L’extinction de C8 et NRJ12 confirmée par le Conseil d’État

C8, la chaîne de Cyril Hanouna, et NRJ12 s’arrêteront bien le 28 février au soir: le Conseil d’État a rejeté mercredi leur dernier recours contre le non-renouvellement de leur fréquence télé par l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel.L’extinction de C8 désormais confirmée, l’avenir de Cyril Hanouna, sa tête d’affiche, est plus que jamais en suspens.L’animateur vedette pourrait quitter le groupe Canal+, auquel appartient C8, et rejoindre le groupe M6, avec lequel des discussions sont en cours. Des médias lui prêtent même des ambitions politiques, ce dont il s’est toutefois défendu.Malgré l’arrêt de C8, “on risque de me voir encore plus qu’avant”, a-t-il lancé dans son émission sur Europe 1 en réaction à la décision du Conseil d’État.A la veille de l’arrêt de sa chaîne actuelle, il présentera une dernière soirée en direct le 27 février.Très attendue, la décision finale du Conseil d’État marque l’épilogue d’une longue bataille judiciaire pour les deux chaînes, jalonnée par plusieurs revers.- Porte entrouverte -“L’Arcom n’a pas commis d’illégalité en écartant C8 et NRJ 12 au profit des autres candidats sur la base de son appréciation de chacun des dossiers et de la comparaison de leurs mérites respectifs”, a estimé la plus haute juridiction administrative.Le groupe Canal+ a aussitôt dénoncé une décision “incompréhensible”, qui entraîne “l’éviction pure et simple” de sa chaîne et met en péril 400 emplois.Hanouna, lui, a fustigé une décision “cousue de fil blanc”: “C’est magouilles et compagnie”.Le Conseil d’État laisse toutefois une petite porte entrouverte. Il demande à l’Arcom d’étudier la possibilité d’un nouvel appel à candidatures pour quatre fréquences qui seront vacantes à partir de juin. En théorie, cela pourrait permettre à C8 et NRJ12 de postuler à nouveau.En juillet, toutes deux avaient été écartées par l’Arcom de la présélection des chaînes retenues pour la ré-attribution des fréquences de TNT (télévision numérique terrestre) arrivant à échéance le 28 février.Le régulateur avait confirmé ce choix le 12 décembre en dévoilant la liste définitive des 11 chaînes retenues, sans C8 ni NRJ12.Propriété du groupe Canal+, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, C8 a cumulé 7,6 millions d’euros d’amende en raison des dérapages de Cyril Hanouna. C’est l’une des motivations du non-renouvellement de sa fréquence par l’Arcom.”Le régulateur était juridiquement fondé à prendre en compte les manquements réitérés commis par la chaîne (…), notamment en matière de respect des droits de la personne, de protection des mineurs et de maîtrise de l’antenne”, a jugé le Conseil d’État.- Quatre fréquences -Il a en outre pointé des programmes “peu diversifiés” et fait valoir que C8 n’avait “jamais atteint l’équilibre financier”.Cette décision a soulevé les critiques de responsables politiques de droite. “La fermeture de C8 est choquante”, a commenté Laurent Wauquiez (LR). Éric Ciotti (UDR) y a vu une “décision purement politique”.Pour écarter NRJ12, l’Arcom s’est basée sur le fait que ses “engagements de diffusion de programmes inédits (étaient) substantiellement inférieurs à ceux d’autres candidats”, a poursuivi le Conseil d’État.Il a également souligné l’écart entre “les prévisions de croissance des recettes publicitaires” de NRJ12 et “le déclin de ses parts d’audience”.C8 et NRJ12 ont été évincées au profit de deux nouvelles chaînes: l’une, baptisée T18, est lancée par le groupe CMI France du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, et l’autre par le groupe Ouest-France.Début décembre, juste avant la liste définitive de l’Arcom, le groupe Canal+ avait annoncé qu’il retirerait de la TNT ses quatre chaînes payantes (Canal+, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport, Planète) à partir de juin. Il avait invoqué le non-renouvellement de C8 et “un environnement fiscal et réglementaire de plus en plus contraignant”.C’est au sujet de ces quatre fréquences que le Conseil d’État a interpellé l’Arcom.”L’Arcom doit, sans délai, reprendre une procédure de consultation publique et d’étude d’impact afin de décider si les quatre fréquences libérées quelques jours avant sa décision doivent faire l’objet d’un nouvel appel à candidatures”, écrit le Conseil d’État.

