A Grasse, la Centifolia, l’or rose des parfums de luxe

“La plante que nous produisons ici est une matière première haute couture”: à Grasse, au Domaine de la Rose de Lancôme, la récolte de la Centifolia, rose privilégiée des parfums de luxe, se termine.Lancôme, marque de luxe de L’Oréal, qui fête ses 90 ans et dépasse les 4 milliards d’euros de ventes annuelles, n’est pas la seule à récolter ces fleurs à Grasse – dont le savoir-faire en matière de parfums a été classé au patrimoine immatériel de l’Unesco. Dior, Chanel, Louis Vuitton, sont aussi de la partie.Avec sa bâtisse rose à la porte ronde et aux grandes baies vitrées, le Domaine de la Rose, ouvert au public une fois par mois, n’est pas qu’une belle vitrine pour Lancôme. La marque y cultive aussi des fleurs telles la rose Centifolia, le jasmin, la verveine ou encore l’iris qui serviront ses parfums.Dans cette propriété de 7 hectares, achetée par Lancôme en 2020, les “quelques tonnes” de roses Centifolia récoltées seront utilisées dans 14 parfums en édition limitée, vendus au-delà de 200 euros le flacon.Ici, la Centifolia pousse entourée de murets en pierres sèches sur un terrain riche en calcaire et argile, traversé par plusieurs sources d’eau. La récolte, traditionnellement au mois de mai, commence seulement quand la rose a décidé de s’ouvrir. “Si vous ne cueillez pas le jour même… c’est perdu”, souligne Antoine Leclef, responsable des cultures, qui surveille les 40.000 rosiers agricoles du domaine. Entre la récolte et la transformation en absolu (extrait servant à fabriquer les parfums) par l’entreprise Firmenich, “il n’y a pas plus d’une heure et demie”. Il faut 800 kilos de roses pour réaliser un kilo d’absolu. Un orage, le passage d’un sanglier… et la récolte s’effondre. “C’est la règle du luxe, quand il n’y en a plus, il n’y en a plus”, selon la directrice du domaine Lucie Careri, et dans ce cas “il y aura moins de bouteilles” de parfum.- Broderie -“C’est une expertise, comme la broderie à la main, qui peut se perdre”, explique à l’AFP Sabrya Meflah, présidente de Fine Fragrance de International Flavors and Fragrances (IFF), un des plus gros fabricants mondiaux de parfums pour de grandes marques, qui a créé son “Atelier du parfumeur”, une “Villa Médicis” de la profession.”On ne peut pas rivaliser avec des pays comme la Bulgarie ou la Roumanie qui ont des centaines d’hectares de roses, mais la rose que nous avons ici est exceptionnelle. Les volumes étant ce qu’ils sont, il n’y a que des grandes maisons de luxe qui ont une chance de pouvoir se servir”, explique à l’AFP Diane Saurat, experte en parfums du Domaine de la Rose.Grasse attire depuis longtemps les parfums de luxe. Chanel y a un partenariat exclusif avec la famille Mul pour son célèbre Chanel N°5 et est la seule à posséder, depuis 1987, une usine d’extraction en plein champs, évitant les intermédiaires.Dior (LVMH) a également passé des accords d’exclusivité avec plusieurs producteurs grassois. La marque, comme Louis Vuitton et Lancôme, est membre de l’association “Les fleurs d’exception du pays de Grasse” qui promeut l’agriculture biologique locale.”A Grasse, historiquement, le rapport (entre) agriculteur et industriel était plutôt dominant-dominé”, selon Laetitia Lycke, directrice de l’association. Aujourd’hui, des contrats passés entre les grandes entreprises et des jeunes agriculteurs permettent à ces derniers de se lancer. Elle reconnaît aussi d’autres avancées ces dernières années comme celle “d’avoir mis autour de la table dix industriels qui habituellement sont dans la compétition, pour s’accorder sur un cahier des charges pour l’indication géographique” Absolue de Grasse.”On attend aussi que ces grandes maisons nous permettent de réintroduire des plantes oubliées”, ajoute Laeticia Lycke, “cela offrirait des nouveaux débouchés à nos agriculteurs”. “On n’arrivera jamais aux 5.000 producteurs des années 50, parce qu’il n’y a plus la même superficie de terres même si 70 hectares ont été sanctuarisés par le maire” mais “on a encore une belle marge de progression”, ajoute-t-elle. 

