A 18 mois de l’élection, Mélenchon a “enclenché le mode présidentielle”

Il y a comme un parfum d’élection présidentielle dans l’air pour Jean-Luc Mélenchon. A moins de 18 mois de l’échéance de 2027, le leader de La France insoumise se prépare plus que jamais pour une quatrième candidature. En une semaine, la figure de proue de LFI a enchaîné deux déplacements publics: dans un marché populaire de banlieue parisienne et au salon du Made in France.   L’occasion de montrer sa popularité dans les quartiers populaires, le coeur de cible des Insoumis, et de tenter de s’attirer les faveurs du petit patronat.Le tout, en s’efforçant de paraître souriant et affable devant les caméras et en se prêtant même au jeu des selfies. “Il a enclenché le mode présidentielle, c’est sûr. Il maîtrise sa parole, il choisit les moments où il s’exprime”, reconnaît un cadre du mouvement.Clémence Guetté, Manon Aubry, Aurélie Trouvé… A chacun de ces déplacements, Jean-Luc Mélenchon était entouré d’élus insoumis, même si c’est surtout lui qui a pris la parole. “Tout ce que fait Jean-Luc, c’est avec une équipe. Il se préserve, il veille à ce qu’on soit présents avec lui, qu’on aille dans les médias… On réfléchit à plusieurs, plus qu’avant”, ajoute le cadre LFI.Un proche du tribun évoque la nécessité de faire de “belles images”, alors que ce dernier a l’habitude de s’exprimer régulièrement, mais derrière un pupitre, à l’occasion de meetings ou de conférences.”Il ne faut pas laisser Marine Le Pen toute seule en dehors du marigot des tambouilles”, appuie auprès de l’AFP le coordinateur du mouvement Manuel Bompard. La patronne du RN s’était rendue il y a quelques semaines à une foire agricole, alors que l’examen du budget débutait dans l’hémicycle de l’Assemblée. L’occasion d’images largement reprises sur les chaînes d’information.- “Un casse pipe” -La France insoumise, qui ne s’est toujours pas remise des 420.000 voix qui séparaient son champion du second tour en 2022, a déjà annoncé qu’elle présenterait son propre candidat pour la prochaine présidentielle.Devant la presse, les Insoumis ne cessent de répéter, mécaniquement, que leur candidat sera désigné “en temps venu”. Mais que si une élection devait avoir lieu “demain”, leur fondateur serait le plus légitime. Surtout depuis que François Ruffin, qui aspire aussi à un destin national, a été mis à la porte du mouvement l’année dernière. Car la génération de dirigeants insoumis qui a émergé – Manuel Bompard, Clémence Guetté, Mathilde Panot – apparaît pour l’instant trop verte pour prétendre concourir à l’élection suprême de la Ve République.  “Aucun d’entre nous ne veut aller à une présidentielle. C’est un casse-pipe”, avoue le cadre LFI déjà cité. Qui ajoute: “après, il est inquiet de son âge”.C’est un élément majeur de l’équation: Jean-Luc Mélenchon, qui avait déjà laissé entendre que la campagne de 2022 serait sa dernière, aura 75 ans lors de la prochaine présidentielle.L’intéressé reconnaît d’ailleurs que les campagnes sont des moments “terrifiants” et “épuisants”.- “Papy rassembleur” -Il devra surtout faire face à son impopularité, alors que les polémiques à répétition suivent LFI, notamment depuis les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre 2023 et les accusations d’antisémitisme ou de clientélisme.Si dans les grandes villes et les banlieues la stratégie de la “conflictualité” et le discours radical portent plutôt bien leurs fruits, tous les sondages donnent le patriarche insoumis largement perdant au second tour de la présidentielle face au Rassemblement national. “Notre image nous précède. Moi j’ai une image de brute”, a déjà admis en privé le tribun, connu certes pour ses envolées lyriques et son instinct politique, mais aussi pour ses coups de sang. Ses troupes pensent que l’ancien député de Marseille sera capable d’arrondir les angles, de prendre de la hauteur et de se montrer plus consensuel lors d’une hypothétique campagne d’entre deux tours.  “A chaque présidentielle, dans la dernière ligne droite, il fait le papy rassembleur, il parle de l’espace, de l’océan…”, résume un fin connaisseur du système insoumis.  “Je ne considère pas qu’il s’est cramé”, note de son côté un dirigeant d’un parti de gauche qui a bien connu l’ancien sénateur socialiste. “C’est quand même le plus malin de la bande”, ajoute-t-il.

