Ligue des champions: Monaco en visite périlleuse à Bruges
Vainqueur mais bousculé et fébrile samedi à Auxerre, Monaco devra être bien plus inspiré jeudi soir à Bruges si l’équipe de la principauté veut réussir son entrée en Ligue des champions.Les magnifiques canaux de la Venise du Nord incitent au tourisme, mais les Monégasques ne doivent pas s’attendre à une promenade de santé face à des Brugeois habitués aux joutes européennes, demi-finalistes de la Ligue Europa en 2024 et huitièmes de finalistes l’an passé en C1.Les huitièmes de finale, c’est précisément l’objectif que s’est fixé le directeur général de l’ASM Thiago Scuro, soit faire mieux que la saison passée. Les Monégasques avaient alors buté en barrages face à Benfica (0-1, 3-3) après avoir terminé 17e place de la phase de ligue (13 points).L’équipe a subi peu de modifications durant le mercato dont on peut penser qu’elle est sortie renforcée avec les arrivées de Lukas Hradecky (ex-Bayer Leverkusen) et d’Eric Dier (ex-Bayern Munich) venus élargir l’effectif déjà très dense qu’Adi Hütter dirige pour la troisième saison.Ajoutons à cela les espoirs suscités par Paul Pogba et Ansu Fati. Si le premier ne sera pas prêt avant la mi-octobre au mieux, l’Espagnol de 22 ans pourrait faire son apparition pour la première fois dans le groupe jeudi.Alexander Golovin ne sera lui pas de la partie: le Russe, qui souffre d’une lésion aux ischio-jambiers de la cuisse droite est annoncé absent pour plusieurs semaines.- “Du 60-40 en faveur de Bruges” -Bruges avait de son côté terminé 24e et dernier qualifié de la phase de ligue en C1 la saison passée (11 points), avant de sortir l’Atalanta en barrages et d’échouer en huitièmes de finale contre Aston Villa.Vice-champions de Belgique derrière l’Union Saint-Gilloise (qui s’est imposée 3-1 mardi chez le PSV Eindhoven lors de la première soirée de la phase de ligue de la Ligue des champions), les hommes de Nicky Hayen ont dû passer par le 3e tour des qualifications et le barrage pour intégrer la phase des poules.Et il y ont marqué les esprits en écartant tour à tour le RB Salzbourg et les Glasgow Rangers, infligeant une véritable correction aux Ecossais (3-1 à l’aller, 6-0 au retour).Même si le début de championnat des Blauw en Zwart est difficile, avec une cinquième place après une surprenante défaite le week-end dernier face au promu La Louvière, c’est donc malgré tout une équipe en forme que s’apprête à affronter Monaco.Philippe Clément, qui a entraîné les deux formations (Bruges de 2019 à 2022 et Monaco la saison suivante), voit d’ailleurs ses compatriotes partir favoris.”Au vu des performances passées du club sur la scène européenne, je dirais que les formations sont d’un niveau comparable. Mais à domicile, devant un public bouillant, je dirais que c’est du 60-40 en faveur de Bruges”, a estimé l’entraîneur belge dans les colonnes du Het Laatste Nieuws.”Après tout, Monaco est encore en phase de recherche. Certains joueurs n’ont disputé qu’un match. Le déclic n’est pas encore fait. Ils ont 9 points sur 12 en Ligue 1, mais je n’ai pas encore vu de match vraiment convaincant”, a-t-il poursuivi.La victoire arrachée samedi à Auxerre en L1 a confirmé les dires de Clément. Car si succès il y a eu (2-1), le contenu a laissé Adi Hütter sur sa faim.
