Retour de la consigne en verre: en Alsace elle n’a jamais disparu
Vingt centimes par bouteille restituĂ©e, et du plastique Ă©vitĂ©: la consigne en verre, qui va faire son grand retour dans plusieurs rĂ©gions en mai, est dĂ©jĂ bien rĂ©pandue en Alsace, oĂą les consommateurs plĂ©biscitent cette solution Ă©cologique.Dans un immeuble du centre de Strasbourg, Antonin gravit les Ă©tages une caisse dans chaque main. Il vient livrer 23 bouteilles d’eau en verre Ă Christine Pfeiffer et Jean-Marc Faudi, 66 ans. En Ă©change il repart avec le mĂŞme nombre de bouteilles vides, qui une fois lavĂ©es, pourront ĂŞtre rĂ©utilisĂ©es.En Alsace, la consigne n’a jamais disparu et connaĂ®t mĂŞme un nouvel engouement avec le dĂ©veloppement de services de livraison Ă domicile.”Franchement, on apprĂ©cie. Je ne reviendrai pas en arrière”, tĂ©moigne Christine. “Très prĂ©occupĂ©e par l’environnement”, la sexagĂ©naire explique qu’elle en avait “marre des bouteilles en plastique”. “Pour moi, c’est essentiel de passer au verre consignĂ©, puisque c’est lavĂ©, rĂ©utilisĂ©. C’est vraiment une solution Ă©cologique.”A ses cĂ´tĂ©s, Jean-Marc se souvient qu’enfant, il rapportait les pots de yaourts et bouteilles de lait Ă l’Ă©picerie. Il se fĂ©licite de voir le verre consignĂ© faire son grand retour: “enfin, on retrouve le bon sens de nos grands-parents”.Jus de fruits, bières, soupes… En mai, la consigne en verre va faire son retour Ă grande Ă©chelle dans les supermarchĂ©s de Bretagne, Pays-de-la-Loire, Normandie et Hauts-de-France – soit 16 millions de consommateurs potentiellement concernĂ©s. Une expĂ©rimentation prĂ©alable Ă une Ă©ventuelle gĂ©nĂ©ralisation Ă toute la France.L’enjeu, selon l’Ă©co-organisme Citeo, est de rattraper le retard en matière de rĂ©emploi des emballages.- Plus de 20 rĂ©utilisations -Edouard Haag, prĂ©sident de la brasserie Meteor, implantĂ©e Ă Hochfelden, Ă 30 kilomètres au nord-ouest de Strasbourg, est “absolument convaincu que c’est un système qui doit se redĂ©ployer au niveau national”.Selon une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en 2009, une bouteille en verre rĂ©employĂ©e permet d’Ă©conomiser 79% de CO2 et 75% d’Ă©nergie par rapport Ă une bouteille en verre recyclĂ©e.”Il y a Ă la fois un enjeu Ă©cologique et Ă©conomique” et “la rĂ©glementation va dans ce sens, avec des obligations croissantes”, souligne M. Haag, citant la loi Agec sur l’Ă©conomie circulaire de fĂ©vrier 2020 qui vise 10% d’emballages rĂ©employĂ©s d’ici Ă 2027.A Hochfelden, oĂą l’on brasse de la bière depuis 1640, sept millions de bouteilles en verre consignĂ©es sont produites chaque annĂ©e par Meteor.Une fois vidĂ©es, elles reviennent Ă la brasserie, oĂą elles vont connaĂ®tre une nouvelle vie. “Elles passent par diffĂ©rents bains dont un avec de la soude pour Ă©liminer les Ă©tiquettes et les impuretĂ©s puis elles sont rincĂ©es”, explique Thierry Charpilloz, employĂ© chez Meteor depuis 27 ans.Redevenues pimpantes, elles sont de nouveau remplies de bière, encapsulĂ©es, Ă©tiquetĂ©es et mises en caisses, prĂŞtes Ă ĂŞtre livrĂ©es. Chacune peut ainsi ĂŞtre rĂ©employĂ©e plus de 20 fois.- Changer les mentalitĂ©s -Pour chaque bouteille de 75 cl consignĂ©e, les particuliers dĂ©boursent 20 centimes, somme qui leur est restituĂ©e lorsque le contenant est rapportĂ© sur le lieu de vente.”C’est un geste qu’il va falloir apprendre ou rĂ©apprendre. Et ça, nĂ©cessairement, ça prend un peu de temps. Mais je suis absolument convaincu que les consommateurs français vont s’y employer assez rapidement”, espère Edouard Haag.Pour simplifier cette dĂ©marche et Ă©viter aux particuliers de se dĂ©placer, des sociĂ©tĂ©s de livraison Ă domicile ont Ă©mergĂ© ces dernières annĂ©es.Selon Erwann Dauges, cofondateur de la sociĂ©tĂ© de livraison de boissons consignĂ©es YSE, ce système sĂ©duit des personnes convaincues par le caractère “Ă©cologique”, mais aussi “pratique” de la dĂ©marche, et qui permet de rĂ©cupĂ©rer “environ 95 % des contenants”.Autre intĂ©rĂŞt, la consigne “crĂ©e de l’emploi non dĂ©localisable”, souligne M. Dauges, citant les livreurs ou encore les laveurs.Pour dĂ©velopper ce système, le plus grand dĂ©fi, “c’est de changer les mentalitĂ©s”, estime l’entrepreneur. Car une fois clients, “très peu de gens reviennent au plastique”.