Trump sends military force to LA over immigration protests

US President Donald Trump ordered National Guard troops to Los Angeles, a rare deployment expected Sunday against the state governor’s wishes after sometimes-violent protests against immigration enforcement raids. Trump took federal control of California’s state military to push soldiers into the country’s second-biggest city, a decision deemed “purposefully inflammatory” by California Governor Gavin Newsom and of a kind not seen for decades according to US media. The development came after two days of confrontations during which federal agents fired flash-bang grenades and tear gas toward crowds angry at the arrests of dozens of migrants in a city with a large Latino population.”It’s up to us to stand up for our people,” said a Los Angeles resident whose parents are immigrants, declining to give her name.”Whether we get hurt, whether they gas us, whatever they’re throwing at us. They’re never going to stop us. All we have left is our voice,” she told AFP as emergency services lights flashed in the distance.An AFP photographer saw fires and fireworks light up the streets during clashes, while a protester holding a Mexican flag stood in front of a burnt-out car that had been sprayed with a slogan against the Immigration and Customs Enforcement (ICE) agency.”President Trump has signed a Presidential Memorandum deploying 2,000 National Guardsmen to address the lawlessness that has been allowed to fester,” White House Press Secretary Karoline Leavitt said, blaming what she called California’s “feckless” Democratic leaders.”The Trump Administration has a zero tolerance policy for criminal behavior and violence, especially when that violence is aimed at law enforcement officers trying to do their jobs.”Trump congratulated the National Guard for “a job well done” shortly before midnight on Saturday in a post on Truth Social.However, Los Angeles Mayor Karen Bass said on social media platform X the troops had not yet been deployed, while AFP journalists have so far not seen them on the ground. Trump took a swipe at Bass and Newsom, saying in his post they were “unable to handle the task,” drawing a comparison with deadly fires that hit the city in January.- ‘Purposefully inflammatory’ -The National Guard — a reserve military — is frequently used in natural disasters, such as in the aftermath of the LA fires, and occasionally in instances of civil unrest, but almost always with the consent of local politicians.California’s governor objected to the president’s decision, saying it was “purposefully inflammatory and will only escalate tensions.”Federal authorities “want a spectacle. Don’t give them one. Never use violence. Speak out peacefully,” Newsom said on X. Trump’s Defense Secretary Pete Hegseth threatened to involve nearby regular military forces.”If violence continues, active duty Marines at Camp Pendleton will also be mobilized — they are on high alert,” he wrote on social media.Law professor Jessica Levinson said Hegseth’s intervention appeared symbolic because of the general legal restriction on the use of the US military as a domestic policing force in the absence of an insurrection.”The National Guard will be able to do (no) more than provide logistical (and) personnel support,” she said.- Arrests -Trump has delivered on a promise to crack down hard on the entry and presence of undocumented migrants — who he has likened to “monsters” and “animals” — since taking office in January.The Department for Homeland Security said ICE operations in Los Angeles this week had resulted in the arrest of “118 aliens, including five gang members.”Saturday’s standoff took place in the suburb of Paramount, where demonstrators converged on a reported federal facility that the local mayor said was being used as a staging post by agents.Masked and armed immigration agents carried out high-profile workplace raids in separate parts of Los Angeles on Friday, attracting angry crowds and setting off hours-long standoffs.Fernando Delgado, a 24-year-old resident, said the raids were “injustices” and those detained were “human beings just like any.””We’re Spanish, we help the community, we help by doing the labor that people don’t want to do,” he told AFP.Mayor Bass acknowledged that some city residents were “feeling fear” following the federal immigration enforcement actions.”Everyone has the right to peacefully protest, but let me be clear: violence and destruction are unacceptable, and those responsible will be held accountable,” she said on X.FBI Deputy Director Dan Bongino said multiple arrests had been made following Friday’s clashes.”Law and order will prevail,” he said on X.

