Accusé d’agressions sexuelles, le skipper Kevin Escoffier poursuit le Canard enchaîné

Le skipper Kevin Escoffier, récemment placé en garde à vue pour des agressions sexuelles qu’il conteste, est attendu lundi à la barre du tribunal correctionnel de Paris, où il poursuit le Canard enchaîné pour diffamation.En cause, un article de fin octobre 2023 titré “#MeToo de la Voile: la fédé tire des bords”, évoquant la procédure disciplinaire déclenchée par la Fédération française de voile, dans lequel l’hebdomadaire satirique affirmait notamment que Kevin Escoffier avait “reconnu les faits”.Une femme qui a dénoncé une agression sexuelle à Newport (Etats-Unis) en mai 2023 est également attendue, comme témoin.En octobre 2023, “compte tenu du faisceau d’indices porté à sa connaissance”, la Fédération française de voile (FFVoile) avait suspendu le navigateur de toute compétition pour 18 mois et lui avait retiré provisoirement sa licence pendant cinq ans.Elle avait ensuite annulé ces mesures en mars 2024 en raison d’un “vice de procédure”.Sur la base de témoignages, la fédération reprochait à Kevin Escoffier “un comportement inapproprié” à l’occasion d’une soirée dans un bar à Newport (Etats-Unis) en mai 2023 envers une jeune femme de son équipe, qui a décrit avoir subi une agression sexuelle.Mais lors de son audition face à la commission de discipline, Kevin Escoffier n’a pas été mis face aux “témoins ayant signalé des faits relatifs à des violences sexistes ou sexuelles”.Le navigateur de 44 ans a été placé en garde à vue début février “pour des faits d’agressions sexuelles” sur quatre plaignantes, selon le parquet de Lorient (Morbihan).Cette garde à vue est intervenue dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte à Paris concernant les faits de Newport en 2023, puis transférée à Lorient.Ingénieur naval et membre d’une illustre famille de marins, Kevin Escoffier s’était notamment fait connaître lors de l’édition 2020/2021 du Vendée Globe. Naufragé le 30 novembre 2020 lors d’une tempête au large du Cap de Bonne-Espérance, il avait sauté dans son radeau de survie avant d’être secouru in extremis par le marin Jean Le Cam.Peu après la médiatisation des accusations d’agression sexuelle en juin 2023, le skipper avait quitté l’équipe du monocoque Holcim-PRB alors qu’il disputait The Ocean Race, course autour du monde en équipage avec escale.

