Le Japon ouvre ses réserves stratégiques de riz pour enrayer l’envolée des prix

Le gouvernement japonais va débloquer ses réserves stratégiques de riz, constituées pour répondre aux situations d’urgence, afin de contrer la flambée persistante des prix de cet aliment de base typiquement nippon.Le Japon avait déjà recouru à ces réserves, qui existent depuis presque 30 ans, en réponse à des pénuries et des tremblements de terre, mais c’est la première fois qu’il les débloque en raison de tensions sur les prix et de perturbations dans la distribution.Le ministre de l’Agriculture Taku Eto a annoncé vendredi que le gouvernement allait débloquer et mettre sur le marché 210.000 tonnes de riz (environ 3% de la consommation nationale annuelle), sur des réserves d’environ un million de tonnes.La récolte 2023 (consommée l’an dernier, donc) avait été pénalisée par les chaleurs record dans l’archipel, réduisant l’offre, ce qui a fait bondir le prix du riz à l’été 2024.Face à une demande plus forte et d’importantes perturbations des circuits commerciaux, il a continué de s’envoler depuis. Le prix de détail moyen d’un sac de cinq kilos était fin janvier de 3.688 yens (23 euros) selon une enquête gouvernementale, contre 2.023 yens un an auparavant (12,6 euros)… soit une hausse de 82%.Un fardeau supplémentaire pour les consommateurs, déjà confrontés à une inflation persistante (+3% en décembre hors produits frais).”J’achète du riz beaucoup moins souvent qu’avant: j’abandonne parfois l’idée d’en acheter dès que je vois le prix… Mes parents m’envoient du riz, c’est comme ça que je m’en sors”, soupire Eriko Kato, une Tokyoïte de 41 ans.- “Faire du profit” -En réaction, le ministère de l’Agriculture a ouvert la porte courant janvier à la vente d’une partie des réserves nationales, sur la base d’une nouvelle réglementation.Le Japon avait promulgué dès 1995 une loi pour constituer des stocks stratégiques de riz, après qu’une mauvaise récolte deux ans auparavant avait poussé les consommateurs à se ruer dans les supermarchés.Mais jusqu’à récemment, ces réserves gouvernementales ne pouvaient être débloquées qu’en cas de grave perte de récolte ou de catastrophe. Les nouvelles règles permettent d’y recourir aussi si la distribution s’enraye et peine à répondre aux besoins.La récente flambée des prix s’explique en partie par une demande accrue: avec l’afflux record de touristes étrangers friands de sushis, mais surtout en raison des achats paniques déclenchés en août par un avertissement au “mégaséisme”, selon Masayuki Ogawa, professeur à l’université d’Utsunomiya.Paradoxalement, “la demande a également augmenté car le riz, dont le prix était stable, était vu comme une bénédiction dans un contexte d’inflation”, explique M. Ogawa à l’AFP.Du côté de l’offre, après les récoltes décevantes de 2023, le gouvernement misait sur l’arrivée de la récolte de l’automne 2024 pour calmer les tensions, mais cela ne s’est pas produit.La production de riz a en fait augmenté en 2024, mais les grands groupes qui approvisionnent les entreprises alimentaires et supermarchés ont collecté 210.000 tonnes en moins, ce qui pourrait suggérer que les producteurs de riz utilisent des circuits alternatifs, avec des revendeurs individuels.”On soupçonne (certains négociants) d’essayer de faire du profit en attendant (pour vendre leurs stocks) que les prix montent encore”, souligne M. Ogawa. Ces derniers pourraient se résigner après l’annonce gouvernementale.- “Nouilles moins chères” -Pour autant, il s’agit d'”une opération compliquée”, et une baisse brutale des prix pourrait entraver la stabilité de la production de riz à long terme, avertit M. Ogawa.Autre levier: “il ne faut pas exclure que le gouvernement finisse par accroître les importations de riz, qui sont strictement encadrées et oscillent dans une fourchette étroite de 800.000 à un million de tonnes par an depuis 15 ans”, avec des droits de douane prohibitifs, commente Marcel Thieliant, analyste de Capital Economics.D’autant que “le riz thaïlandais est moitié moins cher que le riz japonais de référence”.Si le riz japonais typique à grains courts reste emblématique dans la cuisine nippone, la consommation annuelle par habitant est tombée en 2022 à 50,9 kg par habitant, soit moitié moins que 60 ans auparavant.A l’inverse du riz, “les prix du maïs et du blé ont chuté très fortement ces deux dernières années”, ce qui pourrait inciter certains consommateurs à changer leurs habitudes, observe M. Thieliant.”J’achète de moins en moins de riz, je le remplace parfois par des nouilles (au blé) +udon+ ou +yakisoba+ qui sont moins chères”, confirme Nami Tanaka, Tokyoïte de 40 ans, dont le fils adolescent trouve cependant ces nouilles “moins nourrissantes”.

