Prix de l’électricité: la guerre commerciale se tend entre industriels et EDF

La tension est montée d’un cran vendredi entre les gros industriels et EDF dans le feuilleton sur le prix de l’électricité jugé trop élevé par les premiers qui disent jouer leur “survie”, alors que l’électricien assure ne “pas croire” à des “délocalisations” liées aux factures de courant.Des fonderies d’aluminium à la chimie, les industriels français les plus gourmands en électricité, dont certains se disent menacés dans leur “survie” par les prix trop élevés de l’énergie, s’inquiètent d’une nouvelle initiative de l’électricien national.EDF a annoncé jeudi qu’elle allait proposer des contrats à long terme adossés à sa production nucléaire à travers un système d’enchères européennes pour livrer de l’électricité en France à des entreprises de taille significative de tous secteurs (centres de données, transports…) et à des fournisseurs d’électricité.Cette annonce a eu l’effet d’une douche froide pour l’association Uniden qui représente les industriels les plus consommateurs d’énergie: elle a dénoncé une “attitude incompréhensible” d’EDF avec qui les négociations tarifaires s’enlisent depuis plus d’un an. En cause: un prix au mégawattheure (MWh) jugé trop élevé pour garantir leur compétitivité face à une féroce concurrence américaine et chinoise.EDF “préfère clairement vendre aux plus offrants plutôt qu’à ceux qui en ont besoin”, tempête l’Uniden.Depuis novembre 2023, les industriels sont engagés – après accord avec l’Etat – dans un bras de fer commercial avec EDF pour des contrats de long terme dits d’allocation de production nucléaire (CAPN) qui remplaceraient les tarifs d’électricité à prix cassé dont ils bénéficient jusqu’à fin 2025, date d’extinction du système dit Arenh. Pour “l’après-Arenh”, EDF avait proposé des contrats de moyen et long terme à destination des entreprises, avec l’objectif d’atteindre un prix moyen de 70 euros sur 15 ans pour un mégawattheure de son électricité nucléaire.Une offre mal reçue par la cinquantaine de gros industriels de l’aluminium, de la chimie, l’acier ou du verre, habitués à payer 42 euros du MWh, une partie de leurs électrons.Après des mois de négociations bilatérales secrètes entre l’électricien et ces grands clients, le ministère de l’Energie a regretté jeudi soir qu’un seul contrat ferme ait été signé à date.- “Chapeau trop grand” -Depuis des mois, l’Etat et unique actionnaire d’EDF, fait pression pour qu’elle conclue plus de contrats alors que les industriels agitent la menace de délocalisations, notamment dans la chimie.Argument contré par EDF, qui admet les problèmes du secteur de la chimie, mais les attribue surtout au renchérissement du gaz.”Il ne faut pas essayer de faire porter à l’électricité un chapeau trop grand pour elle”, a réagi vendredi auprès de l’AFP le directeur executif chargé du pôle clients, Marc Benayoun.EDF a par ailleurs essayé d’éteindre l’incendie, soulignant que son nouveau système d’enchères s’ajoutait aux discussions en cours mais ne les remplaçait pas. Les negociations “se poursuivent” avec les industriels, a assuré M. Benayoun.Il se dit optimiste sur les chances de signer bientôt “plusieurs contrats” à long terme avec des industriels, issues de “dix” lettres d’intention, contre neuf jusqu’à présent.Selon lui, l’électricien devrait transmettre “la semaine prochaine” un “dossier complet” au gouvernement pour tirer un premier bilan. Il a reconnu au passage qu’EDF aura signé “moins de CAPN que prévu”.Mais il a annoncé à l’AFP qu’un “deuxième gros contrat” long terme serait signé la semaine prochaine, après le premier dévoilé par le PDG d’EDF Luc Rémont fin février. M. Benayoun a indiqué que ce premier contrat avait été signé avec un industriel de la chimie, sans révéler l’identité du deuxième.Le dirigeant assure que “tous vont trouver une solution avant début 2026”, et que les contrats long terme ne sont qu’une des solutions.Les industriels peuvent aussi se tourner vers les marchés qui “sont très attractifs aujourd’hui: (…) A 4 ans, sur 2026-29, le prix tourne autour de 60 euros le MWh” alors qu’il était à 85 euros fin 2023″ au début des discussions, quand Bruno Le Maire était le locataire de Bercy. L’ex-ministre de l’Economie est sorti de son silence sur le réseau social “X” pour prendre fait et cause pour les industriels en estimant que le projet d’enchères d’EDF “affaiblirait l’industrie française”.

