Birmanie: l’attente angoissante des milliers de petites mains des centres de cyberfraude

Tourmentés par la chaleur la journée, et les moustiques la nuit, des milliers de travailleurs exploités dans des centres de cyberfraude birmans attendent de rentrer chez eux, mais les opérations de rapatriement tardent à leurs yeux.”La situation n’est vraiment pas bonne. On ne peut pas aller aux toilettes, ni prendre une douche, il y a beaucoup de moustiques et il fait très chaud”, explique un Malaisien de 18 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom.”J’espère pouvoir contacter mes parents rapidement pour rentrer” à la maison, poursuit-il auprès de l’AFP.Lancée mi-février, une opération d’envergure, organisée par la Birmanie, la Thaïlande et la Chine, vise à rapatrier plus de 7.000 petites mains des centres de cyberfraude qui pullulent autour de Shwe Kokko, Eldorado birman pour les escrocs en tous genres, situé sur la frontière thaïlandaise.Si un premier groupe d’environ 600 Chinois ont regagné leur pays entre le 20 et le 22 février, les tractations se poursuivent pour une grande partie des travailleurs, désespérés du cauchemar qui semble sans fin.L’AFP a pu en rencontrer certains à Myawaddy, près de Shwe Kokko, où ils patientent dans des centres grossièrement construits, sans accès aux points d’hygiène élémentaires, ni téléphone portable pour certains.Lorsqu’ils ne dorment pas à même le sol, certains jouent aux cartes pour passer le temps. Les autorités n’ont pas précisé de calendrier, devant la complexité d’un dossier hors normes.- A l’étroit -Les Forces des gardes-frontières (BGF) de l’Etat Karen, une milice ethnique qui contrôle la région de Shwe Kokko avec la bénédiction de la junte, ont promis une expulsion rapide vers la Thaïlande, mais Bangkok doit se coordonner avec une trentaine d’ambassades pour finaliser leur rapatriement.Certains pays n’ont pas de représentant dans le royaume, a indiqué un vice-Premier ministre thaïlandais.Plus de deux tiers des victimes sont chinoises, mais les autres viennent de nombreux autres territoires d’Asie et d’Afrique: Vietnam, Indonésie, Philippines, Inde, Ethiopie, Kenya ou Ghana, entre autres.”Les gens doivent rester les uns sur les autres”, a déclaré Naing Maung Zaw, porte-parole des BGF.”Nous devons cuisiner trois repas pour des milliers de personnes, et nous occuper des soins de santé”, a-t-il insisté.Aux pays concernés, “s’il vous plaît, venez et rapatriez vos citoyens qui veulent rentrer chez eux”, a-t-il appelé.Les centres de cyberfraude se sont multipliés en Birmanie, en profitant de la guerre civile qui fait rage depuis le coup d’Etat du 1er février 2021.Ces complexes, bâtis comme des forteresses, génèrent des milliards de dollars de revenus par an, selon les experts, grâce à une main-d’oeuvre captive, attirée par la fausse promesse d’un emploi rémunérateur.- “Conscience tranquille” -Sur place, les conditions de travail laissent cours à de graves violations des droits humains: violences physiques et sexuelles, confiscation du passeport, menace de prélèvement d’organes, ont détaillé les Nations unies dans un rapport de 2023.Les centres de cyberfraude emploieraient au moins 120.000 petites mains en Birmanie, a indiqué l’ONU.”Si tu ne voulais pas travailler, ils te punissaient et ne payaient pas ton salaire”, décrit M. Shen, 24 ans, originaire de la province chinoise de Jiangxi (sud-est), qui explique avoir été roué de coups deux à trois fois par semaine.Les autorités chinoises n’ont pas livré de détails sur ce qui attendait ses citoyens une fois de retour au pays.”J’ai la conscience tranquille que je n’ai rien fait de mal, donc je ne crains pas d’être interrogé”, poursuit-il.Un autre ressortissant chinois, qui se présente sous le patronyme de Wang, se dit “très heureux” de quitter cet endroit prochainement. “Je vais enfin m’échapper de cet enfer”, dit-il.Un homme indien a raconté à l’AFP avoir pour sa part appelé “deux, trois” fois son ambassade, sans résultat.”Il y a tellement de problèmes, la nourriture principalement. On est des hindous, on ne peut pas manger de la viande, du poulet, des Å“ufs, rien, seulement des légumes”, explique-t-il.Un Pakistanais s’inquiète à l’approche de Ramadan. “Pourquoi on ne peut pas aller en Thaïlande maintenant? On est coincés”, s’interroge-t-il.Des experts ont souligné l’amplitude de l’opération, mais ont émis des doutes sur son efficacité à long terme, face à des réseaux criminels puissants qui ont toujours su continuer à se développer en dépit des autorités.