Les nouveaux disciples des artistes peintres : des robots IA
Un bras robotique saisit un pinceau, le trempe dans un pot de peinture et l’applique sur la toile avec précision. Trait après trait, il reproduit en toute autonomie une œuvre d’Audrey-Eve Goulet, une artiste ravie par les performances des machines d’Acrylic Robotics.”C’est très impressionnant de voir le robot en vrai”, commente-t-elle au siège de la start-up, à Montréal. “Il est tellement à l’aise pour tenir un pinceau, le laver et changer de couleur !”Elle a été conquise par la vision de l’entreprise : mettre au point des machines capables de peindre des tableaux quasiment à l’identique, pour permettre à leurs auteurs humains d’exposer et de vendre plus largement des reproductions de leurs toiles, sans avoir à les faire eux-mêmes.”Au début, je voulais juste construire un robot qui m’aide à recréer mes propres peintures”, raconte Chloë Ryan, la fondatrice d’Acrylic Robotics. Elle évoque les semaines nécessaires pour remplir les commandes de ses proches quand elle était adolescente : “Je gagnais 2 dollars de l’heure !”Après des études d’ingénieur, elle a lancé son entreprise en 2021. Il a fallu trois ans à son équipe pour parvenir à des tableaux – baptisés “aurographes” – à la ressemblance et à la qualité suffisante pour les exposer et les vendre.”L’idée, c’est de capturer l’aura d’une œuvre grâce à la chronologie des coups de pinceau et en trois dimensions, d’une façon qu’un simple tirage photo ne pourra jamais égaler”, explique-t-elle.- Consentement, Crédit, Compensation -“J’aime qu’on voit les traits. Dans le rose ici, on voit bien où le pinceau a été et la forme qu’il a dessiné. On dirait vraiment que c’est une de mes œuvres”, commente Audrey-Eve Goulet face à l'”aurographe” de sa peinture – la deuxième version, car la première n’était pas exacte au niveau des couleurs.”C’est sûr qu’il y a un peu moins d’histoire derrière. Mon œuvre finale a peut-être eu cinq vies avant d’arriver à ça, alors que le robot ne voit que la dernière couche”, ajoute-t-elle.Les artistes participants recréent leur tableau sur une tablette numérique, qui enregistre le choix des teintes, la pression et la vitesse de chaque coup de pinceau, et d’autres données ensuite fournies au robot.L’entreprise travaille aussi sur des modèles d’intelligence artificielle (IA) plus perfectionnés, pour que ses machines reproduisent directement l’image.D’ici un an, Chloë Ryan espère mettre au point une “plateforme en libre-service, où n’importe quel artiste dans le monde pourra télécharger son style”.Les clients pourront alors, par exemple, demander un tableau représentant leur chien à la manière de leur peintre préféré, qui recevra une commission.Un peu comme les outils IA de création d’images à la demande, mais avec une différence fondamentale : les artistes ont consenti à cette pratique, ils sont crédités et reçoivent une compensation financière – les 3 “C” que réclament les milieux artistiques depuis l’explosion de l’IA générative.- L’art du compromis -“Au début, les gens voient un robot peindre et disent +Oh mon Dieu, c’est la pire chose que j’ai jamais vue+”, remarque l’entrepreneuse.”Mais quand je propose aux artistes de référencer certaines de leurs œuvres passées, en échange d’une somme d’argent versée tous les mois, beaucoup sont enchantés”.La grande majorité des peintres peinent à vivre de leur art, car ils ne percent pas dans le circuit élitiste des galeries. Ceux qui y parviennent sont ensuite souvent restreints par leurs contrats.Ils doivent donc trouver des compromis entre leurs ambitions et leurs besoins financiers.”Je fais de l’art public et des collaborations, comme avec Acrylic, pour diffuser mon art à plus de monde et à des prix plus abordables aussi”, indique Audrey-Eve Goulet.Les “aurographes” sont vendus entre 200 et 1000 dollars en moyenne, dont 5 à 50% reviennent à l’auteur humain, en fonction de sa notoriété et de son implication dans le projet.”Nous avons une liste d’attente de 500 artistes”, note Chloë Ryan.Michael Kearns, chercheur associé chez Amazon (dont les logiciels servent à Acrylic Robotics pour concevoir ses modèles d’IA), souligne cependant que les photographes connaissent une précarité similaire “alors que leurs oeuvres sont beaucoup plus faciles à reproduire”.Pour l’instant, l’entreprise se rémunère principalement grâce aux commandes de grandes organisations, comme des chaînes hôtelières.”Nous ne prenons pas la place des créateurs”, insiste Chloë Ryan. “Les hôtels achètent la plupart du temps des stocks d’impressions, sans impliquer aucun artiste”.
