier, déjà réduit au strict minimum, les Cubains — dont les salaires et pensions sont versés en pesos — doivent se rendre dans les magasins en dollars ou les commerces privés, aux prix exorbitants pour la majorité de la population.Selon le Centre d’études de l’économie cubaine de l’Université de La Havane, en 2023, une famille cubaine de trois personnes avait besoin de 12 à 14 salaires minimums (2.100 pesos) pour couvrir son panier de base.D’après les chiffres officiels, 68.000 Cubains de plus de 60 ans bénéficient du réseau de près de 1.600 cantines du Système d’assistance familiale (SAF), créé en 1998 pour les personnes vulnérables. Eva Suarez, 78 ans, a pris sa retraite en 2008 avec la pension minimale et fréquente, depuis un an et demi, une cantine SAF dans le centre historique de La Havane. Là, un repas coûte au maximum 13 pesos (environ 11 centimes de dollar). Sa “seule alternative” dans un pays où “tout est très cher” et alors qu’elle ne peut pas compter sur une aide régulière de ses deux enfants, explique-t-elle.À la précarité économique, s’ajoute chez certains seniors une profonde déception. Après avoir travaillé 36 ans comme économiste et être partie à la retraite avec 1.600 pesos par mois, Lucy Pérez, 72 ans, dresse un constat amer: “Je n’ai rien, ma maison tombe en ruine (…) la situation est précaire et sans avenir”.

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Après le vélo électrique, une nouvelle vie pour les batteries

Quand la batterie de vélo électrique alimente un luminaire mobile: dans l’ouest de la France, la startup Voltr veut “donner une seconde vie” aux batteries lithium usagées pour décarboner le stockage d’énergie.Dans un grand hangar en périphérie d’Angers, sous la lumière des néons, un opérateur démonte consciencieusement des batteries d’aspirateur à l’aide d’une dévisseuse, avant de démanteler leur coeur.A l’aide d’une fraiseuse, il “vient abraser, donc enlever le plastique autour des cellules de lithium, pour pouvoir ensuite les dissocier” à la main, explique Alban Régnier, président et co-fondateur de Voltr.Chaque batterie de vélo ou de trottinette est constituée de dizaines de cellules de lithium, des petits accumulateurs qui ressemblent aux piles standard de télécommandes, reliées entre elles par du nickel qui assure la conductivité, et gérées par une carte électronique.Ces composants, qui stockent l’énergie, représentent “80% de l’empreinte carbone” de la batterie, et “70% du coût économique”, selon M. Régnier, qui entend “prouver qu’on peut donner une seconde vie aux cellules et donc aux batteries”.Car le plus gros de l’empreinte carbone d’une batterie, c’est l’extraction minière et le raffinage des métaux critiques qui composent les cellules, en provenance en grande partie de Chine, et rare en Europe.”L’idée, c’est de récupérer une batterie qui va être encore en bon état (…), de récupérer les cellules qui sont à l’intérieur, les diagnostiquer et réassembler entre elles celles qui fonctionnent bien”, explique M. Régnier.Le principe consiste à “descendre une marche en terme d’utilisation” et à utiliser, par exemple, une batterie de vélo, plus puissante, pour en faire une batterie de luminaire mobile, appareil moins exigeant en termes d’autonomie et de performance, permettant ainsi de ne pas être pénalisé par l’usage d’une batterie de seconde monte.Une fois la cellule extraite et séparée de l’appareillage électronique de la batterie, elle passe sur une machine circulaire, sorte de carrousel sur lequel elle est soumise à une série de tests: voltage, résistance, détection visuelle pour voir si elle abimée ou pas ou pas.-Soulager les acteurs du recyclage -Elle est ensuite branchée sur un “cycleur”, sorte de grosse armoire où sont alignées des dizaines de cellules, pour définir le niveau d’énergie résiduelle.”On va appliquer une intelligence artificielle de prédiction qui va nous permettre (…) de savoir comment elle va se comporter en seconde vie. Puis, on va associer entre elles les meilleures cellules et les plus homogènes pour refaire une nouvelle batterie”, explique M. Régnier.Reconditionnées dans un boitier neuf et avec une nouvelle carte électronique, ces batteries rempliront bientôt les rayons de dizaines de magasins d’une célèbre enseigne de bricolage.Environ 70% des cellules que récupère Voltr sont réemployées, un chiffre qui a vocation à augmenter, selon M. Régnier.Approvisionnée en direct par des industriels, les recycleurs historiques et les éco-organismes comme Batribox, la première ligne de production de Voltr, inaugurée en 2023, a reconditionné à ce jour quelque 200.000 cellules sur 35.500 batteries, “remises sur le marché partout en Europe”, selon M. Régnier, qui table sur une très forte montée en puissance.L’objectif est de reconditionner “200 millions de cellules par an sur plusieurs usines en Europe d’ici à 2033”, explique-t-il.Après une première levée de fonds de 4 millions d’euros en 2023, il attend une nouvelle levée de fonds de “plusieurs dizaines de millions d’euros” pour concrétiser cette montée en puissance, qui doit lui permettre d’ouvrir une usine automatisée en France d’ici deux ans, ainsi que des sites de stockage.L’enjeu dépasse de loin la startup, le cahier des charges imposé par l’Etat aux éco-organismes des piles et batteries prévoyant un taux de réemploi de 5% d’ici 2030, avec une cible intermédiaire de 2% en 2027, selon l’un de ces éco-organismes, Batribox.En outre, “tout ce qui pourra partir en réemploi, sous réserve que ce soit de qualité suffisante, réduira la pression sur les acteurs du recyclage qui n’ont pas toujours des solutions à nous offrir”, a indiqué Emmanuel Toussaint-Dauvergne, directeur général de Batribox.