Chalutage: les annonces de Macron reçues avec scepticisme par les ONG

“Manque d’ambition”, “imposture”: l’annonce par Emmanuel Macron d’une limitation du chalutage de fond dans les aires marines protégées (AMP) françaises suscite un fort scepticisme parmi les ONG environnementales, même si certaines saluent “un bon premier pas”.”Le président a mis en scène l’annonce… du statu quo !”, a vilipendé l’association Bloom dans un communiqué diffusé dimanche, estimant qu’Emmanuel Macron avait “confirmé que l’imposture de la politique de protection maritime de la France se poursuivrait, à savoir qu’il n’existerait jamais de cadre contraignant pour protéger véritablement les aires marines dites protégées.”Dans un entretien à la presse régionale donné à la veille du sommet de Nice sur les océans, M. Macron a annoncé une limitation du chalutage de fond dans certaines zones des AMP françaises. Il a admis que cette technique de pêche, qui râcle le fond de la mer, “vient perturber la biodiversité et des écosystèmes qu’il faut apprendre à protéger”.”Il y a un tout petit peu de progrès sur la formulation: le chalutage de fond a pris la place qu’il mérite” dans la communication gouvernementale, a souligné auprès de l’AFP François Chartier de Greenpeace.Cependant, “on a l’impression qu’il annonce qu’il ne va rien annoncer”, a-t-il ajouté, déplorant le “peu d’ambition” des déclarations du président.Greenpeace plaide pour une interdiction du chalutage de fond dans 30% des eaux françaises classées en aires marines protégées.  L’ONG Oceana a salué “un bon premier pas”, selon les mots de son porte-parole Nicolas Fournier, car “jusqu’à présent, c’était tabou de parler de ces questions-là.”Le chalutage de fond a été pratiqué pendant 17.000 heures dans les aires marines protégées françaises en 2024, selon un rapport publié en mai par Oceana, qui appelle à bannir la pratique.M. Fournier remarque que M. Macron a cité dans son interview l’AMP de Port-Cros (Var), “où il n’y a déjà pas de chalutage”. “Si on décide de l’interdire, l’impact sera minimal pour la biodiversité”, a-t-il pointé auprès de l’AFP.”Interdire le chalutage de fond dans une aire marine protégée ne la rend pas en +protection stricte+ car il faudrait pour cela y interdire toutes les activités extractives y compris la pêche”, ajoute-t-il.A ce jour, 33% des eaux françaises sont couvertes par au moins une AMP, mais la plupart d’entre elles autorisent toutes les pratiques de pêche. M. Macron a annoncé un renforcement de la protection de ces AMP pour atteindre l’objectif européen de placer sous protection forte 10% de son domaine maritime “dès le 1er janvier 2026”, avec quatre ans d’avance sur le délai fixé.Par cette communication, le président français s’attribue les annonces du président de la Polynésie français qui doit annoncer à Nice “la création d’une vaste aire marine protégée de 5,5 millions de kilomètres carrés, dont 1,1 million de kilomètres carrés sous protection stricte”, accuse l’ONG Bloom.Les zones sous protection haute ou intégrale, le niveau le plus strict de protection, plafonnent actuellement à du domaine maritime français, et sont presque exclusivement situées outre-mer.

Chalutage: les annonces de Macron reçues avec scepticisme par les ONG

“Manque d’ambition”, “imposture”: l’annonce par Emmanuel Macron d’une limitation du chalutage de fond dans les aires marines protégées (AMP) françaises suscite un fort scepticisme parmi les ONG environnementales, même si certaines saluent “un bon premier pas”.”Le président a mis en scène l’annonce… du statu quo !”, a vilipendé l’association Bloom dans un communiqué diffusé dimanche, estimant qu’Emmanuel Macron avait “confirmé que l’imposture de la politique de protection maritime de la France se poursuivrait, à savoir qu’il n’existerait jamais de cadre contraignant pour protéger véritablement les aires marines dites protégées.”Dans un entretien à la presse régionale donné à la veille du sommet de Nice sur les océans, M. Macron a annoncé une limitation du chalutage de fond dans certaines zones des AMP françaises. Il a admis que cette technique de pêche, qui râcle le fond de la mer, “vient perturber la biodiversité et des écosystèmes qu’il faut apprendre à protéger”.”Il y a un tout petit peu de progrès sur la formulation: le chalutage de fond a pris la place qu’il mérite” dans la communication gouvernementale, a souligné auprès de l’AFP François Chartier de Greenpeace.Cependant, “on a l’impression qu’il annonce qu’il ne va rien annoncer”, a-t-il ajouté, déplorant le “peu d’ambition” des déclarations du président.Greenpeace plaide pour une interdiction du chalutage de fond dans 30% des eaux françaises classées en aires marines protégées.  L’ONG Oceana a salué “un bon premier pas”, selon les mots de son porte-parole Nicolas Fournier, car “jusqu’à présent, c’était tabou de parler de ces questions-là.”Le chalutage de fond a été pratiqué pendant 17.000 heures dans les aires marines protégées françaises en 2024, selon un rapport publié en mai par Oceana, qui appelle à bannir la pratique.M. Fournier remarque que M. Macron a cité dans son interview l’AMP de Port-Cros (Var), “où il n’y a déjà pas de chalutage”. “Si on décide de l’interdire, l’impact sera minimal pour la biodiversité”, a-t-il pointé auprès de l’AFP.”Interdire le chalutage de fond dans une aire marine protégée ne la rend pas en +protection stricte+ car il faudrait pour cela y interdire toutes les activités extractives y compris la pêche”, ajoute-t-il.A ce jour, 33% des eaux françaises sont couvertes par au moins une AMP, mais la plupart d’entre elles autorisent toutes les pratiques de pêche. M. Macron a annoncé un renforcement de la protection de ces AMP pour atteindre l’objectif européen de placer sous protection forte 10% de son domaine maritime “dès le 1er janvier 2026”, avec quatre ans d’avance sur le délai fixé.Par cette communication, le président français s’attribue les annonces du président de la Polynésie français qui doit annoncer à Nice “la création d’une vaste aire marine protégée de 5,5 millions de kilomètres carrés, dont 1,1 million de kilomètres carrés sous protection stricte”, accuse l’ONG Bloom.Les zones sous protection haute ou intégrale, le niveau le plus strict de protection, plafonnent actuellement à du domaine maritime français, et sont presque exclusivement situées outre-mer.