Crèches: perquisition “la semaine dernière” au domicile de la ministre Aurore Bergé

Le domicile de la ministre Aurore Bergé, soupçonnée d’avoir menti sous serment sur ses liens avec une lobbyiste des crèches privées, a été perquisitionné dans l’enquête qui la vise à Paris à la Cour de justice de la République (CJR) pour “faux témoignage”.Son domicile a été perquisitionné “la semaine dernière”, a appris mercredi l’AFP de sources proches du dossier.Le domicile de la lobbyiste, Elsa Hervy, et les bureaux de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC), dont elle est la déléguée générale, ont aussi été perquisitionnés, d’après ces sources.Les gendarmes de la section de recherches (SR) de Paris et trois magistrats instructeurs de la CJR cherchent à déterminer si les deux femmes ont une relation particulière, qui aurait pu être sciemment cachée par Aurore Bergé, alors ministre des Familles.”La perquisition qui a eu lieu n’est que la suite logique et attendue de l’instruction en cours”, a réagi auprès de l’AFP l’avocate de la ministre, Jade Dousselin.”Comme elle l’a indiqué, Aurore Bergé reste par principe à la disposition de la CJR pour que cette dernière puisse travailler sereinement”, a ajouté Me Dousselin.”Dans ce dossier, où Elsa Hervy et la Fédération sont sollicitées comme témoins, les perquisitions vont démontrer qu’Elsa Hervy et Aurore Bergé n’entretiennent pas de relation intime, amicale ou personnelle”, a déclaré à l’AFP Albane Lancrenon, avocate d’Elsa Hervy et de la FFEC.- “C’est surtout une copine :)” -Lancées fin janvier, les investigations portent sur des déclarations de la ministre faites sous serment devant une commission d’enquête parlementaire le 30 avril 2024.L’information judiciaire a été ouverte après un signalement du bureau de l’Assemblée nationale: des députés de La France insoumise et du groupe Ecologiste et Social soupçonnent la ministre d’avoir passé sous silence des relations avec les lobbys devant la commission sur le modèle économique des crèches.Sous serment, la ministre avait affirmé n’avoir aucun “lien personnel, intime ou amical, ni d’accointances” avec la déléguée générale de la FFEC.Or, dans son livre-enquête “Les Ogres” (Flammarion), sur les dérives de certains groupes privés de crèches, le journaliste Victor Castanet évoque un “pacte de non-agression” qui aurait été conclu entre Mme Bergé, à l’époque où elle était ministre des Familles (juillet 2023-janvier 2024), et Elsa Hervy.Aurore Bergé, alors députée Ensemble pour la République (EPR), avait rejeté les accusations et porté plainte en diffamation contre Victor Castanet.En réponse, le journaliste avait rendu publics des documents attestant selon lui d'”une entente entre Aurore Bergé et Elsa Hervy”.Parmi ces documents, un courriel adressé le 8 août 2023 par la ministre à sa directrice de cabinet, où elle dit à propos de Mme Hervy: “C’est surtout une copine 🙂 Elle sera très aidante avec moi”.- “Jamais eu de contrepartie” -Lors de la commission, un député LFI avait plusieurs fois demandé à la ministre comment Mme Hervy avait pu être “aidante”.”Il n’y a jamais eu de contrepartie”, a assuré la ministre.”Elsa Hervy est une personne que j’ai connue il y a des années dans un autre cadre de relation, mais avec laquelle je n’ai jamais eu une seule fois un rendez-vous privé en tête à tête”, avait-elle ajouté. Une enquête est en parallèle ouverte, depuis le 22 octobre à Paris, pour le vol de la correspondance de Mme Bergé, qui a porté plainte.Mme Hervy et la FFEC ont également déposé deux plaintes à Paris en novembre, souligne leur avocate: une pour diffamation et une pour atteinte au secret de la correspondance, notamment.Issue de LR, Aurore Bergé a été ministre des Solidarités et des Familles, puis en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes dans le gouvernement Attal.Privée de maroquin sous Michel Barnier, elle a retrouvé le ministère de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations le 23 décembre.La CJR est la seule juridiction habilitée à poursuivre et juger les membres du gouvernement pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions.

