Avec la flambée de grippe, la vaccination obligatoire des soignants en question

Un moyen de moins transmettre la grippe à des personnes vulnérables ou un levier pas si efficace? La flambée de l’épidémie et son fort impact sur les hôpitaux a relancé en France la question sensible d’une possible obligation vaccinale des soignants.Pour le ministre de la Santé Yannick Neuder, il faut “se poser cette question de savoir s’il y a une obligation vaccinale pour les soignants”, face aux répercussions d’une grippe plus sévère cette saison, afin de préparer l’automne 2026, comme il l’a déclaré vendredi sur France Info.L’obligation de se vacciner contre la grippe figurait dans la loi depuis 2005, mais avait été suspendue par décret en 2006, le Conseil supérieur d’hygiène publique jugeant qu’elle “risquerait d’altérer l’adhésion des professionnels”.Depuis, la vaccination anti-Covid exigée des soignants sous peine de suspension pendant la pandémie, de l’automne 2021 au printemps 2023, a créé de vives tensions.Fortement recommandée par les autorités, la vaccination contre la grippe demeure minoritaire parmi les professionnels de santé en France. Si la proportion actuelle n’est pas connue, elle avoisinait 22 à 25% les saisons précédentes, le tiers de l’objectif d’au moins 75% fixé par l’Organisation mondiale de la santé.A l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, seuls 19% des soignants sont vaccinés cette saison contre la grippe, selon le directeur général Nicolas Revel. Chef des urgences à l’hôpital Delafontaine (Seine-Saint-Denis), Mathias Wargon s’est, lui, ému de n’en comptabiliser “même pas 10%” dans ses équipes, disant avoir “déjà entendu des infirmières dire: +Si c’était important, ce serait obligatoire+”. Quatre vaccins sont actuellement obligatoires pour les personnels des hôpitaux ou Ehpad: diphtérie, tétanos, poliomyélite et hépatite B.Lors d’un déplacement à l’hôpital Cochin à Paris il y a une semaine, M. Neuder avait déjà estimé que “la question se posera” d’un éventuel retour d’une vaccination obligatoire des soignants contre la grippe.S’il faut d’abord s’assurer que chaque établissement favorise “toutes les conditions d’accès à la vaccination” pour les soignants, “il ne faut avoir aucun tabou”, selon ce cardiologue, qui a chargé la Haute autorité de santé de “faire le point”.- “Au pays de Pasteur” -A l’été 2023, cette autorité sanitaire avait considéré que la “faible couverture pose légitimement la question de l’obligation vaccinale” des soignants contre la grippe, mais ne l’avait pas préconisée.Pour justifier sa position, elle avait évoqué “l’efficacité inconstante selon les années de la vaccination antigrippale” (de 40 à 75% ndlr), et jugé nécessaires de vastes études pour “vérifier et quantifier l’impact de la mise en place d’une obligation vaccinale des professionnels de santé sur le fardeau de la grippe nosocomiale”.”On n’est pas ici dans l’urgence pandémique. Ne peut-on pas exiger des preuves scientifiques?”, a lancé mardi sur X l’épidémiologiste Antoine Flahault, de l’université de Genève, pour qui l’obligation de vacciner les soignants n’est “pas envisageable en l’absence de preuve scientifique de réduction du risque de grippe” transmise en milieu hospitalier.A l’inverse, l’Académie de médecine plaide depuis des années pour des vaccinations annuelles contre la grippe et le Covid obligatoires pour les soignants, considérant que, “loin d’une atteinte à la liberté individuelle”, elles “font l’honneur de leur profession”.Et de longue date, en France comme dans d’autres pays, les médecins sont globalement plus vaccinés que les infirmières, elles-mêmes davantage vaccinées que les aides-soignantes. “Ce +gradient professionnel+ est régulièrement analysé uniquement dans l’optique d’une meilleure formation scientifique des médecins, mais c’est beaucoup plus complexe”, a déclaré à l’AFP le sociologue Hugo Touzet, qui a participé à une étude sur “les aspects humains et sociaux de la vaccination en France depuis le Covid-19”. Ainsi, “la détérioration des conditions de travail des infirmières à l’hôpital -lorsqu’elles ne se sentent pas reconnues, mal rémunérées- peut engendrer une méfiance envers les autorités de santé et/ou leur hiérarchie, laquelle peut affecter leur perception ou leur adhésion aux vaccins”, a-t-il exposé.”Au-delà d’une obligation, (…) ce qui est très important, c’est qu’on reprenne la question de la vaccination dans notre pays”, selon le patron de l’AP-HP. Pour le ministre de la Santé, au “pays de Pasteur”, il y a encore “besoin de mesures pédagogiques”.

