Affaire Kimmel : des humoristes américains dénoncent la “censure”

Les humoristes qui animent les soirées télévisées américaines ne cachaient pas leur stupéfaction et leur inquiétude, jeudi, après l’éviction brutale de leur collègue Jimmy Kimmel par la chaîne ABC, sous pression du président Donald Trump qu’il s’appliquait comme eux à combattre quotidiennement.”Ce soir, nous sommes tous Jimmy Kimmel !”: Stephen Colbert, lui même sur la sellette, a ouvert son émission “The Late Show”, sur la chaîne CBS, en dénonçant “une censure flagrante”.Critique virulent du président américain, comme son confrère privé d’antenne, Stephen Colbert s’était vu en juillet notifier la fin de la diffusion de son émission en mai 2026, officiellement pour raisons financières. Et ce, même si son audience reste au premier rang des émissions de fin de soirée. Son talk-show vient même d’être récompensé d’un Emmy Awards.De fait, les talk-shows souffrent: les dépenses publicitaires en fin de soirée sur ABC, CBS et NBC ont été quasiment réduites de moitié entre 2018 et 2024 (439 à 221 millions de dollars), selon le le New York Times, qui citait en mai la société de données publicitaires Guideline.”Avec un autocrate, on ne peut pas céder d’un pouce, et si ABC pense que (l’éviction de Kimmel) va satisfaire le régime, ils sont terriblement naïfs”, a mis en garde Stephen Colbert.Comme lui, tout le microcosme médiatique américain est secoué par l’éviction du très populaire Jimmy Kimmel, dont l’émission a été annulée mercredi juste avant la prise d’antenne. “Une grande nouvelle pour l’Amérique”, a salué le président républicain.Depuis, l’incident occupe les chaînes américaines. Le “Daily Show” de l’animateur Jon Stewart, sur Comedy Central, a débuté avec un film parodique saluant un “présentateur patriotiquement obéissant” et une émission “approuvée par le gouvernement”.”Certains esprits chagrins pourraient argumenter que les raisons avancées par le gouvernement (dans l’affaire Kimmel, ndlr) ne sont qu’un stratagème cynique pour cacher un renforcement sans précédent du pouvoir (…). Mais pas moi. Je pense que c’est fantastique”, a ironisé l’humoriste.- “S’en prendre à Trump” -Sur le chemin du retour après sa visite d’Etat au Royaume-Uni, Donald Trump a de nouveau fustigé ces talk-shows. “Ils ne font que s’en prendre à Trump”, s’est plaint le locataire de la Maison Blanche, relevant que leur autorisation de diffusion “peut leur être retirée” par Brendan Carr, patron de l’autorité de régulation des télécoms et de l’audiovisuel.Le président avait déjà émis le souhait, sur son réseau Truth Social, que NBC prive d’antenne deux autres humoristes célèbres, Jimmy Fallon et Seth Meyers, qualifiés de “minables absolus”.Dans “Tonight Show” jeudi, Jimmy Fallon a rendu hommage à Jimmy Kimmel, un homme “bien, drôle et aimant”.”Beaucoup de gens craignent que nous soyons censurés, mais je vais couvrir le voyage du président au Royaume-Uni comme je le ferais normalement”, a assuré l’humoriste tandis qu’une voix off couvrait ses propos en soulignant, narquoise, combien Trump était “incroyablement beau”.Le gouvernement “s’attaque à la liberté d’expression” dans le pays, a dénoncé de son côté Seth Meyers dans “Late Night”. Avant d’embrayer, lui aussi, sur le registre de l’ironie. “J’ai toujours admiré et respecté M. Trump” (…). Si jamais vous m’entendez dire quelque chose de négatif à son propos, c’est de l’intelligence artificielle”.Figure légendaire du paysage audiovisuel américain, des émissions de fin de soirée, David Letterman a pour sa part jugé “ridicule” l’éviction de Jimmy Kimmel.”Vous ne pouvez pas virer quelqu’un en passant, parce que vous avez peur ou essayez de faire des courbettes à une administration criminelle autoritaire dans le bureau ovale”, a lancé le doyen des animateurs.Même la très conservatrice Fox News, très favorable à Trump, choisissait l’ironie. Mais avec une bien différente signification. Après avoir traité Jimmy Kimmel de “clown”, Greg Gutfeld a assuré qu’il n’avait pas été “censuré”. Le présentateur d’ABC “peut toujours raconter des blagues, critiquer (le militant ultra-conservateur récemment assassiné) Charlie (Kirk) et mentir à propos de son meurtrier”, a-t-il affirmé. “Il doit juste trouver un autre endroit pour le faire. J’ai entendu dire que Gaza était agréable à cette période de l’année”.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

