Canicule: deux départements en vigilance orange dimanche et lundi
Deux départements, l’Isère et le Rhône, restent dimanche et lundi en vigilance orange pour canicule, a annoncé Météo-France, tout en prévenant que de “très fortes chaleurs” sont attendues dans la journée “sur une grande partie est du pays”.La vigilance orange canicule a été levée “sur tous les départements de l’ouest du pays”, a indiqué Météo-France dans un bulletin de suivi.Elle est au contraire maintenue jusqu’à lundi soir, à minuit, dans les départements de l’Isère et du Rhône. “La vague de chaleur a atteint son paroxysme samedi, avec 36 à 38°C généralisés du Rennais à l’Occitanie”, a relevé l’organisme dans une autre publication mise à jour sur son site internet.”Il s’agit de la 50e vague de chaleur recensée par Météo-France depuis 1947″, a-t-il ajouté.La température maximale de 39,9°C a été atteinte samedi après-midi à Châteaumeillant (Cher), près de Bourges, a précisé l’organisme.A Carcassonne, le mercure a culminé à 39,4°C. Il a grimpé jusqu’à 37,9°C à Toulouse et 35,3°C à Paris.Météo-France a aussi relevé comme températures maximales, dans l’ouest, 39,1°C à La Couronne (Charente), 36,8°C à Rennes, 35,1°C à Saint-Cast-le-Guildo (Côtes-d’Armor), une “nouvelle valeur inédite pour un mois de juin (ancienne: 33,6°C le 28/06/1957)” et 34,4°C à Nantes.Dans le Rhône et l’Isère, “les températures ont été comprises entre 34 et 37°C, avec par exemple 35°C à Lyon”, selon le bulletin de suivi.Pour dimanche, Météo-France attend “souvent les 35-36°C sur le Rhône et l’Isère”, mais les températures pourront grimper “localement” jusqu’à “37 à 38 degrés, notamment sur Lyon”.Un nouveau pic de chaleur est prévu mardi et mercredi sur la moitié sud du pays, a précisé l’organisme.
Canicule: deux départements en vigilance orange dimanche et lundi
Deux départements, l’Isère et le Rhône, restent dimanche et lundi en vigilance orange pour canicule, a annoncé Météo-France, tout en prévenant que de “très fortes chaleurs” sont attendues dans la journée “sur une grande partie est du pays”.La vigilance orange canicule a été levée “sur tous les départements de l’ouest du pays”, a indiqué Météo-France dans un bulletin de suivi.Elle est au contraire maintenue jusqu’à lundi soir, à minuit, dans les départements de l’Isère et du Rhône. “La vague de chaleur a atteint son paroxysme samedi, avec 36 à 38°C généralisés du Rennais à l’Occitanie”, a relevé l’organisme dans une autre publication mise à jour sur son site internet.”Il s’agit de la 50e vague de chaleur recensée par Météo-France depuis 1947″, a-t-il ajouté.La température maximale de 39,9°C a été atteinte samedi après-midi à Châteaumeillant (Cher), près de Bourges, a précisé l’organisme.A Carcassonne, le mercure a culminé à 39,4°C. Il a grimpé jusqu’à 37,9°C à Toulouse et 35,3°C à Paris.Météo-France a aussi relevé comme températures maximales, dans l’ouest, 39,1°C à La Couronne (Charente), 36,8°C à Rennes, 35,1°C à Saint-Cast-le-Guildo (Côtes-d’Armor), une “nouvelle valeur inédite pour un mois de juin (ancienne: 33,6°C le 28/06/1957)” et 34,4°C à Nantes.Dans le Rhône et l’Isère, “les températures ont été comprises entre 34 et 37°C, avec par exemple 35°C à Lyon”, selon le bulletin de suivi.Pour dimanche, Météo-France attend “souvent les 35-36°C sur le Rhône et l’Isère”, mais les températures pourront grimper “localement” jusqu’à “37 à 38 degrés, notamment sur Lyon”.Un nouveau pic de chaleur est prévu mardi et mercredi sur la moitié sud du pays, a précisé l’organisme.