Abdeslam envisage une démarche de justice restaurative avec des victimes du 13-Novembre, selon son avocate

Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité incompressible pour les attentats du 13 novembre 2015, aimerait “ouvrir une porte aux parties civiles” dans une démarche de “justice restaurative”, a fait savoir mardi son avocate.”On a une personne qui essaie d’accéder à l’éducation, une personne qui par ailleurs a présenté des excuses aux parties civiles lors de son procès, (…) qui aimerait pouvoir expliquer la situation et peut-être discuter, ouvrir une porte aux parties civiles, si toutefois celles-ci le souhaitent, pour pouvoir évoquer la détention et évoquer ce procès-là”, a déclaré Me Olivia Ronen sur franceinfo.”Ça a été exprimé et c’est une demande qui a aussi été faite par certaines parties civiles de pouvoir entrer en contact avec lui”, a-t-elle assuré.”C’est vraiment des principes de justice restaurative où les personnes mises en cause et les personnes qui ont été victimes des infractions arrivent à dépasser quelque chose pour essayer de viser – je sais qu’on en est encore loin – mais viser un apaisement social”, a encore expliqué l’avocate.Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l’association Life for Paris, a répondu sur X à Me Ronen que “plusieurs victimes des attentats” s’intéressaient à la justice restaurative, “ce qui pourrait aboutir comme en Espagne ou en Italie à des rencontres en prison avec votre client”.La justice restaurative, qui émerge depuis une dizaine d’années en France, ne se substitue pas à la justice pénale. Les rencontres entre auteurs et victimes d’une même infraction, mais pas de la même affaire, constituent la mesure la plus connue. D’autres dispositifs existent, comme la médiation restaurative, qui associe victime et auteur de la même affaire.Le seul membre vivant des commandos meurtriers du 13 novembre 2015, incarcéré à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), a été placé la semaine dernière deux fois en garde à vue puis relâché et réintégré en détention, dans une enquête sur la détention d’une clé USB chargée selon le parquet national antiterroriste (Pnat) de documents ayant “trait à la propagande officielle d’organisations terroristes, État islamique ou Al-Qaïda”. Le Pnat a requis sa “mise en examen ultérieure”.Cette clé lui a été fournie lors d’une visite au parloir par une ex-compagne, Maëva B., qui a elle été doublement mise en examen et incarcérée. Elle est aussi soupçonnée d’être impliquée dans un projet d’attentat déjoué.Lundi, la directrice générale de la sécurité intérieure Céline Berthon a affirmé que Salah Abdeslam, toujours “radicalisé”, “n’était pas mis en cause” dans ce projet d’attentat.La France va commémorer jeudi, au cours d’une journée d’hommage aux victimes, les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, qui ont fait 132 morts – dont deux suicides de rescapés du Bataclan emportés par de profondes blessures psychiques.