Le trafic reprend progressivement à la gare du Nord, après la paralysie due à la découverte d’un vieil obus

Le trafic reprenait progressivement mais restait encore perturbé vendredi en début de soirée à la gare du Nord de Paris, paralysée toute la journée après la découverte dans la nuit à Saint-Denis d’une bombe de 500 kg datant de la Seconde guerre mondiale.”Le trafic a repris”, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la SNCF peu avant 19H. Selon les sites internet de la SNCF et de la RATP, des trains ont notamment recommencé à circuler sur les lignes H ou K, ou encore RER B, mais le trafic reste “très perturbé” ou “fortement perturbé”.Après avoir annoncé qu’aucun de ses trains ne circulerait, Eurostar a finalement indiqué à l’AFP avoir “ajouté quatre trains” vendredi soir, soit un aller-retour Paris-Londres et un aller-retour Paris-Bruxelles, et confirmé que le trafic reprendrait normalement samedi matin. “Deux trains supplémentaires ont été rajoutés” au plan de transport initial de samedi, a ajouté l’entreprise ferroviaire franco-britannique.- “Evénement exceptionnel” -Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, avait annoncé vers 16H un reprise du trafic “à partir de 18H”. “L’objectif est de pouvoir être le plus près possible, à partir de 18H, et plus sûrement à partir de 20H, du plan de transport habituel”.Depuis le centre national des opérations ferroviaires, il avait indiqué que “les opérations” de déminage étaient “enfin terminées” et avaient mobilisé près de 300 policiers pour pouvoir sécuriser le périmètre, des écoles ont été évacuées, des personnes ont été confinées. […] Nous ne pouvions pas faire autrement”, avait-il ajouté.M. Tabarot avait également souligné que “ce n’était pas une opération anodine”. “Une bombe de 500 kilos avec 200 kilos d’explosifs à l’intérieur, c’est assez rare”.”Demain matin (samedi, NDLR), l’objectif c’est qu’on soit sur un plan de transport tout à fait normal”, a aussi assuré le PDG de SNCF Réseau Matthieu Chabanel.Aucun TGV, Eurostar, RER ni TER ne circulait depuis vendredi matin à la gare du Nord, l’une des premières d’Europe.A la mi-journée, dans le hall de la gare du Nord, les voyageurs étaient désabusés. “C’est pas de chance si cela vous arrive, mais je ne veux pas monter dans un train qui passe sur une bombe de la Seconde Guerre mondiale qui n’a pas explosé”, a jugé auprès de l’AFP Owen Pritchard, touriste qui tente de rentrer au Royaume-Uni, mais dont l’Eurostar a été annulé.C’est au cours de travaux réalisés dans la nuit de jeudi à vendredi que l’engin explosif a été découvert, à 2,5 km de la gare du Nord. La bombe était située à environ 200 m au nord du boulevard périphérique parisien. Deux cents riverains ont été évacués par la police, a indiqué le préfet de Seine-Saint-Denis, qui avait demandé aux habitants de Saint-Denis et Saint-Ouen qui habitent à moins de 500 m du lieu de la bombe de se confiner.Une partie du boulevard périphérique et de l’autoroute A1 avait également été fermée pendant l’opération de déminage, selon la préfecture de police de Paris.- Raid d’avril 1944 -Marion, 43 ans, qui devait se rendre à Londres pour rendre visite à des amis, raconte avoir essayé de se rabattre sur un vol. “Mais c’est hors de prix, et puis de toute manière, on ne peut même pas aller à l’aéroport Charles-de-Gaulle” du fait de l’arrêt de la circulation du RER B vers le Nord, se désole-t-elle.La gare du Nord est l’une des plus fréquentées d’Europe, avec plus de 226 millions de voyageurs en 2023, selon les chiffres de la SNCF.Ce n’est pas la première fois que la découverte d’une bombe de la Seconde guerre mondiale vient paralyser le réseau ferroviaire à Paris. En 2019, un obus retrouvé dans les Hauts-de-Seine avait interrompu le trafic entre la gare de Saint-Lazare et la proche banlieue ouest de Paris.Vendredi, aucune information n’avait filtré sur la provenance de cette bombe. Le site des Archives de Paris fait cependant référence au fait que la gare de triage de La Chapelle, qui occupait pendant la Seconde guerre mondiale “une bonne partie du 18e arrondissement et de la plaine Saint-Denis”, avait été prise pour cible en avril 1944 par des raids des Alliés qui cherchaient à “limiter les déplacements de troupes allemandes”.hrc-amb-max-tq-kd/abb/cbn

Devant Le Scouarnec, une de ses victimes soutient son regard et “veut savoir”

