Rejets toxiques à Mourenx: Sanofi mis en examen pour une partie des faits

Une victoire d’étape en demi-teinte pour les plaignants: Sanofi a été mis en examen fin 2024 pour plusieurs infractions dans l’enquête sur les rejets toxiques de son usine à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), produisant le médicament Dépakine, mais échappe à ce stade au principal grief, la mise en danger d’autrui.Le parquet de Paris a confirmé l’information obtenue par l’AFP de source proche du dossier selon laquelle Sanofi a été mise en examen le 28 novembre pour un délit, obstacle à un contrôle administratif environnemental, et pour deux infractions contraventionnelles, exploitation irrégulière d’une installation ainsi que non-déclaration d’accident ou d’incident par l’exploitant d’une installation classée.Dans le détail, le groupe se voit ainsi reprocher, selon le parquet, de n’avoir, entre 2012 et 2018, pas respecté les limites d’émission du bromopropane, un composé organique volatil (COV) ou encore d’avoir tardé à informer les inspecteurs de l’environnement de ces rejets de bromopropane.Le groupe a en revanche été placé, à ce stade, sous le statut de témoin assisté pour l’infraction la plus lourde, mise en danger d’autrui, selon le parquet.Sollicité par l’AFP, Sanofi n’a pas réagi dans l’immédiat.L’association France Nature Environnement (FNE) avait révélé ces rejets toxiques hors normes en 2018 de bromopropane et de valproate de sodium, principe actif de la Dépakine, un médicament anti-épileptique accusé d’être à l’origine de troubles neuro-développementaux chez les enfants.”Si ces dépassements ont été possibles, c’est parce que Sanofi ne contrôlait pas ses trois colonnes (de l’usine), mais une seule. Jamais contrôlées, les deux autres ont envoyé ces quantités astronomiques de polluants dans l’air”, accusait l’association.L’usine avait été mise à l’arrêt immédiatement après les révélations de FNE, avant de reprendre sa production par étapes, sous contraintes environnementales et contrôles accrus. En juin 2020, la Fédération nationale des industries chimiques CGT, le Syndicat CGT des industries chimiques Sisteron et Mourenx et l’Union locale CGT de Mourenx, Bassin de Lacq-Orthez et environs avaient déposé une plainte avec constitution de partie civile pour obtenir la saisie d’un juge d’instruction du pôle santé publique du tribunal de Paris.L’information judiciaire avait été ouverte en août 2022.- “Troubles neurocomportementaux” -Lors de la révélation par l’AFP de l’ouverture de ces investigations, quelques mois plus tard, Sanofi avait indiqué que “le procédé de fabrication du valproate de sodium” générait “certaines émissions atmosphériques pour lesquelles aucun seuil n’était fixé jusqu’en 2018″.”C’est uniquement à partir de 2018 qu’un arrêté préfectoral a établi des seuils d’émissions de valproate de sodium”, ajoutait le groupe, indiquant qu’il avait “entrepris un large programme d’investissements sur son installation de Mourenx qui répond à toutes les prescriptions préfectorales en matière d’émissions”.”On peut démontrer que certains des riverains ont été contaminés par la Dépakine”, soutient mardi Me Charles Joseph-Oudin, avocat d’une riveraine partie civile et de l’Association des victimes de la Dépakine (Apesac).Une quinzaine de riverains sont en train de se constituer parties civiles dans ce dossier, selon le conseil.Il a déjà déposé plainte en novembre 2023 pour une mère de deux enfants “atteints de troubles neurocomportementaux” qui travaillait, lors de ses grossesses, “en face” de l’usine.En avril 2024, le tribunal administratif de Pau a contraint Sanofi à réaliser une étude des risques sanitaires sur la population autour du site de Mourenx.Cette mise en examen arrive dans un “contexte judiciaire qui devient très tendu pour les laboratoires Sanofi”, estime aussi Me Oudin.Dans une autre information judiciaire, ouverte en 2016 et portant sur le coeur du scandale de la Dépakine et ses impacts éventuels sur la santé, le groupe est mis en examen pour tromperie aggravée et blessures involontaires depuis 2020. En juin 2023, la Cour de cassation avait toutefois estimé prescrites un certain nombre de plaintes, un “fort affaiblissement” du dossier selon une source proche de celui-ci.Dans les procédures ouvertes à l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam), “120 millions d’euros d’argent public ont déjà été engagés en lieu et place de Sanofi” pour près de 2.000 victimes, selon Me Oudin.Selon des estimations des autorités sanitaires françaises, la molécule serait responsable de malformations chez 2.150 à 4.100 enfants et de troubles neurodéveloppementaux chez 16.600 à 30.400 enfants.