Friedrich Merz, un millionnaire au seuil de la chancellerie

Il a beau sourire beaucoup, de plus en plus, les Allemands ont du mal à fondre pour lui: le favori pour le poste de futur chancelier, Friedrich Merz, est un conservateur de la vieille école qui peine à se défaire de son image de millionnaire hautain.Le chef de file des conservateurs CDU/CSU, connu pour s’échauffer facilement, a essayé de renvoyer une image d’élu accessible lors de la campagne électorale en vue des législatives du 23 février.Lors d’un “petit déjeuner” dans sa ville natale de Brilon, bière à la main, il s’enflamme pour sa région du Haut-Sauerland. Dans une vidéo sur Instagram, on le voit attablé dans un Mac Donald’s, pour dit-il, “prendre des forces” avant un duel télévisé avec le chancelier Olaf Scholz. Le député de 69 ans, ancien rival malheureux d’Angela Merkel, reste pourtant mal aimé et pointe toujours derrière le chef de file des écologistes et même derrière son allié bavarois Markus Söder dans le baromètre de popularité de la télévision publique ZDF. Motif de consolation, il devance Olaf Scholz.- Flirt avec l’AfD ? -Friedrich Merz, pilote à ses heures et propriétaire d’un jet privé, n’en est pas moins à deux pas du poste suprême, son camp chrétien-démocrate restant nettement en tête des intentions de votes avec au moins 30%, devant l’Alternative pour l’Allemagne avec 20% (AfD, extrême droite).Le chef des conservateurs prêche un retour aux “valeurs traditionnelles” et un renversement complet de la politique migratoire héritée de l’ancienne chancelière Angela Merkel (2005-2021). Friedrich Merz a brisé un tabou d’après guerre en Allemagne qui voyait les partis traditionnels s’interdire toute coopération avec l’extrême droite, en faisant adopter fin janvier avec les voix de l’AfD une résolution non contraignante sur le droit d’asile. Il n’en martèle pas moins exclure toute coopération gouvernementale avec cette formation.Depuis qu’il a pris les rênes du parti conservateur en janvier 2022, Merz a voulu tirer un trait sur les années de centrisme d’Angela Merkel.Cette dernière l’avait écarté en 2002 du poste stratégique de président du groupe parlementaire CDU, le conduisant à se reconvertir dans la finance en 2009, notamment chez BlackRock, l’un des plus gros gestionnaires d’actifs au monde.- “Etre fier” de l’Allemagne -Atlantiste convaincu, il s’est engagé à ouvrir “un nouveau chapitre” avec les États-Unis de Donald Trump, tout en plaidant pour une “Europe unie” face au président américain. L’un de ses slogans de campagne – “une Allemagne dont nous pouvons de nouveau être fiers” après deux récessions successives dans le pays – fait écho à celui de Trump visant à “rendre sa grandeur à l’Amérique”. Il n’en est pas moins fervent partisan déclaré de l’aide militaire à l’Ukraine contre l’invasion russe. Pro-européen, il lorgne autant vers la Pologne que vers la France pour faire avancer l’UE, persuadé que l’équilibre des forces en Europe s’est déplacé vers l’Est. Cela pourrait marquer une inflexion avec ses prédécesseurs à la chancellerie.Ce catholique, marié à une juriste et père de trois enfants, s’est prononcé contre la parité entre femmes et hommes dans un gouvernement sous sa direction. Son parti a dit vouloir annuler la récente loi visant à faciliter le changement de genre. Ces positions sont “la réponse de la CDU au succès de l’AfD”, qui séduit avec ses positions “anti-woke” et hostiles aux étrangers, analyse l’hebdomadaire Die Zeit.Côté économie, Friedrich Merz, libéral convaincu, veut réduire les impôts des entreprises et la bureaucratie et durcir les conditions de l’aide sociale.”Le travail doit redevenir un plaisir”, plaide-t-il sans relâche, tout en excluant la moindre augmentation du salaire minimum.Ses adversaires sociaux-démocrates pointent régulièrement l’inexpérience de l’élu qui n’a encore assuré aucune fonction gouvernementale, enchaînant les mandats de député allemand ou européen.Ils raillent aussi “l’anachronisme” de ce “représentant de la République de Bonn”, ancienne capitale de l’Allemagne de l’ouest, rappelle Jacob Ross, du centre de réflexion allemand DGAP.Mais “beaucoup de gens aspirent actuellement à retrouver la stabilité des années 1980”, indique à l’AFP le politologue, qui y voit finalement un atout pour les ambitions du candidat Merz.

Court showdown in New York mayor row

Members of Donald Trump’s Justice Department were set to appear Wednesday before a federal judge to explain their extraordinary decision to drop corruption charges against New York Mayor Eric Adams, a move that triggered multiple protest resignations.US District Judge Dale Ho, who is presiding over the case, ordered the Washington prosecutors to attend a 2:00 pm (1900 GMT) hearing in Manhattan to explain the reasons for dismissing the charges just months before the embattled mayor of America’s largest city was slated to go to trial.In asking last week for the case against Adams to be dropped, acting Deputy Attorney General Emil Bove said the prosecution was restricting the Democratic mayor’s “ability to devote full attention and resources to illegal immigration and violent crime.”The remarkable request prompted allegations that it was a quid pro quo in exchange for Adams agreeing to enforce Republican President Trump’s immigration crackdown — a claim the mayor denies.”I want to be crystal clear with New Yorkers: I never offered — nor did anyone offer on my behalf — any trade of my authority as your mayor for an end to my case,” he said.Adams, who pleaded not guilty in September to charges of fraud and bribery, is facing growing pressure to resign, as the suggestion that he is beholden to the Trump administration triggers widespread condemnation.On Monday, the head of New York’s city council called on the mayor — who is up for reelection in November, with the competitive Democratic primary in June — to step down, and four deputy mayors announced that they were resigning.Governor Kathy Hochul, who has the power to remove Adams from office, met with “key leaders” on Tuesday to discuss what she called a “path forward with the goal of ensuring stability for the City of New York.”And city comptroller Brad Lander — who is also running for mayor — has threatened to invoke an untested, little-known lever of the City Charter allowing for convening an “inability committee” to remove a mayor unfit to lead the city.Whether he leaves office early or not, the ruckus appears to be dimming Adams’s chances at reelection, as polling increasingly suggests New Yorkers are fed up with him.- ‘Fool’ or a ‘coward’ -Danielle Sassoon, a Trump appointee and acting US attorney in Manhattan, and assistant US attorney Hagan Scotten who brought the case against Adams, resigned last week along with several Justice Department officials in Washington to protest the order to dismiss the charges.Scotten, the lead prosecutor, in a blistering letter to Bove, said only a “fool” or a “coward” would comply with the Justice Department demand to drop the case.In ordering Wednesday’s hearing, Judge Ho, citing previous rulings, noted that the government has “broad discretion” in deciding which cases to prosecute.But the court, in considering a request for dismissal, “must have sufficient factual information supporting the recommendation.”The Justice Department, which Trump has accused of unjustly prosecuting him, has been the target of a sweeping shakeup since the Republican took office and a number of high-ranking officials have been fired, demoted or reassigned.More than 800 former federal prosecutors released an open letter Monday condemning recent actions by Trump’s Justice Department that are not based on “the facts and the law” but appear intended “to serve solely political purposes.”Among those who signed the letter was Jack Smith, the former special counsel who brought two now-abandoned criminal cases against Trump — for conspiring to overturn the results of the 2020 election he lost to Democrat Joe Biden and for mishandling classified documents after leaving the White House.

