Législation américaine: pourquoi les stablecoins ont la cote ?

Le Sénat américain se prononce mardi sur un texte destiné à encadrer les stablecoins, ces cryptomonnaies présentées comme stables car adossées à des actifs traditionnels. Un secteur en plein essor, malgré des risques persistants pour les investisseurs et la stabilité financière. Explications.- Qu’est-ce que les stablecoins ? -Comme toutes les cryptomonnaies, les stablecoins reposent sur une technologie appelée “blockchain”, un registre décentralisé qui permet de se passer des circuits bancaires classiques.Mais à la différence du bitcoin ou de l’ether, les “cryptos” les plus connues, leur valeur est censée rester stable: elle est indexée sur une monnaie traditionnelle comme le dollar ou sur un actif réputé plus sûr comme l’or.Le Tether et l’USDC suivent ainsi le billet vert, avec théoriquement en réserve autant de dollars que de jetons en circulation, pour garantir cette stabilité.Les stablecoins servent à échanger d’autres cryptoactifs et à réaliser des opérations dans la finance décentralisée, sans passer par les banques.Mais leur usage s’est élargi: elles permettent aussi d’effectuer “des paiements transfrontaliers rapides et à faible coût, particulièrement utiles sur les marchés émergents où l’accès aux devises fortes et aux services bancaires” est limité, explique à l’AFP Dessislava Aubert, analyste chez Kaiko. C’est le cas en Argentine, au Nigéria ou en Turquie.Résultat: la capitalisation totale des stablecoins a atteint 246 milliards de dollars en mai, contre 20 milliards en 2020, et le volume de transactions a même dépassé celui de Visa et Mastercard en 2024, relève la Deutsche Bank.Signe de cet essor, l’entreprise Circle, qui émet l’USDC, vient de réaliser une entrée fracassante à la Bourse de New York.- Pourquoi les Etats-Unis veulent-ils réguler ? -Washington souhaite imposer des règles de transparence aux émetteurs de stablecoins américains pour renforcer la sécurité: ces derniers devraient détenir suffisamment d’actifs sûrs et immédiatement mobilisables, comme des dollars ou des bons du Trésor.Des contrôles réguliers sont également prévus pour les plus gros acteurs.Une telle loi permettrait aussi de soutenir la demande pour la dette américaine et le billet vert.L’effondrement du stablecoin Terra en 2022 illustre les risques du secteur: quand la confiance disparaît, la valeur du stablecoin peut chuter rapidement, entraînant des ventes massives de jetons et la vente urgente des actifs qui servent à les garantir.Il est en effet possible que “l’émetteur ne soit pas très fiable” ou se fasse pirater, d’où l’intérêt de contrôles, selon Murat Kantarcioglu, professeur à Virginia Tech.- La loi sera-t-elle suffisante ? -“Les nouvelles règles pourraient compliquer l’émission de stablecoins par les start-up, au risque de laisser quelques grandes entreprises, comme les géants de la technologie, dominer le marché”, souligne Dessislava Aubert.D’après le Wall Street Journal, Amazon et Walmart envisagent d’émettre leur propre stablecoin, que leurs clients pourraient utiliser.L’opposition démocrate cite aussi des risques de spéculation, de blanchiment et de conflits d’intérêts.Elle pointe notamment le rôle de proches de Donald Trump dans le lancement du stablecoin USD1, déjà utilisé par le fonds souverain émirati MGX.Enfin, en cas de faillite d’un émetteur, les pertes liées aux stablecoins “ne sont pas explicitement couvertes par les programmes d’assurance gouvernementaux”, “contrairement aux dépôts bancaires, qui sont assurés jusqu’à 250.000 dollars”, note Mme Aubert.- Et ailleurs ? -En Europe, la réglementation de l’Union européenne sur les cryptomonnaies (Mica), effective depuis décembre, encadre l’émission de stablecoins.Mais “99% de la capitalisation” de ce marché est déjà adossée au dollar, ce qui pose “un risque sérieux de déseuropéanisation et de privatisation de la monnaie”, a récemment mis en garde le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau. Lui défend le projet d’un euro numérique, qui serait garanti par la Banque centrale européenne.Le Royaume-Uni, la Corée du Sud et le Brésil avancent aussi dans la régulation.La Chine, elle, a banni les cryptomonnaies sur son territoire en 2021 et développe à la place sa propre monnaie numérique de banque centrale, l’e-yuan.La Russie envisage elle un stablecoin adossé au rouble ou à des devises amies comme le yuan.