Seize ans de réclusion pour trois jeunes dealers toulousains condamnés pour le meurtre de leur fournisseur

Trois jeunes trafiquants de drogue toulousains, issus de milieux favorisés, ont été condamnés mardi à 16 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de leur fournisseur dont le corps avait été retrouvé calciné au printemps 2021.L’avocate générale Lisa Bergereau avait requis une peine de 20 ans.Âgés de 18 et 20 ans au moment des faits, les trois jeunes hommes ont reconnu les faits mais assuré que le meurtre n’était pas prémédité, qu’ils avaient paniqué et que le coup de feu était parti accidentellement.Peu avant 20H00, le 18 avril 2021, Tony Fresneau, le pourvoyeur habituel des trois accusés, surnommé La Dose, est enlevé en plein centre de Toulouse, puis tué d’une balle dans la tête à l’arrière de la Peugeot 308 de l’un d’eux.Une heure plus tard, la voiture est abandonnée en feu, le cadavre à l’intérieur, en rase campagne, près du village de Clermont-le-Fort, à 20 minutes de Toulouse. – “Décision humaine” -Dans son réquisitoire, l’avocate générale avait estimé que ce jour-là, “tous les ingrédients (étaient) réunis pour ce que ça se passe mal: consommation de cannabis toute la journée, une arme chargée”, “l’orgueil démesuré” de dealers s’estimant victimes d’une escroquerie et une “naïveté mortifère”.Addiction au cannabis, personnalités fragiles, en échec scolaire: psychiatres et psychologues ont décrit des jeunes en perte de repères. Les parents (une institutrice, une avocate, un professeur, un commercial, une cadre de l’aéronautique) semblent désarmés ou sont absents.En détention préventive depuis près de quatre ans, les trois accusés, aux allures d’adolescents, sont restés impassibles à l’énoncé du verdict.Pour Pierre Dunac, un des avocats de la défense, “c’est une décision à la mesure des faits. Pas tout à fait à la mesure de leur jeunesse et de leur immaturité”. “Mon client avait 18 ans, il a été dépassé par une situation qu’il n’a pas maîtrisée. C’est une décision humaine, dont mon client ne relèvera pas appel”, a réagi Alexandre Martin, avocat du plus jeune des accusés, celui qui a tiré.Pour la partie civile, Marie-Hélène Pibouleau, avocate de la compagne de la victime, estime que la cour d’assises a tenu compte de la jeunesse des accusés. “Les jurés n’ont pas voulu obérer leur avenir. Seize ans, c’est une décision juste. Ils sont jeunes, ils ont le temps de réfléchir à l’atrocité qu’ils ont commise”.Niant toute préméditation, les condamnés ont affirmé avoir seulement voulu faire peur à Tony Fresneau, surnommé La Dose, avec un fusil à canon scié, récupérer leur argent ou de la drogue, pour se venger d’une vente de kétamine jugée frauduleuse.- “Fragilité” -Lors de leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont insisté sur la “fragilité” des accusés, les qualifiant de “gamins”, “gosses” ou “enfants”, qui ont tué “par accident”.Pour l’avocat des parents de Tony Fresneau, la préméditation, que la cour n’a pas retenue, était établie.”Tout était planifié. Pas un faux pas”, avait martelé Brice Zanin, en regardant les trois jeunes dealers.”Et on vient vous dire qu’on s’est laissé dépasser, que ce n’était pas prévu. Ça permet de se retrancher dans le +ce n’est pas tout à fait moi+”, avait-il plaidé lundi, précisant que la victime, qui avait une clientèle “haut de gamme”, dont des personnalités et notables de la ville.Outre la peine de réclusion, la cour d’assises de Haute-Garonne a condamné les trois accusés à une obligation de suivi socio-judiciaire pendant cinq ans, ainsi qu’à une obligation de travail et de formation.

