En Syrie, la sécheresse menace la récolte de blé

Face à une sécheresse sans précédent qui menace plus de 16 millions de Syriens d’insécurité alimentaire selon l’ONU, les autorités syriennes et l’administration autonome kurde se disputent l’achat d’une mauvaise récolte de blé cette année.”Le pays n’a pas connu de conditions climatiques aussi défavorables depuis 60 ans”, affirme à l’AFP Haya Abou Assaf, assistante du représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en Syrie.Selon elle, quelque “75% des zones cultivées” en Syrie ont été affectées, dont “environ 2,5 millions d’hectares de blé touchés par les conditions climatiques sévères”.”Le déficit dans la production de blé va atteindre entre 2,5 et 2,7 millions de tonnes, ce qui place 16,3 millions de personnes en danger d’insécurité alimentaire en Syrie cette année”, avertit la responsable onusienne.Avant le début de la guerre civile en 2011, la Syrie était autosuffisante en blé, la production atteignant en moyenne 4,1 millions de tonnes par an. Mais avec l’extension des violences, la production a drastiquement diminué.Le pouvoir de Bachar al-Assad, renversé en décembre par une coalition islamiste, importait notamment du blé de Russie, son allié. Les nouvelles autorités islamistes, qui l’ont renversé en décembre, tentent de diversifier les sources et ont reçu en janvier 500 tonnes de farine de blé d’Ukraine, en conflit armé avec Moscou.- Compétition -Pour encourager les agriculteurs à livrer leurs récoltes, le ministère de l’Économie a fixé mercredi le prix d’achat de la tonne de blé entre 290 et 320 dollars, selon la qualité, ajoutant une prime incitative de 130 dollars, sur décision du président par intérim Ahmad al-Chareh.Dans le nord-est de la Syrie, l’administration autonome kurde, qui contrôle de vastes étendues de terres fertiles, a fixé le prix de la tonne de blé à 420 dollars, qui comprend une prime incitative de 70 dollars.L’an dernier, le pouvoir de Bachar al-Assad achetait la tonne à 350 dollars, contre 310 dollars dans les zones kurdes.L’administration kurde est en négociation avec le pouvoir central pour mettre en oeuvre un accord signé en mars, visant à intégrer à l’Etat syrien les institutions sous son contrôle.Le ministère syrien de l’Agriculture prévoit qu’entre 300.000 et 350.000 tonnes soient récoltées dans les zones sous son contrôle cette année.”L’autosuffisance n’est pas atteinte, mais (..) nous oeuvrons à assurer la sécurité alimentaire en important du blé de l’extérieur”, a souligné le directeur de l’Organisation générale des céréales, Hasan Othman à la télévision syrienne.- “La pauvreté et la faim” -Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), en 2024, la production nationale de blé ne couvrait que 65% des besoins du pays.En février dernier, le PNUD estimait que neuf Syriens sur 10 vivaient dans la pauvreté et faisaient face à l’insécurité alimentaire.A Amouda, dans les zones contrôlées par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, Jamshid Hassou inspecte son champ de 200 hectares, frottant les épis entre ses mains.”Nous avons fait beaucoup d’efforts pour cultiver du blé irrigué en raison du faible niveau des précipitations” dit cet homme de 65 ans selon lequel la production a diminué de moitié.Selon la responsable de la FAO, en raison d’un court hiver et de pluies moins abondantes, les niveaux d’eau ont connu “une baisse très importante par rapport aux années précédentes, ce qui est très inquiétant”.”Nos indicateurs montrent qu’environ 95% du blé en culture pluviale a été endommagé et affecté, tandis que le blé irrigué devrait produire 30 à 40% de moins que la moyenne”, explique Haya Abou Assaf.Jamshid Hassou, qui travaille comme agriculteur depuis quatre décennies, a été contraint de pomper à une profondeur de plus de 160 mètres pour atteindre les eaux souterraines afin d’irriguer son champ.”Sans soutien, nous abandonnerons l’agriculture et ne pourrons pas continuer”, prévient-t-il. “Les gens souffriront de la pauvreté et de la faim”.

