Repousser encore l’âge de la retraite? L’option qui ulcère les syndicats

Repousser de nouveau l’âge de départ à la retraite pour rééquilibrer les comptes: suggérée dans un rapport encore non adopté, cette option suscitait samedi une levée de boucliers des syndicats qui bataillent toujours pour revenir sur les 64 ans imposés par la dernière et très contestée réforme de 2023. S’il ne doit être formellement adopté que jeudi prochain par les membres du Conseil d’orientation des retraites (COR), le rapport annuel de cet organisme rattaché à Matignon ne passe déjà pas inaperçu – accusé d’être “orienté” selon la CGT voire de tenter de “biaiser les travaux” du “conclave” sur les retraites prévus jusqu’au 17 juin. Dans ce rapport, consulté vendredi par l’AFP, le COR, présidé par l’économiste Gilbert Cette, revoit à la baisse le déficit escompté pour 2030 (6,6 milliards d’euros) mais à la hausse celui à long terme (2070). Il évalue surtout quatre pistes pour rééquilibrer le système.Le document qualifie les trois premières mesures  – modération de la progression des pensions nettes de prélèvements, hausse des contributions retraites des salariés, hausse des contributions retraites des employeurs – de “récessives” et semble encourager la quatrième option: un “recul de l’âge de départ à la retraite qui permet un accroissement des taux d’emploi”. “Pour équilibrer structurellement le système de retraite chaque année jusqu’en 2070 via le seul levier de l’âge de départ à la retraite, il serait nécessaire de porter cet âge à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045 et 66,5 ans en 2070”, écrit-il. Et donc aller au-delà des 64 ans instaurés par la réforme de 2023, adoptée au forceps par le gouvernement d’Elisabeth Borne malgré une contestation massive dans les rues. – “Mission commandée” -Pour la CGT, Gilbert Cette, est “sorti de son rôle”. “Il y a un scandale dans le fait de ne flécher qu’une seule préconisation. Jusqu’à présent, le COR émettait des hypothèses et aux politiques de trancher. Là, c’est totalement orienté”, a fustigé auprès de l’AFP son représentant Denis Gravouil, chargé de la protection sociale et des retraites.”Gilbert Cette est en mission commandée par Emmanuel Macron”, critique le syndicaliste, notant que ce “pré-rapport” a fuité au lendemain du vote symbolique par les députés d’une résolution pour l’abrogation de la réforme de 2023.”Le COR n’existe qu’à travers les avis de son conseil, il se réunit jeudi. Donc il n’y a aucune orientation sur les retraites qui existe pour l’heure au niveau du COR… sauf à vouloir électriser ou biaiser les travaux du conclave en cours. Ce qui est inadmissible”, a grincé Yvan Ricordeau, secrétaire général adjoint de la CFDT.”C’est du Gilbert Cette, avec sa grille de lecture néolibérale et son obsession du déficit public”, a réagi Michel Beaugas, secrétaire confédéral de FO, dans Le Monde. – “Hypothèse unilatérale” -Gilbert Cette, soutien de M. Macron lors de la présidentielle de 2017, a été nommé en octobre 2023, prenant la suite de Pierre-Louis Bras. Ce dernier avait été vivement critiqué par l’exécutif en déclarant que “les dépenses de retraites ne dérapent pas”. Son remplacement avait été dénoncé par les syndicats.Un récent rapport de la Cour des comptes a démontré que reculer l’âge légal “était efficace financièrement à très court terme, sur les deux-trois premières années, mais que l’effet était assez faible sur du moyen-long terme”, a de son côté rappelé vendredi sur FranceInfo, Cyril Chabanier, pour la CFTC, évoquant “d’autres leviers” à “actionner”.”Pour la première fois, on a un rapport qui ne retient qu’une hypothèse unilatérale, qui est celle de Gilbert Cette. Les autres hypothèses ne sont pas présentées”, a renchéri Eric Coquerel, président LFI de la commission des Finances à l’Assemblée, sur la même radio.Le rapport sort alors que les négociations entre les cinq partenaires sociaux restant pour rediscuter la réforme de 2023, le “conclave” voulu par le Premier ministre, entrent dans le dur.L’un des principaux points de crispation tient précisément à la question de l’âge, sur lequel les syndicats veulent un retour. FO et la CGT avaient claqué la porte au début du processus, tout comme l’U2P côté patronal. Deux réunions plénières sont prévues mercredi et jeudi avant une réunion finale le 17 juin.