La Poste dévoile ses résultats, ses missions de service public sous pression

La Poste publie jeudi des résultats annuels très attendus, au moment où la Cour des comptes préconise de raboter ses missions de service public, à quelques mois du départ de son patron Philippe Wahl.Durant ses douze années de mandat, qui s’achèveront fin juin, M. Wahl aura eu à relever un défi de taille: compenser les faramineuses pertes liées à la baisse des volumes de courrier, pour maintenir le navire La Poste à flot.En dix ans, les revenus de La Poste se sont effrités de 6,5 milliards d’euros, “soit l’équivalent du chiffre d’affaires mondial d’un autre groupe public, la RATP”, aime rappeler le patron de La Poste.Sa stratégie a consisté à diversifier les activités du groupe: livraison express de colis, portage de repas aux personnes âgées, téléphonie…Le but est d’absorber le repli du courrier et la chute de fréquentation des points de contact de La Poste (17.000 aujourd’hui), divisée par plus deux deux entre 2008 et 2023.La Poste a conquis le marché stratégique du colis, en France et à l’international, avec ses marques Colissimo, DPD France et Geopost.En 2023, 44% de son chiffre d’affaires était réalisé à l’international et 53% porté par l’activité de colis.Mais la rentabilité du groupe, détenu à 66% par la Caisse des dépôts et consignations et à 34% par l’Etat, doit beaucoup à l’assureur CNP Assurances, filiale à 100% de la Banque Postale.En 2023, le groupe affichait un bénéfice net en baisse, à 514 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 34 milliards d’euros, en hausse.- Distribution six jours sur sept -Outre le repli des volumes de missives, La Poste doit également faire face à la sous-compensation par l’Etat des quatre missions de service public qui lui sont confiées : la distribution du courrier et de la presse, l’aménagement du territoire et l’accessibilité bancaire.Cette sous-compensation a coûté à La Poste 1,2 milliard d’euros en 2023, souligne fréquemment M. Wahl.Le 17 février dernier, la Cour des comptes a publié sur son site une note révélant qu’elle avait “analysé la trajectoire financière du groupe La Poste pour les exercices 2019 à 2023” et qu’elle avait formulé des préconisations auprès du Premier ministre.La juridiction financière juge la rentabilité des activités de diversification “insuffisante” tandis que Philippe Wahl défend sa stratégie ayant permis au groupe de “rester profitable” malgré les difficultés.La Cour des comptes recommande d'”adapter les missions de service public au recul de leur usage” et d’ajuster la compensation “à hauteur du déficit comptable qui en résulte”.Pierre Moscovici, dans ce référé adressé à Matignon, conseille de “s’interroger désormais sur la fréquence de distribution du courrier”, soulignant que la France était “l’un des derniers pays” en “6 jours sur 7”.Dans sa réponse, François Bayrou a évoqué des discussions en 2025 lors desquelles seront étudiés “les scénarios d’économies réalisables sur le service universel postal”.Sur l’aménagement du territoire, la Cour des comptes propose “des synergies plus fortes avec le programme France Services” – vraisemblablement l’intégration de bureaux de poste dans les locaux de France Services – pour réaliser des “économies rapides”.Les syndicats, eux, n’ont pas tardé à faire entendre leur mécontentement. Les préconisations de la Cour des comptes “auraient aussi un lourd impact sur les conditions de travail avec un alourdissement de la charge de travail et une recrudescence de l’absentéisme déjà très élevé”, dénonce FO.Sud PTT tance, lui, “une vision particulièrement étroite et focalisée sur les profits […], (une) attitude qui conforte les pouvoirs publics dans la voie de la dégradation des missions”.