Tanguy (RN) défend “une pression politique” pour provoquer une nouvelle dissolution

Le député RN Jean-Philippe Tanguy a défendu dimanche “une pression politique” contre l’exécutif “pour montrer que seule la voie des urnes est possible, donc la dissolution” de l’Assemblée nationale, lors d’un entretien sur LCI.Le député de la Somme a estimé que “chaque mois perdu pour la France se paie durement pour nos compatriotes”, tout en rappelant qu’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale ne pourrait être constitutionnellement possible qu’à la rentrée.”On respecte les échéances, pour que le débat se fasse sur le fond, sur des réalités, et que les Françaises et les Français sachent vraiment pourquoi ils votent: pour l’impasse avec M. Macron ou pour une rupture vers un avenir meilleur avec Jordan Bardella et Marine Le Pen”, a souligné l’élu d’extrême droite.M. Tanguy a en outre prévenu que “si le chemin que M. Bayrou montre, ça continue à être une impasse, nous censurerons (le gouvernement) parce que nous ne voulons pas aller davantage vers cette impasse”.”M. Bayrou a annoncé des échéances. Les Françaises et les Français, y compris une partie de ceux qui votent pour nous, attendent ces échéances. Nous, on respecte ce processus et on attend de voir les grands choix que fera M. Bayrou”, a-t-il ajouté, en référence notamment au conclave sur les retraites mais également le budget 2025.Samedi, un sondage Elabe pour La Tribune dimanche et BFMTV a prêté environ 33% d’intentions de vote au premier tour aux candidats RN en cas de nouvelles législatives anticipées, un score comparable à celui qu’avait recueilli le parti à la flamme le 30 juin.Mais, relève cette même étude, deux tiers des personnes interrogées sont défavorables à une nouvelle dissolution.A propos du mode de scrutin, que le Premier ministre, François Bayrou, souhaite faire passer à la proportionnelle, M. Tanguy a rappelé que sa formation y était favorable, bien que “ce serait plus difficile pour (le RN) d’avoir une majorité de députés” qu’en conservant le système actuel de scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

A Port-Cros, la plus vieille aire marine protégée d’Europe “montre le futur”