La Russie et l’Ukraine s’accusent de perturber l’échange de prisonniers après des frappes russes

La Russie et l’Ukraine se sont accusées samedi de perturber l’échange de prisonniers devant avoir lieu ce week-end, après d’importantes frappes russes qui ont fait au moins dix morts sur le territoire ukrainien.Selon le négociateur en chef russe Vladimir Medinski, “la partie ukrainienne a reporté de manière inattendue la réception des corps” de soldats tués “et l’échange de prisonniers de guerre à une date indéterminée”.Côté ukrainien, le Quartier général de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre a démenti ces déclarations, accusant Moscou de “jeux déloyaux” et de “manipulation”. Cet échange programmé pour ce week-end selon Moscou et Kiev était le seul résultat concret des pourparlers directs russo-ukrainiens en Turquie lundi.Les deux parties avaient alors convenu de libérer tous les prisonniers de guerre grièvement blessés ou malades, ainsi que ceux âgés de moins de 25 ans, ce qui aurait fait de cet échange le plus important de la guerre après un précédent ayant concerné mille personnes de chaque côté en mai.A l’issue des négociations d’Istanbul, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait assuré qu’il aurait lieu ce week-end et la Russie avait dit être prête pour samedi, dimanche ou lundi.Samedi, Moscou a affirmé avoir transmis une liste à l’Ukraine, qui, selon elle, ne “correspond pas” aux termes de l’accord.Concernant les dépouilles, le négociateur russe Vladimir Medinski a appelé Kiev à “récupérer les corps de 6.000 soldats” ukrainiens, dont “1.212 sont déjà sur le lieu d’échange”. L’Ukraine a répliqué qu’aucune “date n’avait encore été fixée”.- Kharkiv visée -Ces accusations interviennent après d’importantes frappes russes nocturnes en Ukraine, après la promesse de Moscou d’une “riposte” à la destruction d’une partie de sa flotte de combat aérienne.Celles-ci se sont poursuivies en journée samedi, faisant au total dix morts sur le territoire ukrainien.A Kharkiv, deuxième plus grande ville d’Ukraine et particulièrement visée, quatre personnes ont péri et au moins 22 ont été blessées, d’après les autorités régionales.Cette cité a subi “l’attaque la plus puissante depuis le début de la guerre”, selon son maire Igor Terekhov.Selon les autorités, trois personnes ont aussi perdu la vie à Kherson (sud), tandis que près du front dans la région de Donetsk (est), des frappes ont fait trois morts.”La Russie poursuit sa terreur contre les civils”, a dénoncé le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga, appelant à “accroître la pression sur Moscou” pour “mettre fin aux massacres et aux destructions perpétrés par la Russie”.Dans la nuit de vendredi à samedi, un total de 206 drones Shahed et de neuf missiles ont été tirés par les forces russes, a recensé l’armée de l’air ukrainienne.De son côté, le commandement russe a assuré avoir ciblé des “entreprises du complexe militaro-industriel ukrainien, des ateliers d’assemblage de drones, des centres de maintenance technique et de réparation d’armes et de matériel militaire, ainsi que des dépôts de munitions”.Le ministère russe de la Défense a affirmé que 36 drones ukrainiens avaient été détruits dans la nuit de vendredi à samedi dans les régions de Moscou, de Koursk et de Smolensk notamment.- “Riposte”-Moscou a évoqué vendredi “une riposte” après les attaques ukrainiennes qui ont touché dimanche plusieurs aérodromes russes loin du front, destruction de plusieurs bombardiers à la clef.Ces frappes interviennent à un moment où les négociations de paix sont dans l’impasse après le deuxième cycle de pourparlers directs entre Russes et Ukrainiens à Istanbul lundi.Signe de son intransigeance, tandis que les exigences des deux camps semblent inconciliables, le Kremlin a présenté l’invasion de l’Ukraine, qu’il a déclenchée en février 2022, comme “une question existentielle”.Les troupes russes, qui occupent environ 20% du territoire ukrainien, bombardent quasi quotidiennement des villes ukrainiennes depuis 2022. En représailles, l’Ukraine mène également, quasiment chaque jour, des raids aériens en Russie.Au plan diplomatique international, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, en visite en France, a suggéré samedi que l’ONU prenne la tête d’un groupe de pays “pas impliqués dans la guerre” en Ukraine pour tenter de trouver un accord entre Kiev et Moscou.