Cruciaux pour la santé des sols, des mille-pattes menacés d’extinction en France

Ils maintiennent en bonne santé les sols de nos plages et de nos forêts mais subissent à leur tour la pression de l’humanité et du réchauffement climatique: une espèce sur cinq des mille-pattes dit chilopodes est menacée de disparition en France.Méconnus, ces prédateurs invertébrés de quelques centimètres, qui forment l’essentiel de la famille des mille-pattes avec leurs cousins diplopodes, constituent “d’excellents bioindicateurs de la qualité des habitats naturels”, souligne l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).Mais ce collectif d’institutions scientifiques, connu pour sa liste rouge des espèces menacées, publie mardi un “bilan préoccupant”, au terme d’une évaluation inédite: trente-et-une des 146 espèces de chilopodes recensées en France sont “en danger” ou “en danger critique” d’extinction.Le constat vaut aussi pour un autre animal, décrit comme un excellent témoin de la pollution de l’environnement: les “perles”, des insectes aquatiques au stade larvaire et ailés au stade adulte, surnommés aussi “mouches de pierre”. Un tiers des espèces en France sont menacées de disparition, selon l’UICN.Aucune de ces espèces ne bénéficient de “mesures de protection ou d’actions de conservation ciblées”, déplore le collectif, qui a fait établir ce bilan par l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie) et le groupe Myria-France, qui regroupe des experts des mille-pattes.Chilopodes et perles sont tous des “témoins du réchauffement climatique”, qui assèchent notamment leurs sols et leurs cours d’eau, résume l’UICN.Pour les mille-pattes, le danger est redoublé, selon les cas, par les coupes rases de la sylviculture intensive, la surfréquentation touristique ou le nettoyage mécanique des plages.Vivant dans le sol ou sous les pierres et les bois morts, ils “jouent un rôle important dans la régulation de la microfaune et la régénération des sols”, rappelle l’UICN.En leur absence, “les ravageurs du bois, dont les larves peuvent être leurs proies, vont avoir tendance à proliférer”, illustre Etienne Iorio, expert co-auteur du rapport.- surfréquentation touristique -Dans la réserve du lac de Rémoray (Doubs), raconte le scientifique, “il y a une hétraie-sapinière ancienne et très bien conservée, où on trouve deux espèces en danger d’extinction, dont l’Eupolybothre tridenté, une espèce assez grande qui peut avoisiner les 3 cm”.Le réchauffement climatique pourrait faire disparaître le hêtre de la plupart des régions françaises. Et “les chilopodes ne peuvent pas parcourir de grandes distances pour coloniser d’autres habitats favorables”, souligne le spécialiste.L’enjeu est aussi de taille car “quasiment une espèce sur deux est endémique ou subendémique”, c’est-à-dire présente seulement en France ou aussi dans un pays voisin. “Si elles disparaissent ici, elles disparaissent du monde entier”, avertit Etienne Iorio.Parmi les menaces, “la sylviculture intensive incluant notamment la plantation d’arbres résineux aux dépens des feuillus (…) affecte plusieurs espèces”, indique l’UICN.Le bilan pointe encore “la surfréquentation touristique ou aussi l’urbanisation rampante”. Ces pressions sont ainsi responsables, avec les incendies, de la mise en danger de la “Lithobie aux petites pattes”, un chilopode de moins d’un centimètre qui survit dans les maquis d’arbousiers du relief littoral du massif des Maures, dans le Var et les Alpes-Maritimes.Sur les plages, les banquettes salées formées par les posidonies, ces herbiers marins qui s’échouent sur le rivage, sont un autre trésor de microfaune dont trois espèces de chilopodes sont le prédateur en chef. Mais l’un deux, le “Géophile des algues méditerranéennes”, a perdu 90% de son aire de répartition, à cause de l’artificialisation du sol et du nettoyage mécanique de la laisse de mer.A l’inverse d’invertébrés populaires comme les papillons, les abeilles ou les libellules,”on a tendance à oublier les chilopodes”, regrette Etienne Iorio, “alors qu’il est de plus en plus reconnu que le sol est une clé de voûte pour la bonne santé des habitats”.