A la barre de la cour criminelle du Morbihan vendredi, Amélie Lévêque regarde dans les yeux avec une colère feutrée le pédocriminel Joël Le Scouarnec qu’elle accuse de l’avoir violée quand elle avait neuf ans: “Je veux savoir.”Accusé pour des violences sexuelles sur 299 patients, l’ex-chirurgien a détaillé dans ses carnets les viols et agressions sexuelles commis sur ses victimes, qui étaient mineures dans leur grande majorité à l’époque des faits, de 1989 à 2014.Mais sur Amélie Lévêque, 43 ans, opérée de l’appendicite en 1991 à l’âge de neuf ans, le médecin ne note qu’une ligne, se remémorant un regard scabreux sur la “fente” de la petite fille.Les regards accompagnés de pensées pédophiles n’étant pas réprimés par la loi, les enquêteurs ne la contactent pas.Carré blond, fines lunettes et foulard gris, Amélie raconte comme elle apprend en 2019 par la presse que le médecin, interpellé deux ans plus tôt pour le viol de sa voisine de six ans, est désormais soupçonné de viols et agressions sexuelles sur plusieurs centaines de personnes.En fait-elle partie? Elle dit avoir aussitôt appelé l’avocate de la jeune voisine, Me Francesca Satta. Qui lui confirme que le chirurgien mentionne bien une “Amélie” opérée à Loches (Indre-et-Loire).”Moi, mon carnet, il ne parle que d’un regard, alors (Joël le Scouarnec) il va avoir un regard sur ma vie”, lance-t-elle, la voix qui résonne, presque défiante, dans le silence du tribunal de Vannes.- “Haine et dégoût” -Phobie des hôpitaux, peur panique des aiguilles, anorexie, pleurs sans raison, épisodes dépressifs… Incapable de dormir sans somnifères depuis 2019, Amélie Lévêque égrène devant la cour les troubles qui l’affectent depuis son appendicectomie.De son opération, la quadragénaire ne se rappelait que d’un chirurgien qui “était méchant et m’avait fait mal”. Des séances d’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) lui permettent de retrouver le souvenir d’une main sur son bas-ventre et d’une “douleur rapide dans l’entrejambe”: une pénétration digitale vaginale, mais aussi, peut-être “un toucher rectal” imposé.Elle se souvient d’avoir eu froid, et précise avoir eu une bronchite à la suite de son opération.Sa voix se brise. Amélie Lévêque sanglote, paraît soudain plus menue qu’elle ne l’est. Puis elle se redresse et demande à la cour: “J’aimerais m’adresser à lui, si vous le permettez.”Lui, rigide sur son banc dans le box, ne bouge pas, écoute attentivement. Elle se tourne vers lui.”Vous m’avez violée alors que j’étais une petite fille de neuf ans tellement joyeuse, et vous avez mis en moi tant de troubles, de phobies inexpliquées et enfouies”, accuse-t-elle.”Je vous regarde et j’ai un mélange de haine, de dégoût, une envie de vomir parce que malgré tout, vous me faites de la peine, vous ressemblez à un grand-père.”Les larmes affluent. “Je vous demande de me redonner ma joie de vivre parce que j’en ai vraiment besoin pour continuer”, supplie celle qui “attend ce moment depuis cinq ans.”- “Les types comme moi” -Poursuivi en ce qui concerne Amélie Lévêque pour viol sur mineur de moins de 15 ans, Joël Le Scouarnec avait demandé un non-lieu pour insuffisances de charge au motif qu’il n’a écrit, dans ses carnets, “qu’un acte de contemplation, sans contact physique”.Mais, lorsque la présidente Aude Buresi lui donne la parole, l’ex-chirurgien fait volte-face. “Je ne mets absolument pas en doute les souvenirs qu'(Amélie Lévêque) a eus après sa séance d’EMDR”, dit-il.”Ça ne peut pas être inventé. Il s’est donc passé quelque chose, ce qu’elle a pu évoquer, et qui ne peut que correspondre à une réalité”, insiste l’accusé qui, comme d’habitude, ne se souvient, lui, “de rien”.”Les types comme moi, faut pas les laisser agir”, conclut-il.L’audience se poursuit. Amélie Lévêque laisse la place à une autre victime du médecin.A l’extérieur, l’attendent ses parents qui la serrent dans ses bras, et un parterre de caméras et micros. Depuis l’annonce du procès, et même avant, elle a été l’une des rares à accepter d’être interviewée, désirant que “la honte change de camp”.Sur les marches du tribunal, la quadragénaire affiche un grand sourire. Elle se sent “vide, mais libre.””Libre d’être heureuse”, ajoute-t-elle après un court silence.

