Lecornu renonce au 49.3, les oppositions attendent des “ruptures” sur le fond

Sébastien Lecornu a renoncé vendredi à l’article 49.3 de la Constitution et redonne ainsi la main au Parlement sur le budget, un geste salué par les oppositions mais jugé insuffisant pour balayer les menaces de censure.Le Parti socialiste comme le Rassemblement national, qui détiennent les clefs de la survie du Premier ministre, ont dit attendre sa déclaration de politique générale pour se prononcer sur la question. Celle-ci est prévue mardi après-midi, de sources gouvernementale et parlementaire. Entre-temps, M. Lecornu aura constitué son gouvernement, probablement ce week-end.  “Renoncer à l’article 49.3”, qui a permis de faire passer sans vote les budgets depuis 2022, “ne doit pas nous faire renoncer à ce que la France ait un budget au 31 décembre”, a affirmé le Premier ministre sur le perron de Matignon, avant de recevoir les oppositions à l’exception de La France insoumise qui ne souhaite pas le rencontrer.”Il n’y a donc plus aucun prétexte pour que ces débats (parlementaires) ne démarrent pas la semaine prochaine”, et pour que chaque député puisse “prendre ses responsabilités”, a-t-il lancé. L’article 49.3 a été utilisé pour faire adopter tous les budgets depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022. La décision d’y renoncer, présentée par Sébastien Lecornu comme une “rupture”, a été prise en accord avec le chef de l’Etat, selon l’entourage de ce dernier.Ce renoncement permettra-t-il d’éviter une censure ? “Il y a bien un début de rupture sur la forme, mais sur le fond rien n’a changé”, a déploré après plus de deux heures d’entretien le patron du Parti socialiste Olivier Faure, qui avait promis de renoncer au 49.3 si la gauche était nommée à Matignon.- Copie “insuffisante” -La “copie” du Premier ministre sur le budget reste “très insuffisante et à bien des égards alarmante”, a-t-il dénoncé.Le patron des socialistes a notamment déploré que le Premier ministre ne se soit “pas engagé” à un débat et un vote sur la réforme impopulaire des retraites, adoptée en 2023 via le 49.3, et dit craindre une “caporalisation” par le gouvernement des débats parlementaires au moyen d’autres outils constitutionnels.Avant même la fin de son entretien avec le PS, le chef du gouvernement a fait savoir qu’il proposait la création d’une “taxe sur le patrimoine financier” des holdings familiales, utilisées pour contourner l’impôt, mais pas la taxe Zucman, réclamée par la gauche, qu’il juge “dangereuse” pour l’économie et l’emploi. Olivier Faure a répondu qu’il fallait regarder le “rendement” de cette nouvelle taxe. “On nous dit qu’on ferait 1,5 milliard. (…) Ca n’est pas tout à fait ce que nous, nous présentons”.Selon un participant, les socialistes réunis vendredi en bureau national étaient partagés entre l’option d’une censure dès le discours de politique générale, ou la participation aux débats budgétaires. Et attendent d’ici mardi que M. Lecornu montre “que c’est vers nous qu’il se tourne, pas vers le RN”.Tout cela est “très flou, très décevant”, a commenté la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, à sa sortie de Matignon.Reçue en première, Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN, a jugé que renoncer au 49.3 était “plus respectueux de la démocratie”. Mais elle n’a pas non plus tranché sur la censure, espérant des “ruptures” dans la déclaration de politique générale. – “Raide” de censurer -Le renoncement au 49.3 pourrait néanmoins retarder le couperet.Le patron du Parti communiste Fabien Roussel trouve ainsi “raide” de censurer d’emblée un gouvernement qui renonce à utiliser cet outil. Il s’est toutefois dit “déçu par l’absence d’ouverture sur” les retraites après son entretien à Matignon. LFI entend pour sa part toujours déposer une motion de censure “dès la nomination” du gouvernement. “On ne te croit pas, tu n’as pas l’intention de gouverner sans nous forcer, le moment venu”, a lancé le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon à l’adresse du locataire de Matignon.Le camp présidentiel a, lui, salué la décision de renoncer au 49.3, à commencer par Elisabeth Borne, qui y a pourtant recouru 23 fois comme Première ministre.Le patron des Républicains et ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau a en revanche craint que ce renoncement ne conduise à “une coalition des démagogues” pour faire adopter un budget “contraire aux intérêts supérieurs de notre pays”. Il avait prévenu la veille qu'”à ce stade”, la participation de LR au gouvernement n’était “pas acquise du tout”.Le renoncement au 49.3, si l’Assemblée nationale ne parvient pas à se mettre d’accord, pourrait conduire le gouvernement à passer le budget par ordonnances, a souligné de son côté une source parlementaire. are-far-lum-la/jmt/cbn