Cruciaux pour la santé des sols, des mille-pattes menacés d’extinction en France

Ils maintiennent en bonne santé les sols de nos plages et de nos forêts mais subissent à leur tour la pression de l’humanité et du réchauffement climatique: une espèce sur cinq des mille-pattes dit chilopodes est menacée de disparition en France.Méconnus, ces prédateurs invertébrés de quelques centimètres, qui forment l’essentiel de la famille des mille-pattes avec leurs cousins diplopodes, constituent “d’excellents bioindicateurs de la qualité des habitats naturels”, souligne l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).Mais ce collectif d’institutions scientifiques, connu pour sa liste rouge des espèces menacées, publie mardi un “bilan préoccupant”, au terme d’une évaluation inédite: trente-et-une des 146 espèces de chilopodes recensées en France sont “en danger” ou “en danger critique” d’extinction.Le constat vaut aussi pour un autre animal, décrit comme un excellent témoin de la pollution de l’environnement: les “perles”, des insectes aquatiques au stade larvaire et ailés au stade adulte, surnommés aussi “mouches de pierre”. Un tiers des espèces en France sont menacées de disparition, selon l’UICN.Aucune de ces espèces ne bénéficient de “mesures de protection ou d’actions de conservation ciblées”, déplore le collectif, qui a fait établir ce bilan par l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie) et le groupe Myria-France, qui regroupe des experts des mille-pattes.Chilopodes et perles sont tous des “témoins du réchauffement climatique”, qui assèchent notamment leurs sols et leurs cours d’eau, résume l’UICN.Pour les mille-pattes, le danger est redoublé, selon les cas, par les coupes rases de la sylviculture intensive, la surfréquentation touristique ou le nettoyage mécanique des plages.Vivant dans le sol ou sous les pierres et les bois morts, ils “jouent un rôle important dans la régulation de la microfaune et la régénération des sols”, rappelle l’UICN.En leur absence, “les ravageurs du bois, dont les larves peuvent être leurs proies, vont avoir tendance à proliférer”, illustre Etienne Iorio, expert co-auteur du rapport.- surfréquentation touristique -Dans la réserve du lac de Rémoray (Doubs), raconte le scientifique, “il y a une hétraie-sapinière ancienne et très bien conservée, où on trouve deux espèces en danger d’extinction, dont l’Eupolybothre tridenté, une espèce assez grande qui peut avoisiner les 3 cm”.Le réchauffement climatique pourrait faire disparaître le hêtre de la plupart des régions françaises. Et “les chilopodes ne peuvent pas parcourir de grandes distances pour coloniser d’autres habitats favorables”, souligne le spécialiste.L’enjeu est aussi de taille car “quasiment une espèce sur deux est endémique ou subendémique”, c’est-à-dire présente seulement en France ou aussi dans un pays voisin. “Si elles disparaissent ici, elles disparaissent du monde entier”, avertit Etienne Iorio.Parmi les menaces, “la sylviculture intensive incluant notamment la plantation d’arbres résineux aux dépens des feuillus (…) affecte plusieurs espèces”, indique l’UICN.Le bilan pointe encore “la surfréquentation touristique ou aussi l’urbanisation rampante”. Ces pressions sont ainsi responsables, avec les incendies, de la mise en danger de la “Lithobie aux petites pattes”, un chilopode de moins d’un centimètre qui survit dans les maquis d’arbousiers du relief littoral du massif des Maures, dans le Var et les Alpes-Maritimes.Sur les plages, les banquettes salées formées par les posidonies, ces herbiers marins qui s’échouent sur le rivage, sont un autre trésor de microfaune dont trois espèces de chilopodes sont le prédateur en chef. Mais l’un deux, le “Géophile des algues méditerranéennes”, a perdu 90% de son aire de répartition, à cause de l’artificialisation du sol et du nettoyage mécanique de la laisse de mer.A l’inverse d’invertébrés populaires comme les papillons, les abeilles ou les libellules,”on a tendance à oublier les chilopodes”, regrette Etienne Iorio, “alors qu’il est de plus en plus reconnu que le sol est une clé de voûte pour la bonne santé des habitats”.

El Dorado, la fièvre de l’or toujours présente au Venezuela

Un commerçant pèse sur une balance numérique l’or en poudre d’un client. Comme dans de nombreux villages miniers du Venezuela, à El Dorado l’or sert de monnaie pour les achats banals du quotidien mais continue de susciter fièvre et convoitises.Le bien nommé village d’El Dorado fait partie d’une région, baptisée l’Arc Minier de l’Orénoque, qui possède de grandes réserves minérales. L’exploitation minière illégale est généralisée, les gangs criminels et guérillas qui pratiquent l’extorsion voire exploitent directement certains sites sont omniprésents.Syndicats gérés par le crime organisé ou gangs indigènes y prélèvent le “vaccin”, une sorte d’impôt obligatoire garantissant la “protection”. Il est le théâtre de massacres: environ 217 personnes tuées entre 2016 et 2020.Un sujet dont on parle peu à El Dorado. Dans ses rues en terre, un essaim de motos bruyantes bourdonne en permanence, soulevant des nuages de poussière. Les 35 “grammes” affichés sur la balance équivalent à environ 3.000 dollars, explique le commerçant. Un gramme se vend entre 85 et 100 dollars. “L’or est une bénédiction qui nous permet d’acheter ce que l’on veut, mais il faut travailler dur”, déclare à l’AFP José Tobias Tranquini, un mineur de 48 ans.”Un jour à la mine peut ne rien te rapporter. Il y a des chanceux qui trouvent jusqu’à un kilo, mais depuis que je suis ici, je n’ai pas eu cette bénédiction”, poursuit-il, espérant toujours tomber sur le gros coup. El Dorado se situe sur la rivière Cuyuni, qui plus loin devient la frontière naturelle avec le Guyana voisin et l’Essequibo, le territoire que le Venezuela réclame au Guyana depuis plus d’un siècle. El Dorado a été créé pour être un fort militaire visant à contrer une attaque anglaise en 1895. Son nom s’inspire du mythe qui n’est finalement pas si éloigné de la réalité: les habitants les plus âgés racontent que lorsqu’il pleuvait, on pouvait voir des particules d’or émerger sur les chemins argileux du village.- Une tonne, un gramme -Hilda Carrero est arrivée à El Dorado il y a un demi-siècle, attirée comme beaucoup d’autres par la fièvre de l’or. À l’époque, le village était “de la jungle et des serpents”. Aujourd’hui, la population avoisine 5.000 habitants. “C’était moche”, se souvient cette femme de 73 ans dans sa petite épicerie où elle vend des bonbonnes d’eau pour trois millièmes de gramme d’or. Le bidon d’eau vaut l’équivalent d’un dollar et demi. “La vie du village, ce sont les mineurs”, souligne Carrero, qui explique qu’il y a des hauts et des bas entre les périodes de calme ou celles de découvertes de nouvelles mines, les “bullitas” ou petites ruées.”Il y a des jours où je ne vends même pas une bouteille”, dit-elle.L’Arc Minier a une superficie de 112.000 km². On y trouve aussi diamants, fer, bauxite, quartz et même coltan.Les écologistes dénoncent un “écocide” dans cette zone et l’effondrement des mines illégales avec des dizaines de morts.La route pour rallier El Dorado depuis Tumeremo, un centre régional, est parsemée de camps où des “moulins” traitent le sable pour y découvrir de l’or. Le configuration se répète: un grand hangar avec des toits en tôle, des terrains dégagés avec une énorme fosse où tombe le sable lavé dans les moulins. La terre extraite des mines est stockée dans des sacs pour la transporter jusqu’aux moulins, qui fonctionnent avec des moteurs modifiés de voiture. Là, le sable est fragmenté et mis sur des rampes de bronze, enduites de mercure, et sur lesquelles ruisselle de l’eau. Des particules presque imperceptibles à l’Å“il nu restent coincées dans un tapis vert. Une famille de cinq personnes travaille dans l’un de ces camps. Quatre heures sont nécessaires pour “traiter” une tonne de sable. Résultat du jour: un peu plus d’un “gramme”, soit environ 100 dollars. “Nous l’utiliserons pour acheter de la nourriture et ce dont on a besoin pour le moulin”, explique l’un des travailleurs, qui tient dans ses mains rudes, la minuscule pierre obtenue. D’un aspect irrégulier, elle est chauffée au chalumeau pour retirer les impuretés. “Le danger, c’est la fumée” qui se dégage en brûlant le mercure, explique le propriétaire du moulin tout en fumant une cigarette.