Israelis emerge from shelters to devastation after Iran attacks
First responders fanned out across Israel Sunday following fresh waves of Iranian missile strikes that left pockets of devastation in their wake — as the Islamic republic hit back after a US attack on its nuclear sites.In both Haifa and areas around Tel Aviv, the scenes were all too similar.Rubble filled streets at impact sites as the facades of apartment buildings were eviscerated by the falling projectiles, as rescue teams picked through the debris looking for people.In the Ramat Aviv neighbourhood near Tel Aviv, the mere skeletons of homes were left standing following the barrage, with the wooden frames visible amid a sea of debris.As the country was jolted awake by air raid sirens warning residents of air attacks, many in Ramat Aviv left their shelters later to discover the destruction.A man and woman embraced each other and cried.”Our entire house was destroyed — there’s nothing left,” said Aviad Chernichovsky, who had rushed out of his home to get to a shelter.Several elderly residents were placed on chairs and beds to allow for medical evacuation. One woman, injured in the face, appeared anxious as paramedics led her away from the rubble.Officials were still taking stock of the damage.”Houses here were hit very, very badly,” Tel Aviv mayor Ron Huldai said at the scene.”Those who were in the shelter are all safe and well. The damage is very, very extensive, but in terms of human life, we are okay.”- Devastating power -The Israeli police said in a statement that they had been deployed to at least two other impact sites, one in Haifa in the north and another in Ness Ziona, south of Tel Aviv.A public square in a residential area of Haifa was left strewn with rubble and surrounding shops and homes were heavily damaged.Palm trees withstood the impact in a small public garden, while storefronts were bent, shop windows shattered, and air conditioners left dangling from building facades.Sirens however did not sound in this area. Authorities said they were actively working to clarify what happened.”The possibility of a malfunction with the interceptor (of the air defence system) is under investigation,” said an army spokesperson.Two salvos of missiles were launched at Israel from around 7:30 am (0430 GMT), the Israeli military said.Iran has been firing daily missile barrages at Israel for over a week, since a wide-ranging Israeli attack on the Islamic republic’s nuclear installations and military bases triggered war.Israel’s sophisticated air defences have intercepted more than 450 missiles along with around 1,000 drones, according to the latest figures from the Israeli military.Even still, at least 50 impacts have been officially acknowledged nation-wide with the country’s air defence batteries unable to prevent all of the strikes.Iran’s armed forces said Sunday’s barrage targeted multiple sites in Israel including Ben Gurion airport near Tel Aviv, and relied on some of their most sophisticated long-range missiles with “devastating warhead power”.
Les Etats-Unis ont frappé des sites nucléaires clés en Iran
Les Etats-Unis ont bombardé dimanche trois sites névralgiques du programme nucléaire iranien, des frappes accusées par Téhéran de “faire exploser” les chances d’un règlement diplomatique du dossier nucléaire, au dixième jour de la guerre entre l’Iran et Israël.L’agence de presse iranienne Irna a ensuite fait état du tir de 40 missiles sur Israël, qui ont fait de nombreux dégâts et 16 blessés, selon les services de secours israéliens. Après avoir laissé planer le doute sur une intervention contre l’Iran, réclamée par son allié israélien, le président américain, Donald Trump, a annoncé que les principales installations d’enrichissement nucléaire du pays – soupçonné par les Occidentaux de vouloir se doter de l’arme atomique – avaient été “totalement