Abdeslam envisage une démarche de justice restaurative avec des victimes du 13-Novembre, selon son avocate

Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité incompressible pour les attentats du 13 novembre 2015, aimerait “ouvrir une porte aux parties civiles” dans une démarche de “justice restaurative”, a fait savoir mardi son avocate.”On a une personne qui essaie d’accéder à l’éducation, une personne qui par ailleurs a présenté des excuses aux parties civiles lors de son procès, (…) qui aimerait pouvoir expliquer la situation et peut-être discuter, ouvrir une porte aux parties civiles, si toutefois celles-ci le souhaitent, pour pouvoir évoquer la détention et évoquer ce procès-là”, a déclaré Me Olivia Ronen sur franceinfo.”Ça a été exprimé et c’est une demande qui a aussi été faite par certaines parties civiles de pouvoir entrer en contact avec lui”, a-t-elle assuré.”C’est vraiment des principes de justice restaurative où les personnes mises en cause et les personnes qui ont été victimes des infractions arrivent à dépasser quelque chose pour essayer de viser – je sais qu’on en est encore loin – mais viser un apaisement social”, a encore expliqué l’avocate.Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l’association Life for Paris, a répondu sur X à Me Ronen que “plusieurs victimes des attentats” s’intéressaient à la justice restaurative, “ce qui pourrait aboutir comme en Espagne ou en Italie à des rencontres en prison avec votre client”.La justice restaurative, qui émerge depuis une dizaine d’années en France, ne se substitue pas à la justice pénale. Les rencontres entre auteurs et victimes d’une même infraction, mais pas de la même affaire, constituent la mesure la plus connue. D’autres dispositifs existent, comme la médiation restaurative, qui associe victime et auteur de la même affaire.Le seul membre vivant des commandos meurtriers du 13 novembre 2015, incarcéré à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), a été placé la semaine dernière deux fois en garde à vue puis relâché et réintégré en détention, dans une enquête sur la détention d’une clé USB chargée selon le parquet national antiterroriste (Pnat) de documents ayant “trait à la propagande officielle d’organisations terroristes, État islamique ou Al-Qaïda”. Le Pnat a requis sa “mise en examen ultérieure”.Cette clé lui a été fournie lors d’une visite au parloir par une ex-compagne, Maëva B., qui a elle été doublement mise en examen et incarcérée. Elle est aussi soupçonnée d’être impliquée dans un projet d’attentat déjoué.Lundi, la directrice générale de la sécurité intérieure Céline Berthon a affirmé que Salah Abdeslam, toujours “radicalisé”, “n’était pas mis en cause” dans ce projet d’attentat.La France va commémorer jeudi, au cours d’une journée d’hommage aux victimes, les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, qui ont fait 132 morts – dont deux suicides de rescapés du Bataclan emportés par de profondes blessures psychiques.

L’injection de requêtes, nouvelle arme des pirates pour contrôler votre IA

L’utilisation désormais massive des assistants d’intelligence artificielle (IA) a créé un point d’entrée pour les pirates informatiques qui, par divers subterfuges, peuvent donner leurs propres instructions à votre chatbot pour voler vos données, les effacer ou les modifier.Meta qualifie cette nouvelle menace, baptisée injection de requête, de “vulnérabilité”, quand le responsable de la sécurité informatique d’OpenAI, Dane Stuckey, y voit “un problème de sécurité non résolu”.Le concept existe depuis trois ans, soit avant même le lancement de ChatGPT, mais son champ était initialement limité car les assistants IA ne pouvaient que produire du contenu -code informatique, texte ou image- qui devait ensuite être revu et intégré par un utilisateur humain.Mais l’arrivée des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, a offert aux pirates un bras armé à l’intérieur du système informatique d’un individu ou d’une entreprise, sorte de Cheval de Troie ultime.L’intégration de ces agents dans la nouvelle génération des navigateurs internet expose leurs utilisateurs à un océan de données en ligne de qualité et d’origine incertaines.Un pirate