A Washington, la valse diplomatique des ambassades fantômes

Les murs décatis de cette vaste demeure de Washington étaient depuis longtemps cachés par une végétation envahissante quand, en septembre, la haie a été enfin taillée et le drapeau syrien hissé.La réouverture symbolique de l’ambassade de Syrie aux Etats-Unis, après onze ans de fermeture, rappelle qu’une poignée de bâtiments diplomatiques d’un quartier cossu de la …

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Gueule de bois sur les marchés: les craintes d’une “bulle” de l’IA resurgissent malgré les performances de Nvidia

La fête a été de courte durée sur les marchés boursiers: après un bref soulagement face aux performances du géant américain des puces Nvidia, les valeurs technologiques s’effondrent, craignant que l’engouement suscité par l’intelligence artificielle ne soit finalement qu’une bulle spéculative.A Tokyo, le géant des investissements technologiques SoftBank Group a dévissé de 10,9%, et le …

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La fête a été de courte durée sur les marchés boursiers: après un bref soulagement face aux performances du géant américain des puces Nvidia, les valeurs technologiques s’effondrent, craignant que l’engouement suscité par l’intelligence artificielle ne soit finalement qu’une bulle spéculative.A Tokyo, le géant des investissements technologiques SoftBank Group a dévissé de 10,9%, et le …

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Bolivie : le président Rodrigo Paz supprime le ministère de la Justice

Le président bolivien Rodrigo Paz a supprimé jeudi le ministère de la Justice, après avoir annoncé dans un premier temps le remplacement de son titulaire, mis en cause par la révélation d’une condamnation pénale qu’il avait dissimulée.Dans une déclaration à la presse depuis le siège du gouvernement, Rodrigo Paz a rappelé sa promesse de campagne …

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Narcobanditisme: la porte-parole du gouvernement sera à la marche blanche samedi à Marseille

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu’elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le “soutien de l’Etat”.Le jeune homme de 20 ans a été assassiné le 13 novembre par deux hommes à moto, et la justice étudie la piste d'”un crime d’intimidation” lié au militantisme de son frère.”Le gouvernement sera présent et je me rendrai samedi à Marseille en compagnie de mon collègue Vincent Jeanbrun, qui est ministre de la Ville et du Logement”, a déclaré Maud Bregeon sur TF1 vendredi, ajoutant que ce drame avait “profondément choqué tous nos concitoyens”.La porte-parole a assuré que son déplacement serait fait “humblement, avec la modestie et la pudeur que cet événement nécessite, sans communication sur place”.Il s’agit, selon elle, de “marquer l’engagement total du gouvernement et le soutien de l’État, du président de la République et du Premier ministre, à cette famille et aux proches de Mehdi Kessaci”.”Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l’Intérieur et du garde des Sceaux, l’État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement où habitants, élus locaux et nationaux feront bloc contre le narcotrafic”, a précisé l’entourage de Maud Bregeon à l’AFP.La porte-parole retrouvera à Marseille de nombreuses autres personnalités politiques, dont beaucoup issues de gauche, comme Olivier Faure (PS) ou Marine Tondelier (les Ecologistes).”Les réflexes partisans n’ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat”, a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient “le plus nombreux possible” samedi.Si les courants politiques s’accordent sur le constat, ils s’opposent sur les voies à suivre pour contrer le narcotrafic.Le député LFI du Nord Ugo Bernalicis a ainsi affirmé sur franceinfo que “ce qu’on demande au gouvernement, c’est pas tant la participation à cette marche, c’est de faire en sorte que les moyens soient à la hauteur des enjeux”. Et “le compte n’y est pas”, a-t-il dit.Il a notamment appelé à s’attaquer au “cœur du problème” en légalisant le cannabis, dont la vente est “le moteur financier” des trafiquants, selon lui.Le député insoumis des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, qui sera présent samedi, a exhorté à un “changement de doctrine complet”, demandant par exemple plus de moyens pour la police judiciaire.”Plutôt que d’envoyer des policiers chasser le petit consommateur, je pense au contraire qu’il faut concentrer les moyens dans le démantèlement des réseaux de la criminalité organisée”, a-t-il dit.Quant à la suggestion du maire de Nice Christian Estrosi d’engager l’armée contre le narcotrafic, Maud Bregeon a rappelé que ce n’était “pas les prérogatives de l’armée” et “qu’on a pour ça la police nationale, la gendarmerie nationale, la justice de la République française”.

