A Ryad, des humoristes étrangers bousculent les tabous malgré les critiques

Insultes, blagues crues: des stars de la scène anglo-saxonne se sont produites ces derniers jours en Arabie saoudite devant un public parfois mal à l’aise mais souvent hilare, malgré une levée de boucliers à l’étranger autour de leur participation.  Organisé pour la première fois dans la capitale de la monarchie du Golfe, le Riyadh Comedy Festival a divisé le monde du stand-up, avec des humoristes, sensés défendre la liberté d’expression, accusés d’hypocrisie. L’évènement illustre le développement du secteur des divertissements dans le royaume  conservateur, qui cherche à réduire sa dépendance au pétrole, tout en redorant son image ternie par la répression des dissidents et son bilan en matière de droits humains.Mais à Ryad, le public s’est délecté de l’humour grivois de certains artistes, comme l’américain Jeff Ross, 60 ans, qui n’a pas lésiné sur les insultes devant les centaines de spectateurs venus le voir à Ryad.”Lâche-toi!”, lui lancent plusieurs personnes dans la salle, majoritairement composée de Saoudiens. “Je peux dire des choses obscènes? C’est autorisé ici?”, répond-il, visiblement plus amusé qu’inquiet de jouer pour la première fois dans le pays.”Il y a des stars du porno parmi vous?”, demande-t-il à la foule, d’abord gênée. Puis, désignant un spectateur du doigt: “expliquez-lui la blague, il ne peut pas accéder aux sites porno”, lance-t-il, déclenchant les rires d’un public qui s’amuse alors de la référence à l’interdiction des contenus pornographiques dans le pays. Au total, plus d’une cinquantaine d’artistes, majoritairement américains, ont été invités à se produire entre les 26 septembre le 9 octobre. Parmi eux, les superstars de la comédie Dave Chappelle, Pete Davidson, Kevin Hart et Russell Peters, ainsi que des comédiens ouvertement gays et des artistes juifs.  Succédant à Jeff Ross sur les planches d’un théâtre de Boulevard City, véritable temple du divertissement avec ses écrans géants dignes d’un Times Square saoudien, la jeune texane Cristina Mariani n’a pas hésité à faire rire en parlant de sa vie sexuelle. – “Aucun tabou” -“J’ai adoré le spectacle! Ils n’avaient aucun tabou, ils ont parlé de sexe et de sujets dont on n’a pas l’habitude d’entendre parler en public en Arabie saoudite, c’était très rafraîchissant”, témoigne auprès de l’AFP Abdelaziz Rahman, 24 ans, étudiant en médecine. La scène aurait été inimaginable dans le royaume il y a quelques années, quand la police religieuse quadrillait encore les rues pour veiller à la stricte application d’un islam austère. Depuis, des réformes menées sous l’impulsion du prince héritier et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, ont transformé la vie dans le pays: la police religieuse a été muselée et des milliards de dollars ont été investis dans le sport et le divertissement.Certains des athlètes les plus célèbres au monde s’y produisent désormais tout comme des stars de la chanson comme Jennifer Lopez et Eminem. Sur scène, Jeff Ross a même ironisé sur les éventuelles limites à la liberté de ton: “qu’est-ce qu’ils vont faire? Me virer? Je ne suis là que pour un seul spectacle”, a-t-il lancé sous les rires. Le comédien s’est toutefois abstenu d’évoquer la famille royale saoudienne ou la religion.Le festival a suscité de vives critiques à l’étranger, où des militants ont dénoncé une tentative du royaume de détourner l’attention de ses violations des droits humains, de la condition des femmes et du nombre élevé d’exécutions.- “Ecoeuré” -Si de grands noms de la scène comique ont participé au festival, d’autres ont pris leurs distances, refusant de se produire à Ryad ou fustigeant leurs collègues qui l’ont fait.”Je suis écœuré et profondément déçu par toute cette affaire immonde. Que des personnes que j’admire, au talent indéniable, cautionnent cette seigneurie totalitaire pour (…) une quatrième maison? Un bateau?”, a écrit l’humoriste David Cross dans une lettre ouverte.Tim Dillon, humoriste et podcasteur populaire, a affirmé que sa participation avait été annulée après des commentaires sur les supposées pratiques de travail illégales dans le royaume. “Dans mon propre pays, où j’ai la liberté de dire ce que je veux, je continuerai à être drôle et à rester moi-même. Ca ne s’achète pas”, a-t-il déclaré dans un podcast. Mais pour les fans de comédie saoudiens, ces critiques relèvent d’un double standard.  “Est-ce qu’on demande aux artistes d’arrêter de se produire aux Etats-Unis parce qu’ils ont Guantánamo?”, s’agace Mohammed Shaalane, 31 ans, employé de banque.”Pourquoi on ne pourrait pas nous aussi voir notre comédien préféré sur scène?”, dit-il à l’AFP.