A Jeddah, l’Ukraine et les Etats-Unis discutent d’un cessez-le-feu partiel avec la Russie

L’Ukraine a affirmé que les discussions mardi avec les Etats-Unis en Arabie saoudite avaient débuté de manière “très constructive”, proposant un cessez-le-feu partiel avec la Russie après un peu plus de trois ans de guerre.Cette rencontre se tient quelques heures après la plus importante attaque de drone menée par Kiev contre Moscou depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, et le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Sybiga, participent à cette réunion à Jeddah, au bord de la mer Rouge, mais pas la Russie.La première session a duré un peu plus de trois heures. Les discussions ont repris dans l’après-midi et interviennent au moment où le président américain, Donald Trump, fait pression sur l’Ukraine pour mettre fin à la guerre.”Les négociations se déroulent normalement, beaucoup de questions ont été abordées”, a déclaré à l’AFP un responsable ukrainien à Kiev, sous couvert d’anonymat.Lors d’une scène inouïe le 28 février devant les caméras dans le Bureau ovale, M. Trump, son vice-président et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ont eu un échange très tendu, élevant la voix et se coupant la parole plusieurs fois.Washington a depuis suspendu son aide militaire à Kiev et son partage de renseignements, conséquence fracassante de la transformation des relations entre les Etats-Unis et l’Ukraine depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.- “Prêts à tout” -Kiev espère que son offre de cessez-le-feu partiel convaincra les Etats-Unis de rétablir leur aide.”Nous sommes prêts à tout faire pour parvenir à la paix”, a déclaré le chef du bureau présidentiel ukrainien, Andriï Iermak, à des journalistes en entrant dans la salle des négociations à Jeddah, ajoutant que la réunion avait débuté “de façon très constructive”.Dans ce contexte, l’Ukraine a affirmé que son attaque massive menée avec des centaines de drones, qui a visé en particulier Moscou et sa région, à plus de 400 kilomètres de la frontière ukrainienne, devrait “inciter” le président russe, Vladimir Poutine, à accepter une trêve aérienne.L’attaque a fait trois morts, selon les autorités municipales. Le Kremlin a accusé Kiev de frapper “des infrastructures sociales, des immeubles d’habitation”. Selon Moscou, 343 drones ont été abattus au cours de cette attaque qui a également visé la région de Koursk, frontalière de l’Ukraine.En Ukraine, des bombardements russes ont fait six morts mardi dans la région de Donetsk, dans l’est du pays, a annoncé son gouverneur.Interrogé sur les négociations en Arabie saoudite, le Kremlin a estimé que c’était à l’Ukraine de montrer qu’elle était prête à faire la paix. “Ce que nous (en) attendons n’a pas d’importance”, a sèchement déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.Les négociateurs ukrainiens sont arrivés à Jeddah avec une proposition de “trêve dans les airs” et “en mer” avec Moscou, avait indiqué lundi à l’AFP un haut responsable ukrainien sous couvert d’anonymat.Arrivé lundi dans la ville saoudienne, M. Rubio avait dit avoir bon espoir que la suspension de l’aide militaire américaine à Kiev soit résolue. Il a aussi jugé prometteuse l’idée d’un cessez-le-feu partiel.M. Rubio a dit ne pas s’attendre à être assis dans une pièce à Jeddah avec les Ukrainiens “en train de dessiner des lignes sur une carte” en vue d’un accord final, et ajouté qu’il rapporterait les idées discutées à la Russie.- Possible médiation -Le président Zelensky, arrivé lui aussi lundi à Jeddah, a rencontré le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.M. Zelensky a assuré aborder les discussions de mardi de manière “absolument constructive”, estimant que le royaume apportait “une plateforme très importante pour la diplomatie”.Selon la présidence ukrainienne, leur entretien a porté sur “une possible médiation de l’Arabie saoudite pour la libération de prisonniers militaires et civils et le retour d’enfants déportés”, ainsi que sur les garanties de sécurité réclamées par Kiev.M. Zelensky avait quitté la Maison Blanche en février sans signer comme prévu un accord sur les minerais.Le président ukrainien s’est dit toujours prêt à le signer, même si Marco Rubio a affirmé que les discussions de Jeddah ne se concentreraient pas sur ce texte.Bien que le président américain ait multiplié les piques contre Volodymyr Zelensky, accusé d’être un “dictateur” ou de n’être pas assez reconnaissant envers Washington, le ton semble s’être apaisé.Donald Trump, qui a amorcé en parallèle un spectaculaire rapprochement avec la Russie, a estimé que son homologue ukrainien était prêt à négocier, et a même menacé Moscou de nouvelles sanctions.Les pourparlers ont lieu à l’heure où Kiev est à la peine sur le front. Durant le weekend, la Russie a revendiqué d’importantes avancées dans la région de Koursk et même une poussée dans la région ukrainienne de Soumy, une première depuis 2022.