Entreprises: l’index égalité femmes-hommes progresse très légèrement en 2025

L’index égalité femmes-hommes au sein des entreprises en France, publié chaque année à l’approche du 8 mars, a très légèrement progressé entre 2024 et 2025, mais 98% des employeurs ont encore des efforts à faire, selon les résultats dévoilés vendredi par le ministère du Travail. Chaque année au 1er mars, les entreprises de plus de 50 salariés doivent calculer et publier leur index.Il se mesure sur 100 points avec cinq critères: l’écart de rémunération femmes-hommes (40 points), l’écart dans les augmentations annuelles (20 points), l’écart dans les promotions (15 points), les augmentations au retour de congé maternité (15 points) et la part de femmes dans les dix plus gros salaires (10 points).Lorsque la note est inférieure à 75, l’entreprise doit prendre des mesures correctives dans les trois ans.Pour 2025, la note moyenne déclarée par les entreprises s’établit à 88,5 sur 100, contre 88 les deux années précédentes, selon le bilan du ministère.Le taux d’entreprises concernées ayant déclaré leur index est en hausse constante, atteignant 80% en 2025 (contre 77% en 2024 et 54% en 2020).Mais seules 2% des entreprises atteignent le score maximal de 100, soit 560 entreprises, et 98% doivent par conséquent “encore produire des efforts pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes”, écrit le ministère.En outre, 69 entreprises ont une note inférieure à 75 depuis 4 ans (essentiellement des entreprises de 50 à 250 salariés), selon le bilan.En termes de contrôle, le ministère indique que depuis 2019, “101 pénalités concernant l’index” ont été notifiées, ainsi que “1.001 mises en demeure”.”Le salaire moyen des femmes est toujours largement inférieur à celui des hommes, y compris à travail égal, et certaines études montrent que l’écart peine à se résorber”, a déploré la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet dans un communiqué.”Cet index a des biais grossiers qui font que c’est une machine à invisibiliser les écarts de salaire”, a dénoncé lors d’une conférence au ministère du Travail la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, qui évalue à “20 ou 30″ le nombre d’entreprises sanctionnées chaque année pour non-respect de l’égalité femmes/hommes.”Combien d’entreprises n’ont ni accord ni plan d’action alors que c’est obligatoire ? On n’a pas le chiffre”, a-t-elle déploré en interpellant le ministère.”L’index a permis une prise de conscience et une mise en mouvement, mais il reste du chemin à faire”, a estimé pour sa part Astrid Panosyan-Bouvet.”La transposition de la directive européenne” sur la transparence salariale qui doit être réalisée d’ici juin 2026 “donne l’occasion de l’améliorer considérablement”, a-t-elle souligné.Cette transposition fera l’objet d’un projet de loi en septembre 2025 en concertation avec les partenaires sociaux, a indiqué le ministère.Cette directive “va aller bien plus loin que l’index”, a poursuivi la ministre. Elle permettra notamment “d’afficher clairement sur toutes les offres d’emploi une indication de la rémunération proposée et il ne sera plus possible pour un employeur de demander la rémunération antérieure”, s’est-elle réjouie dans le communiqué.

Face à Trump, Bayrou virulent, Macron en diplomatie

Deux partitions françaises vis-à-vis de Donald Trump ou chacun dans son rôle ? Le ton offensif de François Bayrou contraste avec celui plus modéré d’Emmanuel Macron, qui négocie tous azimuts sur l’Ukraine pendant que son Premier ministre prépare l’opinion à un budget très ardu, orienté défense.Dans son allocution télévisée mercredi soir, le chef de l’Etat a visé nommément son homologue russe Vladimir Poutine mais n’a pas cité Donald Trump. Et s’il a alerté sur la “menace russe”, il ne s’est pas attardé sur les risques créés par une administration américaine en plein rapprochement avec Moscou.Jeudi soir, à l’issue d’un sommet extraordinaire de l’Union européenne à Bruxelles sur la défense et l’Ukraine, Emmanuel Macron a même assuré que la France était un “allié loyal et fidèle” de Washington, et qu’elle avait “respect et amitié” pour Donald Trump – une manière aussi de “réclamer la même chose” en retour.Son Premier ministre s’est lui montré beaucoup plus pugnace, devant le Parlement puis vendredi sur Europe 1 et CNews, en accusant le milliardaire républicain d’opérer un “renversement des alliances”.Sans aller jusqu’à le qualifier d’ennemi, François Bayrou lui a “donné tort” de “renverser les lois qui faisaient que nous vivions en paix” et de “faire de ses alliés des adversaires et des ennemis”.Il s’est aussi demandé si on pouvait encore qualifier le président américain d’allié, dès lors qu’il a décidé “de passer dans le camp” des “adversaires” de l’Europe, en provoquant une “destruction de l’ordre international”.- “Plus mollo” -Chacun joue sa partition naturelle, plus diplomatique pour le chef de l’Etat, plus tournée vers l’opinion française pour le Premier ministre.”La parole qui fait foi sur l’international c’est celle du président”, rappelle l’entourage d’Emmanuel Macron.Pour l’Elysée, la priorité est de mettre en accusation la Russie, réelle “menace existentielle” pour les Européens à ses yeux, tandis que les États-Unis, eux, “n’attaquent pas la France” malgré les bouleversements géopolitiques en cours.Surtout, Emmanuel Macron doit garder le contact et l’oreille de Donald Trump pour arracher une place à la table des négociations entre le président américain et Vladimir Poutine, et un accord de paix “durable” que les Européens et l’Ukraine veulent assorti de solides “garanties de sécurité”. Après le sommet extraordinaire de l’Union européenne sur la défense et l’Ukraine, le président français a encore téléphoné à son homologue américain. Le chef de l’Etat “a une obligation d’y aller plus mollo parce c’est son domaine réservé”, explique l’entourage de François Bayrou, qui défend une relation de “co-responsabilité” avec le président dont il respecte les prérogatives sur la politique étrangère et la défense.”Un certain nombre de gens aimeraient qu’il y ait une querelle, une guerre” au sommet de l’État, mais “c’est impossible (…) parce que la situation du pays est trop grave”, a assuré le chef du gouvernement vendredi.- “Bad cop” -Le Premier ministre joue au “bad cop”, le rôle du méchant, pour “établir un rapport de force”, avance le spécialiste en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet.Il a aussi “besoin de maximiser” la menace géopolitique “pour faire passer l’agenda budgétaire, arriver à contenir le Rassemblement national et plus marginalement le Parti socialiste”, ajoute-t-il.Or, de l’aveu même de François Bayrou, le prochain budget pour 2026 relève de la “quadrature du cercle” car il devra intégrer une hausse importante des dépenses militaires tout en réduisant le déficit public. Et sans augmenter les impôts, a martelé mercredi Emmanuel Macron.Le chef du gouvernement veut “garder son équilibre politique” pour rester en place et “faire en sorte que l’Ukraine ne soit plus un sujet de discussion, afin qu’on soit tous embarqués contre nos adversaires”, explique M. Moreau-Chevrolet.La patronne du Rassemblement national Marine Le Pen, dont la base électorale est divisée sur Donald Trump, a jugé, elle, vendredi que “la première des menaces” pour la France n’était pas la Russie mais “le fondamentalisme islamiste”, saluant un président américain qui “tient ses promesses”.

