Pas question de toucher au fonctionnement du livret A, assure Roland Lescure

Le ministre de l’Economie et des Finances Roland Lescure a assuré mardi que le gouvernement “n’envisageait absolument pas” de toucher au fonctionnement du Livret A, que suggère de modifier le Conseil des prélèvements obligatoires, un organisme rattaché à la Cour des Comptes.”Les recommandations rendues publiques hier n’engagent que la Cour des comptes et ne constituent en aucun cas la position du Gouvernement”, assure-t-il dans un message posté sur le réseau social Bluesky.Dans un rapport présenté lundi, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) suggère de nombreuses pistes pour réformer la fiscalité du patrimoine, et notamment de modifier les plafonds des livrets d’épargne réglementée (Livret A, livret d’Epargne Populaire-LEP…), en soumettant à l’impôt ce qui dépasserait du plafond.Cela permettrait, selon le CPO, d’inciter à réorienter l’épargne populaire vers des investissements qu’il juge plus efficaces pour l’économie.”Le Gouvernement n’envisage absolument pas de toucher au fonctionnement du Livret A : ni à travers une réduction de son plafond, ni par une fiscalisation, y compris partielle”, assure M. Lescure.Pour lui, le Livret A est “un produit d’épargne populaire essentiel, qui joue un rôle déterminant dans le financement du logement social et du renouvellement urbain”, et “il constitue un outil central pour soutenir les ménages qui en ont le plus besoin”.”S’agissant des préoccupations exprimées sur le pouvoir d’achat”, M. Lescure rappelle dans son message toutes les mesures “fortes” qu’avait prise le gouvernement pour lutter contre l’inflation ces dernières années, comme le bouclier tarifaire ou les chèques énergie.Le sujet est inflammable politiquement. Le ministre bataille ainsi verbalement depuis plusieurs jours avec le RN, dont le président Jordan Bardella a appelé ses partisans à “se mobiliser” contre un projet de hausse des certificats d’économie d’énergie (CEE).Celui-ci fera monter les prix du carburant à la pompe de 4 à 6 centimes par litre en janvier, a prévenu mercredi l’Union française des industries pétrolières (Ufip). Rappelant que les CEE financent la transition écologique des moins aisés, M. Lescure a accusé M. Bardella, “de ne pas savoir de quoi il parle ou de mentir comme un arracheur de dents”, samedi sur BFMTV.”S’il veut relayer la communication (des pétroliers) il peut le faire, mais il devrait plutôt utiliser la relation qu’il a avec eux pour les convaincre de ne pas augmenter les prix” du carburant, avait-il lancé.

Le Honduras sous la pression de Trump pour déclarer le vainqueur de la présidentielle