La Russie et l’Ukraine s’accusent de perturber l’échange de prisonniers après des frappes russes

La Russie et l’Ukraine se sont accusées samedi de perturber l’échange de prisonniers devant avoir lieu ce week-end, après d’importantes frappes russes qui ont fait au moins dix morts sur le territoire ukrainien.Selon le négociateur en chef russe Vladimir Medinski, “la partie ukrainienne a reporté de manière inattendue la réception des corps” de soldats tués “et l’échange de prisonniers de guerre à une date indéterminée”.Côté ukrainien, le Quartier général de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre a démenti ces déclarations, accusant Moscou de “jeux déloyaux” et de “manipulation”. Cet échange programmé pour ce week-end selon Moscou et Kiev était le seul résultat concret des pourparlers directs russo-ukrainiens en Turquie lundi.Les deux parties avaient alors convenu de libérer tous les prisonniers de guerre grièvement blessés ou malades, ainsi que ceux âgés de moins de 25 ans, ce qui aurait fait de cet échange le plus important de la guerre après un précédent ayant concerné mille personnes de chaque côté en mai.A l’issue des négociations d’Istanbul, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait assuré qu’il aurait lieu ce week-end et la Russie avait dit être prête pour samedi, dimanche ou lundi.Samedi, Moscou a affirmé avoir transmis une liste à l’Ukraine, qui, selon elle, ne “correspond pas” aux termes de l’accord.Concernant les dépouilles, le négociateur russe Vladimir Medinski a appelé Kiev à “récupérer les corps de 6.000 soldats” ukrainiens, dont “1.212 sont déjà sur le lieu d’échange”. L’Ukraine a répliqué qu’aucune “date n’avait encore été fixée”.- Kharkiv visée -Ces accusations interviennent après d’importantes frappes russes nocturnes en Ukraine, après la promesse de Moscou d’une “riposte” à la destruction d’une partie de sa flotte de combat aérienne.Celles-ci se sont poursuivies en journée samedi, faisant au total dix morts sur le territoire ukrainien.A Kharkiv, deuxième plus grande ville d’Ukraine et particulièrement visée, quatre personnes ont péri et au moins 22 ont été blessées, d’après les autorités régionales.Cette cité a subi “l’attaque la plus puissante depuis le début de la guerre”, selon son maire Igor Terekhov.Selon les autorités, trois personnes ont aussi perdu la vie à Kherson (sud), tandis que près du front dans la région de Donetsk (est), des frappes ont fait trois morts.”La Russie poursuit sa terreur contre les civils”, a dénoncé le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga, appelant à “accroître la pression sur Moscou” pour “mettre fin aux massacres et aux destructions perpétrés par la Russie”.Dans la nuit de vendredi à samedi, un total de 206 drones Shahed et de neuf missiles ont été tirés par les forces russes, a recensé l’armée de l’air ukrainienne.De son côté, le commandement russe a assuré avoir ciblé des “entreprises du complexe militaro-industriel ukrainien, des ateliers d’assemblage de drones, des centres de maintenance technique et de réparation d’armes et de matériel militaire, ainsi que des dépôts de munitions”.Le ministère russe de la Défense a affirmé que 36 drones ukrainiens avaient été détruits dans la nuit de vendredi à samedi dans les régions de Moscou, de Koursk et de Smolensk notamment.- “Riposte”-Moscou a évoqué vendredi “une riposte” après les attaques ukrainiennes qui ont touché dimanche plusieurs aérodromes russes loin du front, destruction de plusieurs bombardiers à la clef.Ces frappes interviennent à un moment où les négociations de paix sont dans l’impasse après le deuxième cycle de pourparlers directs entre Russes et Ukrainiens à Istanbul lundi.Signe de son intransigeance, tandis que les exigences des deux camps semblent inconciliables, le Kremlin a présenté l’invasion de l’Ukraine, qu’il a déclenchée en février 2022, comme “une question existentielle”.Les troupes russes, qui occupent environ 20% du territoire ukrainien, bombardent quasi quotidiennement des villes ukrainiennes depuis 2022. En représailles, l’Ukraine mène également, quasiment chaque jour, des raids aériens en Russie.Au plan diplomatique international, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, en visite en France, a suggéré samedi que l’ONU prenne la tête d’un groupe de pays “pas impliqués dans la guerre” en Ukraine pour tenter de trouver un accord entre Kiev et Moscou.