Face à Trump, Bayrou virulent, Macron en diplomatie

Deux partitions françaises vis-à-vis de Donald Trump ou chacun dans son rôle ? Le ton offensif de François Bayrou contraste avec celui plus modéré d’Emmanuel Macron, qui négocie tous azimuts sur l’Ukraine pendant que son Premier ministre prépare l’opinion à un budget très ardu, orienté défense.Dans son allocution télévisée mercredi soir, le chef de l’Etat a visé nommément son homologue russe Vladimir Poutine mais n’a pas cité Donald Trump. Et s’il a alerté sur la “menace russe”, il ne s’est pas attardé sur les risques créés par une administration américaine en plein rapprochement avec Moscou.Jeudi soir, à l’issue d’un sommet extraordinaire de l’Union européenne à Bruxelles sur la défense et l’Ukraine, Emmanuel Macron a même assuré que la France était un “allié loyal et fidèle” de Washington, et qu’elle avait “respect et amitié” pour Donald Trump – une manière aussi de “réclamer la même chose” en retour.Son Premier ministre s’est lui montré beaucoup plus pugnace, devant le Parlement puis vendredi sur Europe 1 et CNews, en accusant le milliardaire républicain d’opérer un “renversement des alliances”.Sans aller jusqu’à le qualifier d’ennemi, François Bayrou lui a “donné tort” de “renverser les lois qui faisaient que nous vivions en paix” et de “faire de ses alliés des adversaires et des ennemis”.Il s’est aussi demandé si on pouvait encore qualifier le président américain d’allié, dès lors qu’il a décidé “de passer dans le camp” des “adversaires” de l’Europe, en provoquant une “destruction de l’ordre international”.- “Plus mollo” -Chacun joue sa partition naturelle, plus diplomatique pour le chef de l’Etat, plus tournée vers l’opinion française pour le Premier ministre.”La parole qui fait foi sur l’international c’est celle du président”, rappelle l’entourage d’Emmanuel Macron.Pour l’Elysée, la priorité est de mettre en accusation la Russie, réelle “menace existentielle” pour les Européens à ses yeux, tandis que les États-Unis, eux, “n’attaquent pas la France” malgré les bouleversements géopolitiques en cours.Surtout, Emmanuel Macron doit garder le contact et l’oreille de Donald Trump pour arracher une place à la table des négociations entre le président américain et Vladimir Poutine, et un accord de paix “durable” que les Européens et l’Ukraine veulent assorti de solides “garanties de sécurité”. Après le sommet extraordinaire de l’Union européenne sur la défense et l’Ukraine, le président français a encore téléphoné à son homologue américain. Le chef de l’Etat “a une obligation d’y aller plus mollo parce c’est son domaine réservé”, explique l’entourage de François Bayrou, qui défend une relation de “co-responsabilité” avec le président dont il respecte les prérogatives sur la politique étrangère et la défense.”Un certain nombre de gens aimeraient qu’il y ait une querelle, une guerre” au sommet de l’État, mais “c’est impossible (…) parce que la situation du pays est trop grave”, a assuré le chef du gouvernement vendredi.- “Bad cop” -Le Premier ministre joue au “bad cop”, le rôle du méchant, pour “établir un rapport de force”, avance le spécialiste en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet.Il a aussi “besoin de maximiser” la menace géopolitique “pour faire passer l’agenda budgétaire, arriver à contenir le Rassemblement national et plus marginalement le Parti socialiste”, ajoute-t-il.Or, de l’aveu même de François Bayrou, le prochain budget pour 2026 relève de la “quadrature du cercle” car il devra intégrer une hausse importante des dépenses militaires tout en réduisant le déficit public. Et sans augmenter les impôts, a martelé mercredi Emmanuel Macron.Le chef du gouvernement veut “garder son équilibre politique” pour rester en place et “faire en sorte que l’Ukraine ne soit plus un sujet de discussion, afin qu’on soit tous embarqués contre nos adversaires”, explique M. Moreau-Chevrolet.La patronne du Rassemblement national Marine Le Pen, dont la base électorale est divisée sur Donald Trump, a jugé, elle, vendredi que “la première des menaces” pour la France n’était pas la Russie mais “le fondamentalisme islamiste”, saluant un président américain qui “tient ses promesses”.