Dans le sud d’Israël, des “gardiens de faucons” mobilisés contre les braconniers

Dans le sud d’Israël, des dizaines de bénévoles endossent pour quelques heures, ou parfois beaucoup plus, la fonction de “gardiens de faucons”, qu’ils arborent fièrement sur des tee-shirts marqués d’une tête de rapace, lors de rondes destinées à dissuader les braconniers.Plusieurs espèces protégées d’oiseaux migrateurs, notamment de rapaces, passent en hiver par cette zone agricole, à la lisière de la bande de Gaza.Ces dernières années, les cas de braconnage se sont multipliés. Les faucons sont capturés vivants et utilisés comme ornements domestiques par les bédouins, nombreux dans le Néguev israélien, ou passés en contrebande et revendus à prix d’or dans les pays de la région pour la fauconnerie, explique Meidad Goren, directeur du centre d’ornithologie des hauteurs du Néguev.”Il a une bague, c’est un faucon pèlerin qui avait été capturé et qui s’est échappé”, dit l’ornithologue, qui observe à la jumelle un oiseau perché sur un pylône.Les rapaces se nourrissent des innombrables petits oiseaux attirés par les champs de blé. Immobiles, ils sont à l’affût sur les lignes électriques qui traversent les champs.C’est la multiplication des cas de rapaces, en particulier de faucons, retrouvés avec des attaches autour des pattes, parfois emmêlées dans les lignes électriques, qui a conduit l’ornithologue à mettre en place des rondes auxquelles participent des dizaines de bénévoles, en plus des patrouilles régulières des gardes forestiers de l’Autorité de la Nature et des Parcs.- “Comme surveiller un enfant” -Cet hiver, un faucon sacré, une espèce en danger, très utilisée en fauconnerie en Europe de l’Est, en Asie centrale et dans les pays arabes, a élu domicile dans la plaine autour du kibboutz Urim.Après avoir repéré plusieurs tentatives de capture par des braconniers, Meidad Goren a mis en place un “système de surveillance spéciale”, explique l’ornithologue, dont le centre dépend des deux grandes organisations de défense de la nature en Israël, la Société pour la protection de la Nature et l’Autorité de la Nature et des Parcs.”Des dizaines de personnes, ornithologues, amoureux de la nature, retraités, guides, fermiers” ont répondu à l’appel pour renforcer les rondes des bénévoles habituels.”C’est vraiment comme surveiller un enfant, une organisation très méthodique avec un emploi du temps bien défini (…) nous nous assurons qu’il y a toujours quelqu’un sur place pendant la journée”, explique Mirit Keshales, 47 ans et bénévole régulière des “gardiens de faucons”.Les braconniers viennent majoritairement des villages bédouins environnants explique Ofir Bruckenstein, un garde forestier de l’Autorité de la Nature et des Parcs.”Pour eux, la chasse avec des faucons et la possession de faucons sont des pratiques culturelles, enracinées dans leurs traditions, explique-t-il. Posséder un faucon et l’exposer dans son salon est un symbole de statut et de prestige”.- Marché juteux -Il déplore la légèreté des peines pour le braconnage, notamment des faucons avec “des amendes de quelques milliers de shekels” même si la récidive peut mener à la prison.Le marché noir particulièrement juteux des faucons via la Jordanie et l’Egypte vers les pays du Golfe, qui ont aussi une tradition de fauconnerie, encourage leur capture, ajoute-t-il.”Les faucons sacrés et les faucons pèlerins se vendent facilement pour 50.000 ou 70.000 shekels (entre 12.000 et 18.00 euros)”, indique M. Bruckenstein.La demande en faucons sauvages a explosé ces dernières années, avec la multiplication des concours de beauté, des clubs et des courses de faucons, le vainqueur étant celui qui attrape le plus vite une proie ou atteint une cible.Et les faucons d’élevage, notamment aux Emirats arabes unis, ne suffisent pas à la contenir car de nombreux fauconniers considèrent les rapaces sauvages comme de meilleurs chasseurs. “Ils manquent de faucons car ceux qui arrivaient (dans la région) en hiver ont presque tous été attrapés. C’est pourquoi ils tentent maintenant de les capturer ailleurs”, explique M. Goren.Interrogés par l’AFP plusieurs organisations internationales de fauconnerie, basées en Europe, ont refusé de fournir des informations sur le commerce illégal des faucons vers les pays du Golfe, évoquant la “sensibilité du sujet”.

