A Angoulême, les “1001 vies” de Superman, au-delà du super-héros patriote

Superman, héros sans saveur ? Incarnation du Bien, l’homme à la cape rouge n’a pas connu les tourments existentiels de Batman mais a vécu “1001 vies” retracées dans une exposition à Angoulême, d’agent du patriotisme américain à adversaire d’un PDG de multinationale.”Dans une ère ou tout est plus sinistre, c’est plus facile de faire la promotion de Batman qui a une vision plus sombre de la société”, admet le commissaire de l’exposition, Yann Graf, mais Superman, né il y a près de 90 ans aux Etats-Unis, est “plus actuel que jamais”.Truffée de planches originales et de trouvailles visuelles, l’exposition organisée dans le cadre du 52e festival de la BD montre bien comment la vie de ce superhéros, créé en 1938 en pleine montée du nazisme en Europe, a épousé l’histoire de son pays natal et entre en résonance avec notre époque.Ses origines même font écho au climatoscepticisme actuel: Superman est ainsi envoyé sur Terre par ses parents, scientifiques, qui ont, en vain, alerté leurs semblables de l’explosion imminente de leur planète, Krypton, qui finit par survenir.”Heureusement, ça ne se passe comme ça sur Terre, on écoute toujours les scientifiques”, plaisante M. Graf.Dans ses toutes premières années d’existence dans les comics américains, Superman ne va par ailleurs pas utiliser ses superpouvoirs pour défaire les plans machiavéliques d’un puissant ennemi.”Son personnage s’attaquait au début aux malaises sociaux, aux grèves dans les mines, et même au problème des chauffards sur les routes”, explique le commissaire de l’exposition. A l’époque, les Etats-Unis se remettent lentement de la Grande Dépression de 1929 et de son cortège de mouvements sociaux.L’entrée en guerre américaine en 1941 change la donne. Superman devient un instrument de propagande au service de la guerre contre l’Allemagne nazie, lui dont les créateurs Jerry Siegel et Joe Shuster sont originaires de familles juives d’Europe de l’est. Sa cape rouge et son costume bleu sont alors convoqués pour encourager l’achat de bons du Trésor américains.- Dilemme éthique -Cette image patriotique va longtemps lui coller à la peau, tout comme celle d’un super-héros foncièrement bon et tellement invulnérable qu’il est compliqué de façonner des ennemis à sa mesure. Seule faiblesse apparente : la kryptonite, fragment de la planète de ses parents.En comparaison, Batman, simple humain privé de superpouvoirs, devra affronter une impressionnante galerie de méchants charismatiques (Le Joker, Le Pingouin…). “Il n’est pas invincible”, assure toutefois à l’AFP Tom Taylor, scénariste de récentes BD Superman. “Il se soucie de son prochain donc vous pouvez l’atteindre en vous en prenant aux autres. Son empathie est sa kryptonite”, dit cet auteur australien rencontré à Angoulême.Ce sont, en réalité, les évolutions de son ennemi juré, Lex Luthor, qui vont donner de l’épaisseur à Superman. Au départ trafiquant d’armes, ce personnage va devenir PDG d’une multinationale dans les années 80, à l’heure du libéralisme triomphant porté par Ronald Reagan aux Etats-Unis et Margaret Thatcher en Grande-Bretagne. “Superman se retrouve à lutter contre un symbole du capitalisme américain”, note M. Graf.L’évolution est encore plus radicale au début des années 2000. Après l’arrivée contestée de George W. Bush à la Maison Blanche, les scénaristes imaginent un Lex Luthor élu président, vingt ans avant l’accession au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis.  Superman est alors pris dans un dilemme. “Le plus grand représentant de la nation est son ennemi juré, il doit le respecter autant que le combattre”, souligne M. Graf. Journaliste dans le civil, Superman-Clark Kent est également confronté à des interrogations éthiques. “Quand votre pire ennemi devient président, qu’est-ce que vous écrivez en tant que journaliste?”, souligne le commissaire.Quel serait aujourd’hui le positionnement politique de Superman, dont une nouvelle adaptation cinématographique est attendue cette année? Dans son célèbre “Dark Knight” (1986), l’auteur américain Frank Miller avait dépeint un Batman dépressif face à un Superman défendant sans états d’âme un pouvoir politique fascisant.Tom Taylor récuse cette vision. “L’homme le plus puissant de la planète ne peut pas soutenir un fasciste”, dit-il.