“Des dauphins, des puffins, des mérous… C’est une bulle de nature et pourtant on est entre Saint-Tropez et Marseille. Les gens disent que c’est un miracle”, s’enthousiasme Sophie-Dorothée Duron, directrice du parc national de Port-Cros.Ici, navigation, pêche et autres activités humaines sont soit interdites soit strictement réglementées. Un modèle que de nombreux experts, à l’occasion de la Conférence des Nations unies sur l’océan à Nice du 9 au 13 juin, aimeraient voir étendu à toutes les aires marines protégées (AMP), souvent fustigées comme étant seulement “de papier”.Créée en 1963 au large de Hyères en Méditerranée, Port-Cros est la plus ancienne AMP de France et d’Europe. D’abord centrée sur l’île éponyme, elle englobe depuis 2012 sa voisine Porquerolles et s’étend sur 1.700 hectares terrestres et 2.900 hectares marins. “C’est un petit joyau, un hotspot de biodiversité. On retrouve ici quasiment toutes les espèces de Méditerranée”, se réjouit Vincent Bardinal, garde-moniteur sur l’île, montrant du doigt les nuées de poissons qui fraient dans les herbiers marins.Girelles, crénilabres, castagnoles ou daurades: dans les eaux cristallines du coeur du parc, où la pêche est strictement interdite, “on a une très bonne image de ce que pouvait être la côte il y a peut-être 100 ans, avec une pression humaine presque inexistante”. Un mérou, prédateur emblématique de l’archipel, apparaît. “On peut les approcher à quelques centimètres alors que sur le continent ils fuient”, sourit Vincent Bardinal.- “Patchwork” -Pour assurer une cohabitation fluide, les règles de fonctionnement du parc sont établies en concertation avec les acteurs économiques de la région, avec l’avis d’un conseil scientifique.Les restrictions concernent aussi bien la vitesse de navigation que la pratique de la plongée et de la pêche ou encore l’interdiction d’approcher certaines espèces animales.”La particularité c’est d’être dans une zone très fréquentée, très anthropisée (transformée par l’activité humaine). Le pari a été de conserver la nature tout en permettant à une population de continuer à y vivre et à des touristes d’en profiter, il n’y a pas de mise sous cloche”, souligne Mme Duron.Si les deux îles n’ont que 350 habitants permanents, elles voient défiler jusqu’à 2 millions de visiteurs par an!”L’idée c’est de travailler sur un patchwork de zones en fonction des sensibilités de l’écosystème. Il y a des zones ultra sensibles où on réglemente voire interdit la présence humaine. Et il y a d’autres zones qui peuvent tolérer les visiteurs”, explique la directrice. Une charte encadre depuis 1999 le travail des 24 pêcheurs professionnels autorisés à pratiquer au cÅ“ur du parc. 350 pêcheurs de loisir peuvent aussi opérer, à condition d’afficher sur leur bateau l’autorisation renouvelable chaque année.”L’objectif n’est pas d’exclure la pêche mais d’encadrer une pratique traditionnelle”, explique Thomas Abiven, garde-moniteur du Parc, en pleine opération de contrôle à l’aurore, l’heure préférée des resquilleurs.”Au début, le parc s’est monté sans vraiment l’aval des pêcheurs”, reconnaît-il, “mais au fur et à mesure les discussions se sont mises en place. En contrepartie de pouvoir pêcher, ils ont l’obligation de déclarer leurs prises. Cela offre des données que l’on croise avec les scientifiques pour voir si les populations de poissons se portent bien. Puis ont peut durcir ou alléger la réglementation en fonction”.- “Capital-poisson” -La population de mérous est par exemple passée de 40 à près de 1.000 individus. Les herbiers de posidonie sont également en pleine expansion.”On observe clairement +l’effet réserve+, c’est-à-dire que la nature se porte mieux qu’en dehors du parc. Ça se voit sur le nombre de poissons mais aussi l’augmentation de leur taille moyenne”, détaille Sandrine Ruitton, enseignante chercheuse à Aix-Marseille Université, rattachée à l’Institut Méditerranéen d’Océanologie. “C’est comme un coffre-fort où on fait fructifier le capital-poisson”, poursuit-elle. “Les intérêts vont déborder à l’extérieur et cela va permettre aux autres écosystèmes et à la population humaine d’en profiter, c’est vertueux pour tout le monde”.La France compte aujourd’hui 565 AMP en métropole et Outre-Mer, couvrant 33% de l’espace maritime national. Mais les règles très strictes qui font le succès de Port-Cros font figure d’exception. “L’appellation d’AMP ne veut rien dire, il y en a dans lesquelles on peut chaluter”, s’insurge François Sarano, océanologue et ancien collaborateur du commandant Cousteau. “La définition comprend diverses petites réglementations mais c’est totalement insuffisant”.Et d’espérer des “règles beaucoup plus strictes” à l’occasion du sommet onusien de Nice: “Port-Cros n’est pas un conservatoire du passé, c’est un endroit qui nous montre le futur en intégrant la question de la pollution et du réchauffement climatique.”

A Port-Cros, la plus vieille aire marine protégée d’Europe “montre le futur”