L’autorité électorale du Honduras, mise sous pression par le président américain Donald Trump qui l’accuse d'”essayer de changer” le résultat de la présidentielle où deux candidats de droite sont au coude-à-coude, a reconnu mardi des “problèmes techniques” mais promis de respecter “scrupuleusement la volonté populaire”.Selon le dernier décompte du Conseil national électoral (CNE), l’homme d’affaires Nasry Asfura, 67 ans, qui a les faveurs de Donald Trump, ne devançait que de 515 voix son rival de droite, le présentateur de télévision Salvador Nasralla, 72 ans, après le décompte numérique de 57% des procès-verbaux.Ce faible écart constitue, compte tenu de la marge d’erreur, une “égalité technique”, a indiqué sur X la présidente du Conseil, Ana Paola Hall, demandant “de la patience” aux électeurs. Le dépouillement manuel pourrait durer plusieurs jours.”On dirait que le Honduras est en train d’essayer de changer le résultat de son élection présidentielle. S’ils le font, ils le paieront cher!”, a menacé lundi soir Donald Trump sur son réseau Truth Social, accusant le CNE d’avoir “abruptement cessé de compter” les voix, sans étayer cette affirmation.Mardi, le Conseil a reconnu dans un communiqué “des problèmes techniques” et le fait que “des paquets de procès-verbaux transmis lors de la nuit électorale sont encore en attente de traitement”. Elle “réitère son engagement à ce que la déclaration des résultats respecte scrupuleusement la volonté populaire exprimée par les citoyens”, dans le délai imparti par la Constitution d’un mois maximum après le vote.Le CNE indique mettre “en place un accès public dans un environnement contrôlé pour les médias et les partis politiques afin qu’ils puissent suivre le traitement des informations en temps réel”, estimant que “le travail des médias sera fondamental pour tenir le public informé des progrès du dépouillement”.- La gauche sanctionnée -Les deux candidats sont de leur côté restés optimistes et prudents à la fois. “Les chiffres parleront d’eux-mêmes”, a affirmé Nasry Asfura, du Parti national (PN), depuis son quartier général de campagne. “Je sais que j’ai déjà gagné. Ce matin, on m’a communiqué un chiffre qui me donne l’avantage”, a répondu Salvador Nasralla (Parti libéral – PL) aux journalistes, avant de préciser sur X ne pas se proclamer vainqueur mais ne faire “que projeter les résultats”.Dimanche, les Honduriens ont clairement sanctionné la gauche qui gouverne ce pays parmi les plus pauvres d’Amérique latine, miné par la violence des gangs, le trafic de drogue et la corruption. La candidate du parti au pouvoir, Rixi Moncada, 60 ans, est  reléguée 20 points derrière les deux leaders.Elle a dénoncé l’irruption de Donald Trump dans la campagne, déclarant que son soutien à l’ancien maire de Tegucigalpa avait “été perçu par la population comme une forme de coercition”.L’actuelle présidente Xiomara Castro est arrivée au pouvoir en 2021, plus d’une décennie après le coup d’État contre son époux, Manuel Zelaya, qui s’était rapproché du Venezuela et de Cuba.Les deux candidats en tête ont mené campagne sur la peur que le maintien de la gauche ne conduise le Honduras à devenir un autre Venezuela, pays dans une crise profonde. – Ancien président gracié -Donald Trump, interventionniste dans toute la région, n’a pas hésité à conditionner l’aide américaine à la bonne volonté des gouvernements et à ses affinités avec leurs dirigeants, comme il l’avait fait précédemment en Argentine, au soutien de Javier Milei.Il a assuré que “les États-Unis ne gaspilleraient pas leur argent” si Nasry Asfura ne gagnait pas.”Tito (Nasry Asfura) et moi pouvons travailler ensemble contre les +narco-communistes+ et apporter au peuple du Honduras l’aide dont il a besoin”, a insisté le milliardaire américain.Le dirigeant républicain a accordé la grâce de l’ancien président Juan Orlando Hernandez, qui a gouverné de 2014 à 2022 sous la bannière du PN de Nasry Asfura. Il est sorti lundi de sa prison en Virginie-Occidentale où il purgeait une peine de 45 ans de détention pour avoir aidé à expédier des centaines de tonnes de cocaïne vers les États-Unis.”Après presque quatre années de douleur, d’attente et d’épreuves difficiles, mon mari (…) est à nouveau un homme libre”, a déclaré mardi son épouse, Ana Garcia de Hernandez, sur les réseaux sociaux.Une grâce à contre-courant du déploiement militaire de Washington dans les Caraïbes, dans le cadre d’opérations antidrogue visant particulièrement le Venezuela.