Syrie: vaste opération militaire dans l’ouest, 136 civils alaouites exécutés selon une ONG

Une ONG a affirmé que les forces de sécurité syriennes avaient “exécuté” vendredi 136 civils de la minorité alaouite, lors d’une vaste opération dans le nord-ouest de la Syrie contre des combattants fidèles à l’ex-président Bachar al-Assad, les autorités évoquant des “exactions isolées”.Après plusieurs jours d’affrontements dans la région de Lattaquié et Tartous – bastions de la minorité alaouite dont est issu le président déchu – dans le nord-ouest du pays, la violence est montée d’un cran quand des fidèles d’Assad ont mené une attaque sanglante contre des forces de sécurité dans la ville côtière de Jablé dans la nuit de jeudi à vendredi, selon les autorités. Elles ont envoyé vendredi des renforts et lancé d’importantes opérations de ratissage dans la région, notamment à Qardaha, berceau du clan Assad. Les violences, sans précédent depuis la chute de l’ex-président, ont fait au total 231 morts depuis jeudi, selon un nouveau bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).Un couvre-feu a été décrété jusqu’à samedi dans les régions de Lattaquié et Tartous. Le rétablissement de la sécurité dans le pays est le principal défi pour le nouveau pouvoir, issu d’une coalition de groupes rebelles islamistes qui a renversé Bachar al-Assad le 8 décembre après plus de 13 ans de guerre civile.- “Tout le monde a peur” -“Les gens restent enfermés chez eux. Tout le monde a peur”, a témoigné Ali, un habitant de Jablé, joint par l’AFP depuis Damas.L’OSDH a affirmé que 136 civils alaouites, dont au moins 13 femmes et cinq enfants avaient été “exécutés” par les forces de sécurité vendredi, certains à leur domicile, dans les régions de Banyas, Lattaquié et Jablé.L’ONG et des militants ont publié des vidéos montrant des dizaines de corps en vêtements civils empilés dans la cour d’une maison, des femmes pleurant à proximité.Dans une autre vidéo, des hommes en tenue militaire ordonnent à trois personnes de ramper en file, avant de leur tirer dessus à bout portant.Une troisième séquence montre un homme armé tirant à plusieurs reprises à bout portant sur un jeune homme en civil à l’entrée d’un bâtiment, avant de l’abattre.L’AFP n’a pas pu vérifier ces vidéos de manière indépendante.De son côté, une source sécuritaire citée par l’agence officielle syrienne Sana a fait état d'”exactions isolées” commises par des “foules (…) non organisées” en représailles à “l’assassinat de plusieurs membres des forces de police et de sécurité par les hommes fidèles à l’ancien régime”.”Nous Å“uvrons à mettre un terme à ces exactions qui ne représentent pas l’ensemble du peuple syrien,”, a ajouté la source du ministère de l’Intérieur. – “Bain de sang” -Aron Lund, du centre de réflexion Century International dit s’inquiéter d’une situation qu’il assimile à une “bombe à retardement”. “Les deux camps ont l’impression d’être pris pour cible, les deux camps ont subi d’horribles exactions de la part de l’autre, et les deux camps sont armés”, déclare-t-il à l’AFP.Jeudi soir, alors que des rassemblements avaient lieu dans plusieurs villes en soutien aux autorités, selon Sana, des messages diffusés par les haut-parleurs des mosquées appelaient au “jihad” (guerre sainte), a indiqué l’OSDH.L’administration autonome kurde qui contrôle une grande partie du nord-est syrien, a appelé “toutes les forces politiques impliquées à s’engager dans un dialogue national” pour “une solution politique globale”.L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, s’est dit “profondément alarmé”, appelant toutes les parties à “la retenue”.Moscou, où Bachar al-Assad a fui, a appelé les dirigeants syriens à la “désescalade” pour “stopper le bain de sang”.L’Arabie saoudite a dénoncé l’action de “groupes hors-la-loi” contre les forces de sécurité. La Turquie et la Jordanie, frontalières de la Syrie ont également condamné ces violences.L’Iran, ancien allié de Bachar al-Assad, a affirmé s’opposer au meurtre de “Syriens innocents”.Les forces syriennes comptent dans leurs rangs de nombreux anciens combattants de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), le groupe islamiste fer de lance de la coalition qui a renversé Assad.Des images diffusées par Sana ont montré vendredi des membres des nouvelles forces de sécurité entrant en pickup dans Banyas et Tartous.Sur d’autres images, prises par l’AFP à Al-Bab (nord), des combattants en treillis de l’Armée nationale syrienne, une faction pro-turque, se préparent à gagner Lattaquié en renfort aux nouvelles autorités.Le courant électrique a été coupé dans une grande partie de la province de Lattaquié, ont indiqué les autorités, évoquant des “actes de sabotage”.Depuis jeudi, 50 membres des forces de sécurité et 45 combattants fidèles à Assad ont été tués dans des combats, selon l’OSDH.A Jablé, les forces de sécurité ont capturé jeudi Ibrahim Houweïja, ancien chef des services de renseignement de l’armée de l’air, accusé de “centaines d’assassinats” à l’époque d’Hafez al-Assad, père de Bachar al-Assad, selon Sana.