Crise automobile: l’UE promet des mesures d’urgence

L’Union européenne a lancé jeudi une vaste concertation avec les constructeurs automobiles européens, en difficulté, leur promettant des mesures d’urgence pour passer le cap de l’électrification des véhicules face à la concurrence chinoise.Un plan d’action sera dévoilé le 5 mars, a annoncé la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. “L’industrie automobile européenne se trouve à un moment charnière”, “nous agissons rapidement”, a-t-elle assuré.Bruxelles doit composer entre ses ambitions environnementales et les appels à l’aide des marques européennes. En plein tournant pro-business, la Commission avait promis dès mercredi à la filière des “solutions immédiates” et des “flexibilités”.La Commission semble prête à épargner les constructeurs européens qui risquaient des amendes en cas de non-respect des objectifs de réduction des émissions de CO2 en 2025.Ola Källenius, le patron de Mercedes et du lobby européen des constructeurs (ACEA), a réitéré son appel à renoncer à ces amendes.La “seule façon de réussir” la transition vers l’électrique est de prendre en compte le “marché et la demande”, a-t-il estimé, alors que les ventes de voitures électriques patinent en Europe.Au grand dam des ONG environnementales, plusieurs Etats se sont prononcés contre les amendes ces dernières semaines, dont l’Allemagne, la France et l’Italie. Pour lancer cette concertation, l’UE a réuni jeudi à Bruxelles les constructeurs Volkswagen, BMW, Mercedes, Volvo et Renault, avec des équipementiers, syndicats, ONG et représentants des consommateurs. Le président de Stellantis, John Elkann, était absent pour des raisons d’agenda selon son groupe, et a échangé par téléphone avec Ursula von der Leyen.L’automobile emploie quelque 13 millions de personnes au sein de l’UE et représente environ 7% de son PIB.Mais les annonces de suppression d’emplois se multiplient en Europe, frappée de plein fouet par la concurrence de la Chine. Et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis laisse craindre une explosion des droits de douane sur les voitures du Vieux continent.”Nous sommes dans une situation d’urgence. Si l’on regarde en arrière, on constate que certaines industries lourdes ont complètement disparu d’Europe en raison d’un manque de compétitivité”, avertit Patrick Koller, directeur général de l’équipementier Forvia.Comme un symbole, l’usine Audi de Bruxelles (groupe Volkswagen) s’apprête à cesser sa production fin février. Elle fabriquait un modèle haut de gamme de voiture électrique, mais les ventes de ce SUV sont en baisse et la direction met en avant “des coûts de production élevés” dans la capitale belge.- “Grande attaque”Le précédent mandat d’Ursula von der Leyen a été marqué par les ambitieuses mesures du Pacte vert (Green Deal), et son emblème: l’interdiction à la vente des véhicules thermiques neufs en 2035.”Nous voulons maintenir cet objectif”, a assuré mercredi la présidente de la Commission tout en promettant d’accompagner les entreprises dans cette “transition très complexe”.  Jusqu’ici, le totem de 2035 n’a pas été frontalement remis en cause à Bruxelles. Mais la pression monte du côté des constructeurs et d’une partie de la classe politique. Au Parlement, la droite européenne demande des aménagements et l’extrême droite appelle à “suspendre le Green Deal”.Les organisations environnementales s’alarment. “L’industrie automobile a lancé une grande attaque contre les normes de CO2 pour les voitures, qui sont la pièce maîtresse du Green Deal européen”, prévient William Todts, de Transport et Environnement (T&E).En Europe, la part des voitures électriques dans les ventes a baissé pour la première fois depuis l’envol du marché en 2020: 13,6% en 2024 contre 14,6% en 2023.Pendant ce temps, la Chine, pionnière mondiale, a vendu 11 millions de véhicules électriques en 2024, un chiffre en hausse de 40% sur un an.L’UE a engagé un bras de fer commercial avec Pékin, à qui elle reproche d’avoir artificiellement dopé sa filière électrique à coups de subventions publiques. Malgré l’hostilité de l’Allemagne, Bruxelles a ainsi décidé fin octobre d’ajouter aux 10% de taxes déjà en place une surtaxe allant jusqu’à 35% sur les voitures à batterie de fabrication chinoise.Mais en Europe, “l’ampleur des investissements et le rythme de l’innovation sont restés à la traîne”, déplore un récent rapport de l’Institut Jacques Delors, particulièrement dans le domaine de la fabrication de batteries.”La Chine devrait contrôler les deux tiers de la production mondiale de batteries d’ici à 2030″, estime cet institut, qui appelle l’UE à “augmenter sa production assez rapidement”.