Ligue des champions: Eric Dier, nouveau patron de la défense monégasque à l’épreuve de Bruges
Le défenseur international anglais Eric Dier, 31 ans, recrue estivale de Monaco, est rapidement devenu le patron de la défense de l’équipe du Rocher, qui ambitionne de bons débuts jeudi à Bruges, en ouverture de la Ligue des champions.Thiago Scuro, le directeur général du club, et Adi Hütter, l’entraîneur, avaient rapidement ciblé les manques de Monaco la saison dernière. Il fallait notamment apporter de la maturité défensive à une équipe capable, contre Benfica par exemple, de perdre le fil d’un match sans que l’adversaire ne soit réellement supérieur.Dier, libre de tout contrat après un an et demi passé au Bayern Munich, possédait le profil idoine pour combler ce manque.A Munich, où son départ a été regretté, l’Anglais a ainsi disputé 11 rencontres de C1, dont les quarts de finale contre Arsenal (2-2, 1-0) et les demi-finales contre le Real Madrid (2-2, 1-2) comme titulaire en 2024, puis les quarts de finale, également titulaire, contre l’Inter Milan (2-2, 1-2), la saison passée. Si l’on y ajoute sa participation, en 2019, à la finale perdue contre Liverpool (0-2) avec Tottenham, où il a joué neuf saisons et demie, un total de 66 matches européens, de 49 sélections avec les +Three Lions+, de 341 rencontres dans les premières divisions anglaise, allemande, portugaise et française, ce défenseur au parcours atypique, formé au Sporting Portugal, cochait toutes les cases.- “Il aide dans la construction” -“On l’a recruté très vite, ce qui a été important, explique Scuro à l’AFP. Eric a un profil de très haut-niveau, avec des compétences de leadership. Il valorise son environnement et aide beaucoup, notamment dans la construction du jeu. On avait des difficultés sur certains matches. Depuis son arrivée, il permet plus de contrôle, offre plus d’options dans la transition défense-attaque, en utilisant moins de ballons longs”.Déjà installé en appartement avec sa famille, Dier a apprécié d’avoir “eu le temps s’organiser”. “La transition a été facile pour nous, souligne-t-il. On vit bien à Monaco. Il est toujours agréable de découvrir de nouveau lieux, d’expérimenter une nouvelle culture”.Depuis deux mois, il est donc complètement dédié à son rôle. Il a même marqué lors de l’ouverture de la L1 contre le Havre (3-1). Dier place l’équipe au-dessus de l’individu.”J’essaie d’améliorer mes partenaires, assure-t-il. Je communique beaucoup. J’essaie d’être agressif, mais aussi de me contrôler pour apporter du calme. C’est important pour un défenseur de se sentir en sécurité”.- “Revenir en sélection” -Hütter confirme les aptitudes de ce “joueur-clé”: “Il est très engagé auprès des jeunes. La façon dont il s’entraîne, la fréquence à laquelle il leur montre, notamment à Mawissa, comment agir dans certaines situations, c’est très positif”.D’autant que la direction compte voir l’effectif poursuivre sa transformation. “La prochaine étape, c’est le travail mental, l’état d’esprit: croire que nous pouvons aller loin en Ligue des Champions, insiste Scuro à l’AFP. Et Eric œuvre à ce niveau”.D’ailleurs, l’Anglais connaît la qualité de l’effectif. Il est ambitieux, collectivement, comme personnellement. “Revenir en équipe nationale est un objectif, assure-t-il. J’ai 49 capes. Ne pas en avoir 50 m’énerve un peu. Ce serait bien. Mais pour ça, il faut être bon en club. Le reste ne m’appartient pas”.Il a d’ailleurs remarqué que son partenaire Thilo Kehrer avait disputé en juin la phase finale de Ligue des nations avec l’Allemagne, alors qu’il n’avait plus été appelé depuis deux ans.”En jouant la Ligue des champions avec Monaco à un bon niveau, on attire les regards, Eric peut revenir”, conclut Scuro.Dier n’a plus été convoqué depuis mars 2023. Et Monaco vise au moins les 8e de finale de la C1…