peut cacher des instructions dans une page internet, un courriel, une image ou un document, notamment en les rendant invisibles à l’oeil humain, voire même dans un faux lien vers un site, comme l’a relevé récemment le spécialiste NeuralTrust.L’agent lit ce contenu et exécute alors l’ordre qui lui est donné, à l’insu de l’internaute.L’agent IA ayant un accès étendu aux données de l’utilisateur, il peut en extraire une partie pour le pirate, les modifier ou les effacer, mais aussi orienter à son gré le fonctionnement d’un site ou du modèle d’IA lui-même.”Pour la première fois depuis des décennies, nous voyons de nouveaux vecteurs d’attaques qui peuvent venir de n’importe où”, a observé le nouveau venu de la recherche en ligne, Perplexity. D’autant, souligne-t-il, que l’IA générative et l’utilisation du langage courant ne circonscrivent plus le spectre “aux acteurs malveillants dotés de compétences techniques élevées”.- “Délicat équilibre” -Pour Eli Smadja, manager au sein du spécialiste israélien de cybesécurité Check Point, l’injection de requête “est le problème de sécurité numéro un pour les grands modèles de langage (LLM)”, programmes informatiques qui donnent vie aux assistants et agents IA.Tous les grands acteurs de l’IA générative grand public ont pris des mesures et publié chacun des recommandations pour se protéger contre ces assauts ou les déjouer.Microsoft a intégré un détecteur d’ordres malveillants, qui se détermine notamment en fonction de l’endroit ou se trouve l’instruction. Quant à OpenAI, il alerte l’utilisateur lorsque l’agent IA se rend sur un site sensible et ne laisse l’opération se poursuivre que si l’internaute l’observe directement en temps réel.D’autres suggèrent de demander une validation explicite à l’usager avant d’effectuer une tâche importante.”Mais le gros défi, c’est que les attaques se perfectionnent”, constate Johann Rehberger, chercheur en cybersécurité connu sous le pseudonyme wunderwuzzi. “Il y a certaines menaces que l’on n’a même pas encore identifiées.”Eli Smadja met en garde contre la “grosse erreur qui consiste à donner au même agent le contrôle sur tout. Il peut fouiller dans vos courriels, aller sur internet ou agir dans votre système.”Reste à trouver “le délicat équilibre”, selon Johann Rehberger, entre sécurité et facilité d’utilisation, “car les gens veulent aussi simplement que l’IA fasse des choses à leur place”, sans avoir à la surveiller en permanence.Pour Marti Jorda Roca, ingénieur chez l’espagnole NeuralTrust, la prise en compte de ces risques doit se faire à tous les niveaux.”Les gens doivent comprendre que l’utilisation de l’IA présente des dangers spécifiques de sécurité”, avance-t-il. Quant aux entreprises, “elles doivent installer des garde-fous (…) pour encadrer ces risques.”Pour l’ingénieur, cela pourrait retarder l’adoption des agents IA, notamment dans les entreprises sensibles comme les banques.Selon Johann Rehberger, l’intelligence artificielle n’est, de toute façon, pas encore assez mûre.”On n’en est pas encore à pouvoir laisser un agent IA partir en mission pendant une longue période”, dit-il. “Il finit par dérailler.”

Plus de risques et moins de solutions: l’angoisse des betteraviers français

Un océan de feuilles vertes et soudain, des taches ocre: la jaunisse de la betterave sucrière est arrivée dans les champs de Jean-Philippe Garnot, en Seine-et-Marne, où les planteurs attendent désespérément des solutions contre ce virus capable d’anéantir leur production.Début novembre, la campagne d’arrachage du tubercule blanc bat son plein en France, premier producteur européen de sucre. Les conditions météorologiques sont idéales et, au niveau national, les rendements s’annoncent meilleurs que l’an dernier, avec une production attendue à 34,2 millions de tonnes (+5%) en dépit d’une légère diminution des surfaces, selon les estimations du ministère de l’Agriculture.Mais sur la parcelle du céréalier, les stigmates d’une attaque de pucerons vecteurs de la jaunisse sont là: des feuilles piquetées, jaunies, qui entravent la photosynthèse.Jean-Philippe Garnot, qui cultive plus de 40 hectares de betteraves, redoute le verdict: “Là on voit des feuilles vertes qui ont repoussé. Le problème c’est que la betterave pompe de l’énergie pour refaire des feuilles au lieu de grossir et de faire du sucre”, explique-t-il à la presse, conviée par la Confédération nationale des betteraviers (CGB, association spécialisée du syndicat FNSEA).