Syrie: vaste opération militaire dans l’ouest, 136 civils alaouites exécutés selon une ONG

Une ONG a affirmé que les forces de sécurité syriennes avaient “exécuté” vendredi 136 civils de la minorité alaouite, lors d’une vaste opération dans le nord-ouest de la Syrie contre des combattants fidèles à l’ex-président Bachar al-Assad, les autorités évoquant des “exactions isolées”.Après plusieurs jours d’affrontements dans la région de Lattaquié et Tartous – bastions de la minorité alaouite dont est issu le président déchu – dans le nord-ouest du pays, la violence est montée d’un cran quand des fidèles d’Assad ont mené une attaque sanglante contre des forces de sécurité dans la ville côtière de Jablé dans la nuit de jeudi à vendredi, selon les autorités. Elles ont envoyé vendredi des renforts et lancé d’importantes opérations de ratissage dans la région, notamment à Qardaha, berceau du clan Assad. Les violences, sans précédent depuis la chute de l’ex-président, ont fait au total 231 morts depuis jeudi, selon un nouveau bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).Un couvre-feu a été décrété jusqu’à samedi dans les régions de Lattaquié et Tartous. Le rétablissement de la sécurité dans le pays est le principal défi pour le nouveau pouvoir, issu d’une coalition de groupes rebelles islamistes qui a renversé Bachar al-Assad le 8 décembre après plus de 13 ans de guerre civile.- “Tout le monde a peur” -“Les gens restent enfermés chez eux. Tout le monde a peur”, a témoigné Ali, un habitant de Jablé, joint par l’AFP depuis Damas.L’OSDH a affirmé que 136 civils alaouites, dont au moins 13 femmes et cinq enfants avaient été “exécutés” par les forces de sécurité vendredi, certains à leur domicile, dans les régions de Banyas, Lattaquié et Jablé.L’ONG et des militants ont publié des vidéos montrant des dizaines de corps en vêtements civils empilés dans la cour d’une maison, des femmes pleurant à proximité.Dans une autre vidéo, des hommes en tenue militaire ordonnent à trois personnes de ramper en file, avant de leur tirer dessus à bout portant.Une troisième séquence montre un homme armé tirant à plusieurs reprises à bout portant sur un jeune homme en civil à l’entrée d’un bâtiment, avant de l’abattre.L’AFP n’a pas pu vérifier ces vidéos de manière indépendante.De son côté, une source sécuritaire citée par l’agence officielle syrienne Sana a fait état d'”exactions isolées” commises par des “foules (…) non organisées” en représailles à “l’assassinat de plusieurs membres des forces de police et de sécurité par les hommes fidèles à l’ancien régime”.”Nous Å“uvrons à mettre un terme à ces exactions qui ne représentent pas l’ensemble du peuple syrien,”, a ajouté la source du ministère de l’Intérieur. – “Bain de sang” -Aron Lund, du centre de réflexion Century International dit s’inquiéter d’une situation qu’il assimile à une “bombe à retardement”. “Les deux camps ont l’impression d’être pris pour cible, les deux camps ont subi d’horribles exactions de la part de l’autre, et les deux camps sont armés”, déclare-t-il à l’AFP.Jeudi soir, alors que des rassemblements avaient lieu dans plusieurs villes en soutien aux autorités, selon Sana, des messages diffusés par les haut-parleurs des mosquées appelaient au “jihad” (guerre sainte), a indiqué l’OSDH.L’administration autonome kurde qui contrôle une grande partie du nord-est syrien, a appelé “toutes les forces politiques impliquées à s’engager dans un dialogue national” pour “une solution politique globale”.L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, s’est dit “profondément alarmé”, appelant toutes les parties à “la retenue”.Moscou, où Bachar al-Assad a fui, a appelé les dirigeants syriens à la “désescalade” pour “stopper le bain de sang”.L’Arabie saoudite a dénoncé l’action de “groupes hors-la-loi” contre les forces de sécurité. La Turquie et la Jordanie, frontalières de la Syrie ont également condamné ces violences.L’Iran, ancien allié de Bachar al-Assad, a affirmé s’opposer au meurtre de “Syriens innocents”.Les forces syriennes comptent dans leurs rangs de nombreux anciens combattants de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), le groupe islamiste fer de lance de la coalition qui a renversé Assad.Des images diffusées par Sana ont montré vendredi des membres des nouvelles forces de sécurité entrant en pickup dans Banyas et Tartous.Sur d’autres images, prises par l’AFP à Al-Bab (nord), des combattants en treillis de l’Armée nationale syrienne, une faction pro-turque, se préparent à gagner Lattaquié en renfort aux nouvelles autorités.Le courant électrique a été coupé dans une grande partie de la province de Lattaquié, ont indiqué les autorités, évoquant des “actes de sabotage”.Depuis jeudi, 50 membres des forces de sécurité et 45 combattants fidèles à Assad ont été tués dans des combats, selon l’OSDH.A Jablé, les forces de sécurité ont capturé jeudi Ibrahim Houweïja, ancien chef des services de renseignement de l’armée de l’air, accusé de “centaines d’assassinats” à l’époque d’Hafez al-Assad, père de Bachar al-Assad, selon Sana.