Syrie: cessez-le-feu entre les autorités et les Kurdes après des affrontements à Alep

Damas a annoncé mardi un cessez-le-feu “global” avec les Kurdes dans l’ensemble de la Syrie, après une rencontre entre le président intérimaire Ahmad al-Chareh et le chef kurde Mazloum Abdi, au lendemain d’affrontements à Alep, dans le nord du pays, qui ont fait deux morts.Depuis la prise de pouvoir par une coalition islamiste en décembre 2024, des affrontements ont opposé les deux parties dans le nord et le nord-est de la Syrie, tandis que l’application d’un accord pour intégrer les forces kurdes à l’armée piétine.L’annonce du cessez-le-feu est intervenue après une rencontre entre Ahmad al-Chareh et Mazloum Abdi à Damas, la première depuis juillet, en présence d’émissaires américains, a indiqué une source gouvernementale à l’AFP.Le ministre syrien de la Défense, Mourhaf Abou Qasra, a annoncé s’être réuni avec Mazloum Abdi et avoir convenu d’un “cessez-le-feu global sur l’ensemble des axes et points de déploiement militaires dans le nord et le nord-est de la Syrie”.Il a ajouté que la mise en œuvre de l’accord commencerait immédiatement.Des affrontements avaient éclaté lundi soir à Alep entre deux quartiers à majorité kurde et les zones tenues par les forces gouvernementales, auxquels un cessez-le-feu local a mis fin à l’aube.Au moins un membre des forces de la Sécurité intérieure et un civil ont été tués dans des bombardements attribués par les médias d’Etat aux forces kurdes présentes dans les quartiers de Cheikh Maqsoud et Achrafieh.Ces deux quartiers sont contrôlés par des unités kurdes locales liées aux FDS et à leurs forces de sécurité, les Assayich.- Fuite de civils -“Nous avons eu peur et nous avons décidé ce matin de quitter notre maison à Cheikh Maqsoud”, a affirmé à l’AFP Sinan Rajab Bacha, un habitant de 67 ans joint au téléphone.”Nous avons vu un grand nombre de familles fuir Cheikh Maqsoud et Achrafieh”, a-t-il ajouté, précisant que les entrées des deux quartiers étaient bloquées et seule la sortie autorisée aux habitants.Les FDS ont nié toute attaque contre les forces gouvernementales, accusant au contraire des factions pro-Damas d’avoir imposé un siège aux quartiers kurdes et tenté d’y avancer “avec des chars”. Elles ont affirmé que des habitants avaient pris les armes “aux côtés” des forces kurdes pour se défendre.Les FDS s’étaient retirées des deux quartiers en avril dernier dans le cadre d’un accord de désengagement conclu avec le gouvernement. Des combats sporadiques ont opposé les forces kurdes et des forces gouvernementales ou des factions proturques qui leur sont affiliées dans d’autres régions du nord de la Syrie au cours des derniers mois.En mars, Damas et les Kurdes avaient signé un accord d’intégration des institutions civiles et militaires de l’administration autonome kurde dans les institutions nationales.Mais d’importantes divergences entre les deux parties ont retardé jusqu’ici la mise en œuvre de cet accord. Mardi, M. Abdi a évoqué à Damas avec le président intérimaire “les mécanismes d’intégration des FDS au sein de l’armée syrienne”, selon une source proche des participants.Le Commandant militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l’amiral Brad Cooper, et l’émissaire américain Tom Barrack, assistaient à la réunion en tant que médiateurs, selon cette source.Les puissantes FDS, qui contrôlent de vastes parties du nord-est syrien, ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique en Syrie et sont soutenues par les Etats-Unis qui encouragent également le nouveau pouvoir islamiste à Damas.Les Kurdes réclament notamment un système de gouvernance décentralisé, ce que rejette le nouveau dirigeant islamiste, qui a renversé Bachar al-Assad en décembre 2024.Deux provinces du nord-est de la Syrie, sous contrôle des Kurdes, avaient été exclues par le pouvoir central de la consultation qui s’est tenue dimanche pour désigner un Parlement transitoire.

