Le gouvernement britannique peut continuer à héberger des demandeurs d’asile dans un hôtel

Soulagement pour le gouvernement britannique: la justice a levé vendredi une interdiction temporaire d’héberger des demandeurs d’asile dans un hôtel au nord de Londres.Le sujet empoisonne le gouvernement travailliste de Keir Starmer depuis le début de l’été, après plusieurs manifestations anti-immigration, pour certaines violentes, devant l’hôtel en question situé à Epping. La semaine dernière, la Haute Cour britannique avait ordonné à l’hôtel Bell de ne plus accueillir des demandeurs d’asile — ils sont plus de 130 à y être hébergés — au delà du 12 septembre, après une demande d’injonction temporaire déposée par le conseil local de la ville.Ce dernier mettait en avant les inquiétudes de la population. Les manifestations devant l’établissement ont démarré en juillet, après l’inculpation d’un demandeur d’asile, accusé d’avoir tenté d’embrasser une adolescente de 14 ans à Epping, ce qu’il nie. Cet Ethiopien de 38 ans était arrivé quelques jours plus tôt en traversant la Manche sur un petit bateau.Vendredi, la cour d’appel à Londres a annulé la décision de première instance, estimant que le juge avait “commis plusieurs erreurs”.Il a “ignoré la conséquence évidente” que la fermeture d’un hôtel nécessitait d'”identifier” d’autres structures d’accueil pour les demandeurs d’asile, a-t-elle notamment fait valoir.Une telle décision aurait “pu inciter” d’autres conseils locaux à demander la fermeture des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile, a-t-elle également mis en avant. Et elle risquait d'”inciter ou d’encourager de nouvelles manifestations dont certaines auraient pu dégénérer en troubles autour des centres d’accueil pour demandeurs d’asile”, a-t-elle ajouté.Plus de 111.000 personnes ont demandé l’asile au Royaume-Uni ces douze derniers mois, un record. Les autorités ont l’obligation d’héberger celles qui n’ont pas de solution d’accueil et 32.059 demandeurs d’asile étaient hébergés dans un peu plus de 200 hôtels à la fin juin.Dans plusieurs villes du pays, ce recours à des hôtels, qui coûte 5,5 millions de livres par jour (6,35 millions d’euros), suscite des critiques et des tensions avec manifestations et contre-manifestations.- Fermeture “contrôlée et ordonnée” -Le gouvernement, accusé par ses opposants de ne pas agir suffisamment vite, a promis de ne plus avoir recours d’ici 2029 à ce type d’hébergement.Le ministère de l’Intérieur s’est d’ailleurs bien gardé vendredi de se réjouir trop ouvertement de la décision de la cour d’appel, affirmant avoir fait appel du jugement initial “afin que des hôtels comme le Bell puissent être fermés de manière contrôlée et ordonnée”.Le nombre d’hôtels utilisés pour héberger des demandeurs d’asile “a presque diminué de moitié après avoir atteint un pic en 2023”, a aussi mis en avant Angela Eagle, secrétaire d’Etat en charge des demandeurs d’asile. La cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch a de son côté accusé Keir Starmer de “privilégier les droits des migrants illégaux par rapport aux droits des Britanniques qui souhaitent simplement se sentir en sécurité dans leurs villes et communautés”.”Les migrants illégaux ont plus de droits que la population de l’Essex”, a aussi dénoncé sur X le chef du parti d’extrême droite Reform UK Nigel Farage, dont la montée en puissance dans les sondages accentue la pression sur Keir Starmer pour muscler sa politique migratoire.A l’issue du jugement un conseiller local d’Epping, présent devant la Haute Cour, a lui affirmé que “le combat n’est pas terminé”.Une nouvelle audience est prévue mi-octobre pour décider de l’autorisation ou non d’héberger de manière permanente des demandeurs d’asile à l’hôtel Bell.”Nous comprenons que le gouvernement est face à un dilemme, mais cela ne devrait pas se résoudre au détriment de la population locale”, a-t-il ajouté.”Je suis un parent inquiet. J’apprécie l’immigration quand (les immigrants) contribuent à ce pays, pas lorsqu’ils sont illégaux”, a témoigné un ouvrier de 37 ans, drapé dans un drapeau anglais devant la Cour vendredi, sans vouloir  donner son nom.