En Syrie, la sécheresse menace la récolte de blé

Face à une sécheresse sans précédent qui menace plus de 16 millions de Syriens d’insécurité alimentaire selon l’ONU, les autorités syriennes et l’administration autonome kurde se disputent l’achat d’une mauvaise récolte de blé cette année.”Le pays n’a pas connu de conditions climatiques aussi défavorables depuis 60 ans”, affirme à l’AFP Haya Abou Assaf, assistante du représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en Syrie.Selon elle, quelque “75% des zones cultivées” en Syrie ont été affectées, dont “environ 2,5 millions d’hectares de blé touchés par les conditions climatiques sévères”.”Le déficit dans la production de blé va atteindre entre 2,5 et 2,7 millions de tonnes, ce qui place 16,3 millions de personnes en danger d’insécurité alimentaire en Syrie cette année”, avertit la responsable onusienne.Avant le début de la guerre civile en 2011, la Syrie était autosuffisante en blé, la production atteignant en moyenne 4,1 millions de tonnes par an. Mais avec l’extension des violences, la production a drastiquement diminué.Le pouvoir de Bachar al-Assad, renversé en décembre par une coalition islamiste, importait notamment du blé de Russie, son allié. Les nouvelles autorités islamistes, qui l’ont renversé en décembre, tentent de diversifier les sources et ont reçu en janvier 500 tonnes de farine de blé d’Ukraine, en conflit armé avec Moscou.- Compétition -Pour encourager les agriculteurs à livrer leurs récoltes, le ministère de l’Économie a fixé mercredi le prix d’achat de la tonne de blé entre 290 et 320 dollars, selon la qualité, ajoutant une prime incitative de 130 dollars, sur décision du président par intérim Ahmad al-Chareh.Dans le nord-est de la Syrie, l’administration autonome kurde, qui contrôle de vastes étendues de terres fertiles, a fixé le prix de la tonne de blé à 420 dollars, qui comprend une prime incitative de 70 dollars.L’an dernier, le pouvoir de Bachar al-Assad achetait la tonne à 350 dollars, contre 310 dollars dans les zones kurdes.L’administration kurde est en négociation avec le pouvoir central pour mettre en oeuvre un accord signé en mars, visant à intégrer à l’Etat syrien les institutions sous son contrôle.Le ministère syrien de l’Agriculture prévoit qu’entre 300.000 et 350.000 tonnes soient récoltées dans les zones sous son contrôle cette année.”L’autosuffisance n’est pas atteinte, mais (..) nous oeuvrons à assurer la sécurité alimentaire en important du blé de l’extérieur”, a souligné le directeur de l’Organisation générale des céréales, Hasan Othman à la télévision syrienne.- “La pauvreté et la faim” -Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), en 2024, la production nationale de blé ne couvrait que 65% des besoins du pays.En février dernier, le PNUD estimait que neuf Syriens sur 10 vivaient dans la pauvreté et faisaient face à l’insécurité alimentaire.A Amouda, dans les zones contrôlées par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, Jamshid Hassou inspecte son champ de 200 hectares, frottant les épis entre ses mains.”Nous avons fait beaucoup d’efforts pour cultiver du blé irrigué en raison du faible niveau des précipitations” dit cet homme de 65 ans selon lequel la production a diminué de moitié.Selon la responsable de la FAO, en raison d’un court hiver et de pluies moins abondantes, les niveaux d’eau ont connu “une baisse très importante par rapport aux années précédentes, ce qui est très inquiétant”.”Nos indicateurs montrent qu’environ 95% du blé en culture pluviale a été endommagé et affecté, tandis que le blé irrigué devrait produire 30 à 40% de moins que la moyenne”, explique Haya Abou Assaf.Jamshid Hassou, qui travaille comme agriculteur depuis quatre décennies, a été contraint de pomper à une profondeur de plus de 160 mètres pour atteindre les eaux souterraines afin d’irriguer son champ.”Sans soutien, nous abandonnerons l’agriculture et ne pourrons pas continuer”, prévient-t-il. “Les gens souffriront de la pauvreté et de la faim”.