A Paris, des riverains de la “salle de shoot” partagés avant la fin de l’expérimentation

“Dépassés”, “soulagés” ou inquiets, les riverains de la “salle de shoot” de Paris sont partagés sur cette expérimentation menée au nom de la santé et de la tranquillité publiques, qui arrive à son terme fin 2025.Appelées “salles de consommation à moindre risque” quand elles ont été créées en 2016 à Paris et Strasbourg, les deux “haltes soins addictions” (HSA) s’adressent “aux plus démunis et exclus du système de soin”.Sous la surveillance de soignants, les 200 à 300 visiteurs quotidiens de la HSA adossée à l’hôpital Lariboisière s’injectent eux-mêmes leur produit avec des seringues stériles fournies par l’association médico-sociale Gaïa-Paris.”Avant c’était le bordel, on était une cinquantaine par terre. On se shootait dans les parkings, les gosses passaient à côté”, raconte un usager, Tony, visiblement agité et se balançant d’un pied sur l’autre.”Certains riverains se plaignent du fait que la salle réunisse des toxicomanes, c’était déjà le cas avant mais dans la rue”, explique lors d’une réunion publique cet acheteur régulier de Skenan, un médicament dérivé de morphine.Pour Laetitia, habitante du quartier depuis 1978 et représentante du collectif Riverains Lariboisière Gare du Nord opposé au maintien de la halte parisienne, la physionomie du quartier avant 2016 “n’était sans aucune mesure avec ce qu’il y a aujourd’hui”.- “Un climat terrible” -Selon la quinquagénaire, les usagers de seringues dans les parages sont passés de quelques-uns à environ 250 qui font la queue chaque jour devant la salle de shoot. “Ca crée un climat terrible”, déplore-t-elle.”Quand vous vivez avec ça depuis huit ans, vous arrivez à la conclusion que c’est une erreur d’avoir mis ça là”, à proximité d’immeubles d’habitation, regrette Laetitia.Dans un document adressé à l’AFP, la préfecture de police chiffre les interpellations liées aux stupéfiants dans le quartier à 115 en 2024, celles concernant les troubles à la tranquillité publique à 123. “La salle ne peut fonctionner s’il n’y a pas de deal autour”, soutient la représentante du collectif de 280 habitants, qui affirme en apercevoir encore dans le secteur.Les inspections générales des affaires sociales et de l’administration ont elles évalué positivement ces haltes et préconisé de les pérenniser.”Les salles améliorent la tranquillité publique en diminuant les consommations de rue” et “n’engendrent pas de délinquance”, affirme leur rapport daté d’octobre 2024, qui pointe la baisse du nombre de seringues abandonnées ramassées par jour dans les rues de Paris, passées en huit ans de 150 à moins de 10. En 2021, l’Inserm estimait que l’accompagnement proposé par les salles de shoot avait déjà permis d’éviter 43 décès, 69% des surdoses, ainsi que nombre d’infections au VIH et à l’hépatite C. “Avant, il y avait des points de deal un peu partout, des gens qui s’injectaient sur le trottoir”, raconte Cécile Dumas, habitante depuis près de 20 ans du boulevard Magenta, aux abords de la HSA.”Je faisais un détour pour éviter cette zone, je ne voulais pas passer par là”, poursuit la mère de famille de 52 ans, “soulagée” de voir cet espace être mis en place en 2016.Selon elle, la halte a permis d’avoir des interlocuteurs: “on n’est plus seuls face à un problème qui nous dépasse tous, personne ne sait comment réagir seul” face à des toxicomanes.La maire du 10e arrondissement de Paris, Alexandra Cordebard, remarque que depuis la création de la salle, il y a eu “zéro mort par overdose dans le quartier”. La halte fournit “une vie avec la drogue de bien meilleure qualité”, se félicite-t-elle, estimant qu’il faudrait étendre le dispositif.Si cet espace fermait, “ce serait un retour en arrière autant pour les personnes accédant à cette salle depuis des années que pour les riverains”, tranche Laure, une usagère régulière de 23 ans qui s’exprime sur un rythme saccadé en promenant son regard d’un endroit à l’autre de la pièce.La jeune femme, dépendante aux opioïdes et sans domicile fixe depuis ses 16 ans, estime que “fermer la salle n’arrêtera de toute façon pas le trafic à la gare du Nord”, puisqu’il est en place “depuis plus de 20 ans”. brk-sia-mca-aco/bfa/dch   