- “Impasse” -Le céréalier sort de terre une belle betterave – un kilogramme au jugé – et une autre plus chétive, aux feuilles rabougries. Il estime que 4 à 6% de ses betteraves sont touchées cette année.”On est loin de 2020″ quand le virus avait réduit la récolte de 30% au niveau national et de plus de 70% dans cette zone. Mais, “les 3-4 tonnes qui manquent par hectare, c’est une grosse partie de mon revenu”.Cette année, “on va avoir des résultats très hétérogènes: une très belle production dans certaines zones, comme le Nord, mais en Ile-de-France et en Champagne, c’est variable. Certains vont avoir de grosses pertes”, prédit Cyrille Milard, président de la CGB Ile-de-France.Dans le sud du département, certains “font 50 tonnes par hectare (contre 86t/ha attendues en moyenne nationale). Autour de moi, au moins six agriculteurs vont arrêter la betterave l’an prochain”, dit-il.La CGB s’inquiète pour la pérennité de la culture. Six sucreries ont fermé ces dix dernières années en France.Les agriculteurs se sentent démunis: “La betterave, c’était ce qui nous permettait de nous en sortir ces dernières années, parce que les prix du blé et de la pomme de terre ont chuté. On ne sait plus à quoi se raccrocher”, souffle Jean-Philippe Garnot.Pour la CGB, la situation d'”impasse” dans laquelle se trouvent les planteurs a commencé en 2018, avec l’interdiction effective des néonicotinoïdes, des pesticides puissants et nocifs pour les pollinisateurs.Après la récolte catastrophique de 2020 a été lancé un plan national de recherche pour lutter contre le puceron. Mais malgré des avancées, il faudra sans doute “encore cinq ans” pour développer des variétés plus robustes avec un bon rendement, explique Fabienne Maupas, directrice du département scientifique de l’Institut technique de la betterave (ITB).Sur le terrain, la lutte s’organise donc surtout pour empêcher l’arrivée du puceron. Certaines pratiques sont encouragées dans un récent rapport de l’institut de recherche Inrae: l’introduction de plantes compagnes comme l’orge ou l’avoine, le développement de produits répulsifs de biocontrôle et, surtout, la prévention pour éviter de maintenir de potentiels réservoirs pour le puceron, notamment en détruisant les résidus des récoltes précédentes.- “Combiner les solutions” -Dans ses champs, Jean-Philippe Granot estime avoir “appliqué les consignes” mais, certaines années, “la pression (virale) est trop forte”.L’ITB décrit une course contre la montre: seul 1% des pucerons arrivant sur un champ sont infectés mais ils se multiplient à une vitesse exceptionnelle.”Aujourd’hui le seul produit homologué est le Teppeki (flonicamide), pour une seule application (…) C’était efficace à plus de 70%, utilisé en association avec le Movento (spirotétramate), mais cette substance active vient d’être retirée du marché”, rappelle Fabienne Maupas.Et avec le temps, “le puceron devient résistant et le Teppeki ne va pas durer longtemps”, prévient-elle.S’estimant pris à la gorge, les planteurs réclament la réintroduction de l’acétamipride, un insecticide néonicotinoïde, interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe.Dans son rapport, l’Inrae, qui appelle surtout à combiner les solutions, ne se prononce pas sur cette demande de la filière, dont il reconnaît “l’inquiétude”.Pour Jean-Philippe Garnot, “c’est quand même la première fois qu’on reconnaît qu’on est dans une impasse”.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Plus de risques et moins de solutions: l’angoisse des betteraviers français