Japan to release emergency rice reserves to fight runaway inflation

The Japanese government said Friday it will release a fifth of its emergency rice stockpile after hot weather, poor harvests and panic buying over a “megaquake” warning nearly doubled prices over a year.Japan has previously tapped into its reserves to cope with disasters, but this marked the first time since the stockpile was built in 1995 that it was doing so because of supply chain problems.Some supermarket shelves were emptied in August of rice following a week-long holiday, a series of typhoons and warnings of a looming major earthquake that has so far failed to materialise.The government had initially hoped prices would stabilise late last year once newly harvested rice arrived in stores, but inflation continued unabated, this time because some distributors were hoarding for fear of running out.Agriculture Minister Taku Eto told reporters on Friday the government will release 210,000 tonnes of rice from its stock of one million tonnes.”I hope you will take this as our strong determination to improve at all costs the situation where distribution has been delayed and stuck,” he said.Rice prices had already began to change consumption patterns for some like Tokyo resident Eriko Kato. “I still do buy rice occasionally, but since it’s so expensive I sometimes give up on buying it once I see the price,” Kato, 41, told AFP. A five-kilogramme (11-pound) bag was retailing at 3,688 yen ($24) in the last week of January, according to a government survey, up from 2,023 yen last year.- Cashing in on crisis -The law for the government to stockpile the grain was enacted in 1995 after a major rice crop failure two years earlier sent shoppers scrambling to buy the staple.Masayuki Ogawa, assistant professor at Utsunomiya University, told AFP that a series of factors had contributed to the current crisis.Among them is the tourism boom and shortage triggered by the extreme heat in 2023 — joint record hottest summer.The crisis was exacerbated by distributors that were believed to be hoarding in hopes of cashing in later, he said.”It’s suspected that some distributors are trying to make a profit, waiting for the price hike,” he explained.But he estimates the price increase could stop if these distributors are forced to release their rice after the government’s move.The reserve release is “a complicated operation,” as government intervention could impact the stability of rice production and producers’ earnings in the long term, he said.To prevent the distorting effect, the government is required to buy back the same amount of rice it released within a year.Rice consumption in Japan has more than halved in the past 60 years to about 50.9 kilogrammes (112 pounds) in 2022, but the grain remains deeply ingrained in Japanese culture and its harvesting has shaped the nation’s landscape — even being used in Shinto rituals.Tokyo resident Kato says she “sometimes just switches to noodles like udon or soba instead” because rice is more expensive. But “rice is food for our soul,” she said. “It is important.”