Dépassée par Bardella, Le Pen réaffirme sa primauté

Surclassée par son dauphin dans les sondages, Marine Le Pen a encore martelé mardi qu’elle se présentera en 2027 “si (elle) peut être candidate”, tout en vantant la “force de (son) duo” avec Jordan Bardella, appelé à la remplacer en cas d’empêchement judiciaire.On ne change pas une équipe donnée gagnante. Jusqu’à nouvel ordre, c’est donc Marine Le Pen la titulaire et Jordan Bardella le suppléant. “Nous en avons décidé ainsi”, a affirmé la patronne du Rassemblement national sur BFMTV et RMC.Un “choix commun” pris avec son cadet, qui ne souffre aucune discussion. “Si je peux être candidate je le serai, si je ne peux pas être candidate, il le sera”, a-t-elle développé. Parole de cheffe : “Il n’y a pas de primaire chez nous, donc les choses sont extrêmement claires. La mise au point s’imposait pourtant, une semaine après un nouveau sondage fracassant pour le jeune président du parti à la flamme, donné gagnant de la prochaine présidentielle face à tous ses adversaires potentiels au second tour.De quoi semer le trouble après les sorties fatalistes de la triple candidate à l’Elysée, assurant qu’elle ne se présenterait “évidemment pas” une quatrième fois si son procès en appel début 2026 (dans l’affaire des assistants parlementaires européens) confirmait sa peine d’inéligibilité.Même pas proposée dans les intentions de vote, Mme Le Pen a d’abord feint de s’en amuser. “Ca ne me traumatise pas qu’un institut de sondage n’ait pas voulu me tester. Peut-être n’a-t-il pas assez d’argent (ou) pas assez de clients pour pouvoir tester les deux candidatures?”, a-t-elle ainsi ironisé samedi depuis son fief du Pas-de-Calais.Avant de s’offusquer mardi matin de “la manière dont les élites, une partie de la magistrature, les médias, maintenant les instituts de sondage cherchent à contourner les Français pour pouvoir imposer leurs vues (et) choisir les candidats”.Ce qui n’a pas empêché le parti de reprendre à son compte les résultats de l’enquête d’opinion, et de vanter “l’alternance (…) plébiscitée par une majorité de Français”, visuels de ses deux têtes d’affiche à l’appui.- “Main dans la main” -Les spécialistes de l’opinion sont pourtant formels: M. Bardella a pris l’ascendant sur Mme Le Pen. Il y a six mois à peine, les deux étaient “quasiment à égalité”, à présent “il la surclasse” observe Céline Bracq.Non content de culminer à 39% de “cote d’adhésion” (contre 35% pour sa mentor), l’étoile montante du RN “creuse l’écart” chez les retraités (5 points d’avance chez les 65 ans et plus), les jeunes (+6 points chez les 25-34 ans) et surtout les sympathisants LR (63% contre 50% pour Marine Le Pen), détaille la directrice générale d’Odoxa.”Il capte un peu plus de reports venus de la droite”, confirme le patron d’Elabe, Bernard Sananès, qui constate sur la base d’études “qualitatives” que même dans l’électorat d’extrême droite, le favori ressort “en avance sur quasiment tous les traits d’image, avec un décalage net à son profit”.Consciente de cette situation, Mme Le Pen cherche à en tirer profit. “Il a une cote de popularité de plus en plus forte, je m’en réjouis”, dit-elle, pour mieux mettre en avant “la force de (leur) duo” et promettre qu’ils “vont combattre ensemble”.Dans tous les cas de figure: si elle est candidate, “il sera mon Premier ministre”, sinon “je serai son premier soutien”, prévient celle que Matignon n’intéresse pas.Jordan Bardella, lui, reste dans son rôle. Celui de “préparer notre mouvement à l’exercice des responsabilités” et de “créer les conditions du rassemblement le plus large possible”, auquel “nous travaillons main dans la main avec Marine Le Pen”, a-t-il déclaré dimanche sur CNews.Message destiné autant aux électeurs qu’aux cadres. “Il y a un ticket, il est populaire dans l’opinion (…) on ne peut que s’en satisfaire”, mais “aujourd’hui c’est Marine qui est candidate”, a souligné le maire de Perpignan, Louis Aliot, mardi sur RTL.Et si leur championne devait renoncer, “nous respecterons son choix”, assure une autre cadre mariniste, certaine que Mme Le Pen “accompagnera” M. Bardella. “D’ailleurs, on le lui demandera”.

Critique contre les patrons: Sophie Binet (CGT) mise en examen pour injure publique

La leader de la CGT, Sophie Binet, a déploré mardi sur France Inter sa mise en examen pour “injure publique” après avoir qualifié en janvier à la radio les patrons de “rats qui quittent le navire” dont “le seul objectif, est l’appât du gain”.Le mouvement patronal Ethic (Entreprises de taille humaine, indépendantes et de croissance) avait annoncé en février porter plainte contre elle pour “injure publique”. La mise en examen est une procédure automatique en cas de plainte pour injure publique. Sophie Binet avait commenté, le 31 janvier sur RTL, des propos tenus quelques jours auparavant par le patron du groupe LVMH, Bernard Arnault. Le milliardaire avait estimé que le projet de surtaxe du gouvernement “poussait à la délocalisation”.Elle avait alors qualifié les grands patrons de “rats qui quittent le navire” dont “le seul objectif, est l’appât du gain”.”J’ai découvert que j’étais mise en examen suite à ces propos. J’étais extrêmement choquée parce que en disant cela, je n’ai fait que mon travail de syndicaliste, à savoir dénoncer les délocalisations et dénoncer les inégalités de répartition des richesses et le fait que les milliardaires payent toujours moins d’impôts et ne se sentent plus responsables de l’emploi en France”, a réagi mardi Sophie Binet.”Ça s’appelle une image populaire, (…) je pense que c’est important dans le débat public qu’on puisse parler sans langue de bois”, s’est-elle défendue. “Nous avons beaucoup plus de multinationales qui n’en ont rien à faire de l’emploi en France comme LVMH. C’est un handicap pour l’économie française. Les multinationales françaises traitent très mal leurs sous-traitants”, a-t-elle ajouté.Dans sa plainte, l’association Ethic, présidée par Sophie de Menthon et dont l’objet est notamment d'”assurer par tous les moyens la promotion et la défense des entreprises”, avait estimé que “l’ensemble des grands chefs d’entreprise sont ici directement pris à partie” par la syndicaliste. L’association estimait que Mme Binet porte sur les chefs d’entreprises un “jugement de valeur négatif qui entache nécessairement leur honneur et leur réputation” et considère “particulièrement injurieux” une comparaison avec des rats. “Les entrepreneurs se félicitent de (la) mise en examen” a réagi mardi l’association dans un communiqué, assurant qu’elle continuerait “à défendre les entrepreneurs injustement fustigés à chaque occasion, eux qui subissent la conjoncture économique de plein fouet et qui font vivre notre pays”.