Les menaces de Trump sur le numérique “relèveraient de la coercition” et appelleraient une “réponse des Européens”, avertit Macron

Le président français Emmanuel Macron a averti vendredi que les menaces de droits de douane de Donald Trump sur le secteur numérique seraient assimilables à de la “coercition” et que les Européens y répliqueraient.”Si de telles mesures étaient prises, elles relèveraient de la coercition et elles appelleraient une réponse des Européens”, a-t-il lancé au cours d’une conférence de presse avec le chancelier Friedrich Merz à Toulon (sud-est de la France) à l’issue d’un conseil des ministres franco-allemand.”Nous serons inflexibles”, a-t-il insisté en évoquant une “très forte convergence franco-allemande” en la matière et en annonçant avec son homologue un sommet à Berlin le 18 novembre sur la souveraineté numérique.Le président américain, Donald Trump, a vigoureusement attaqué lundi les pays ou organisations régulant le secteur de la tech, les menaçant de droits de douane et de restrictions à l’exportation.S’il n’a pas cité directement l’Union européenne, celle-ci dispose de fait de l’arsenal juridique le plus puissant au monde pour réguler le numérique.L’UE a le “droit souverain” de réglementer la tech, a depuis répliqué la Commission européenne.Bruxelles a aussi “fermement réfuté” l’accusation selon laquelle les entreprises américaines étaient délibérément visées par ces règles sur le numérique.

Les menaces de Trump sur le numérique “relèveraient de la coercition” et appelleraient une “réponse des Européens”, avertit Macron

Le président français Emmanuel Macron a averti vendredi que les menaces de droits de douane de Donald Trump sur le secteur numérique seraient assimilables à de la “coercition” et que les Européens y répliqueraient.”Si de telles mesures étaient prises, elles relèveraient de la coercition et elles appelleraient une réponse des Européens”, a-t-il lancé au cours d’une conférence de presse avec le chancelier Friedrich Merz à Toulon (sud-est de la France) à l’issue d’un conseil des ministres franco-allemand.”Nous serons inflexibles”, a-t-il insisté en évoquant une “très forte convergence franco-allemande” en la matière et en annonçant avec son homologue un sommet à Berlin le 18 novembre sur la souveraineté numérique.Le président américain, Donald Trump, a vigoureusement attaqué lundi les pays ou organisations régulant le secteur de la tech, les menaçant de droits de douane et de restrictions à l’exportation.S’il n’a pas cité directement l’Union européenne, celle-ci dispose de fait de l’arsenal juridique le plus puissant au monde pour réguler le numérique.L’UE a le “droit souverain” de réglementer la tech, a depuis répliqué la Commission européenne.Bruxelles a aussi “fermement réfuté” l’accusation selon laquelle les entreprises américaines étaient délibérément visées par ces règles sur le numérique.

Indépendance de la Fed: le sort de Lisa Cook en suspens en attendant une décision de justice