Meta poursuit son pari en intégrant un écran dans ses lunettes dopées à l’IA
Meta (Facebook, Instagram, …) a dévoilé mercredi des lunettes connectées intégrant un écran dans les verres et des fonctions IA étendues, poursuivant son pari sur la fusion entre monde réel et virtuel qui lui coûte encore des pertes financières considérables.Le patron du groupe, Mark Zuckerberg, estime depuis longtemps que les lunettes dopées à l’intelligence artificielle (IA) sont appelées à remplacer un jour le smartphone.Pour l’illustrer, il a inauguré mercredi la conférence annuelle Meta Connect à Menlo Park (Californie) en filmant son entrée avec les nouvelles “Meta Ray-Ban Display”, dévoilant un écran intégré au verre droit, capable d’afficher des messages, des photos et des vidéos. L’écran, la caméra et les fonctions IA sont activables à la voix et via de subtils mouvements des doigts, grâce à un bracelet au poignet.”Notre objectif est de créer des lunettes élégantes qui offrent une superintelligence personnelle et une sensation de présence grâce à des hologrammes réalistes”, a déclaré le patron de Meta, pour qui “la combinaison de ces idées est ce que nous appelons le métavers”Meta investit massivement depuis quatre ans dans la réalité virtuelle et le métavers, un virage marqué en 2021 par l’abandon du nom Facebook.Sa branche Reality Labs, chargée du développement de casques, de lunettes et de logiciels pour le métavers, a cependant creusé ses pertes, à 4,5 milliards de dollars ce trimestre, pour seulement 370 millions de revenus.”Il n’y a aucune chance réaliste que les ventes de lunettes connectées rendent cette branche rentable à court terme”, estime Leo Gebbie, analyste chez CCS Insight présent lors de l’événement.Pour lui, “il s’agit plutôt d’un pari à long terme pour se libérer des smartphones, domaine dans lequel Meta a été étranglé par ses rivaux Apple et Google, et pour contrôler son propre destin dans le domaine des objects connectés portables”Les nouvelles lunettes avec écran, dernières nées d’une ligne de lunettes connectées inaugurée en 2023, seront commercialisées à partir du 30 septembre pour 799 dollars (environ 675 euros).La gamme s’élargit aussi aux montures Oakley, à leur tour capables de prendre photos et vidéos sans les mains, d’utiliser un assistant IA et de fournir dans vos oreilles une traduction instantanée des propos de votre interlocuteur.L’IA de Meta promet désormais, entre autres, de vous aider à concocter des recettes avec les ingrédients filmés par les lunettes, d’amplifier la voix de vos amis dans un environnement bruyant ou, pour les lunettes avec écran intégré, de sous-titrer votre interlocuteur.Le partenariat, conclu en 2019 avec EssilorLuxottica, maison mère de Ray-Ban et Oakley, intègre désormais une version sportive, les Oakley Meta Vanguard, commercialisées à 499 dollars (environ 420 euros) fin octobre.Les Ray-Ban Meta, dont la nouvelle évolution de base sera proposée à partir de 379 dollars (320 euros), sont devenues les lunettes connectées les plus vendues au monde, avec plusieurs millions d’unités écoulées.Cela fait plus de dix ans que les lunettes connectées sont vues par l’industrie comme une technologie d’avenir. Google avait lancé en 2013 son casque Glass équipé d’une caméra, abandonné depuis, tandis que Meta a rencontré davantage de succès avec ses modèles Ray-Ban.Le marché mondial des lunettes intelligentes, évalué à près de 2 milliards de dollars en 2024, pourrait atteindre 8,26 milliards par an d’ici la fin de la décennie, selon le cabinet Grand View Research.