Trump éreinte les médias après les frappes américaines en Iran

Donald Trump malmène de longue date les médias traditionnels, mais il a redoublé d’agressivité en s’en prenant personnellement à des journalistes et en menaçant de poursuivre leurs employeurs pour leur couverture des suites des bombardements américains en Iran.Après ces frappes, Donald Trump a déclaré et répété: les trois sites nucléaires iraniens visés ont été “complètement détruits”.Mais CNN et le New York Times ont fait état d’un rapport préliminaire top secret du renseignement américain avançant que l’action militaire avait retardé le programme nucléaire de Téhéran, mais sans le détruire complètement.Le républicain les a ensuite attaqués avec virulence.”Les journalistes +fake news+ de CNN et du New York Times devraient être renvoyés. Immédiatement!!! Ce sont de mauvaises personnes avec des intentions malveillantes!!!”, a-t-il accusé en lettres capitales jeudi, sur sa plateforme Truth Social.”Natasha Bertrand devrait être RENVOYEE de CNN! Je la regarde depuis trois jours raconter des +fake news+. Elle devrait être IMMEDIATEMENT sanctionnée, et ensuite jetée dehors comme un chien. (…) VIREZ NATASHA!”, a-t-il même frontalement ciblé. C’est cette journaliste qui a fait état du document du renseignement américain.Nombre d’observateurs estiment que ces attaques particulièrement violentes contre les journalistes traduisent la volonté du président américain de mettre les médias – qui connaissent déjà une désaffection de plus en plus profonde du public – sur la défensive et d’étouffer l’examen critique des frappes contre l’Iran, dont le résultat est un enjeu considérable pour Donald Trump.- “De plus en plus laid” -“Pouvoir affirmer que l’intervention a été brève et réussie a un bénéfice politique évident pour Donald Trump afin de resserrer les rangs” autour de lui, avec une base de partisans farouchement opposés à toute intervention militaire, analyse auprès de l’AFP Joshua Tucker, co-directeur d’un centre de recherche à la New York University.Que les médias aient fait état “du rapport préliminaire du renseignement a compliqué le récit privilégié par le président de l’attaque américaine”, complète-t-il.Au cours d’une conférence de presse convoquée jeudi, son ministre de la Défense Pete Hegseth a également mis en cause directement le parterre de journalistes devant lui et critiqué vertement la reprise d’éléments du rapport préliminaire.Donald Trump a même menacé de poursuivre le New York Times et CNN pour leur couverture.Dans une lettre adressée au quotidien new-yorkais, son avocat personnel écrit que le journal a porté atteinte à la réputation du président américain, qualifie ses informations de “fausses, diffamatoires et non patriotiques” et exige qu’il “se rétracte et s’excuse”. Le New York Times a rejeté ces demandes et, comme CNN, pris la défense de ses journalistes et de leur travail.- Défiance de longue date -“Le président Trump et son gouvernement s’en prennent aux messagers d’une manière de plus en plus laide,” a estimé le journaliste politique de CNN Jake Tapper.”Trump tue le messager”, résume auprès de l’AFP Todd Belt, directeur du programme de management politique de l’université George Washington. “Il s’en prend à la presse parce qu’il sait qu’elle est impopulaire.””Si l’opinion publique pense que la salve de frappes n’a pas fonctionné, alors il devra soit attaquer à nouveau, soit négocier en reconnaissant que l’Iran a toujours des composants nucléaires, ce qui pourrait ne pas fonctionner”, poursuit l’universitaire. Or “si le conflit s’éternise, ça compromet le statut de faiseur de paix qu’il revendique.”La rhétorique anti-médias de Donald Trump s’inscrit dans une défiance qu’il nourrit de longue date envers les médias traditionnels d’information. Le milliardaire républicain traite régulièrement les journalistes de “menteurs” et même d'”ennemis du peuple”.Depuis son retour au pouvoir, il a attaqué sur plusieurs fronts les médias qu’il qualifie de “traditionnels”, entre financement fédéral brutalement asséché, procédures judiciaires coûteuses et restrictions d’accès, comme quand l’agence de presse AP n’a pas adopté la dénomination “Golfe d’Amérique” qu’il a substituée à “Golfe du Mexique”.