Les chiens soulagent les secouristes des incendies de Los Angeles

Au milieu des ruines et des cendres de ce qu’était une luxueuse bâtisse de Malibu, des chiens courent, aboient et fouillent à la recherche de victimes des incendies qui ont ravagé Los Angeles.Tulla, un labrador, marque un temps d’arrêt près d’une bouteille de gaz qui devait alimenter un barbecue et se met à aboyer. Son maître secouriste ne voit rien mais le chien a flairé quelque chose grâce à son odorat hors du commun.Alors, on fait venir un autre canidé dont le comportement laisse penser que l’une des dizaines de personnes toujours portées disparues dans le sinistre pourrait bien être ensevelie à cet endroit-là.Selon un bilan provisoire, au moins 27 personnes sont décédées dans les deux incendies les plus dévastateurs, ceux survenus dans le quartier huppé de Pacific Palisades, au nord-ouest de Los Angeles, et dans la ville d’Altadena, au nord.Pour Marco Rodriguez, des pompiers du comté de Los Angeles, les chiens sont “cruciaux” pour les recherches. Le soldat du feu estime que “des milliers de maisons ont brûlé ici et qu’environ 15 personnes sont portées disparues”.- Secouristes “à part entière” -Alors, “nous faisons de notre mieux” et les chiens sont des secouristes “à part entière”, dit-il à l’AFP.Pour les milliers de pompiers mobilisés, les dix derniers jours ont été particulièrement éprouvants physiquement. Et encore plus psychologiquement pour les secouristes locaux, qui voient leur ville ravagée.Mais pour les chiens, cela ressemble à un “jeu”, reconnaît Joshua Davis, venu de San Francisco avec son labrador noir, Bosco.”Ils rampent sur les gravats, ils aiment ça, c’est comme un immense terrain de jeu pour eux”, constate le pompier.Si les chiens ne subissent pas le choc émotionnel que peuvent ressentir leurs maîtres, les dangers pour leur santé sont légion: “Il y a beaucoup d’éclats de verre, de clous et de débris divers qui peuvent blesser les chiens”, prévient M. Davis.Et comme “tous les pompiers”, Bosco “travaille et doit être nourri et entraîné”, dit-il.Le labrador avait été dressé à l’origine pour être guide, mais ce fut un “échec complet” car il était bien trop énergique, explique encore son maître.Une énergie idéale pour rechercher des corps.”Quand ils détectent une odeur, ils se mettent à aboyer, je cherche alors la victime et je récompense Bosco”, se félicite M. Davis.Bien sûr, les chiens ne sont pas infaillibles et il y a de nombreuses fausses alertes dans les opérations de recherche. Mais au final, ils réduisent de manière spectaculaire la charge de travail des humains.”De nombreux chiens peuvent couvrir en moins de cinq minutes la superficie d’un immeuble effondré” alors qu'”il faut quatre à cinq pompiers durant dix à 20 minutes” pour faire le même travail, a calculé Joshua Davis.