L’Allemagne “à terre”, la grande angoisse de l’électorat d’extrême droite

Deux cerbères montent la garde à l’entrée du châtelet, mais l’ambiance à l’intérieur est détendue. Une trentaine de personnes, surtout des retraités, sont venues ce soir-là à Schwedt-sur-Oder, près de la frontière polonaise, écouter l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) parler de santé publique. Les sympathisants n’hésitent pas à s’éclipser pour commander une bière.De réunions en petit comité en visites sur les marchés, le parti d’extrême droite creuse patiemment son sillon en vue des élections législatives du 23 février, où les sondages lui prédisent un doublement de son score de 2021 à plus de 20%. Son carburant: la peur du déclassement, de l’immigration et la nostalgie du passé qui taraudent une part croissante des Allemands au quotidien.- Nostalgie du D-Mark -“Le pays entier est pratiquement à terre”, se lamente Frank Iffert, un retraité de 66 ans venu à la rencontre organisée à Schwedt, dans le Brandebourg. “Nous allions mieux avec le Deutsche Mark”, jure-t-il, alors que le parti promeut la sortie de l’euro et de l’Union européenne. Face à la crise industrielle qui affaiblit l’Allemagne pointe la nostalgie de l’après-guerre, quand “tout le monde a retroussé ses manches pour reconstruire le pays”.L’AfD se nourrit de la récession que connaît l’ancienne locomotive économique de l’Europe depuis deux ans.Ancien électeur du parti démocrate-chrétien conservateur CDU, Enrico Schulz voudrait encore “la même politique qu’à l’époque de (Helmut) Kohl”, le chancelier de la réunification, qui défendait les valeurs traditionnelles. Car ensuite avec le cap centriste imprimé par Angela Merkel, la CDU a “fortement déçu” ce chef de petite entreprise rencontré à Schönewalde, un village au nord de Berlin, où il a toujours vécu.Dans cette région de l’ancienne Allemagne de l’est communiste, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) pointe en tête des sondages avec près de 30% des voix.- “Moins d’Etat” -Car les habitants de l’ex-RDA communiste “reconnaissent cette folie” qui a un air de “déjà-vu”, affirme cet homme de 55 ans, dénonçant le poids des impôts qui ne récompenserait plus le travail. “J’ai vécu le socialisme, je n’en ai pas besoin une deuxième fois”, affirme ce partisan du “moins d’Etat”.Dominateur à l’est, le parti fondé en 2013 pour s’opposer à l’euro progresse désormais aussi à l’ouest.A Francfort, Manuel Steiof, 38 ans, se souvient d’une enfance paisible quand “tout allait bien” et qu’il pouvait “se promener seul”.Il a grandi à Höchst, un ancien village qui a gardé son château et ses maisons à colombages, mais a perdu son fleuron industriel: le groupe chimique et pharmaceutique éponyme fait désormais partie du géant Sanofi-Aventis.Comme son père et son arrière-grand-père, Manuel travaille dans une usine pharmaceutique du parc industriel, où il garde le souvenir d’ouvriers omniprésents dans la vie quotidienne, avec leurs “vélos rouges et salopettes bleues”.- Une dent contre Merkel -Parmi les électeurs interrogés par l’AFP, le nom de l’ex-chancelière Angela Merkel revient souvent. Et pas en bien. Beaucoup la jugent responsable de ce qu’ils vivent comme un déclassement, même si les statistiques montrent que l’Allemagne reste l’un des pays les plus riches et performants au monde.Deux décisions en particulier ont du mal à passer dans cet électorat: la sortie de l’énergie nucléaire suite à l’accident de la centrale japonaise de Fukushima en 2011, et surtout l’accueil de plus d’un million de réfugiés lors de la “crise migratoire” de 2015.Les centrales nucléaires allemandes étaient “parmi les plus sûres” au monde, s’agace Enrico Schulz, fustigeant les énergies solaires et éoliennes appelées à les remplacer.- Anti-migrants -Quant à l’immigration, c’est la source première de mécontentement des électeurs AfD, amplifiée par de récents attentats, comme celui à la voiture-bélier commis par un jeune Afghan à Munich.Le Brexit est “de la faute de Merkel” car les Britanniques “en avaient assez” de l’afflux de migrants encouragés par l’ex-chancelière, veut croire Enrico.Bénévole dans l’humanitaire, Manuel Steiof dit quant à lui avoir observé en 2015 que les réfugiés syriens étaient “tous de jeunes hommes” venus seulement pour des raisons économiques.Les réfugiés sont “pris en charge” alors que “nous n’avons pas reçu un tel soutien” plus jeunes, déplore Karin Stieff-Kuhn, une retraitée de 78 ans d’une banlieue aisée de Francfort.- Electorat peu diplômé -Pour Tobias Rothmund, spécialiste en psychologie et radicalisation de l’extrême droite à l’université de Iéna, la “colère” et l'”insatisfaction” des électeurs de l’extrême droite en Allemagne sont liés “à l’expérience de la privation”, même si ces sentiments “ne correspondent pas nécessairement à leur situation objective”.L’universitaire dresse le portrait-type de l’électeur AfD: un “homme, rural, qui n’a pas fait d’études universitaires, sceptique vis-à-vis des médias publics” et “ouvert aux médias alternatifs”.Soit le profil d’Enrico Schulz, qui dit s’informer “le plus largement possible” et partage ses contenus avec des “groupes de résistance” sur les messageries.- Pro-russe -Critiques des questions d’identité de genre – un débat “insensé” s’étrangle Stieff-Kuhn – et des drapeaux LGBTQ – “accrochés partout”, s’agace Manuel Steiof – les sympathisants de l’AfD se rejoignent en ce moment sur une autre cause: leurs positions pro-russes dans le conflit ukrainien.Pour Jenny Lüdcke, 34 ans, rencontrée à Schwedt, Vladimir Poutine n’est pas “le seul responsable” de la guerre car “l’UE et l’OTAN ont constamment violé les traités” passés avec Moscou.D’autres reprennent sans broncher la propagande du Kremlin. L’Ukraine est “pratiquement un pays fasciste” où “l’opposition est interdite”, soutient Frank Iffert, ignorant le sort réservé aux dissidents en Russie, souvent emprisonnés ou contraints à l’exil. Il dénonce les centaines de milliers de réfugiés ukrainiens qui “viennent ici depuis des années, par bus, prennent leur allocation et retournent chez eux”.- Fin de la repentance ? -Autre sujet de révolte contre une pensée perçue comme dominante: le poids de l’histoire en Allemagne, où la politique mémorielle autour des crimes nazis est régulièrement remise en cause par les dirigeants de l’AfD.Pour Jenny Lüdcke, “chaque pays a commis des atrocités à un moment donné” et l’Allemagne est “le seul pays à être continuellement cloué au pilori, alors que nous, la génération actuelle, n’y sommes pour rien”.Pour cette employée dans le secteur de la téléphonie mobile, “l’étiquette nazie”, que les détracteurs de l’AfD lui collent, a “toujours été utilisée pour restreindre la liberté d’expression”. Même si le Renseignement Intérieur allemand lui-même s’inquiète des risques de dérive du mouvement.Manuel Steiof assure avoir lui aussi été qualifié comme tel lorsqu’il s’est opposé à la vaccination contre le Covid. Il a depuis systématiquement voté AfD, beaucoup plus sceptique vis-à-vis du vaccin.Pour l’expert Tobias Rothmund, cette “dynamique d’exclusion” ressentie par les électeurs de l’AfD entraîne “une radicalisation supplémentaire”, y compris des plus modérés.Dans un pays en proie au “mécontentement”, estime Jenny Lüdcke, “l’AfD est le seul parti qui veut vraiment changer quelque chose”. Elle dit croire à une accession au pouvoir rapide. “Peut-être même cette année”.