Israel marks October 7 anniversary as talks held to end Gaza war

Israel marked the second anniversary of the October 7 attack on Tuesday, as Hamas and Israeli negotiators held indirect talks aimed at ending the war in Gaza under a US-proposed peace plan.Two years ago to the day, at the close of the Jewish festival of Sukkot, Hamas-led militants launched the deadliest attack on Israel in the country’s history, sparking a huge retaliatory offensive in Gaza.The attack shocked the world, with Palestinian fighters breaching the Gaza-Israel border, and storming southern Israeli communities and a desert music festival with gunfire, rockets and grenades.It resulted in the deaths of 1,219 people, mostly civilians, according to an AFP tally based on official Israeli figures.Militants also took 251 people hostage into Gaza, of whom 47 remain captive, including 25 the Israeli military says are dead.On Tuesday, senior Hamas official Fawzi Barhoum called the October 7 attack a “historic response” to Israel’s bid to “eradicate the Palestinian cause”.He also said Hamas was working to “surmount all obstacles” to sealing a deal in Egypt.Two years on from the October 7 attack, global pressure to end the war has escalated massively, with much of Gaza flattened, a UN-declared famine unfolding and Israeli hostage families still longing for their loved ones’ return.A UN probe last month accused Israel of genocide in Gaza while rights groups have accused Hamas of committing war crimes and crimes against humanity during the October 7 attack. Both sides reject the allegations.Last week, US President Donald Trump unveiled a 20-point peace plan calling for a ceasefire, the release of all the hostages, Hamas’s disarmament and a gradual Israeli withdrawal from Gaza.The plan received positive responses from both Israel and Hamas and prompted talks in Egypt, with negotiators beginning indirect discussions on Monday.According to two Palestinian sources close to the Hamas negotiating team, the talks were resuming on Tuesday in the Red Sea town of Sharm El-Sheikh.On Wednesday, Trump’s special Middle East envoy Steve Witkoff will join the talks, according to Egyptian Foreign Minister Badr Abdelatty.”The primary guarantee of success at this stage is US President Trump himself… even if it comes to a point to require him imposing a vision,” he said.- ‘She’s with me’ -In Israel, dozens of relatives and friends of those killed at the Nova music festival lit candles and held a minute’s silence at the site of the attack, where militants killed more than 370 people and seized dozens of hostages.Orit Baron, whose daughter Yuval was killed at the festival with her fiance Moshe Shuva, told AFP that October 7 was a “black” day for her family.”Now it’s two years. And I’m here to be with her, because this is the last time that she was alive,” the 57-year-old mother said at the site of the attack, adding she felt “that right now she’s with me here”.Another ceremony was due in Tel Aviv’s Hostages Square, where weekly rallies have kept up calls for the captives’ release.”Release the hostages, unconditionally and immediately,” UN Secretary-General Antonio Guterres said.”Put an end to the hostilities in Gaza, Israel and the region now. Stop making civilians pay with their lives and their futures.”- ‘Now, not tomorrow’ -Israel’s military campaign in Gaza has killed at least 67,160 people, according to the health ministry in the Hamas-run territory, figures the United Nations considers credible.Their data does not distinguish between civilians and combatants but indicates that over half of the dead are women and children.”I don’t know when this war will end. My dream is for the war to end now, not tomorrow,” said Abeer Abu Said, a 21-year-old in Gaza who lost seven family members in the war.”I don’t trust anyone — from the Israeli negotiators or even Hamas — they all lie to us. Negotiations for the sake of negotiations, while we die every minute.”In Egypt’s resort town of Sharm El-Sheikh, mediators were shuttling between Israeli and Hamas delegations under tight security.Egypt’s Abdelatty said that negotiations were aimed at implementing a “first phase” of the agreement, “to create conditions for the release of the hostages, the access for aid, and the release of Palestinian prisoners”.”This, therefore, requires the redeployment of Israeli forces so that we can work to implement this phase,” he added. Trump has urged negotiators to “move fast” to end the war, but Israeli strikes continued on Tuesday, killing four people