“Un tournant” après les crises: les pêcheurs français réunis à Boulogne-sur-Mer
Renouveler la flotte et gérer durablement la ressource: c’est à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), premier port de pêche français, que les professionnels du secteur se réunissent jeudi et vendredi pour débattre de l’avenir de la filière, encore meurtrie par le Brexit.”On est à un tournant pour la pêche française”, estime Olivier Le Nézet, président du Comité national des pêches.Il martèle que le secteur, chahuté par le Brexit, la fermeture temporaire du Golfe de Gascogne pour lutter contre les captures accidentelles de dauphins et la restriction redoutée des espaces dédiés à la pêche, a “besoin de stabilité”.La quinzième édition de ces assises, organisées par Ouest-France et Le Marin, n’offrira sans doute pas la “visibilité” réclamée par le secteur alors que la réforme de la politique commune de la pêche (PCP européenne) doit aboutir en 2026, en cette période de “réserve” politique. La venue de la ministre démissionnaire chargée de la Mer, Agnès Pannier-Runacher, restait incertaine à la veille de l’événement. – Corsaires à l’occasion -La France, deuxième producteur européen de produits de la pêche en 2023 (derrière l’Espagne), est un géant fragilisé: une flotte vieillissante, avec des navires d’une moyenne d’âge de 30 ans, difficile à décarboner et peu à même d’attirer de jeunes recrues.Au rang des priorités figurent donc les modalités de renouvellement de la flotte.Une des difficultés réside dans les règles européennes qui ne permettent pas d’acquérir de nouveaux navires plus puissants, au motif que l’augmentation de la puissance (jauge) risquerait d’augmenter les captures de poissons.Une “absurdité” pour les pêcheurs, qui rappellent être soumis à des quotas, et aussi pour de nombreux États côtiers, qui à l’instar de la France, voudraient voir modifier le mode de calcul de la jauge, qui ne distingue pas les espaces à bord utiles à l’effort de pêche de ceux liés au confort des marins ou au traitement des poissons.Une série de tables rondes, réunissant scientifiques, élus locaux et professionnels, permettront de balayer les crises du secteur et de réfléchir à des solutions.Comme le reste de la flotte française, Boulogne-sur-Mer a vu son nombre de navires refluer mais affiche de beaux résultats: en 2024, les ventes locales ont été record en criée, avec 93 millions d’euros (+4%) et des volumes en hausse.Dans cette ville bâtie à flanc de falaise par des marins qui étaient encore occasionnellement corsaires il y a trois siècles, la concurrence dans la Manche, en premier lieu avec le voisin anglais, est une vieille histoire. Et une source perpétuelle d’inquiétude.Après le Brexit, c’est la pêche bretonne qui a perdu le plus de navires, envoyés à la casse faute de pouvoir travailler dans les eaux britanniques, mais les pêcheurs des Hauts-de-France redoutent la restriction de leurs zones de pêche.En mai dernier, ils avaient accueilli avec “soulagement” la prolongation jusqu’en 2038 d’un accord leur permettant de continuer à pêcher dans les eaux britanniques. Mais l’enthousiasme est vite retombé.”On a de la visibilité dans le temps, c’est vrai. Mais cet accord est une coquille vide, parce que les Britanniques ont entre-temps annoncé la création de 43 nouvelles aires marines protégées (AMP) dans des zones où nos navires travaillent”, explique à l’AFP Olivier Le Nézet.- Cabillaud disparu -Au ministère, on tempère, soulignant que la phase de délimitation des AMP n’est pas encore achevée, et on plaide pour une “approche au cas par cas”, prenant en compte les spécificités des écosystèmes et des techniques de pêche avant de décider de restrictions.La technique la plus décriée est le chalutage de fond, avec ses filets traînés sur le fond de la mer, dénoncé comme “destructeur”. L’ONG Bloom a même attaqué l’Etat français en justice début juillet, exigeant son interdiction totale, en premier lieu dans les AMP. En juin, le gouvernement français avait annoncé un renforcement des AMP, avec une limitation du chalutage de fond sur 4% des eaux hexagonales d’ici fin 2026.Entre surpêche et réchauffement des eaux, la ressource halieutique s’amenuise: au large de Boulogne, le cabillaud a aujourd’hui disparu et le maquereau se raréfie, laissant place à la sardine.