Tennis: l’ex-N.2 de la Fédération condamné à 10 ans de réclusion pour viols

L’ex-vice-président de la Fédération française de tennis (FFT) Jean-Pierre Dartevelle a été condamné jeudi à 10 ans de réclusion par la cour criminelle du Doubs pour des viols sur une ancienne joueuse de près de 50 ans sa cadette.La peine prononcée est conforme à celle requise plus tôt dans la soirée par l’avocat général François Prélot, comme la mesure complémentaire d’interdiction d’exercer une activité en lien avec les mineurs.M. Dartevelle, 74 ans, encourait 15 ans de réclusion criminelle.Questionné par la présidente afin de savoir s’il avait bien compris la peine qui avait été prononcée à son encontre, Jean-Pierre Dartevelle a répondu “oui”.La cour l’a reconnu coupable de viols à l’encontre d’une jeune joueuse de tennis entre septembre 2016 et mars 2018, alors qu’elle était âgée de 17 à 19 ans.”Le verdict était écrit, c’était acté, et de toutes les façons, il n’y a pas eu de place une seconde pour que Jean-Pierre Dartevelle s’exprime” durant ces trois jours de procès, a estimé son avocate Marie-Alix Canu-Bernard après l’énoncé du délibéré.Elle a également annoncé qu’un appel sera déposé “dès demain matin”.”La partie civile que je représente et que j’assiste est reconnue dans son statut de victime et c’est pour elle l’essentiel”, a réagi auprès des journalistes l’avocat de la jeune femme, Benjamin Liautaud. “Aujourd’hui, en ce qui concerne ma cliente, la contrainte morale a été reconnue et sanctionnée.”A l’audience, le représentant du ministère public avait par ailleurs souligné qu’au cours des trois jours de procès, l’accusé “n’a pas bougé d’un iota dans ses déclarations”, alors que les parents de la victime, âgée de 25 ans désormais, “attendaient des aveux, des regrets, des excuses”.- “Emprise” -“Elle ment, elle ment, elle ment”, avait lancé l’accusé, désignant l’ancienne joueuse de tennis. “Depuis trois jours d’audience, je ne sais plus qui je suis. Un manipulateur ? Un monstre ?”, avait-il ajouté, disant s’insurger “contre la réécriture de notre histoire” par la jeune femme.Le septuagénaire, un homme de petite taille tout de noir vêtu, avait dépeint une “histoire d’amour magnifique” avec son accusatrice, une frêle jeune femme. Elle avait quant à elle dénoncé des viols en 2018, décrivant une relation “contrainte” et expliquant être victime de “l’emprise” de cet homme très lié à ses parents dans le milieu du tennis.Elle a aussi dit avoir “essayé de trouver des solutions pour (se) sortir de cette emprise qu’il avait sur” elle.”J’ai développé une peur énorme à (son) égard (…). Je n’arrivais pas à trouver une porte de sortie ou je n’ai pas eu le courage de le faire, j’avais trop honte”.”Jamais je n’ai vu un regard de crainte chez elle. Je n’ai vu que de la tendresse. Et si seulement elle avait montré une réticence, j’aurais mis fin à cette relation”, a assuré jeudi l’accusé.Les 18 mois de la relation correspondent à une période où la joueuse de tennis faisait face à de multiples blessures. – “Haine profonde” -Elle avait été opérée des jambes mais des douleurs perduraient, son état de santé s’était dégradé, passant par des phases d’anorexie, de boulimie et de dépression. Elle avait tenté de mettre fin à ses jours, voyant ses espoirs de carrière tennistique s’envoler.”Nous avions échangé sur les réseaux sociaux, et j’ai accepté une rencontre car M. Dartevelle avait promis de m’aider, et là j’ai subi un premier viol”, a-t-elle expliqué.Tout au long du procès, les versions de la partie civile et de la défense se sont opposées. Admettant qu’il avait probablement “demandé à la victime la première photo d’elle dénudée”, la présidente a demandé à l’accusé si c’était “admis au sein de la ligue ?”.”A priori non”, a-t-il répondu, arguant que “derrière le président de la ligue (de Bourgogne-Franche-Comté, ndlr) il y a un homme”. “Je me suis laissé emporter par cet amour à tel point que j’ai pris un risque sur ma carrière sportive (il était candidat à la présidence de la FFT, ndlr) et bien je l’ai fait quand même…”, a-t-il ajouté.