La justice américaine n’a pas statué vendredi sur le sort de la gouverneure de la banque centrale des Etats-Unis (Fed) Lisa Cook, que le président Donald Trump veut révoquer, un cas test pour l’indépendance de la Fed.Les avocats de Mme Cook ont demandé à une juge de la capitale américaine, saisie en urgence, d’empêcher M. Trump et le conseil des gouverneurs de prendre des mesures de nature à écarter la gouverneure de son poste. Mme Cook doit pouvoir “continuer à faire son travail”, a argumenté son conseil principal, Abbe Lowell.La juge Jia Cobb, nommée par l’ex-président démocrate Joe Biden, a décidé de ne pas prendre de décision dans l’immédiat. Elle a demandé aux parties de lui présenter de nouveaux éléments mardi (lundi étant férié aux Etats-Unis).Le litige marque l’entrée en scène des juges dans une bataille dont l’issue peut changer la face de la Réserve fédérale (Fed), plus puissante banque centrale du monde, chargée de combattre l’inflation aux Etats-Unis et d’y favoriser le plein-emploi.En dernier ressort, la Cour suprême, à majorité conservatrice, finira vraisemblablement par devoir se prononcer. Et définir précisément dans quelles circonstances le président des Etats-Unis peut révoquer un banquier central de la Fed – ce que les textes n’ont pas fait.En mai, la Cour suprême avait posé le principe que la Fed avait un statut particulier, limitant en principe la capacité du pouvoir exécutif à limoger des responsables.Pour l’équipe d’avocats au service de Mme Cook, la Maison-Blanche cherche un “prétexte” pour se débarrasser d’une gouverneure qui n’entend pas obéir aux injonctions du président Trump en matière de politique monétaire.Si elle est renversée, “cela menacerait l’indépendance de la Réserve fédérale et, au bout du compte, la stabilité du système financier de notre pays”, ont-ils fait valoir dans leur saisine, consultée par l’AFP.- Nouveau signalement -En début de semaine, le chef d’Etat a écrit à Mme Cook pour lui dire qu’elle était “révoquée avec effet immédiat”.Première femme noire à siéger au conseil des gouverneurs de la Fed, nommée en 2022 par l’ancien président Biden, Mme Cook est accusée par le camp présidentiel d’avoir menti pour obtenir des emprunts immobiliers à des taux plus favorables en 2021. Elle n’a pas publiquement contesté le fond des accusations – ce que lui reproche la partie adverse. Mais ses avocats considèrent qu’il ne lui a jamais été donné l’opportunité de se défendre.Le mandat de Mme Cook n’est pas censé prendre fin avant janvier 2038. Une telle durée a pour but de projeter les gouverneurs dans le temps long, au service de l’intérêt général et à l’abri des alternances politiques.Si elle doit partir, M. Trump pourra nommer son remplaçant, qui devra être confirmé par le Sénat à majorité républicaine.Le chef d’Etat veut que les taux d’intérêt de la Fed soient beaucoup plus bas et assume de vouloir placer au sommet de l’institution des personnes partageant ses vues sur l’économie.La saisine des avocats de Mme Cook vise aussi les cinq autres gouverneurs de la Fed et son président, Jerome Powell, pour éviter que ceux-ci n’exécutent la volonté de la Maison-Blanche.Sollicitée par l’AFP, la Fed n’a pas souhaité faire de commentaire avant l’audience.Jeudi soir, Bill Pulte, un proche du président Trump qui a déclenché l’affaire en signalant le cas de Mme Cook au ministère de la Justice, a publié un autre signalement sur le réseau social X, en affirmant qu’il y avait en tout trois logements pour lesquels la gouverneure avait selon lui mal notifié l’usage futur, au moment de demander des prêts aux banques.”Il s’agit clairement d’une campagne de dénigrement visant à discréditer la gouverneure Cook, menée par une personne agissant à des fins politiques”, a évacué l’avocat Abbe Lowell dans un communiqué transmis à l’AFP.

D’abord la pollution et maintenant les inondations, pas de répit pour les Pakistanais