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Japon: les autorités locales approuvent le redémarrage de la plus grande centrale nucléaire au monde

La plus grande centrale nucléaire au monde a obtenu vendredi le feu vert d’autorités locales japonaises pour son redémarrage, une étape cruciale pour la remise en service du site après la catastrophe de Fukushima en 2011 et la fermeture de tous les réacteurs japonais. Hideyo Hanazumi, le gouverneur du département de Niigata (centre-ouest) où se trouve la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, a déclaré lors d’une conférence de presse qu’il “approuverait” la reprise des activités, qui devra encore recevoir l’aval final du régulateur nucléaire du pays. Le Japon avait fermé tous ses réacteurs nucléaires après le triple désastre – séisme, tsunami et catastrophe nucléaire – de Fukushima en 2011, alors que la population exprimait son inquiétude face à cette source d’énergie. Mais le pays, pauvre en ressources, veut réduire sa forte dépendance aux combustibles fossiles, atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et répondre à la demande croissante d’électricité liée à l’intelligence artificielle.Au total, 14 réacteurs – principalement situés dans l’ouest et le sud du pays – ont ainsi déjà été remis en service après la mise en place de normes de sécurité strictes. La centrale de Kashiwazaki-Kariwa, qui s’étend sur 400 hectares sur la côte de la mer du Japon face à la péninsule coréenne, serait le premier redémarrage d’une centrale nucléaire par Tepco, l’opérateur de celle de Fukushima Daiichi, depuis la catastrophe.Le vaste complexe a été équipé d’une digue de 15 mètres de haut contre les tsunamis, de nouveaux systèmes de secours électriques installés en hauteur, ainsi que d’autres dispositifs de sécurité.- Durée de vie des réacteurs allongée -Avant le séisme et le tsunami de 2011, qui ont fait environ 18.000 morts, l’énergie nucléaire représentait environ un tiers de la production d’électricité du Japon, le reste provenant principalement des énergies fossiles. En juillet, la compagnie d’électricité Kansai Electric a annoncé avoir franchi une première étape vers la construction du premier nouveau réacteur nucléaire du pays depuis la catastrophe de Fukushima. Le Japon est le cinquième émetteur mondial de dioxyde de carbone derrière la Chine, les États-Unis, l’Inde et la Russie, et dépend fortement des combustibles fossiles importés. Près de 70% des besoins en électricité du Japon étaient couverts en 2023 par des centrales thermiques fonctionnant au charbon et aux hydrocarbures.Le pays s’est fixé pour objectif de réduire l’apport des centrales thermiques à 30 à 40% de son mix électrique d’ici 2040.En juin, le Japon a adopté une loi permettant d’allonger la durée de vie des réacteurs nucléaires au-delà de 60 ans afin de compenser les arrêts liés à des “circonstances imprévisibles”. L’archipel veut faire des renouvelables sa principale source d’électricité avant 2040. Dans le cadre de cet objectif, le nucléaire devrait représenter environ 20% de la production électrique du pays à l’horizon 2040, contre 5,6% en 2022.

Les derniers chasseurs-cueilleurs de Thaïlande revendiquent leur droit aux terres