according to Gaza’s civil defence agency — a rescue force operating under Hamas’s authority — and a local hospital.Qatar, a key mediator in the conflict, said Israel should already have ceased fire under Trump’s plan.”It was supposed to actually cease fire if the statements made by the prime minister there regarding adherence to the Trump plan were true,” Qatari foreign ministry spokesman Majed al-Ansari told reporters in Doha.Trump told Newsmax TV that “I think we’re very, very close to having a deal… I think there’s a lot of goodwill being shown now. It’s pretty amazing actually”.Israeli military chief Lieutenant General Eyal Zamir has warned that if the negotiations fail, the military will “return to fighting” in Gaza.burs-jd/acc/ser

Avec le Neoliner Origin, le transport à la voile prend une dimension industrielle

Sur la passerelle de son cargo roulier, le capitaine Mathieu Poulain dispose de tous les instruments de navigation classiques d’un navire de commerce. Avec, en plus, deux écrans: l’un pour régler les voiles, l’autre les mâts.Avec ses 136 mètres de long, ses deux mâts carbone autoportés de 75 m et ses 3.000 m2 de voiles rigides, le Neoliner Origin, sorti il y a tout juste une semaine de son chantier de construction turc, est le plus gros cargo à la voile du monde. Il espère concurrencer le marché des “ro-ro” (rouliers) de sa catégorie, en réduisant jusqu’à 80% des émissions de gaz à effet de serre.S’il sent encore la peinture, le voilier a réussi cette semaine ses essais en mer, chargeant 300 voitures à Bastia, avant de rejoindre Marseille, où il a fait une escale lundi au pied de la tour de CMA-CGM, géant français du transport maritime et partenaire majeur de Neoline avec 37% de participation.Parmi ses principales innovations, les voiles – des panneaux de carbone et fibre de verre mis au point par les Chantiers de l’Atlantique – peuvent être hissées ou affalées en 2 minutes 30 et sont orientées automatiquement pour optimiser la prise au vent. Ce navire rutilant, aux mâts rabattables, intègre également des outils de simulation numérique de routage météo pour choisir en temps réel les trajectoires les plus efficaces.”L’objectif final, c’est d’atteindre une propulsion vélique de 90-95%, les moteurs nous servant uniquement à appareiller et accoster”, explique le capitaine Poulain.Après 20 ans dans la marine marchande, le capitaine Antonin Petit, deuxième commandant, ne cache pas sa satisfaction: “j’ai quitté le transport maritime classique par conviction personnelle, avec l’envie d’agir, réellement, pour la préservation de notre planète. Plus les années passaient, plus je ressentais une angoisse entre ma pratique professionnelle et mes convictions. Là, c’était l’occasion.” – Rotations transatlantiques -Après un baptême officiel à Nantes le 13 octobre, le Neoliner Origin quittera le 16 octobre son port d’attache de Saint-Nazaire pour sa première transatlantique jusqu’à Saint-Pierre-et-Miquelon, puis Baltimore (Etats-Unis) et Halifax (Canada), et assurera ensuite une rotation par mois à une vitesse commerciale de 11 noeuds, explique le président de Neoline, Jean Zanuttini.  Dans son garage principal, long de 117 m, dans lequel colis et conteneurs sont chargés par l’arrière, le Neoliner Origin pourra embarquer 5.300 tonnes de marchandises, soit nettement plus que les volumes jusqu’ici proposés par les navires à la voile.Huit chargeurs français se sont déjà engagés : Renault, Manitou, La Fournée Dorée, Hennessy, Rémy Cointreau, Longchamp, Clarins et Bénéteau.Pour la CMA-CGM, le Neoliner Origin est “un véritable démonstrateur industriel de la transition énergétique dans le transport maritime”.”Il y a déjà aujourd’hui une dizaine d’offres sur le marché de systèmes qui permettent l’assistance vélique. Mais la grande nouveauté sur ce projet, c’est qu’on ne parle plus d’assistance, on est sur un vrai voilier !”, relève Xavier Leclercq, vice-président du groupe CMA CGM.”Nous avons voulu prouver qu’il était possible de concevoir un navire performant, rentable et capable de diviser par cinq la consommation de fuel tout en rendant un service de qualité. Aujourd’hui, nous avons démontré que ce projet est finançable, constructible et désormais exploitable”, se félicite Jean Zanuttini, qui prévoit déjà la construction d’un second cargo identique, dont la mise en chantier pourrait débuter mi-2026.”C’est certainement une des solutions qui va s’imposer pour décarboner le transport maritime”, estime M. Leclercq de la CMA CGM qui opère plus de 650 navires dans 160 pays.Actuellement, le transport maritime est responsable de 3% des émissions mondiales de CO2 et près de 99% des navires dédiés au transport international utilisent du fioul lourd ou du gaz naturel liquéfié.L’Organisation maritime internationale (OMI) vise une réduction des émissions de 20 à 30% d’ici à 2030 pour atteindre le zéro émission net en 2050.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Avec le Neoliner Origin, le transport à la voile prend une dimension industrielle