Perchée sur le toit de son voisin, Ghulam Bano observe les ruines de sa maison, submergée par les eaux brunes qui ont recouvert le Pendjab, un nouveau désastre pour cette Pakistanaise dont la famille ne se remet toujours pas d’une autre calamité, la pollution atmosphérique.Cela faisait moins d’un an qu’ils vivaient dans cette habitation dans un village à une demi heure de route de Lahore, la grande cité de l’Est frontalier de l’Inde.Ils étaient venus ici, à Shahdara, pour échapper au smog, cet épais brouillard de pollution qui enveloppe la deuxième ville du pays chaque hiver, mais c’est la mousson estivale qui les a frappés.Ces derniers jours, trois des fleuves du Pendjab, le grenier à blé du pays où vivent près de la moitié des 255 millions de Pakistanais, sont sortis de leur lit à cause des pluies de mousson. – Un repas en deux jours -“Je pensais que le smog était une vraie catastrophe, je n’aurais jamais imaginé que la situation puisse être pire encore avec les inondations”, dit-elle à l’AFP.”Mon mari avait commencé à cracher du sang et son état ne cessait d’empirer avec le smog”, raconte-t-elle, en marchant dans les rues boueuses, alors que le Pakistan a connu l’hiver passé sa pire saison de smog.Son village qui compte des milliers de maisons basses entassées les unes contre les autres dans des rues étroites a été surpris par une crue subite du fleuve Ravi.Comme elle, 260.000 Pendjabis ont été évacués par les autorités, quittant leur maison pour échapper à la montée des eaux.Dans ce village, des dizaines de familles ont trouvé refuge dans une école primaire située en hauteur, où des médecins traitent déjà de nombreuses infections cutanées liées aux eaux nauséabondes et infestées d’insectes.Et, préviennent les autorités, de nouvelles pluies sont attendues ce weekend à Lahore.Son mari étant cloué au lit par une tuberculose aggravée, Ghulam Bano est désormais seule à travailler pour la famille. “Aujourd’hui, j’ai réussi à trouver quelque chose à manger pour la première fois depuis deux jours. Ici, il n’y a pas d’eau potable. J’ai laissé ma fille chez des proches et je suis restée dans l’espoir que l’eau se retire”, raconte-t-elle.Plus de 800 décès ont déjà été comptabilisés depuis la fin juin dans différents épisodes de pluies de mousson, principalement dans le nord-ouest frontalier de l’Afghanistan. – “Pire à venir”? -Car c’est le paradoxe de la mousson: elle apporte à l’Asie du Sud 70% de ses précipitations annuelles et est vitale pour l’agriculture, mais elle tue aussi hommes et bêtes, alors que le changement climatique rend ces épisodes de plus en plus imprévisibles et meurtriers.Selon l’Autorité nationale de gestion des catastrophes, les dernières pluies de mousson ont fait au moins 13 morts.”Ca ne s’arrête jamais”, se désole Amir Mehmood, commerçant de 32 ans à Shahdara.”Les enfants tombent malades à cause du smog et du froid extrême. Certains à cause du manque déplorable d’hygiène au quotidien”, raconte-t-il en montrant les ordures qui jonchent les rues du village. “Et maintenant, les inondations! Nos maisons se sont effondrées, les murs se sont affaissés et tout est abîmé”, relate-t-il.Au moment où l’eau se rapprochait dangereusement, il a emmené sa famille mais aussi ses dix vaches et ses deux chèvres, chez un parent à l’autre bout du village.Plus de 300 points d’accueil ont été ouverts dans toute la province pour héberger les déplacés qui n’auraient aucune famille vers qui se tourner. “Nous ne savons pas quand nous pourrons rentrer chez nous, mais le pire est encore à venir”, craint Tabassoum Souleman, une veuve de 40 ans, qui a trouvé refuge dans une école.”Toutes les femmes qui sont ici ont pris leurs jambes à leur cou pour échapper à la mort”, raconte-t-elle. “Nous n’avons même pas eu le temps de prendre des vêtements pour nos enfants”.