Au coeur d’une forêt du sud de la Thaïlande, un jeune homme court, sarbacane en main, avant de décocher une flèche empoisonnée sur un singe.Le groupe qui l’accompagne s’approche en criant avant que l’animal ne tombe au sol.Cette chasse traditionnelle est toujours pratiquée par les Maniqs, l’un des plus petits groupes ethniques de Thaïlande et les derniers chasseurs-cueilleurs du pays.En voie de sédentarisation, les Maniqs réclament que leur droit de propriété soit reconnu sur les territoires qu’ils occupent depuis des générations mais qui sont à présent régis par les lois de protection de la nature.A 18 ans, Dan Rakpabon est le plus jeune chasseur des Maniqs. Il rapporte son trophée au thap, un abri de bambou au toit de feuilles, dans une clairière de Pa Bon. Il dépèce l’animal au dessus d’un feu pour brûler sa fourrure, puis le découpe avec soin pour répartir la viande en fonction de la taille de chaque famille.”Je suis très heureux à chaque fois que je pars en chasse. C’est notre nourriture”, dit-il.Pourtant, dans cette zone protégée de la forêt thaïlandaise, la chasse est illégale. Un défi que rencontrent de nombreux peuples autochtones dans le monde, sommés d’abandonner leur mode de vie traditionnel et qui doivent se battre pour des terres qu’ils ont toujours occupées.Ils se retrouvent fréquemment victimes des politiques de protection de la nature, même si plusieurs études montrent que leur usage limité des ressources contribue à la préservation de la biodiversité.”Le mode de vie traditionnel des Maniqs n’est pas une inquiétude”, reconnaît Chutiphong Phonwat, qui dirige le centre de protection de la faune sauvage de Banthat. “Ils ne détruisent pas la forêt”. – “Je peux écrire mon nom” -Pendant des siècles, les Maniqs, qui font partie de la branche de population plus large désignée sous le nom de Negritos, ont vécu comme des chasseurs-cueilleurs dans les forêts tropicales de la péninsule malaise, se déplaçant au gré des saisons pour se fournir en nourriture.Ils ne sont plus que 415, dispersés dans les montagnes du sud de la Thaïlande, selon les données de la Fondation pour l’éducation et l’environnement des peuples autochtones.La plupart sont sédentarisés en bordure de forêt, attirés par l’accès aux soins et à l’éducation pour leurs enfants, comme à Pa Bon, dans la province de Phattalung.Mais la vie moderne requiert de l’argent, contraignant les hommes à travailler sur des plantations d’hévéa pour trois à huit dollars par jour, tandis que les femmes confectionnent des sacs avec des feuilles de pandan pour les vendre.Certains ont des smartphones et les enfants vivent dans un village à 10 kilomètres de l’école.”Un jour mon enfant est venu me voir et m’a dit +Aujourd’hui je peux écrire mon nom+. Entendre cela m’a rendue fière”, indique sa mère, Jeab Rakpabon, qui gagne sa vie en tissant.Pour ces communautés, la chasse est devenue une activité occasionnelle plus qu’un moyen de subsistance.”J’ai grandi en suivant mon père dans la forêt pour chasser et chercher de la nourriture”, indique Tom Rakpabon, chef de la communauté de 40 personnes dont tous les membres se sont vu attribuer le même nom de famille par les autorités.”A présent nous devons acheter du riz, de la viande, des légumes au marché”.Tiraillés entre leurs traditions et le mode de vie moderne, les Maniqs revendiquent des droits de propriété à demeure sur les forêts protégées.”Nous voulons de vraies maisons, des terres pour cultiver les légumes”, dit Jeab Rakpabon. “Les abris de feuilles comme ceux-ci ne sont que temporaires”.