La coopération météo internationale, elle aussi chamboulée par Trump

Pertes de budgets, de données et de partage d’informations: les experts mondiaux en satellites météorologiques, réunis en congrès à Lyon, déplorent l’effet délétère pour la recherche sur le changement climatique de la politique de Donald Trump.”Nous risquons de perdre des preuves qui permettront à la prochaine génération de comprendre le changement climatique”, s’alarme le chercheur coréen Sang Seo Park, de l’institut de sciences et technologie d’Ulsan, lors d’un échange avec l’AFP. Depuis l’entrée en fonction du président républicain, certains sites internet gouvernementaux contenant des données sur la météo et le climat ont été supprimés, et ce spécialiste de l’observation de la qualité de l’air est particulièrement scandalisé par la fermeture d’une page dédiée à la surveillance de l’ozone. “Cela signifie la perte de toutes les données historiques. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres”, s’indigne le chercheur. “On souffre du manque de communication des Etats-Unis et de la diminution des données” des satellites qui nous sont transmises. Quelque 500 représentants de services météorologiques nationaux, agences spatiales et centres de recherches sont présents depuis lundi à Lyon à l’initiative de l’organisation européenne pour l’exploitation des satellites météorologiques, Eumetsat. Beaucoup partagent la confusion et l’inquiétude de M. Park.L’agence spatiale américaine NASA et l’agence chargée des prévisions météo, de l’analyse du climat et de la conservation des océans NOAA ont récemment annoncé des coupes budgétaires, dont les fonds alloués à un satellite qui mesure les concentrations de gaz à effet de serre.”Le mot climat n’est pas très bienvenu à Washington, aujourd’hui”, regrette Paul Counet, chef de la stratégie et de la communication d’Eumetsat.”Continuer à faire de la prévision météorologique va rester une priorité” aux Etats-Unis, où le gouvernement veut toujours connaître les températures et pluies attendues à court-terme, dit-il.Mais, selon lui, “pour la détection du changement climatique, on voit déjà des impacts” de la politique de Donald Trump, qui veut réduire la taille des agences gouvernementales et sabrer dans les dépenses consacrées à l’environnement.Dans “les équipes américaines, il y a une perte de compétences, une perte de personnel” et “dans les interactions, c’est plus compliqué”, constate-t-il. “On progresse moins rapidement, c’est clair.”- Réécriture -Christophe Maréchal, ingénieur au Centre national d’études spatiales (CNES) en est bien conscient: “si on veut continuer à travailler avec (nos partenaires américains), il faut insister sur les aspects non-climatiques”, le sujet étant devenu “très sensible”.”Tout peut s’arrêter du jour au lendemain”, affirme ce chef de projet français. “On est sur le qui-vive, on sait que les décisions budgétaires arrivent en fin d’année pour les différents projets”, explique-t-il.Pour l’exercice 2026, que le Congrès doit voter avant le 30 septembre, l’administration Trump a proposé de réduire le budget de la NOAA d’environ 25% et de supprimer totalement sa division de recherches.D’ores et déjà, “beaucoup de programmes ont été abandonnés, beaucoup de gens vont être mutés”, confie à l’AFP un chercheur de la NOAA qui a requis l’anonymat de peur de perdre son emploi. “On nous a demandé de supprimer toute référence au changement climatique” de nos demandes de subventions, poursuit-il. “Notre bureau nous a aidés à réécrire tous nos projets pour s’assurer qu’ils aient les meilleures chances possibles d’être financés.”Pour lui “cela a fonctionné” et il a réussi à conserver ses financements, mais ses recherches sont quasiment à l’arrêt, en attendant sa nouvelle équipe de travail après cette restructuration. Paul Counet sent aussi le vent tourner à l’Eumetsat. Pour obtenir des financements européens, il doit développer “de plus en plus un argumentaire sur les applications de sécurité et de défense”. “La guerre en Ukraine nous a appris que pour piloter des drones, il fallait connaître les vents, l’atmosphère…”, explique-t-il. “Aujourd’hui, vous n’envoyez pas un avion bombarder sans une bonne prévision météo.”Le discours a changé en conséquence, dit-il: “il y a dix ans on vendait des satellites météorologiques pour sauver le climat, aujourd’hui on les vend pour sauver l’Ukraine”.