détruites” par les frappes américaines.Les forces armées iraniennes ont elles dit avoir notamment ciblé l’aéroport international Ben Gourion, près de Tel-Aviv, et utilisé “pour la première fois” de missiles balistiques à têtes multiples, pour des frappes “plus précises et destructrices”, selon Irna.Après l’attaque américaine, Israël a relevé son niveau d’alerte sur tout le territoire, et l’armée israélienne a annoncé une nouvelle série de frappes en Iran. L’agence iranienne Isna a fait état de quatre militaires tués dans une base militaire du nord. A Ramat Aviv, un quartier résidentiel de Tel-Aviv, les habitants ont découvert au sortir des abris des maisons et immeubles éventrés. “Toute notre maison a été détruite, il ne reste rien”, témoigne auprès de l’AFP Aviad Chernichovsky. Dans un quartier résidentiel de Ness Ziona, au sud de la métropole côtière, les secours continuent à inspecter les décombres, à la recherche d’éventuels disparus, tandis que des habitants quittent, chargés des valises, des maisons aux toits soufflés. – “Faire le paix”-“Les installations essentielles d’enrichissement nucléaire de l’Iran ont été intégralement et totalement détruites. L’Iran, le caïd du Moyen-Orient, doit maintenant faire la paix”, a déclaré Donald Trump à la Maison Blanche, sinon, “les prochaines attaques seront bien plus importantes”. Avant l’attaque massive lancée le 13 juin par Israël contre l’Iran, Téhéran et Washington avaient repris depuis avril des pourparlers via la médiation d’Oman pour un accord nucléaire, butant sur l’exigence américaine, rejetée  par l’Iran, d’un arrêt total de l’enrichissement d’uranium.Téhéran négociait avec Washington “quand Israël a décidé de faire exploser cette diplomatie”, et a tenait des discussions avec les Européens “quand les Etats-Unis ont décidé, à leur tour, de faire exploser cette diplomatie”, a fustigé sur X le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, déclinant les appels européens à un retour à la table des négociations.Mascate a condamné une “agression illégale” – comme l’a fait Ryad – et appelé à “une désescalade immédiate”, le Qatar et l’Irak avertissant des risques de déstabilisation régionale. Saluant une attaque “très réussie” sur trois sites, M. Trump a affirmé qu'”une pleine charge de bombes a été larguée sur le site principal, Fordo”, une usine d’enrichissement d’uranium enfouie sous une montagne à 180 km au sud de Téhéran. Les autres cibles sont Natanz (centre), le plus connu des sites d’enrichissement, et un site de conversion d’uranium près de la ville historique d’Ispahan (centre). Des médias iraniens ont confirmé les attaques sur ces trois sites.L’autorité iranienne de sécurité nucléaire a affirmé n’y avoir détecté “aucun signe de contamination”.”Aucune hausse des niveaux de radiation n’a été signalée” aux abords de ces sites, a également indiqué l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dont le chef, Rafael Grossi, a annoncé une “réunion d’urgence” lundi.Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a félicité M. Trump pour cette attaque “en parfaite coordination” avec Israël, y voyant un “tournant historique” pour “aider à conduire le Moyen-Orient” vers la  paix. – “Comportement criminel” -M. Araghchi a aussi averti de “conséquences éternelles” après ces frappes, dénonçant le “comportement extrêmement dangereux, anarchique et criminel” de Washington. “L’Iran se réserve toutes les options” pour se défendre, a-t-il ajouté. Les raids américains “n’arrêteront pas” le programme nucléaire, a réagi l’Organisation de l’énergie atomique du pays. Selon les experts, seuls les Etats-Unis étaient en mesure de détruire les sites iraniens profondément enfouis, comme Fordo. Des bombardiers B-2 ont participé à l’attaque, selon des médias américains. Donald Trump avait dit vendredi donner au “maximum” deux semaines à l’Iran avant d’éventuelles frappes, mais a finalement décidé d’aller de l’avant affirmant que l’Iran était “à quelques semaines, voire quelques mois” de l’arme atomique.Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, avait affirmé la veille que les hostilités, lancées avec pour objectif affiché d’empêcher l’Iran d’acquérir la bombe atomique, avait déja retardé “d’au moins deux ans” cette menace. Jusqu’à présent, Washington s’était contenté d’apporter une aide défensive à Israël face aux missiles iraniens.En dix jours, l’armée israélienne a frappé des centaines de sites militaires ou liés au programme nucléaire iranien, décapité la hiérarchie des forces armées, et tué une dizaine de scientifiques du nucléaire.L’Iran, qui dément vouloir se doter de l’arme atomique et défend son droit à un programme nucléaire civil, riposte par des salves de drones et missiles balistiques, la plupart interceptés par les systèmes de défense israéliens.- Menaces des Houthis -Côté iranien, la guerre a fait plus de 400 morts et 3.056 blessés, en majorité des civils, a indiqué samedi le ministère de la Santé. Les tirs iraniens sur Israël ont fait 25 morts, selon les autorités israéliennes.  L’Iran et ses alliés, dont les rebelles Houthis au Yémen, avaient menacé de représailles contre les intérêts américains au Moyen-Orient en cas d’intervention américaine directe. Les Houthis l’ont qualifiée dimanche de “déclaration de guerre” au peuple iranien, se disant prêts “à cibler les navires et les bâtiments de guerre américains en mer Rouge”.  Selon un responsable américain, la mission diplomatique américaine en Irak a encore réduit son personnel.Israël, qui maintient l’ambiguïté sur sa possession de l’arme atomique, détient 90 ogives nucléaires, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.Â
Les “Janes” ou le combat sans fin d’Américaines pour le droit à l’avortement
Elles ont pris dans leur jeunesse tous les risques pour aider des femmes à avorter avant de voir ce droit abruptement disparaître: trois ans après le revirement de la Cour suprême américaine, des militantes de la première heure se confient sur ce douloureux recul.”J’étais anéantie”, se remémore Abby Pariser, 80 ans, depuis son domicile de Huntington, banlieue cossue de New York. “J’étais furieuse qu’ils puissent faire ça aux femmes.”Comme des dizaines d’autres Américaines aujourd’hui retraitées, Mme Pariser a voué il y a plus de 50 ans sa vie à la défense des droits reproductifs, à une époque où l’avortement était illégal aux Etats-Unis.C’était à Chicago à la fin des années 60. Alors étudiantes, mères de famille ou jeunes actives, ces “femmes ordinaires” – comme elles aiment se décrire – se faisaient appeler “Jane” et aidaient les femmes à avorter clandestinement.C’était avant l’arrêt Roe v. Wade de la Cour suprême, qui a garanti en 1973 aux Américaines un droit fédéral à interrompre leur grossesse. Et bien avant le 24 juin 2022, quand la plus haute juridiction du pays a fait voler en éclats cette protection.”Personne n’aurait pu l’imaginer”, confie, la voix éraillée par l’émotion, Sakinah Ahad Shannon, 77 ans, une autre de ces “Janes”, qui fait également partie des milliers de femmes ayant avorté via leurs services. “C’était tout simplement inconcevable que cela puisse se produire à notre époque, que nous puissions revenir à quelque chose d’aussi dévastateur.”Cette volte-face judiciaire ainsi qu’un documentaire HBO (“The Janes”), sorti peu avant, ont porté une attention nouvelle sur leur engagement passé. Plusieurs d’entre elles n’ont depuis cessé de se faire entendre, témoignant des épreuves affrontées par les femmes avant l’adoption de Roe.