À Lille, un tournage de série pour rebondir vers l’emploi

“Moteur… Action !”: A Lille, Thibaut, sorti de l’école sans son bac, se découvre une vocation pour la caméra. Avec d’autres jeunes éloignés de l’emploi ou des études, il fait ses premiers pas sur un plateau de tournage en produisant une mini série projetée fin mars au festival Séries Mania.Casque sur les oreilles, regard rivé sur l’écran de retour, deux  apprenties réalisatrices orchestrent une scène de cette série dystopique, “Maslow”, dans les couloirs désaffectés d’une ancienne annexe de la préfecture de Lille.Autour d’elles, les élèves du programme Tremplin du Serie Mania Institute, école lilloise dédiée aux séries, s’affairent supervisés par des professionnels: cameraman, assistant de production, accessoiriste, ingénieur du son, scripte… Ce programme de sept mois à temps plein, financé par France Travail et l’Afdas, organisme de formation du secteur, est ouvert chaque année depuis 2023 à une vingtaine de jeunes de 18 à 25 ans sans condition de diplôme. Il leur permet d’apprendre les bases de l’écriture sérielle et des métiers techniques de l’audiovisuel. Derrière la caméra, Thibaut Talman, 22 ans, qui n’a pas le bac, a d’abord travaillé en intérim dans la logistique, avant de découvrir ce programme lors d’un “rendez-vous Pôle Emploi”. “Je n’avais pas de contacts dans le milieu, ça me paraissait inaccessible”, explique-t-il. Aujourd’hui, il voit ce cursus comme une “vraie porte d’entrée” dans cet univers, et souhaite devenir cadreur pour “pouvoir raconter n’importe quoi juste avec une caméra”.”C’est coupé, merci, bravo, elle est bonne!”, lance Elsa Hocquet, co-réalisatrice de “Maslow”, la série qui suit Mona, une jeune femme en rebellion contre l’entreprise qui l’emploie.A 24 ans, Elsa a d’abord suivi un BTS en production animale avant de se réorienter vers l’audiovisuel avec cette formation, “son rêve”.  Originaire de Nédonchel, un petit village du Pas-de-Calais, elle confie: “Je me disais qu’à la campagne, il serait compliqué de trouver des projets et des écoles. Tellement de monde veut entrer dans ce métier, que j’avais l’impression de ne pas faire partie du haut du panier”.Les étudiants ont réalisé leur mini-série de cinq épisodes de cinq minutes, de l’écriture à la post-production, interprétée par les élèves du Conservatoire d’art dramatique de Lille.- “pas si élitiste” -“Ce sont des jeunes qui n’ont pas eu la chance de faire les bons choix, souvent à cause de raisons économiques”, explique Daphné Courbot, responsable de cette formation non diplômante, axée sur la pratique. “Certains sont en rupture avec le système scolaire, d’autres ont suivi des études dans des domaines éloignés de l’audiovisuel, avec des parcours contrariés”.Pour elle, cette diversité est “un atout”, elle permet “d’entendre d’autres discours et de raconter des histoires différentes”. Avec leur “parcours plus difficiles”, ils ont “l’envie de dire des choses que l’on n’entend pas” habituellement.Le programme fait sens dans une région dynamique, “où l’on produit une quantité impressionnante de séries, de courts-métrages et de films documentaires”, souligne la responsable.Avant de rejoindre la formation, Virgile Vermeulen, 22 ans, travaillait comme animateur dans un escape game. Il a quitté l’école en terminale sans son bac, et se réjouit que cette formation soit gratuite, contrairement à de nombreuses écoles de cinéma. Le milieu lui paraissait inabordable, mais “quand on parle aux professionnels”, on se rend compte que ce sont des métiers “comme les autres”, “pas si élitistes que ça”, il faut juste “bosser”, affirme aujourd’hui l’étudiant, qui veut se spécialiser dans l’éclairage.Créée en 2023, cette formation, qui se veut un “tremplin” vers l’insertion professionnelle ou une poursuite d’études, reste fragile, tributaire des financements publics soumis à des exigences de résultats dans un secteur où l’intégration peut prendre du temps.Parmi les élèves de la première promotion, un a repris ses études, deux travaillent sous le statut d’intermittent du spectacle, tandis que les autres enchaînent des missions dans l’audiovisuel tout en occupant des emplois alimentaires dans l’attente de décrocher leur statut, détaille Daphné Courbot. “Maslow” sera projetée le 28 mars à l’UCG à Lille.