Derrière Donald Trump, toute une famille de retour à la Maison Blanche

Melania, Eric, Donald Jr, Ivanka, ou encore Barron: la famille Trump revient lundi à la Maison Blanche dans la foulée de la prestation de serment du patriarche Donald, avec des questions sur le rôle de chacun.Si ses proches devraient être moins impliqués lors de ce second mandat en comparaison du premier entre 2017 et 2021, certains devraient conserver un rôle clé de conseiller officieux. – Melania Trump -Troisième épouse de Donald Trump depuis 2005, Melania Trump revient comme Première dame. Mais l’ex-mannequin de 54 ans ne devrait loger à la Maison Blanche que de manière intermittente, selon CNN, à l’instar du premier mandat de son époux.Le rôle de Première dame aux Etats-Unis implique notamment l’organisation des dîners d’Etat, mais aussi la défense de certaines causes. Lors de son premier passage dans ce rôle, ce fut notamment pour Melania Trump la lutte contre le harcèlement en ligne.- Donald Trump Jr -Fils aîné du prochain président américain, “Don Jr” est connu pour savoir prendre le pouls de la base trumpiste. L’homme d’affaires de 47 ans aurait également eu une influence majeure sur la décision de son père de choisir le sénateur J.D. Vance comme colistier pour la campagne de 2024.Donald Trump Jr ne devrait a priori pas prendre de rôle officiel à la Maison Blanche mais demeurer vice-président exécutif de la holding familiale, la Trump Organization.Selon les médias américains, il ne serait plus fiancé avec sa compagne depuis six ans, Kimberly Guilfoyle. Cette ancienne procureure a depuis été nommée ambassadrice en Grèce par Donald Trump.- Ivanka Trump & Jared Kushner – Ivanka Trump a pris ses distances avec la politique à la fin du premier mandat de son père, après avoir été l’une de ses principales conseillères.”Je sais ce qui en coûte et ce n’est pas un prix que je suis prête à faire supporter à mes enfants”, a déclaré récemment cette mère de trois enfants âgée de 43 ans.Son époux, Jared Kushner, avait également été un conseiller de Donald Trump, notamment pour échanger avec des dirigeants de pays du Golfe au moment de la négociation en 2020 des accords d’Abraham.Sans avoir de rôle officiel cette fois-ci, il devrait être, selon CNN, conseiller officieux du président républicain pour le Moyen-Orient.- Eric Trump -Benjamin des enfants issus du premier mariage du milliardaire, Eric Trump avait passé le premier mandat, comme son frère aîné Donald Jr, en tant que vice-président de la Trump Organization, apparaissant à des meetings ou à la télévision pour défendre son père.A 41 ans, il devrait demeurer à ces rôles lors des prochaines années.Son épouse Lara Trump, qui tente de percer comme chanteuse pop, a démissionné récemment de son rôle de vice-présidente du Parti républicain.- Tiffany Trump -Seule enfant du deuxième mariage de Donald Trump, avec Marla Maples, Tiffany Trump n’avait effectué que quelques apparitions publiques aux côtés de son père lors de son premier mandat.Cette diplômée en droit de 31 ans a participé à quelques événements de campagne en 2024, mais compte rester à l’écart des affaires politiques et attendrait un enfant selon plusieurs médias américains.- Barron Trump -Alors que sa mère Melania tentait de le mettre à l’abri des regards lors du premier mandat, Barron Trump a aujourd’hui 18 ans et semble prêt du haut de ses 2m01 à façonner son propre parcours politique.Etudiant à l’université NYU de New York, le plus jeune enfant de Donald Trump a vraisemblablement été un élément important de la stratégie du républicain envers les jeunes électeurs en 2024, l’encourageant notamment à être interviewé par Adin Ross, un célèbre Youtubeur américain.- Belle-famille -Charles Kushner, le père de Jared, sera ambassadeur en France. Condamné pour évasion fiscale et subornation de témoin, Donald Trump l’avait gracié en 2020.Massad Boulos, le beau-père de Tiffany, sera lui conseiller pour le Moyen-Orient.

Pour des soldats originaires d’Ukraine occupée, le goût aigre-doux de la paix promise par Trump