- Mafia et tabou -A l’époque, l’accès aux contraceptifs était très limité et l’idée même d’une IVG totalement taboue, raconte à l’AFP Laura Kaplan, ancienne membre du groupe et autrice d’un livre à ce sujet, qui vit à Woodstock.Loin des regards, des femmes tentaient pourtant par tous les moyens de mettre fin à des grossesses non désirées, en ingérant du poison ou recourant aux services de faiseurs d’anges clandestins.Médecins vénaux et hommes de main de la mafia contrôlaient ce business florissant, imposant des prix exorbitants. Environ 500 dollars pour une IVG, se souvient Mme Kaplan, 77 ans, quand “un appartement de deux pièces à Chicago se louait pour 150 dollars par mois”.Au-delà du coût, certaines femmes étaient agressées sexuellement ou humiliées par ces praticiens. D’autres n’en réchappaient pas.”Il y avait dans les hôpitaux publics de toutes les grandes villes un service dédié aux femmes souffrant des conséquences d’avortements illégaux”, glisse-t-elle. Des femmes y “mouraient, jeunes et en bonne santé, avec toute leur vie devant elles”.Face à cette “tragédie”, le réseau “Jane” est créé. Avec un nom de code et une ligne d’appel anonyme, ces femmes s’échinent à négocier les prix auprès de professionnels sûrs puis commencent à pratiquer elles-mêmes des IVG, aidant quelque 11.000 personnes à avorter selon leurs estimations.”Les femmes payaient 10 dollars, 50 dollars, ou ce qu’elles avaient en poche”, détaille Mme Kaplan.- “Dire non” -Mais au printemps 1972, sept “Janes” dont Abby Pariser sont arrêtées lors d’une descente de police. “C’était effrayant”, se souvient-elle, décrivant la nuit en cellule et l’incrédulité des policiers de découvrir un réseau clandestin 100% féminin.Malgré cela, les autres décident de continuer. “Nous savions que nous commettions de multiples délits chaque jour”, sourit Laura Kaplan avec un air de défi.Sans Roe v. Wade, toutes auraient pu finir leur vie en prison. Une possibilité qui ne semble désormais plus si lointaine.Car depuis l’annulation de la garantie fédérale à avorter, plus de 20 Etats sur 50 ont interdit ou strictement limité l’accès à l’avortement, poussant de nombreuses femmes à partir avorter dans un autre Etat ou avorter dans l’illégalité.Et Donald Trump, qui se félicite d’avoir joué un rôle dans la volte-face de la Cour suprême en nommant des juges conservateurs, pourrait encore restreindre ces accès. Il a d’ailleurs lancé une nouvelle charge contre la pilule abortive.”Nous avons été très naïves”, lâche Mme Pariser avec aplomb, pointant la radicalisation et l’influence politique croissante du camp anti-avortement ces dernières décennies.Ce sont des gens qui “tiraient sur les médecins et les tuaient dans leur clinique ou à l’église le dimanche. Des fous”, s’étrangle-t-elle.Malgré cela, les Américaines ont aujourd’hui accès à bien plus de ressources que leurs aînées et sont déterminées à ne pas perdre ces droits durement acquis, estiment ces anciennes “Janes”.Les femmes “refusent de lâcher prise”, assure Sakinah Ahad Shannon. “Elles disent non comme nous avons dit non il y a 50 ans.”
Les “Janes” ou le combat sans fin d’Américaines pour le droit à l’avortement
Elles ont pris dans leur jeunesse tous les risques pour aider des femmes à avorter avant de voir ce droit abruptement disparaître: trois ans après le revirement de la Cour suprême américaine, des militantes de la première heure se confient sur ce douloureux recul.”J’étais anéantie”, se remémore Abby Pariser, 80 ans, depuis son domicile de Huntington, banlieue cossue de New York. “J’étais furieuse qu’ils puissent faire ça aux femmes.”Comme des dizaines d’autres Américaines aujourd’hui retraitées, Mme Pariser a voué il y a plus de 50 ans sa vie à la défense des droits reproductifs, à une époque où l’avortement était illégal aux Etats-Unis.C’était à Chicago à la fin des années 60. Alors étudiantes, mères de famille ou jeunes actives, ces “femmes ordinaires” – comme elles aiment se décrire – se faisaient appeler “Jane” et aidaient les femmes à avorter clandestinement.C’était avant l’arrêt Roe v. Wade de la Cour suprême, qui a garanti en 1973 aux Américaines un droit