Normandie: l’Etat s’engage financièrement pour sauver une usine de papier recyclé

L’Etat s’est engagé financièrement dans le projet de reprise de la papeterie normande Chapelle Darblay par le groupe Fibre Excellence, qui aurait capoté avec ses quelque 200 emplois sans soutien de l’exécutif, a-t-on appris samedi auprès du ministère de l’Economie.”L’Etat a confirmé auprès de Fibre excellence son engagement à soutenir financièrement le projet d’usine de papeterie à Chapelle Darblay”, en Seine-Maritime, a déclaré à l’AFP le ministère. Il souligne que ce soutien financier, annoncé à hauteur de 52 millions d’euros, “sera conditionné à la levée de fonds privés que doit désormais engager Fibre Excellence”.Les maires socialistes de Rouen et de Grand-Couronne, où l’usine est située, ainsi que la CGT, ont multiplié les interventions auprès du gouvernement pour faire aboutir ce projet de réindustrialisation et la création de 185 emplois directs.Ils estimaient nécessaire un prêt de l’Etat de 27 millions d’euros pour boucler le projet, porté par Fibre Excellence, premier producteur français de pâte à papier marchande qui a acquis le site en 2022 avec Veolia. Veolia, numéro un mondial de l’eau et des déchets, s’est engagé de son côté à “assurer le volet approvisionnement en papiers et cartons recyclés du projet”.”Nous sommes extrêmement fiers et soulagés. Ça s’est joué à très peu puisque Fibre Excellence devait sortir du projet mardi si l’Etat n’entrait pas au capital”, a réagi samedi Julien Sénécal, syndicaliste de la CGT et ancien secrétaire du CSE de Chapelle Darblay.”Il manque désormais un financement privé à hauteur de 160 millions d’euros mais c’est nettement plus facile à obtenir auprès des banques lorsque l’État est au capital. C’est un événement décisif et la fin d’un combat de plus de six ans”, s’est-il réjoui.Selon M. Sénécal, la remise en activité du site est prévue “à l’horizon 2028″.”L’Etat s’engage, avec les élus locaux, pour le projet d’usine à Chapelle Darblay. Ce projet d’usine est soutenu de longue date par le territoire et les salariés. Les soutiens publics de l’Etat et de la métropole de Rouen doivent désormais permettre à Fibre Excellence de lancer le projet”, a déclaré Marc Ferracci, cité par Bercy.”Le travail porte ses fruits!”, s’est félicité sur X le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, remerciant M. Ferracci.cor-dlm-ngu-ban/eb

En Israël, des agriculteurs relancent un projet de production de tequila près de Gaza

Sous le bruit des explosions qui retentissent au loin, des agriculteurs israéliens relancent, le long de la frontière avec Gaza, un projet novateur de production de tequila, interrompu par l’attaque sanglante du Hamas du 7 octobre 2023.A l’ombre d’un tamaris, l’homme d’affaires Aviel Leitner et l’agriculteur Eran Braverman inspectent un champ d’agaves bleus, plante dont est tirée la tequila. Leur objectif: produire les premières bouteilles de cette eau-de-vie en Israël.M. Braverman vient tout juste de dévoiler ce projet unique, lancé avant l’attaque du mouvement islamiste palestinien dans la région et le chaos qui a suivi. “Nous voulions montrer que les agriculteurs israéliens étaient retournés aux champs, que cette guerre n’allait pas les arrêter”, explique-t-il à l’AFP.De nouvelles cultures poussent dans le Néguev, et “il n’y a rien de plus sexy que la tequila, le mezcal et les alcools d’agave”, s’enthousiasme-t-il. M. Leitner explique avoir eu l’idée d’apporter les plantes en Israël à la suite d’un voyage familial au Mexique, patrie de la tequila.Pour lui et Eran Braverman, la survie de ces cultures, dans le kibboutz Aloumim, tient du miracle.- “Au début de l’hiver” -Lors de leur attaque du kibboutz, les commandos du Hamas ont incendié les granges et les serres et détruit le matériel d’irrigation.”Nous sommes à environ quatre kilomètres de la barrière (de Gaza) et tout a été détruit depuis la barrière jusqu’à Aloumim”, relate M. Braverman. Si aucun membre du kibboutz n’a été tué, 22 ouvriers agricoles, Thaïlandais et Népalais, ont été massacrés, et trois soldats sont tombés au combat, dit-il. “Lorsque nous avons appris ce qu’il s’était passé, nous avons eu très peur pour les ouvriers et leurs familles”, se souvient M. Leitner. “C’était très, très traumatisant”. Il s’est également inquiété pour ses plantes.Mais le climat sec du désert et la technologie d’irrigation goutte-à-goutte, qui réduit au maximum l’utilisation d’eau et d’engrais, ont permis à l’agave bleu de survivre sans trop d’entretien, et le champ a été épargné par les combats.M. Leitner cherche désormais un site pour construire sa distillerie de tequila.”Nous espérons commencer la production au début de l’hiver 2025, ce sera la première eau-de-vie à base d’agave produite sur la terre d’Israël”, se projette-t-il. – La guerre “pèse sur le moral” -Les communautés locales sont “déterminées à se remettre sur pied et à redevenir plus fortes”, affirme Danielle Abraham, directrice exécutive de l’ONG Volcani International Partnerships, qui aide les agriculteurs israéliens dans le cadre de son projet “Repousser”. “Elles essaient d’apporter de nouvelles cultures, d’introduire des innovations et de penser à l’avenir”, dit-elle.Citant les statistiques du mouvement des kibboutz, Danielle Abraham souligne que les exploitations agricoles du sud d’Israël sont revenues à près de 100% de leur capacité d’avant le 7-Octobre. Mais “la guerre en cours et l’incertitude pèsent encore lourdement sur le moral des agriculteurs”, observe-t-elle.Sheila Gerber, qui gère un jardin botanique et une plantation de cactus avec son mari Yaakov depuis 30 ans dans le village de Talmei Yossef, à proximité, explique que les visiteurs ne sont pas revenus.Même si la guerre se déroule dans la bande de Gaza, de l’autre côté de la barrière, le village n’en est pas préservé, dit-elle. Une explosion récente a ainsi fait voler en éclats toutes les vitres de l’une de leurs serres.Les commandos du Hamas n’ont pas atteint Talmei Yossef le 7-Octobre, repoussés juste avant l’entrée du village par les membres de son unité d’intervention.Evacuées, Mme Gerber et sa famille sont rentrées chez eux quelques semaines plus tard. “Nous sommes revenus parce que les agriculteurs reviennent, vous ne pouvez pas tout laisser mourir”. Elle regrette l’époque d’avant le 7-Octobre qui était “très agréable”. Maintenant, “nous ne savons vraiment pas de quoi l’avenir sera fait”.