Georges Abdallah, la saga de l’ex-ennemi public n°1 oublié en prison

Il est selon ses défenseurs le plus vieux “prisonnier politique” de France mais son nom n’évoque plus grand-chose à beaucoup aujourd’hui, et seuls une poignée de militants propalestiniens se battent encore pour sa liberté. Il y a 40 ans pourtant, le Libanais Georges Ibrahim Abdallah était l’ennemi public n°1.Le 24 octobre 1984, Abdallah, un jeune instituteur libanais de 33 ans, se réfugie dans un commissariat lyonnais. Il se sent suivi, pense que les services secrets israéliens du Mossad en veulent à sa vie. Derrière lui se trouvent en fait les renseignements français de la DST, qui avaient remonté sa trace après l’arrestation dans un train à la frontière italo-yougoslave d’un de ses proches, chargé de sept kilos d’explosifs. Il est incarcéré.Les renseignements connaissaient déjà Abdallah, membre des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) un groupuscule de jeunes marxistes libanais, tous originaires du même village chrétien au nord du pays, qui a pris les armes après l’invasion du Liban par Israël en 1982. Les FARL ciblent les intérêts d’Israël et de son allié américain à l’étranger. Avant l’arrestation d’Abdallah, elles avaient frappé cinq fois en France, tuant deux diplomates en 1982, l’Américain Charles Robert Ray, puis l’Israélien Yacov Barsimantov, considéré comme le responsable du Mossad en France, abattu par une femme devant son épouse et ses deux enfants.- L’échange raté -Quelques mois plus tard, en mars 1985, au Liban, le directeur du centre culturel français de Tripoli, Gilles Peyroles, est kidnappé. Les FARL revendiquent et donnent “48 heures” à la France pour libérer Abdallah.Paris, qui pour l’heure n’a pas grand-chose contre Abdallah, à part deux faux passeports trouvés sur lui, accepte de l’échanger contre Gilles Peyroles, qui est libéré le 2 avril.Mais Abdallah ne le sera pas, car quelques jours plus tard, la presse révèle que les autorités ont des preuves de son implication dans les meurtres des deux diplomates: ses empreintes découvertes dans une planque parisienne bourrée d’explosifs et d’armes, dont le pistolet qui a servi aux deux assassinats.Le deal vole en éclat. Il n’est plus question de faire libérer Abdallah, désormais considéré comme le chef des FARL en France et accusé de complicité d’assassinats. D’autant que les États-Unis mettent la pression et se constituent partie civile.”J’ai un problème de conscience avec cette affaire. La France a trahi la parole donnée”, dira l’ex-directeur de la DST Yves Bonnet.- Terreur à Paris -Moins d’un an plus tard, entre décembre 1985 et septembre 1986, Paris est visée par une vague d’attentats meurtrière, inédite depuis la guerre d’Algérie: 15 bombes explosent, qui font 13 morts et plus de 250 blessés. Le plus sanglant (7 tués) frappe le magasin Tati de la rue de Rennes.Un mystérieux groupe revendique à chaque fois ou presque: le “Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient”, qui réclame la libération de trois hommes détenus en France, dont Georges Abdallah. Les deux autres ont été condamnés à la perpétuité: le Libanais Anis Naccache, pour avoir tenté de tuer le dernier premier ministre du Chah d’Iran Chapour Bakhtiar en 1980 (2 morts), et l’Arménien Varoujan Garbidjian, pour l’attentat au comptoir de Turkish Airlines à Orly en 1983 (8 morts).La psychose s’installe, les policiers sont sur les dents.