Sur la passerelle de son cargo roulier, le capitaine Mathieu Poulain dispose de tous les instruments de navigation classiques d’un navire de commerce. Avec, en plus, deux écrans: l’un pour régler les voiles, l’autre les mâts.Avec ses 136 mètres de long, ses deux mâts carbone autoportés de 75 m et ses 3.000 m2 de voiles rigides, le Neoliner Origin, sorti il y a tout juste une semaine de son chantier de construction turc, est le plus gros cargo à la voile du monde. Il espère concurrencer le marché des “ro-ro” (rouliers) de sa catégorie, en réduisant jusqu’à 80% des émissions de gaz à effet de serre.S’il sent encore la peinture, le voilier a réussi cette semaine ses essais en mer, chargeant 300 voitures à Bastia, avant de rejoindre Marseille, où il a fait une escale lundi au pied de la tour de CMA-CGM, géant français du transport maritime et partenaire majeur de Neoline avec 37% de participation.Parmi ses principales innovations, les voiles – des panneaux de carbone et fibre de verre mis au point par les Chantiers de l’Atlantique – peuvent être hissées ou affalées en 2 minutes 30 et sont orientées automatiquement pour optimiser la prise au vent. Ce navire rutilant, aux mâts rabattables, intègre également des outils de simulation numérique de routage météo pour choisir en temps réel les trajectoires les plus efficaces.”L’objectif final, c’est d’atteindre une propulsion vélique de 90-95%, les moteurs nous servant uniquement à appareiller et accoster”, explique le capitaine Poulain.Après 20 ans dans la marine marchande, le capitaine Antonin Petit, deuxième commandant, ne cache pas sa satisfaction: “j’ai quitté le transport maritime classique par conviction personnelle, avec l’envie d’agir, réellement, pour la préservation de notre planète. Plus les années passaient, plus je ressentais une angoisse entre ma pratique professionnelle et mes convictions. Là, c’était l’occasion.” – Rotations transatlantiques -Après un baptême officiel à Nantes le 13 octobre, le Neoliner Origin quittera le 16 octobre son port d’attache de Saint-Nazaire pour sa première transatlantique jusqu’à Saint-Pierre-et-Miquelon, puis Baltimore (Etats-Unis) et Halifax (Canada), et assurera ensuite une rotation par mois à une vitesse commerciale de 11 noeuds, explique le président de Neoline, Jean Zanuttini.  Dans son garage principal, long de 117 m, dans lequel colis et conteneurs sont chargés par l’arrière, le Neoliner Origin pourra embarquer 5.300 tonnes de marchandises, soit nettement plus que les volumes jusqu’ici proposés par les navires à la voile.Huit chargeurs français se sont déjà engagés : Renault, Manitou, La Fournée Dorée, Hennessy, Rémy Cointreau, Longchamp, Clarins et Bénéteau.Pour la CMA-CGM, le Neoliner Origin est “un véritable démonstrateur industriel de la transition énergétique dans le transport maritime”.”Il y a déjà aujourd’hui une dizaine d’offres sur le marché de systèmes qui permettent l’assistance vélique. Mais la grande nouveauté sur ce projet, c’est qu’on ne parle plus d’assistance, on est sur un vrai voilier !”, relève Xavier Leclercq, vice-président du groupe CMA CGM.”Nous avons voulu prouver qu’il était possible de concevoir un navire performant, rentable et capable de diviser par cinq la consommation de fuel tout en rendant un service de qualité. Aujourd’hui, nous avons démontré que ce projet est finançable, constructible et désormais exploitable”, se félicite Jean Zanuttini, qui prévoit déjà la construction d’un second cargo identique, dont la mise en chantier pourrait débuter mi-2026.”C’est certainement une des solutions qui va s’imposer pour décarboner le transport maritime”, estime M. Leclercq de la CMA CGM qui opère plus de 650 navires dans 160 pays.Actuellement, le transport maritime est responsable de 3% des émissions mondiales de CO2 et près de 99% des navires dédiés au transport international utilisent du fioul lourd ou du gaz naturel liquéfié.L’Organisation maritime internationale (OMI) vise une réduction des émissions de 20 à 30% d’ici à 2030 pour atteindre le zéro émission net en 2050.