A Jeddah, l’Ukraine et les Etats-Unis discutent d’un cessez-le-feu partiel avec la Russie

L’Ukraine a affirmé que les discussions mardi avec les Etats-Unis en Arabie saoudite avaient débuté de manière “très constructive”, proposant un cessez-le-feu partiel avec la Russie après un peu plus de trois ans de guerre.Cette rencontre se tient quelques heures après la plus importante attaque de drone menée par Kiev contre Moscou depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, et le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Sybiga, participent à cette réunion à Jeddah, au bord de la mer Rouge, mais pas la Russie.La première session a duré un peu plus de trois heures. Les discussions ont repris dans l’après-midi et interviennent au moment où le président américain, Donald Trump, fait pression sur l’Ukraine pour mettre fin à la guerre.”Les négociations se déroulent normalement, beaucoup de questions ont été abordées”, a déclaré à l’AFP un responsable ukrainien à Kiev, sous couvert d’anonymat.Lors d’une scène inouïe le 28 février devant les caméras dans le Bureau ovale, M. Trump, son vice-président et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ont eu un échange très tendu, élevant la voix et se coupant la parole plusieurs fois.Washington a depuis suspendu son aide militaire à Kiev et son partage de renseignements, conséquence fracassante de la transformation des relations entre les Etats-Unis et l’Ukraine depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.- “Prêts à tout” -Kiev espère que son offre de cessez-le-feu partiel convaincra les Etats-Unis de rétablir leur aide.”Nous sommes prêts à tout faire pour parvenir à la paix”, a déclaré le chef du bureau présidentiel ukrainien, Andriï Iermak, à des journalistes en entrant dans la salle des négociations à Jeddah, ajoutant que la réunion avait débuté “de façon très constructive”.Dans ce contexte, l’Ukraine a affirmé que son attaque massive menée avec des centaines de drones, qui a visé en particulier Moscou et sa région, à plus de 400 kilomètres de la frontière ukrainienne, devrait “inciter” le président russe, Vladimir Poutine, à accepter une trêve aérienne.L’attaque a fait trois morts, selon les autorités municipales. Le Kremlin a accusé Kiev de frapper “des infrastructures sociales, des immeubles d’habitation”. Selon Moscou, 343 drones ont été abattus au cours de cette attaque qui a également visé la région de Koursk, frontalière de l’Ukraine.En Ukraine, des bombardements russes ont fait six morts mardi dans la région de Donetsk, dans l’est du pays, a annoncé son gouverneur.Interrogé sur les négociations en Arabie saoudite, le Kremlin a estimé que c’était à l’Ukraine de montrer qu’elle était prête à faire la paix. “Ce que nous (en) attendons n’a pas d’importance”, a sèchement déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.Les négociateurs ukrainiens sont arrivés à Jeddah avec une proposition de “trêve dans les airs” et “en mer” avec Moscou, avait indiqué lundi à l’AFP un haut responsable ukrainien sous couvert d’anonymat.Arrivé lundi dans la ville saoudienne, M. Rubio avait dit avoir bon espoir que la suspension de l’aide militaire américaine à Kiev soit résolue. Il a aussi jugé prometteuse l’idée d’un cessez-le-feu partiel.M. Rubio a dit ne pas s’attendre à être assis dans une pièce à Jeddah avec les Ukrainiens “en train de dessiner des lignes sur une carte” en vue d’un accord final, et ajouté qu’il rapporterait les idées discutées à la Russie.- Possible médiation -Le président Zelensky, arrivé lui aussi lundi à Jeddah, a rencontré le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.M. Zelensky a assuré aborder les discussions de mardi de manière “absolument constructive”, estimant que le royaume apportait “une plateforme très importante pour la diplomatie”.Selon la présidence ukrainienne, leur entretien a porté sur “une possible médiation de l’Arabie saoudite pour la libération de prisonniers militaires et civils et le retour d’enfants déportés”, ainsi que sur les garanties de sécurité réclamées par Kiev.M. Zelensky avait quitté la Maison Blanche en février sans signer comme prévu un accord sur les minerais.Le président ukrainien s’est dit toujours prêt à le signer, même si Marco Rubio a affirmé que les discussions de Jeddah ne se concentreraient pas sur ce texte.Bien que le président américain ait multiplié les piques contre Volodymyr Zelensky, accusé d’être un “dictateur” ou de n’être pas assez reconnaissant envers Washington, le ton semble s’être apaisé.Donald Trump, qui a amorcé en parallèle un spectaculaire rapprochement avec la Russie, a estimé que son homologue ukrainien était prêt à négocier, et a même menacé Moscou de nouvelles sanctions.Les pourparlers ont lieu à l’heure où Kiev est à la peine sur le front. Durant le weekend, la Russie a revendiqué d’importantes avancées dans la région de Koursk et même une poussée dans la région ukrainienne de Soumy, une première depuis 2022.