- Situation précaire -La forêt est désormais classée comme une zone protégée où la loi thaïlandaise interdit la propriété privée des terres et restreint l’utilisation des ressources. “Les Maniqs, comme tout le monde, doivent respecter la loi de manière égale”, déclare Chalerm Phummai, directeur de l’Office de protection de la Faune de Thaïlande. Selon la réglementation, les communautés autochtones peuvent demander des permis d’utilisation des terres de 20 ans, et plusieurs ont été délivrés. Mais ce processus réduit les groupes autochtones à des occupants temporaires de leurs forêts ancestrales, soulignent les détracteurs. Une communauté Maniq vit depuis plus de 30 ans à Plai Khlong Tong, dans la province de Trang, où elle a établi ses propres plantations d’hévéas et des maisons en bois et en béton sommaires au milieu des arbres imposants.”C’est frustrant de vivre ainsi”, note cependant Thawatchai Paksi, dont la mère a épousé un planteur d’hévéa, impulsant le changement de mode de vie. “Nous avons besoin de permission pour presque tout, même pour couper un arbre ou construire une maison.Vivre sans titre de propriété place les habitants dans une situation précaire, explique le chef du village Sakda Paksi.”Si les Maniq possédaient des terres, on pourrait marcher sur nos deux pieds”.- “Plus rien dans la forêt” –Un groupe de la province de Satun a été réduit à mendier en bord de route, faute de trouver du travail. “Si personne ne nous donne à manger, c’est difficile”, dit leur cheffe, Jin Sri Thung Wa.”Il ne reste plus rien dans la forêt ici, et il n’y a aucun travail”, dit-elle.Les Maniqs se heurtent aussi à des discriminations de la part des Thaïlandais, notamment dans la façon dont ils sont désignés.”Les Maniqs ne sont pas des sauvages,” souligne Tao Khai, un autre chef communautaire. “Nous sommes un peuple de la forêt”.Les propriétaires d’une plantation de caoutchouc et site touristique permettent à son groupe de vivre sur leur territoire, mais ils n’ont pas de champs à cultiver et subsistent grâce à des travaux journaliers dans la région, complétés par la chasse. Chaque matin, un employé de la plantation conduit Duan Srimanang, 13 ans, et des dizaines d’autres enfants à l’école. En raison de ses faibles connaissances, elle étudie avec des enfants de sept ans, mais elle peut maintenant écrire son nom et apprend à lire. “Quand je serai grande, je veux avoir un travail et gagner de l’argent pour pouvoir m’occuper de ma mère et lui rendre la vie confortable et heureuse”, dit-elle.- Droits permanents -En septembre, une nouvelle loi thaïlandaise a créé des “zones ethniques protégées” pour les populations autochtones avec un régime plus flexible.”Les Maniqs n’obtiendront pas la propriété foncière, mais ils auront des droits d’utilisation des terres conformément à leur mode de vie traditionnel”, assure l’anthropologue Apinan Thammasena. “La sécurité foncière ne passe pas forcément par un droit de propriété. Elle peut prendre la forme de droits d’utilisation garantis et permanents des terres”, ajoute-t-il.Mais pour le député Laufang Bandittheodsakul, un membre des tribus Hmong, qui a participé à l’élaboration de la réglementation, les règles environnementales restent en place, ce qui peut potentiellement saper l’impact de ces mesures. “La législation foncière reste largement inchangée”, dit-il, soulignant que le service des forêts devait toujours autoriser l’accès à l’eau, l’électricité et la construction des routes.Tao Khai rentre de la chasse à la plantation d’hévéa, où Duan et ses amis font leurs devoirs éclairés par une lampe torche.”Cette terre nous a été donnée temporairement”, dit-il. “Les Maniqs veulent une maison où ils peuvent vivre pour toujours”.str/sah/slb/ane/lgo/gmo/ptCe reportage est une collaboration entre l’AFP et HaRDstories, avec le soutien du Centre Pulitzer.