D’abord la pollution et maintenant les inondations, pas de répit pour les Pakistanais

Perchée sur le toit de son voisin, Ghulam Bano observe les ruines de sa maison, submergée par les eaux brunes qui ont recouvert le Pendjab, un nouveau désastre pour cette Pakistanaise dont la famille ne se remet toujours pas d’une autre calamité, la pollution atmosphérique.Cela faisait moins d’un an qu’ils vivaient dans cette habitation dans un village à une demi heure de route de Lahore, la grande cité de l’Est frontalier de l’Inde.Ils étaient venus ici, à Shahdara, pour échapper au smog, cet épais brouillard de pollution qui enveloppe la deuxième ville du pays chaque hiver, mais c’est la mousson estivale qui les a frappés.Ces derniers jours, trois des fleuves du Pendjab, le grenier à blé du pays où vivent près de la moitié des 255 millions de Pakistanais, sont sortis de leur lit à cause des pluies de mousson. – Un repas en deux jours -“Je pensais que le smog était une vraie catastrophe, je n’aurais jamais imaginé que la situation puisse être pire encore avec les inondations”, dit-elle à l’AFP.”Mon mari avait commencé à cracher du sang et son état ne cessait d’empirer avec le smog”, raconte-t-elle, en marchant dans les rues boueuses, alors que le Pakistan a connu l’hiver passé sa pire saison de smog.Son village qui compte des milliers de maisons basses entassées les unes contre les autres dans des rues étroites a été surpris par une crue subite du fleuve Ravi.Comme elle, 260.000 Pendjabis ont été évacués par les autorités, quittant leur maison pour échapper à la montée des eaux.Dans ce village, des dizaines de familles ont trouvé refuge dans une école primaire située en hauteur, où des médecins traitent déjà de nombreuses infections cutanées liées aux eaux nauséabondes et infestées d’insectes.Et, préviennent les autorités, de nouvelles pluies sont attendues ce weekend à Lahore.Son mari étant cloué au lit par une tuberculose aggravée, Ghulam Bano est désormais seule à travailler pour la famille. “Aujourd’hui, j’ai réussi à trouver quelque chose à manger pour la première fois depuis deux jours. Ici, il n’y a pas d’eau potable. J’ai laissé ma fille chez des proches et je suis restée dans l’espoir que l’eau se retire”, raconte-t-elle.Plus de 800 décès ont déjà été comptabilisés depuis la fin juin dans différents épisodes de pluies de mousson, principalement dans le nord-ouest frontalier de l’Afghanistan. – “Pire à venir”? -Car c’est le paradoxe de la mousson: elle apporte à l’Asie du Sud 70% de ses précipitations annuelles et est vitale pour l’agriculture, mais elle tue aussi hommes et bêtes, alors que le changement climatique rend ces épisodes de plus en plus imprévisibles et meurtriers.Selon l’Autorité nationale de gestion des catastrophes, les dernières pluies de mousson ont fait au moins 13 morts.”Ca ne s’arrête jamais”, se désole Amir Mehmood, commerçant de 32 ans à Shahdara.”Les enfants tombent malades à cause du smog et du froid extrême. Certains à cause du manque déplorable d’hygiène au quotidien”, raconte-t-il en montrant les ordures qui jonchent les rues du village. “Et maintenant, les inondations! Nos maisons se sont effondrées, les murs se sont affaissés et tout est abîmé”, relate-t-il.Au moment où l’eau se rapprochait dangereusement, il a emmené sa famille mais aussi ses dix vaches et ses deux chèvres, chez un parent à l’autre bout du village.Plus de 300 points d’accueil ont été ouverts dans toute la province pour héberger les déplacés qui n’auraient aucune famille vers qui se tourner. “Nous ne savons pas quand nous pourrons rentrer chez nous, mais le pire est encore à venir”, craint Tabassoum Souleman, une veuve de 40 ans, qui a trouvé refuge dans une école.”Toutes les femmes qui sont ici ont pris leurs jambes à leur cou pour échapper à la mort”, raconte-t-elle. “Nous n’avons même pas eu le temps de prendre des vêtements pour nos enfants”.