El Dorado, la fièvre de l’or toujours présente au Venezuela

Un commerçant pèse sur une balance numérique l’or en poudre d’un client. Comme dans de nombreux villages miniers du Venezuela, à El Dorado l’or sert de monnaie pour les achats banals du quotidien mais continue de susciter fièvre et convoitises.Le bien nommé village d’El Dorado fait partie d’une région, baptisée l’Arc Minier de l’Orénoque, qui possède de grandes réserves minérales. L’exploitation minière illégale est généralisée, les gangs criminels et guérillas qui pratiquent l’extorsion voire exploitent directement certains sites sont omniprésents.Syndicats gérés par le crime organisé ou gangs indigènes y prélèvent le “vaccin”, une sorte d’impôt obligatoire garantissant la “protection”. Il est le théâtre de massacres: environ 217 personnes tuées entre 2016 et 2020.Un sujet dont on parle peu à El Dorado. Dans ses rues en terre, un essaim de motos bruyantes bourdonne en permanence, soulevant des nuages de poussière. Les 35 “grammes” affichés sur la balance équivalent à environ 3.000 dollars, explique le commerçant. Un gramme se vend entre 85 et 100 dollars. “L’or est une bénédiction qui nous permet d’acheter ce que l’on veut, mais il faut travailler dur”, déclare à l’AFP José Tobias Tranquini, un mineur de 48 ans.”Un jour à la mine peut ne rien te rapporter. Il y a des chanceux qui trouvent jusqu’à un kilo, mais depuis que je suis ici, je n’ai pas eu cette bénédiction”, poursuit-il, espérant toujours tomber sur le gros coup. El Dorado se situe sur la rivière Cuyuni, qui plus loin devient la frontière naturelle avec le Guyana voisin et l’Essequibo, le territoire que le Venezuela réclame au Guyana depuis plus d’un siècle. El Dorado a été créé pour être un fort militaire visant à contrer une attaque anglaise en 1895. Son nom s’inspire du mythe qui n’est finalement pas si éloigné de la réalité: les habitants les plus âgés racontent que lorsqu’il pleuvait, on pouvait voir des particules d’or émerger sur les chemins argileux du village.- Une tonne, un gramme -Hilda Carrero est arrivée à El Dorado il y a un demi-siècle, attirée comme beaucoup d’autres par la fièvre de l’or. À l’époque, le village était “de la jungle et des serpents”. Aujourd’hui, la population avoisine 5.000 habitants. “C’était moche”, se souvient cette femme de 73 ans dans sa petite épicerie où elle vend des bonbonnes d’eau pour trois millièmes de gramme d’or. Le bidon d’eau vaut l’équivalent d’un dollar et demi. “La vie du village, ce sont les mineurs”, souligne Carrero, qui explique qu’il y a des hauts et des bas entre les périodes de calme ou celles de découvertes de nouvelles mines, les “bullitas” ou petites ruées.”Il y a des jours où je ne vends même pas une bouteille”, dit-elle.L’Arc Minier a une superficie de 112.000 km². On y trouve aussi diamants, fer, bauxite, quartz et même coltan.Les écologistes dénoncent un “écocide” dans cette zone et l’effondrement des mines illégales avec des dizaines de morts.La route pour rallier El Dorado depuis Tumeremo, un centre régional, est parsemée de camps où des “moulins” traitent le sable pour y découvrir de l’or. Le configuration se répète: un grand hangar avec des toits en tôle, des terrains dégagés avec une énorme fosse où tombe le sable lavé dans les moulins. La terre extraite des mines est stockée dans des sacs pour la transporter jusqu’aux moulins, qui fonctionnent avec des moteurs modifiés de voiture. Là, le sable est fragmenté et mis sur des rampes de bronze, enduites de mercure, et sur lesquelles ruisselle de l’eau. Des particules presque imperceptibles à l’Å“il nu restent coincées dans un tapis vert. Une famille de cinq personnes travaille dans l’un de ces camps. Quatre heures sont nécessaires pour “traiter” une tonne de sable. Résultat du jour: un peu plus d’un “gramme”, soit environ 100 dollars. “Nous l’utiliserons pour acheter de la nourriture et ce dont on a besoin pour le moulin”, explique l’un des travailleurs, qui tient dans ses mains rudes, la minuscule pierre obtenue. D’un aspect irrégulier, elle est chauffée au chalumeau pour retirer les impuretés. “Le danger, c’est la fumée” qui se dégage en brûlant le mercure, explique le propriétaire du moulin tout en fumant une cigarette.