Tennis: l’ex-N.2 de la Fédération condamné à 10 ans de réclusion pour viols

L’ex-vice-président de la Fédération française de tennis (FFT) Jean-Pierre Dartevelle a été condamné jeudi à 10 ans de réclusion par la cour criminelle du Doubs pour des viols sur une ancienne joueuse de près de 50 ans sa cadette.La peine prononcée est conforme à celle requise plus tôt dans la soirée par l’avocat général François Prélot, comme la mesure complémentaire d’interdiction d’exercer une activité en lien avec les mineurs.M. Dartevelle, 74 ans, encourait 15 ans de réclusion criminelle.Questionné par la présidente afin de savoir s’il avait bien compris la peine qui avait été prononcée à son encontre, Jean-Pierre Dartevelle a répondu “oui”.La cour l’a reconnu coupable de viols à l’encontre d’une jeune joueuse de tennis entre septembre 2016 et mars 2018, alors qu’elle était âgée de 17 à 19 ans.”Le verdict était écrit, c’était acté, et de toutes les façons, il n’y a pas eu de place une seconde pour que Jean-Pierre Dartevelle s’exprime” durant ces trois jours de procès, a estimé son avocate Marie-Alix Canu-Bernard après l’énoncé du délibéré.Elle a également annoncé qu’un appel sera déposé “dès demain matin”.”La partie civile que je représente et que j’assiste est reconnue dans son statut de victime et c’est pour elle l’essentiel”, a réagi auprès des journalistes l’avocat de la jeune femme, Benjamin Liautaud. “Aujourd’hui, en ce qui concerne ma cliente, la contrainte morale a été reconnue et sanctionnée.”A l’audience, le représentant du ministère public avait par ailleurs souligné qu’au cours des trois jours de procès, l’accusé “n’a pas bougé d’un iota dans ses déclarations”, alors que les parents de la victime, âgée de 25 ans désormais, “attendaient des aveux, des regrets, des excuses”.- “Emprise” -“Elle ment, elle ment, elle ment”, avait lancé l’accusé, désignant l’ancienne joueuse de tennis. “Depuis trois jours d’audience, je ne sais plus qui je suis. Un manipulateur ? Un monstre ?”, avait-il ajouté, disant s’insurger “contre la réécriture de notre histoire” par la jeune femme.Le septuagénaire, un homme de petite taille tout de noir vêtu, avait dépeint une “histoire d’amour magnifique” avec son accusatrice, une frêle jeune femme. Elle avait quant à elle dénoncé des viols en 2018, décrivant une relation “contrainte” et expliquant être victime de “l’emprise” de cet homme très lié à ses parents dans le milieu du tennis.Elle a aussi dit avoir “essayé de trouver des solutions pour (se) sortir de cette emprise qu’il avait sur” elle.”J’ai développé une peur énorme à (son) égard (…). Je n’arrivais pas à trouver une porte de sortie ou je n’ai pas eu le courage de le faire, j’avais trop honte”.”Jamais je n’ai vu un regard de crainte chez elle. Je n’ai vu que de la tendresse. Et si seulement elle avait montré une réticence, j’aurais mis fin à cette relation”, a assuré jeudi l’accusé.Les 18 mois de la relation correspondent à une période où la joueuse de tennis faisait face à de multiples blessures. – “Haine profonde” -Elle avait été opérée des jambes mais des douleurs perduraient, son état de santé s’était dégradé, passant par des phases d’anorexie, de boulimie et de dépression. Elle avait tenté de mettre fin à ses jours, voyant ses espoirs de carrière tennistique s’envoler.”Nous avions échangé sur les réseaux sociaux, et j’ai accepté une rencontre car M. Dartevelle avait promis de m’aider, et là j’ai subi un premier viol”, a-t-elle expliqué.Tout au long du procès, les versions de la partie civile et de la défense se sont opposées. Admettant qu’il avait probablement “demandé à la victime la première photo d’elle dénudée”, la présidente a demandé à l’accusé si c’était “admis au sein de la ligue ?”.”A priori non”, a-t-il répondu, arguant que “derrière le président de la ligue (de Bourgogne-Franche-Comté, ndlr) il y a un homme”. “Je me suis laissé emporter par cet amour à tel point que j’ai pris un risque sur ma carrière sportive (il était candidat à la présidence de la FFT, ndlr) et bien je l’ai fait quand même…”, a-t-il ajouté.