D’abord la pollution et maintenant les inondations, pas de répit pour les Pakistanais

Perchée sur le toit de son voisin, Ghulam Bano observe les ruines de sa maison, submergée par les eaux brunes qui ont recouvert le Pendjab, un nouveau désastre pour cette Pakistanaise dont la famille ne se remet toujours pas d’une autre calamité, la pollution atmosphérique.Cela faisait moins d’un an qu’ils vivaient dans cette habitation dans un village à une demi heure de route de Lahore, la grande cité de l’Est frontalier de l’Inde.Ils étaient venus ici, à Shahdara, pour échapper au smog, cet épais brouillard de pollution qui enveloppe la deuxième ville du pays chaque hiver, mais c’est la mousson estivale qui les a frappés.Ces derniers jours, trois des fleuves du Pendjab, le grenier à blé du pays où vivent près de la moitié des 255 millions de Pakistanais, sont sortis de leur lit à cause des pluies de mousson. – Un repas en deux jours -“Je pensais que le smog était une vraie catastrophe, je n’aurais jamais imaginé que la situation puisse être pire encore avec les inondations”, dit-elle à l’AFP.”Mon mari avait commencé à cracher du sang et son état ne cessait d’empirer avec le smog”, raconte-t-elle, en marchant dans les rues boueuses, alors que le Pakistan a connu l’hiver passé sa pire saison de smog.Son village qui compte des milliers de maisons basses entassées les unes contre les autres dans des rues étroites a été surpris par une crue subite du fleuve Ravi.Comme elle, 260.000 Pendjabis ont été évacués par les autorités, quittant leur maison pour échapper à la montée des eaux.Dans ce village, des dizaines de familles ont trouvé refuge dans une école primaire située en hauteur, où des médecins traitent déjà de nombreuses infections cutanées liées aux eaux nauséabondes et infestées d’insectes.Et, préviennent les autorités, de nouvelles pluies sont attendues ce weekend à Lahore.Son mari étant cloué au lit par une tuberculose aggravée, Ghulam Bano est désormais seule à travailler pour la famille. “Aujourd’hui, j’ai réussi à trouver quelque chose à manger pour la première fois depuis deux jours. Ici, il n’y a pas d’eau potable. J’ai laissé ma fille chez des proches et je suis restée dans l’espoir que l’eau se retire”, raconte-t-elle.Plus de 800 décès ont déjà été comptabilisés depuis la fin juin dans différents épisodes de pluies de mousson, principalement dans le nord-ouest frontalier de l’Afghanistan. – “Pire à venir”? -Car c’est le paradoxe de la mousson: elle apporte à l’Asie du Sud 70% de ses précipitations annuelles et est vitale pour l’agriculture, mais elle tue aussi hommes et bêtes, alors que le changement climatique rend ces épisodes de plus en plus imprévisibles et meurtriers.Selon l’Autorité nationale de gestion des catastrophes, les dernières pluies de mousson ont fait au moins 13 morts.”Ca ne s’arrête jamais”, se désole Amir Mehmood, commerçant de 32 ans à Shahdara.”Les enfants tombent malades à cause du smog et du froid extrême. Certains à cause du manque déplorable d’hygiène au quotidien”, raconte-t-il en montrant les ordures qui jonchent les rues du village. “Et maintenant, les inondations! Nos maisons se sont effondrées, les murs se sont affaissés et tout est abîmé”, relate-t-il.Au moment où l’eau se rapprochait dangereusement, il a emmené sa famille mais aussi ses dix vaches et ses deux chèvres, chez un parent à l’autre bout du village.Plus de 300 points d’accueil ont été ouverts dans toute la province pour héberger les déplacés qui n’auraient aucune famille vers qui se tourner. “Nous ne savons pas quand nous pourrons rentrer chez nous, mais le pire est encore à venir”, craint Tabassoum Souleman, une veuve de 40 ans, qui a trouvé refuge dans une école.”Toutes les femmes qui sont ici ont pris leurs jambes à leur cou pour échapper à la mort”, raconte-t-elle. “Nous n’avons même pas eu le temps de prendre des vêtements pour nos enfants”.