Chili: des chefs indigènes appellent à sauver la planète au terme d’un pèlerinage mondial

Les chefs de 22 peuples autochtones des cinq continents ont lancé dimanche depuis le Chili un appel à l’action pour protéger la planète, au terme d’un pèlerinage de 46 jours sur le globe.”La Terre crie très fort, mais personne ne l’écoute. La jungle crie; elle n’est pas respectée par les humains. Protégeons la vie, sauvons la vie ici sur la planète”, a déclaré le chef du peuple brésilien Noke Koi, Yama Nomanawa, 37 ans, lors d’une cérémonie à Graneros (centre) au Chili. Il a appelé à mettre fin à la “destruction de la Terre”, notamment dans le bassin amazonien, où une part importante de la forêt pourrait franchir “un point de rupture” d’ici 2050 en raison de la sécheresse, des incendies et de la déforestation, selon une étude publiée en 2024 dans la revue Nature.Cette cérémonie a réuni pour la première fois des chefs indigènes des cinq continents. Elle est venue clôturer un pèlerinage de 46 jours qui avait débuté en Italie, fait étape en Inde, Australie et au Zimbabwe, pour s’achever au Chili.Durant celle-ci, des représentants des peuples des Khalkha de Mongolie, des Noke Koi du Brésil et des Kallawaya de Bolivie notamment, ont chanté, dansé et prié au rythme des percussions autour d’un autel où ils ont allumé un feu.”Les plumes représentent les continents et aujourd’hui, pour la première fois, nous avons les cinq continents”, a déclaré Heriberto Villasenor, directeur de Raices de la Tierra, une ONG vouée à la préservation des cultures indigènes.A la fin de cette cérémonie, les chefs des peuples autochtones ont lancé un appel conjoint en faveur d’une plus grande protection de la nature.”Nous faisons partie de la nature. Nous ne sommes pas séparés d’elle. Nous sommes à un moment charnière où tant de choses ont été détruites, en grande partie par l’Homme”, a déclaré à l’AFP Rutendo Ngara, 49 ans, représentante du groupe sud-africain Oba Umbuntu.Chacun s’est également fait le porte-voix des préoccupations qui agitent leur propre région.”Malheureusement, on essaie d’extraire de l’uranium en Mongolie. C’est un élément important qui est censé rester sous terre”, a déclaré Tsegi Batmunkh.En janvier 2025, le groupe nucléaire français Orano a signé un accord avec Oulan-Bator pour exploiter un important gisement d’uranium dans le sud-ouest du pays.

West Bank Palestinians in ‘extremely precarious’ situation: MSF

Doctors Without Borders (MSF) denounced on Monday the “extremely precarious” situation of Palestinians displaced by the ongoing Israeli military operation in the occupied West Bank.According to the United Nations, some 40,000 residents have been displaced since January 21, when the Israeli army launched an operation targeting Palestinian armed groups in the north of the territory.The West Bank, occupied by Israel since 1967, is home to about three million Palestinians as well as nearly 500,000 Israelis living in settlements that are illegal under international law.The Israeli operation started two days after a truce agreement came into effect in the Gaza Strip between the Israeli military and the Palestinian territory’s Hamas rulers.The situation of the displaced Palestinians is “extremely precarious”, said MSF, which is operating in the area.Palestinians “are without proper shelter, essential services, and access to healthcare”, the NGO said.”The mental health situation is alarming.”In a statement to AFP, the Israeli military (IDF) said it had been operating “against all terrorist organizations, including Hamas, in a complex security reality”.”The IDF follows international law and takes feasible precautions to mitigate harm to uninvolved individuals,” the statement said.MSF said the scale of forced displacement and destruction of camps “has not been seen in decades” in the West Bank.”People are unable to return to their homes as Israeli forces have blocked access to the camps, destroying homes and infrastructure,” said MSF Director of Operations Brice de la Vingne.”Israel must stop this, and the humanitarian response needs to be scaled up.”Dubbed “Iron Wall”, the Israeli operation is primarily targeting three refugee camps — Jenin, Tulkarem and Nur Shams — and defence minister Israel Katz said in February it would last several months.”I have instructed (the soldiers) to prepare for a prolonged stay in the evacuated camps for the coming year, and not to allow the return of their residents or the resurgence of terrorism,” he said in a statement.