Après une croissance solide en 2024, 2025 teinté d’inconnues aux Etats-Unis

La richesse nationale a progressé de 2,8% l’an dernier aux Etats-Unis, selon des données officielles publiées jeudi montrant que le président Donald Trump hérite d’une économie plutôt florissante en dépit d’un ralentissement au dernier trimestre. La croissance a légèrement ralenti sur les trois derniers mois de l’année (+0,6%) en raison notamment d’un recul des investissements, selon les données du département du Commerce.En rythme annualisé, la croissance du PIB ressort à 2,3% au dernier trimestre, dans la lignée du consensus des analystes compilé par Briefing.com.Le rythme annualisé, mesure privilégiée par les États-Unis, compare le PIB d’un trimestre à l’autre puis projette cette évolution sur l’année entière à ce rythme.En comparaison, le PIB des 20 pays de la zone euro a stagné au dernier trimestre, plombé par les économies allemandes et françaises, qui ont même décliné sur les trois derniers mois de l’année.Les Etats-Unis finissent ainsi l’année “en beauté”, selon Matthew Martin, économiste chez Oxford Economics, qui s’attend à ce que 2025 reste dans cette veine.”Le pays continue à créer des emplois, le taux de chômage a baissé, il y a peu de licenciements. Avec la progression des salaires, le revenu disponible va continuer à augmenter, ce qui va soutenir tout au long de l’année la consommation, qui est le moteur de l’économie”, décrit-il à l’AFP.Toutefois, “l’économie continue à paraître meilleure sur le papier qu’aux yeux des Américains”, tempère Diane Swonk, économiste chez KPMG, dans une note. Elle évoque un “malaise sous-jacent” des consommateurs devant la cherté de la nourriture et du logement. – Spectre des droits de douane -L’inflation a été un thème majeur de la campagne présidentielle. Et alors que Donald Trump promet un nouvel “âge d’or” pour le pays, de fortes incertitudes entourent les conséquences de la politique qu’il paraît déterminé à mettre en place: droits de douane supplémentaires, baisses d’impôts et des dépenses publiques, dérégulation, expulsions massives de sans-papiers.Autant de mesures pouvant avoir un impact sur le PIB, que M. Martin juge encore difficile d’évaluer.”Nous ne pensons pas que les droits de douane seront aussi élevés que les chiffres qu’il (Donald Trump) lance à la volée. On s’attend à ce qu’ils soient ciblés et étalés dans le temps, ce qui limitera l’impact immédiat sur l’économie”, illustre M. Martin.”Tout dépend jusqu’où cette histoire de droits de douane va”, estime pour sa part, auprès de l’AFP, Dan North, économiste pour Allianz Trade North America. “Si on rentre dans cette forme de guerre commerciale extrême dont a parlé Donald Trump, que les pays visés rétorquent, alors cela pénalisera fortement l’économie américaine, et celle des autres économies aussi, avec des pressions inflationnistes ici aux Etats-Unis. Globalement, dans les guerres commerciales, tout le monde y perd”, ajoute-t-il.Le président américain a annoncé sa volonté d’imposer 25% de droits de douane sur les produits provenant du Canada et du Mexique, pourtant théoriquement protégés par un accord de libre-échange, et 10% sur les produits provenant de Chine à compter du 1er février.Sur un an, la croissance est en ligne avec les prévisions du FMI, qui avait anticipé 2,8% lors de la dernière actualisation de son rapport annuel, mi-janvier, avec une forte révision à la hausse par rapport à ce que l’institution avait prévu en octobre.La publication du PIB intervient par ailleurs au lendemain de la décision de la Réserve fédérale (Fed) de laisser ses taux inchangés, dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.En dépit de déclarations véhémentes de Donald Trump, qui a “exigé” que les taux baissent “immédiatement”, l’institution a estimé que la bonne santé de l’économie américaine lui permettait de continuer à se concentrer sur l’inflation.L’indice PCE, qui est privilégié par la Fed pour ses décisions de politique monétaire, doit être connu vendredi pour le dernier mois de l’année et l’ensemble de 2024.