A Maracaibo, la capitale pétrolière du Venezuela, on fore pour l’eau

“A Maracaibo, on est prêt pour l’apocalypse”, dit une blague souvent répétée par ses habitants. Jadis florissante, la capitale pétrolière vénézuélienne, ébranlée par la crise, s’est habituée à vivre avec les coupures d’eau et de courant, comme avec les pénuries d’essence.Résidences, écoles, commerces, églises ou centres de santé creusent désormais pour construire des puits et pallier le manque d’eau. Prix: entre 1.000 et 6.000 dollars. Une somme énorme dans ce pays où le revenu minimum avoisine les 200 dollars par mois. Manuel Palmar sourit chaque fois qu’il ouvre le robinet et voit un puissant jet d’eau en sortir. “C’est une bénédiction!”, affirme à l’AFP ce comptable de 34 ans qui s’est réuni avec ses voisins pour construire un puits il y a quatre ans.La pénurie d’eau existe depuis des décennies dans tout le pays et Maracaibo, berceau de l’exploitation pétrolière, ne fait pas exception malgré sa richesse passée. Les raisons sont multiples: machines de pompage en panne, fuites dans les tuyauteries, sécheresse dans les réservoirs.  Les experts dénoncent des années de désinvestissement et de corruption. Au début de l’année, l’eau n’a pas coulé dans les robinets pendant plus d’un mois dans certaines localités. – Essor des puits -Les habitants trouvent des solutions selon leurs moyens. Certains remplissent des “pipas” (des seaux d’environ 200 litres) pour 2 ou 3 dollars. Faire appel à un camion-citerne pour remplir le réservoir d’un immeuble coûte entre 40 et 60 dollars. D’autres recyclent l’eau rejetée par la climatisation – un appareil de première nécessité à Maracaibo – ou recueillent l’eau de pluie. Solution à long terme et permettant d’être autonome, le puits connaît un essor depuis six ans et se répand également dans des villes comme Caracas, où le manque d’eau se fait sentir dans certains secteurs. Manuel Palmar vit à Ziruma, quartier de classe moyenne inférieure de Maracaibo. Lui et ses voisins ont payé 2.500 dollars pour l’installation d’un puits de 12 mètres de profondeur. Maintenant, le groupe de voisins peut stocker jusqu’à 80.000 litres d’eau de source environ chaque semaine. L’eau n’est potable, en raison de sa trop forte salinité, mais “elle est parfaite pour laver les vêtements, pour les toilettes, elle n’a pas de résidus”, explique-t-il, satisfait de l’investissement qui lui permet désormais d’économiser le paiement récurrent du camion-citerne.- Eau contaminée -Le prix d’un puits varie en fonction de la profondeur, des analyses de l’eau et des équipements électriques de pompage.Gabriel Delgado en a construit environ 20 dans cette ville de 2 millions d’habitants. Parmi ses clients figurent une clinique pour malades cardiaques ou quatre écoles privées. Il en a également installé un chez sa belle-mère: un cylindre en ciment gris, d’un mètre et demi de diamètre, enterré sous un tas de bidons et de pierres qui dissimulent son sommet. Des toiles d’araignées pendent juste au-dessus du niveau de l’eau, mais, dès que l’homme connecte sa pompe d’aspiration, le liquide jaillit avec force. L’eau semble cristalline et il la qualifie de douce. Il en boit même une gorgée dans une bouteille translucide qu’il vient de remplir. “C’est rafraîchissant”, dit-il. Bien meilleur que l’eau jaunâtre et boueuse qui sort parfois des robinets en période de pluie.  Les autorités sanitaires et environnementales doivent délivrer des autorisations préalables avant les forages. Elles exigent notamment des analyses d’eau.Mais tous ne réalisent pas ces démarches. Javier Otero, directeur du département des eaux de la mairie de Maracaibo, explique avoir détecté des puits artisanaux peu profonds, certains proches de canalisations ou de cours d’eau contaminés. Ces gens “consomment une eau qui n’est pas potable, saumâtre”, déclare-t-il à l’AFP. La mairie a construit sept puits pour approvisionner les quartiers pauvres de Maracaibo.Ce type d’infrastructure a désormais sa place dans les annonces immobilières: les prix des logements montent lorsque le bien dispose d’un puits et d’un groupe électrogène.