El Dorado, la fièvre de l’or toujours présente au Venezuela

Un commerçant pèse sur une balance numérique l’or en poudre d’un client. Comme dans de nombreux villages miniers du Venezuela, à El Dorado l’or sert de monnaie pour les achats banals du quotidien mais continue de susciter fièvre et convoitises.Le bien nommé village d’El Dorado fait partie d’une région, baptisée l’Arc Minier de l’Orénoque, qui possède de grandes réserves minérales. L’exploitation minière illégale est généralisée, les gangs criminels et guérillas qui pratiquent l’extorsion voire exploitent directement certains sites sont omniprésents.Syndicats gérés par le crime organisé ou gangs indigènes y prélèvent le “vaccin”, une sorte d’impôt obligatoire garantissant la “protection”. Il est le théâtre de massacres: environ 217 personnes tuées entre 2016 et 2020.Un sujet dont on parle peu à El Dorado. Dans ses rues en terre, un essaim de motos bruyantes bourdonne en permanence, soulevant des nuages de poussière. Les 35 “grammes” affichés sur la balance équivalent à environ 3.000 dollars, explique le commerçant. Un gramme se vend entre 85 et 100 dollars. “L’or est une bénédiction qui nous permet d’acheter ce que l’on veut, mais il faut travailler dur”, déclare à l’AFP José Tobias Tranquini, un mineur de 48 ans.”Un jour à la mine peut ne rien te rapporter. Il y a des chanceux qui trouvent jusqu’à un kilo, mais depuis que je suis ici, je n’ai pas eu cette bénédiction”, poursuit-il, espérant toujours tomber sur le gros coup. El Dorado se situe sur la rivière Cuyuni, qui plus loin devient la frontière naturelle avec le Guyana voisin et l’Essequibo, le territoire que le Venezuela réclame au Guyana depuis plus d’un siècle. El Dorado a été créé pour être un fort militaire visant à contrer une attaque anglaise en 1895. Son nom s’inspire du mythe qui n’est finalement pas si éloigné de la réalité: les habitants les plus âgés racontent que lorsqu’il pleuvait, on pouvait voir des particules d’or émerger sur les chemins argileux du village.- Une tonne, un gramme -Hilda Carrero est arrivée à El Dorado il y a un demi-siècle, attirée comme beaucoup d’autres par la fièvre de l’or. À l’époque, le village était “de la jungle et des serpents”. Aujourd’hui, la population avoisine 5.000 habitants. “C’était moche”, se souvient cette femme de 73 ans dans sa petite épicerie où elle vend des bonbonnes d’eau pour trois millièmes de gramme d’or. Le bidon d’eau vaut l’équivalent d’un dollar et demi. “La vie du village, ce sont les mineurs”, souligne Carrero, qui explique qu’il y a des hauts et des bas entre les périodes de calme ou celles de découvertes de nouvelles mines, les “bullitas” ou petites ruées.”Il y a des jours où je ne vends même pas une bouteille”, dit-elle.L’Arc Minier a une superficie de 112.000 km². On y trouve aussi diamants, fer, bauxite, quartz et même coltan.Les écologistes dénoncent un “écocide” dans cette zone et l’effondrement des mines illégales avec des dizaines de morts.La route pour rallier El Dorado depuis Tumeremo, un centre régional, est parsemée de camps où des “moulins” traitent le sable pour y découvrir de l’or. Le configuration se répète: un grand hangar avec des toits en tôle, des terrains dégagés avec une énorme fosse où tombe le sable lavé dans les moulins. La terre extraite des mines est stockée dans des sacs pour la transporter jusqu’aux moulins, qui fonctionnent avec des moteurs modifiés de voiture. Là, le sable est fragmenté et mis sur des rampes de bronze, enduites de mercure, et sur lesquelles ruisselle de l’eau. Des particules presque imperceptibles à l’Å“il nu restent coincées dans un tapis vert. Une famille de cinq personnes travaille dans l’un de ces camps. Quatre heures sont nécessaires pour “traiter” une tonne de sable. Résultat du jour: un peu plus d’un “gramme”, soit environ 100 dollars. “Nous l’utiliserons pour acheter de la nourriture et ce dont on a besoin pour le moulin”, explique l’un des travailleurs, qui tient dans ses mains rudes, la minuscule pierre obtenue. D’un aspect irrégulier, elle est chauffée au chalumeau pour retirer les impuretés. “Le danger, c’est la fumée” qui se dégage en brûlant le mercure, explique le propriétaire du moulin tout en fumant une cigarette.