“Des dauphins, des puffins, des mérous… C’est une bulle de nature et pourtant on est entre Saint-Tropez et Marseille. Les gens disent que c’est un miracle”, s’enthousiasme Sophie-Dorothée Duron, directrice du parc national de Port-Cros.Ici, navigation, pêche et autres activités humaines sont soit interdites soit strictement réglementées. Un modèle que de nombreux experts, à l’occasion de la Conférence des Nations unies sur l’océan à Nice du 9 au 13 juin, aimeraient voir étendu à toutes les aires marines protégées (AMP), souvent fustigées comme étant seulement “de papier”.Créée en 1963 au large de Hyères en Méditerranée, Port-Cros est la plus ancienne AMP de France et d’Europe. D’abord centrée sur l’île éponyme, elle englobe depuis 2012 sa voisine Porquerolles et s’étend sur 1.700 hectares terrestres et 2.900 hectares marins. “C’est un petit joyau, un hotspot de biodiversité. On retrouve ici quasiment toutes les espèces de Méditerranée”, se réjouit Vincent Bardinal, garde-moniteur sur l’île, montrant du doigt les nuées de poissons qui fraient dans les herbiers marins.Girelles, crénilabres, castagnoles ou daurades: dans les eaux cristallines du coeur du parc, où la pêche est strictement interdite, “on a une très bonne image de ce que pouvait être la côte il y a peut-être 100 ans, avec une pression humaine presque inexistante”. Un mérou, prédateur emblématique de l’archipel, apparaît. “On peut les approcher à quelques centimètres alors que sur le continent ils fuient”, sourit Vincent Bardinal.- “Patchwork” -Pour assurer une cohabitation fluide, les règles de fonctionnement du parc sont établies en concertation avec les acteurs économiques de la région, avec l’avis d’un conseil scientifique.Les restrictions concernent aussi bien la vitesse de navigation que la pratique de la plongée et de la pêche ou encore l’interdiction d’approcher certaines espèces animales.”La particularité c’est d’être dans une zone très fréquentée, très anthropisée (transformée par l’activité humaine). Le pari a été de conserver la nature tout en permettant à une population de continuer à y vivre et à des touristes d’en profiter, il n’y a pas de mise sous cloche”, souligne Mme Duron.Si les deux îles n’ont que 350 habitants permanents, elles voient défiler jusqu’à 2 millions de visiteurs par an!”L’idée c’est de travailler sur un patchwork de zones en fonction des sensibilités de l’écosystème. Il y a des zones ultra sensibles où on réglemente voire interdit la présence humaine. Et il y a d’autres zones qui peuvent tolérer les visiteurs”, explique la directrice. Une charte encadre depuis 1999 le travail des 24 pêcheurs professionnels autorisés à pratiquer au cÅ“ur du parc. 350 pêcheurs de loisir peuvent aussi opérer, à condition d’afficher sur leur bateau l’autorisation renouvelable chaque année.”L’objectif n’est pas d’exclure la pêche mais d’encadrer une pratique traditionnelle”, explique Thomas Abiven, garde-moniteur du Parc, en pleine opération de contrôle à l’aurore, l’heure préférée des resquilleurs.”Au début, le parc s’est monté sans vraiment l’aval des pêcheurs”, reconnaît-il, “mais au fur et à mesure les discussions se sont mises en place. En contrepartie de pouvoir pêcher, ils ont l’obligation de déclarer leurs prises. Cela offre des données que l’on croise avec les scientifiques pour voir si les populations de poissons se portent bien. Puis ont peut durcir ou alléger la réglementation en fonction”.- “Capital-poisson” -La population de mérous est par exemple passée de 40 à près de 1.000 individus. Les herbiers de posidonie sont également en pleine expansion.”On observe clairement +l’effet réserve+, c’est-à-dire que la nature se porte mieux qu’en dehors du parc. Ça se voit sur le nombre de poissons mais aussi l’augmentation de leur taille moyenne”, détaille Sandrine Ruitton, enseignante chercheuse à Aix-Marseille Université, rattachée à l’Institut Méditerranéen d’Océanologie. “C’est comme un coffre-fort où on fait fructifier le capital-poisson”, poursuit-elle. “Les intérêts vont déborder à l’extérieur et cela va permettre aux autres écosystèmes et à la population humaine d’en profiter, c’est vertueux pour tout le monde”.La France compte aujourd’hui 565 AMP en métropole et Outre-Mer, couvrant 33% de l’espace maritime national. Mais les règles très strictes qui font le succès de Port-Cros font figure d’exception. “L’appellation d’AMP ne veut rien dire, il y en a dans lesquelles on peut chaluter”, s’insurge François Sarano, océanologue et ancien collaborateur du commandant Cousteau. “La définition comprend diverses petites réglementations mais c’est totalement insuffisant”.Et d’espérer des “règles beaucoup plus strictes” à l’occasion du sommet onusien de Nice: “Port-Cros n’est pas un conservatoire du passé, c’est un endroit qui nous montre le futur en intégrant la question de la pollution et du réchauffement climatique.”