A Maracaibo, la capitale pétrolière du Venezuela, on fore pour l’eau

“A Maracaibo, on est prêt pour l’apocalypse”, dit une blague souvent répétée par ses habitants. Jadis florissante, la capitale pétrolière vénézuélienne, ébranlée par la crise, s’est habituée à vivre avec les coupures d’eau et de courant, comme avec les pénuries d’essence.Résidences, écoles, commerces, églises ou centres de santé creusent désormais pour construire des puits et pallier le manque d’eau. Prix: entre 1.000 et 6.000 dollars. Une somme énorme dans ce pays où le revenu minimum avoisine les 200 dollars par mois. Manuel Palmar sourit chaque fois qu’il ouvre le robinet et voit un puissant jet d’eau en sortir. “C’est une bénédiction!”, affirme à l’AFP ce comptable de 34 ans qui s’est réuni avec ses voisins pour construire un puits il y a quatre ans.La pénurie d’eau existe depuis des décennies dans tout le pays et Maracaibo, berceau de l’exploitation pétrolière, ne fait pas exception malgré sa richesse passée. Les raisons sont multiples: machines de pompage en panne, fuites dans les tuyauteries, sécheresse dans les réservoirs.  Les experts dénoncent des années de désinvestissement et de corruption. Au début de l’année, l’eau n’a pas coulé dans les robinets pendant plus d’un mois dans certaines localités. – Essor des puits -Les habitants trouvent des solutions selon leurs moyens. Certains remplissent des “pipas” (des seaux d’environ 200 litres) pour 2 ou 3 dollars. Faire appel à un camion-citerne pour remplir le réservoir d’un immeuble coûte entre 40 et 60 dollars. D’autres recyclent l’eau rejetée par la climatisation – un appareil de première nécessité à Maracaibo – ou recueillent l’eau de pluie. Solution à long terme et permettant d’être autonome, le puits connaît un essor depuis six ans et se répand également dans des villes comme Caracas, où le manque d’eau se fait sentir dans certains secteurs. Manuel Palmar vit à Ziruma, quartier de classe moyenne inférieure de Maracaibo. Lui et ses voisins ont payé 2.500 dollars pour l’installation d’un puits de 12 mètres de profondeur. Maintenant, le groupe de voisins peut stocker jusqu’à 80.000 litres d’eau de source environ chaque semaine. L’eau n’est potable, en raison de sa trop forte salinité, mais “elle est parfaite pour laver les vêtements, pour les toilettes, elle n’a pas de résidus”, explique-t-il, satisfait de l’investissement qui lui permet désormais d’économiser le paiement récurrent du camion-citerne.- Eau contaminée -Le prix d’un puits varie en fonction de la profondeur, des analyses de l’eau et des équipements électriques de pompage.Gabriel Delgado en a construit environ 20 dans cette ville de 2 millions d’habitants. Parmi ses clients figurent une clinique pour malades cardiaques ou quatre écoles privées. Il en a également installé un chez sa belle-mère: un cylindre en ciment gris, d’un mètre et demi de diamètre, enterré sous un tas de bidons et de pierres qui dissimulent son sommet. Des toiles d’araignées pendent juste au-dessus du niveau de l’eau, mais, dès que l’homme connecte sa pompe d’aspiration, le liquide jaillit avec force. L’eau semble cristalline et il la qualifie de douce. Il en boit même une gorgée dans une bouteille translucide qu’il vient de remplir. “C’est rafraîchissant”, dit-il. Bien meilleur que l’eau jaunâtre et boueuse qui sort parfois des robinets en période de pluie.  Les autorités sanitaires et environnementales doivent délivrer des autorisations préalables avant les forages. Elles exigent notamment des analyses d’eau.Mais tous ne réalisent pas ces démarches. Javier Otero, directeur du département des eaux de la mairie de Maracaibo, explique avoir détecté des puits artisanaux peu profonds, certains proches de canalisations ou de cours d’eau contaminés. Ces gens “consomment une eau qui n’est pas potable, saumâtre”, déclare-t-il à l’AFP. La mairie a construit sept puits pour approvisionner les quartiers pauvres de Maracaibo.Ce type d’infrastructure a désormais sa place dans les annonces immobilières: les prix des logements montent lorsque le bien dispose d’un puits et d’un groupe électrogène.