Bracelet électronique de Sarkozy: l’ex-chef de l’Etat a été convoqué au tribunal

L’ancien président Nicolas Sarkozy s’est rendu mardi à une convocation devant le juge d’application des peines (JAP) à Paris dans le cadre de sa condamnation au port d’un bracelet électronique, a-t-on appris jeudi auprès d’une source proche du dossier.Selon une autre source proche du dossier, Nicolas Sarkozy, âgé de 70 ans depuis mardi, n’a pas demandé au cours de cet entretien à bénéficier immédiatement d’une libération conditionnelle.La loi permet aux condamnés de plus de 70 ans de demander à bénéficier sans délai d’une libération conditionnelle sous certaines conditions. Dans son cas, la question se posait de savoir si cette mesure pouvait être demandée avant même la pose du bracelet.Le juge doit désormais rendre une ordonnance, qui fixera la date de pose, le lieu d’assignation, les horaires et les obligations que le condamné doit respecter.Dès le début de la mesure, Nicolas Sarkozy pourra alors faire une demande de libération conditionnelle. La Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Nicolas Sarkozy le 18 décembre, rendant définitive sa condamnation pour corruption et trafic d’influence à un an de prison ferme aménagé sous bracelet électronique. Nicolas Sarkozy est par ailleurs actuellement jugé dans l’affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne 2007. Depuis l’ouverture du procès le 6 janvier, il est présent à toutes les audiences qui se déroulent les lundis, mercredis et jeudis après-midi.Le JAP de Paris a aussi été saisi concernant Me Thierry Herzog, avocat historique de Nicolas Sarkozy, et celui de Bordeaux pour Gilbert Azibert, ancien haut magistrat. Tous deux ont été condamnés aux côtés de l’ancien président, à la même peine d’un an de prison sous bracelet électronique.

Bracelet électronique de Sarkozy: l’ex-chef de l’Etat a été convoqué au tribunal

L’ancien président Nicolas Sarkozy s’est rendu mardi à une convocation devant le juge d’application des peines (JAP) à Paris dans le cadre de sa condamnation au port d’un bracelet électronique, a-t-on appris jeudi auprès d’une source proche du dossier.Selon une autre source proche du dossier, Nicolas Sarkozy, âgé de 70 ans depuis mardi, n’a pas demandé au cours de cet entretien à bénéficier immédiatement d’une libération conditionnelle.La loi permet aux condamnés de plus de 70 ans de demander à bénéficier sans délai d’une libération conditionnelle sous certaines conditions. Dans son cas, la question se posait de savoir si cette mesure pouvait être demandée avant même la pose du bracelet.Le juge doit désormais rendre une ordonnance, qui fixera la date de pose, le lieu d’assignation, les horaires et les obligations que le condamné doit respecter.Dès le début de la mesure, Nicolas Sarkozy pourra alors faire une demande de libération conditionnelle. La Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Nicolas Sarkozy le 18 décembre, rendant définitive sa condamnation pour corruption et trafic d’influence à un an de prison ferme aménagé sous bracelet électronique. Nicolas Sarkozy est par ailleurs actuellement jugé dans l’affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne 2007. Depuis l’ouverture du procès le 6 janvier, il est présent à toutes les audiences qui se déroulent les lundis, mercredis et jeudis après-midi.Le JAP de Paris a aussi été saisi concernant Me Thierry Herzog, avocat historique de Nicolas Sarkozy, et celui de Bordeaux pour Gilbert Azibert, ancien haut magistrat. Tous deux ont été condamnés aux côtés de l’ancien président, à la même peine d’un an de prison sous bracelet électronique.