Fermeture annoncée d’une usine Orangina en Seine-Saint-Denis, des élus se mobilisent

Des élus de Seine-Saint-Denis rencontreront mardi les dirigeants de l’usine de production d’Orangina qui emploie actuellement 105 personnes à la Courneuve, mais dont le groupe japonais Suntory a annoncé la fermeture dès l’an prochain, a-t-on appris vendredi auprès d’eux.En 2009, le fabricant japonais de boissons Suntory avait racheté pour quelque 300 milliards de yens (2,2 milliards d’euros au cours de l’époque) le groupe Orangina Schweppes (qui produit aussi Pulco, Oasis, Pampryl, Canada Dry…).Jeudi, la division production de Suntory Beverage & Food France a annoncé dans un communiqué qu’elle ne conserverait que trois de ses quatre sites industriels en France. Elle entend mettre en oeuvre “un transfert progressif de la production et d’une partie des emplois (56 postes)” de son site de La Courneuve vers celui de Donnery (Loiret), jusqu’à la fermeture – fin 2026 – de l’usine de Seine-Saint-Denis. La filiale du groupe japonais met en avant “un recul des ventes depuis 2022, lié à l’augmentation inédite des coûts de production et à une inflation impactant le pouvoir d’achat des Français, accentuée par la hausse récente de la taxe des boissons sucrées”. Le maire de la Courneuve, Gille Poux (PCF) a dénoncé “une annonce des plus brutales” et appelé “à ce que toutes les pistes alternatives pouvant garantir un maintien du site de production soient étudiées”. M. Poux rencontrera lundi après-midi les salariés de l’usine et mardi après-midi la direction du groupe Suntory”, a-t-on appris auprès de son entourage. Le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel (PS), a également “demandé une rencontre avec les dirigeants du groupe afin de pouvoir envisager toutes les alternatives pour le maintien du site et des emplois à La Courneuve”, a-t-il annoncé sur le réseau social X.M. Troussel rencontrera la direction mardi matin, selon son équipe.Construite dans les années 1970, l’usine de La Courneuve est présentée par le fabricant comme “un site ancien” du groupe.”97% de nos boissons consommées en France sont produites dans nos usines françaises”, a assuré le directeur général de Suntory Beverage & Food France, Alexis Daems dans son communiqué. “Le projet d’investir plus de 170 millions d’euros dans notre réseau industriel témoigne de notre détermination à ancrer notre présence en France sur le long terme et à nous projeter dans l’avenir”, a-t-il ajouté. 

Ligue 1: Pogba pourrait être “prêt” pour le déplacement à Angers (Hütter)

Adi Hütter, l’entraîneur de Monaco, a confirmé vendredi que Paul Pogba ne serait pas retenu pour le derby contre Nice dimanche (17h15), mais qu’il pourrait être “prêt” pour Angers lors de la 8e journée, le 18 octobre.L’international français aux 91 sélections “effectue toujours une partie des entraînements”, a indiqué Hütter. “Cela prend du temps quand vous avez été aussi longtemps éloigné. Désormais, il participe aux petits jeux, il est un joker. Maintenant, les prochaines étapes dans les deux semaines, le rapprocheront de son retour. Je pense qu’il peut être prêt contre Angers, sans le promettre. Cela peut aussi être le match suivant (contre Tottenham en Ligue des champions, NDLR).”Comment prendra-t-il la décision ? Au terme d'”une conversation entre Paul et moi”, a-t-il répondu.”Je veux le voir en situation de match, a-t-il dit. Il est intelligent dans le jeu. Mais j’ai besoin de savoir comment il se sent tactiquement par rapport à l’équipe, comment sont ses mouvements, sa capacité de courses, de puissance sur le terrain, dans le combat.” Yann Le Meur, responsable de la performance du club, de même que le staff médical seront également associés à la décision, a précisé l’entraîneur autrichien.Le tester avec le groupe Elite (la réserve) pourrait être une solution. “Mais nous parlons de Paul Pogba”, a poursuivi l’entraîneur, qui pense que La Pioche pourra poursuivre sa progression tout en jouant. “Ça peut être aussi en lui donnant 15-20 minutes à Angers si c’est possible. Puis en augmentant sa charge à l’entraînement comme dans les matches, afin de le ramener à son meilleur niveau”, a-t-il détaillé.Âgé de 32 ans, l’ex-milieu star du football français, champion du monde en 2018, n’a plus joué en match officiel depuis deux ans en raison de blessures puis de sa suspension de dix-huit mois pour dopage qui a pris fin en mars. Il a également été victime d’une affaire de séquestration.