Déplacer un rhinocéros, mode d’emploi

A peine touchée par une seringue anesthésiante, la femelle rhinocéros, affolée, court se réfugier dans un bois, fuyant l’hélicoptère volant en rase-motte qui tentait de l’en empêcher. L’animal, qui devait être transféré d’un parc à un autre au Kenya, a gagné face aux humains.Quelques minutes plus tard, plusieurs 4X4 de rangers sondent des bosquets touffus pour la retrouver – une végétation si dense qu’elle rend impossible le passage du camion-grue censé la transporter. Décision est alors prise de lui délivrer l’antidote à l’anesthésiant, pour éviter qu’elle ne s’effondre et peut-être s’étouffe.La jeune femelle restera bien là où elle est née.”Le rhinocéros est l’animal le plus difficile à relocaliser”, affirme Taru Sheldrick, qui pilotait l’hélicoptère mobilisé samedi dans le parc national de Nakuru (nord-ouest), oasis de verdure entourant un lac d’un bleu profond. “Même si vous les piquez dans une plaine ouverte, ils courent se réfugier dans des buissons”.”Quand vous devez anesthésier un rhinocéros, vous ressentez un peu de peur. Parce que c’est une espèce en danger. Chaque animal est tellement important!”, poursuit-il.Le mammifère, qui peut peser jusqu’à deux tonnes, proliférait autrefois en Afrique subsaharienne. Mais il a d’abord souffert de la chasse par les colons européens, puis du braconnage à grande échelle, qui l’a porté aux bord de l’extinction.Selon la Fondation internationale du rhinocéros (IRF), il en reste environ 28.000 dans le monde, dont près de 24.000 en Afrique. Plus de 2.000 d’entre eux vivent au Kenya.- Mortel -Mais l’animal se reproduit moins si trop de ses congénères vivent au même endroit, selon le Kenya wildlife service (KWS), l’agence qui gère la faune et les parcs nationaux du pays. D’où la nécessité de déplacer certains individus, et pour ce faire de leur administrer des tranquillisants.Or les rhinocéros “sont vulnérables aux anesthésiants”, car ils ralentissent leur respiration, font augmenter leur température corporelle, et modifient leur rythme cardiaque, ce qui peut les tuer, explique à l’AFP le Dr Dominic Mijele, du KWS.Une course contre la montre s’enclenche donc dès qu’un vétérinaire, à bord d’un hélicoptère, leur administre ce produit à l’aide d’un fusil hypodermique. Cinq à sept minutes après l’injection, le rhinocéros commence à en ressentir les effets. Puis il s’effondre, comme l’a constaté l’AFP samedi à Nakuru: après la fuite de la première femelle rhinocéros, trois rhinocéros noirs ont pu être anesthésiés.Une équipe de secours arrive sur place dans les deux minutes suivantes, dans un ballet impeccablement maîtrisé. Une douzaine de soignants entourent les animaux, qui sont aspergés d’eau – pour refroidir leur température -, retournés – pour que leur respiration ne se bloque pas -, placés sous oxygène, tandis que leurs paramètres vitaux sont contrôlés.Au même moment, de nombreux autres rangers les sanglent à une corde, qui, traversant la cage de transport, est accrochée au pare-buffle d’une jeep.Quinze minutes après l’arrivée des secours, l’antidote est administré. L’animal se relève alors d’un bloc, pour être poussé instantanément dans la cage, qu’une grue dépose quelques minutes plus tard sur le plateau d’un camion.- “espèce iconique” -Le Dr Mijele vante un savoir kényan inégalé. “Nous sommes les numéros 1 au monde” pour les relocalisations de rhinocéros, affirme-t-il.Jochen Zeitz, le propriétaire du parc privé de Segera (nord), où une vingtaine d’entre eux ont été transportés ces deux dernières semaines, ne cache pas son soulagement après chaque nouvelle opération réussie.Sur ses 200 km2 de terres vivaient jusqu’alors éléphants, buffles, lions, léopards, guépards, servals…, énumère cet ancien PDG de Puma et actuel PDG de Harley-Davidson.Mais il manquait “cette espèce iconique”, pourtant présente il y a encore soixante ans à Segera, avant de s’y éteindre. Accueillir enfin des rhinocéros constitue “l’aboutissement de 22 ans de travail”, depuis qu’il a acheté ses terres, affirme-t-il.Des années de préparation auront été nécessaires pour cela. Car du fait du fort risque de braconnage lié au rhinocéros, dont la corne est très recherchée sur le marché noir, la sécurité a dû être lourdement renforcée.Cent à 150 agents ont été embauchés: rangers, personnels de sécurité, réserve de la police nationale, unité d’intervention rapide, unité cynophile, souligne-t-il. “C’est ce qu’il faut si l’on veut à protéger les rhinocéros”.Samedi, après six heures de route, les trois rhinocéros sont arrivés à Segera. Dans la nuit épaisse, un puissant piétinement, accompagné de grognements rauques. Les rhinocéros étaient enfin arrivés à leur nouveau domicile. 