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Les derniers chasseurs-cueilleurs de Thaïlande revendiquent leur droit aux terres

Au coeur d’une forêt du sud de la Thaïlande, un jeune homme court, sarbacane en main, avant de décocher une flèche empoisonnée sur un singe.Le groupe qui l’accompagne s’approche en criant avant que l’animal ne tombe au sol.Cette chasse traditionnelle est toujours pratiquée par les Maniqs, l’un des plus petits groupes ethniques de Thaïlande et les derniers chasseurs-cueilleurs du pays.En voie de sédentarisation, les Maniqs réclament que leur droit de propriété soit reconnu sur les territoires qu’ils occupent depuis des générations mais qui sont à présent régis par les lois de protection de la nature.A 18 ans, Dan Rakpabon est le plus jeune chasseur des Maniqs. Il rapporte son trophée au thap, un abri de bambou au toit de feuilles, dans une clairière de Pa Bon. Il dépèce l’animal au dessus d’un feu pour brûler sa fourrure, puis le découpe avec soin pour répartir la viande en fonction de la taille de chaque famille.”Je suis très heureux à chaque fois que je pars en chasse. C’est notre nourriture”, dit-il.Pourtant, dans cette zone protégée de la forêt thaïlandaise, la chasse est illégale. Un défi que rencontrent de nombreux peuples autochtones dans le monde, sommés d’abandonner leur mode de vie traditionnel et qui doivent se battre pour des terres qu’ils ont toujours occupées.Ils se retrouvent fréquemment victimes des politiques de protection de la nature, même si plusieurs études montrent que leur usage limité des ressources contribue à la préservation de la biodiversité.”Le mode de vie traditionnel des Maniqs n’est pas une inquiétude”, reconnaît Chutiphong Phonwat, qui dirige le centre de protection de la faune sauvage de Banthat. “Ils ne détruisent pas la forêt”. – “Je peux écrire mon nom” -Pendant des siècles, les Maniqs, qui font partie de la branche de population plus large désignée sous le nom de Negritos, ont vécu comme des chasseurs-cueilleurs dans les forêts tropicales de la péninsule malaise, se déplaçant au gré des saisons pour se fournir en nourriture.Ils ne sont plus que 415, dispersés dans les montagnes du sud de la Thaïlande, selon les données de la Fondation pour l’éducation et l’environnement des peuples autochtones.La plupart sont sédentarisés en bordure de forêt, attirés par l’accès aux soins et à l’éducation pour leurs enfants, comme à Pa Bon, dans la province de Phattalung.Mais la vie moderne requiert de l’argent, contraignant les hommes à travailler sur des plantations d’hévéa pour trois à huit dollars par jour, tandis que les femmes confectionnent des sacs avec des feuilles de pandan pour les vendre.Certains ont des smartphones et les enfants vivent dans un village à 10 kilomètres de l’école.”Un jour mon enfant est venu me voir et m’a dit +Aujourd’hui je peux écrire mon nom+. Entendre cela m’a rendue fière”, indique sa mère, Jeab Rakpabon, qui gagne sa vie en tissant.Pour ces communautés, la chasse est devenue une activité occasionnelle plus qu’un moyen de subsistance.”J’ai grandi en suivant mon père dans la forêt pour chasser et chercher de la nourriture”, indique Tom Rakpabon, chef de la communauté de 40 personnes dont tous les membres se sont vu attribuer le même nom de famille par les autorités.”A présent nous devons acheter du riz, de la viande, des légumes au marché”.Tiraillés entre leurs traditions et le mode de vie moderne, les Maniqs revendiquent des droits de propriété à demeure sur les forêts protégées.”Nous voulons de vraies maisons, des terres pour cultiver les légumes”, dit Jeab Rakpabon. “Les abris de feuilles comme ceux-ci ne sont que temporaires”.