- La chasse aux frères -Peu à peu, les enquêteurs ne se concentrent plus que sur Abdallah et sur ses frères Maurice (23 ans) et Robert (20 ans), qu’un témoin aurait identifié comme poseur de bombe. Leurs photos sont placardées dans les lieux publics, avec la promesse d’une récompense d'”un million de francs” pour tout renseignement. Du “jamais vu en France”, dit la presse.Pour clamer leur innocence, les deux frères organisent une conférence de presse au Liban, où ils martèlent n’avoir pas quitté le pays depuis plus de deux ans, montrent leurs attestations d’examens à l’université.Puis survient l’attentat de la rue de Rennes, où un autre frère Abdallah est “reconnu” par un témoin: Emile, 26 ans, qu’un journaliste de l’AFP au Liban verra pourtant une vingtaine d’heures plus tard dans la maison familiale des Abdallah dans les montagnes arides du nord du pays, rentrant du travail attaché-case à la main.Tous les notables du village, curé compris, jurent qu’aucun des frères n’a quitté la région depuis des mois, mais les enquêteurs français restent persuadés qu’il a pu faire un aller-retour express, par exemple en avion privé.- Procès sous tension -C’est dans ce contexte que s’ouvre le 23 février 1987 le procès de Georges Abdallah pour les assassinats des deux diplomates. Dans un palais de justice aux allures de camp retranché par crainte des attentats, l’accusé, 35 ans, entre dans le box, en veste militaire kaki.”Grand, brun, les épaules larges, le nez busqué, les joues creuses mangées par une barbe drue, les sourcils épais et rapprochés”, il déclare: “Je suis un combattant arabe, je ne suis pas un criminel”, relate l’AFP. Puis il lit un texte attaquant “l’impérialisme américain et sioniste” et quitte la salle d’audience sans jamais y revenir.Déjà condamné à Lyon à quatre ans de prison pour les faux passeports en 1986, il encourt cette fois la perpétuité.Le réquisitoire prend tout le monde de court. Blanc comme un linge, l’avocat général demande à la cour de rendre une “justice responsable” en prenant en compte le sort des otages français encore détenus au Liban. Et la “supplie”, “la mort dans l’âme”, de ne pas le condamner à plus de dix ans de prison.Mais Abdallah écope de la perpétuité. Dans les rues de France, un mélange de fierté – “on a une justice digne de ce nom” – et de crainte – “plus question d’aller faire ses courses dans les grands magasins le samedi”.- Hillary et Laurent -Deux mois après le procès, la thèse des Abdallah auteurs de la vague d’attentats s’effondre car les véritables responsables – pro-Iraniens – sont arrêtés. Leur chef Fouad Ali Saleh, un Tunisien rallié au Hezbollah, écopera de la perpétuité en 1992. Il est toujours incarcéré en France.Les médias passent à autre chose, et Georges Abdallah tombe peu à peu dans l’oubli.”Il est désormais évident qu’Abdallah fut en partie condamné pour ce qu’il n’avait pas fait”, dira dans ses mémoires en 2022 l’ex-juge antiterroriste Alain Marsaud.Libérable à partir de 1999, Georges Abdallah voit sa dizaine de demandes de libération conditionnelle échouer. En janvier 2013, une lueur d’espoir: pour la première fois, la justice valide sa demande, sous réserve que le gouvernement signe son arrêté d’expulsion. Son avocat Jacques Vergès est “satisfait”, lui qui avait demandé à la justice française de ne plus “se comporter comme une putain face au maquereau américain”. Le lendemain, comme le révèleront des documents WikiLeaks, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton dit au téléphone à “Laurent” – Fabius, son homologue – espérer que le gouvernement trouve “une autre base pour contester la légalité de la décision”.L’arrêté d’expulsion ne sera jamais signé, et Abdallah reste en prison. Contrairement à la plupart des “prisonniers politiques” d’Action Directe, des Corses, des Basques ou d’Anis Naccache, gracié par François Mitterrand au nom de l’apaisement avec l’Iran, et Varoujan Garbidjian, expulsé en 2001.Aujourd’hui Georges Abdallah, sa grosse barbe noire devenue blanche, a 73 ans et vit dans une cellule de la prison de Lannemezan (sud-ouest), ornée d’un drapeau rouge de Che Guevera et où s’empilent les journaux et lettres reçues en 40 ans de prison. Il a toujours refusé d’indemniser les parties civiles ou de renier ses convictions.Tout le monde semble l’avoir oublié, sauf son comité de soutien… et les États-Unis, qui ont écrit à la justice avant qu’elle examine une nouvelle demande de libération en décembre, pour s’y “opposer vigoureusement”. La décision sera rendue jeudi.burs-mdh/bfa/jp