L’avocat de Boualem Sansal annonce qu’il va saisir l’ONU

L’avocat français de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu en Algérie depuis mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’État, va saisir l’ONU pour dénoncer une “détention arbitraire”, a-t-il annoncé mardi.”Puisque la détention est arbitraire, nous allons saisir les organes de l’ONU, du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, chargés d’apprécier le caractère arbitraire d’une détention”, a affirmé cet avocat, François Zimeray, lors d’une conférence de presse à Paris.”Ça prend la forme d’un mémoire (…) C’est ce que nous allons faire dès demain” mercredi, a-t-il ajouté.Me Zimeray avait déjà évoqué cette possibilité trois mois auparavant, sans qu’ensuite le dossier n’évolue, Boualem Sansal restant incarcéré sans possibilité de voir son avocat.”Nous allons saisir de ces plaintes contre l’Algérie les Nations Unies, et nous envisageons de le faire pour toutes les grandes instances multilatérales desquelles l’Algérie fait partie”, a poursuivi l’avocat, citant “l’Union africaine” et “la Commission africaine des droits de l’homme”, ainsi que “la procédure article 104 de l’Unesco également, partout où cela sera possible”.”Ce sont des institutions très techniques et, parce qu’elles sont très techniques, leurs décisions sont respectées”, a estimé le conseil. “Elles n’ont pas de force impérative”, a-t-il remarqué, mais “elles ont une force morale très grande”.La défense de Boualem Sansal “est aujourd’hui impossible. Et lorsqu’une défense est impossible (…) il ne peut pas y avoir de procès équitable. Et s’il n’y a pas de procès équitable, la détention est arbitraire”, a-t-il insisté.”Son maintien en détention et sa privation d’accès à l’extérieur sont non seulement une violation des droits de la défense, mais c’est aussi une violation de ce que l’on appelle les normes Mandela, c’est-à-dire les règles minimales que la communauté internationale reconnaît comme le standard minimum de tous les détenus dans le monde”, d’après Me Zimeray.Boualem Sansal est devenu un sujet de tension entre la France et l’Algérie, dont les relations se sont fortement dégradées avec la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet 2024.Le président algérien Abdelmadjid Tebboune affirmait en février que la justice suivait son cours normal. “Il est pris en charge par des médecins et sera jugé dans le temps judiciaire imparti”, expliquait-il au quotidien français L’Opinion.”Boualem Sansal est clairement l’otage de cette relation dégradée, de cette relation en feu entre la France et l’Algérie”, a en revanche affirmé Me Zimeray.Interrogé sur l’état de santé de son client de 80 ans, il a indiqué ne pas avoir de nouvelles depuis une quinzaine de jours.”La détention d’un homme âgé et malade est à tout le moins abusive”, a-t-il déploré. “Quel est le degré d’évolution de son cancer? (…) Ça suppose un suivi très sensible, très attentif, voire même des interventions, puisqu’il devait avoir une radiothérapie”, s’est-il interrogé.”S’agissant de sa santé psychologique, on est passé d’une situation dans laquelle il supportait avec beaucoup de courage et de combat sa détention dans les premières semaines, les premiers mois, à un sentiment de moral qui se perd et d’une dépression”, a-t-il par ailleurs rapporté.

Procès de Valentin: l’adolescent “assume l’horreur d’avoir tué ses parents”