La Bourse de Paris ouvre dans la retenue

La Bourse de Paris évolue en légère hausse vendredi, reprenant son souffle après une semaine dynamique, dans un contexte marqué par des annonces douanières de Donald Trump aux États-Unis et par des publications de résultats.Le CAC 40 prenait 0,10% à 8.172,62, en hausse de 8,51 points. La veille, l’indice vedette parisien avait pris 0,71% à 8.098,89 points, en hausse de 56,70 points.”Peu avant le week-end, on constate clairement une perte de dynamisme” sur les marchés, a expliqué Andreas Lipkow, analyste indépendant.Comme les autres indices européens, la place parisienne a connu une semaine nettement positive, gagnant plus de 2% depuis lundi.Mais ce dynamisme a laissé place à la prudence, après que le président américain Donald Trump a promis jeudi d’imposer des “droits de douane réciproques” pour rétablir l'”équité” dans les relations commerciales entre les États-Unis et le reste du monde.Le milliardaire s’est toutefois “abstenu de prendre des mesures immédiates”, a relevé John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.Le futur secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a en effet précisé que l’administration américaine ne serait en mesure de mettre son plan à exécution que début avril.De quoi provoquer un “optimisme anxieux” de la part des investisseurs, a résumé Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.Dans ce contexte, le taux d’intérêt de l’emprunt obligataire français à dix ans atteignait vers 8H40 GMT 3,16%, contre 3,15% la veille en clôture.Saison des résultats, Hermès brilleLa saison des résultats, plutôt bien accueillie jusqu’à présent, se poursuit vendredi.Le géant du luxe Hermès a annoncé des résultats record en 2024 avec un bénéfice net en hausse de 6,8% à 4,6 milliards d’euros et des ventes passant les 15 milliards d’euros (+13%), grâce à des progressions dans toutes les régions.Safran a vu son bénéfice net bondir de 51% en 2024 à 3 milliards d’euros en données ajustées grâce aux rémunératrices activités de services pour les moteurs en dépit de la chute des livraisons de Leap, son produit phare.L’opérateur boursier paneuropéen Euronext a enregistré en 2024 une hausse de son bénéfice net de 14% et réalisé un chiffre d’affaires supérieur à l’objectif annoncé, porté par son cÅ“ur de métier comme sa stratégie de diversification de ses revenus, selon un communiqué publié jeudi.Les actions du groupe Lagardère SA cotées à Paris grimpait de 10,25% sur le SBF 120, après avoir fait état d’un bénéfice net de 168 millions d’euros en 2024, contre 144 millions l’an dernier, et un chiffre d’affaires en hausse de 8,5%.Eramet change de têteLe groupe minier a annoncé jeudi la nomination de Paulo Castellari au poste de directeur général, fonctions qu’il prendra à l’issue de l’assemblée générale des actionnaires le 27 mai pour succéder à Christel Bories, qui va rester présidente du groupe.