“Une bulle”: à Nancy, une chanteuse lyrique enveloppe de sa voix les prématurés

“Mon bébé, si joli…”: dans une chambre d’hôpital de Nancy, la voix d’une chanteuse lyrique apporte une parenthèse apaisante aux nouveau-nés prématurés, une rencontre entre soin et art lyrique née d’un partenariat entre le CHRU et l’opéra.Aline Martin, mezzo-soprano dans les choeurs de l’Opéra national de Lorraine, s’installe face à une maman portant, sur son corps, son bébé né prématurément. Après avoir discuté avec elle quelques minutes, elle se met à chanter. Entre airs classiques de Walt Disney, comptines, un “Ave Maria” ou le cantique “Amazing Grace”, l’intervenante dispose d’un large répertoire pour satisfaire les envies des parents et développer la curiosité des tout petits, qui souvent ouvrent un oeil ou sourient. “Les vibrations de la voix, notamment la voix lyrique, ont quelque chose d’enveloppant pour les bébés”, constate l’artiste, qui n’utilise pas tout le potentiel de ses cordes vocales, et doit d’ailleurs veiller à chanter tout bas, pour ne pas “effrayer” enfants… ou parents.Selon elle, la voix berce les bébés, qui tombent “quatre fois sur cinq” dans un sommeil profond.Pédiatre et co-responsable du service, Mathilde Queudet loue les bienfaits du chant pour les bébés prématurés, “démontrés dans la littérature depuis plusieurs années”. “Ca les apaise, ça ralentit leur fréquence cardiaque, ça améliore le sommeil et le passage en sommeil profond”, énumère la médecin.- Eveil de l’enfant -“L’apaisement” est aussi souvent le premier bénéfice mis en avant par les mères qui bénéficient de ce mini-concert à l’hôpital.”Ca apporte de la légèreté, du bonheur”, estime Tiphaine Robert, 29 ans, maman de Nora, née le 6 septembre. La première fois qu’Aline Martin a chanté pour Nora, “on a dû continuer à chanter tout l’après-midi avec mon conjoint”, sinon le nourrisson “râlait dès qu’on s’arrêtait”, sourit sa maman, qui dit son “plaisir” de revivre l’intervention.”On sent aussi que ça participe à son éveil, elle ouvre un peu les yeux, gigote un peu”, observe-t-elle.Dans une chambre où “le bruit des machines” ne s’arrête jamais, “c’est important pour le bien-être des bébés”, loue également Emma, maman d’Iris, née le 7 septembre, avec deux mois et demi d’avance. En dehors des “bip” incessants des appareils, “les journées sont longues et silencieuses” à l’hôpital, “on est toujours dans l’expectative”, constate Patricia Didier, maman de Tom, né à 32 semaines. Dès lors, le concert “apporte un petit peu de joie, constate la mère, dont le tout-petit a “ouvert les yeux” dès les premières notes et “a souri tout le long”.- “Petite soupape” -Pour le docteur Queudet, le chant renforce le lien parents/enfant: même si les parents ne chantent pas eux-mêmes, cela “fait germer une graine” et l’idée qu’ils pourront fredonner à leur tour. Une idée d’autant plus bienvenue que les parents d’aujourd’hui, “connectés à leur smartphone”, “ne chantent plus comme avant pour leur bébé” et se contentent parfois de chercher pour lui des musiques sur YouTube, déplore Aline Martin.En réanimation ou en soins intensifs, le “public” de la chanteuse lyrique est hospitalisé pour des durées très variables, de quelques jours à plusieurs mois.  En réanimation, un “milieu très particulier”, “le lien, l’attachement sont mis à rude épreuve”, souligne la pédiatre. Le moment suspendu avec l’artiste est alors “une petite bulle, une petite soupape qu’on leur offre, une opportunité en plus de vivre quelque chose d’unique avec leur enfant”.Un an après la signature d’une convention entre le CHRU (centre hospitalier régional universitaire) et l’Opéra de Lorraine pour “inscrire la voix dans le parcours de soins”, l’enjeu est aujourd’hui “d’élargir ces actions”, explique Fedoua Bayoudh, responsable du service de l’éducation artistique et culturelle de l’opéra, qui gère ce projet. Selon l’Inserm, 6,9% des bébés naissent prématurément en France.