“Apologie du terrorisme”: Panot annonce le classement sans suite de la procédure la visant

La cheffe des députés LFI Mathilde Panot a annoncé jeudi le classement sans suite de la procédure pour “apologie du terrorisme” qui avait été engagée contre elle après le communiqué de son groupe parlementaire relatif aux attaques du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.”Après un an et demi de mensonges, d’attaques et de violences contre La France insoumise et mon groupe parlementaire, la procédure pour apologie du terrorisme qui me visait est classée sans suite”, a indiqué la responsable de La France insoumise dans un communiqué.”Il est temps que cesse l’instrumentalisation de la justice et de la police contre les défenseurs de la cause palestinienne”, a ajouté la députée du Val-de-Marne, en saluant une “victoire immense contre l’autoritarisme du président Macron”. En avril dernier, Mathilde Panot avait annoncé être convoquée par la police dans le cadre d’une enquête pour “apologie du terrorisme”.Le 7 octobre 2023, le groupe LFI avait publié un texte qui avait suscité la polémique car il mettait notamment en parallèle l’attaque du Hamas, décrite comme “une offensive armée de forces palestiniennes”, et “l’intensification de la politique d’occupation israélienne” dans les territoires palestiniens.La nouvelle de la convocation de Mme Panot était tombée en pleine campagne pour les élections européennes. Les Insoumis, qui qualifient de “génocide” la situation à Gaza et qui avaient fait de la défense de la cause palestinienne le grand axe de leur campagne, n’ont eu de cesse de dénoncer une instrumentalisation de la justice pour faire taire les voix propalestiniennes.L’eurodéputée insoumise Rima Hassan, alors simplement candidate sur la liste LFI pour les européennes, avait été également convoquée par la police dans le cadre d’une enquête pour “apologie du terrorisme”.Elle avait expliqué que sa convocation était consécutive à une interview accordée en novembre 2023 au média Le Crayon. Dans un extrait, maintenant supprimé, on voyait la juriste dire qu’il est “vrai” que le Hamas mène une action légitime.L’intéressée, critique farouche du pouvoir israélien, avait dénoncé un “extrait coupé” et trompeur de sa réponse et précisé que les enquêteurs avaient pu visualiser l’intégralité de l’entretien.  

