Menace russe: l’UE veut accélérer la mobilité des armées sur le continent
L’UE a présenté mercredi un ensemble de mesures censées accélérer la mobilité des armées sur le continent face à la menace russe. Objectif: qu’une colonne de chars basés en Espagne n’arrive pas en Pologne “après la guerre”, résume un responsable européen.”L’infanterie remporte des batailles, mais c’est la logistique qui gagne les guerres”, a martelé devant la presse le commissaire européen à la Défense Andrius Kubilius, citant le général américain John Pershing (1860-1948).Or, pour le moment, l’intendance ne suit pas.Il est encore indispensable aujourd’hui d’obtenir des autorisations, pays par pays, pour faire transiter ces chars dans l’Union européenne. Et, une fois obtenus ces laissez-passer, ils risquent fort d’être contraints d’emprunter quantité d’itinéraires bis pour éviter des routes ou des ponts trop fragiles pour les supporter.Pire, des chars “n’ont pas reçu l’autorisation de se déplacer dans un État membre car leur poids dépassait la limite fixée dans les règles de la circulation routière”, relevait il y a quelques mois la Cour des comptes de l’Union européenne (UE), dans un rapport très critique sur la mobilité militaire.Quelque 500 points de passage obligés tout au long des corridors susceptibles d’être empruntés par les armées de l’UE en cas de guerre ont été identifiés, en attendant que cette liste soit confirmée par les pays concernés. Mais la Commission juge déjà que la plupart de ces “hotspots” devront impérativement être modernisés pour permettre cette indispensable mobilité des armées, brusquement revenue d’actualité après l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022. Et le coût sera significatif: quelque 100 milliards d’euros, selon le commissaire européen aux Transports Apostolos Tzitzikostas.- “Stress tests” -Pour remédier à ces goulots d’étranglement, la Commission propose d’instaurer un “permis unique” valable dans toute l’Union européenne, afin d’éviter cette succession de demandes d’autorisations, dont certaines doivent être faites 45 jours à l’avance.Cette simplification des règles doit permettre de ramener à “trois jours” la durée de transport des matériels et des troupes nécessaires en cas de nécessité, a précisé la vice-présidente de la Commission européenne Henna Virkkunen.En cas d’urgence, elle veut aussi fixer des règles claires en instaurant par exemple des autorisations de passage prioritaires, pour éviter tout blocage.Dans ce cadre, Bruxelles propose également un “mécanisme de solidarité”, mettant en commun des matériels à usage civil et militaire, comme des camions, dans lequel chaque État membre pourra puiser facilement.Et pour vérifier que tout cela fonctionne, Bruxelles veut organiser régulièrement des “stress tests”, des tests de résistance pour s’assurer par exemple que telle ou telle infrastructure est bien praticable.La Commission propose de consacrer au moins 17 milliards d’euros à la mobilité militaire sur la période 2028-2034, soit 10 fois plus que pour la période précédente (2021-2027).La prise de conscience des retards en matière de mobilité militaire ne date pas d’hier. La Commission européenne a déjà présenté deux plans d’action dans ce domaine, dont le dernier, rendu public en novembre 2022, lui avait valu les critiques de la Cour des comptes de l’UE. Le gendarme des finances européennes relevait ainsi en avril dernier qu’en dépit de mesures annoncées fin 2022, les progrès étaient “variables”.La Commission européenne va également annoncer mercredi un plan visant à rapprocher l’industrie de défense européenne des nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle, le quantique ou le spatial. Les industriels de l’armement y font déjà largement appel, mais Bruxelles veut favoriser les projets en commun. Elle veut ainsi que les “usines d’intelligence artificielle”, plateformes qui permettent de tester des solutions en IA, soient aussi ouvertes aux industries de défense. 19 de ces usines existent dans l’Union européenne et d’autres doivent voir le jour, y compris des “giga-usines” encore plus performantes.
