Le comptage de l’élection présidentielle au Honduras a repris mardi après une interruption, et le candidat de droite soutenu par Donald Trump est désormais second, mais toujours au coude-à-coude avec l’autre prétendant de droite, la star de la télé Salvador Nasralla.M. Nasralla (40,14% des voix), qui se présente à la présidentielle pour la troisième fois, enregistre près de 10.000 voix d’avance sur le chef d’entreprise de la droite traditionnelle (39,69%), Nasry Asfura, après plus de 60% des procès-verbaux dépouillés. Il accusait un retard d’environ 550 voix avant l’interruption lundi matin.”Les chiffres nous donnent raison, nous allons protéger cette victoire car elle appartient au peuple et personne ne la lui enlèvera. Nous allons gagner !”, a écrit M. Nasralla, 72 ans, sur X.Cette annonce a déclenché l’euphorie au siège du Parti libéral, les partisans agitant vivement les drapeaux rouge et blanc de leur formation.Le chef de la mission d’observation de l’Union européenne, Francisco Assis, a appelé “les partis politiques à garder leur calme”.Le faible écart depuis dimanche soir entre les deux candidats en tête constitue, compte tenu de la marge d’erreur, une “égalité technique”, avait indiqué lundi sur X la présidente du Conseil national électoral (CNE), Ana Paola Hall, demandant “de la patience” aux électeurs.Mise sous pression par le président américain Donald Trump, qui l’accuse d'”essayer de changer” le résultat de la présidentielle, l’autorité électorale a reconnu mardi des “problèmes techniques” pour expliquer une longue pause lundi dans le comptage, tout en promettant de respecter “scrupuleusement la volonté populaire” dans le délai imparti par la Constitution d’un mois maximum après le vote.Le CNE a annoncé dans un communiqué mettre “en place un accès public dans un environnement contrôlé pour les médias et les partis politiques afin qu’ils puissent suivre le traitement des informations en temps réel”, estimant que “le travail des médias sera fondamental pour tenir le public informé des progrès du dépouillement”.- La gauche sanctionnée -“Je sais que j’ai déjà gagné”, avait déclaré mardi matin à la presse Salvador Nasralla, avant de préciser sur X ne pas se proclamer vainqueur mais ne faire “que projeter les résultats”.”Les chiffres parleront d’eux-mêmes”, a sobrement commenté Nasry Asfura, 67 ans, du Parti national (PN), quand il était donné légèrement en tête lundi. Dimanche, les Honduriens ont clairement sanctionné la gauche qui gouverne ce pays parmi les plus pauvres d’Amérique latine, miné par la violence des gangs, le trafic de drogue et la corruption. La candidate du parti au pouvoir, Rixi Moncada, 60 ans, est reléguée 20 points derrière ses deux adversaires de droite.Elle a dénoncé l’irruption de Donald Trump dans la campagne, déclarant que son soutien à M. Nasry, ancien maire de Tegucigalpa, avait “été perçu par la population comme une forme de coercition”.L’actuelle présidente Xiomara Castro est arrivée au pouvoir en 2021, plus d’une décennie après le coup d’État contre son époux, Manuel Zelaya, qui s’était rapproché du Venezuela et de Cuba.Les deux candidats en tête ont mené campagne sur la peur que le maintien de la gauche ne conduise le Honduras à devenir un autre Venezuela, pays dans une crise profonde. – Ancien président gracié -Donald Trump, interventionniste dans toute la région, a assuré que “les États-Unis ne gaspilleraient pas leur argent” si Nasry Asfura ne gagnait pas.Le dirigeant républicain a par ailleurs accordé sa grâce à l’ancien président Juan Orlando Hernandez, qui a gouverné de 2014 à 2022 sous la bannière du PN de Nasry Asfura. Il est sorti lundi de sa prison américaine où il purgeait une peine de 45 ans de détention pour avoir aidé à expédier des centaines de tonnes de cocaïne vers les États-Unis.”C’était une horrible chasse aux sorcières orchestrée par Biden. Beaucoup de gens au Honduras m’ont demandé de le faire. Et je l’ai fait”, s’est justifié Donald Trump mardi lors d’un échange avec la presse, citant son prédécesseur démocrate à la Maison Blanche qu’il ne manque jamais de pourfendre.Une grâce à contre-courant du déploiement militaire de Washington dans les Caraïbes et le Pacifique, dans le cadre d’opérations antidrogue visant particulièrement le Venezuela.Nicolle Zepeda, pharmacienne de 31 ans de Tegucigalpa, s’est dite “indignée” par cette décision, qui “devrait être celle d’un juge, pas de Trump”.