Jugé pour un double parricide, Valentin, 17 ans, a paru “assumer” l’assassinat de ses parents en 2023 dans l’Isère, mardi au premier jour de son procès à huis clos au tribunal pour enfants de Bourgoin-Jallieu, selon un avocat.Le jeune accusé n’a cependant pas expliqué les raisons de son acte, allant même jusqu’à dire qu’il “aimait ses parents”, a expliqué hors audience à l’AFP Me Dominique Arcadio, défenseur de l’oncle de Valentin, qui s’est porté partie civile.L’avocat décrit un adolescent qui est d’abord apparu comme “étranger” au début l’audience, et puis ensuite “très concerné” et “très précis” à sa prise de parole devant le tribunal.”On a vraiment quelqu’un qui assume, qui assume l’indicible, qui assume l’horreur d’avoir tué ses parents, et qui ne se dérobe pas, qui ne se fait pas de cadeaux”, a détaillé l’avocat. “On a l’impression qu’il expie les faits en le disant, qu’il les assume vraiment”, a-t-il ajouté.Dans la nuit du 26 au 27 novembre 2023, l’adolescent alors âgé de 15 ans avait tué avec une carabine sa mère et son père, puis mis le feu à la maison de la famille avant de prendre la fuite avec une voiture de ses parents. Dans les décombres de la bâtisse incendiée, les corps de ses parents avaient été retrouvés presque entièrement calcinés, portant des plaies par arme à feu au niveau du crâne.A l’audience mardi, son attitude “laisse penser qu’il a tout de même vraiment mesuré ce qu’il avait fait, la tristesse qu’il avait causée aux autres”, a expliqué Me Arcadio, et “s’il y a une petite lueur de positif dans cette obscurité, c’est celle-là”, a-t-il dit.Selon lui, Valentin n’est pas “dans une tristesse où les larmes vont rouler sur son visage”, mais tend plus vers une forme “d’analyse intellectuelle”.Son frère, ses deux demi-sÅ“urs et sa grand-mère maternelle se sont également constitués parties civiles.L’adolescent avait été interpellé six jours après les faits, à Montpellier, alors qu’il tentait de fuir vers l’Espagne.Lors de l’instruction, il avait reconnu avoir prémédité son geste plusieurs jours à l’avance, expliquant que son acte avait pour but de “changer de vie”. – Trouble autistique -L’accusé encourt 20 ans de réclusion criminelle, avec l’excuse de minorité, laquelle implique des sanctions moins sévères pour les moins de 18 ans que pour les majeurs. “Je veux faire en sorte qu’on ressorte avec un possible avenir, même si c’est dans 20 ans”, a déclaré hors audience Me Sophie Jonquet, avocate de la grand-mère de Valentin.Elle décrit sa cliente dans “une position ambivalente”, souhaitant à la fois “une justice” mais aussi “un avenir pour son petit-fils”. Le double assassinat avait provoqué l’émoi dans le petit village de 800 habitants où la famille vivait sans histoire, dans une ferme.Valentin vivait avec son père, un ingénieur de 58 ans, sa mère âgée de 52 ans et qui travaillait à domicile, et son frère aîné âgé de 17 ans au moment des faits, qui avait quitté la maison la veille du drame. Tout comme sa mère, l’adolescent aurait eu des problèmes de santé possiblement liés à la maladie de Lyme, pourtant non diagnostiquée, et avait été déscolarisé.Cette maladie peut provoquer des troubles invalidants et douloureux, notamment neurologiques, articulaires, musculaires.”Cette maladie et ses notions seront au cÅ“ur des débats, puisque c’était l’organisation familiale, et tout tournait autour de cette maladie”, selon Me Jonquet.Pour les experts, Valentin était affecté par un trouble autistique et une dépression avec des symptômes psychotiques.Le procès se tient jusqu’à jeudi.