Asian markets mixed ahead of Trump-Xi talks

Asian markets were mixed Friday at the end of a strong week for investors following a US interest rate cut, with attention now turning to a call between Donald Trump and Xi Jinping due later in the day.Adding to selling pressure were expectations that Japan’s central bank would hike interest rates later this year, despite holding them at its latest meeting.While the Federal Reserve and boss Jerome Powell were not as forthright as hoped on future rate reductions, the mood on trading floors remained upbeat.The US central bank lowered borrowing costs Wednesday for the first time since December after a series of reports pointed to a slowdown in the country’s labour market, which offset stubbornly high inflation.A closely watched gauge of future moves indicated two more this year, but Powell warned decisions would be data-dependent. With that in mind, even figures showing a sharp drop in initial jobless claims for last week did little to dampen expectations that rates will continue to be cut.”The underlying trend remains one of only a gentle drift higher in claims, reinforcing the view that the US labour market is not showing signs of sudden weakness,” said National Australia Bank’s Rodrigo Catril.All three main indexes ended Thursday at records, continuing a trend that has characterised markets in recent months, thanks to another surge in tech giants.That came after news that chip titan Nvidia will invest $5 billion in struggling US rival Intel and jointly develop processors for PCs and data centres.Asian traders moved cautiously in the morning, but selling picked up after the Bank of Japan’s latest meeting.Monetary policymakers kept rates on hold but only after a surprise 7-2 vote that indicated two members wanted a hike. That boosted bets on such a move before the end of the year.The move came amid lingering political uncertainty and economic concerns fuelled by US tariffs.The bank also said it would start offloading exchange-traded funds bought as part of its earlier monetary easing campaign that had helped boost equities.Catril said the dissenters were “a strong signal that the BOJ will be hiking once political uncertainty is removed”.Before the announcement, official data showed inflation in the fourth-largest economy slowing to 2.7 percent in August, with rice price rises easing following a sharp spike that rattled the government.Traders are now awaiting a news conference from bank boss Kazuo Ueda due later in the day.Tokyo ended in the red, having enjoyed a strong start to the day. There were also losses in Shanghai, Singapore, Seoul, Taipei, Mumbai and Jakarta, while Hong Kong was flat.Sydney, Wellington, Bangkok and Manila rose with London, Paris and Frankfurt.Talks between president Trump and Chinese counterpart Xi — their first since June — are due to take place later Friday, with the US president telling reporters they would discuss a deal to change ownership of the hugely popular video-sharing app TikTok.The phone call also comes after high level officials from both sides met in Madrid where they spoke about trade between the economic superpowers, with the deadline for a US tariff pause approaching in November.- Key figures at around 0810 GMT -Tokyo – Nikkei 225: DOWN 0.6 percent at 45,045.81 (close)Hong Kong – Hang Seng Index: FLAT at 26,545.10 (close)Shanghai – Composite: DOWN 0.3 percent at 3,820.09 (close)London – FTSE 100: UP 0.1 percent at 9,233.69 Euro/dollar: DOWN at $1.1761 from $1.1785 on ThursdayPound/dollar: DOWN at $1.3485 from $1.3550Dollar/yen: UP at 147.91 yen from 147.97 yenEuro/pound: UP at 87.22 pence from 86.96 penceWest Texas Intermediate: DOWN 0.4 percent at $63.29 per barrelBrent North Sea Crude: DOWN 0.3 percent at $67.27 per barrelNew York – Dow: UP 0.3 percent at 46,142.42 (close)