A Maracaibo, la capitale pétrolière du Venezuela, on fore pour l’eau

“A Maracaibo, on est prêt pour l’apocalypse”, dit une blague souvent répétée par ses habitants. Jadis florissante, la capitale pétrolière vénézuélienne, ébranlée par la crise, s’est habituée à vivre avec les coupures d’eau et de courant, comme avec les pénuries d’essence.Résidences, écoles, commerces, églises ou centres de santé creusent désormais pour construire des puits et pallier le manque d’eau. Prix: entre 1.000 et 6.000 dollars. Une somme énorme dans ce pays où le revenu minimum avoisine les 200 dollars par mois. Manuel Palmar sourit chaque fois qu’il ouvre le robinet et voit un puissant jet d’eau en sortir. “C’est une bénédiction!”, affirme à l’AFP ce comptable de 34 ans qui s’est réuni avec ses voisins pour construire un puits il y a quatre ans.La pénurie d’eau existe depuis des décennies dans tout le pays et Maracaibo, berceau de l’exploitation pétrolière, ne fait pas exception malgré sa richesse passée. Les raisons sont multiples: machines de pompage en panne, fuites dans les tuyauteries, sécheresse dans les réservoirs.  Les experts dénoncent des années de désinvestissement et de corruption. Au début de l’année, l’eau n’a pas coulé dans les robinets pendant plus d’un mois dans certaines localités. – Essor des puits -Les habitants trouvent des solutions selon leurs moyens. Certains remplissent des “pipas” (des seaux d’environ 200 litres) pour 2 ou 3 dollars. Faire appel à un camion-citerne pour remplir le réservoir d’un immeuble coûte entre 40 et 60 dollars. D’autres recyclent l’eau rejetée par la climatisation – un appareil de première nécessité à Maracaibo – ou recueillent l’eau de pluie. Solution à long terme et permettant d’être autonome, le puits connaît un essor depuis six ans et se répand également dans des villes comme Caracas, où le manque d’eau se fait sentir dans certains secteurs. Manuel Palmar vit à Ziruma, quartier de classe moyenne inférieure de Maracaibo. Lui et ses voisins ont payé 2.500 dollars pour l’installation d’un puits de 12 mètres de profondeur. Maintenant, le groupe de voisins peut stocker jusqu’à 80.000 litres d’eau de source environ chaque semaine. L’eau n’est potable, en raison de sa trop forte salinité, mais “elle est parfaite pour laver les vêtements, pour les toilettes, elle n’a pas de résidus”, explique-t-il, satisfait de l’investissement qui lui permet désormais d’économiser le paiement récurrent du camion-citerne.- Eau contaminée -Le prix d’un puits varie en fonction de la profondeur, des analyses de l’eau et des équipements électriques de pompage.Gabriel Delgado en a construit environ 20 dans cette ville de 2 millions d’habitants. Parmi ses clients figurent une clinique pour malades cardiaques ou quatre écoles privées. Il en a également installé un chez sa belle-mère: un cylindre en ciment gris, d’un mètre et demi de diamètre, enterré sous un tas de bidons et de pierres qui dissimulent son sommet. Des toiles d’araignées pendent juste au-dessus du niveau de l’eau, mais, dès que l’homme connecte sa pompe d’aspiration, le liquide jaillit avec force. L’eau semble cristalline et il la qualifie de douce. Il en boit même une gorgée dans une bouteille translucide qu’il vient de remplir. “C’est rafraîchissant”, dit-il. Bien meilleur que l’eau jaunâtre et boueuse qui sort parfois des robinets en période de pluie.  Les autorités sanitaires et environnementales doivent délivrer des autorisations préalables avant les forages. Elles exigent notamment des analyses d’eau.Mais tous ne réalisent pas ces démarches. Javier Otero, directeur du département des eaux de la mairie de Maracaibo, explique avoir détecté des puits artisanaux peu profonds, certains proches de canalisations ou de cours d’eau contaminés. Ces gens “consomment une eau qui n’est pas potable, saumâtre”, déclare-t-il à l’AFP. La mairie a construit sept puits pour approvisionner les quartiers pauvres de Maracaibo.Ce type d’infrastructure a désormais sa place dans les annonces immobilières: les prix des logements montent lorsque le bien dispose d’un puits et d’un groupe électrogène.