Volodya, un soldat ukrainien, est partagé face à la perspective d’une trêve entre son pays et la Russie, qui laisserait son village d’origine et sa mère sous occupation russe.L’insistance du président élu américain élu Donald Trump sur sa capacité à mettre fin à la guerre trouble ce chauffeur de l’armée, avant le retour à la Maison Blanche le 20 janvier du milliardaire. Trump n’a pas présenté de plan mais est suspecté de vouloir céder aux Russes des terres ukrainiennes, en échange d’une paix ou d’une trêve.”Je suis tiraillé parce que je veux que nos gars cessent de mourir, mais je veux aussi revoir ma mère” qui vit en territoire occupé, dit-il à l’AFP à Kramatorsk, principale ville du Donbass ukrainien encore sous le contrôle de Kiev.”J’aimerais pouvoir entrer calmement dans mon village sous drapeau ukrainien, plutôt que sous le drapeau (russe) tricolore, d’être et de me sentir à la maison”, ajoute-t-il.Le soldat de 26 ans, qui utilise un pseudonyme pour protéger l’identité de sa mère, explique qu’elle a choisi de rester là-bas afin de s’occuper de son propre père affaibli.Les sentiments contradictoires de Volodya sont partagés par nombre de ses concitoyens, militaires et civils.  Suspendre le conflit donnerait un répit à l’armée et à la population, éreintées par bientôt trois ans de guerre, mais pourrait revenir à céder environ 20% du territoire ukrainien, Vladimir Poutine martelant qu’il ne veut rien de moins.La dernière courte visite de Volodya dans son village remonte à décembre 2021, trois mois avant l’invasion russe, le temps d’un thé avec sa mère.- “Notre paix a pris fin” -“Ma mère fait de très bonnes pommes de terre rissolées. Ca me manque tellement, me réveiller à la maison et aller dans la cuisine où elle s’active toujours”, dit le jeune soldat.Il se souvient aussi de ses jeux d’enfants, ou du repaire où il retrouvait ses amis l’hiver: “On y restait assis du matin au soir, à jouer aux cartes, à manger des graines de tournesol et des crackers, et à parler de tout et de rien”.Cette nostalgie est partagée par Ioury, officier du bataillon Aïdar, âgé de 35 ans. Lui se souvient des noirs terrils du Donbass, bassin minier de l’Est. Ces amoncellements de roches provenant des mines sont “comme des montagnes qui se dressent partout à l’horizon”, explique l’ancien électricien.”Il y avait des prairies en fleurs, des abeilles qui volaient. Et puis les roquettes sont tombées partout et notre paix a pris fin”, dit-il.Sa ville natale, Selydové, a été conquise par la Russie en octobre 2024 et largement détruite par les combats.Ioury comprend qu’il sera difficile de la reprendre et de la reconstruire, mais refuse de baisser les bras.- Continuer “notre lutte” – Selon lui, ceux qui poussent au cessez-le-feu devraient discuter avec des proches de soldats tués.”Ils seraient mieux à même de dire si on doit renoncer à 20% des terres ukrainiennes ou si cela vaut la peine de poursuivre notre lutte au nom de leurs gars”, juge-t-il.Une partie des Ukrainiens se disent prêts à des concessions. Ils étaient 38% en décembre, contre 32% en octobre, selon des sondages de l’Institut international de sociologie de Kiev (KIIS).Oleksandre, commandant d’une unité du bataillon Aïdar, âgé de 41 ans, est originaire de Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.Pour lui, une trêve est synonyme de catastrophe, car elle permettrait au Kremlin de reconstituer ses forces et de s’emparer ensuite d’encore davantage de territoire. “L’appétit vient en mangeant”, dit-il.- “Je l’aime aussi” -Même s’il a coupé les ponts avec sa famille pro-Kremlin restée en Crimée, la première chose qu’il ferait en cas de reconquête serait d’étreindre ses parents.Volodya en rêve aussi.Lui parle avec sa mère au téléphone tous les jours. Récemment, il a senti que quelque chose n’allait pas: “elle essaie toujours de se maîtriser, mais je l’ai appelée et je pouvais entendre ses émotions déborder”.Elle lui a dit alors que son village avait subi des bombardements ukrainiens répétés. Volodya n’a pu qu’essayer de lui remonter le moral à distance.Depuis une conversation particulièrement déchirante juste avant la capture du village par les Russes, leurs appels se concluent toujours de la même façon. “Elle m’a toujours dit qu’elle m’aime. Maintenant, je lui réponds aussi que je l’aime.”

Pour des soldats originaires d’Ukraine occupée, le goût aigre-doux de la paix promise par Trump