Assassinat Mehdi Kessaci: son frère Amine appelle à “la révolte face au narcotrafic”
“Levons-nous ensemble”: au lendemain des obsèques de son frère Mehdi à Marseille, Amine Kessaci a appelé mercredi à ce que “la révolte face au narcotrafic soit durable” avant une marche blanche prévue samedi pour dire “stop”.”On ne peut pas tuer tout un peuple”, a clamé le militant écologiste des quartiers Nord de Marseille dans une tribune au journal Le Monde, réaffirmant sa volonté de ne pas se taire. Amine Kessaci, 22 ans, ne s’était pas exprimé depuis le meurtre de son petit frère de 20 ans, abattu par deux hommes à moto sur un parking en plein jour jeudi, à quelques mètres de l’Hôtel du département des Bouches-du-Rhône.”Hier j’ai enterré mon frère”, commence le jeune militant de 22 ans dans son texte. “Mon cœur n’est que blessure. La douleur m’éparpille. Mais elle n’effrite pas ma lucidité”.Lors des obsèques du jeune Mehdi, encadrés un important dispositif policier, Amine Kessaci, menacé depuis des mois, portait un gilet pare-balles, a indiqué une source policière à l’AFP.- Descendre dans la rue -“Voici ce que font les trafiquants: ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies”, dénonce Amine Kessaci.L’association qu’il a fondée, Conscience, pour venir en aide aux familles de victimes de narchomicides, a appelé à les rejoindre pour “une marche blanche silencieuse” samedi à 15h00 pour soutenir la famille.”Je serais fier que les Marseillais descendent dans la rue, disent non au narcotrafic”, a déclaré le maire divers gauche de Marseille Benoît Payan à La Provence. La présidente divers droite de la métropole Aix-Marseille a indiqué à l’AFP qu’elle serait présente au rassemblement et a salué le “courage” d’Amine Kessaci.Près d’une semaine après l’assassinat de Mehdi Kessaci, la lutte contre le narcotrafic, et ses manquements, domine le débat public. Le président Emmanuel Macron a fustigé mercredi les “bourgeois des centres-villes” qui financent “parfois” le narcotrafic, selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, et son homologue de la Justice, Gérald Darmanin, se rendront jeudi à Marseille, sur demande du chef de l’Etat.Emmanuel Macron avait appelé mardi à “amplifier” la lutte contre le narcotrafic en adoptant la même approche que pour “le terrorisme”, à l’issue d’une réunion d’urgence à l’Elysée sur le sujet.Amine Kessaci a été obligé par la police à quitter Marseille en août, raconte-t-il encore dans Le Monde, tout en regrettant que la protection policière qui lui a été accordée n’ait pas été étendue à ses proches. “Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée?”, s’interroge-t-il.Une allusion directe à l’assassinat de son frère Brahim en 2020, alors âgé de 22 ans, dans un règlement de comptes lié au trafic de drogue.Son frère Mehdi, qui voulait devenir policier, était totalement étranger aux trafics. – “l’Etat doit répondre”-“Je pense que la doctrine d’emploi des forces de l’ordre depuis un an n’a pas été la bonne. Je pense qu’il y a eu un relâchement sur la question du narcotrafic”, a de son côté dénoncé Benoît Payan, interrogé mercredi matin sur RTL.L’élu divers gauche a notamment regretté la suppression du préfet de police dans sa ville où il a dit observer “une forme de reprise, des coups de pression, des tirs… depuis six semaines, je sens que les choses ne vont pas”.Comme Amine Kessaci, Benoit Payan a estimé que les narcotrafiquants “cherchent à nous faire taire”. “C’est un défi à l’Etat et l’Etat doit répondre (…) quand on prend un coup de la mafia, on doit en rendre dix”, a-t-il martelé.Mardi, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a assuré “la solidarité de l’ensemble de la Nation” avec la famille Kessaci.Après la mort de son frère Brahim, Amine Kessaci a fait de la lutte contre le narcotrafic dans les cités son combat, avant de rejoindre les Ecologistes. Il s’était présenté aux élections européennes sur la liste de Marie Toussaint pour porter la voix de la jeunesse et des quartiers populaires, sans être élu, avant de perdre de peu aux législatives quelques semaines plus tard, face au Rassemblement national (RN).