Déplacer un rhinocéros, mode d’emploi

A peine touchée par une seringue anesthésiante, la femelle rhinocéros, affolée, court se réfugier dans un bois, fuyant l’hélicoptère volant en rase-motte qui tentait de l’en empêcher. L’animal, qui devait être transféré d’un parc à un autre au Kenya, a gagné face aux humains.Quelques minutes plus tard, plusieurs 4X4 de rangers sondent des bosquets touffus pour la retrouver – une végétation si dense qu’elle rend impossible le passage du camion-grue censé la transporter. Décision est alors prise de lui délivrer l’antidote à l’anesthésiant, pour éviter qu’elle ne s’effondre et peut-être s’étouffe.La jeune femelle restera bien là où elle est née.”Le rhinocéros est l’animal le plus difficile à relocaliser”, affirme Taru Sheldrick, qui pilotait l’hélicoptère mobilisé samedi dans le parc national de Nakuru (nord-ouest), oasis de verdure entourant un lac d’un bleu profond. “Même si vous les piquez dans une plaine ouverte, ils courent se réfugier dans des buissons”.”Quand vous devez anesthésier un rhinocéros, vous ressentez un peu de peur. Parce que c’est une espèce en danger. Chaque animal est tellement important!”, poursuit-il.Le mammifère, qui peut peser jusqu’à deux tonnes, proliférait autrefois en Afrique subsaharienne. Mais il a d’abord souffert de la chasse par les colons européens, puis du braconnage à grande échelle, qui l’a porté aux bord de l’extinction.Selon la Fondation internationale du rhinocéros (IRF), il en reste environ 28.000 dans le monde, dont près de 24.000 en Afrique. Plus de 2.000 d’entre eux vivent au Kenya.- Mortel -Mais l’animal se reproduit moins si trop de ses congénères vivent au même endroit, selon le Kenya wildlife service (KWS), l’agence qui gère la faune et les parcs nationaux du pays. D’où la nécessité de déplacer certains individus, et pour ce faire de leur administrer des tranquillisants.Or les rhinocéros “sont vulnérables aux anesthésiants”, car ils ralentissent leur respiration, font augmenter leur température corporelle, et modifient leur rythme cardiaque, ce qui peut les tuer, explique à l’AFP le Dr Dominic Mijele, du KWS.Une course contre la montre s’enclenche donc dès qu’un vétérinaire, à bord d’un hélicoptère, leur administre ce produit à l’aide d’un fusil hypodermique. Cinq à sept minutes après l’injection, le rhinocéros commence à en ressentir les effets. Puis il s’effondre, comme l’a constaté l’AFP samedi à Nakuru: après la fuite de la première femelle rhinocéros, trois rhinocéros noirs ont pu être anesthésiés.Une équipe de secours arrive sur place dans les deux minutes suivantes, dans un ballet impeccablement maîtrisé. Une douzaine de soignants entourent les animaux, qui sont aspergés d’eau – pour refroidir leur température -, retournés – pour que leur respiration ne se bloque pas -, placés sous oxygène, tandis que leurs paramètres vitaux sont contrôlés.Au même moment, de nombreux autres rangers les sanglent à une corde, qui, traversant la cage de transport, est accrochée au pare-buffle d’une jeep.Quinze minutes après l’arrivée des secours, l’antidote est administré. L’animal se relève alors d’un bloc, pour être poussé instantanément dans la cage, qu’une grue dépose quelques minutes plus tard sur le plateau d’un camion.- “espèce iconique” -Le Dr Mijele vante un savoir kényan inégalé. “Nous sommes les numéros 1 au monde” pour les relocalisations de rhinocéros, affirme-t-il.Jochen Zeitz, le propriétaire du parc privé de Segera (nord), où une vingtaine d’entre eux ont été transportés ces deux dernières semaines, ne cache pas son soulagement après chaque nouvelle opération réussie.Sur ses 200 km2 de terres vivaient jusqu’alors éléphants, buffles, lions, léopards, guépards, servals…, énumère cet ancien PDG de Puma et actuel PDG de Harley-Davidson.Mais il manquait “cette espèce iconique”, pourtant présente il y a encore soixante ans à Segera, avant de s’y éteindre. Accueillir enfin des rhinocéros constitue “l’aboutissement de 22 ans de travail”, depuis qu’il a acheté ses terres, affirme-t-il.Des années de préparation auront été nécessaires pour cela. Car du fait du fort risque de braconnage lié au rhinocéros, dont la corne est très recherchée sur le marché noir, la sécurité a dû être lourdement renforcée.Cent à 150 agents ont été embauchés: rangers, personnels de sécurité, réserve de la police nationale, unité d’intervention rapide, unité cynophile, souligne-t-il. “C’est ce qu’il faut si l’on veut à protéger les rhinocéros”.Samedi, après six heures de route, les trois rhinocéros sont arrivés à Segera. Dans la nuit épaisse, un puissant piétinement, accompagné de grognements rauques. Les rhinocéros étaient enfin arrivés à leur nouveau domicile.Â