Corée du Sud: la Cour constitutionnelle rejette la destitution du Premier ministre

La Cour constitutionnelle sud-coréenne a rejeté lundi la motion de destitution contre le Premier ministre Han Duck-soo, nouvel épisode de l’instabilité provoquée par la tentative ratée du président Yoon Suk Yeol d’imposer la loi martiale.Alors que le verdict sur une éventuelle destitution de M. Yoon est attendu dans les jours qui viennent, Han Duck-soo reprend ainsi son poste et récupère la charge de président par intérim.Il avait été suspendu par les députés il y a trois mois, après un premier remplacement de moins de deux semaines à la tête de l’Etat.”La Cour constitutionnelle a décidé de rejeter la procédure en destitution contre le Premier ministre Han Duck-soo” à cinq votes contre un, a énoncé dans un communiqué la juridiction, dont le jugement est sans appel.Ses agissements, a-t-elle expliqué, “ne peuvent être considérés comme constitutifs d’une trahison de la confiance du peuple”.”Je salue la décision sage des juges, a réagi devant la presse M. Han. Je pense que tous les citoyens s’élèvent clairement contre une sphère politique hautement polarisée (…) La priorité de notre pays est d’aller de l’avant”.La Corée du Sud est plongée dans le chaos politique depuis le coup de force de son président en titre, Yoon Suk Yeol, dans la nuit du 3 au 4 décembre. L’ancien procureur vedette avait déclaré la loi martiale par surprise et envoyé l’armée au Parlement pour tenter de le réduire au silence.Mais un nombre suffisant de députés était parvenu à se réunir pour rapidement contrecarrer ses plans en votant à l’unanimité le retour au régime civil.L’Assemblée nationale a voté le 14 décembre une première motion de destitution contre le dirigeant, alors suspendu de ses fonctions. Puis le 27 contre son premier remplaçant, Han Duck-soo.Il était notamment reproché à M. Han d’avoir refusé de nommer de nouveaux juges à la Cour constitutionnelle pour occuper les postes vacants, alors que seuls six magistrats sur neuf possibles y siégeaient. Dans cette configuration, un seul vote contre la destitution de Yoon Suk Yeol aurait suffi à la faire échouer.- “Pas de corrélation” -“La décision d’aujourd’hui réaffirme que les procédures de destitution excessives de l’Assemblée nationale sont des attaques politiques irréfléchies et malveillantes”, a déclaré dans un communiqué le bureau présidentiel.Le chef de l’opposition, Lee Jae-myung, a estimé qu’il fallait respecter le jugement de la Cour, tout en l’appelant à accélérer sur le cas du président.”La nation entière perd le sommeil à cause du coup d’Etat militaire illégal de Yoon Suk Yeol”, a-t-il tancé lors d’un rassemblement dans le centre de Séoul.La présidence était, jusqu’à lundi, assurée par un deuxième suppléant, le ministre des Finances Choi Sang-mok, qui a d’ailleurs nommé deux nouveaux juges à la Cour constitutionnelle.Concernant M. Yoon, la date précise du verdict, qui était attendu à la mi-mars par les experts, n’a pas été annoncée. Si elle prononce la déposition définitive du président — qui requiert six votes pour –, une nouvelle élection présidentielle devra être organisée dans les 60 jours. Sinon, Yoon Suk Yeol sera rétabli dans ses fonctions.Le verdict de lundi “n’a pas de corrélation légale directe avec la décision en attente” dans le dossier Yoon, a précisé à l’AFP l’avocat et commentateur politique Yoo Jung-hoon.Yoon Suk Yeol est par ailleurs jugé au pénal dans un procès parallèle pour insurrection — un crime passible de la prison à vie voire de la peine de mort en Corée du Sud– après sa brève imposition de la loi martiale. Retranché pendant des semaines dans sa résidence à Séoul, il avait été arrêté début janvier lors d’une opération spectaculaire des forces de l’ordre puis placé en détention, une première dans l’histoire pour un président sud-coréen en titre, avant d’être libéré le 8 mars pour vice de procédure.