La surveillante tuée en Haute-Marne recevra la Légion d’honneur à titre posthume

La surveillante de collège de 31 ans poignardée à mort par un élève la semaine dernière à Nogent (Haute-Marne) sera décorée de la Légion d’honneur à titre posthume, a-t-on appris mardi auprès du ministère de l’Education nationale.La victime recevra aussi le titre de commandeur des Palmes académiques, et la qualité de pupille de la Nation sera attribuée à son enfant, a ajouté le ministère, précisant que la cérémonie serait organisée “en fonction du souhait de la famille”. Les obsèques de la jeune femme, Mélanie, ont lieu mardi dans une stricte intimité familiale à Sarcey, un petit village près de Nogent où elle vivait.Ses proches avaient organisé vendredi dernier une marche blanche en sa mémoire, qui avait rassemblé environ 1.500 personnes à Nogent.Le collégien de 14 ans interpellé immédiatement après les faits a été mis en examen jeudi pour meurtre aggravé par la circonstance que sa victime était chargée d’une mission de service public, et placé en détention provisoire.Du fait de sa minorité, il encourt une peine de 20 ans de prison.Le meurtre a eu lieu à l’entrée du collège Françoise-Dolto, alors que des gendarmes procédaient à un contrôle inopiné des sacs des élèves, pour saisir d’éventuelles armes blanches. Un gendarme a été blessé à la main lors des faits.Durant sa garde à vue, le suspect avait confié aux enquêteurs avoir voulu tuer une surveillante, “n’importe laquelle”. Il n’a “aucun signe évoquant un possible trouble mental” mais fait preuve d’une “certaine fascination pour la violence et la mort” et ne semble “pas attacher d’importance particulière” à la vie, avait relevé en milieu de semaine le procureur de Chaumont, Devis Devallois.Ce nouveau drame en milieu scolaire a eu un grand retentissement en France, dans les sphères politique et éducative en particulier.La ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne a confirmé vendredi que chaque établissement devrait se doter d’ici la fin de l’année d’un “protocole de repérage et de prise en charge des situations de souffrance psychologique chez les jeunes”.Reconnaissant que 50% des postes de médecins scolaires “sont vacants”, Mme Borne s’est engagée à “renforcer les effectifs” pour les infirmières, psychologues notamment, soulignant que cela serait arbitré “dans le cadre des discussions budgétaires” à venir.

Déchets toxiques: la justice autorise le confinement définitif à Stocamine

Le tribunal administratif de Strasbourg a autorisé mardi le confinement définitif de déchets toxiques sur le site de Stocamine (Haut-Rhin), rejetant les requêtes de la collectivité européenne d’Alsace, d’associations et de riverains, qui redoutent l’impact pour la nappe phréatique.Le tribunal a jugé que le déstockage des 42.000 tonnes de déchets (cyanure, arsenic, mercure…) entreposés dans cette ancienne mine de potasse à Wittelsheim, option défendue par les requérants, n’était plus réalisable en toute sécurité, notamment en raison de la dégradation des infrastructures.Le confinement définitif “constitue désormais, en l’état des meilleures techniques disponibles, la mesure la plus susceptible de préserver la ressource en eau et par suite le droit des générations futures à satisfaire leurs propres besoins”, indique le tribunal administratif dans son jugement.Cette solution consiste à construire des barrières en béton autour des blocs contenant les déchets et à remblayer les puits y donnant accès de manière à assurer une étanchéité.C’est une “déception”, a déclaré à l’AFP Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature. L’association se bat en justice contre le confinement définitif des déchets. “C’est extrêmement grave puisqu’on joue avec la santé de millions de personnes, avec l’eau potable de millions de personnes”, a-t-il déploré. “Mais pour nous ce n’est pas la fin d’un combat, on ne s’interdit absolument aucune procédure légale pour faire revenir l’État à la raison dans ce dossier”. Le jugement du tribunal administratif peut faire l’objet d’un appel devant la cour administrative d’appel de Nancy dans un délai de deux mois. Il marque une nouvelle étape dans le bras de fer qui oppose depuis des années défenseurs de l’environnement et l’Etat.Si l’autorisation d’entreposer ces déchets était initialement temporaire, l’État, par un arrêté de la préfecture du Haut-Rhin du 28 septembre 2023, a prolongé pour une durée illimitée l’autorisation de stockage. La société des Mines de Potasse d’Alsace (MDPA), gestionnaire du site et détenue à 100% par l’État, a entamé depuis un vaste chantier pour couler des barrières de béton dans les galeries souterraines.- Dégradation des galeries -La décision de l’Etat et les travaux qui ont suivi suscitent une certaine opposition en Alsace. Des élus, des riverains et des associations redoutent que le maintien des déchets en profondeur, même sous le béton, ne pollue à terme la nappe phréatique d’Alsace. En cause: l’état de la mine, trop dégradé selon eux pour empêcher une infiltration d’eau qui finira, au contact des déchets, par contaminer la nappe phréatique, malgré la présence des barrières de béton.Mais le tribunal administratif a écarté la possibilité de déstockage, considérant que le confinement définitif constituait la mesure la plus susceptible de préserver l’environnement à court, moyen et long termes. A l’audience le 15 mai, le rapporteur public Alexandre Therre s’était prononcé en faveur de la poursuite des travaux de confinement, estimant que la “dégradation très significative” des galeries, où “les toits s’affaissent et les murs se rapprochent”, empêchait d’extraire “en toute sécurité” les déchets.Le jugement rendu mardi “entérine un fait accompli au mépris de l’environnement, de la santé et des alertes répétées” des citoyens et de la communauté scientifique, a déploré le député LFI du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes dans un communiqué.”Malheureusement, ça devient une méthode de gouvernance, on le voit dans d’autres dossiers, comme l’A69 dans le sud de la France”, a renchéri Stéphane Giraud.Dans un rare communiqué transpartisan publié fin mai, neuf parlementaires alsaciens de tous bords avaient réclamé l’arrêt des travaux de confinement et le déstockage des déchets.”On ne parle pas des galeries qui ne sont pas effondrées et dans lesquelles l’extraction est encore possible” a regretté Sabine Drexler, sénatrice LR du Haut-Rhin et élue à la Collectivité européenne d’Alsace. “Et aujourd’hui vous avez une possibilité de retraitement des déchets qui n’était pas possible il y a 20 ans quand on les a descendus”, a-t-elle souligné auprès de l’AFP.Dans un rapport publié en décembre 2024, la Cour des comptes calculait que les retards successifs du chantier du confinement définitif avaient coûté à l’Etat 226 millions d’euros supplémentaires depuis 2013. 