Au Maroc, des élèves repêchent leurs camarades qui ont décroché

Saïd Rifaï est fier. L’adolescent marocain de 15 ans a contribué à ramener plusieurs jeunes sur les bancs de l’école dans le cadre d’une campagne contre le décrochage scolaire, un problème majeur qui alimente les inégalités sociales au Maroc.”Il faut les aider à revenir”, lance Saïd, convaincu de sa mission.Au collège Al Jawhara de Tiflet, à une soixantaine de kilomètres de Rabat, “nous avons réussi à faire revenir huit de nos 17 amis avant qu’ils ne sacrifient leur avenir”, indique à l’AFP une camarade de Saïd, Doha El Ghazouli, 15 ans aussi.Chaque année, 276.000 enfants de moins de 18 ans quittent l’école dans le royaume de près de 37 millions d’habitants, d’après Hssain Oujour, responsable des “Ecoles de la deuxième chance” au sein du ministère de l’Education nationale.Un fléau auquel le Maroc tente de remédier depuis longtemps et contre lequel il mise sur les enfants eux-mêmes pour faire revenir les décrocheurs, notamment via les “Ecoles de la deuxième chance”.Huda Enebcha, 16 ans, a réussi avec Doha à convaincre leur voisine de reprendre le chemin de l’école.”On l’a aidée à revoir les matières les plus difficiles, et on lui a montré des vidéos des activités à l’école”, raconte-t-elle. “Elle a fini par accepter après beaucoup d’efforts.”Dans les zones rurales marocaines, les abandons scolaires sont fréquents, souvent liés à la pauvreté, à la précarité ou à des difficultés d’apprentissage, explique le directeur de l’établissement, Saïd Tamouh.Ce phénomène reflète aussi les fragilités de l’enseignement public au Maroc, marqué par des classes surchargées et un niveau en recul face au privé, en dépit des réformes engagées ces dernières décennies.Selon l’Unicef, 250 millions d’enfants dans le monde ne parviennent pas à acquérir les compétences de base en matière d’alphabétisation.Au Maroc, l’analphabétisme touche près d’une personne sur quatre, soit environ neuf millions de personnes. Au total, 47,5% de la pauvreté dans le pays s’explique par des déficits en matière d’éducation, selon le Haut-Commissariat au Plan, ce qui contribue à alimenter les inégalités sociales, un problème de taille au Maroc.- “Le vide” -Près du collège Al Jawhara, 110 élèves suivent avec attention les formations proposées par l’école de la deuxième chance Abou el-Kacem Chebbi, gérée par l’association d’aide à la réinsertion Salam.Entre ateliers de coiffure, d’arts décoratifs et cours d’arabe classique, chacun tente de rattraper le fil de sa scolarité.”Quand on quitte l’école, c’est le vide. C’est pour ça que j’ai décidé de revenir, notamment grâce aux enseignants de ce centre. Ils m’ont donné une vraie seconde chance”, dit Sanae Sami, 17 ans, en plein cours de maquillage.Pour Hafida El Fakir, présidente de l’association Salam, il n’y a pas de secret: “quand ils trouvent du soutien et de l’accompagnement pour reprendre leur scolarité, ils peuvent réussir et aller loin”.”En fin d’année, on évalue leur niveau. Selon leurs compétences, ils peuvent être réintégrés dans le système scolaire formel”, explique Lahbib El Fakir, coordinateur administratif et pédagogique de l’école.D’après M. Oujour, environ 70% des bénéficiaires de ces écoles rejoignent des centres de formation professionnelle et 20% réintègrent le système scolaire classique.Repêché l’an dernier par des amis, Amine Othmane a choisi cette année de participer activement à la campagne. Il anime des rencontres à la maison de jeunes de la ville.Pour convaincre quelqu’un de revenir à l’école, “il faut d’abord qu’il regrette et ait envie d’y retourner”, dit-il, confiant avec pudeur avoir convaincu trois jeunes.Parmi eux, Aya Benzaki, 18 ans, une jeune fille qui rêve désormais d’obtenir son bac, et Jihane Errafii, 17 ans, qui se dit reconnaissante envers ses camarades.”J’avais juste besoin que quelqu’un me tende la main.”