Volodya, un soldat ukrainien, est partagé face à la perspective d’une trêve entre son pays et la Russie, qui laisserait son village d’origine et sa mère sous occupation russe.L’insistance du président élu américain élu Donald Trump sur sa capacité à mettre fin à la guerre trouble ce chauffeur de l’armée, avant le retour à la Maison Blanche le 20 janvier du milliardaire. Trump n’a pas présenté de plan mais est suspecté de vouloir céder aux Russes des terres ukrainiennes, en échange d’une paix ou d’une trêve.”Je suis tiraillé parce que je veux que nos gars cessent de mourir, mais je veux aussi revoir ma mère” qui vit en territoire occupé, dit-il à l’AFP à Kramatorsk, principale ville du Donbass ukrainien encore sous le contrôle de Kiev.”J’aimerais pouvoir entrer calmement dans mon village sous drapeau ukrainien, plutôt que sous le drapeau (russe) tricolore, d’être et de me sentir à la maison”, ajoute-t-il.Le soldat de 26 ans, qui utilise un pseudonyme pour protéger l’identité de sa mère, explique qu’elle a choisi de rester là-bas afin de s’occuper de son propre père affaibli.Les sentiments contradictoires de Volodya sont partagés par nombre de ses concitoyens, militaires et civils.  Suspendre le conflit donnerait un répit à l’armée et à la population, éreintées par bientôt trois ans de guerre, mais pourrait revenir à céder environ 20% du territoire ukrainien, Vladimir Poutine martelant qu’il ne veut rien de moins.La dernière courte visite de Volodya dans son village remonte à décembre 2021, trois mois avant l’invasion russe, le temps d’un thé avec sa mère.- “Notre paix a pris fin” -“Ma mère fait de très bonnes pommes de terre rissolées. Ca me manque tellement, me réveiller à la maison et aller dans la cuisine où elle s’active toujours”, dit le jeune soldat.Il se souvient aussi de ses jeux d’enfants, ou du repaire où il retrouvait ses amis l’hiver: “On y restait assis du matin au soir, à jouer aux cartes, à manger des graines de tournesol et des crackers, et à parler de tout et de rien”.Cette nostalgie est partagée par Ioury, officier du bataillon Aïdar, âgé de 35 ans. Lui se souvient des noirs terrils du Donbass, bassin minier de l’Est. Ces amoncellements de roches provenant des mines sont “comme des montagnes qui se dressent partout à l’horizon”, explique l’ancien électricien.”Il y avait des prairies en fleurs, des abeilles qui volaient. Et puis les roquettes sont tombées partout et notre paix a pris fin”, dit-il.Sa ville natale, Selydové, a été conquise par la Russie en octobre 2024 et largement détruite par les combats.Ioury comprend qu’il sera difficile de la reprendre et de la reconstruire, mais refuse de baisser les bras.- Continuer “notre lutte” – Selon lui, ceux qui poussent au cessez-le-feu devraient discuter avec des proches de soldats tués.”Ils seraient mieux à même de dire si on doit renoncer à 20% des terres ukrainiennes ou si cela vaut la peine de poursuivre notre lutte au nom de leurs gars”, juge-t-il.Une partie des Ukrainiens se disent prêts à des concessions. Ils étaient 38% en décembre, contre 32% en octobre, selon des sondages de l’Institut international de sociologie de Kiev (KIIS).Oleksandre, commandant d’une unité du bataillon Aïdar, âgé de 41 ans, est originaire de Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.Pour lui, une trêve est synonyme de catastrophe, car elle permettrait au Kremlin de reconstituer ses forces et de s’emparer ensuite d’encore davantage de territoire. “L’appétit vient en mangeant”, dit-il.- “Je l’aime aussi” -Même s’il a coupé les ponts avec sa famille pro-Kremlin restée en Crimée, la première chose qu’il ferait en cas de reconquête serait d’étreindre ses parents.Volodya en rêve aussi.Lui parle avec sa mère au téléphone tous les jours. Récemment, il a senti que quelque chose n’allait pas: “elle essaie toujours de se maîtriser, mais je l’ai appelée et je pouvais entendre ses émotions déborder”.Elle lui a dit alors que son village avait subi des bombardements ukrainiens répétés. Volodya n’a pu qu’essayer de lui remonter le moral à distance.Depuis une conversation particulièrement déchirante juste avant la capture du village par les Russes, leurs appels se concluent toujours de la même façon. “Elle m’a toujours dit qu’elle m’aime. Maintenant, je lui réponds aussi que je l’aime.”