Déchets toxiques: la justice autorise le confinement définitif à Stocamine

Le tribunal administratif de Strasbourg a autorisé mardi le confinement définitif de déchets toxiques sur le site de Stocamine (Haut-Rhin), rejetant les requêtes de la collectivité européenne d’Alsace, d’associations et de riverains, qui redoutent l’impact pour la nappe phréatique.Le tribunal a jugé que le déstockage des 42.000 tonnes de déchets (cyanure, arsenic, mercure…) entreposés dans cette ancienne mine de potasse à Wittelsheim, option défendue par les requérants, n’était plus réalisable en toute sécurité, notamment en raison de la dégradation des infrastructures.Le confinement définitif “constitue désormais, en l’état des meilleures techniques disponibles, la mesure la plus susceptible de préserver la ressource en eau et par suite le droit des générations futures à satisfaire leurs propres besoins”, indique le tribunal administratif dans son jugement.Cette solution consiste à construire des barrières en béton autour des blocs contenant les déchets et à remblayer les puits y donnant accès de manière à assurer une étanchéité.C’est une “déception”, a déclaré à l’AFP Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature. L’association se bat en justice contre le confinement définitif des déchets. “C’est extrêmement grave puisqu’on joue avec la santé de millions de personnes, avec l’eau potable de millions de personnes”, a-t-il déploré. “Mais pour nous ce n’est pas la fin d’un combat, on ne s’interdit absolument aucune procédure légale pour faire revenir l’État à la raison dans ce dossier”. Le jugement du tribunal administratif peut faire l’objet d’un appel devant la cour administrative d’appel de Nancy dans un délai de deux mois. Il marque une nouvelle étape dans le bras de fer qui oppose depuis des années défenseurs de l’environnement et l’Etat.Si l’autorisation d’entreposer ces déchets était initialement temporaire, l’État, par un arrêté de la préfecture du Haut-Rhin du 28 septembre 2023, a prolongé pour une durée illimitée l’autorisation de stockage. La société des Mines de Potasse d’Alsace (MDPA), gestionnaire du site et détenue à 100% par l’État, a entamé depuis un vaste chantier pour couler des barrières de béton dans les galeries souterraines.- Dégradation des galeries -La décision de l’Etat et les travaux qui ont suivi suscitent une certaine opposition en Alsace. Des élus, des riverains et des associations redoutent que le maintien des déchets en profondeur, même sous le béton, ne pollue à terme la nappe phréatique d’Alsace. En cause: l’état de la mine, trop dégradé selon eux pour empêcher une infiltration d’eau qui finira, au contact des déchets, par contaminer la nappe phréatique, malgré la présence des barrières de béton.Mais le tribunal administratif a écarté la possibilité de déstockage, considérant que le confinement définitif constituait la mesure la plus susceptible de préserver l’environnement à court, moyen et long termes. A l’audience le 15 mai, le rapporteur public Alexandre Therre s’était prononcé en faveur de la poursuite des travaux de confinement, estimant que la “dégradation très significative” des galeries, où “les toits s’affaissent et les murs se rapprochent”, empêchait d’extraire “en toute sécurité” les déchets.Le jugement rendu mardi “entérine un fait accompli au mépris de l’environnement, de la santé et des alertes répétées” des citoyens et de la communauté scientifique, a déploré le député LFI du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes dans un communiqué.”Malheureusement, ça devient une méthode de gouvernance, on le voit dans d’autres dossiers, comme l’A69 dans le sud de la France”, a renchéri Stéphane Giraud.Dans un rare communiqué transpartisan publié fin mai, neuf parlementaires alsaciens de tous bords avaient réclamé l’arrêt des travaux de confinement et le déstockage des déchets.”On ne parle pas des galeries qui ne sont pas effondrées et dans lesquelles l’extraction est encore possible” a regretté Sabine Drexler, sénatrice LR du Haut-Rhin et élue à la Collectivité européenne d’Alsace. “Et aujourd’hui vous avez une possibilité de retraitement des déchets qui n’était pas possible il y a 20 ans quand on les a descendus”, a-t-elle souligné auprès de l’AFP.Dans un rapport publié en décembre 2024, la Cour des comptes calculait que les retards successifs du chantier du confinement définitif avaient coûté à l’Etat 226 millions d’euros supplémentaires depuis 2013. 