- Situation précaire -La forêt est désormais classée comme une zone protégée où la loi thaïlandaise interdit la propriété privée des terres et restreint l’utilisation des ressources. “Les Maniqs, comme tout le monde, doivent respecter la loi de manière égale”, déclare Chalerm Phummai, directeur de l’Office de protection de la Faune de Thaïlande. Selon la réglementation, les communautés autochtones peuvent demander des permis d’utilisation des terres de 20 ans, et plusieurs ont été délivrés. Mais ce processus réduit les groupes autochtones à des occupants temporaires de leurs forêts ancestrales, soulignent les détracteurs. Une communauté Maniq vit depuis plus de 30 ans à Plai Khlong Tong, dans la province de Trang, où elle a établi ses propres plantations d’hévéas et des maisons en bois et en béton sommaires au milieu des arbres imposants.”C’est frustrant de vivre ainsi”, note cependant Thawatchai Paksi, dont la mère a épousé un planteur d’hévéa, impulsant le changement de mode de vie. “Nous avons besoin de permission pour presque tout, même pour couper un arbre ou construire une maison.Vivre sans titre de propriété place les habitants dans une situation précaire, explique le chef du village Sakda Paksi.”Si les Maniq possédaient des terres, on pourrait marcher sur nos deux pieds”.- “Plus rien dans la forêt” –Un groupe de la province de Satun a été réduit à mendier en bord de route, faute de trouver du travail. “Si personne ne nous donne à manger, c’est difficile”, dit leur cheffe, Jin Sri Thung Wa.”Il ne reste plus rien dans la forêt ici, et il n’y a aucun travail”, dit-elle.Les Maniqs se heurtent aussi à des discriminations de la part des Thaïlandais, notamment dans la façon dont ils sont désignés.”Les Maniqs ne sont pas des sauvages,” souligne Tao Khai, un autre chef communautaire. “Nous sommes un peuple de la forêt”.Les propriétaires d’une plantation de caoutchouc et site touristique permettent à son groupe de vivre sur leur territoire, mais ils n’ont pas de champs à cultiver et subsistent grâce à des travaux journaliers dans la région, complétés par la chasse. Chaque matin, un employé de la plantation conduit Duan Srimanang, 13 ans, et des dizaines d’autres enfants à l’école. En raison de ses faibles connaissances, elle étudie avec des enfants de sept ans, mais elle peut maintenant écrire son nom et apprend à lire. “Quand je serai grande, je veux avoir un travail et gagner de l’argent pour pouvoir m’occuper de ma mère et lui rendre la vie confortable et heureuse”, dit-elle.- Droits permanents -En septembre, une nouvelle loi thaïlandaise a créé des “zones ethniques protégées” pour les populations autochtones avec un régime plus flexible.”Les Maniqs n’obtiendront pas la propriété foncière, mais ils auront des droits d’utilisation des terres conformément à leur mode de vie traditionnel”, assure l’anthropologue Apinan Thammasena. “La sécurité foncière ne passe pas forcément par un droit de propriété. Elle peut prendre la forme de droits d’utilisation garantis et permanents des terres”, ajoute-t-il.Mais pour le député Laufang Bandittheodsakul, un membre des tribus Hmong, qui a participé à l’élaboration de la réglementation, les règles environnementales restent en place, ce qui peut potentiellement saper l’impact de ces mesures. “La législation foncière reste largement inchangée”, dit-il, soulignant que le service des forêts devait toujours autoriser l’accès à l’eau, l’électricité et la construction des routes.Tao Khai rentre de la chasse à la plantation d’hévéa, où Duan et ses amis font leurs devoirs éclairés par une lampe torche.”Cette terre nous a été donnée temporairement”, dit-il. “Les Maniqs veulent une maison où ils peuvent vivre pour toujours”.str/sah/slb/ane/lgo/gmo/ptCe reportage est une collaboration entre l’AFP et HaRDstories, avec le soutien du Centre Pulitzer.