Près d’Arcachon, les sapins de Noël recyclés contre l’érosion des plages

En ce matin de janvier, sur une plage de la Teste-de-Buch près d’Arcachon (Gironde), près d’un millier de sapins de Noël flétris sont reconvertis en brise-vent pour contenir les avancées de l’océan.Chaque année, une équipe de l’Office national des forêts (ONF) encadre une dizaine d’enfants, âgés de 10 à 12 ans, pour entreposer ces résineux sur la dune entaillée par les vents.L’érosion côtière, un phénomène naturel de perte de sédiments, sous l’effet des vents, des vagues et des marées, fait reculer les côtes de plusieurs mètres par endroits sur le littoral sableux du pays.À la Teste-de-Buch, sur cette plage en contrebas de la forêt de pins brûlée lors des mégafeux de l’été 2022, la dune a ainsi reculé de 90 mètres ces dernières années.- “Brise-vent” -Les petits sapins, tirés depuis leur base avec entrain par les enfants équipés de gants de protection, vont agir comme des “brise-vent” et, grâce à leurs épines, empêcher le sable de s’envoler vers l’intérieur des terres, explique le technicien de l’ONF Mathieu Brugère.Recouverts au fil des mois, ces arbres morts “reboucheront” les trous du linéaire dunaire et leurs apports organiques nourriront les plantes sableuses – oyat, gourbet – mises en place par l’ONF pour “maintenir” le sable au sommet de la dune, précise le spécialiste.Au large, l’apparition de bancs de sable modifiant les courants a permis un léger “réengraissage” de la plage depuis deux ans. “On profite de ces moments de répit pour capitaliser le sable aux endroits nécessaires”, ajoute le technicien, avant de presser les enfants à entasser les sapins dans une brèche de la dune.Celle-ci a été creusée par le piétinement des vacanciers arrivant du parking, “entièrement recouvert de sable” durant l’automne car la dune ne le protège plus.Pour Karelle, 11 ans et habituée déjà à ces opérations menées avec sa classe ou le conseil municipal des jeunes de la commune, “c’est important pour que les gens puissent aller à la plage sans qu’il y ait du sable sur la route”.”Dans quelques années, tu diras: cette dune, c’est moi qui l’ai travaillée”, glisse le maire (DVD) Patrice Davet à un petit garçon aux gants remplis d’épines vertes, une fois le trou rebouché.- “Gestion douce” -“Ces gamins sont très attachés à leurs plages, à leur nature. Ils se rappellent aussi les incendies d’il y a deux ans. On amplifie cet attachement en leur faisant faire des tâches environnementales. C’est notre avenir, nous voulons les éduquer dans ce sens”, met en avant l’élu.Au total 15 bennes, soit plus de 15.000 sapins, sont déversées chaque mois de janvier sur les plages de la commune. Ce modèle de “gestion douce” de l’érosion est déployé depuis une dizaine d’années sur les plages de sable du golfe de Gascogne (des Pyrénées-Atlantiques à la Vendée), ainsi que sur certains cordons dunaires dans le nord du pays (Manche et Pas-de-Calais).Selon les scientifiques de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, associant le BRGM et l’ONF, la dune recule de 1,7 à 2,5 mètres par an sur les plages de sable du Sud-Ouest.Le phénomène pourrait y menacer 6.000 logements, si rien n’est fait, d’ici 2050.

Près d’Arcachon, les sapins de Noël recyclés contre l’érosion des plages

En ce matin de janvier, sur une plage de la Teste-de-Buch près d’Arcachon (Gironde), près d’un millier de sapins de Noël flétris sont reconvertis en brise-vent pour contenir les avancées de l’océan.Chaque année, une équipe de l’Office national des forêts (ONF) encadre une dizaine d’enfants, âgés de 10 à 12 ans, pour entreposer ces résineux sur la dune entaillée par les vents.L’érosion côtière, un phénomène naturel de perte de sédiments, sous l’effet des vents, des vagues et des marées, fait reculer les côtes de plusieurs mètres par endroits sur le littoral sableux du pays.À la Teste-de-Buch, sur cette plage en contrebas de la forêt de pins brûlée lors des mégafeux de l’été 2022, la dune a ainsi reculé de 90 mètres ces dernières années.- “Brise-vent” -Les petits sapins, tirés depuis leur base avec entrain par les enfants équipés de gants de protection, vont agir comme des “brise-vent” et, grâce à leurs épines, empêcher le sable de s’envoler vers l’intérieur des terres, explique le technicien de l’ONF Mathieu Brugère.Recouverts au fil des mois, ces arbres morts “reboucheront” les trous du linéaire dunaire et leurs apports organiques nourriront les plantes sableuses – oyat, gourbet – mises en place par l’ONF pour “maintenir” le sable au sommet de la dune, précise le spécialiste.Au large, l’apparition de bancs de sable modifiant les courants a permis un léger “réengraissage” de la plage depuis deux ans. “On profite de ces moments de répit pour capitaliser le sable aux endroits nécessaires”, ajoute le technicien, avant de presser les enfants à entasser les sapins dans une brèche de la dune.Celle-ci a été creusée par le piétinement des vacanciers arrivant du parking, “entièrement recouvert de sable” durant l’automne car la dune ne le protège plus.Pour Karelle, 11 ans et habituée déjà à ces opérations menées avec sa classe ou le conseil municipal des jeunes de la commune, “c’est important pour que les gens puissent aller à la plage sans qu’il y ait du sable sur la route”.”Dans quelques années, tu diras: cette dune, c’est moi qui l’ai travaillée”, glisse le maire (DVD) Patrice Davet à un petit garçon aux gants remplis d’épines vertes, une fois le trou rebouché.- “Gestion douce” -“Ces gamins sont très attachés à leurs plages, à leur nature. Ils se rappellent aussi les incendies d’il y a deux ans. On amplifie cet attachement en leur faisant faire des tâches environnementales. C’est notre avenir, nous voulons les éduquer dans ce sens”, met en avant l’élu.Au total 15 bennes, soit plus de 15.000 sapins, sont déversées chaque mois de janvier sur les plages de la commune. Ce modèle de “gestion douce” de l’érosion est déployé depuis une dizaine d’années sur les plages de sable du golfe de Gascogne (des Pyrénées-Atlantiques à la Vendée), ainsi que sur certains cordons dunaires dans le nord du pays (Manche et Pas-de-Calais).Selon les scientifiques de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, associant le BRGM et l’ONF, la dune recule de 1,7 à 2,5 mètres par an sur les plages de sable du Sud-Ouest.Le phénomène pourrait y menacer 6.000 logements, si rien n’est fait, d’ici 2050.