En Israël, des agriculteurs relancent un projet de production de tequila près de Gaza

Sous le bruit des explosions qui retentissent au loin, des agriculteurs israéliens relancent, le long de la frontière avec Gaza, un projet novateur de production de tequila, interrompu par l’attaque sanglante du Hamas du 7 octobre 2023.A l’ombre d’un tamaris, l’homme d’affaires Aviel Leitner et l’agriculteur Eran Braverman inspectent un champ d’agaves bleus, plante dont est tirée la tequila. Leur objectif: produire les premières bouteilles de cette eau-de-vie en Israël.M. Braverman vient tout juste de dévoiler ce projet unique, lancé avant l’attaque du mouvement islamiste palestinien dans la région et le chaos qui a suivi. “Nous voulions montrer que les agriculteurs israéliens étaient retournés aux champs, que cette guerre n’allait pas les arrêter”, explique-t-il à l’AFP.De nouvelles cultures poussent dans le Néguev, et “il n’y a rien de plus sexy que la tequila, le mezcal et les alcools d’agave”, s’enthousiasme-t-il. M. Leitner explique avoir eu l’idée d’apporter les plantes en Israël à la suite d’un voyage familial au Mexique, patrie de la tequila.Pour lui et Eran Braverman, la survie de ces cultures, dans le kibboutz Aloumim, tient du miracle.- “Au début de l’hiver” -Lors de leur attaque du kibboutz, les commandos du Hamas ont incendié les granges et les serres et détruit le matériel d’irrigation.”Nous sommes à environ quatre kilomètres de la barrière (de Gaza) et tout a été détruit depuis la barrière jusqu’à Aloumim”, relate M. Braverman. Si aucun membre du kibboutz n’a été tué, 22 ouvriers agricoles, Thaïlandais et Népalais, ont été massacrés, et trois soldats sont tombés au combat, dit-il. “Lorsque nous avons appris ce qu’il s’était passé, nous avons eu très peur pour les ouvriers et leurs familles”, se souvient M. Leitner. “C’était très, très traumatisant”. Il s’est également inquiété pour ses plantes.Mais le climat sec du désert et la technologie d’irrigation goutte-à-goutte, qui réduit au maximum l’utilisation d’eau et d’engrais, ont permis à l’agave bleu de survivre sans trop d’entretien, et le champ a été épargné par les combats.M. Leitner cherche désormais un site pour construire sa distillerie de tequila.”Nous espérons commencer la production au début de l’hiver 2025, ce sera la première eau-de-vie à base d’agave produite sur la terre d’Israël”, se projette-t-il. – La guerre “pèse sur le moral” -Les communautés locales sont “déterminées à se remettre sur pied et à redevenir plus fortes”, affirme Danielle Abraham, directrice exécutive de l’ONG Volcani International Partnerships, qui aide les agriculteurs israéliens dans le cadre de son projet “Repousser”. “Elles essaient d’apporter de nouvelles cultures, d’introduire des innovations et de penser à l’avenir”, dit-elle.Citant les statistiques du mouvement des kibboutz, Danielle Abraham souligne que les exploitations agricoles du sud d’Israël sont revenues à près de 100% de leur capacité d’avant le 7-Octobre. Mais “la guerre en cours et l’incertitude pèsent encore lourdement sur le moral des agriculteurs”, observe-t-elle.Sheila Gerber, qui gère un jardin botanique et une plantation de cactus avec son mari Yaakov depuis 30 ans dans le village de Talmei Yossef, à proximité, explique que les visiteurs ne sont pas revenus.Même si la guerre se déroule dans la bande de Gaza, de l’autre côté de la barrière, le village n’en est pas préservé, dit-elle. Une explosion récente a ainsi fait voler en éclats toutes les vitres de l’une de leurs serres.Les commandos du Hamas n’ont pas atteint Talmei Yossef le 7-Octobre, repoussés juste avant l’entrée du village par les membres de son unité d’intervention.Evacuées, Mme Gerber et sa famille sont rentrées chez eux quelques semaines plus tard. “Nous sommes revenus parce que les agriculteurs reviennent, vous ne pouvez pas tout laisser mourir”. Elle regrette l’époque d’avant le 7-Octobre qui était “très agréable”. Maintenant, “nous ne savons vraiment pas de quoi l’avenir sera fait”.