Equateur: le domaine des cartels de la drogue

Sur la côte sud-ouest de l’Equateur, les gangs de trafiquants de drogue opèrent en toute impunité et les habitants terrifiés constatent les limites de la politique du président sortant Daniel Noboa en matière de sécurité, dans ce territoire devenu une zone de non-droit.Dans un centre de commandement près de la frontière péruvienne, huit marines équatoriens armées de fusils M4 rouillés se préparent à partir en patrouille. Masqués, ils sont sur le point de pénétrer dans le territoire des cartels. Puerto Bolivar est devenu un théâtre d’affrontements entre cartels de la drogue rivaux en concurrence pour exporter des quantités record de cocaïne de la Colombie et du Pérou vers l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie.En 2024, les marines équatoriens ont découvert une trentaine de corps dans les eaux près du port, certains décapités, d’autres mutilés.”Il n’y a pas de sécurité”, se lamente un habitant qui demande à ne pas être nommé. “Le pays a été complètement abandonné”. Pendant leur patrouille de quatre heures, les marines fouillent quelques bateaux de pêche et ne trouvent rien. Mais lorqu’ils pénètrent dans l’estuaire de Huayala – quais délabrés, bâtiments en parpaings – l’unité se met en position, fusils armés et levés.Les marines scrutent nerveusement bateaux et bâtiments. “Ce n’est pas une bonne idée de rester ici longtemps”, dit l’un d’eux. “Quelqu’un pourrait tirer”.- Extorsion d’argent pour avoir le droit de pêcher – Puerto Bolivar, l’un des ports exportateurs de bananes les plus importants au monde et comptoir commercial pour les fruits de mer, a une importance vitale pour l’économie de l’Equateur.Mais aujourd’hui, les grues qui chargent les conteneurs et les quais en eau profonde sont presque vides.Les affaires qui prospèrent sont l’extorsion d’argent, les enlèvements, les assassinats, la pêche illégale, le blanchiment d’argent et le trafic de cocaïne.La plupart des habitants ont peur de parler. “Ils pourraient aller jusqu’à me tuer, moi ou ma famille”, déclare un vieil homme.Un pêcheur a cependant accepté de rencontrer l’AFP à condition de rester anonyme. Arrivé à un lieu de rendez-vous sûr, portant un masque et une casquette, il est déterminé à faire savoir ce qui arrive à sa communauté et à son pays.Il reconnait verser une redevance mensuelle aux gangs ainsi que 20% de ses prises de poisson en échange de sa sécurité.”Si nous les ignorons, ils coulent nos bateaux et volent nos moteurs. Certains pêcheurs ont tout simplement disparu”, raconte-t-il.D’autres travaillent pour les cartels car ils paient davantage.Le pêcheur énumère les nombreuses manières dont les gangs gagnent de l’argent, de l’extraction de l’or à la contrebande de carburant avec le Pérou.Certains procédés sont simples: des cargaisons de bananes dissimulant de la cocaïne envoyées en Europe, d’autres plus compliqués, comme l’achat de poisson qui n’existe pas pour blanchir de l’argent.Les noms des gangs et de leurs chefs sont connus de tous: Los Lobos (Les Loups), Los Lobos Box et Los Choneros. L’emprise des gangs s’affiche au grand jour. L’un des nombreux bordels de la région s’appelle “Napoles”, le nom de l’ancien baron colombien de la drogue Pablo Escobar.L’armée reconnait que les figures dirigeantes du cartel mexicain Jalisco Nouvelle Génération ont un enracinement local. Ces chefs se déplacent et font des affaires ouvertement dans la région.- ‘Les procureurs ne poursuivent pas’ – Le président Daniel Noboa a déclaré l’état d’urgence, procédant à des arrestations médiatisées et envoyant l’armée dans les rues et les prisons contrôlées par les gangs. Mais à Puerto Bolivar, ces mesures ont eu peu d’impact.Dans cette province, M. Noboa a été devancé de 5 points par sa rivale de gauche au premier tour de l’élection présidentielle de dimanche dernier et pourrait ne pas faire mieux au deuxième tour en avril.Evan Ellis, un expert en sécurité en Amérique latine et ancien conseiller du Département d’Etat, reconnait que les déploiements de l’armée ont “amené les (gangs) à faire profil bas dans une certaine mesure”.”Mais le problème fondamental de la circulation de la drogue dans le pays et des affrontements pour le contrôle des voies” d’acheminement n’a pas été réglé selon lui.Le capitaine de vaisseau Carlos Carrera admet que “les forces armées ne sont pas conçues pour la lutte contre le crime organisé et pour assurer directement la sécurité intérieure. Nous pouvons aider la police”.Mais selon le pêcheur de Puerto Bolivar, la police ne remplit pas toujours son rôle, “les procureurs ne poursuivent pas et les juges ne jugent pas”.