Du “cocon” d’internet aux podiums, la streameuse Maghla s’impose en figure forte du web français

Aussi à l’aise devant un jeu vidéo que sur les podiums des défilés, la première streameuse de France s’est imposée comme une figure phare du web, revendiquant d’être une femme dans un univers masculin et dénonçant les violences sexistes sur internet.Maghla, qui tire son pseudo de son deuxième prénom, cumule plusieurs millions d’abonnés sur ses réseaux en réussissant un mélange des genres plutôt rare: divertissements autour de la mode, podcasts de confidences d’auditeurs ou jeux d’horreur.”Mon contenu est une extension de chacune des facettes de ma personnalité”, résume à l’AFP Barbara, son premier prénom, polo ample et tasse de thé dans les mains, quelques jours avant d’embarquer dans un bolide pour le GP Explorer 3, la course auto des stars du web.Mais c’est son amour pour les jeux vidéo qui l’a menée vers le streaming.”Mon père m’a transmis cette passion”, se souvient Maghla, 31 ans, qui se décrit comme une enfant bonne élève et introvertie. En parallèle d’une licence en économie-gestion, elle se lance en 2017 sur Twitch, plateforme de diffusion vidéo en direct alors encore peu connue du grand public.”C’était un endroit où je pouvais partager mes passions, et comme je suis très bavarde, c’était parfait”, s’amuse-t-elle, filmant ses parties dans son petit studio.- “Cocon” -“J’étais très timide, je ne trouvais pas ma place”, raconte-t-elle, avant de confier se sentir sur internet comme dans un cocon.Suivie aujourd’hui par plus de 1,1 million de personnes sur Twitch, elle est la première streameuse de France. Mais si on compte les streameurs hommes, elle n’est que dans le top 30.Ses débuts sont marqués par de multiples remarques sexistes et du harcèlement.”Je me prenais des insultes parce que j’avais du rouge à lèvres, parce qu’on voyait un petit peu trop mes bras, mon décolleté”, se souvient-elle. Elle décide alors de “s’habiller large”, “moins se maquiller”.Elle raconte aussi “des montages où vous êtes nue dans des scènes pornographiques” partagés en ligne, “de la semence sur des photos qu’on vous envoie”.Elle finit par déposer plainte et, en 2022, l’un de ses harceleurs est condamné à un an de prison.- Incessante sexualisation -Quelques mois plus tard, elle prend la parole sur les réseaux sociaux pour dénoncer l’incessante sexualisation dont elle est l’objet. Ce qui entraîne une vague de témoignages d’autres streameuses.”On le vivait toutes en silence. Je pense qu’aujourd’hui, on doit en reparler”, affirme Maghla.C’est aussi à cette période qu’elle diminue sa présence sur Twitch pour se lancer sur Youtube: “j’avais besoin d’une plateforme où je ne suis pas obligée de lire les commentaires, où j’ai une distance”.Entourée d’une équipe d’une dizaine de personnes, elle alterne entre des podcasts filmés et des projets plus ambitieux aux allures de jeux télé. Pour les financer, elle s’associe à des marques, ce qui permet d’amortir jusqu’à “60-70% des coûts”, le reste étant complété par les revenus publicitaires de YouTube.Maghla apparaît aussi dans certaines des plus grosses productions de la plateforme, notamment celles du créateur de contenu Squeezie (20 millions d’abonnés), avec qui elle partage la même agence artistique, Bump.- Occuper l’espace -“C’est important, en tant que femme, de montrer qu’on est là”, on doit “avoir une sororité. C’est super important”, souligne-t-elle, insistant sur l’importance de la parité dans les contenus alors que de nombreux influenceurs masculins sont régulièrement critiqués pour ne pas suffisamment inviter de créatrices.Récemment, elle a déposé deux nouvelles plaintes contre des harceleurs, pour l’instant sans suite.Elle se dit néanmoins optimiste: “c’est mieux qu’il y a huit ans, mais il y a encore du chemin. Il faut avoir les épaules solides”.Invitée deux fois à défiler pour L’Oréal, elle a aussi mis un pied hors d’internet en apparaissant dans la série Bref 2, et rêve désormais de cinéma. “Je n’ai jamais été autant moi qu’aujourd’hui”, affirme Barbara, qui, ado, “aurait aimé avoir une Maghla”.”Je suis sur internet la grande sœur que j’aurais voulu avoir”.