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L’anguille, tradition gastronomique japonaise au menu d’un débat mondial sur sa préservation

Attablées dans un restaurant d’anguilles près de Tokyo, quatre amies s’apprêtent à déguster ce plat particulièrement prisé des Japonais, un poisson menacé dont la conservation doit faire l’objet d’un débat international à partir de lundi.”C’est un mets de luxe, qu’on mange pour se faire plaisir ou célébrer une occasion”, explique Yukiko Takahashi, une commerciale de 52 ans.Jusqu’à 85% de la consommation mondiale d’anguille se fait en Asie de l’Est, et notamment au Japon, qui pour répondre à la demande importe massivement: 73% des 61.000 tonnes consommées dans le pays en 2024 venaient de l’étranger.Tokyo voit donc d’un mauvais oeil une proposition de l’Union européenne, du Honduras et du Panama d’inscrire les 17 espèces d’anguille du monde à la Convention sur le commerce international des espèces menacées (Cites), qui s’ouvre lundi à Samarcande (Ouzbékistan).En cas d’adoption, le commerce de l’anguille serait plus strictement réglementé.- Cycle de vie encore mystérieux -Le déclin mondial des populations d’anguilles est attribué par les scientifiques à une conjonction de facteurs: pollution des cours d’eau, destruction des zones humides, barrages hydroélectriques et pêche.L’estimation des populations est rendue difficile par le cycle de vie complexe de ce poisson, qui rend aussi sa conservation ardue.L’anguille du Japon, espèce commune à l’Asie de l’Est, se reproduit à l’ouest des îles Mariannes, à 2.000 à 3.000 km des côtes nippones. Ses larves évoluent en civelles (alevins) à l’approche des côtes, puis vivent en eau douce 5 à 15 ans avant de retourner pondre dans l’océan, et mourir.Dans l’archipel, les prises de civelles ont chuté à moins de 10% de leur niveau des années 1960.L’anguille du Japon et les variétés américaine et européenne du poisson -inscrites depuis 2014 sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)- représentent la quasi-totalité de la consommation mondiale.- Mets de luxe -L’anguille, appellée “unagi” au Japon, y est dégustée depuis des millénaires. Elle est généralement consommée en kabayaki, des brochettes grillées et trempées dans une sauce à base de soja et de mirin (alcool de riz).Pour perpétuer cette tradition, les Japonais sont prêts à mettre le prix.”Les clients comprennent que c’est un mets de luxe”, commente derrière les fourneaux le chef Tomoyuki Takashino, avant d’embrocher une anguille qu’il vient de tuer et de découper en filet. Le plat d’unaju, une anguille sur du riz servie dans une boîte en laque, est facturé 5.250 yens (29 euros au cours actuel). M. Takashino dit avoir vu le prix plus que doubler en quinze ans.La quasi-totalité des anguilles consommées au Japon viennent de l’élevage en aquaculture, qui repose entièrement sur la pêche ou l’importation de civelles, le poisson ne se reproduisant pas en captivité.- Impact “considérable” sur la filière -“Nous achetons les civelles, que nous élevons dans ces six bassins”, explique Takayuki Hiranuma, qui dirige la ferme d’aquaculture attenante au restaurant. Derrière lui ondulent 80.000 anguilles, dans une eau maintenue à 30°C et filtrée en permanence. En dix mois d’élevage, leur poids sera multiplié par 1.000, avant qu’elle soient vendues ou cuisinées sur place. Si la proposition d’inscription des anguilles était adoptée, “on dit que le commerce international ne serait plus aussi fluide. C’est un point qui nous inquiète énormément”, admet M. Hiranuma, jugeant que l’impact sur la filière serait “considérable”.Pour cette raison, le gouvernement japonais refuse la proposition de l’UE, s’appuyant notamment sur une étude de l’Université océanographique de Tokyo selon laquelle la population d’anguille du Japon a triplé depuis 1990.Le Japon a également mis en place des systèmes de quotas de pêche et de permis d’élevage, souligne auprès de l’AFP Tetsuya Kawashima, un responsable de l’Agence japonaise de la pêche. “Et nous coopérons avec la Chine, la Corée du Sud et Taïwan, territoires où vit l’anguille du Japon, pour limiter les quantités de civelles capturées et améliorer la gestion des stocks”, ajoute-t-il.Tokyo cite également l’avis d’un groupe d’experts de la FAO  – organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture – jugeant “faible” le risque d’extinction des anguilles japonaise et américaine.- “Plus grand crime contre la faune” -Mais pour Andrew Kerr, de l’organisation Sustainable Eel Group (SEG), ces constats ignorent le trafic d’anguilles, qu’il qualifie de “plus grand crime contre la faune” de la planète.”Toutes sortes de stratagèmes sont utilisés pour faire passer une espèce pour une autre. Et ainsi, le trafic peut prospérer”, explique-t-il.L’approvisionnement asiatique a recours à la contrebande de civelles depuis l’UE, qui en a interdit l’exportation en 2010. Quelque 100 tonnes de civelles transiteraient ainsi chaque année, selon Europol.Mais “avec les nombreuses arrestations et démantèlements de chaînes d’approvisionnement illégales, l’arrivage européen a diminué et nous voyons l’essor des expéditions d’anguilles depuis les Caraïbes”, note M. Kerr.L’anguille américaine est “désormais menacée”, souligne-t-il.S'”il ne s’agit pas de leur risque imminent d’extinction”, M. Kerr insiste sur l’enjeu “de créer un sorte d’ordre mondial dans le commerce de l’anguille”.