Burundi, Uganda manoeuvre as DR Congo violence spreadsWed, 19 Feb 2025 16:07:28 GMT

Countries bordering the eastern Democratic Republic of Congo sought to shore up defences on Wednesday as violence spreads through the region, with Burundi forced to pull back troops and Uganda securing a key city.There are fears the escalation of fighting between troops and militias in the vast mineral-rich region could trigger a repeat of the …

Burundi, Uganda manoeuvre as DR Congo violence spreadsWed, 19 Feb 2025 16:07:28 GMT Read More »

Olaf Scholz, l’impopulaire chancelier qui croit quand même en sa victoire

Le doute ? Très peu pour lui. Malgré des records d’impopularité, le social-démocrate Olaf Scholz croit fermement que sa pugnacité et son sang-froid lui permettront de décrocher un nouveau mandat à la tête de l’Allemagne.A un journaliste “fasciné par son optimisme”, le dirigeant a affirmé cette semaine qu’il évaluait “à 60%” ses chances de victoire le 23 février, envers et contre tous les sondages qui prédisent au parti de centre gauche SPD le plus mauvais score de son histoire.Sa référence : les législatives de 2021, lorsque Scholz, alors ministre des Finances d’Angela Merkel, avait déjoué tous les pronostics en remportant le scrutin.Sa recette pour essayer de regagner du terrain : un coup de barre à gauche avec une campagne où les “camarades” sociaux-démocrates défendent augmentation du salaire minimum, réduction de la TVA sur les produits alimentaires à 5%, meilleure protection des locataires.Depuis fin janvier, Olaf Scholz tente aussi de mobiliser contre son rival conservateur Friedrich Merz, critiqué pour avoir fait cause commune avec le parti d’extrême droite AfD contre l’immigration.Accusant son adversaire d’avoir trahi sa parole, d’être “une tête brûlée”, le chancelier de 66 ans veut rassurer une Allemagne déboussolée par la crise économique qu’elle traverse et les bouleversements géopolitiques.- “Nouvelle ère” -“Un chancelier doit garder ses nerfs”, a-t-il répété lors du dernier débat parlementaire cette semaine.Surnommé l'”automate” pour son style austère et ses discours ternes sur la scène internationale, Olaf Scholz revendique cette image “de dirigeant un peu taciturne, qui réfléchit avant de parler”, observe le politologue Antonios Souris de l’Université libre de Berlin.Le pacifiste au front dégarni avait surpris par sa réaction déterminée à l’attaque de l’Ukraine par la Russie en février 2022.Dans un discours au Bundestag, applaudi jusque dans les rangs conservateurs, il avait acté un tournant historique, “une nouvelle ère” nécessitant d’augmenter drastiquement les dépenses militaires allemandes, à rebours de la longue tradition du pays.Il a tourné d’un coup la page des seize années Merkel et rompu avec la Russie, qui fournissait jusqu’alors à l’Allemagne de l’énergie à bas prix pour sa puissante industrie.Mais son “manque de communication et de charisme” l’ont mal préparé à diriger une coalition tripartite, avec les Verts et les libéraux, en proie à des luttes intestines permanentes, estime Antonios Souris.De nombreux électeurs considèrent qu’il a été “tout simplement dépassé par son rôle de dirigeant”, selon le politologue. Sa coalition gouvernementale a fini par éclater prématurément en novembre. Ses tergiversations dans les grands dossiers diplomatiques ont régulièrement agacé ses partenaires, dont la France.- Cheveux longs -“Il m’a dit à douze ans qu’il voulait devenir chancelier”, a déclaré son père, Gerhard Scholz, voyageur de commerce, au quotidien allemand Bild à propos de l’aîné de ses trois fils.Né le 14 juin 1958, élevé près de la ville de Hambourg (nord), Scholz a fait ses classes au sein du puissant mouvement des jeunes du SPD, les “Jusos” dans les années 1970. Activiste de gauche aux cheveux longs, il est alors un pilier des manifestations pour la paix durant la guerre froide.Dans les années 1980, il devient vice-président des “Jusos”, mais jugé trop à gauche, il échoue à en devenir le leader.Après une formation de juriste spécialisé dans le droit du travail, il fonde son propre cabinet d’avocats à Hambourg, deuxième ville d’Allemagne dont il a été maire plus de sept ans.Il vit désormais à Potsdam, dans la banlieue cossue de Berlin, avec son épouse Britta Ernst, également membre du SPD et qui fut un temps ministre régionale. Ils n’ont pas d’enfants.C’est au cours de son mandat de secrétaire général du SPD, de 2002 à 2004, qu’il s’est vu affubler du surnom de “Scholzomat” pour sa propension à répondre aux questions de manière monocorde et son infatigable défense des impopulaires réformes du chancelier Gerhard Schröder.Alors que le magazine Spiegel l’avait qualifié d”incarnation de l’ennui en politique” Olaf Scholz a tenté de rafraîchir son image avec une incursion sur le réseau social TikTok. Il y a présenté un “ami fidèle”, son cartable noir et usé dans lequel il range ses dossiers, sa tablette et ses lunettes.