‘Escaping hell’: Myanmar scam centre workers plead to go home

Hundreds of exhausted young men lie in an open-sided detention centre in a seedy Myanmar border town, sweating through thick tropical heat by day and prey to clouds of mosquitoes by night.They are among some 7,000 people from more than two dozen countries released from scam compounds who are now enduring a gruelling wait to be sent home through Thailand.Conditions in the overcrowded temporary camp visited by AFP in the town of Myawaddy, near the Thai border, were squalid and those held there were begging to leave.”It’s really no good,” one 18-year-old Malaysian man told AFP, saying the toilets and showers were so dirty they were unusable.”I hope I can contact my parents quickly so I can go.”A Chinese detainee who gave his family name as Wang said he was “very happy” at the prospect of getting out.”I can finally escape this hell… China is the safest,” he said.- ‘Help me, help me, help me’ – Scam centres have sprung up in Myanmar’s lawless border areas in recent years as part of a criminal industry worth billions of dollars a year.Thousands of foreign workers staff the centres, trawling social media for victims to fleece, often through romance or investment cons.Many workers say they were trafficked or tricked into taking the work and suffer beatings and abuse, though the government in China — where most come from — regards them as criminal suspects.Under heavy pressure from Beijing, Myanmar’s junta and allied militias have taken action to curb the centres.The “crackdown” has so far involved armed uniformed men coming to the sites and asking for volunteers to leave and go home, several freed workers told AFP in Myawaddy.But processing the workers for repatriation has been slow, leaving them trapped in limbo, smoking and playing cards to pass the time in the detention facility, which has a roof but no walls to keep the elements and insects out.Many had their passports confiscated by scam centre bosses, and those AFP spoke to said their mobile phones were taken away.An Indian man who said he was tricked into working in the scam centres after applying for a data entry job in Thailand, told AFP he had contacted his embassy in Bangkok several times.He begged them “help me, help me, help me. But no one helps me,” he said.”The feeling is not good because we are in trouble right now.”Myanmar’s raging civil war has complicated efforts to tackle the scam compounds, as most are in areas outside the ruling junta’s control.The Karen Border Guard Force (BGF), an independent militia allied to the junta, controls two of the most notorious scam towns, Myawaddy and Shwe Kokko.The BGF released thousands from illegal scam compounds last week and wants to swiftly deport them to neighbouring Thailand for repatriation, saying it is struggling to cope with looking after so many people.”People have to stay in cramped conditions,” said its spokesman Naing Maung Zaw.”We have to cook three meals to feed thousands of people and arrange their healthcare,” he said, adding he was worried about a possible outbreak of contagious diseases.- Struggling to cope – The United Nations estimates that as many as 120,000 people — many of them Chinese men — may be working in Myanmar scam centres against their will.Gangs that run the compounds lure people with promises of high-paying jobs, then force them to defraud people from around the world or face severe punishment and abuse.The sites on the Thai-Myanmar border vary in how they treat their staff, analysts say, and Thai officials have claimed that a majority of workers go there intentionally.Victims released from smaller compounds claim that as a more sophisticated operation, Shwe Kokko — one of the area’s biggest scam hubs — draws more people who willingly go there to commit fraud.But “not everyone living in Shwe Kokko is a criminal,” Naing Maung Zaw said.A Chinese man surnamed Shen denied allegations that the scam centre workers had travelled to Myanmar intentionally, saying he had been tricked and forced.”If I did it voluntarily, I would take all legal responsibilities,” he said.But so far China has treated all returning detainees — 600 were sent back last week — as suspects, with state TV showing them marched off the plane in handcuffs by police on their return home.Thailand, Myanmar and China are expected to hold three-way talks in the coming weeks to arrange logistics for further repatriations, with Thailand saying it is working with over a dozen foreign embassies.One of 14 detained Pakistani men who hoped to return before Ramadan said he felt abandoned by authorities after hearing of other repatriations.”We know we’re safe now. But it’s been eight days. So why can’t we go to Thailand now?” he told AFP.Stretched for resources to look after the hundreds of foreigners in their charge, Naing Maung Zaw pleaded to foreign embassies to “come and take your nationals … They want to go home.” 