Déchets toxiques: la justice autorise le confinement définitif à Stocamine

Le tribunal administratif de Strasbourg a autorisé mardi le confinement définitif de déchets toxiques sur le site de Stocamine (Haut-Rhin), rejetant les requêtes de la collectivité européenne d’Alsace, d’associations et de riverains, qui redoutent l’impact pour la nappe phréatique.Le tribunal a jugé que le déstockage des 42.000 tonnes de déchets (cyanure, arsenic, mercure…) entreposés dans cette ancienne mine de potasse à Wittelsheim, option défendue par les requérants, n’était plus réalisable en toute sécurité, notamment en raison de la dégradation des infrastructures.Le confinement définitif “constitue désormais, en l’état des meilleures techniques disponibles, la mesure la plus susceptible de préserver la ressource en eau et par suite le droit des générations futures à satisfaire leurs propres besoins”, indique le tribunal administratif dans son jugement.Cette solution consiste à construire des barrières en béton autour des blocs contenant les déchets et à remblayer les puits y donnant accès de manière à assurer une étanchéité.C’est une “déception”, a déclaré à l’AFP Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature. L’association se bat en justice contre le confinement définitif des déchets. “C’est extrêmement grave puisqu’on joue avec la santé de millions de personnes, avec l’eau potable de millions de personnes”, a-t-il déploré. “Mais pour nous ce n’est pas la fin d’un combat, on ne s’interdit absolument aucune procédure légale pour faire revenir l’État à la raison dans ce dossier”. Le jugement du tribunal administratif peut faire l’objet d’un appel devant la cour administrative d’appel de Nancy dans un délai de deux mois. Il marque une nouvelle étape dans le bras de fer qui oppose depuis des années défenseurs de l’environnement et l’Etat.Si l’autorisation d’entreposer ces déchets était initialement temporaire, l’État, par un arrêté de la préfecture du Haut-Rhin du 28 septembre 2023, a prolongé pour une durée illimitée l’autorisation de stockage. La société des Mines de Potasse d’Alsace (MDPA), gestionnaire du site et détenue à 100% par l’État, a entamé depuis un vaste chantier pour couler des barrières de béton dans les galeries souterraines.- Dégradation des galeries -La décision de l’Etat et les travaux qui ont suivi suscitent une certaine opposition en Alsace. Des élus, des riverains et des associations redoutent que le maintien des déchets en profondeur, même sous le béton, ne pollue à terme la nappe phréatique d’Alsace. En cause: l’état de la mine, trop dégradé selon eux pour empêcher une infiltration d’eau qui finira, au contact des déchets, par contaminer la nappe phréatique, malgré la présence des barrières de béton.Mais le tribunal administratif a écarté la possibilité de déstockage, considérant que le confinement définitif constituait la mesure la plus susceptible de préserver l’environnement à court, moyen et long termes. A l’audience le 15 mai, le rapporteur public Alexandre Therre s’était prononcé en faveur de la poursuite des travaux de confinement, estimant que la “dégradation très significative” des galeries, où “les toits s’affaissent et les murs se rapprochent”, empêchait d’extraire “en toute sécurité” les déchets.Le jugement rendu mardi “entérine un fait accompli au mépris de l’environnement, de la santé et des alertes répétées” des citoyens et de la communauté scientifique, a déploré le député LFI du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes dans un communiqué.”Malheureusement, ça devient une méthode de gouvernance, on le voit dans d’autres dossiers, comme l’A69 dans le sud de la France”, a renchéri Stéphane Giraud.Dans un rare communiqué transpartisan publié fin mai, neuf parlementaires alsaciens de tous bords avaient réclamé l’arrêt des travaux de confinement et le déstockage des déchets.”On ne parle pas des galeries qui ne sont pas effondrées et dans lesquelles l’extraction est encore possible” a regretté Sabine Drexler, sénatrice LR du Haut-Rhin et élue à la Collectivité européenne d’Alsace. “Et aujourd’hui vous avez une possibilité de retraitement des déchets qui n’était pas possible il y a 20 ans quand on les a descendus”, a-t-elle souligné auprès de l’AFP.Dans un rapport publié en décembre 2024, la Cour des comptes calculait que les retards successifs du chantier du confinement définitif avaient coûté à l’Etat 226 millions d’euros supplémentaires depuis 2013.Â