Près d’Arcachon, les sapins de Noël recyclés contre l’érosion des plages

En ce matin de janvier, sur une plage de la Teste-de-Buch près d’Arcachon (Gironde), près d’un millier de sapins de Noël flétris sont reconvertis en brise-vent pour contenir les avancées de l’océan.Chaque année, une équipe de l’Office national des forêts (ONF) encadre une dizaine d’enfants, âgés de 10 à 12 ans, pour entreposer ces résineux sur la dune entaillée par les vents.L’érosion côtière, un phénomène naturel de perte de sédiments, sous l’effet des vents, des vagues et des marées, fait reculer les côtes de plusieurs mètres par endroits sur le littoral sableux du pays.À la Teste-de-Buch, sur cette plage en contrebas de la forêt de pins brûlée lors des mégafeux de l’été 2022, la dune a ainsi reculé de 90 mètres ces dernières années.- “Brise-vent” -Les petits sapins, tirés depuis leur base avec entrain par les enfants équipés de gants de protection, vont agir comme des “brise-vent” et, grâce à leurs épines, empêcher le sable de s’envoler vers l’intérieur des terres, explique le technicien de l’ONF Mathieu Brugère.Recouverts au fil des mois, ces arbres morts “reboucheront” les trous du linéaire dunaire et leurs apports organiques nourriront les plantes sableuses – oyat, gourbet – mises en place par l’ONF pour “maintenir” le sable au sommet de la dune, précise le spécialiste.Au large, l’apparition de bancs de sable modifiant les courants a permis un léger “réengraissage” de la plage depuis deux ans. “On profite de ces moments de répit pour capitaliser le sable aux endroits nécessaires”, ajoute le technicien, avant de presser les enfants à entasser les sapins dans une brèche de la dune.Celle-ci a été creusée par le piétinement des vacanciers arrivant du parking, “entièrement recouvert de sable” durant l’automne car la dune ne le protège plus.Pour Karelle, 11 ans et habituée déjà à ces opérations menées avec sa classe ou le conseil municipal des jeunes de la commune, “c’est important pour que les gens puissent aller à la plage sans qu’il y ait du sable sur la route”.”Dans quelques années, tu diras: cette dune, c’est moi qui l’ai travaillée”, glisse le maire (DVD) Patrice Davet à un petit garçon aux gants remplis d’épines vertes, une fois le trou rebouché.- “Gestion douce” -“Ces gamins sont très attachés à leurs plages, à leur nature. Ils se rappellent aussi les incendies d’il y a deux ans. On amplifie cet attachement en leur faisant faire des tâches environnementales. C’est notre avenir, nous voulons les éduquer dans ce sens”, met en avant l’élu.Au total 15 bennes, soit plus de 15.000 sapins, sont déversées chaque mois de janvier sur les plages de la commune. Ce modèle de “gestion douce” de l’érosion est déployé depuis une dizaine d’années sur les plages de sable du golfe de Gascogne (des Pyrénées-Atlantiques à la Vendée), ainsi que sur certains cordons dunaires dans le nord du pays (Manche et Pas-de-Calais).Selon les scientifiques de l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine, associant le BRGM et l’ONF, la dune recule de 1,7 à 2,5 mètres par an sur les plages de sable du Sud-Ouest.Le phénomène pourrait y menacer 6.000 logements, si rien n’est fait, d’ici 2050.