Un océan de feuilles vertes et soudain, des taches ocre: la jaunisse de la betterave sucrière est arrivée dans les champs de Jean-Philippe Garnot, en Seine-et-Marne, où les planteurs attendent désespérément des solutions contre ce virus capable d’anéantir leur production.Début novembre, la campagne d’arrachage du tubercule blanc bat son plein en France, premier producteur européen de sucre. Les conditions météorologiques sont idéales et, au niveau national, les rendements s’annoncent meilleurs que l’an dernier, avec une production attendue à 34,2 millions de tonnes (+5%) en dépit d’une légère diminution des surfaces, selon les estimations du ministère de l’Agriculture.Mais sur la parcelle du céréalier, les stigmates d’une attaque de pucerons vecteurs de la jaunisse sont là: des feuilles piquetées, jaunies, qui entravent la photosynthèse.Jean-Philippe Garnot, qui cultive plus de 40 hectares de betteraves, redoute le verdict: “Là on voit des feuilles vertes qui ont repoussé. Le problème c’est que la betterave pompe de l’énergie pour refaire des feuilles au lieu de grossir et de faire du sucre”, explique-t-il à la presse, conviée par la Confédération nationale des betteraviers (CGB, association spécialisée du syndicat FNSEA).- “Impasse” -Le céréalier sort de terre une belle betterave – un kilogramme au jugé – et une autre plus chétive, aux feuilles rabougries. Il estime que 4 à 6% de ses betteraves sont touchées cette année.”On est loin de 2020″ quand le virus avait réduit la récolte de 30% au niveau national et de plus de 70% dans cette zone. Mais, “les 3-4 tonnes qui manquent par hectare, c’est une grosse partie de mon revenu”.Cette année, “on va avoir des résultats très hétérogènes: une très belle production dans certaines zones, comme le Nord, mais en Ile-de-France et en Champagne, c’est variable. Certains vont avoir de grosses pertes”, prédit Cyrille Milard, président de la CGB Ile-de-France.Dans le sud du département, certains “font 50 tonnes par hectare (contre 86t/ha attendues en moyenne nationale). Autour de moi, au moins six agriculteurs vont arrêter la betterave l’an prochain”, dit-il.La CGB s’inquiète pour la pérennité de la culture. Six sucreries ont fermé ces dix dernières années en France.Les agriculteurs se sentent démunis: “La betterave, c’était ce qui nous permettait de nous en sortir ces dernières années, parce que les prix du blé et de la pomme de terre ont chuté. On ne sait plus à quoi se raccrocher”, souffle Jean-Philippe Garnot.Pour la CGB, la situation d'”impasse” dans laquelle se trouvent les planteurs a commencé en 2018, avec l’interdiction effective des néonicotinoïdes, des pesticides puissants et nocifs pour les pollinisateurs.Après la récolte catastrophique de 2020 a été lancé un plan national de recherche pour lutter contre le puceron. Mais malgré des avancées, il faudra sans doute “encore cinq ans” pour développer des variétés plus robustes avec un bon rendement, explique Fabienne Maupas, directrice du département scientifique de l’Institut technique de la betterave (ITB).Sur le terrain, la lutte s’organise donc surtout pour empêcher l’arrivée du puceron. Certaines pratiques sont encouragées dans un récent rapport de l’institut de recherche Inrae: l’introduction de plantes compagnes comme l’orge ou l’avoine, le développement de produits répulsifs de biocontrôle et, surtout, la prévention pour éviter de maintenir de potentiels réservoirs pour le puceron, notamment en détruisant les résidus des récoltes précédentes.- “Combiner les solutions” -Dans ses champs, Jean-Philippe Granot estime avoir “appliqué les consignes” mais, certaines années, “la pression (virale) est trop forte”.L’ITB décrit une course contre la montre: seul 1% des pucerons arrivant sur un champ sont infectés mais ils se multiplient à une vitesse exceptionnelle.”Aujourd’hui le seul produit homologué est le Teppeki (flonicamide), pour une seule application (…) C’était efficace à plus de 70%, utilisé en association avec le Movento (spirotétramate), mais cette substance active vient d’être retirée du marché”, rappelle Fabienne Maupas.Et avec le temps, “le puceron devient résistant et le Teppeki ne va pas durer longtemps”, prévient-elle.S’estimant pris à la gorge, les planteurs réclament la réintroduction de l’acétamipride, un insecticide néonicotinoïde, interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe.Dans son rapport, l’Inrae, qui appelle surtout à combiner les solutions, ne se prononce pas sur cette demande de la filière, dont il reconnaît “l’inquiétude”.Pour Jean-Philippe Garnot, “c’est quand même la première fois qu’on reconnaît qu’on est dans une impasse”.