Chlordécone: l’Etat doit indemniser les victimes démontrant un préjudice d’anxiété

L’Etat doit indemniser les victimes démontrant un préjudice moral d’anxiété pour avoir été exposées au chlordécone, un pesticide utilisé en Guadeloupe et Martinique ayant massivement pollué les sols et l’eau, a tranché mardi la cour administrative d’appel de Paris.Saisie par près de 1.300 plaignants, la cour a estimé dans un arrêt que “l’Etat a commis des fautes en accordant des autorisations de vente d’insecticides à base de chlordécone, en permettant leur usage prolongé, en manquant de diligence pour évaluer la pollution liée à cet usage, y mettre fin, en mesurer les conséquences et informer la population touchée”. En conséquence, il “doit réparer, lorsqu’il est démontré, le préjudice moral d’anxiété des personnes durablement exposées à cette pollution”.Le chlordécone, un pesticide interdit en France en 1990 mais qui a continué à être autorisé dans les bananeraies des deux îles par dérogation ministérielle jusqu’en 1993, a provoqué une pollution importante et durable des sols, des nappes phréatiques et des milieux marins.Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France, et les hommes présentent un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.Le tribunal administratif de Paris avait déjà reconnu, en 2022, les “négligences fautives” des autorités, mais avait rejeté les demandes d’indemnisation pour préjudice d’anxiété, faute d’éléments suffisamment circonstanciés à ses yeux.La cour administrative d’appel est allée plus loin, estimant que “pour une dizaine de personnes”, les éléments apportés (analyses sanguines et études environnementales) permettaient d’établir une “exposition effective à la pollution des sols, des eaux ou de la chaîne alimentaire” et un risque élevé de développer une pathologie grave.”Dans ces seuls cas, elle condamne l’Etat à réparer le préjudice d’anxiété qui résulte de la conscience de courir un risque élevé de développer une pathologie grave”, dit la cour, qui ajoute que “la seule invocation d’une exposition au chlordécone” ne permet pas de justifier un tel préjudice.Me Christophe Lèguevaques, un avocat de parties civiles, a salué une “victoire” qui “crée un précédent”, mais a regretté la décision de la cour de n’indemniser qu’une dizaine de personnes sur les 1.286 plaignants.”De ce point de vue, cette décision est décevante. En discriminant les hommes et les femmes, les adultes et les enfants, la Cour ne tient pas compte des effets avérés du chlordécone sur la santé publique”, a-t-il relevé dans un communiqué.