“Une bulle”: à Nancy, une chanteuse lyrique enveloppe de sa voix les prématurés

“Mon bébé, si joli…”: dans une chambre d’hôpital de Nancy, la voix d’une chanteuse lyrique apporte une parenthèse apaisante aux nouveau-nés prématurés, une rencontre entre soin et art lyrique née d’un partenariat entre le CHRU et l’opéra.Aline Martin, mezzo-soprano dans les choeurs de l’Opéra national de Lorraine, s’installe face à une maman portant, sur son corps, son bébé né prématurément. Après avoir discuté avec elle quelques minutes, elle se met à chanter. Entre airs classiques de Walt Disney, comptines, un “Ave Maria” ou le cantique “Amazing Grace”, l’intervenante dispose d’un large répertoire pour satisfaire les envies des parents et développer la curiosité des tout petits, qui souvent ouvrent un oeil ou sourient. “Les vibrations de la voix, notamment la voix lyrique, ont quelque chose d’enveloppant pour les bébés”, constate l’artiste, qui n’utilise pas tout le potentiel de ses cordes vocales, et doit d’ailleurs veiller à chanter tout bas, pour ne pas “effrayer” enfants… ou parents.Selon elle, la voix berce les bébés, qui tombent “quatre fois sur cinq” dans un sommeil profond.Pédiatre et co-responsable du service, Mathilde Queudet loue les bienfaits du chant pour les bébés prématurés, “démontrés dans la littérature depuis plusieurs années”. “Ca les apaise, ça ralentit leur fréquence cardiaque, ça améliore le sommeil et le passage en sommeil profond”, énumère la médecin.- Eveil de l’enfant -“L’apaisement” est aussi souvent le premier bénéfice mis en avant par les mères qui bénéficient de ce mini-concert à l’hôpital.”Ca apporte de la légèreté, du bonheur”, estime Tiphaine Robert, 29 ans, maman de Nora, née le 6 septembre. La première fois qu’Aline Martin a chanté pour Nora, “on a dû continuer à chanter tout l’après-midi avec mon conjoint”, sinon le nourrisson “râlait dès qu’on s’arrêtait”, sourit sa maman, qui dit son “plaisir” de revivre l’intervention.”On sent aussi que ça participe à son éveil, elle ouvre un peu les yeux, gigote un peu”, observe-t-elle.Dans une chambre où “le bruit des machines” ne s’arrête jamais, “c’est important pour le bien-être des bébés”, loue également Emma, maman d’Iris, née le 7 septembre, avec deux mois et demi d’avance. En dehors des “bip” incessants des appareils, “les journées sont longues et silencieuses” à l’hôpital, “on est toujours dans l’expectative”, constate Patricia Didier, maman de Tom, né à 32 semaines. Dès lors, le concert “apporte un petit peu de joie, constate la mère, dont le tout-petit a “ouvert les yeux” dès les premières notes et “a souri tout le long”.- “Petite soupape” -Pour le docteur Queudet, le chant renforce le lien parents/enfant: même si les parents ne chantent pas eux-mêmes, cela “fait germer une graine” et l’idée qu’ils pourront fredonner à leur tour. Une idée d’autant plus bienvenue que les parents d’aujourd’hui, “connectés à leur smartphone”, “ne chantent plus comme avant pour leur bébé” et se contentent parfois de chercher pour lui des musiques sur YouTube, déplore Aline Martin.En réanimation ou en soins intensifs, le “public” de la chanteuse lyrique est hospitalisé pour des durées très variables, de quelques jours à plusieurs mois.  En réanimation, un “milieu très particulier”, “le lien, l’attachement sont mis à rude épreuve”, souligne la pédiatre. Le moment suspendu avec l’artiste est alors “une petite bulle, une petite soupape qu’on leur offre, une opportunité en plus de vivre quelque chose d’unique avec leur enfant”.Un an après la signature d’une convention entre le CHRU (centre hospitalier régional universitaire) et l’Opéra de Lorraine pour “inscrire la voix dans le parcours de soins”, l’enjeu est aujourd’hui “d’élargir ces actions”, explique Fedoua Bayoudh, responsable du service de l’éducation artistique et culturelle de l’opéra, qui gère ce projet. Selon l’Inserm, 6,9% des bébés naissent prématurément en France.