En marge de la COP30, une favela de Belem étouffe

Devant l’entrée de sa maison délabrée, une petite fille se rafraîchit avec sa mère dans une grande bassine remplie d’eau. La chaleur humide est étouffante dans cette favela de Belem, ville d’Amazonie brésilienne qui accueille la COP30.Non loin de là, Rosineide Santos, manucure de 56 ans, estime que “le climat a beaucoup changé” depuis son arrivée il y a une vingtaine d’années à Vila da Barca, quartier pauvre bâti sur des pilotis qui surmontent une eau saumâtre et charriant des monceaux d’ordures. “Il fait une chaleur intense dès neuf heures du matin”, se plaint-elle.Le réchauffement climatique touche de plein fouet Vila da Barca, où vivent environ 7.000 personnes.Cette favela est située non loin du centre-ville, juste à côté d’un quartier chic, et à quelques kilomètres du lieu où se déroule depuis lundi la conférence de l’ONU sur le climat, à Belem, capitale de l’Etat septentrional du Para.Si la préservation de la forêt amazonienne toute proche est un sujet phare de la COP30, “personne ne parle de protéger ceux d’entre nous qui vivent dans l’Amazonie urbaine”, dit à l’AFP Gerson Bruno, président de l’association des résidents de Vila da Barca.”Personne ne discute de la façon dont la crise climatique affecte nos territoires les plus vulnérables”, s’indigne ce jeune homme de 35 ans.Bien que la plus grande forêt tropicale de la planète soit le symbole de l’Amazonie brésilienne, plus de 75% de ses 27 millions d’habitants vivent dans des zones urbaines, selon les données officielles.A Belem, plus de la moitié de la population vit dans des favelas.- Eau courante et égouts -Dans ces quartiers densément peuplés et souvent dépourvus des infrastructures les plus basiques, l’impact de la crise climatique est accentué, notamment par les problèmes de traitement des eaux.À Vila da Barca, malgré des “débuts problématiques”, selon Gerson Bruno, les habitants ont pu obtenir la réalisation de travaux en ce sens à la faveur de la COP.En majorité noirs et métis, les résidents ont d’abord protesté quand ils ont constaté qu’une station d’épuration serait construite à l’intérieur de leur favela, mais pour profiter uniquement au quartier cossu adjacent.Cette mobilisation, qui a attiré l’attention des médias locaux après son écho sur les réseaux sociaux, a permis que les autorités débutent enfin des travaux d’installation du tout-à-l’égout à Vila da Barca, tout en améliorant la distribution d’eau courante.Quelques mois avant la COP, des familles devaient encore acheter des bidons pour se laver.- “Terre ferme” -La température maximale de Belem a augmenté en moyenne de 1,96ºC de 1970 à 2023. De quoi augmenter “la vulnérabilité aux vagues de chaleur et les problèmes de santé associés, ainsi que la pression sur les infrastructures”, selon une récente étude scientifique du Centre universitaire de l’Etat du Para.Belem est également l’une des métropoles les moins arborées du Brésil. Un paradoxe criant alors qu’elle est cernée par l’énorme forêt amazonienne. Le gouverneur du Para, Helder Barbalho, le reconnaît auprès de l’AFP: “L’Amazonie urbaine est un défi très important, il faut davantage d’investissements pour équilibrer les solutions pour la forêt et pour les villes.”Devant sa maison à Vila da Barca, sur une passerelle en bois branlante, Elizabeth Campos Serra, retraitée de 67 ans, sait ce qu’elle réclamerait au président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva si elle pouvait le rencontrer. “Je dirais à Lula de nous sortir d’ici, j’aimerais vivre sur la terre ferme.”