Pologne: un centre d’assistance à l’avortement inauguré en face du Parlement

Le symbole est fort : un centre d’assistance à l’avortement a été inauguré vendredi à Varsovie juste en face du Parlement polonais qui, malgré ses promesses, n’a pas réussi à assouplir les lois très strictes en matière d’avortement dans ce pays.”C’est un moment historique dans les 32 ans de l’histoire de la Pologne démocratique, car personne n’y est jamais parvenu auparavant”, a déclaré à la presse Anna Pieta, coordinatrice du centre d’une voix tremblante.”Nous avons décidé de prendre enfin les choses en main et (…) d’ouvrir un lieu où toute personne ayant besoin d’une telle assistance (à l’avortement, ndlr) pourra en bénéficier”, a-t-elle ajouté quelques minutes après avoir coupé le ruban et arraché un papier recouvrant la vitrine du centre, premier du genre en Pologne, pays à forte tradition catholique.Situé dans les locaux d’un ancien magasin, le centre ouvrira samedi au public, à l’occasion de la Journée internationale de la Femme.Le centre ne veut pas être une clinique classique d’avortement mais va plutôt ressembler “à votre propre maison”, selon Justyna Wydrzynska, une militante de l’organisation Abortion Dream Team.A l’entrée trône un canapé rouge en forme de coeur, le reste des locaux reste caché derrière de grands rideaux rouges à cause des travaux toujours en cours.”Il y a une salle de bains, un canapé, un endroit où l’on peut s’allonger et se préparer une tasse de thé, un café, se mettre sous une couverture et pratiquer l’avortement comme on le fait habituellement à la maison”, explique Mme Wydrzynska.”C’est un endroit où vous pourrez venir et, en toute compréhension, acceptation, prendre des pilules et bénéficier de notre soutien”, ajoute-t-elle.- Avortements de groupe -En 2023, Justyna Wydrzynska a été reconnue coupable d’avoir aidé une femme à avorter, et condamnée, en tant que première en Pologne, à des travaux d’intérêt général.En février, un tribunal polonais a cependant ordonné la reprise du procès dans son affaire. Ce mois-ci, un expert indépendant de l’ONU a demandé à la Pologne d’acquitter Mme Wydrzynska. La Pologne est le pays avec une loi anti-avortement des plus strictes en Europe.L’avortement n’y est actuellement autorisé que si la grossesse résulte d’une agression sexuelle ou d’un inceste, ou si elle constitue une menace directe pour la vie ou la santé de la mère.L’aide à avorter y est par ailleurs interdite et passible de trois ans de prison.En revanche, la loi ne pénalise pas la femme si elle pratique l’avortement elle-même, via par exemple des pilules commandées en ligne.Après son arrivée au pouvoir en décembre 2023, la Coalition civique du Premier ministre Donald Tusk s’est engagée à libéraliser la législation, sans succès jusqu’à présent faute de soutien suffisant au Parlement.”Les femmes peuvent venir ici avec leurs propres pilules, alors que pour celles qui ne le peuvent pas, nous déciderons de ce qui se passera, ici, entre nous et la femme”, a déclaré une autre activiste, Natalia Broniarczyk. Le centre va également procéder à “des avortements de groupe” afin que les personnes qui traversent une période difficile “puissent être ensemble et avoir le point de vue d’une autre personne”, indique Mme Wydrzynska.- “Les promesses doivent être tenues”-Chaque année, Abortion Dream Team prête son assistance à environ 47.000 avortements, dont environ 2.000 avortements pratiqués à l’étranger, dit-elle.Au total, jusqu’à 150.000 avortements ont lieu chaque année en Pologne, selon l’organisation Avortement sans frontières.Les chiffres officiels ne font état que de 896 avortements pratiqués en 2024 dans les hôpitaux polonais.Le nouveau centre a été inauguré face au Parlement et d’autres institutions d’Etat – un pied de nez fait aux politiciens.”On s’accapare une partie de la rue la plus importante de Varsovie afin de rappeler chaque jour aux hommes politiques que nous existons, que l’avortement est une réalité et que les promesses doivent être tenues”, déclare à l’AFP Natalia Broniarczyk.”La loi ne change pas grâce à des compromis politiques (…) elle change parce que certaines personnes décident de continuer à repousser les limites”, dit-elle.Pour des raisons de sécurité et d’anonymat, le centre dispose d’une deuxième entrée donnant sur une cour. Vendredi, trois personnes se sont postées devant le centre avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: “Non à la clinique de la mort”, “Ici des enfants seront assassinés” et “assassins”. “Nous n’avons pas peur”, déclare Natalia Broniarczyk.Â