Au Portugal, une crise du logement qui n’en finit pas

Faute de pouvoir payer un loyer, Antonio Lemos, un aide-cuisinier à la retraite, vit dans une maison abandonnée en plein Lisbonne, victime de la crise du logement aiguë traversée par le Portugal, où les prix de l’immobilier ont plus que doublé en dix ans.Depuis que son appartement a été racheté par des investisseurs étrangers, ce retraité de 80 ans, qui touche une pension à peine supérieure à 500 euros, n’a plus retrouvé de logement stable et vit sans eau ni électricité.”Comment payer un loyer de 400 ou 500 euros pour une chambre?”, soupire-t-il. “L’âge avance et j’ai peur”, confie à l’AFP ce Lisboète, qui s’est résigné à attendre qu’une institution caritative lui trouve une solution d’hébergement.Confronté à une crise du logement parmi les plus graves d’Europe, le gouvernement portugais de droite, reconduit en mai après des élections anticipées, a fait de ce sujet une de ses priorités.Mais les mesures qu’il a déjà annoncées ont été jugées insuffisantes, et un collectif pour le droit au logement appelle à manifester ce week-end dans une douzaine de villes portugaises.La hausse des prix de l’immobilier s’est enclenchée à partir de 2011. Alors placé sous perfusion financière de l’UE, le pays a décidé d’attirer des capitaux étrangers en offrant des “visas dorés” aux investisseurs immobiliers et en proposant des avantages fiscaux aux retraités européens ou aux nomades numériques.- 124% d’augmentation en dix ans -Résultat: depuis 2015, les prix de l’immobilier au Portugal ont augmenté de 124%, contre une hausse de 53% en moyenne dans l’UE, selon Eurostat. Au premier trimestre 2025, les prix ont encore bondi de plus de 16%, un record historique, selon l’Institut national des statistiques.Cette nouvelle flambée s’explique notamment par la baisse des taux d’intérêt et la garantie publique accordée aux jeunes pour les nouveaux prêts immobiliers, une des mesures déjà prises l’an dernier pour faciliter l’accès au logement.Dans un pays où le parc locatif public représente moins de 2% des foyers et où de nombreux logements sont utilisés pour des locations touristiques de courte durée, cette pression retombe aussi sur les locataires.Dans un quartier en pleine transformation, Carlos, 55 ans, qui préfère ne pas donner son nom de famille, vit depuis cinq ans dans un container cerné par des chantiers. A l’intérieur, un matelas sommaire, quelques effets personnels et des oiseaux en cage pour lui tenir compagnie.Après le décès de sa mère, avec qui il vivait, le bail est résilié et, du jour au lendemain, il s’est retrouvé à la rue et peine à retrouver un toit.- “Illusion de l’offre” -“Je n’ai rien trouvé à moins de 800 euros”, témoigne ce jardinier municipal dont le salaire avoisine les 1.000 euros. “Avoir un salaire et ne pas pouvoir payer un loyer, c’est inacceptable!”.Dans un pays où plus de 70% de la population est propriétaire de son logement, le nouveau gouvernement entend construire près de 60.000 nouveaux logements sociaux.Il a aussi inscrit dans son programme des mesures visant à simplifier les aides publiques à la location, convertir les immeubles publics vacants, ou accélérer la rénovation et la construction grâce à des avantages fiscaux.”Ce n’est pas avec davantage de logements que cette crise va se régler”, car cela risque au contraire de “surchauffer le marché”, met toutefois en garde Luis Mendes, chercheur à l’Institut de géographie et d’aménagement du territoire.L’association des locataires lisboètes critique de son côté “l’illusion de l’offre comme solution unique” et dénonce un “manque de régulation et de courage politique”.Même la Commission européenne suggère au Portugal de prendre “des mesures de régulation des loyers pour protéger les groupes les plus touchés” ou de réglementer davantage les locations touristiques de courte durée.Les mesures adoptées par les gouvernements successifs se sont révélées “inefficaces”, regrette M. Mendes soulignant qu'”année après année l’immobilier bat de nouveaux records”.