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En marge de la COP30, une favela de Belem étouffe

Devant l’entrée de sa maison délabrée, une petite fille se rafraîchit avec sa mère dans une grande bassine remplie d’eau. La chaleur humide est étouffante dans cette favela de Belem, ville d’Amazonie brésilienne qui accueille la COP30.Non loin de là, Rosineide Santos, manucure de 56 ans, estime que “le climat a beaucoup changé” depuis son arrivée il y a une vingtaine d’années à Vila da Barca, quartier pauvre bâti sur des pilotis qui surmontent une eau saumâtre et charriant des monceaux d’ordures. “Il fait une chaleur intense dès neuf heures du matin”, se plaint-elle.Le réchauffement climatique touche de plein fouet Vila da Barca, où vivent environ 7.000 personnes.Cette favela est située non loin du centre-ville, juste à côté d’un quartier chic, et à quelques kilomètres du lieu où se déroule depuis lundi la conférence de l’ONU sur le climat, à Belem, capitale de l’Etat septentrional du Para.Si la préservation de la forêt amazonienne toute proche est un sujet phare de la COP30, “personne ne parle de protéger ceux d’entre nous qui vivent dans l’Amazonie urbaine”, dit à l’AFP Gerson Bruno, président de l’association des résidents de Vila da Barca.”Personne ne discute de la façon dont la crise climatique affecte nos territoires les plus vulnérables”, s’indigne ce jeune homme de 35 ans.Bien que la plus grande forêt tropicale de la planète soit le symbole de l’Amazonie brésilienne, plus de 75% de ses 27 millions d’habitants vivent dans des zones urbaines, selon les données officielles.A Belem, plus de la moitié de la population vit dans des favelas.- Eau courante et égouts -Dans ces quartiers densément peuplés et souvent dépourvus des infrastructures les plus basiques, l’impact de la crise climatique est accentué, notamment par les problèmes de traitement des eaux.À Vila da Barca, malgré des “débuts problématiques”, selon Gerson Bruno, les habitants ont pu obtenir la réalisation de travaux en ce sens à la faveur de la COP.En majorité noirs et métis, les résidents ont d’abord protesté quand ils ont constaté qu’une station d’épuration serait construite à l’intérieur de leur favela, mais pour profiter uniquement au quartier cossu adjacent.Cette mobilisation, qui a attiré l’attention des médias locaux après son écho sur les réseaux sociaux, a permis que les autorités débutent enfin des travaux d’installation du tout-à-l’égout à Vila da Barca, tout en améliorant la distribution d’eau courante.Quelques mois avant la COP, des familles devaient encore acheter des bidons pour se laver.- “Terre ferme” -La température maximale de Belem a augmenté en moyenne de 1,96ºC de 1970 à 2023. De quoi augmenter “la vulnérabilité aux vagues de chaleur et les problèmes de santé associés, ainsi que la pression sur les infrastructures”, selon une récente étude scientifique du Centre universitaire de l’Etat du Para.Belem est également l’une des métropoles les moins arborées du Brésil. Un paradoxe criant alors qu’elle est cernée par l’énorme forêt amazonienne. Le gouverneur du Para, Helder Barbalho, le reconnaît auprès de l’AFP: “L’Amazonie urbaine est un défi très important, il faut davantage d’investissements pour équilibrer les solutions pour la forêt et pour les villes.”Devant sa maison à Vila da Barca, sur une passerelle en bois branlante, Elizabeth Campos Serra, retraitée de 67 ans, sait ce qu’elle réclamerait au président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva si elle pouvait le rencontrer. “Je dirais à Lula de nous sortir d’ici, j’aimerais vivre sur la terre ferme.”