Etats-Unis ou Chine ? L’Amérique latine sous pression pour choisir un camp

L’Amérique latine est devenue un champ de bataille entre le président américain Donald Trump et la Chine, subissant des pressions de Washington qui la somme de choisir son camp. L’administration Trump a jusqu’à présent privilégié le bâton à la carotte dans sa stratégie pour contrer l’influence croissante de la Chine dans la région, perçue comme une menace pour la sécurité nationale et l’économie américaines.A plusieurs reprises, Donald Trump a menacé de “reprendre” le canal de Panama, construit par les États-Unis, si le Panama ne réduisait pas l’influence chinoise supposée sur cette voie navigable, qui représente 40% du trafic de conteneurs américain. La Chine est également une cible indirecte des droits de douane que le président Trump a annoncés sur l’acier et l’aluminium issus de pays alliés tel que le Mexique. La Maison Blanche affirme que les producteurs chinois abusent du traité de libre-échange nord-américain ACEUM pour faire transiter de l’aluminium aux États-Unis via le Mexique, sans droits de douane. La Chine a condamné une “mentalité de Guerre froide”, accusant les États-Unis d’utiliser “la pression et la coercition pour dénigrer et saper” ses investissements en Amérique latine. “Il ne fait aucun doute que l’administration Trump voit la présence de la Chine dans les Amériques comme une menace pour sa sécurité nationale et ses intérêts de politique étrangère”, a déclaré Arturo Sarukhan, qui a été ambassadeur du Mexique aux États-Unis de 2006 à 2013, à l’AFP. “C’est fondamentalement ce qui explique l’intimidation diplomatique du président Trump à l’égard du Panama, sa politique commerciale +America First+… et ses menaces de bouleverser l’ACEUM”, a-t-il ajouté.- Rivalité acharnée -Les États-Unis ont revendiqué pendant deux siècles l’Amérique latine comme faisant partie de leur sphère d’influence.Mais la Chine y a réussi des percées. Les deux tiers des pays d’Amérique latine ont rejoint son programme d’infrastructures des “Nouvelles routes de la soie”, et la Chine a dépassé les États-Unis en tant que principal partenaire commercial du Brésil, du Pérou, du Chili et de plusieurs autres pays de la région. Les préoccupations immédiates de l’administration Trump semblent se concentrer sur l’influence chinoise proche de chez elle, en particulier au Panama et chez le principal partenaire commercial des États-Unis, le Mexique.Les investissements chinois au Mexique ont considérablement augmenté depuis la première présidence Trump (2017-2021), lorsque des entreprises dans des secteurs ciblés par les droits de douane américains avaient déplacé une partie de leurs chaînes d’approvisionnement vers le Mexique. En réponse aux reproches de Washington selon lesquels le pays a un accord de libre-échange “avec le Mexique, pas avec la Chine”, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a annoncé des projets pour réduire les importations chinoises en renforçant la production locale de voitures, de textiles et d’autres biens. La Chine est également profondément intégrée à l’économie du Panama, au-delà des deux ports exploités par une société hongkongaise sur le canal qui suscitent des inquiétudes à Washington. Jason Marczak, directeur principal du Centre pour l’Amérique latine du think tank Atlantic Council à Washington, évoque certaines parties du pays “submergées de Chinois remplaçant les entrepreneurs locaux panaméens”.Là aussi, les tactiques de pression de Washington semblent porter leurs fruits: le Panama s’est retiré du programme des “Nouvelles routes de la soie” quelques jours après une visite du secrétaire d’État américain Marco Rubio.Les experts prédisent une rivalité acharnée en Amérique du Sud, où la Chine a beaucoup investi dans des métaux stratégiques comme le cuivre et le lithium. Avant d’accéder au pouvoir en 2023, le président ultralibéral argentin Javier Milei, qui souhaite un accord de libre-échange avec les États-Unis, avait promis qu’il ne ferait “jamais affaire avec la Chine ni avec aucun (pays) communiste”. Un an plus tard, il louait la deuxième plus grande économie mondiale comme un partenaire commercial “très intéressant” qui ne demande rien en retour. – “Bras de Pékin” -Le Brésil, de son côté, maintient des liens étroits tant avec Washington qu’avec Pékin.L’ex-ambassadeur mexicain Sarukhan affirme que les menaces et provocations de Donald Trump à l’égard des pays sud-américains “pourraient les pousser davantage dans les bras de Pékin”. Le président colombien de gauche Gustavo Petro, par exemple, a annoncé des projets pour renforcer les liens avec la Chine, après avoir été menacé de sanctions et de droits de douane pour avoir initialement refusé les vols américains expulsant des migrants.”Aucun pays ne veut se retrouver au milieu d’une bataille géostratégique mondiale de type +eux contre nous+. Mais lorsqu’on leur donne le choix, il existe un grand alignement sur les valeurs américaines et occidentales… Et donc l’investissement américain est préféré”, affirme M. Marczak.