Est de la RDC: le M23 veut “rester” à Goma et “continuer” jusqu’à Kinshasa

Le groupe armé antigouvernemental M23 a annoncé jeudi vouloir “rester” à Goma, la grande ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) qu’il a conquise ces derniers jours avec les forces rwandaises, et “continuer la marche de libération” jusqu’à la capitale Kinshasa.La veille, le président congolais Félix Tshisekedi a refusé de s’avouer vaincu alors que le M23 et ses alliés ne cessent de prendre du terrain à son armée dans l’est, assurant qu’une “riposte vigoureuse” est en cours et mettant en garde contre le risque d’une escalade régionale incontrôlée.Coincée entre le lac Kivu et la frontière rwandaise, Goma, principale ville de l’est de la RDC, est tombée ces derniers jours aux mains du M23 et des forces rwandaises, qui contrôlaient déjà de larges pans de la province du Nord-Kivu, après une offensive de plusieurs semaines.”Nous sommes à Goma pour y rester”, a déclaré jeudi Corneille Nangaa, chef de la plateforme politico-militaire dont fait partie le M23, lors d’une conférence de presse dans la capitale du Nord-Kivu. Et “nous allons continuer la marche de libération jusqu’à Kinshasa”, capitale de la RDC, a-t-il ajouté.Alors que les combats ont quasiment complètement cessé, la ville pansait ses plaies, entre chaussées crevées par des impacts de mortiers et vitrines défoncées par les pillages, ont constaté des journalistes de l’AFP.Si les combats ont peu détruit de bâtiments, la situation humanitaire reste critique et internet, l’eau courante et l’électricité sont toujours coupés.”Il n’y a plus rien à manger, tout a été pillé”, s’inquiète Bosco, un habitant qui refuse de donner son nom. “Nous avons besoin d’assistance urgemment”.- “Tout a été pillé” -Les affrontements ont fait plus de 100 morts et près d’un millier de blessés, avaient indiqué mardi des hôpitaux de la ville. Les violences ont aggravé une crise humanitaire chronique dans la région où, selon l’ONU, plus de 500.000 personnes ont été déplacées depuis début janvier.L’offensive éclair sur cette cité de plus d’un million d’habitants et presque autant de déplacés a suscité de nombreux appels à la fin des combats et au retrait des troupes rwandaises, de l’ONU aux États-Unis, de la Chine à l’Union européenne, de l’Angola à la France.Peu avant minuit mercredi, le président congolais Félix Tshisekedi, resté silencieux depuis le début de l’offensive sur Goma, s’est adressé à la nation dans une allocution retransmise à la télévision nationale. Reconnaissant une “aggravation sans précédent de la situation sécuritaire” dans l’est, il a assuré qu'”une riposte vigoureuse et coordonnée contre ces terroristes et leurs parrains est en cours”, en louant les forces armées congolaises en dépit de leurs revers en série.Condamnant “le silence” et “l’inaction” de la communauté internationale face à “la barbarie du régime de Kigali”, il a mis en garde contre le risque d'”une escalade aux conséquences imprévisibles” dans la région des Grands Lacs.Mercredi, le M23 a ouvert un nouveau front vers le sud en s’emparant, selon des sources locales, de deux villages de la province du Sud-Kivu, voisine de celle du Nord-Kivu.- Force de paix en sursis? -Jusqu’à présent, les initiatives diplomatiques lancées pour tenter de régler le conflit qui dure depuis plus de trois ans n’ont rien donné.La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui a des soldats déployés dans la région, a annoncé la tenue d’un sommet extraordinaire vendredi à Harare, au Zimbabwe. Selon le média sud-africain Daily Maverick, elle pourrait y annoncer un retrait de la SAMIRDC, sa force déployée depuis fin 2023.La SAMIDRC comprend notamment 2.900 soldats sud-africains, ainsi que des militaires malawites et tanzaniens. L’Afrique du Sud fournit également des soldats à l’autre force de maintien de la paix déployée en appui à Kinshasa, celle de l’ONU (Monusco).Les deux forces ont payé un lourd tribut aux affrontements de cette dernière semaine: 17 de leurs soldats, dont 13 Sud-Africains, y ont été tués.Paul Kagame a mis la pression jeudi sur la SAMIDRC en estimant qu’elle n’est “pas une force de maintien de la paix” et n’a “pas sa place dans cette situation”. Il a également prévenu l’Afrique du Sud qu’il n’avait pas peur d’une “confrontation” avec elle à ce sujet.L’est de la RDC est déchiré depuis des décennies par les violences de multiples groupes armés, exacerbées après le génocide de 1994 au Rwanda.Kinshasa accuse Kigali de vouloir y piller les nombreuses richesses naturelles, dont le tantale et l’étain utilisés dans les batteries et les équipements électroniques, ou l’or.Le Rwanda dément, et dit vouloir y éradiquer certains groupes armés qui menacent selon lui sa sécurité en permanence, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créé par d’anciens responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda.burx-cld/emd/mba