Ligue des nations: Digne, soldat de confiance

L’irrégularité de Théo Hernandez à gauche de la défense française offre une opportunité à Lucas Digne de bousculer la hiérarchie, dimanche contre l’Allemagne, le joueur d’Aston Villa étant l’une des rares solutions fiables des Bleus dans un secteur en manque de réserves solides.Trois jours après avoir été martyrisée par l’Espagne de Lamine Yamal en demi-finales de la Ligue des nations (5-4), l’arrière-garde des vice-champions du monde sera particulièrement observée. Une occasion en or pour Digne (31 ans) de marquer des points dans son duel à distance avec le cadet des frères Hernandez.Sauf blessures, trois des quatre places de titulaires en défense sont pour l’instant bien occupées par Jules Koundé, Dayot Upamecano et William Saliba, forfaits en Allemagne. Mais tout reste possible à gauche dans l’optique du Mondial-2026.      Le natif de Lille, rarement décevant lors de ses dernières sélections, a des atouts, lui qui est désormais systématiquement appelé après une longue éclipse de juin 2022 à septembre 2024.Il est ainsi le joueur le plus ancien du groupe au sein duquel il a fait son apparition le 5 mars 2014, le même jour qu’Antoine Griezmann, contre les Pays-Bas (2-0).Avec 51 sorties sous le maillot tricolore, Digne figure au quatrième rang au nombre de capes parmi les joueurs emmenés par le sélectionneur pour la finale à quatre de la Ligue des nations en Allemagne, derrière Kylian Mbappé (89 sél.), Ousmane Dembélé (56 sél.), qui, blessé, a quitté le groupe, et Benjamin Pavard (55 sél.), à égalité avec Adrien Rabiot.”C’est beaucoup de chemin parcouru, beaucoup de travail”, déclarait-il en novembre avant Italie-France (victoire 3-1), match au cours duquel il avait livré l’une de ses meilleures prestations en équipe de France. Il avait même bien cru marquer enfin en bleu, pour sa 50e sélection, sur un superbe coup franc direct qui avait tapé la transversale avant de rentrer. Mais le but avait finalement été attribué au gardien Guglielmo Vicario car le ballon avait rebondi sur son dos avant de franchir la ligne.- Trajectoire sinueuse -Le Villan avait également délivré une passe décisive pour l’ouverture du score de Rabiot.Ce coup d’éclat reste un de ses meilleurs moments en sélection. Mais s’il est l’un des plus anciens, Digne ne compte que deux titularisations dans une phase finale, contre l’Équateur (0-0) au Mondial-2014 et contre la Hongrie (1-1) à l’Euro en 2021.  Car la trajectoire en bleu de l’ancien Parisien est loin d’être rectiligne. Confiné à un rôle de doublure malgré sa présence régulière dans les listes de Didier Deschamps, il n’avait pas été retenu pour le Mondial-2018, assistant de loin au deuxième sacre français en Russie. Une absence qu’il a longtemps ruminée.  Rebelote en 2022 avec la Coupe du monde au Qatar dont il a été dispensé.”J’ai eu beaucoup de temps de jeu depuis que je suis revenu et c’est à moi de montrer à chaque fois qu’on fait appel à moi que je peux avoir une place. Mais pour l’instant, je n’ai pas à me plaindre”, avait-il lâché en novembre.Pas rancunier, Digne préfère retenir sa fidélité et sa fiabilité au long cours: “ Ça montre ma longévité et la constance que j’ai pu avoir dans mon travail et mes performances.”Il rêve maintenant de participer à une deuxième Coupe du monde en 2026. Le match contre l’Allemagne peut déjà avoir valeur de test en vue du futur tournoi organisé l’an prochain aux Etats-Unis, au Mexique et au Canada. 