Australie: les autorités euthanasient des dizaines de dauphins échoués en Tasmanie

Des agents de protection de l’environnement commencent mercredi à euthanasier 90 dauphins échoués sur une plage de Tasmanie, en Australie, ont-ils annoncé après l’échec de tentatives de remise à l’eau.Cent cinquante-sept dauphins au total se sont échoués en l’espace de 48 heures près d’Arthur River, une localité peu peuplée du nord-ouest de la Tasmanie, île située dans le sud-est de l’Australie.Selon le département de l’Environnement local, il semble s’agir d’un banc de fausses orques, des gros dauphins prédateurs. Seuls 90 de ces spécimens étaient vivants mercredi après-midi, d’après la même source.Sur des photos diffusées par les autorités, des dizaines de dauphins d’un noir brillant apparaissent étendus sur le sable le long d’une plage à marée basse.A l’issue d’une expertise vétérinaire, “nous avons pris la décision d’euthanasier les animaux”, a déclaré à la presse l’agente de protection de la faune sauvage Shelley Graham. “Cela va probablement être le plan d’action pour les 90″ animaux, a-t-elle ajouté. Les tentatives de remise à l’eau des dauphins, pouvant peser plus d’une tonne chacun, ont tourné court, a relaté le biologiste Kris Carlyon.”C’est probablement le lieu le plus difficile que j’ai vu en 16 ans d’expérience dans ce domaine en Tasmanie. Il est extrêmement isolé, extrêmement difficile d’accès. Nous avons fait de notre mieux ce matin mais nous sommes à court d’options pour une remise à l’eau réussie”, explique M. Carlyon.”L’euthanasie d’un animal de cette taille, ce n’est pas un exercice simple”, a-t-il admis.Plus tôt, le département local de l’Environnement avait fait état de “conditions océaniques et de la difficulté à acheminer un équipement spécialisé dans ce lieu reculé”.Des échouements massifs de cétacés sont de plus en plus fréquemment constatés à travers le monde, un phénomène dont les causes n’ont pas été scientifiquement établies à ce jour mais qui pourrait être lié à l’activité humaine.- “Compte à rebours” -En Australie, des dizaines de dauphins pilotes s’étaient échoués sur une plage à l’extrémité sud-ouest du pays en avril dernier.”Au moment où (un cétacé) s’échoue, le compte à rebours pour sa survie s’enclenche”, explique la spécialiste de la vie marine Vanessa Pirotta.”Nous ne comprenons pas encore pourquoi (les cétacés) s’échouent”, ajoute-t-elle.”La Tasmanie s’est révélée être un point chaud pour les échouements de masse comme celui-ci. Peut-être que c’est sa situation géographique, qui rend difficile de naviguer autour d’elle”, avance l’experte.”Souvent, nous ne faisons pas la lumière sur la cause fondamentale” de ce phénomène, indique Kris Carlyon. Ces animaux “ont vraiment de forts liens sociaux. Un spécimen désorienté peut attirer les autres vers le rivage”, décrit-t-il.Selon Brendon Clark, un agent local de protection de la faune sauvage, ces animaux sont les premiers à s’être échoués dans cette partie de la Tasmanie depuis une cinquantaine d’années. Les fausses orques peuvent mesurer jusqu’à six mètres de long. Comme d’autres delphinidés, ces cétacés également appelés faux épaulards sont des animaux grégaires qui forment souvent des bancs de 50 individus ou plus.