Les députés rejettent les “dépenses” du budget de l’Etat en commission
Les députés de la commission des Finances, qui avaient déjà rejeté les “recettes”, ont massivement rejeté mercredi les “dépenses” du budget de l’Etat, profondément réécrites, et qui n’auront pas l’occasion d’être votées dans l’hémicycle en première lecture avant le passage du texte au Sénat.Ce vote est avant tout indicatif, puisque c’est le projet de loi initial du gouvernement qui serait arrivé dans tous les cas dans l’hémicycle, comme c’est toujours le cas pour les textes budgétaires. Mais le scrutin a été sans appel : seuls les députés socialistes ont annoncé s’abstenir, tous les autres groupes s’opposant à cette partie dépenses.Entre les tenants au centre et à droite d’une baisse sensible des dépenses, et les partisans à gauche d’investissements suffisants à compenser par des recettes supplémentaires, le texte a été écartelé en commission.”La copie finale n’a pas de sens”, a déploré le rapporteur général du budget Philippe Juvin (LR).Au bilan plusieurs crédits majeurs ont été purement et simplement rejetés, “huit” selon le vice-président Daniel Labaronne (Renaissance) en ouverture de séance, citant notamment ceux voués à l'”agriculture”, la “culture”, l'”écologie”, à la “justice” ou à la “santé.”Cette copie passe complètement à côté du sujet, il faut qu’on maîtrise la dépense publique”, a critiqué son collègue de groupe Paul Midy, pointant “32 milliards” de dépenses supplémentaires prônées au gré des amendements des députés.Mais certains investissements sont nécessaires en “soutien aux actions de l’Etat ou des collectivités locales”, a défendu Christine Arrighi (groupe écologiste).”Nous sommes en train de détruire la démocratie parlementaire”, s’est inquiété Charles de Courson (Liot). Eric Coquerel (LFI), président de la commission, a lui dépeint “une démocratie bizarre qui fait qu’on peut étudier un projet de loi dès le départ minoritaire”, sans que le Parlement ait réellement “les moyens” de “le transformer comme dans d’autres pays du monde”.Ce vote sur les dépenses risque d’être le seul en première lecture à l’Assemblée, car les débats au sein de l’hémicycle sont toujours englués mercredi dans la partie “recettes” de ce budget, avec plus d’un millier d’amendements à examiner avant dimanche minuit (le gouvernement pourra alors envoyer le texte modifié au Sénat).Si elles sont soumises au vote, ces “recettes” seront probablement rejetées au vu des prises de position des différents groupes, ce qui aurait pour effet d’interrompre la discussion et d’envoyer le projet de loi initial au Sénat, sans commencer à étudier les dépenses.
L’éleveur Bertrand Venteau élu président de la Coordination rurale
L’éleveur Bertrand Venteau a été élu mercredi président de la Coordination rurale, avec le soutien de l’aile dure du syndicat agricole contestataire, battant la sortante Véronique Le Floc’h.”Le plus dur est devant nous. Il faut continuer à construire la CR”, a-t-il dit, prévenant qu’il ne voulait “plus voir de querelles” de personnes.Alors qu’il tançait encore mardi soir une équipe sortante accusée de “se complaire dans la bobosphère parisienne” au lieu “de donner des moyens aux départements”, il a appelé à l’unité du syndicat.Après une campagne dure, il l’a emporté dans un scrutin assez serré, à 74 voix contre 68, selon les résultats proclamés mercredi, au 32e congrès du syndicat à Auch (Gers).Président de la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne depuis 2019, il a mis en avant son expérience de terrain et promu un syndicat “au service des équipes départementales dans la défense des paysans”. Comme la sortante Véronique Le Floc’h, il a posé le diagnostic de la “crise de croissance” d’un syndicat qui a gonflé d’un coup, raflant notamment des voix à la puissante FNSEA.Mais il a vertement critiqué la gestion de l’équipe sortante. “Aujourd’hui, vous avez les chambres, les départements, le national et entre eux, y’a rien qui circule”, a-t-il dénoncé quelques minutes avant le vote, appelant à “former les cadres” qui structureront le syndicat.A l’adresse de ses soutiens, la frange dure et puissante du syndicat dans le Sud-Ouest, il a promis de continuer la mobilisation sur le terrain et de “combattre” les écologistes.”Les écolos, la décroissance, veulent nous crever, nous devons leur faire la peau”, a-t-il lancé, déclenchant des applaudissements nourris dans la salle.Dès le début, sa candidature a été soutenue par les dirigeants des places fortes du syndicat aux bonnets jaunes, du Gers au Lot-et-Garonne: les “sudistes” estiment que la percée aux élections leur est largement attribuable, portée par des actions musclées, comme la tentative de blocage de Paris en janvier ou le saccage de bureaux de l’Office français de la biodiversité.En janvier, à l’issue d’une campagne de “dégagisme” qui a ébranlé l’alliance historique FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale a obtenu près de 30% des voix des agriculteurs (contre 20% six ans auparavant).Elle s’est retrouvée à la tête de 11 chambres d’agriculture et dispose désormais de confortables subventions publiques (4,02 millions d’euros), dépassant celles de la FNSEA (3,7 millions) et des JA (3,8 millions) séparément.
Le magazine Elle, une octogénaire qui fédère
Parfois bousculé, toujours avidement lu à tous les âges, le magazine Elle, qui fête ses 80 ans, a suivi l’histoire des femmes et entend rester “un miroir” et “un aiguillon” pour la société.Conjuguant “légèreté” et “engagement”, à l’image du titre depuis 1945, un numéro anniversaire sera en kiosque jeudi, pour quinze jours.Au choix en Une: …