Retour sur terre vénézuélienne pour Crespin et ses œuvres en apesanteur

“Mes Å“uvres sont une sorte de symphonie silencieuse qui s’écoute avec les yeux”, estime l’artiste Elias Crespin qui expose pour la “première fois” depuis plus de “20 ans au Venezuela”, son pays natal, après avoir connu la consécration internationale.Une dizaine de ses “sculptures électrocinétiques”, comme il les appelle, des mobiles métalliques, paraissant se mouvoir seuls dans l’air en apesanteur, sont désormais à la Hacienda Trinidad Parque Cultural de Caracas, une ancienne ferme à tabac reconvertie en lieu d’expositions.”C’est émouvant (d’exposer de nouveau au Venezuela). (…) Je me sens très satisfait de cette confirmation que cela valait la peine de faire ce que je suis en train de faire au Venezuela”, dit à l’AFP celui dont une création trône notamment dans la Cour carrée du Louvre.Il est l’héritier du mouvement cinétique vénézuélien de Carlos Cruz-Diez, Jesus Soto ou Juvenal Ravelo, tous passés par la France avant lui. Mais, il est aussi le petit-fils de Gertrud Louise Goldschmidt “Gego”, célèbre pour ses sculptures de fils métalliques. “Je l’ai d’abord connue en tant que grand-mère plutôt qu’en tant qu’artiste (…) Lorsque nous allions lui rendre visite, nous étions en contact avec tout son processus. C’est une référence importante pour moi en tant qu’artiste. Pas tant l’esthétique ou la technique, bien que j’aie aussi appris des choses d’elle que j’utilise ou que je me suis approprié (…) mais dans l’activité d’un artiste”, explique-t-il.- Programmateur -La genèse artistique d’Elias Crespin remonte à “ses 13 ou 14 ans” et les premiers ordinateurs à domicile.”Mon père a ramené à la maison un Apple II. J’ai commencé à exécuter les exemples du manuel de programmation (…) C’est ainsi que mes premiers programmes ont vu le jour. Ceux qui figuraient parmi les exemples étaient en grande majorité des programmes graphiques où l’on voyait alors des points sur l’écran et où l’on changeait les couleurs”, se souvient-il.”Je traçais des lignes dont les couleurs changeaient. Elles pouvaient également changer d’inclinaison. Et ainsi, tu traçais une ligne d’une certaine couleur, puis tu la supprimais et tu la dessinais légèrement déplacée, tu la supprimais à nouveau et tu la dessinais encore un peu plus déplacée… C’est de cette manière qu’à l’écran de l’ordinateur, on représentait un mouvement. Comme le cinéma avec des images statiques “, ajoute-t-il.”C’est ainsi que mes Å“uvres bougent, car au fond, je continue de faire ma version des exemples des premiers programmes que j’ai réalisés lorsque j’ai appris à programmer”, analyse-t-il.Aujourd’hui, les Å“uvres de Crespin – accrochées à d’invisibles fils de nylon – bougent grâce à de petits moteurs et aux programmes informatiques réalisés par l’artiste, qui a en quelque sorte… ajouté du mouvement au cinétisme vénézuélien!L’idée date de 2000, raconte-il, quand “j’ai vu le Cube (suspendu) de Soto (…) j’ai eu une première idée de créer une Å“uvre qui puisse avoir du mouvement. J’ai eu l’idée que ces mouvements dans la mémoire de l’ordinateur pourraient se connecter avec ce cube, un espace tridimensionnel, et permettre à quelque chose comme ce cube de bouger”, se souvient-il.Deux ans plus tard lors du “paro petrolero” (grève générale de décembre 2002 à février 2003), il met son inactivité à profit pour créer son premier prototype avec des petits moteurs d’imprimante et de lecteur de disquette.Le conservateur Rolando Carmona est enthousiaste et intègre l’Å“uvre dans une première exposition baptisée “Apesanteur”. Le programmateur-bricoleur Elias Crespin vient de se transformer en artiste. Il poursuit sur sa lancée rachetant des stocks de petits moteurs à des recycleurs de matériel informatique pour réaliser d’autres Å“uvres. Rapidement, il est demandé à l’étranger et notamment en France où il s’installe pour poursuivre son processus de création. “Tout le mécanisme, tout l’effort derrière le placement des moteurs, le vissage, les mathématiques, le logiciel, la réduction de la taille des mécanismes… Tout cela est une technique nécessaire pour que l’Å“uvre fonctionne, mais ce n’est pas l’Å“uvre en soi”, souligne-t-il comme un sculpteur utilisant un burin et un marteau. “L’Å“uvre, c’est la danse de l’objet”.