COP16 biodiversité: sprint final à Rome pour un accord sur la finance pour la nature

Riches nations et pays en développement, d’accord sur l’urgence pour l’humanité de stopper sa destruction de la nature, se livrent une ultime bataille jeudi à Rome sur le financement de cet objectif vital, quatre mois après l’échec des négociations de la COP16 en Colombie.Le temps manque mais les milliards de dollars aussi pour que le monde tienne son objectif de cesser d’ici 2030 la déforestation, la surexploitation des ressources et les pollutions qui mettent en péril l’alimentation de l’humanité, la régulation du climat et la survie d’un million d’espèces, menacées d’extinction.Ce dessein, fruit de l’accord historique de Kunming-Montréal scellé fin 2022 lors de la 15e conférence de la Convention sur la diversité biologique (CDB), s’incarne dans un programme de 23 objectifs à réaliser d’ici 2030. Le plus emblématique prévoit de placer 30% des terres et mer dans des aires protégées (contre 17% et 8% actuellement, selon l’ONU).Deux ans plus tard, les 196 pays signataires de la CDB devaient s’accorder à la COP16 de Cali sur la manière de résoudre la faiblesse de financement de cette ambitieuse feuille de route.Celle-ci prévoit que le monde porte à 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 les dépenses consacrées à la nature, dont 30 milliards d’aide fournie par les pays développés aux pays pauvres (contre environ 15 milliards en 2022).- Créer un fonds ? -La manière dont l’argent doit être récolté et partagé est devenue toutefois si controversée, entre les grandes puissances et le reste du monde, qu’ils se sont quittés à Cali le 2 novembre sans accord, les obligeant à une prolongation à Rome, débutée mardi au siège de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).Après deux jours de négociations au bord du Circus Maximus, sur fond de détérioration des relations internationales et de guerres commerciales, les négociateurs ont reçu mercredi en fin de journée un nouveau texte établi par la présidence colombienne, qui cherche à naviguer entre les lignes rouges de chaque bloc.Le principal point d’achoppement est la revendication des pays en développement de créer un fonds dédié à la protection de la nature et placé sous l’autorité de la COP, comme prévu par le texte de la convention sur la biodiversité de 1992.Mais les pays développés – menés par l’Union européenne, le Japon et le Canada en l’absence des États-Unis, non-signataires de la convention mais important contributeur financier – y sont hostiles: ils craignent une fragmentation de l’aide au développement, déjà fragilisée par les crises budgétaires et l’effacement des Américains depuis l’élection de Donald Trump.Le compromis de la présidence colombienne prévoit d'”améliorer les performances” des instruments existants, en premier lieu le Fonds mondial pour l’Environnement (GEF, en anglais) et le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF, en anglais), une solution provisoire adoptée en 2022 et modestement dotée (400 millions de dollars).Le texte renvoie ensuite à la COP18, en 2028, le soin de décider s’il faut un nouveau fonds ou si ces instruments existants peuvent être transformés pour correspondre aux attentes des pays en développement, nombreux, pays africains en tête, à les juger inéquitables et difficiles d’accès.”Nous n’avons pas de temps à perdre, le monde nous regarde et nous avons la responsabilité de lui montrer que le multilatéralisme peut marcher”, a exhorté en plénière le ministre canadien de l’Environnement Steven Guilbeault, pour encourager à accepter le compromis.”Il s’agit d’un texte très soigneusement équilibré”, a abondé le représentant du Royaume-Uni, tandis que la ministre française Agnès Pannier-Runacher appelait à se résigner: “les textes satisfaisants pour tout le monde, ça n’existe pas”, a-t-elle déclaré à la presse.”Nous sommes réellement déçus”, leur a répondu le Brésil, par la voix de sa négociatrice en cheffe, Maria-Angelica Ikeda. La création d’un nouveau fonds “aurait dû être construite à la COP1 et nous avons seulement 15 COP de retard”, soit 30 ans, a-t-elle regretté.Le texte de compromis prévoit une feuille de route pour améliorer d’ici 2030 les différents circuits financiers destinés à la sauvegarde de la nature, afin de répondre aux difficultés des pays pauvres et endettés.Mais “il s’agit d’un processus extrêmement lourd avec de nombreuses étapes”, faisant peser la menace d’une “paralysie bureaucratique”, a déploré le délégué égyptien, tandis que la République démocratique du Congo multipliait les prises de paroles scandalisées.Les débats doivent reprendre à 10H00 et sont censés se conclure dans la soirée, même si la perspective d’une prolongation vendredi reste envisageable.