fédéral à interrompre leur grossesse. Et bien avant le 24 juin 2022, quand la plus haute juridiction du pays a fait voler en éclats cette protection.”Personne n’aurait pu l’imaginer”, confie, la voix éraillée par l’émotion, Sakinah Ahad Shannon, 77 ans, une autre de ces “Janes”, qui fait également partie des milliers de femmes ayant avorté via leurs services. “C’était tout simplement inconcevable que cela puisse se produire à notre époque, que nous puissions revenir à quelque chose d’aussi dévastateur.”Cette volte-face judiciaire ainsi qu’un documentaire HBO (“The Janes”), sorti peu avant, ont porté une attention nouvelle sur leur engagement passé. Plusieurs d’entre elles n’ont depuis cessé de se faire entendre, témoignant des épreuves affrontées par les femmes avant l’adoption de Roe.- Mafia et tabou -A l’époque, l’accès aux contraceptifs était très limité et l’idée même d’une IVG totalement taboue, raconte à l’AFP Laura Kaplan, ancienne membre du groupe et autrice d’un livre à ce sujet, qui vit à Woodstock.Loin des regards, des femmes tentaient pourtant par tous les moyens de mettre fin à des grossesses non désirées, en ingérant du poison ou recourant aux services de faiseurs d’anges clandestins.Médecins vénaux et hommes de main de la mafia contrôlaient ce business florissant, imposant des prix exorbitants. Environ 500 dollars pour une IVG, se souvient Mme Kaplan, 77 ans, quand “un appartement de deux pièces à Chicago se louait pour 150 dollars par mois”.Au-delà du coût, certaines femmes étaient agressées sexuellement ou humiliées par ces praticiens. D’autres n’en réchappaient pas.”Il y avait dans les hôpitaux publics de toutes les grandes villes un service dédié aux femmes souffrant des conséquences d’avortements illégaux”, glisse-t-elle. Des femmes y “mouraient, jeunes et en bonne santé, avec toute leur vie devant elles”.Face à cette “tragédie”, le réseau “Jane” est créé. Avec un nom de code et une ligne d’appel anonyme, ces femmes s’échinent à négocier les prix auprès de professionnels sûrs puis commencent à pratiquer elles-mêmes des IVG, aidant quelque 11.000 personnes à avorter selon leurs estimations.”Les femmes payaient 10 dollars, 50 dollars, ou ce qu’elles avaient en poche”, détaille Mme Kaplan.- “Dire non” -Mais au printemps 1972, sept “Janes” dont Abby Pariser sont arrêtées lors d’une descente de police. “C’était effrayant”, se souvient-elle, décrivant la nuit en cellule et l’incrédulité des policiers de découvrir un réseau clandestin 100% féminin.Malgré cela, les autres décident de continuer. “Nous savions que nous commettions de multiples délits chaque jour”, sourit Laura Kaplan avec un air de défi.Sans Roe v. Wade, toutes auraient pu finir leur vie en prison. Une possibilité qui ne semble désormais plus si lointaine.Car depuis l’annulation de la garantie fédérale à avorter, plus de 20 Etats sur 50 ont interdit ou strictement limité l’accès à l’avortement, poussant de nombreuses femmes à partir avorter dans un autre Etat ou avorter dans l’illégalité.Et Donald Trump, qui se félicite d’avoir joué un rôle dans la volte-face de la Cour suprême en nommant des juges conservateurs, pourrait encore restreindre ces accès. Il a d’ailleurs lancé une nouvelle charge contre la pilule abortive.”Nous avons été très naïves”, lâche Mme Pariser avec aplomb, pointant la radicalisation et l’influence politique croissante du camp anti-avortement ces dernières décennies.Ce sont des gens qui “tiraient sur les médecins et les tuaient dans leur clinique ou à l’église le dimanche. Des fous”, s’étrangle-t-elle.Malgré cela, les Américaines ont aujourd’hui accès à bien plus de ressources que leurs aînées et sont déterminées à ne pas perdre ces droits durement acquis, estiment ces anciennes “Janes”.Les femmes “refusent de lâcher prise”, assure Sakinah Ahad Shannon. “Elles disent non comme nous avons dit non il y a 50 ans.”