De Johnny à Verdi: le stade de Metz passe à l’opéra

Quelques jours après l’euphorie de la remontée en Ligue 1 du FC Metz, le stade de la cité mosellane a “enchanté” 8.000 spectateurs avec la représentation de l’opéra “Aïda” de Verdi, sur une gigantesque scène à ciel ouvert.Exit, pour une soirée, passes décisives et pénaltys sur la pelouse du FC Metz: les spectateurs de la tribune sud, entièrement refaite il y a cinq ans, se sont retrouvés plongés vendredi dans l’Egypte antique pendant trois heures.Ce lieu, “tout à fait hétéroclite, qui ne reçoit pas d’habitude d’opéra” mais qui a toutefois un air “d’amphithéâtre romain”, permet de toucher un public différent, plus large que celui qui fréquente habituellement l’opéra, relève auprès de l’AFP Paul-Émile Fourny, directeur de l’Opéra-théâtre de l’Eurométropole de Metz et metteur en scène d’Aïda. “C’est pour nous indispensable, et même galvanisant”, poursuit-il, estimant qu’allier “sport et culture est peut-être aussi une bonne mission d’avenir”.Il faudrait une dizaine de représentations à l’Opéra-théâtre pour réunir autant de spectateurs.Sur une scène montée de toutes pièces, avec des décors imposants, et les paroles du célèbre opéra défilant en français à l’écran, solistes, comédiens et figurants narrent l’histoire d’un général égyptien qui dédaigne l’amour de la fille du roi, Amneris, en faveur d’Aïda, une jeune esclave qui est également la fille du roi d’Ethiopie, ennemi mortel de l’Égypte. “Aïda” est un opéra “extrêmement intéressant parce que très initiatique”, se réjouit un figurant, Vladimir Hugot, confiant en l’intérêt du public dans ce lieu “populaire”, comme l’opéra a été un art populaire par le passé.- “Emotion” -“Aïda”, de Giuseppe Verdi (1813-1901), joué pour la toute première fois le 24 décembre 1871, a été l’un des premiers opéras à être présenté en plein air.”C’est magnifique” de se produire dans un stade, s’enthousiasme Emanuela Pascu, la soliste interprétant le rôle d’Amneris. Les artistes lyriques sont “tous, bien sûr, habitués à chanter dans un théâtre où, même si la scène est grande, même si la capacité du public est grande, on ne peut pas comparer avec l’émotion et la capacité d’un stade”.Ressentant une sensation de “grandeur” au stade Saint-Symphorien, le comédien Wadih Cormier, figurant dans cette représentation, espérait avant le spectacle que le public “ressemble davantage à un public de foot qu’à un public d’opéra. Parce qu’un public de foot, c’est quand même plus vivant, c’est quand même plus dynamique”.La représentation, qui a mobilisé 440 personnes, dont 200 sur scène, est une co-création entre l’Opéra-théâtre et le FC Metz Stadium, la société qui exploite le stade 365 jours par an, mais pas que pour des matchs.”Le dernier gros concert (ici) était celui de Johnny Hallyday en 2009″, rappelle Margot Schmidt, chargée de projet.- Calendrier serré -Véritable défi technique, l’installation de la scène de 60 mètres sur 25 a nécessité des travaux, tout en respectant le calendrier sportif.”Il faut scalper la pelouse, en enlever une première couche pour venir poser des plaques de protection, puis poser la scène” sans abîmer le terrain, explique Mme Schmidt. Après la représentation, il faudra “presque sept semaines pour que le nouveau gazon puisse pousser et accueillir de nouveau, mi-août, le championnat de football”.Les répétitions générales, mercredi et jeudi, n’ont pas pu se tenir dans les conditions du jour J, pour cause de trombes d’eau. “Il faut faire un petit plus attention parce qu’il fait un peu plus froid” que dans une salle classique, reconnaît Emanuela Pascu, qui doit veiller au mal de gorge. L’opéra-théâtre de Metz, inauguré en 1752, ferme ses portes pour travaux pendant deux ans et demi, donnant ses représentations dans des endroits plus ou moins inhabituels. De grands spectacles comme celui-ci sont “vraiment, pour nous, une manière de montrer notre savoir-faire”, se réjouit M. Fourny.