Corée du Sud: la Cour constitutionnelle rejette la destitution du Premier ministre

La Cour constitutionnelle sud-coréenne a rejeté lundi la motion de destitution contre le Premier ministre Han Duck-soo, nouvel épisode de l’instabilité provoquée par la tentative ratée du président Yoon Suk Yeol d’imposer la loi martiale.Alors que le verdict sur une éventuelle destitution de M. Yoon est attendu dans les jours qui viennent, Han Duck-soo reprend ainsi son poste et récupère la charge de président par intérim.Il avait été suspendu par les députés il y a trois mois, après un premier remplacement de moins de deux semaines à la tête de l’Etat.”La Cour constitutionnelle a décidé de rejeter la procédure en destitution contre le Premier ministre Han Duck-soo” à cinq votes contre un, a énoncé dans un communiqué la juridiction, dont le jugement est sans appel.Ses agissements, a-t-elle expliqué, “ne peuvent être considérés comme constitutifs d’une trahison de la confiance du peuple”.”Je salue la décision sage des juges, a réagi devant la presse M. Han. Je pense que tous les citoyens s’élèvent clairement contre une sphère politique hautement polarisée (…) La priorité de notre pays est d’aller de l’avant”.La Corée du Sud est plongée dans le chaos politique depuis le coup de force de son président en titre, Yoon Suk Yeol, dans la nuit du 3 au 4 décembre. L’ancien procureur vedette avait déclaré la loi martiale par surprise et envoyé l’armée au Parlement pour tenter de le réduire au silence.Mais un nombre suffisant de députés était parvenu à se réunir pour rapidement contrecarrer ses plans en votant à l’unanimité le retour au régime civil.L’Assemblée nationale a voté le 14 décembre une première motion de destitution contre le dirigeant, alors suspendu de ses fonctions. Puis le 27 contre son premier remplaçant, Han Duck-soo.Il était notamment reproché à M. Han d’avoir refusé de nommer de nouveaux juges à la Cour constitutionnelle pour occuper les postes vacants, alors que seuls six magistrats sur neuf possibles y siégeaient. Dans cette configuration, un seul vote contre la destitution de Yoon Suk Yeol aurait suffi à la faire échouer.- “Pas de corrélation” -“La décision d’aujourd’hui réaffirme que les procédures de destitution excessives de l’Assemblée nationale sont des attaques politiques irréfléchies et malveillantes”, a déclaré dans un communiqué le bureau présidentiel.Le chef de l’opposition, Lee Jae-myung, a estimé qu’il fallait respecter le jugement de la Cour, tout en l’appelant à accélérer sur le cas du président.”La nation entière perd le sommeil à cause du coup d’Etat militaire illégal de Yoon Suk Yeol”, a-t-il tancé lors d’un rassemblement dans le centre de Séoul.La présidence était, jusqu’à lundi, assurée par un deuxième suppléant, le ministre des Finances Choi Sang-mok, qui a d’ailleurs nommé deux nouveaux juges à la Cour constitutionnelle.Concernant M. Yoon, la date précise du verdict, qui était attendu à la mi-mars par les experts, n’a pas été annoncée. Si elle prononce la déposition définitive du président — qui requiert six votes pour –, une nouvelle élection présidentielle devra être organisée dans les 60 jours. Sinon, Yoon Suk Yeol sera rétabli dans ses fonctions.Le verdict de lundi “n’a pas de corrélation légale directe avec la décision en attente” dans le dossier Yoon, a précisé à l’AFP l’avocat et commentateur politique Yoo Jung-hoon.Yoon Suk Yeol est par ailleurs jugé au pénal dans un procès parallèle pour insurrection — un crime passible de la prison à vie voire de la peine de mort en Corée du Sud– après sa brève imposition de la loi martiale. Retranché pendant des semaines dans sa résidence à Séoul, il avait été arrêté début janvier lors d’une opération spectaculaire des forces de l’ordre puis placé en détention, une première dans l’histoire pour un président sud-coréen en titre, avant d’être libéré le 8 mars pour vice de procédure.