Etats-Unis ou Chine ? L’Amérique latine sous pression pour choisir un camp

L’Amérique latine est devenue un champ de bataille entre le président américain Donald Trump et la Chine, subissant des pressions de Washington qui la somme de choisir son camp. L’administration Trump a jusqu’à présent privilégié le bâton à la carotte dans sa stratégie pour contrer l’influence croissante de la Chine dans la région, perçue comme une menace pour la sécurité nationale et l’économie américaines.A plusieurs reprises, Donald Trump a menacé de “reprendre” le canal de Panama, construit par les États-Unis, si le Panama ne réduisait pas l’influence chinoise supposée sur cette voie navigable, qui représente 40% du trafic de conteneurs américain. La Chine est également une cible indirecte des droits de douane que le président Trump a annoncés sur l’acier et l’aluminium issus de pays alliés tel que le Mexique. La Maison Blanche affirme que les producteurs chinois abusent du traité de libre-échange nord-américain ACEUM pour faire transiter de l’aluminium aux États-Unis via le Mexique, sans droits de douane. La Chine a condamné une “mentalité de Guerre froide”, accusant les États-Unis d’utiliser “la pression et la coercition pour dénigrer et saper” ses investissements en Amérique latine. “Il ne fait aucun doute que l’administration Trump voit la présence de la Chine dans les Amériques comme une menace pour sa sécurité nationale et ses intérêts de politique étrangère”, a déclaré Arturo Sarukhan, qui a été ambassadeur du Mexique aux États-Unis de 2006 à 2013, à l’AFP. “C’est fondamentalement ce qui explique l’intimidation diplomatique du président Trump à l’égard du Panama, sa politique commerciale +America First+… et ses menaces de bouleverser l’ACEUM”, a-t-il ajouté.- Rivalité acharnée -Les États-Unis ont revendiqué pendant deux siècles l’Amérique latine comme faisant partie de leur sphère d’influence.Mais la Chine y a réussi des percées. Les deux tiers des pays d’Amérique latine ont rejoint son programme d’infrastructures des “Nouvelles routes de la soie”, et la Chine a dépassé les États-Unis en tant que principal partenaire commercial du Brésil, du Pérou, du Chili et de plusieurs autres pays de la région. Les préoccupations immédiates de l’administration Trump semblent se concentrer sur l’influence chinoise proche de chez elle, en particulier au Panama et chez le principal partenaire commercial des États-Unis, le Mexique.Les investissements chinois au Mexique ont considérablement augmenté depuis la première présidence Trump (2017-2021), lorsque des entreprises dans des secteurs ciblés par les droits de douane américains avaient déplacé une partie de leurs chaînes d’approvisionnement vers le Mexique. En réponse aux reproches de Washington selon lesquels le pays a un accord de libre-échange “avec le Mexique, pas avec la Chine”, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a annoncé des projets pour réduire les importations chinoises en renforçant la production locale de voitures, de textiles et d’autres biens. La Chine est également profondément intégrée à l’économie du Panama, au-delà des deux ports exploités par une société hongkongaise sur le canal qui suscitent des inquiétudes à Washington. Jason Marczak, directeur principal du Centre pour l’Amérique latine du think tank Atlantic Council à Washington, évoque certaines parties du pays “submergées de Chinois remplaçant les entrepreneurs locaux panaméens”.Là aussi, les tactiques de pression de Washington semblent porter leurs fruits: le Panama s’est retiré du programme des “Nouvelles routes de la soie” quelques jours après une visite du secrétaire d’État américain Marco Rubio.Les experts prédisent une rivalité acharnée en Amérique du Sud, où la Chine a beaucoup investi dans des métaux stratégiques comme le cuivre et le lithium. Avant d’accéder au pouvoir en 2023, le président ultralibéral argentin Javier Milei, qui souhaite un accord de libre-échange avec les États-Unis, avait promis qu’il ne ferait “jamais affaire avec la Chine ni avec aucun (pays) communiste”. Un an plus tard, il louait la deuxième plus grande économie mondiale comme un partenaire commercial “très intéressant” qui ne demande rien en retour. – “Bras de Pékin” -Le Brésil, de son côté, maintient des liens étroits tant avec Washington qu’avec Pékin.L’ex-ambassadeur mexicain Sarukhan affirme que les menaces et provocations de Donald Trump à l’égard des pays sud-américains “pourraient les pousser davantage dans les bras de Pékin”. Le président colombien de gauche Gustavo Petro, par exemple, a annoncé des projets pour renforcer les liens avec la Chine, après avoir été menacé de sanctions et de droits de douane pour avoir initialement refusé les vols américains expulsant des migrants.”Aucun pays ne veut se retrouver au milieu d’une bataille géostratégique mondiale de type +eux contre nous+. Mais lorsqu’on leur donne le choix, il existe un grand alignement sur les valeurs américaines et occidentales… Et donc l’investissement américain est préféré”, affirme M. Marczak.