“Un tournant” après les crises: les pêcheurs français réunis à Boulogne-sur-Mer
Renouveler la flotte et gérer durablement la ressource: c’est à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), premier port de pêche français, que les professionnels du secteur se réunissent jeudi et vendredi pour débattre de l’avenir de la filière, encore meurtrie par le Brexit.”On est à un tournant pour la pêche française”, estime Olivier Le Nézet, président du Comité national des pêches.Il martèle que le secteur, chahuté par le Brexit, la fermeture temporaire du Golfe de Gascogne pour lutter contre les captures accidentelles de dauphins et la restriction redoutée des espaces dédiés à la pêche, a “besoin de stabilité”.La quinzième édition de ces assises, organisées par Ouest-France et Le Marin, n’offrira sans doute pas la “visibilité” réclamée par le secteur alors que la réforme de la politique commune de la pêche (PCP européenne) doit aboutir en 2026, en cette période de “réserve” politique. La venue de la ministre démissionnaire chargée de la Mer, Agnès Pannier-Runacher, restait incertaine à la veille de l’événement. – Corsaires à l’occasion -La France, deuxième producteur européen de produits de la pêche en 2023 (derrière l’Espagne), est un géant fragilisé: une flotte vieillissante, avec des navires d’une moyenne d’âge de 30 ans, difficile à décarboner et peu à même d’attirer de jeunes recrues.Au rang des priorités figurent donc les modalités de renouvellement de la flotte.Une des difficultés réside dans les règles européennes qui ne permettent pas d’acquérir de nouveaux navires plus puissants, au motif que l’augmentation de la puissance (jauge) risquerait d’augmenter les captures de poissons.Une “absurdité” pour les pêcheurs, qui rappellent être soumis à des quotas, et aussi pour de nombreux États côtiers, qui à l’instar de la France, voudraient voir modifier le mode de calcul de la jauge, qui ne distingue pas les espaces à bord utiles à l’effort de pêche de ceux liés au confort des marins ou au traitement des poissons.Une série de tables rondes, réunissant scientifiques, élus locaux et professionnels, permettront de balayer les crises du secteur et de réfléchir à des solutions.Comme le reste de la flotte française, Boulogne-sur-Mer a vu son nombre de navires refluer mais affiche de beaux résultats: en 2024, les ventes locales ont été record en criée, avec 93 millions d’euros (+4%) et des volumes en hausse.Dans cette ville bâtie à flanc de falaise par des marins qui étaient encore occasionnellement corsaires il y a trois siècles, la concurrence dans la Manche, en premier lieu avec le voisin anglais, est une vieille histoire. Et une source perpétuelle d’inquiétude.Après le Brexit, c’est la pêche bretonne qui a perdu le plus de navires, envoyés à la casse faute de pouvoir travailler dans les eaux britanniques, mais les pêcheurs des Hauts-de-France redoutent la restriction de leurs zones de pêche.En mai dernier, ils avaient accueilli avec “soulagement” la prolongation jusqu’en 2038 d’un accord leur permettant de continuer à pêcher dans les eaux britanniques. Mais l’enthousiasme est vite retombé.”On a de la visibilité dans le temps, c’est vrai. Mais cet accord est une coquille vide, parce que les Britanniques ont entre-temps annoncé la création de 43 nouvelles aires marines protégées (AMP) dans des zones où nos navires travaillent”, explique à l’AFP Olivier Le Nézet.- Cabillaud disparu -Au ministère, on tempère, soulignant que la phase de délimitation des AMP n’est pas encore achevée, et on plaide pour une “approche au cas par cas”, prenant en compte les spécificités des écosystèmes et des techniques de pêche avant de décider de restrictions.La technique la plus décriée est le chalutage de fond, avec ses filets traînés sur le fond de la mer, dénoncé comme “destructeur”. L’ONG Bloom a même attaqué l’Etat français en justice début juillet, exigeant son interdiction totale, en premier lieu dans les AMP. En juin, le gouvernement français avait annoncé un renforcement des AMP, avec une limitation du chalutage de fond sur 4% des eaux hexagonales d’ici fin 2026.Entre surpêche et réchauffement des eaux, la ressource halieutique s’amenuise: au large de Boulogne, le cabillaud a aujourd’hui disparu et le maquereau se raréfie, laissant place à la sardine.