COP16 biodiversité: sprint final à Rome pour un accord sur la finance pour la nature

Riches nations et pays en développement, d’accord sur l’urgence pour l’humanité de stopper sa destruction de la nature, se livrent une ultime bataille jeudi à Rome sur le financement de cet objectif vital, quatre mois après l’échec des négociations de la COP16 en Colombie.Le temps manque mais les milliards de dollars aussi pour que le monde tienne son objectif de cesser d’ici 2030 la déforestation, la surexploitation des ressources et les pollutions qui mettent en péril l’alimentation de l’humanité, la régulation du climat et la survie d’un million d’espèces, menacées d’extinction.Ce dessein, fruit de l’accord historique de Kunming-Montréal scellé fin 2022 lors de la 15e conférence de la Convention sur la diversité biologique (CDB), s’incarne dans un programme de 23 objectifs à réaliser d’ici 2030. Le plus emblématique prévoit de placer 30% des terres et mer dans des aires protégées (contre 17% et 8% actuellement, selon l’ONU).Deux ans plus tard, les 196 pays signataires de la CDB devaient s’accorder à la COP16 de Cali sur la manière de résoudre la faiblesse de financement de cette ambitieuse feuille de route.Celle-ci prévoit que le monde porte à 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 les dépenses consacrées à la nature, dont 30 milliards d’aide fournie par les pays développés aux pays pauvres (contre environ 15 milliards en 2022).- Créer un fonds ? -La manière dont l’argent doit être récolté et partagé est devenue toutefois si controversée, entre les grandes puissances et le reste du monde, qu’ils se sont quittés à Cali le 2 novembre sans accord, les obligeant à une prolongation à Rome, débutée mardi au siège de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).Après deux jours de négociations au bord du Circus Maximus, sur fond de détérioration des relations internationales et de guerres commerciales, les négociateurs ont reçu mercredi en fin de journée un nouveau texte établi par la présidence colombienne, qui cherche à naviguer entre les lignes rouges de chaque bloc.Le principal point d’achoppement est la revendication des pays en développement de créer un fonds dédié à la protection de la nature et placé sous l’autorité de la COP, comme prévu par le texte de la convention sur la biodiversité de 1992.Mais les pays développés – menés par l’Union européenne, le Japon et le Canada en l’absence des États-Unis, non-signataires de la convention mais important contributeur financier – y sont hostiles: ils craignent une fragmentation de l’aide au développement, déjà fragilisée par les crises budgétaires et l’effacement des Américains depuis l’élection de Donald Trump.Le compromis de la présidence colombienne prévoit d'”améliorer les performances” des instruments existants, en premier lieu le Fonds mondial pour l’Environnement (GEF, en anglais) et le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF, en anglais), une solution provisoire adoptée en 2022 et modestement dotée (400 millions de dollars).Le texte renvoie ensuite à la COP18, en 2028, le soin de décider s’il faut un nouveau fonds ou si ces instruments existants peuvent être transformés pour correspondre aux attentes des pays en développement, nombreux, pays africains en tête, à les juger inéquitables et difficiles d’accès.”Nous n’avons pas de temps à perdre, le monde nous regarde et nous avons la responsabilité de lui montrer que le multilatéralisme peut marcher”, a exhorté en plénière le ministre canadien de l’Environnement Steven Guilbeault, pour encourager à accepter le compromis.”Il s’agit d’un texte très soigneusement équilibré”, a abondé le représentant du Royaume-Uni, tandis que la ministre française Agnès Pannier-Runacher appelait à se résigner: “les textes satisfaisants pour tout le monde, ça n’existe pas”, a-t-elle déclaré à la presse.”Nous sommes réellement déçus”, leur a répondu le Brésil, par la voix de sa négociatrice en cheffe, Maria-Angelica Ikeda. La création d’un nouveau fonds “aurait dû être construite à la COP1 et nous avons seulement 15 COP de retard”, soit 30 ans, a-t-elle regretté.Le texte de compromis prévoit une feuille de route pour améliorer d’ici 2030 les différents circuits financiers destinés à la sauvegarde de la nature, afin de répondre aux difficultés des pays pauvres et endettés.Mais “il s’agit d’un processus extrêmement lourd avec de nombreuses étapes”, faisant peser la menace d’une “paralysie bureaucratique”, a déploré le délégué égyptien, tandis que la République démocratique du Congo multipliait les prises de paroles scandalisées.Les débats doivent reprendre à 10H00 et sont censés se conclure dans la soirée, même si la perspective d’une prolongation vendredi reste envisageable.

COP16 biodiversité: sprint final à Rome pour un accord sur la finance pour la nature

Riches nations et pays en développement, d’accord sur l’urgence pour l’humanité de stopper sa destruction de la nature, se livrent une ultime bataille jeudi à Rome sur le financement de cet objectif vital, quatre mois après l’échec des négociations de la COP16 en Colombie.Le temps manque mais les milliards de dollars aussi pour que le monde tienne son objectif de cesser d’ici 2030 la déforestation, la surexploitation des ressources et les pollutions qui mettent en péril l’alimentation de l’humanité, la régulation du climat et la survie d’un million d’espèces, menacées d’extinction.Ce dessein, fruit de l’accord historique de Kunming-Montréal scellé fin 2022 lors de la 15e conférence de la Convention sur la diversité biologique (CDB), s’incarne dans un programme de 23 objectifs à réaliser d’ici 2030. Le plus emblématique prévoit de placer 30% des terres et mer dans des aires protégées (contre 17% et 8% actuellement, selon l’ONU).Deux ans plus tard, les 196 pays signataires de la CDB devaient s’accorder à la COP16 de Cali sur la manière de résoudre la faiblesse de financement de cette ambitieuse feuille de route.Celle-ci prévoit que le monde porte à 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 les dépenses consacrées à la nature, dont 30 milliards d’aide fournie par les pays développés aux pays pauvres (contre environ 15 milliards en 2022).- Créer un fonds ? -La manière dont l’argent doit être récolté et partagé est devenue toutefois si controversée, entre les grandes puissances et le reste du monde, qu’ils se sont quittés à Cali le 2 novembre sans accord, les obligeant à une prolongation à Rome, débutée mardi au siège de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).Après deux jours de négociations au bord du Circus Maximus, sur fond de détérioration des relations internationales et de guerres commerciales, les négociateurs ont reçu mercredi en fin de journée un nouveau texte établi par la présidence colombienne, qui cherche à naviguer entre les lignes rouges de chaque bloc.Le principal point d’achoppement est la revendication des pays en développement de créer un fonds dédié à la protection de la nature et placé sous l’autorité de la COP, comme prévu par le texte de la convention sur la biodiversité de 1992.Mais les pays développés – menés par l’Union européenne, le Japon et le Canada en l’absence des États-Unis, non-signataires de la convention mais important contributeur financier – y sont hostiles: ils craignent une fragmentation de l’aide au développement, déjà fragilisée par les crises budgétaires et l’effacement des Américains depuis l’élection de Donald Trump.Le compromis de la présidence colombienne prévoit d'”améliorer les performances” des instruments existants, en premier lieu le Fonds mondial pour l’Environnement (GEF, en anglais) et le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF, en anglais), une solution provisoire adoptée en 2022 et modestement dotée (400 millions de dollars).Le texte renvoie ensuite à la COP18, en 2028, le soin de décider s’il faut un nouveau fonds ou si ces instruments existants peuvent être transformés pour correspondre aux attentes des pays en développement, nombreux, pays africains en tête, à les juger inéquitables et difficiles d’accès.”Nous n’avons pas de temps à perdre, le monde nous regarde et nous avons la responsabilité de lui montrer que le multilatéralisme peut marcher”, a exhorté en plénière le ministre canadien de l’Environnement Steven Guilbeault, pour encourager à accepter le compromis.”Il s’agit d’un texte très soigneusement équilibré”, a abondé le représentant du Royaume-Uni, tandis que la ministre française Agnès Pannier-Runacher appelait à se résigner: “les textes satisfaisants pour tout le monde, ça n’existe pas”, a-t-elle déclaré à la presse.”Nous sommes réellement déçus”, leur a répondu le Brésil, par la voix de sa négociatrice en cheffe, Maria-Angelica Ikeda. La création d’un nouveau fonds “aurait dû être construite à la COP1 et nous avons seulement 15 COP de retard”, soit 30 ans, a-t-elle regretté.Le texte de compromis prévoit une feuille de route pour améliorer d’ici 2030 les différents circuits financiers destinés à la sauvegarde de la nature, afin de répondre aux difficultés des pays pauvres et endettés.Mais “il s’agit d’un processus extrêmement lourd avec de nombreuses étapes”, faisant peser la menace d’une “paralysie bureaucratique”, a déploré le délégué égyptien, tandis que la République démocratique du Congo multipliait les prises de paroles scandalisées.Les débats doivent reprendre à 10H00 et sont censés se conclure dans la soirée, même si la perspective d’une prolongation vendredi reste envisageable.